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DES SCIENCES NATURELLES
DE CHERBOURG,
PUBLIÉS SOUS LA DIRECTION DE
M. AUGte LE JOLIS,
ARCHIVISTE-PERPÉTUEL PE LA SOCIÉTÉ.
| PARIS.
J.-B. BAILLIÈRE, libraire, rue Hautefeuille, 19.
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DES SCIENCES NATURELLES
DE CHERBOURG,
PUBLIÉS SOUS LA DIRECTION DE
M. AUGte LE JOLIS,
FONDATEUR ET ARCHIVISTE-PERPÉTUEL DE LA SOCIÉTÉ.
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PARLES.
J.-B. BAILLIÈRE, libraire, rue Hautefeuille, 19.
CHERBOURG.
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DEUXIÈME NOTE
SUR LA FÉCONDATION
DES FUCACÉES,
Par M. G. THURET.
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Il y a quatre ans que j'ai eu l'honneur de présenter à la
Société des sciences naturelles de Cherbourg le résumé de
mes recherches sur la fécondation des Fucacées (1). De-
puis cette époque, MM. Pringsheim, Cohn et de Bary ont
publié desobservations analogues sur les Algues inférieures.
Les faits décrits par ces savants présentent une analogie si
frappante avec ceux que j'ai observés, qu'ils n’est pas dou-
teux qu'ils appartiennent au même ordre de phénomènes,
quoique cependant on ne puisse obtenir dans les Algues in-
férieures la démonstration directe et péremptoire de la réalité
de la fécondation, que fournissent les Fucacées. Celles-ci
possèdent sous ce rapport de tels avantages, qu’il semble im-
possible de trouver réunies des conditions plus favorables
pour résoudre ia question avec une entière certitude. En effet,
(1) Mémoires de la Soc. des sc. nat. de Cherbourg, tom HE, p.
161 (Mai, 1853). — Ce mémoire a été reproduit avec plus de déve-
loppement dans les Annales des se. nat., 4° Série ten 2 De ULiO7e
(1834).
6 FÉCONDATION
les Fucus sont extrêmement communssur nos côtes. Quelques
unes des espèces les plus vulgaires sont dioïques, et excrètent
durant tout l'hiver des spores et des anthéridies en quanti-
tés innombrables. Rien de plus aisé que de se procurer ces
deux organes en abondance, de les soumettre à des expé-
riences comparatives, de varier celles-ci de mille manières.
Chaque jour on peut avec la même facilité renouveler ses
recherches et répéter ses observations, avantage inapprécia-
ble dans des questions de ce genre, et qui m’autorise à dire
que pour quiconque apporte à cette étude un peu de soin
et d'attention, il n’est pas de fait physiologique plus évident,
plus incontestable que la sexualité des Fucacées.
J'ai cherché à profiter cet hiver des facilités que présen-
tent les Fucusdans ces recherches, pour étudier un point de
l’histoire de la fécondation que ces plantes me semblaient
propres à éclaircir. On sait que les spores des Fucus, au
moment où elles sortent des enveloppes qui les renfer-
maient, sont absolument dépourvues de loute espèce de
membrane ou tégument quelconque, et que la formation
de cette membrane est le premier résultat de la fécondation
(1). J'ai voulu essayer de déterminer avec plus de précision que
jene l'avais fait jusqu'ici, le moment où cette membrane com-
mence à se former. Les résultats de ees recherches me parais-
sent assez intéressants pour mériter d’être communiqués à la
Société. Ce n’a pas été sans quelque surprise, en effet, que
j'ai reconnu que la membrane des spores naît presque sou-
dainement sous l'influence de la fécondation, et que six à
huit minutes après avoir été mises en contact avec les an-
thérozoïdes, les spores commencent déjà à se recouvrir d’un
tégument dont il n'existait aucune trace quelques instants
auparavant. Je vais entrer dans quelques détails à ce sujet,
4) Ann. des se. nat., 4° série, t. 2, p. 202, 203.
DES FUCACÉES. 7
et indiquer les procédés que j'ai mis en usage pour cons-
tater ce fait.
I! serait inutile de revenir ici sur ce que j'ai dit ailleurs
de la fructification des Fucacées. Pour tous les détails re-
latifs à ces organes je renvoie à mes précédents mémoires.
Je me bornerai à rappeler que la spore des Fucus consiste
en une masse de matière granuleuse olivâtre, parfaitement
sphérique, dont la forme n’est maintenue que par la cohésion
de la substance qui la compose. C’est ce dont il est facile
de s'assurer en soumettant les spores à une légère pression
sous une lame de verre; on les voit se déformer, s’étirer en
divers sens, se partager quelquefois en fragments qui
prennent souvent eux-mêmes une forme arrondie; enfin, si
la pression est plus forte, les spores s’écrasent et s’épar-
pillent en masses grumeleuses amorphes, composées de
chlorophylle jaune-verdâtre et d’une substance visqueuse
incolore; cette dernière prend, sous l’action du sucre et de
l'acide sulfurique, une coloration rose, qui indique la pré-
sence de la protéine.
Si à la goutte d’eau de mer qui contient les spores, on
ajoute une gouttelette d’une solution de chlorure de zinc ou
d'acide sulfurique faible (1), on verra les spores, au mo-
ment où elles sont atteintes par le réactif, se contracter
légèrement ; presque aussitôt il commence à exsuder de leur
surface des globules d’un liquide réfringent incolore, qui
grossissent et se multiplient rapidement. Au bout de quel-
ques instants, les spores entièrement recouvertes de ces
globules offrent l'aspect que représente la figure 4. Le sucre
et l'acide sulfurique donnent aux globules une légère teinte
rosée; il est donc probable qu’ils sont formés aux dépens
(4) La solution de chlorure de zinc étant d'un emploi plus com-
mode que l'acide sulfurique, je m'en suis servi de préférence
dans le cours de ces recherches.
8 FÉCONDATION
de la substance visqueuse azotée dont j'ai parlé tout-à-
l'heure, qui par l’action du réactif se sépare de la chlo-
rophylle.
C’est cet effet particulier de certains réactifs que j'ai mis
à profit pour déterminer l’instant où la membrane des spores
fécondées commence à se former. Elle n’a point, dans les
premiers temps, d'épaisseur appréciable, et il serait impos-
sible de l’observer directement. Mais sitôt qu’elle commence
à naître, sa présence se révèle par l’obstacle qu’elle oppose
à l’exsudation des globules, qui ne peuvent plus alors se
développer librement à la surface de la spore. On appréciera
la différence remarquable de l'effet produit par le réactif
dans ces deux cas, en comparant la figure 4 qui représente
une spore non fécondée traitée par le chlorure de zinc, et la
figure 2 qui montre une spore traitée de même dix minutes
après avoir été mise en contact avec les anthérozoïdes.
Cette dernière est entourée d’une zone transparente in-
colore, dans laquelle on distingue les globules comprimés
par la membrane naissante. Si l’on a mélangé les anthéro-
zoïdes avec unassez grand nombre de spores, comme celles-
ci ne sont pas toutes fécondées au même moment, on peut
observer tous les états intermédiaires entre ceux que repré-
sentent les figures 4 et 2, et constater les premières traces
de la naissance dela membrane. Ainsi, dans quelques spores,
la zone transparente est moins nettement formée; sa surface
est irrégulière et comme bosselée par la pression des glo-
bules. Souvent elle ne se montre que sur une portion du
contour de la spore, et les globules exsudent librement du
reste de la surface. Dans les spores où la formation de la
membrane est encore moins avancée, on remarque seule-
ment que les globules semblent coagulés en boursouflures
irrégulières. Dans quelques unes enfin, l’exsudation des glo-
bules n'offre point de différence avec celle des spores non
DES FUCACÉES. g
fécondées. Moins on a laissé s'écouler de temps entre le
moment où l’on a mélangé les spores avec les anthérozoï-
des et celui où on emploie le réactif, moins on trouve de
spores sur lesquelles on puisse constater la naissance de la
membrane, et moins la formation de ces membranes est
avancée. Au contraire, plus on retarde l'addition du réactif,
plus les spores revêtues de membranes sont nombreuses et
plus les membranes sont distinctes. En me conformant à cer-
taines précautions dont je parlerai tout-à-l’heure, je suis
arrivé aux résultats suivants. Six à huit minutes après la fé-
condalion, on commence déjà à reconnaître la présence de
la membrane surun plus ou moins grand nombre de spores.
A dix minutes on en trouve beaucoup dans l’état que repré-
sente la figure 2. A douze ou quinze minutes presque toutes
sont pourvues de membranes bien nettes. Dans ces premiers
temps la membrane est trop faible pour résister à l’exsu-
dation des globules, qui passent bientôt au travers et se
répandent dans le liquide ambiant. Mais elle ne tarde pas
à acquérir plus de solidité, et on la trouve d'autant plus
ferme et plus résistante qu’il s'est écoulé plus de temps
depuis la fécondation. Si on emploie le réactif une heure
après avoir mélangé les spores ct les anthérozoïdes, on verra
que la membrane a déjà une épaisseur suflisante pour em-
pêcher l’exsudation des slobules (Fig. 5). Déjà aussi on y
reconnaît la présence de la cellulose par la coloration
bleuâtre qu’elle prend sous l’action de l’acide sulfurique et
de l’iode, où mieux de la solution iodée de chlorure de zinc,
La teinte est faible, mais bien distincte. Sil’on a attendu
deux heures, on obtiendra une coloration beaucoup plus
vive.
Mes observations ont été faites sur les trois Fucacées
dioïques les plus communes, les Fucus vesiculosus, serratus
et nodosus. Elles ont été répétées à satiété sur une quantité
10 FÉCONDATION
de spores innombrables, en recommencant {oujours un
grand nombre de fois l'épreuve des réactifs pour chaque
intervalle de temps différent. Les résultats que j’ai obtenus
m'ont offert une concordance telle, que je n’ai aucun doute
sur leur exactitude. Mais je dois prévenir ceux qui seraient
tentés de renouveler ces recherches, qu’elles doivent être
faites avec beaucoup de soin, et qu’on ne peut espérer
d'arriver à un résultat précis qu’en observant les diverses
précautions que je vais indiquer.
IL est indispensable d'employer les spores le plus tôt
possible après leur sortie des conceptacles. J'ai indiqué
ailleurs la manière très simple dont on peut se procurer,
pendant tout l'hiver, les spores et les anthéridies des Fucus,
en plaçant quelques frondes bien fructifiées dans une
atmosphère humide. Dès que les spores commencent à
former de petits amas sur les réceptacles, on lave ceux-ci
dans un vase rempli d’eau de mer. Les spores se détachent
et tombent au fond. À ce moment, elles sont encore ren-
fermées dans leurs enveloppes. Il faut attendre qu’elles
s’en soient dégagées, ce qui tarde quelquefois plusieurs
heures. Sitôt qu'elles sont libres, on doit se hâter d'en
faire usage. Car si l’on attend jusqu’au lendemain, la
membrane est plus lente à se former, les spores deviennent
muqueuses, et quoiqu’elles gardent pendant plusieurs jours
la faculté de germer, il est certain que la fécondation se
fait d'autant plus difficilement et plus incomplètement,
quelles sont sorties depuis plus longtemps de leurs con-
ceptacles. En outre, il y a en ce cas une cause d’erreur
qu’il importe de signaler. J’ai fait connaître ailleurs (1) que
les spores, quoique non fécondées, sont susceptibles, au bout
d’un certain temps, de se recouvrir d’une membrane de
cellulose. Dès le lendemain on en trouve toujours quelques
(4) Ann. des sc. nat., 4e série, t. 2, p. 205.
DES FUCACÉES. 11
unes en cet état, et quoiqu'elles soient ordinairement très peu
nombreuses, on s’exposerait à confondre ces membranes
qui se sont formées spontanément, avec celles qui sont le
résultat de la fécondation. Cette méprise n’est pas à craindre,
quand on emploie les spores au moment où elles viennent
de se dégager de leurs enveloppes. Du reste, pour éviter
encore plus surement toute chance d'erreur à cet égard,
j'ai toujours pris soin de vérifier l’état des spores qui
servaient à mes recherches, en essayant l'effet du chlorure
de zinc sur un grand nombre d’entre elles avant de les mêler
aux anthérozoïdes, et m’assurant ainsi qu’elles n’offraient
aucune trace de membrane avant d’être fécondées.
Il faut de même se servir des anthéridies récemment
sorties des conceptacles. Lorsqu’on les met dans l’eau, elles
se vident presque aussitôt; mais les anthérozoïdes ne
commencent pas toujours à se mouvoir immédiatement.
Comme je tenais à savoir aussi exactement que possible
combien de temps après le contact des spores et des anthé-
rozoïdes se formait la membrane de la spore, j'avais soin
de délayer les anthéridies dans une goutte d’eau de mer
quelques minutes avant de m’en servir, el ce n’était qu'après
avoir vérifié au microscope que les anthérozoïdes étaient
dans toute leur activité, que je mélangeais la goutte d’eau
qui les renfermait avec celle qui contenait les spores. En
procédant de cette manière, on voit les anthérozoïdes s’atta-
cher aux spores presque immédiatement, et au bout d’en-
viron une demi-minute les spores hérissées d’anthérozoïdes
commencent ce mouvement de rotation si curieux, que
j'ai décrit dans mes précédents mémoires. Ce phénomène,
comme je lai dit, n’est point une condition indispensable
de la fécondation. Car, outre qu’il y a certaines espèces
dans lesquelles il n’a jamais lieu, j'ai fait souvent germer
des spores en les mélangeant avec des anthérozoïdes dont
49 FÉCONDATION
les mouvements étaient trop affaiblis pour communiquer
aux spores une impulsion sensible. Seulement la féconda-
tion se faisait alors moins complètement, et toutes les spores
ne germaient pas. Lorsque j'ai employé des anthérozoïdes
tout-à-fait immobiles, aucune spore n’a germé. C'est
pourquoi, quand on veut assurer la réussite de la féconda-
tion des spores, il est bon d'employer des anthérozoïdes
qui s’agitent avec vivacité, et d'en mettre une quantité
assez considérable pour que la rotation se manifeste. L’étude
de ce phénomène est d’ailleurs très digne d'intérêt, cet
présente une relation évidente avec la fécondation. Je vais
ajouter sur ce point quelques détails à ceux que j'ai donnés
autrefois.
Le: anthérozoïdes s'appliquent à la surface de la spore
dans le sens de leur longueur. Ils sont placés un peu obli-
quement, le rostre dirigé vers la spore, à laquelle ils parais-
sent se fixer par leur cil antérieur. On en voit souvent un
grand nombre pressés les uns contre les autres, ayant tous
les rostres tournés du même côté. Il s’agitent avec une
sorte de trépidation, et impriment à la spore un mouvement
de rotation plus ou moins rapide, qui s'effectue dans le
sens suivant lequel le plus grand nombre des rostres est di-
rigé. Quelquefois, quand de nouveaux anthérozoïdes vien-
nent s’anpliquer sur la spore en sens contraire, la rotation
s'arrête ou reprend une direction inverse. La durée de ce
phénomène est assez variable et difficile à préciser, d'autant
plus que, quand on a un certain nombre de spores sur le porte-
objet, les anthérozoïdes ne pouvant arriver partout en même
temps, toutesles spores ne commencent pas à tourner à la fois.
En outre onremarque presque toujours quelques spores dans
lesquelles la rotation persiste plus longtemps, et que lesan-
thérozoïdes continuent à faire tourner avec vivacité, quand
ils ont déjà abandonné toutes les autres. En examinant avec
DES FUCACÉES. 15
aîtention des spores isolées, j'ai vu quelquefois la rotation
s'arrêter après quatre minutes. Le plus ordinairement elle
m'a paru se prolonger environ six à huit minutes. À partir
de ce temps le nombre des anthérozoïdes qui couvraient les
spores diminue rapidement; elles reprennent peu à peuleur
premier aspect etleur immobilité première, quoique d’ailleurs
lesanthérozoïdes qui nagent autour d'elles continuent encore
à s’agiter avec vivacité. En général il n’a paru que la durée
plus ou moins courte de la rotation était en rapport avec
la formation plus ou moins prompte de la membrane des
spores. Les cas où j'ai pu constater la présence de la mem-
brane dans le plus court délai après le mélange des spores
et des anthérozoïdes, étaient aussi ceux où les spores avaient
tourné le moins longtemps. Par contre, lorsqu'on mélange
les spores d'une espèce avec les anthérozoïdes d’une autre
espèce, la rotation se prolonge plus qu’à l’ordinaire; je l’ai
vue quelquefois continuer plus d’une heure, et il semblait
qu’elle ne cessait en ce cas que par suite du ralentissement
des mouvements des anthérozoïdes, dont la vivacité est fort
affaiblie au bout de ce temps. Or, malgré la longue durée de
la rotation dans ces circonstances, il ne se forme point de
membranes autour des spores. C’est seulement quand j'ai
mélangé les anthérozoïdes du Fucus serratus avec les spores
du Fucus vesiculosus, que j'ai vu quelques unes de celles-ci
se recouvrir d’une membrane, mais toujours en beaucoup
plus petit nombre que quand je mélangeais ensemble les
spores et les anthérozoïdes du Fucus vesiculosus. Ces obser-
vations sont, comme on voit, d'accord avec celles que
jai déjà publiées, et par lesquelles j'ai montré qu’on ne
réussit point à féconder les spores d’une espèce par les
anthérozoïdes d’une autre, excepté dans le cas où on
mélange les spores du Fucus vesiculosus avec les anthé-
rozoïdes du Fucus serratus.
44 FÉCONDATION
C’est évidemment pendant ces quelques minutes que dure
la rotation des spores, c’est-à-dire perdant que les anthéro-
zoïdes sont en contact immédiataveec elles, que la fécondation
s’accomplit. La coïncidence de la naissance de la membrane
avec la cessation de la rotation ne peut laisser aucun doute
sur ce point. Mais que se passe-t-il en ce moment, et com-
ment s'exerce l’action des anthérozoïdes ? J’ai dit, dans un
de mes précédents mémoires, qu’ils ne m’avaient jamais paru
pénétrer dans l’intérieur de la spore. Toutes les recherches
que j'ai faites depuis lors n’ont fait que me confirmer dans
celte opinion. J’ajoutais que dans certains cas la féconda-
tion semblait même s’accomplir sans qu’il y eût contact im-
médiat entre les deux organes. Mais les faits que j'alléguais
à l’appui de cette hypothèse pourraient à la rigueur s’ex-
pliquer autrement. Ainsi, dans les Cystosirées, la spore est
renfermée dans deux enveloppes au moment où elle sort
du sporange; ces deux enveloppes ne tardent pas à se dis-
soudre l’une après l’autre, et à former une large zone muci-
lagineuse, qui finit ordinairement par disparaître à son tour,
mais que J'ai vue quelquefois persisier autour de la spore,
ce qui n’empêchait pas celle-ci de germer. En ce cas on
peut supposer que les anthérozoïdes ont pénétré jusqu’à la
spore à travers celte zone mucilagineuse, de même que je
les ai vues très souvent s’introduire dans les octospores des
Fucus, avant que ces derniers fussent dégagés de leurs en-
veloppes (1). Cette explication serait plus difficile à admet-
tre dans le”Pelvetia (Fucus canaliculatus, L.), à cause de
l'épaisseuret de la persistance des enveloppes qui entourent
les spores, et à l’intérieur desquelles on voit germer celles-ci.
— Quant à la circonstance que les spores des Fucus, quand
elles commencent à germer, se montrent souvent entourées
(1) Ann. des se, nat., 4° série, t. 2., p. 210.
DES KUCACÉES, 45
par les restes des anthérozoïdes décomposés, mais que ceux-
ci, au lieu d’être appliqués immédiatement sur la spore, en
sont séparés par une étroite couche mucilagineuse, ce fait
n’a aucune importance dans la question dont il s’agit, puis-
que la fécondation a dû s’opérer avant la production de
cette couche mucilagineuse, qui est sécrétée par la mem-
brane de la spore.
Dans les Algues d’eau douce il semble qu’on puisse arri-
ver à connaître plus exactement la manière dont les anthé-
rozoïdes accomplissent leurs fonctions. Jusqu'ici néanmoins
les divers auteurs qui ont observé la fécondation dans ces
plantes, ne sont point parfaitement d’accord sur ce sujet.
M. Pringsheim affirme que les anthérozoïdes entrent dans
les spores, et qu’on les retrouve enclos sous la membrane
qui se forme à la suite de la fécondation. Des observations
incomplètes sur les Fucus paraissent avoir conduit l’auteur
à cette théorie, dont il a cru trouver la confirmation dans
le Vaucheria et l'OEdogonium (1). M. Cohn, au contraire,
dans ses recherches si intéressantes sur le Sphæroplea,
assure que les anthérozoïdes ne pénètrent pas dans les spo-
res; il suppose que celles-ci absorbent une partie de la
substance des anthérozoïdes par un phénomène d’endos-
mose (2). M. de Bary déclare également que dans l'OEdo-
gontum il ne peut être question d’une pénétration des an-
thérozoïdes dans les spores; mais il a vu ces deux organes
se fondre l’un avec l’autre, comme une goutte d’eau se
(4) Ueber die Befruchtung und Keimung der Algen and das
Wesen des Zeugungsactes, 1855 (traduit dans Ann. des se. nat.,
4° série. t. 3, p 363).— Untersuchungen über Befruchtung und
Generationswechsel der Algen, 1856 (traduit dans Ann. des se.
nat., 4° série, t. 3, p. 250).
(2) Ueber Entwicklung und Forlpflanzung der Sphæroplea
annulina, 1855 (traduit dans Ann. des sc. nat., 4° série, L. D, D:
187).
16 FÉCONDATION
fond dans une plus grosse (1). De ces diverses opinions, celle
de M. Pringsheim, telle qu'il la exposée dans son pre-
micr mémoire, me parait la moins bien fondée. En ce
qui concerne les Fucus, elle repose sur une erreur mani-
feste. L'auteur ayant répété mes expériences sur la fécon-
dation des Fucacées, a remarqué dans les spores qui com-
mençaient à germer des granules rougeâtres placés sous
la membrane, et il a supposé que ces granules étaient les
restes des anthérozoïdes qui étaient entrés dans la spore. Si
M. Pringsheim avait consacré plus de temps à ces recher-
ches, il se serait aisément assuré que ces granules n’ont rien
de commun avec les anthérozoïdes, dont le granule orangé
est beaucoup plus petit, et que leur apparition est due à
un commencement d’altération de la matière colorante de
la spore, accident qui ne lui serait point arrivé sans doute
s’il eût fait ces expériences dans de bonnes conditions et avec
les soins nécessaires. Les observations du même auteur sur
le Vaucheria ne me paraissent pas plus décisives que les
précédentes. Car l’extrême petitesse des anthérozoïdes de
celte plante ne permet évidemment pas d'arriver sur ce
point à un résultat certain. Les brillantes découvertes de M.
Pringsheim ont fait faire des progrès importants à la phy-
siologie des Algues inférieures. Mais il est à regretter que
auteur ne montre pas plus de réserve dans l'interprétation
des faits, et l’on ne saurait admettre qu’une théorie fondée
sur ces bases douteuses soit «la première preuve directe
et inattaquable de la sexualité des Algues » (2).
De toutes les observations qui ont été faites sur ce sujet,
(1) Ueber den geschlechtlichen Zeugungsprozess bei den Algen
(Berichte über die Verhandlungen der Gesellschaft für Befôr-
derung der Naturwissenschaften zu Freiburg, n° 13, 1856).
(2) Pringsheim, Zur Kritik und Geschichte der Untersuchungen
über das Algengeschlecht, p. 64.
* DES FUCACÉES. 417
celles de M. de Bary sur l’OEdogonium que j'ai mentionnées
plus haut, me paraissent les plus nettes et les plus précises.
Elles s'accordent d’ailleurs avec ce que M. Pringsheim lui-
même a vu dans cette plante. Dans les Fucacées, la matière
granuleuse dont les spores sont composées, et la grande
surface qu'elles présentent au contact des anthérozoïdes,
ne m'ont jamais permis de m'assurer s’il se passe quelque
chose d’analogue, Mais je n’y vois rien d’impossible, et
parmi les diverses hypothèses qu’on peut faire sur cette
question, celle-là est, je crois, aujourd’hui la plus vrai-
semblable. N'oublions pas toutefois que l'extrême diffé-
rence qui sépare les Fucacées des Conferves, interdit à
cet égard toute généralisation prématurée. Pour ad-
meltre que la fécondation s’accomplit d’une manière iden-
tique dans toutes les Algues, que telle ou telle circons-
tance est la condition essentielle de la fécondation, il faudrait
des observations plus nombreuses et plus concluantes que
celles que nous possédons aujourd’hui. Jusque là c’est une
chimère de croire qu’il suffit d’ériger ces faits en théorie
pour en démontrer la certitude.
Le
18 FÉCONDATION DES FUCACÉES.
EXPLICATION DES FIGURES.
Ces figures représentent trois spores de Fucus vesiculosus à
un grossissement de 330 diamètres. Elles sont destinées à mon-
trer l'effet de la solution de chlorure de zinc sûr les spores avant
et après la fécondation.
F1G. 1. Spore traitée par le chlorure de zine avant la féconda-
tion. Elle est couverte de globules d’un liquide incolore, qui ont
exsudé de sa surface.
F1G. 2. Spore traitée par le même réactif dix minutes après
avoir été mise en contact avec les anthérozoïdes. Les globules,
au lieu de se développer librement comme dans là figure précé-
dente, sont comprimés par la membrane naissante de manière à
former autour de ia spore une zone incolore.
F1G. 3. Spore traitée par le même réactif uneheure après avoir
été mise en contact avec les anthérozoïdes. La membrane est
devenue très nette et a déjà une certaine épaisseur. Elle prend
une teinte bleue par l'action du chlorure de zinc ioduré.
A. 0. del.
Zacus DCSLCULOSUS 74
Geny-6ras imp. rue S'Jacgues, 33
OBSERVATIONS
SUR LA
REPRODUCTION
DE
QUELQUES NOSTOCHINÉES,
Par ME. G. THURET.
—<“<>——
Les Nostochinées sont une des tribus des Algues dont
la reproduction est encore la moins connue aujourd’hui.
Il y a environ treize ans que j'ai décrit les curieux phéno-
mènes qui accompagnent la reproduction d’un ANostoc
aquatique (1). Personne depuis lors ne parait s’être occupé
de ce sujet, et M. Fischer, dans son mémoire sur cette
famille, fait remarquer que mes observations sont restées
isolées jusqu'ici (2). ù
(1) Note sur le mode de reproduction du Nostoc verrucosum.
(Ann. des sc. nat., 3me série, tome 2, p. 319. — Novembre 1844).
La plante qui fait l’objet de ce travail n’est point le véritable
Nostoc verrucosum, mais une espèce voisine que M. Mougeot
avait publiée sous ce nom (Stirpes crypt. Vog. Rhen., fascic.
VIIE, n° 798), et qui porte aujourd'hui celui de Nostoc Mougeotii,
Bréb. (Menegh., Monogr. Nostochinearum Italicarum, p. 113.
— Kütz., Sp. Alg., p. 300).
(2) Beiträgezur Kenntniss der Nostochaceen, p.13(Berne, 1853).
20 REPRODUCTION DE
Cependant le mode de reproduction que j’ai fait connaître,
n’est certainement point particulier à une espèce. Je ne
puis douter qu’on le retrouve dans toutes celles où on le
cherchera avec un peu d'attention et de persévérance. Déjà
M. le D' Montagne, dans la note qu'il a publiée lPannée
dernière sur le ANostoc Boussingaultii (1), a confirmé
l'exactitude de cette assertion. De mon côté, j'ai répété
depuis plusieurs années sur une espèce terrestre commune
aux environs de Cherbourg, toutes les observations que
j'avais faites autrefois sur le Nostoc Mougeotii. Malgré la
différence de station de ces deux plantes, elles se repro-
duisent de la même manière et présentent exactement les
mêmes phénomènes. La ressemblance à cet égard est si
complète que, ne trouvant d’ailleurs aucun fait nouveau à
signaler, j'avais cru inutile de publier ces recherches. Si je
me détermine à le faire aujourd’hui, c’est surtout par le
désir de profiter du talent de M. Riocreux pour donner sur
ce sujet des figures beaucoup plus parfaites que celles qui
accompagnaient mon précédent mémoire. Ce motif paraîtra
suffisant, je l’espère, à ceux qui voudront bien examiner
les planches ci-jointes et apprécier le soin avec lequel
elles sont exécutées.
Dans la seconde partie de cette note, je ferai connaître
le mode de reproduction d’un autre genre, qui offre une
certaine ressemblance de structure avec les Mostoc, mais
qui possède une fructification distincte, dont ces plantes
sont dépourvues.
(1) Note sur deux Algues nées pendant les expériences de
M. Boussingault. { Comptes rendus des séances de l'Académie
des sciences, tome XLIT, séance du 28 Avril 1856).
QUELQUES NOSTOCHINÉES. 21
Le Nostoc vesicarium, D C., est une petite espèce à
fronde globuleuse, qui croît sur la terre entre les mousses
ct les brins d'herbe. On la trouve abondamment autour de
Cherbourg sur le chaperon des murs recouverts de terre,
le long des routes gazonnées, etc. Les individus jeunes sont
parfaitement sphériques, souvent réunis en grand nombre
sous la forme de petits grains d’un vert noiràtre, dont la
dimension varie depuis une petitesse microscopique jusqu’à
la grosseur d’un pois (Fig. 1). À mesure que la plante
grossit, sa fronde devient moins régulière; elle se contourne,
se plisse, et les plus grands individus forment des expan-
sions sinueuses qui ressemblent à de petits échantillons de
Nostoc commune (Fig. 2).
La fronde présente sous le microscope la même structure
que celle des autres Nostoc. Elle consiste en une masse
gélatineuse transparente, lisse ‘et ferme extérieurement,
quelquefois teintée de jaune sur les bords, dans laquelle
serpentent d'innombrables chapelets de granules verdâtres
(Fig. 5). Ces chapelets sont simples, et se composent d’une
série indéfinie d’articles globuleux, formés d’une matière
vert-pèle un peu granuleuse. La série est interrompue
de distance en distance par un globule plus gros, presque
incolore ou un peu jaunâtre, dont le contenu est plus
homogène et moins réfringent que celui des autres articles :
de chaque côté de ce globule on remarque une petite granu-
lation placée au point de contactavec l’article voisin (Fig. 4).
Les chapelets s’allongent par la division répétée des globules
verts. Chacun de ceux-ci, après s’être un peu accru dans le
sens de la longueur du chapelet, se coupe en travers, et
donne ainsi naissance à deux nouveaux articles, qui plus
29 REPRODUCTION DE
tard se partageront de même. Quant aux gros globules, ils
ne se divisent point, et finissent par se détacher des chapelets
sans subir aucun changement. On les a longtemps regardés,
quoique sans aucun fondement, comme les corps repro-
ducteurs des Nostoc. M. Kützing continue même encore
aujourd'hui à les désigner sous le nom de spermaties.
Mais cette dénomination, que M. Kützing, par un abus
regrettable, applique indistinctement aux organes les plus
divers, ne peut pas plus être conservée ici que dans
beaucoup d’autres cas où rien n’en justifie l'emploi. Parmi
les différents noms qui ont été donnés à ces gros articles des
Nostochinées, celui d’hétérocyste, employé par M. Allman,
me semble le plus convenable, et je l’adopterai d’autant
plus volontiers qu’il ne préjuge rien sur des fonctions dont
on ignore jusqu'ici la véritable nature.
C’est pendant les mois de septembre et d'octobre que
l'on observe dans le Nostoc vesicarium la même série de
phénomènes que j'ai décrite danse Nostoc Mougeotii. On
trouve fréquemment alors des individus dont le contenu
s'échappe en une gelée verdätre diffluente, qui se répand
sur les corps environnants. Cette gelée offre exactement
l'aspect d’une Palmellée. Mais si l’on en soumet une portion
au microscope, on reconnaît qu’elle est remplie de frag-
ments de chapelets, entremélés d’hétérocystes détachés
(Fig. 5). Un examen attentif de ces fragments de chapelets
montre qu’ils sont doués à cette époque d’un mouvement
de reptation très lent, quoique facile à constater sous un
grossissement suffisant. Placés dans une goutte d’eau sur
une lame de verre, en face d’une fenêtre, ils se rassemblent
peu à peu sur le bord de la goutte le plus rapproché du
point d’où vient la lumière. Enfin quand on dépose un de
ces Nostoc en déliquescence dans une assiette avec un peu
d’eau, les chapelets ne (ardent pas à se répandre à l’entour
©
QUELQUES NOSTOCHINÉES. 95
età former au fond de l'assiette une pellicule verdàtre,
comme le ferait une Oscillaire (1).
Si l’on continue à observer les fragments de chapelets
durant quelques jours, on les verra bientôt, devenus immo-
biles, se revêtir d’une membrane transparente (Fig. 6). En
même temps les globules verts augmentent de volume ;
mais leur accroissement se fait en largeur cette fois, et non
plus dans le sens de la longueur du chapelet. Is deviennent
ainsi discoïdes : enfin ils se partagent en deux par une
division qui s'opère en sens inverse de celle que j'ai men-
tionnée plus haut (Fig. 7). La plupart des globules se divi-
sent ainsi une ou deux fois, et alors le chapelet, consi-
dérablement élargi, a tout-à-fait changé d'aspect. Il est
transformé en un sac transparent, plus ou moins long, dans
lequel les globules dédoublés sont disposés en rangées
parallèles superposées, souvent très distinctes et assez régu-
lières (Fig. 8). Bientôt d’ailleurs cette régularité disparaît.
Les rangées se joignent alternativement les unes aux autres,
c’est-à-dire que le globule placé au bord d’une rangée se
soude au globule placé au-dessus de lui, et le globule
(1) Le mouvement propre que possèdent les chapelets des
Nostoc déliquescents, n'avait pas échappé à Vaucher (Voy.
Histoires des Conferves d’eau douce, p. 215, 216). Il est surtout
sensible dans les espèces aquatiques. Du moins il m'a paru très
prononcé dans le Nostoc Mougeoti, et Vaucher à fait la même
observation sur le Nostoc verrucosum. Mais il se retrouve aussi
dans les mêmes circonstances chez les espèces terrestres, et
c'est à tort que dans mon premier travail j'avais élevé quelques
doutes sur ce point. J'ai eu notamment occasion de le constater
sur de beaux échantillons de Nostoc commune, récoltés au mois
de juin par un temps chaud et humide, et dont quelques parties
commençaient à tomber en déliquescence. 3e mentionne ce fait,
parce que c'est dans les mêmes conditions et à la même époque
de l’année que Vaucher a observé aussi le mouvement des
chapelets dans cette espèce.
24 REPRODUCTION DE
opposé à celui de dessous. Il se reforme ainsi un nouveau
chapelet replié sur lui-même à l'intérieur du sac. Au
premier moment cette disposition des globules est difficile à
reconnaître. Entassés dans le sac étroit que forme la mem-
brane, attachés plus ou moins obliquement l’un à l’autre,
ils ne présentent souvent qu'un amas confus. Mais leur
enchaînement paraît de plus en plus évident à mesure que
le jeune Nostoc grossit. Le sac se dilate, le nouveau chapelet
s’allonge, ses circonvolutions s'écartent et deviennent bien
distinctes (Planche 2, Fig. 9). Pendant quelque temps la
jeune fronde présente encore quelques renflements qui
correspondent à l'emplacement qu’occupaient les rangées de
globules : peu à peu ces empreintes s’effacent, et la fronde
se développe en une masse transparente arrondie, à l’inté-
rieur de laquelle le chapelet se contourne et serpente dans
tous les sens. Déjà à cette époque on distingue parmi les
globules quelques hétérocystes.
Les figures comprises sous les n° 6, 7, 8 et 9, donneront,
je pense, une idée suflisante des divers aspects que peut
offrir la transformation d’un chapelet de Nostoc en un
nouvel individu. Ce phénomène présente de nombreuses
variations de détails, sur lesquelles je crois inutile de m’arré-
ter. Je me bornerai aux observations suivantes.
En général les globules terminaux du chapelet ne subis-
sent pas les mêmes modifications que les autres. Ils se
décolorent comme les hétérocystes, et demeurent attachés
aux extrémités du chapelet, sans prendre part au développe-
ment que je viens de décrire. Quelquelois on les retrouve
longtemps après encore adhérents à la surface de la jeune
fronde (Fig. 9).
Souvent aussi un des globules intermédiaires se transforme
en hétérocyste. Quelquefois même il s’en produit deux ou
trois à différents intervalles dans la longueur du chapelet
QUELQUES NOSTOCHINÉES. 925
(Fig. 8). Celui-ci se trouve ainsi divisé en deux ou plusicurs
parties, qui continuent à se développer individuellement. De
là vient qu’on voit assez fréquemment sous le microscope
les jeunes Nostoc attachés ensemble par un hétérocyste
interposé.
IF.
Les autres Nostochinées dont il me reste à parler, appar-
tiennent au genre Cylindrospermum, Ralfs (Kütz. pro parte).
Ce genre comprend une partie des espèces que l’on réunis-
sait autrefois sous le nom d’Anabaïina, Bory, et qui consistent
en filaments moniliformes, analogues aux chapelets des
Nostoc, mais formant un stratum gélatineux indéterminé.
Certains articles des filaments se transforment en hétéro-
cystes : d’autres prennent une forme elliptique , une dimen-
sion plus considérable, et deviennent des sporanges. Les
diverses positions que les sporanges et les hétérocystes peu-
vent occuper dans le filament, ont servi à démembrer les
Anabaina en plusieurs genres. Ceux qu’a établis M. Kützing
sont trop vaguement limités pour être adoptés sans restric-
tion, M. Ralfs a proposé des divisions fondées sur des carac-
tères plus précis, et qui me semblent devoir être admises (1).
Je ferai remarquer seulement qu’il est au moins supcrilu de
séparer génériquement des plantes liées par des aflinités si
étroites, et qu’il vaut mieux se borner à considérer les coupes
établies par M. Ralfs comme des sous-genres, en conservant
le nom d’Anabaina pour l’ensemble des espèces. Quant à
ce dernier nom, il doit être maintenu dans tous les cas, et
(4) On the Nostochineæ (Annals and Magazine of natural
history, 2nd series, t. V, p. 321, pl. 8 et 9. — 1850).
26 REPRODUCTION DE
c’est à tort que M. Ralfs propose de le remplacer par 7ri-
chormus, Allm., en se fondant sur ce que la priorité appar-
tiendrait au genre Anabæna, établi par M. Ad. de Jussieu
dans la famille des Euphorbiacées. Ce dernier n’a été
publié qu'en 1824 (1), tandis que le genre de Bory Saint-
Vincent remonte à 1822 (2).
Dans les Cylindrospermum, comme ils sont limités par
M. Ralfs, l’hétérocyste forme le dernier article du filament,
et le sporange occupe l’article suivant. Les filaments sont
doués d’un mouvement de reptation très lent, mais appré-
ciable. Les articles sont cylindriques. Ils renferment une
matière d’un vert bleuâtre, un peu granuleuse, et se multi-
plient comme ceux des Nostoc, c’est-à-dire qu'après s’être
allongés dans le sens de la longueur du filament, ils se
coupent en deux par une division transversale. Le dernier
article, avant de se changer en hétérocyste, est semblable
aux autres : mais les granules qu’il contient disparaissent
peu à peu; l’article prend une teinte jaunàtre, devient plus
gros et acquiert une forme ovoïde plus ou moins allongée
(PI. 5, Fig. 12). A cette époque on le trouve presque
toujours entouré de quelques cils muqueux irréguliers. Ces
cils, dont la présence est très fréquente sur les hétérocystes
des Anabaina, ne sont probablement qu’une production
parasite.
Après la formation de l’hétérocyste, le sporange ne tarde
pas à se développer aux dépens de l’article suivant. Celui-
ci s’allonge, grossit, et son contenu devient fortement gra-
nuleux. Peu à peu sa paroi s’épaissit et se colore en brun.
Ce n’est point, comme le dit M. Ralfs, la matière contenue
dans le sporange qui prend cette teinte, c’est seulement la
(1) De Euphorbiacearum generibus medicisque earumdem
viribus tentamen, p. 46.
(2) Dictionnaire classique d'histoire naturelle, t. F, p. 307.
QUELQUES NOSTOCHINÉES. 27
paroi cellulaire. L'intérieur du sporange est rempli par une
spore elliptique que l’on distingue par transparence, et qui
conserve la couleur verte, comme il est facile de s’en assurer
en la faisant sortir du sporange par une légère pression.
On trouve souvent les filaments terminés aux deux bouts
par un hétérocyste. Il est plus rare de voir un même fila-
ment porter un sporange à chaque extrémité, et en ce cas
le développement de lun des sporanges m’a toujours paru
précéder celui de l’autre (Fig. 15).
M. Fischer, dans le mémoire que j'ai cité plus haut,
mentionne une observation de M. Nägeli surla germination
d'un Cylindrospermum (1). La description qu’il donne, très
courte d’ailleurs ct très incomplète, ne paraît pas conforme
à ce que j'ai vu moi-même dans ces plantes.
La première espèce dont j'ai observé la reproduction,
est remarquable par ses sporanges à surface rugueuse. Les
filaments ont un diamètre d’environ un 240"° à un 250"
de millimètre. C’est la même plante qui a été publiée dans
les fascicules de M. Rabenhorst (2) sous le nom de Cylin-
drospermum majus, Kütz. Il est possible que ce soit en effet
l'espèce ainsi nommée dans le Species Algarum. Mais je
ne saurais rien aflirmer à cet égard. Car M. Kützing ne
mentionne pas l’aspectrugueux des sporanges, et les Tabulæ
Phycologicæ du même auteur sont malheureusement loin
de pouvoir suppléer à l’insuffisance de ses diagnoses.
J'ai trouvé cette espèce, au mois de juin de l’année
(4) « Bei Cylindrospermum hat Prof. Nâgeli die Keimung
wirklich beobachtet. Nach längerer Ruhezeit tritt auf einmal in
den Zellen eine mehrfache Theilung ein, die äussere dicke Wan-
dung wird aufgelôst und das junge Fadenstück beginnt sein
Wachsthum durch gleichzeitige Theilung in allen Zellen. »
Fischer, loc. cit., p. 7.
(2) Die Algen Sachsens, n° 411.
28 REPRODUCTION DE
dernière, flottant dans un fossé en masses mucilagineuses.
Les sporanges étaient abondants, colorés en brun, et
paraissaient parfaitement murs. Cette circonstance m’enga-
gea à placer quelques fragments de la plante dans une goutte
d’eau sur des lames de verre, que je conservai sous une
cloche à l'abri de l’évaporation. Les filaments ne tardèrent
pas à se décomposer; les hétérocystes devinrent incolores
et se détachèrent en partie des sporanges. Un grand nombre
de ces dernicrss’alléra aussi, et la spore qu’ils renfermaient
disparut sans laisser de trace. Mais d’autres se conservèrent
sans changer aucunement d’aspect. Je continuai à observer
ceux-ci avec soin, et dans le courant du mois de septembre
j'eus le plaisir de voir enfin la spore percer le sommet du
sporange et se développer en un nouveau filament de la
manière suivante. La spore, en s’allongeant, soulève une
petite portion de la paroi interne du sporange, qu’elle
pousse devant elle. Aussitôt qu’elle fait saillie au dehors,
elle commence à se cloisonner, et se change en un filament
toruleux, composé detrois ou quatre articles, dont le contenu
est fortement granuleux. Les divisions des articles sont
d’abord peu distinctes, mais deviennent de plus en plus
nettes à mesure qu'il s’en forme de nouvelles. Pendant
assez longtemps le fragment de la paroi du sporange que
la spore a soulevé, persiste au sommet du filament sous la
forme d’une petite calotte qui recouvre le dernier article
(Fig. 16). Le filament s’allonge à la fois par ses deux extré-
mités, mais plus rapidement d’abord par celle qui est au
dehors du sporange. Les nouveaux articles sont d’un diamè-
tre moindre que ceux qui se sont formés à la place qu'occu-
pait la spore, en sorte que le jeune filament est légèrement
atténué aux extrémités (Fig. 17). Peu à peu cependant ces
différences s’effacent ; les articles en se multipliant prennent
une dimension de plus en plus égale, leurs granules devien-
QUELQUES NOSTOCHINÉES. 29
nent moins apparents, et laressemblance du nouveau filament
avec les anciens finit par être complète.
J'ai reconnu plus tard que cette expérience réussit tout
aussi bien ou mieux encore avec des échantillons desséchés et
conservés en herbier depuis plusieurs mois, pourvu que les
spores soient bien mures. En les placant de même sur des
lames de verre avec un peu d’eau, je les ai vues commencer
à germer au bout d’une quinzaine de jours. Les spores des
Anabaina appartiennent donc à cette catégorie de corps
reproducteurs applés Aypnospores par M. Al. Braun (1),
qui sont susceptibles de se développer après une longue
période de repos et malgré une dessiccation prolongée. Dans
beaucoup d’Algues d’eau douce, on trouve des corps repro-
ducteurs pourvus de cette persistance de vitalité, qui semble
être une condition nécessaire de la conservation de ces
plantes durant les alternatives de sécheresse et d'humidité
auxquelles elles sont exposées. Mais aucune d'elles, je crois,
n'est mieux douée sous ce rapport que les Anabaina,
comme Je montrera l’exemple suivant.
J'avais récolté au mois d'avril 4848, de beaux échan-
tillons bien fructifiés d'Anabaina licheniformis, Bory (Cylin-
drospermum licheniforme, Kütz.). Dans cette espèce les
sporanges sontlisses, d’une couleur brun-rougâtre foncée,
quand la maturité est complète. Au printemps de cette
année (1857), je détachai quelques fragments de ces échan-
tillons que je conservais en herbier depuis neuf ans, et je les
soumis aux mêmes expériences que les précédents. À peine
quinze jours s'étaient écoulés qu'un grand nombre de
sporanges commençaient à s'ouvrir et laissaient passer le
sommet du jeune filament. J'ai répété plusieurs fois ces
expériences avec le même succès, et dans celles que j'ai faites
(1) Algarum unicellularium gencra nova, p. 16.
50 REPRODUCTION DE
cet élé j'ai vu souvent les spores germer au bout de six à
sept jours. La germination de cette espèce est tout-à-fait
semblable à celle de la précédente. Seulement la petite
portion de la paroi du sporange que la spore soulève
comme un operecule, n’est point entraînée au sommet du
jeune filament, mais reste attachée latéralement au sporange
(PI. 2, Fig. 11).
J'aurais désiré pouvoir faire les mêmes essais sur des
échantillons d’une date encore plus ancienne. Il serait inté-
ressant de vérifier combien de temps les spores d’Anabaina
peuvent conserver la faculté de germer. Mais, pour que ces
expériences réussissent, il faut, je le répète, que les spores
soient parfaitement mures. Or il est plus rare qu’on ne
croirait de les trouver en cet état dans les herbiers. C’est ce
dont je me suis assuré en examinant tous les échantillons
de ma collection et de celle de Bory Saint-Vincent, et cette
difficulté ne m’a pas permis de pousser mes recherches plus
loin.
QUELQUES NOSTOCHINÉES, 51
EXPLICATION DES FIGURES.
PLANCHE 1.
Nostoc vesicarium, D C.
F1G. 1 et 2. Plante de grandeur naturelle.
La figure 4 montre la plante telle qu'on la trouve ordinaire-
ment croissant sur la terre entre les mousses.
La figure 2 représente des individusisolés de diverses grosseurs.
F1G. 3. Coupe transversale d’un individu de moyenne grandeur.
(Grossissement de 150 diamètres.)
F1G. 4. Deux des filaments en chapelet qui remplissent l’inté-
rieur du Vostoc. (Gross. de 330 diam.)
Fig. 5. Fragments de chapelets entremêlés d’hétérocystes
détachés, tels qu'on les trouve dans la gelée verdätre qui s'échappe
du Nostoc en déliquescence. (Gross. de 330 diam.)
F1G. 6. Chapelet qui s’est revêtu d’une membrane transparente.
(Gross. de 330 diam.)
F1G. 7. Chapelets dont les globules se sont élargis et commen-
cent à se dédoubler. (Gross. de 330 diam.)
F1G. 8. Chapelets dans lesquels la multiplication des globules
est plus avancée. (Gross. de 330 diam.)
PLANCHE 2.
(Toutes les figures de cette planche sont représentées à un
même grossissement de 330 diamètres.)
Nostoc vesicarium, D C.
FiG. 9. Suite du développement des chapelets jusqu'à la for-
mation d'un nouvel individu.
52 REPRODUCTION DE QUELQUES NOSTOCHINÉES.
Anabaina (Cylindrospermum) licheniformis, Bory.
Fig. 10. Deux sporanges. Celui de gauche renferme une spore.
L'autre est vide. La membrane de ce dernier présente des ponc-
tuations très légères.
Fig. 11. Germination. La spore perce le sommet du sporange,
et s'allonge en un filament moniliforme qui devient bientôt sem-
blable à celui de la plante mère.
PLANCHE 3.
(Toutes les figures de cette planche sont représentées à un
même grossissement de 330 diamètres.)
Anabaina (Cylindrospermum) major, Kütz.
F1G. 42. Trois filaments à divers états.
Celui de gauche est le plus jeune. L'article terminal, arrondi
à son extrémité libre, commence à se changer en hétérocyste.
Dans le suivant l'hétérocyste est déjà formé et entouré de
quelques cils muqueux.
Dans le troisième le sporange commence à se développer.
Fig. 13. Filament à chaque extrémité duquel il s’est formé
un sporange.
FiG. 14. Filament portant un sporange plus âgé que les
précédents.
F1G. 13. Sporange détaché et complétement mur. Il est encore
surmonté d'un hétérocyste. On distingue par transparence la
spore qu'il renferme.
F1G. 46. Germination.
FiG. 47. Trois jeunes filaments provenant de la germination
des spores. Deux d’entre eux sont encore atténués à leurs extré-
mités, et leurs articles sont fortement granuleux. Celui de
droite, dont le développement est plus avancé, est déjà sem-
blable à la plante mère. Il commence à se former un hétéro-
<yste à chaque extrémité.
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ANATONTE
DES PLANTES AÉRIENNES DE L'ORDRE DES
ORCHIDÉES.
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2e MÉMOIRE : ANATOMIE DU RHIZOME,
DE LA TIGE ET DES FEUILLES, (1)
}
Par M. Ad. CHATIN,
Membre correspondant de la Société.
Nous examinons successivement dans ce travail : 4° le
rhizôme, partie de la plante qu’on a supposée, jusqu’à nos
recherches, être identique à la tige proprement dite, dont
elle ne diffère toutefois, pas moins par son anatomie que
par son milieu généralement souterrain; 2° la tige, divisée
par les botanistes, d’après les formes qu’elle affecte dans les
diverses espèces, en bulbotige, sorte de tige basilaire
renflée formant comme le passage du rhizôme à la tige et
en tige ordinaire; 5° le pédoncule ou tige florale, encore
assimilé, par des considérations morphologiques ou organo-
graphiques, à la tige foliifère ordinaire, dont l’anatomie le
distingue cependant, comme si sa structure se fût modifiée
(1) Le 4er mémoire, qui comprend l’Anatomie des racines, est
inséré däns le tome IV des Mémoires de la Société, p. 5. (1856).
5)
54 ANATOMIE
pour se mettre en harmonie de fonctions avec les appen-
dices, modifiés aussi dans leur structure et leur action,
qu’il porte; 4° les feuilles.
$ I. ANATOMIE DU RHIZOME.
Un examen anatomique attentif de la partie la plus
inférieure du caudex ascendant des plantes, même de celles
qui sont annuelles et paraissent avoir une tige parfaitement
simple, permet presque toujours de reconnaître que cette
partie diffère par quelques caractères, comme la présence
de rayons médullaires, l'absence de trachées, etc., des
portions de l’axe placées au-dessus d'elle. On peut, pour
ne pas former un mot nouveau, étendre à cette partie
inférieure, d’ailleurs habituellement souterraine, de l'axe,
le nom de rizhôme; mais je négligerai, dans ce mémoire,
le rhizôme purement anatomique qui ne se distingue point
de la vraie tige par sa forme ou sa direction, pour ne
m'occuper que du rhizôme classique des auteurs, de celui
que caractérisent nettement, avec sa direction rampante el
souterraine, l'émission de racines par son côté inférieur, la
production de bourgeons à feuilles vers son côté supérieur
ou à son extrémité qui se redresse alors en formant avec le
rhizôme lui-même un angle plus où moins droit. Le genre
Pleurothallis, qui est habituellement pourvu d’un rhizôme
traçant bien développé, va nous servir à décrire cet organe.
Nous prendrons comme exemple le P. prolfera, charmante
petite espèce portant au sommet de sa tige une épaisse
feuille recourbée en une sorte de nacelle ou de berceau,
dans lequel est enfermé et comme couché un petit épi de
fleurs.
L'examen, à un grossissement suflisant, d’une coupe
transversale du rhizôme de ce Pleurothallis, fait recon-
DES ORCHIDÉES. 3)
naître qu'il est formé des parties suivantes : la membrane
épidermique, que forme une assise de cellules tabulaires
vides de tous granules; 2 le parenchyme, qui s'étend, sans
modifications sensibles dans sa texture, depuis la région
sous-épidermique ou corticale jusqu’à l’axe de l'organe, et
se compose (comme le parenchyme des racines) d’utricules
à parois ponctuées; 5° un cercle fibro-cortical engagé dans
l'épaisseur du parenchyme qu’il divise en deux régions,
l’une externe et pouvant être dite corticale eu égard à son
siège, l’autre interne ou médullaire. Ge cercle cortical, que
forment d’épaisses fibres ponctuées, est brisé sur plusieurs
points occupés par des utricules du parenchyme établissant
la continuité entre la région externe et la région interne de
ce dernier; 4° des faisceaux fibro-vasculaires, épars, mais
non toutefois sans quelque régularité, dans la région interne
du parenchyme. Les faisceaux, sensiblement pareils les uns
aux autres, sont d’ailleurs formés des quatre éléments
suivants : a, d’une zône de fibres épaisses et ponctuées qui
en forment la circonférence; b, d’une zône, inscrite dans
la précédente, mais plus épaisse du côté interne, de fibres
d’un assez grand diamètre, à parois minces et non ponctuées;
c, de quelques vaisseaux (ponctués ou rayés, jamais spiraux
déroulables (?) disposés dans la portion interne et épaisse
de la zône précédente; d, d’un petit amas de fibres cam-
biales très étroites et fort minces, placé au dehors de la
portion interne ou vasculaire de la zône c.
La structure que nous venons de faire connaître se
retrouve, sans notables modifications, dans le rhizôme du
Pleurothallis spatulata et de quelques autres Orchidées; nous
nous y arrélerons, car elle suflit pour montrer que le
rhizôme, tout en pouvant tenir par quelques points à la
racine et à la tige, diffère nettement, par son anatomie, de
l’une et de l’autre.
56 ANATOMIE
Les racines du Pleurothallis prolifera se composent, en
effet, d’une membrane épidermique à deux assises de cellules
à parois simples {si, au lieu de s’être développées dans la
terre ou dans la mousse humide, ces racines étaient
aériennes, l’assise extérieure de leur membrane épidermique
ferait place à une couche spongieuse (velum de M. Schleiden)
de cellules spiralées], d’un épais parenchyme cortical à
utricules ponctuées, d’une couche ligneuse fibro-vaseulaire
continue à utricules toutes ponctuées et à vaisseaux ponc-
tués ou rayés, plus d’une petite moëlle enveloppée par la
couche ligneuse. On voit : 4° qu'elle tient du rhizôme
uniquement par la nature des utricules de son parenchyme
et par celle deses vaisseaux; 2° qu’elle diffère par sa couche
épidermique, par le manque de zône fibro-corticale, par le
groupement de tout le système fibro-vasculaire en un cercle
continu et par la réduction habituelle de tout le système
des fibres à une seule forme élémentaire.
Quant à la tige proprement dite du P. prolifera, bien
que, comme on pouvait le penser, elle ressemble plus que
les racines au rhizôme, sa structure en diffère par quel-
ques points importants. Son épiderme, formé comme celui
du rhizôme par une simple assise d’atricules, porte quel-
ques stomates. La couche fibro-corticale existe , mais
continue et non brisée, et, fait bien digne d'attention que
nous retrouverons chez des Brassavola, Cattleia, Epiden-
drum, Dendrobium, etc., elle est immédiatement sous-
épidermique, c'est-à-dire concentrique à toute la masse du
parenchyme qui s’adosse à elle par sa portion la plus
ex{erne.
Son parenchyme s'éloigne à son tour de celui da rhizôme
par une moins grande homozgénéité, de nombreuses utrt-
cules chromulifères, les unes à parois simples, les autres à
parois spiralées, s’entremêlant dans la région externe aux
DES ORCHIDÉES. 97
utricules ponctuées, tandis que celles de la région interne
contiennent pour la plupart des grains de fécule.
Enfin ses faisceaux fibro-vasculaires, fort semblables à
ceux du rhizôme par leur disposition dans la portion inté-
rieure du parenchyme et par leur composition, en différent
cependant par la présence constante de trachées bien dérou-
lables.
Ainsi donc, en négligeant l’épiderme, dont la modifica-
tion parait directement commandée par la présence ou
l'absence de la lumière, on trouve que le rhizôme sedistingue
de la tige par la non-continuité et le siège de la couche fibro-
corticale, ainsi que par la simplicité ou l’homogénéité plus
grande du parenchyme et du système vasculaire. On ne
peut donc dire, sans confondre deux parties distinctes par
leur structure anatomique comme elles le sont souvent par
la durée, que le rhizôme est une tige souterraine.
Desauteurs, mêmes classiques, qui ont écrit sur lerhizôme,
le confondent avec la souche prise dans un sens général.
Leur erreur tient à ce que le nom de souche a été appli-
qué à deux organes fort distincts, savoir : à de vrais
rhizômes ou même à des tiges enfouies sous la terre,
comme on le pratique dans la culture de la vigne, et dans
les Dicotylédones, à la base ou partie axile plus ou moins
conoïde du corps radiculaire. On mettra fin à cette confu-
sion , soit en renonçant tout-à-fait au mot souche, soit en
ne se servant de celui-ci que pour désigner le corps des
racines pivotantes.
$ IL. ANATOMIE DE LA TIGE.
Tandis que, comme nous le rappellerons plus loin, la
structure des feuilles des Orchidées épidendres a déjà été
l'objet de savantes recherches, celle de la tige de ces végé-
38 ANATOMIE
taux intéressants a été négigée jusqu’à ce jour. Les morpho-
logistes, frappés de la forme du renflement prononcé qu'offre
à sa base la tige d’un grand nombre d'espèces, se sont
empressés de créer, pour désigner ces parties renflées, un
nom, celui de bulbotige. Maïs l'absence de caractères anato-
miques de nature à faire distinguer des tiges ordinaires les
bulbotiges, qui n’offrent en propre qu'une plus grande
prédominance du tissu parenchymateux, nous oblige à
réunir les unes et les autres dans une même étude.
Nous examinerons successivement, dans les principaux
genres des Orchidées épiphytes, l’épiderme, le parenchyme,
la zône fibro-corticale et les faisceaux ligneux ou fibro-
vasculaires, parties conslituantes de la tige.
L. ÉPiDERME. — Comme celui du rhizôme et des feuilles,
mais contrairement à l’épiderme de leurs racines et à celui
de quelques Cactus, etc., pourvus de racines aériennes, le
système épidermoïdal de la tige est habituellement formé
d’une seule assise de cellules. Tantôt d’ailleurs, comme
dans les Pleurothallis prolifera et spatulata, le Liparis
lanceolata, le Vanilla planifolia et le Physosiphon Lod-
digesii, les parois des cellules sont minces; tantôt au
contraire, comme dans le Bolbophyllum Careyanum, le
Dendrobium fimbriatum, les Epidendrum crassifolium et
E. Inosmum, le Lœlia anceps, le Brassavola venosa, le
Cattleia, le Maxillaria tenuifohia, le Catasetum ligulatum,
le Cymbidium sinense, les Oncidium, le Vanda recurva,
etc., ces parois ont une épaisseur considérable. En somme,
les cellules épidermiques à parois épaissies représentent
Vétat le plus ordinaire, tandis que les épidermes à cellules
minces sont de beaucoup les plus rares dans la tige des
Orchidées épidendres.
La pellicule épidermique ou euticule, cette couche
continue sur-épidermique qu’avaient entrevue Bénédicte de
DES ORCHIDÉES. 39
Saussure et Hedwig, qui a pris définitivement place dans
l'anatomie végétale par suite des recherches de M. Adolphe
Brongniart, et à la connaissance intime de laquelle ont ajouté
les observations de Meyen, de MM. Hugo de Mobl, Payen,
Trécul, etc., atteint souvent à une épaisseur considérable.
C’est elle qui, moulée à la surface externe des cellules de
l’épiderme dont parfois, comme chez le Brassavola venosa,
elle se distingue assez bien par suite d’une sorte de décolle-
ment, forme en réalité l’épaississement du système épider-
mique. Dans plusieurs Orchidées épidendres la pellicule épi-
dermique ne prend pas de développement sensible, bien que
les cellules de l’épiderme tranchent sur celles du parenchyme
par leur forme tabulaire; chez aucune de ces plantes elle
n'existe à l’exclusion de l’épiderme. Cette existence de la
pellicule épidermique quand l’épiderme lui-même est regardé
comme absent ne peut-elle d’ailleurs s'expliquer par ce fait
que les épidermes les plus caractérisés par la forme et la
texture de leurs cellules passent insensiblement chez certai-
nes espèces à la nature du parenchyme ? J'avoue que je suis
porté vers cette manière de considérer les choses, quand je
compare la structure de la fronde du Ceratopteris thalic-
troides, espèce surtout donnée comme exemple de pellicule
n'ayant pas d’épiderme pour substratum, à celle d’un grand
nombre d’autres végétaux, de ceux surtout qui sont aussi à
demi aquatiques.
IT. PARENCHYME. — Les tissus utriculaires qui forment le
parenchyme de la tige des Orchidées épidendres se présentent,
au point de vue de la comparaison de Ja portion externe ou
corticale et de la portion interne ou médullaire de celui-ci,
sous trois états généraux ou types, entre lesquels existent
d’ailleurs, comme entre toutes les distinctions faites plus par
les naturalistes que par la nature, des organisations de
passage ou de transition.
40 ANATOMIE
Dans le premier type, offert par le Pleurothallis spatu-
lata et le Dendrobium fimbriatum, type qui n’est pas à beau-
coup près le plus commun, comme on pourrait être porté à
l’admettre en partant des idées qui ont cours sur l'homo-
généité théorique de la structure des monocotytédones, le
parenchyme est sensiblement identique, tant par la struc-
ture des parois des utricules que par le contenu de celles-ci,
dans toute l'épaisseur de la tige.
Pendant que l’homogénéité de texture et de contenu des
utricules caractérise le premier type, le second a pour carac-
tère des différences soit dans la paroi même des cellules,
soit plus souvent dans la nature des matières contenues,
soit à la fois dans la structure des utricules et dans les
substances déposées à leur intérieur. Dans le premier de ces
cas rentre, jusqu’à un certain point, l'Epidendrum cochlea-
tum; dans le second cas se placent d’une part le Pleuro-
thallis prolifera, le Liparis lanceolata, le Bolbophyllum
Careyanum, la plupart des Epidendrum, le Brassavola
venosa, le Cattleia Forbesti, le Catasetum intermedium et
le Cymbidium sinense, dont le parenchyme interne se
distingue du parenchyme externe ou sous-épidermoïdal en
ce qu’il contient dela fécule au lieu de chlorophylle, d'autre
part le Lœlia anceps et le Vanda recurva dont le paren-
chyme central est habituellement formé d’utricules ne conte-
nant ni fécule ni chlorophylle ; enfin, comme se rattachant
au troisième cas, savoir à celui des plantes dont le paren-
chyme interne diffère du parenchyme externe à la fois par la
structure et parle contenu des utricules, je citerai le Cattleia
Mossiæ, dont les utricules de l’intérienr sont ordinairement
remplies de fécule et à parois unies ou simples, tandis que
celles de la périphérie sont souvent à la fois comme chromu-
lifères et à parois ponctuées.
Le troisième type offre, comme le second type, des diffé-
DES ORCHIDÉES. A4
rences entre le parenchyme de l’intérieur et le parenchyme
de la région externe, mais avec ce caractère de plus, que
les deux portions de parenchyme sont isolées l’une de l’autre
par l’interposition d’un cercle fibreux complet. Dans cette
organisation, qui rappelle à certains égards celle des tiges
d’un grand nombrede dicotylédones, on peut, sans s’écarter
des analogies et sans donner aux idées que rappellent les
mots une extension trop grande, désigner le parenchyme
externe par celui de parenchyme cortical et le parenchyme
intérieur par celui de moëlle. Cet isolement du parenchyme
médullaire et du parenchyme cortical ou herbacé, plus
commun d’ailleurs dans les pédicelles dont il est presque
un des attributs, que dans les tiges proprement dites, peut
être le résultat d’organisations qui du reste ne sont pas
identiques.
Ainsi dans le Vanilla planifolia il est produit par une
zône fibro-corticale distincte de tous les faisceaux fibro-
vasculaires ou ligneux, tandis que dans le Physosiphon
Loddigesh il se rattache à l’existence d’un cercle prosen-
chymateux auquel sont adossés, en une série régulière, tous
ou presque tous les faisceaux fibro-vasculaires de la tige.
Dans le Vanilla comme dans le Physosiphon, les utricules
de la moëlle diffèrent de celles du parenchyme herbacé par
le manque habituel de chlorophylle et par les ponctuations
de leurs parois.
Le Pleurothallis prolifera offre presque, sous le rapport
qui nous occupe, la structure du Vanilla. Toutefois chez
lui le cercle fibro-cortical, brisé sur plusieurs points, laisse
communiquer largement le parenchyme externe avec le
parenchyne interne.
Je viens d'examiner les différences générales qui se présen-
tent quand on considère, en les comparant l’une à l’autre
dans leur ensemble, les portions externe et interne du paren-
42 ANATOMIE
chyme, il reste à signaler celles qu’on constate quand on a
égard uniquement à la nature propre des utricules et abstrac-
tion faite de leur siège. Laissant de côté, comme moins
‘important, ce qui tient à la forme même et aux dimensions,
d’ailleurs assez variables, des utricules, je ne m'arrêterai
qu'aux matières renfermées dans les cavités de celle-ci et à
la texture de leurs parois.
Les parois des utricules sont assez souvent simples, c’est-
à-dire non marquées de ponctuations, de raies ou de lignes
diverses, mais fréquemment elles n’offrent pas le même
caractère de simplicité. Tantôt alors les parois se marquent
de ponctuations sensiblement arrondies comme sur les utri-
cules du parenchyme intérieur du Vanilla, du Physosiphon;
tantôt les ponctuations arrondies font place à des ellipses,
comme dans le Pleurothallis prolifera et sur quelques
unes des utricules des Epidendrum crassifolium, E. Inos-
mum, du Brassavola venosa, du Lœlia anceps, de la
plupart des Cattleia, Catasetum, Cymbidium, etc.; tantôt,
au lieu de points arrondis et d’ellipses, les parois portent
des réticulations diverses, ainsi qu’on le voit dans beaucoup
d’'Oncidium, le Bolbophyllum Careyanum, plusieurs
Epidendrum, le Lœlia anceps, etc.; enfin, et c’est là un cas
si fréquent qu'on pourrait citer à l'appui le plus grand
nombre des Orchidées épiphytes, les cellules offrent des
spirales les unes simples, les autres doubles ou triples, là pa-
rallèles et ici diversement entrecroisées. Telle est la fréquence
des utricules spiralées que, si elles ne paraissaient manquer
tout-à-fait dans certaines espèces, telles que le Vanilla
planifolia, les Pleurothallis prolifera et spatulata, etc.,
on serait porté à les regarder comme caractéristiques des
tiges des végétaux qui nous occupent; mais l’existence
d’utricules spiralées n’est pas plus ici un caractère absolu
dans les tiges que dans les feuilles. Les lames qui forment
DES ORCHIDÉES. 43
les spirales peuvent d’ailleurs se dérouler, comme on
l’observe chez les trachées. Assez souvent aussi la paroi des
utricules vieillies, détruite dans les intervalles qui séparent
les James spirales, se présente à jour et comme éraillée.
Fréquemment j'ai pu constater que la lame spirale était
franchement interne à la paroi de la cellule mère; dans
aucune plante je n’ai pu acquérir la certitude qu’elle fût
extérieure à celle-ci.
Le contenu des utricules peut être aussi indiqué à grands
traits quoiqueavecune exactitude suflisante.La portion externe
du parenchyme renferme habituellement des granules verts
assez gros. Le parenchyme interne est fréquemment féculi-
fère, notamment dans les bulbotiges, où la fécule emma-
gasinée forme une réserve d’aliments pour la plante : très
variables d’ailleurs par leurs formes et leurs dimensions, les
grains d’amidon sont le plus souvent arrondis ou ovoïdes et
ne mesurent que 0" 008 dans le Pleurothallis, tandis que
dans le Liparis lanceolata ils se présentent sous la forme de
belles ellipses pouvant atteindre à une longueur de 0""08!
Dans presque toutes les Orchidées épiphytes on constate
lexistence d’un certain nombre d’utricules à raphides;
mais c'est inutilement que j'ai recherché, même dans le
parenchyme immédiatement sous-épidermoïdal du Vanilla,
les représentants de ces cristaux octaédriques qui sont
placés un à un dans chacune des cellules (excepté dans
celles qui avoisinent immédiatement les stomates) de l’épi-
derme. Des gaz existent fréquemment dans les cellules
spiralées, qui, quoique le plus souvent vides de tous gra-
nules organiques, peuvent cependant contenir de la chloro-
phylle et de la féecule.
LIL. SYSTÈME FIBRO-CORTICAL. — Le système fibro-cortical
n’a pas, dans la plupart des tiges des Orchidées épiphytes,
d’existence propre ou indépendante des faisceaux fibro-
44 ANATOMIE
vasculaires. Mais il n’en est plus de même dans un certain
nombre de ces plantes, où on le voit prendre un développe-
ment notable en s’isolant sur quelque point compris entre
lépiderme et les faisceaux fibro-vasculaires. Alors deux cas
se présentent : ou, ce qui est l’état le moins ordinaire, le
système fibro-cortical est engagé dans l'épaisseur du paren-
chyme qui l’enveloppe du côté externe aussi bien que du
côté interne, ou ce système est immédiatement sous-épider-
mique et ne touche au parenchyme, auquel il est alors
concentrique , que par son côté interne. Au premier cas se
rattache le Vanilla planifolia; au second appartiennent au
contraire les Pleurothallis prohfera et spatulata, le Den-
drobium fimbriatum, V Epidendrum crassifolium, le Bras-
savola venosa; les Catileia crispa, C. Mossiæ et C.
Forbesii.
Deux choses frappent tout d’abord dans le système fibro-
cortical des Orchidées épiphytes, savoir : en premier lieu,
l'existence non très rare de ce système dans un groupe de
la classe des plantes monocotylédones qu'il y a peu
d'années encore on regardait comme en étant toujours
dépourvues; secondement, la situation fréquente de ce
système, non, comme dans la généralité des Dicotylédones,
sous le parenchyme cortical ou, toutau moins, dans Fépais-
seur de ce parenchyme, mais extérieurement à lui ou exacte-
ment sous l’épiderme.
Il est d’ailleurs digne de remarque qu'à cet égard des
différences peuvent exister, dans une même plante, entre le
rizhôme et la tige proprement dite. Ainsi, dans le Bolbo-
phyllum Careyanum, le système fibro-cortical du rizhôme est
enveloppé par le parenchyme, tandis que celui de la tige
est sous-épidermique.
Une autre observation est que les fibres corticales se
disposent habituellement, quel que soit d’ailleurs leur siège
DES ORCHIDÉES. 45
par rapport au parenchyme et à l’épiderme, en une couche
continue, et non en paquets ou faisceaux isolés les uns
des autres : quelques réserves doivent sans doute être
faites pour le Lælia anceps et quelques autres espèces.
Je n'ai même pas observé, dans les tiges, ces brisures du
cercle fibro-cortical qui existent dans le rhizôme du Bolbo-
plyllum.
Les racines nous ont offert, chez les Oncidium, l’analo-
gue de la couche fibro-corticale sous-épidermique qui vient
d’être signalée dans les tiges. Toutefois, par la nature des
éléments à parois peu épaisses et portant des raies, des
spires et des réticulations diverses, cette couche corticale
des Oncidium me paraît se rapprocher plus spécialement
de ces cellules particulières du système cortical sur les-
quelles M. Hugo de Mohl a récemment, dans un-mémoire
écrit d’un point de vue élevé, appelé l'attention du monde
savant (1).
Les fibres des cercles corticaux des tiges nous ont tou-
jours (?) paru être des fibres ponctuées pareilles à celles
qu'on trouve dans la plupart des libers. Nous n'avons pas
remarqué qu’elles fussent séparées par une zône de fibres
minces, où cambiales, du parenchyme qu'elles circons-
crivent.
IV. Du SYSTÈME FIBRO-VASCULAIRE, ordinairement dit
SYTÈME LIGNEUX. — Nous considérons le système fibro-
vasculaire de la tige dans la disposition et dans la structure
intime de ses parties constituantes.
Comme dans la plupart des plantes monocotylédones, le
corps fibro-vasculaire est constitué par un certain nombre
de paquets ou faisceaux immergés dans la portion interne
du tissu parenchymateux. La disposition des paquets les
(4) M. Hugo de Mohl, Botan. Zeitung, 1855, col. 873, Ann.
des Se. Nat. 1856, p. 141. 5
46 ANATOMIE
uns par rapport aux autres paraît {out d’abord, dans les cas
les plus nombreux, n'être soumise à aucun ordre, mais
presque toujours alors un examen attentif permet de recon-
naître que ces faisceaux sont assez régulièrement ordonnés
sur des cercles concentriques, qu’une couche plus ou moins
épaisse de parenchyme sépare les uns des autres. Cette
disposition des faisceaux sur des lignes circulaires, difficile
à démêler quand, celles-ci étant en grand nombre (Bolbo-
phyllum Careyanum), leurs éléments se pressent les uns les
autres, est au contraire fort évidente dans celles des tiges
dont les faisceaux sont en petit nombre (Liparis lanceolala
etc.). I arrive ici ce que chacun a pu observer sur les
élamines. Celles-ci sont-elles peu nombreuses (Oxals,
Geranium, etc.), il est aisé de reconnaître et leur dispo-
sition verticillée et le verticille auquel chacune d'elles doit
être rapportée; sont-elles au contraire réunies en grand
nombre, comme dans les Malvacées, etc., il semble que le
désordre seul préside à leur arrangement.
Aux faisceaux fibro-vasculaires s'ajoutent, chez quelques
Orchidées {Physosiphon Loddigesii) un cercle fibro-prosen-
chymateux qui donne au système ligneux de ces espèces
l'apparence de celui d’une dicotylédone. Alors les faisceaux,
souvent réduits à une seule zône, s’adossent régulièrement
au cercle précédent ; parfois cependant un ou plusieurs
faisceaux sont épars dans la moëlle ou le parenchyme
central.
Si maintenant nous recherchons quelle est la structure
intime ou la composition élémentaire des faisceaux, nous
reconnaitrons qu'à quelques différences près tenant à la
proportion de chacun des éléments, tous les faisceaux fibro-
vasculaires ont sensiblement la même structure dans une
même plante.
Mais si, dans une espèce donnée, tous les faisceaux ont
DES ORCHIDÉES. A7
entre eux la plus grande ressemblance, ils peuvent différer
beaucoup avec les genres, et, parfois aussi, avec les espèces
elles-mêmes.
La composition des faisceaux est plus ou moins complexe.
Lesuns, et ce sont les plus composés, sont formés de vaisseaux
et de trois sortes de fibres; d’autres n’ont, avec les vaisseaux,
que des fibres de deux sortes; dans les plus simples, l'élément
fibreux est réduit à une seule forme.
Les faisceaux à trois sortes de fibres se ressemblent beau-
coup, tant par la nature propre de chacun de leurs tissus
élémentaires que par l’arrangement réciproque de ces tissus
(réserve faite de la disposition des vaisseaux les uns par
rapport aux autres). Nous prendrons au hazard, comme
exemple, le Liparis ou le Bolbophyllum, qui offrent la
Structure suivante : &, à la périphérie et du côté extérieur
des faisceaux sont d’épaisses fibres ponctuées disposées en
une section de cercle dont les extrémités s’avancent plus
ou moins et peuvent même, en se prolongeant et se rencon-
trant vers l’intérieur, compléter un cercle qui alors forme
une enveloppe continue au reste du faisceau; b, à l’intérieur
du cercle ou de la section du cercle des fibres épaisses 4,
et adossé à la portion moyenne, est un paquet de fibres
minces non ponctuées et étroites, souvent granulifères,
répondant à ce qu'on a successivement considéré comme
vaisseaux du latex ou comme tissu du cambium; c, plus
intérieurement que les éléments b, sont placés les vaisseaux,
sur l’arrangement et la nature desquels nous entrerons plus
loin en quelques détails; d enfin se trouvent, placées du côté
interne des vaisseaux que parfois elles entourent complé-
tement, des fibres qui tantôt se rapprochent des fibres a par
leurs ponctuations tout en se distinguant par une moindre
épaisseur de leurs parois, (Bolbophyllum elc.); tantôt s’éloi-
gnent beaucoup de ces fibres a par leurs parois très minces
48 ANATOMIE
et non ponctuées qui établissent un rapport entr’elles et les
fibres plus étroites, plus longues et encore plus minces
décrites en b.
Les faisceaux dans lesquels les fibres sont réduits à deux
des trois formes qui viennent d’être indiquées en a, en bet
en d manquent les unes de la forme b (Maxillaria, Vanda,
Cattleia spec.) les autres de la forme d ( Brassavola
venosa.)
Enfin les faisceaux les plus simples, ceux dans lesquels
une seule sorte de fibres est associée aux vaisseaux, sont
réduits à la forme a {Lœlia anceps, Cataseti, Cymbidii et
Epidendri spec.). Une mention spéciale doit être faite des
larges aréoles qui, dans le Catasetum lingulatum et le
Cymbidium sinense, remplacent les ponctuations des fibres
ligneuses ordinaires.
Les vaisseaux se disposent dans les faisceaux d’après deux
modes. Dans l’un de ceux-ci, le plus rare parmi les Orchi-
dées épidendres quoiqu'il soit le plus commum dans l’ensem-
ble des végétaux, les vaisseaux sontisolés les uns des autres
par l’'interposition des fibres (Vanilla, Aerides, Pleuro-
thallis), dans le second mode, qui se retrouve surtout chez
les végétaux parasites, les vaisseaux, tous immédiatement
contigüs, se pressent en un paquet qu'enveloppent ordinai-
rement de toutes parts les fibres du faisceau (Liparis, Bol-
bophyllum, Epidendrum, Brassavola, Lælia, Catasetum,
Cymbidium, Vanda, etc.)
Le rapport, assez constant, que j'ai plusieurs fois signalé
entre la forme des vaisseaux et leur groupement ou leur
disposition éparse est d’une constatation facile parmi les
Orchidées. Avec l'isolement des vaisseaux coïncide leur
forme en tube arrondi ; avec leur groupement en paquets,
leur forme prismatique.
DES ORCHIDÉES. 49
$ IT. ANATOMIE DE LA TIGE FLORALE.
La structure des tiges florales ou des pédoncules n’a pas
été étudiée jusqu’à ce jour par comparaison à la structure
des’ tiges proprement dites, tant on était convaincu de l’iden-
tité des deux organes. Les fleurs, disait-on avec beaucoup
de raison, se composent de feuilles modifiées en vue de la
fonction spéciale qu’elles ont à remplir. Et comme on pensait
que les modifications ne portaient que sur les appendices
sans atteindre le support de ceux-ci, on n'avait émis aucun
doute sur lidentité de structure des axes à feuilles et des
axes à fleurs. Des différences habituellement fort apprécia-
bles établissent cependant une distinction entre les tiges et
les pédoncules; les Orchidées épidendres sufliraient, malgré
leur structure plus homogène que celle de beaucoup d’autres
végétaux phanérogames, à établir cette distinction.
Quelques unes de ces plantes, parmi lesquelles je citerai
en particulier le Physosiphon Loddigesii et le Vanilla
planifolia, n’ont pas les pédoncules notablement différents
de la tige elle même; mais il n’en n’est pas de même du
Maxillaria tenuifolia, du Catasetum intermedium, de
l'Oncidium juncifolium, du Lœlia anceps, ct de beaucoup
d’autres Orchidées
Chez le Maxillaria, en effet, les pédicelles se distinguent
nettement de la tige: 4, par le manque constant de lacunes
dans l’épaisseur du parenchyme ; b, par la forme des cellules
épidermiques; €, par les trachées vraies, dont la proportion
dans Ja masse du système vasculaire est beaucoup plus grande
que dans la tige.
La tige florale de Catasetum intermedium diffère de la tige
proprement dite de la même plante, comme dans le HMaxil-
laria tenwifolia, par la nature des cellules de l’épiderme,
par l'absence de lacunes du parenchyme, et par les trachées
%
50 ANATOMIE
plus nombreuses ct plus facilement déroulables. Mais elle
est de plus caractérisée par quelques différences dans la
composition des faisceaux ligncux et surtout par l'existence
d’un cercle complet de tissu fibro-prosenchymateux recouvert
extérieurement par le parenchyme cortical et servant, par sa
face interne, d'appui aux faisceaux ligneux qui s’ordonnent
presque tous sur une ligne circulaire et affectent, par suite,
une disposition beaucoup plus régulière que dans la tige.
. L'Oncidium juncifolium a, comme le Catasetum inter-
medium, sa tige florale bien caractérisée par l'existence
d'un cercle fibro-prosenchymateux complet auquel sont
régulièrement adossés la totalité ou la presque totalité des
faisceaux ligneux. Chacun de ceux-ci est d’ailleurs composé:
a, du côté extérieur, par d’épaisses fibres ligneuses ponctuées
le plus souvent disposées de telle sorte que sur la coupe trans-
versale elles paraissent former une demi-lune ou un demi-
cercle à extrémités atténuées; db, à intérieur, par un
paquet de vaisseaux prismaliques rayés ou annulaires aux-
quels se mêlent à peine quelques trachées déroulables;
c, d’un paquet de fibres minces et à parois unies placé
entre le paquet vasculaire et la demi-lune (dont il remplit la
concavité) du faisceau des fibres ligneuses.
Dans le £œlia anceps, enfin, le pédoncule se distingue
nettement du bulbo-tige par son cercle fibro-prosenchyma-
teux, par la concentration de ses faisceaux à la périphérie de
la moelle qui devient lacuneuse dans la région axile, par la
lacune qui se produit fréquemment dans l'épaisseur des
faisceaux ligneux eux-mêmes par destruction d'une portion
des tissus, et surtout par l'existence d’un grand nombre de
trachées bien déroulables,
On pourrait multiplier les citations de faits établissant la
distinction anatomique qu'il faut faire entre les axes de
nutrition et les axesfloraux; mais ceux que je viens d'exposer
DES ORCHIDÉES. 51
suflisent à cette démonstration, peut-être cependant moins
absolue chez les Orchidées épidendres que dans la plupart
des autres végétaux.
$ IV. ANATOMIE DES FEUILLES.
Les feuilles des Orchidées épidendres ont une structure
qui diffère à plusieurs égards de celle des autres végétaux,
et qui, à ce litre, mérite toute lattention des anatomistes.
Rappeler qu'en ces derniers temps un savant botaniste a
émis l'opinion que c’est spécialement par leurs feuilles que
ces plantes puiseraient dans l’atmosphère, non seulement les
gaz, mais encore les liquides nécessaires à l’entretien de leur:
vie, c’est dire aussi de quel intérêt est pour le physiologiste
étude à laquelle nous allons nous livrer. Nous considère-
rons successivement dans les feuilles l’épiderme, le parenchy-
me, et enfin, le sytème fibro-vasculaire.
1. ÉPmerue. — Les cellules de l’épiderme des feuilles des
Orchidées épiphytes sont généralement disposées sur une
simple assise, même dans celles de ces feuilles qui sont de
consistance coriace. Les cellules épidermiques varient assez
habituellement suivant les espèces, quant à la forme de
leur face en contact avec l'air. Assez régulièrement hexago-
nales dans le Bolbophyllum Careyanum, ie Pleurothallis
prolifera, le Physosiphon Loddigesii, le Liparis lanceolata,
etc., elles affectent des formes sensiblement différentes dans
l'Epidendrum cochleatum et V'Epidendrum Inosmum. Dans
aucune espèce je n'ai observé ces cellules à contours forte-
ment sinueux qui constituent si fréquemment l’épiderme des
feuilles chez les autres végétaux.
Les parois des cellules sont le plus souvent d’une notable
épaisseur (Bolbophyllum PI. X1); parfois cependant, comme
dans les Pleurothallis prolifera et P. spatulata, cles sont
LD ANATOMIE
presque aussi minces que celles du parenchyme sous-jacent.
Mais ce dernier état, à la fois favorable à l’absorption et à
l’exhalaison des liquides, est vraiment l'exception dans le
groupe des Orchidées épiphytes, dont les feuilles semblent
plutôt organisées en vue d’une faible et très lente déperdi-
tion des liquides que contient le parenchyme.
La cuticule ou pellicule épidermique, ordinairement fort
épaisse, affecte dans beaucoup d'espèces une texture plus ou
moins granuleuse qui se traduit par diverses rugosités de la
surface, comme on peut le voir dans le Bolbophyllum
Careyanum, le Physosiphon, ete. L’épaississement de la cuti-
cule peut prendre un développement spécial et extrême sur
les points correspondants au milieu de chacune des cellules
épidermiques sous-jacentes; alors se produisent ces bombe-
ments ou reliefs en forme de segment de sphère qui s'élèvent
de la surface de l’épiderme dans le Brassavola venosa et
l'Oncidium juncifolium.
Divers corps peuvent être contenus dans la cavité des
cellules de l’épiderme. Tantôt, comme dans le Pleurothallis
prohfera, ce sont des grains de chlorophylle, tantôt des
grains incolores ou des gouttelettes huileuses comme dans
le Physosiphon et l’Aerides triangularis, tantôtenfin, comme
dans Île Famila planifolia, ce sont des cristaux qu’on
observe dans ces cellules.
Des stomates existent sur toutes les feuilles des Orchi-
dées épidendres. Mais, tandis que dans quelques unes
(Brassavola venosa, Oncidium juncifolium), ils existent à
la fois à la face supérieure et à la face inférieure, chez les
autres (Liparis lanceolata, Dendrobium fimbriatum, Epi-
dendrum cochleatum, E. crassifolium, Vanillæ sp., etc.)
ils appartiennent exclusivement à la face inférieure. Je n’ai
rencontré aucune espèce dont les feuilles portassent des
stomates à la face supérieure seule, ctiln’est pas vraisem-
7
#
DES ORCHIDÉES. 53
blable qu’un tel fait, dont les analogues doivent être recher-
chés parmi les végétaux à feuilles flottantes, se retrouve
jamais parmi les Orchidées épiphytes, et ce nonobstant les
nombreuses singularités de structure déjà offertes par celles-
ci dans la structure de leurs organes foliacés.
Indépendamment des stomates ordinaires, on trouve chez
quelques Orchidées épiphytes des perforations épidermi-
ques qui pénètrent plus ou moins profondément dans le
parenchyme de la feuille, et qui, au lieu d’être bordées par
deux cellules labiales susceptibles de se rapprocher ou de
s’écarter pour fermer ou pour agrandir la bouche épider-
mique, se présentent sous l’un des deux élatssuivants:— Les
unes de ces perforations sont creusées au milieu même d’une
cellule épidermique autour de laquelle sont symétrique-
ment disposées en cercle les cellules contigües, ainsi que
je lai vu dans le Bolbophyllum Careyanum (PI. HE, Fig.
27°”), les autres se présentent comme de simples pertuis
laissés par l’écartement des cellules voisines. Ces dernières
ne seraient-elles pas simplement le second âge des premiè-
res, caractérisé par la destruction complète de la cellule
d’abord perforée à son centre ? A l'appui de cette opinion
je citerai le Pleurothallis spatulata, plante dans laquelle j'ai
vu la cellule perforée réduite à un fort bourrelet appliqué
contre les cellules voisines dont elle ne semblait plus repré-
senter qu’un épaississement marginal.
Quelles sont l’origine et la fonction de ces pertuis,
qu'ont successivement observés, avant nous, Meyen, M.
Schleiden et M. Trécul?
Les pertuis sont, pour Meyen, des stomates.
Pour M. Schleiden, qui, comme Meyen, les a observés
sur le Pleurothallis ruscifolia, ils seraient les analogues des
cavités laissées sur les feuilles des Nymphéacées ou de
VAcrostichum alcicorne, par la chûte de poils profonds.
*
54 ANATOMIE
M. Trécul, qui les a vus dans le PAysosiphon Loddigesii,
dans le Zepanthes spatulata et chez diverses espèces de
Pleurothallhs, les considère comme le canal excréteur d’appa-
reils glanduleux auxquels il donne le nom de glandes cryp-
toides. H incline d’ailleurs, sur ses propres observations, vers
cette opinion de Schleiden, que chaque pertuis est formé
par la chüte d’une cellule.
Ainsi: quant à l’origine, destruction d’une sorte de poil
profondément engagé entre les cellules du parenchyme; et
quant à la fonction, stomate suivant Meyen, glande d’après
M. Trécul, telles sont les opinions émises sur les pertuis
de la feuille d’un certain nombre d'Orchidées épidendres.
Comme MM. Schleiden et Trécul, j'admets que l'ouver-
ture de la perforation peut résulter de la destruction
d’une cellule ; mais j'ajoute que dans plusieurs espèces
cette ouverture est creusée au centre même d'une cellule,
comme il arriverait, par exemple, à un stomate ordinaire,
si la cellule mère de ses deux cellules marginales ne se
divisait que dans sa portion centrale, ou, si, après s'être
partagée, elle redevenait simple par la soudure complète des
extrémités des deux cellules provenant de son dédouble-
ment.
Sur la question de fonction, j’admets volontiers, avec M.
Trécul, que les pertuis donnent issue à une matière hydro-
carbonée plus ou moins oléo-résineuse; mais, attendu que
cette matière transsude d’autres points de l'épiderme sur les
feuilles munies de pertuis, et de toute la surface épidermique
des feuilles qui en sont privées, je ne saurais voir en ces
derniers des appareils glanduleux. Je n’examinerai pas jus-
qu’à quel point l'existence d’utricules épidermoïdales, que
M. Trécul dit tapisser toute la cavité des glandes cryptoïdes,
est favorable à l’action de celles-ci; mais j’avouerai que,
comme à M. Schleiden, il ne me paraît pas que l’épiderme
DES ORCHIDÉES. 55
fasse une rentrée dans les pertuis pour le revêtir jusqu’à son
fond.
Les pertuis jouent-ils, comme le pensait Meyen, qui le
premier les découvrit, le rôle de stomates? Contre cette
opinion je ferai remarquer : a, que dans le Bolbophyllum
Careyanum, le Pleurothallis spatulata, le Physosiphon
Loddigesü, ils existent à la face supérieure de la feuille,
tandis que c’est à la face inférieure que se trouvent les
stomates de la même plante; b, qu’un caractère des stomates
est de pouvoir s'ouvrir et se fermer suivant les besoins de la
plante, tandis que les pertuis paraissent ne pouvoir se fer-
mer; c, que dans quelques cas, ces pertuis s'arrêtent à la
surface du parenchyme, au lieu de correspondre à des
chambres creusées entre les utricules de celui-ci; d,que la
matière verte est rare dans les utricules qui tapissent les
pertuis. A lappui de l'opinion de Meyen je trouve au con-
traire les faits suivants : &, il n’est pas rare que dans les
Orchidées des stomates existent sur les deux faces des
feuilles (Brassavola venosa Oncidium junceum, etc.), et
d’ailleurs des pertuis existent, entremélés aux vrais stomates,
à la face inférieure des feuilles du Bo/bophyllum; b, certains
stomates paraissent, surtout dans les groupes inférieurs
des végétaux, privés de la faculté de se fermer; c, en la
plupart des cas, les pertuis répondent, comme les vrais
stomates, à des cavités du parenchyme.
Les faits qui viennent d’être rapportés indiquent déjà
que l'opinion de Meyen n’est pas insoutenable ; voici une
observation qui paraît établir qu’elle est fondée de tous
points. Elle m’a été fournie par le Vanda recurva Hook.
(Sarcanthus rostratus Lindl.)
Le Vanda présente à la face inférieure de ses feuilles,
entre des cellules plus ou moins hexagonales à leur contour,
d’autres cellules ovales à peu près également distantesles unes
56 ANATOMIE
des autres et percées à leur centre d’une ouverture qui ne
diffère de celles du Bolbophyllum, etc., que parce qu’elie
affecte la forme d’une croix ; chacun des pertuis crucifor-
mes vient s'ouvrir dansune chambre à air creusée au milieu
du parenchyme. Aucun appareil semblable n'existe à la
face supérieure des feuilles. Or, si l’on considère, d’une
part, que les pertuis épidermiques du Vanda sont placés
exclusivement à la face inférieure de la feuille, comme les
stomates ordinaires dans celles (et c’est le plus grand nom-
bre) des Orchidées épidendres qui ne sont pas munies de
ces organes à*l’épiderme supérieur, qu'aucune Orchidée
épidendre n’est privée de stomates et que dès-lors il est
logique de penser que dans l'espèce qui semblerait en man-
quer il ya licude considérer comme en tenant lieu les pertuis,
d’ailleurs ouverts dans les cellules spéciales et communi-
quant à de véritables chambres à air ; d'autre part, que les
pertuis du Vanda ne peuvent être regardés comme diffé-
rant, par leur nature et leurs fonctions, de ceux observés
dans beaucoup d’autres Orchidées, onest conduit à conclure,
avec Meyen, que l’histoire de ces pertuis doit être rattachée
à celle des stomates. On connaît d’ailleurs de pareils stomates
dans un certain nombre de plantes d’une organisation impar-
faite avec lesquelles les espèces épiphytes, comme les plantes
parasites ou les végétaux aquatiques considérés dans leur
ensemble, ont,plus d’un point de contact. Et quant au rôle
de glandes récemment attribué aux parties qui nous parais-
sent si décidément devoir être reportées à l'appareil respi-
ra(oire, il suffirait, pour le faire rejeter, de se rappeler que
le fait, en lui-même fort exact, savoir la sortie de produits
de sécrétion par les pertuis des Orchidées, a été observé sur
les stomates ordinaires.
Dans la plupart des plantes dicotylédones, les épidermes,
au lieu d’être identiques sur les deux faces des feuilles,
DES ORCHIDÉES. D7
différent notablement, soit par la forme des cellules, soit par
les stomates qui ordinairement manquent à la face supé-
rieure oun’y existent qu’en nombre moindre qu’à la face infé-
rieure, Chez les monocotylédones au contraire, comme dans
beaucoup de plantes grasses et d'espèces parasites à écailles
squamiformes, quelle que soit d’ailleurs la classe de végétaux
à laquelle ces dernières séries appartiennent, les deux
épidermes sont habitucllament semblables, tant par la confi-
guration des cellules que par le nombre des stomates. Or,
contrairement à ce que les faits généraux que je viens de
rappeler pouvaient faire prévoir, les épidermes des Orchi-
dées épidendres différent généralement l’un de l’autre, sinon
par les cellules qui ont souvent entrelles la plus grande
ressemblance, du moins par les stomates qui, dans la très
grande majorité des espèces, manquent à l’épiderme supéricur.
Comme il sera dit un peu plus loin en traitant du paren-
chyme, les différences entre les deux épidermes n’entraiînent
pas aussi souvent ici que dans les autres végétaux des diffé-
rences correspondantes dans le parenchyme. A cet égard
les Orchidées épidendres intéressent comme offrant de
fréquentes infractions aux lois ou rapports reconnus dans les
autres plantes.
IL. PARENCHYME.— Le parenchyme des feuilles ne mérite
guère, dans la plupart des végétaux, une descriptionspéciale,
mais il n’en est plus de même chez les Orchidées épidendres,
plantes dans lesquelles il y a à tenir compte d’autres utri-
cules que de celles à paroïs simples, et qui d’ailleurs diver-
sement disposées, forment la masse parenchymateuse des
premiers. Ces éléments de nature spéciale qui ici s'ajoutent
aux éléments ordinaires du parenchyme des feuilles, sont
les utricules spiralées, successivement apperçues par Meyen,
par M. Schleiden, par M. Hugo de Mobhl et par M. A. Richard,
puis en ces derniers (emps par M. Trécul, à qui la science
58 ANATOMIE
est redevable d'observations nombreuses dont l'importance,
déjà grande, eût été plus considérable encore si des circons-
tances particulières n’avaient porté ce savant et zélé bota-
niste à presser la publication de son travail.
Les observations de M. Trécul se rapportent, les unes à la
présence et à la situation qu’occupent les utricules spiralées
dans la masse parenchymateuse, les autres au mode et à
l’ordre de formation des spirales de ces ufricules. Voici en
peu de mots les résultats des recherches de M. Trécul tou-
chant la position et l’ordre de production des cellules spira-
lées, derniers points sur lesquels mes propres observations
me permeltent d’avoir une opinion.
Relativement aux cellules spiralées on peut (dit M. Trécul,
qui ne comprend pas seulement dans ses aperçus les seules
espèces épidendres, mais la famille tout entière,) classer les
Orchidées d’après trois types, savoir :
PREMIER TYPE. — Comme dans le plus grand nombre
des plantes, manque complet de cellules spiralées (Orchis
mascula, Gymnadenia conopsea et Epipactis palustris parmi
les espèces terrestres, Dendrobium speciosum parmi les
Orchidées épidendres.)
A ce type doivent être aussi rattachés, parmi les épiden-
dres, le Dendrobium fimbriatum, les Epidendrum crassifo-
lium et E. Inosmum, le Vanilla planifolia, les Cattleia
crispa, C. Mossiæ et C. Forbesit, le Maxillaria tenufolia,
le Catasetum lingulatum, le Cymbidium sinense, le Vanda
recurva, et beaucoup d’autres espèces. Ce manque fréquent
des utricules spiralées dans le tissu des feuilles des Orchi-
dées épiphytes devra inspirer de la réserve aux botanistes
qui seraient tentés d'accorder un rôle très important pour
la vie aérienne des espèces, aux utricules spiralées de leurs
feuilles.
Deuxième Type, — Les utricules spiralées (toutes inco-
DES ORCHIDÉES. 59
lores) sont disposées entre les utricules vertes qui seules
sont en contact avec l’épiderme de la feuille (Bolbophyllum
recurvum, Megaclinium maximum, Saccolobium et Pleu-
rothallis divers).
A ce type, auquel me paraissent appartenir l’£Epidendrum
cochleatum, Ÿ Aerides triangularis et YOncidium interme-
dium, pourraient être rattachés l'Oncidium juncifolium et
le Bolbophyllum Careyanum (PI. XL), qui offrent toutefois
des utricules spiralées entremélées aux autres utricules sous-
épidermiques. J'ai vu le même fait dans le Pleurothallis
spatulata, cité par M. Tréeul comme exemple deson deuxième
type; sans doute que ces différences dans les résultats
de l'observation correspondent à des âges différents des
tissus où à des différences individuelles.
TROISIÈME Type, — Le tissu vert est entièrement isolé de
l'épiderme, sur toute l'étendue de la feuille, par des utricules
incolores, dont les unes au moins sont spiralées (Pleurothallis
spatulata, P. racemiflora, P. laxiflora, P. panicoïdes,
Lepanthes cochlearifolia, et Physosiphon Loddigesii).
La disposition symétrique de quelques assises de longues
cellules spiralées dirigées perpendiculairement aux faces de
la feuille est, dans quelques unes des plantes de ce type,
dans le Pleurothallis spatulata surtout, des plus remar-
quables. C’est d’ailleurs parmi ces plantes que se trouve une
remarquable exception (dont l'indication se présentera
bientôt) à la disposition du parenchyme vert dans l’ensem-
ble des végétaux.
Aux trois {ypes qui précèdent pourraient en être ajoutés
quelques autres. Ainsi :
a— Les utricules spiralées sont entremélées aux cellules
vertes, même au contact de l’épiderme (Bolbophyllum
Careyanum, etc.), Ce cas forme la transition du type 2°
au type 5°,
60 ANATOMIE
b— Les utricules sous-épidermiques sont ordinaire-
ment les seules non spiralées (Brassavola venosa). Ce cas
est assez l’opposé du type 5°.
e — Les utricules peuvent être toutes spiralées et néan-
moins, être vertes (Lælia anceps).
D'autres faits, plus ou moins différents de tous les précé-
dents, seront sans doute observés, ce qui aura pour effet, en
mulüpliant les types, de les faire passer les uns aux
auires, c’est-à-dire de les faire disparaître pour leur substi-
tuer un nombre assez considérable d'états ou cas.
Un point de lhistoire des cellules spiralées qui doit
être modifié, est celui relatif à la matière verte que l’on
croyait ne jamais exister dans ces cellules. Tel est bien, en
effet, le cas le plus ordinaire; mais on peut voir que cette
matière existe dans les utricules franchement spiralées du
Brassavola venosa, du Lelia anceps, etc.
Parfois les parois des cellules porteraient, suivant M.
Trécul, des réticulations. Signalé par M. Trécul dans l'Epi-
dendrum fragrans, ce cas doit être fort rare. Il ne faudrait
pas prendre pour des réticulations ou de larges ponctuations
les dépressions ou impressions des utricules qu'on observe
dans le Bolbophyllum, le Lælia, divers Callleia, etc.
Si l’on compare, sous le rapport des spirales, les feuilles
aux tiges d’une même plante, on trouve qu'assez fréquem-
ment il existe dans celles-ci des utricules spiralées qui
manquent aux feuilles; cette observation peut être faite sur
l'Epidendrum crassifolium, le Maæillaria tenwfolia et le
Catasetum lingulatum. Chez d’autres plantes (Epidendrum
cochleatum, Bolbophyllum Careyanum), la différence est
seulement du plus au moins, les tiges étant d’ailleurs les
plus riches en spiricules. Un cas, sans doute beaucoup plus
rare que les précédents, et que je n’ai encore observé que
dans le Pleurothallis spatulata, est celui où les feuilles
ont des utricules spiralées qui font défaut à la tige.
DES ORCHIDÉES. GI
Les réticulations peuvent, parallèlement aux spirales,
exister dans la tige et manquer dans les feuilles (Cattleia
crispa et C. Mossiæ).
On sait que dans la grande majorité des plantes (dans les
Dicotylédones surtout), le parenchyme des feuilles est de
deuxsortes, dont chacune occupe une position donnée. Sous
l’épiderme de la face supérieure, et perpendiculairement à
celle-ci est le parenchyme vert et dense que forment des
cellules oblongues ou ovécs étroitement pressées entr’elles;
du côté de la face inférieure se trouve au contraire un paren-
chyme làche et souvent caverneux dont les utricules ne
contiennent que peu de matière verte. Telle est aussi la
structure de quelques Orchidées épidendres dans lesquelles
il faut compter, sous quelques réserves pour une ou deux
assises de petites utricules immédiatement sous-épidermi-
ques, le Bolbophyllum Careyanum, le Cattleia crispa et le
C. Mossiæ.
Le cas le plus ordinaire est, comme en beaucoup de
monocotylédones, que le parenchyme ait sa matière verte
répartie à peu près indifféremment dans (oute sa masse, ou
tout au moins, à peu près également vers les deux faces de
Ja feuille.
Mais le fait qui me parait être de tous le plus remar-
quable dans l’histoire du parenchyme des Orchidées épiphy-
tes, est celui que j'ai observé dans le Pleurothallis spatulata
et le Physosiphon Loddigesii. Contrairement en effet à ce
qui a licu dans la généralité des végétaux qui ont vers la
face supérieure des feuilles leur parenchyme vert et dense..
c'est près de la face inférieure elle-même, dont il n’est
séparé que par une assise d’utricules spiralées incolores,
qu'est placé ce parenchyme.
J’ai fait la remarque que des rapports d’une assez grande
constance et qui peuvent être formulés comme il suit, ratta-
chent le parenchyme à l’épiderme des feuilles :
C2
62 ANATOMIE
4e RarporT. Si les épidermes des deux faces de la feuille
se ressemblent, {ant par leurs cellules que par leurs stomates,
le parenchyme est homogène, ou du moins, symétrique et
divisible en deux parties semblables par un plan qui passe-
rait au milieu de la feuille parallèlement à ses faces. Ici se
placent le Pleurothallis prolifera, les Oncidium interme-
dium et O. juncifolium.
2e Rapport. — Si les épidermes des deux faces de la
feuille sont dissemblables ou hétérogènes, le parenchyme
est lui-même hétérogène et asymétrique. A ce rapport appar-
üennent le Brassavola venosa, le Pleurothallis spatulata,
le Physosiphon Loddigesii, les Cattleia crispa et C. Mossiæ.
Aux rapportsprécédents échappent au contrairele Vanilla
planifolia, le Dendrobium fimbriatum, les Epidendrum
cochleatum, E. crassifolium, E. Înosmum, le Lælia anceps,
le Vanda recurva, etc., dont le parenchyme est sensible-
ment homogène quoique les épidermes des deux faces soient
dissemblables. Pour ne pas donner toutefois une trop grande
importance aux fréquentes exceptionsoffertes par les Orchi-
dées à des lois justes pour la grande majorité des végétaux,
je dois faire remarquer que dans tous ces cas les différences
ne portent pas sur la nature des cellules épidermiques, mais
seulement sur les stomates considérés dans leur présence
ou leur absence, dans lcurnombre relatif et dans leur nature,
J'ajouterai que si, avec des épidermes ainsi dissemblables
coïncide un parenchyme homogène, je n’ai jamais observé
cette autre excéplion qui consisterait en l'existence d’un
parenchyme asymétrique, les épidermes des deux faces étant
semblables entr'eux.
Quant à la formation des spirales dans les utricules du
parenchyme, elle procèderait, suivant M, Trécul, de la page
inférieure à la page supérieure des feuilles. Mes observa-
tions me conduisent toutefois à admettre qu’il n’en est pas
DES ORCHIDÉES. 65
toujours ainsi, les spirales pouvant apparaître sur plusieurs
points à la fois. Ainsi dans le Pleurothallis prolifera et le
Brassavola venosa, les spirales se montrent à la fois vers
les deux faces et dans la partie moyenne de la feuille, et
dans l’Epidendrum cochleatum, c’est dans la partie moyenne
du parenchyme qu’elles apparaissent d'abord pour s’avancer
ensuite vers les deux faces de la feuille.
Les réticulations, qui par leur fréquence chez les Orchi-
dées terrestres paraissent remplacer chez elles les spirales des
Orchidées épiphytes, présentent comme celles-ci divers cas
dans l’ordre de leur développement.
Nous ne terminerons pas sur le parenchyme, sans faire
la remarque que des lacunes peuvent exister dans son épais-
seur (pétioles du Bolbophyllum, des Epidendrum cochlea-
tum et Æ. Inosmum, du Cymbidium sinense).
IT. SYSTÈME FIBRO-VASCULAIRE. — Le système fibro-vas-
culaire des feuilles des Orchidées épidendres doit être consi-
déré : «, dans le nombre et la disposition des faisceaux qui
le forment ; b, dans la structure même de ces faisceaux.
Comme chez la plupart des plantes monocotylédones, le
nombre des faisceaux est considérable; bien rarement il
descend jusqu’à 9 ou 41 {PAysosiphon, Sarcanthus).
La disposition des faisceaux offre, ordinairement suivant
les genres et quelquefois aussi suivant les espèces, des diffé-
rences importantes. Ils forment une seule assise, ou se
présentent sous un seul plan, dans le Vanilla planifolia, le
Bolbophyllum Careyanum , le Sarcanthus rostratus, ete. Je
les ai vus sur deux plans dans le pétiole du Bolbophyllum.
Très fréquemment ils sont disposés sur trois plans, ainsi que
le montrentles Epidendrum, les Cattleia, le Lœlia anceps, le
Catasetum lingulatuim. Hs peuvent être assez régulièrement
placéssur cinq assises, comme dans le Waxillaria tenuifoliaet
l'Oncidiumintermedium; plus rarement sur quatre, comme
61 ; ANATOMIE
dans le Cymbidium siñense; ou enfin, être en nombre indéfini
et comme épars dans la masse du parenchyme, ainsi qu'on
peut le voir dans l'Oncidium juncifolium et le Brassavola
venosa.
Règle générale: quand les faisceaux sont rangés sur
plusieurs plans, ceux de l’assise moyenne sont ordinairement
plus gros (et plus composés) que ceux des plans supérieurs
et inférieurs.
La disposition des faisceaux peut ne pas être la même
dans le pétiole et la lame; si en ce cas le nombre des assises
diffère, c’est dans le pétiole que ce nombre est le plus
grand.
Les faisceaux des feuilles offrent divers degrés de com-
position. Eu égard à cette dernière et au siège qu’ils occu-
pent, les faisceaux peuvent être divisés en faisceaux du plan
médian et en faisceaux voisins des faces de la feuille.
Les faisceaux du plan médian (qui souvent existent seuls)
peuventêtre désignés aussi sous le nom de faisceaux majeurs,
eu égard à leur volume plus considérable que celui des
faisceaux des plans supérieurs et inférieurs, qu'en raison de
leur petitesse on peut distinguer par l’épithète de faisceaux
mineurs.
Les faisceaux majeurs sont fréquemment, comme les
faisceaux fibro-vasculaires des tiges, composés de quatre
éléments, savoir: a, de fibres épaisses et ordinairement
ponctuées qui forment à la masse du faisceau une enveloppe
ou complète, ou réduite à une section de cercle qui en-
toure alors la portion inférieure du faisceau; b,de fibres
minces et non ponctuées, encore assez épaisses, qui forment
habitucllement aux vaisseaux une enveloppe immédiale, à
moins que celle-ci ne soit interrompue sur un point par le
paquet des éléments dits du cambium; c, par les fibres
groupées en paquet, tenues, très minces et souvent granu-
DES , ORCHIDHES. 65
Jifressformeat,ce godes parle mom ‘de issu du
camipm; d, enfin, per les vsisseaux, o5ganes qui SOnf, qu
quefois plés pire les Hyres d (aaaris lancer/a!a;;\ Pleure-
thallisspaïulata.et P. prolifere, Physosiphon : Loddigesit,
Oncidiun Enlermediun. et 0. jrncifokun),. mais. qui âe
plus ordinairement sont. réanis en, un; paquet, vers fe centre
du faisceau (Maxil'arie ten ufolia, Boibophyllum Careya-
num, etc. PEL Es. 2e) à
.; Le aombre. des éléments des, fiicceaux majeurs paraié 2&
récuire squelquelois, à deux,,s. sy aux! vaisseaux el,aux
übresa où db; mosil UE sre de le voir rs mené 36 0
ment à trois éléme: , qui on! les bre: a, le: éléments -
bou c,.et.enfin les, RENAN Jesoe A6 6 djamaiss vus
composés d'un, seul élément, élasqui.tae pareil ae dexoir
P2s.2xisfer poux eu. 1b09gS à eolslgräooni
. Les faisceua LS ASE ECS in Ipeus! dire! apps ÉPISCT AR
“subordonnés;. ‘phyeel qu'ils n'existent Be sbeuss vien”
ex À Lence, étant suhorronnéet, celle des Hpisée)r sofmder is,
om corlicqux pour rappeler l'enalosie.de, corapo ion fa)s
offrentravec les faisceaux extérieurs.ov cortirarr éecquer-
ques liges d'Orcaidées, con’: «en: 0 quemealler M: page
de fibres éparssesetiü:." &e:tement pongié 5 On Les re
dans, les Æpidendrum, Inosmaun <1: 64 cosifo: Mir lobe
dans d'Oncidum. siermediumn.et VO. junceum. Une.fcx,
; dans L Horn coch, recrues. GREY de cake Rux
_-migeurs, se. rappiochalt, de, b:.jomaosidos 656: ais aux
majeurs... 4 UE ascoudde 1h 9ldursens"l 25h ao
:., Une siruciure rnécia! 6, remerq: able ,etitiés;comitos,
caractérise les. plus, Gros faisceau: ; DR Lénatis Les cage
M existe, fréc nenmerst de, graads vappors; 07 peuticire
-même, ane pa faite identité de qirt KOuaeG ENre Les Fajscernix
des feuilles «at,ceay der ges, comme 67 peu le Voir dêus
Je: Bolbophyllun Coreyonum. (PI. Kg. 4° ei 47, comparées
D
66 ANATOMIE
L
aux Fig. ? et 2”), le Pleurothallis spatulata, etc. Mais des
différences peuvent toutefois exister. C’est ainsi quele Vanilla
planifolia a quatre éléments aux faiceaux de la tige et seu-
lement trois à ceux des feuilles, tandis que dans le Dendro-
bium speciosum et le Liparis lanceolata, ce sont les fais-
ceaux des feuilles qui sont au contraire plus complexes que
ceux des tiges.
Enfin, les faisceaux mineurs ou coriicoïdes manquent
assez souvent aux feuilles, bien qu’ils existent dans les
tiges; toutefois le fait inverse est offert par l’Epidendrum
Inosmum.
Arrivé à la fin des études anatomiques que nous venons
d'exposer, nous ne devons pas taire que nous les tenons pour
incomplètes. Aussi reprendrons-nous un jour, pour essayer
de le remplir, le tableau dont nous ne donnons guère aujour-
d’hui que le cadre. Des recherches de physiologie expé-
rimentale nous paraissent d’ailleurs devoir être, chez les
Orchidées épidendres surtout, le complément des études
anatomiques; tout n’est pas dit sur la vie de ces belles et
singulières plantes.
Après avoir fait connaître les modifications profondes
que le milieu détermine dans la structure des racines,
nos avons jeté quelque jour sur le mécanisme qui préside
à l’action de ces organes; mais ici même, le sujet n’est
qu’effleuré, et tout reste à faire pour établir la part que pren-
nent, daus l’ensemble du phénomène, les tissus spéciaux par
leur nature intime et par leurs modes d’aggrégation, qui
entrent dans la composition de la tige et des feuilles.
Il est d’ailleurs inutile de dire, au point de vue de lana-
tomie, que les rapports et les différences de structure des
Orchidées épidendres ne sauraient être mis en parfaite
évidence que par la comparaison, d’abord avec les Orchidées
DES ORCHIDÉES, 67
terrestres, ensuite avec les grandes divisions du règne végé-
tal. Mais les études sur celles-ci sont-elles assez avancées
pour qu’une comparaison quelque peu complète puisse
dès aujourd’hui être tentée. Je n’hésite pas à me prononcer
pour la négative. Dans cette direction, un premier pas,
consistant en l'étude des Orchidées terrestres, fera l’objet
d’un mémoire que je prierai la Société des Sciences Natu-
relles de Cherbourg de vouloir bien accueillir,
EXPLICATION DES FIGURES.
PLANCHE I. — Liparis lanceolata ?
. À. Partie inférieure de la plante. — On voit sur le bul-
botige des fibrilles répondant aux nervures des feuilles
détruites.
Fi
ue
Fig. 1-1” Racine. — Fig. 1. Tranche horizontale d’une racine.
— «a, grosseur naturelle ; b, coupe faiblement grossie : le
cercle coloré périphérique répond à l'enveloppe spongieuse
et se superpose à la couche parenchymateuse au centre de
laquelle est le corps ligneux.
Fig. 1’. Segment plus grossi de la coupe 1. — On compte de
dehors en dedans : 1° les utricules spiralées de l'enveloppe
spongieuse, utricules dont l’assise interne, qui est la plus
jeune, ne montre que de faibles stries transversales; 2° le
parenchyme doni les utricules, souvent réticulées dans la
région externe où elles offrent quelques granules de
matière verte, contiennent vers l'intérieur de la fécule ou
des raphides; 3° le corps fibro-vasculaire , composé
d’épaisses fibres ponctuées entre lesquelles sont épars
quelques vaisseaux à section arrondie; 4° une moelle
petite, dense, dont les cellules polyédriques contiennent
quelques grains de fécule.
ë PTT To
Fig: 4°Coupe ‘longitudinale mende’sur y conie 4" depuis l'intét
é 3 ucrieur-des Feel Spongiense ,jusqu'aw genuie ! de ! La
pe MOPNE 7 — O0. Y% ° trouve, Lous les : Im: at sispalés ui’,
Ha 2 2” “e Bulholge. Re Fig, 2: Crupesransseeg! ê: du; bulbo-
hige Jens Je, aie, de “uyhauieurer— 198, Points: colorés
représentent les faisceanx iAro-a te lr:ese
laido'f 8191 294Je071:) HEUMES > 9 ” JL ao Je
Fis,2. Segment plus. Hros sb) de la cou Dé jréeé Üente allant de
oene ‘au-delà d'un faisceau (qu'il comprend tout
entier. OrWUit de dehors en dédahs + 16 P84G8Ë des céllules
épidermoidales ; 20 le parenchyme externe dont les utri-
AE
cules contiennent de la chlorophylle ; 80 le faisceau fibro-
vasculaire que forment;-du-cèté-extérieur, un demi-cercle
d'épaisses fibres Li pe , du côté intérieur, un
demi-cerele de fibres minces ; à l'intérieur un paquet de
de petites,fhyeg, nbigles adpssé aux. “bres épaisses, plus
un paquet de vaisseaux plus où moin: Complètementenve-
loppé par les fibres mince: : 4° le: utricules du paren-
chyme‘intéhéer darflequeites sant contéflus des grains
de fécuie.
ft ol Moy no — oui sl ot ai MES . À
Eigo 2. Goupe ongié udiurigmence, FA Free au-delà Pan
faisceau suivant le trait marqué sur : D
Fig. 2'nungment dépidexme pu CR-Aessus. jan hr oi
Fi: 21 -Fécule te rhisôme très grossies le: FER diamètre des
11 0gfains js plusigros esè de Oum 06 à peu poès:!
D SIMS 6 DGA SI0G 1 5 OU0O0I9A JE 39
PLANCHE “L — Bopphyllu té Carcyriqum,.
ex
s1 us d'a oBulbotige, 55 isolé Conpe, horizaniale : à An SO
, Le senr, naturelle ; 3 .b coupe ün “pate grossie, les.poin's colorés
entre ef FÉDONAC AL Ux PARU. 0 coluoinn auaigucge
l'Fig.)47. Segment A6 la coupé PA deux des
21 faisecaux! Sous l'épiderme, forméd'une assise d'uiricutes
“à parois épaisses, lexistecdans! le pareithymez extérie 1
1, lelromutiféré un premier faisceau Le Second faisceau €
‘éitué dns le patéféhymwintétienr, quiésufeuhére. Sur
4519 és parois! des cellules seivoiepts des spirakes;'îles 4nes
EALUTE siniples, des autres énttecroiséess Beluva scemwsisp COMpo-
4001 sent 49 d'un cure! 8, abivenñtlineompleti vers Pex'érieur.
d'épaisses fibres penctudi#3slbb duinrpaqueidp peiiies
PS PP
LIPARIS LANCEOLATA
ESS
SNS
RSS
SSSSSSSSSS
PL. IL
BOLBOPHYLLUM CAREYANUM.
TER
ten
Jui titi ieeees
Al
Log Cor Frs
11" Wudbotge. 2-2 "Feuille.
2} È Ut D LE DES? ORCIHDÉES. “1
HUE +
LE , Fe j fl î à
eme Cha: c d'un | paquet “le VAISSCAUX ; nt de
mi a sez minces el seniant à parois ponctuées.
Age 22% 85-28
1 Cor pe Jongitudinate inenée depuis la. surface épider-
Re mique usque dans de parenchyme placé au- “delà du
premier faisceau: on "voit que des deux Vaisseau: x contiaûs
FFiteottéti séul est spirtee sn a PNG."
eg
F
Æ
F':. 47” Lambeau d'épiderme. .
LS
“ LS séc.le; son diamètre est de O/m 015 seulement.
KE p£'Trileuille. Fi:,:2: Pétigk ouffeuileit sa base coupe
nl ACC dosser r naturelle ; ù, coupe un peu
gvos.'e. Au nvliéin, ‘du (prie vébÿmé : sont deux assises de
faisceaux (rep:ésentés par les points colorés) au-dessous
lequel 2° an aitune Lars { s.
déqe OP RURC 1: a 26e de, lacune
F'.%. Coupe horizontzie de :a lame : a, grosseur naturelle ;
n Je mime gro ie: 12e paquets ligneux forment une sim-
Die visé) aux ‘Heu É { A pre
: & rc Apon En poin ide A dtéue ELA à ce
56 gaia AMAR glande.eryptoïde: Entre le paren-
ouisrro sms Sp érieur oudense;etle parencayme inferieur, est
9854 cé £, le faisceau que forment; : à la £irconférence, d'épaisses
58, po êes, à l'intéra ur, ut paquet Yesculatre et de
Di vw: D ui “ mia 1109 94901 OH Ci} te? PL
LES Ca
ne pe pue Ton studinale meiée du flsdnéhy me Supérieur
\ “if Len difatscent "den "Rois € vaiséatix” que ?thaverse Îla
le tsaion, le vaisseat:, shpérieur écti5eui parcouru par üne
o 2 spiale;à /fouss, d'aillesvs; ihégalemen: pressés; sur. les
jBbaeu es, du puvrchymer sont marqué: .des empreinte:
[UNS JA
LR Eu 9! 300Q esasit OO0,T.4 que dal
AAMAEN : Hambeau del épiderme jatésiqu” cd PAS trois stoma-
Ge rte ‘es O0: din aires ÿ ï sie y MAFTES ss d cran
| ER 4146) \
Pig. 2 : Lemioau acte erme inférieur. o Y couple deux
Dar “somaies par per (oia. in Sumpté considérée comme étant
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nov esl Baasp ai6 Na one A Der de —sagiohe"n .06 .on À
“
CLOCHE HYDRAULIQUE,
Appareil apte à descendre sous l’eau, remonter,
flotter à la surface, ou entre deux eaux, augré
de léquipage qui sy enferme, destiné à
faciliter l'exécution des travaux sous-marins.
LD 5 —
Substitution de son emploi à celui du
Bateau Plongeur,
Par le D! PAYERNE.
Se ———
SES CAUSES.
Mon bateau plongeur dont l’eflicacité, au point de vue
des travaux hydrauliques, était encore contestée en 1852,
est définitivement entré depuis cette époque dans le domaine
de la pratique. Le creusement de la passe Chantereyne à
Cherbourg, dans une roche composée sur quelques points
de schiste talqueux, sur la plupart des autres points de
quar(z arénacé et assez souvent veiné de quartz hyalin, s’est
effectué avec un succès réalisable, il est vrai, à l’aide de la
cloche à plongeur , mais dont la dépense eût atteint, si elle
ne l’eût dépassé, le chiffre de 250,000 francs. Réduite par
le bateau plongeur à 71,000 francs pour le budjet de la
marine, elle n’arapporté que 58,000 francs de recette brute
au véritable exécuteur de l’entreprise.
Aux époques de l’année où la violence de la mer n’ame-
nait aucune interruption de travail, l'extraction d’un mètre
cubique de rocher massif, par une profondeur moyenne de
5 m. 50, n’atteignait pas 50 franes. Mais quand les vents
HYDRAULIQUE. 71
d'amont s’engouffraient dans la passe avec une force suffi-
sante à faire prendre deux ris à la voilure d’un navire, la
mer y devenait si furieuse que le chômage en était une
conséquence inévitable.
L'espoir de trouver le fond plus tranquille que la sur-
face, a fait essayer de plonger malgré le mauvais état de la
mer. Ces essais ont été infructueux pour plusieurs causes :
d’abord, l'agitation s’étendait jusqu’au fond et troublait l’eau,
ensuite, la houle faisant varier le niveau de la colonne
d’eau pesant sur l'air de la chambre de travail, celle-ci se
vidait et s’emplissait proportionnellement à la pression
soustraite par le creux, et à celle ajoutée par le plein de la
lame. Parfois même la dilatation occasionnée par le creux
donnait lieu à des échappements d’air par le fond ouvert de
la chambre, tandis que le plein ne tardait pas à produire
un effet contraire. Il fallut se résigner à obéir aux capri-
cieuses interdictions de la mer. Le salaire payé aux ouvriers
durant le chômage, augmenté des frais généraux non inter-
rompus par le mauvais temps, a porté à 50 francs le prix
de revient du mètre massif d'extraction. Par moins de
10 m. d’eau, c’est-à-dire, par les profondeurs sur lesquelles
l'agitation de la surface a une action directe, je n’entrevois
pas de palliatif efficace aux effets d’une mer agitée.
A d’autres points de vue, la substitution de l'appareil
que je vais décrire, doit amener une nouvelle réduction
dans le coût des travaux sous-marins. A cette fin, il faut que
l'appareil substitué jouisse de plusieurs avantages refusés au
bateau plongeur : 1° celui de travailler dans un angle hori-
zontal ou vertical ; 2° de réduire le nombre et la durée des
chômages pour cause de réparations, et de rendre celles-ci
moins onéreuses; 5° d’abréger la durée du temps consacré à
chaque immersion, et d’en supprimer le travail dans la
plupart des circonstances. Avecle bateau actuel, cette durée
72 "CLOCRE
de travail elde temps dépasse end une É heure et demie,
La forme d'un p'isme à base” cerrée où rectons rlaire,
donnée à l'esiésieur de la cloche k ydéaulique, celle d'un
tronc de py:amideà base semblable doonée à le chambre de
travail que je nommerc! cale, 0’ rez-de-chaussée, permeti-
(e te réaliser le premier :vantage Dés enireto:ses disj\o=
sé 6 are, les par “os du tonc et See "eù pi sme, s’Oppo-
&é LU !aéfor Na: ‘on: SERGE TEA “les "d l'férences de
jé SSon qu son 'Uilleurs FE iites. VAT
Ur cacré métallique enchassé dans les parois infér'eures
de prisme ayeuel il est retenu Paz des boulons non Grurés
Cas les dessins, fait “tieindré le deuxième but. !| est avan-
(ageux de. donner aux “bague ee da ceêre une sect'on
trapezoïde. Le jé Sy “rat dé itdpèze } prolonge pos où
moins réguli. eme: la pro En‘exne! ce pyrem ce. Le
cadre peu etre, à & a r'oueur, “'emplace pa. desl' ngots posés
cu. à les cupports, €. méme pa Ge: moëllons. Celie d'spo-
sil tion Qui # 4eore lefcé, oblige pas à le dép's cer ‘chique foi is
cu’unc * de ‘déclare cans les” comp. men s réservés à
l'air et an dei ‘aide, SEE xt ï
OC" suppri ie le “travail, et on «brège Rue du temps
Cu sacré à immersion, en ui sant fa Jos er & a
peseuie, "età l'écoutemen: de lues. robe eus, én'C’autres
ter nes, ce (ouble avantage en subs tuant! dut fo'ces ce
l’homme les forces de la nature qui donnént : ’focuhé de
€ escenüre en quelquesminufes à a une vrofondéur dète: mince
par les plans de construction, et de “cer ter du travail uële
à pu près soute: Jes force. de l'équipe, ei Le ‘pompe, prin-
c'iul organe du baieau plongeur, ne “Huit dons la cloche
i ydraulique qu'un service ‘comp! émen: aire, ‘consistant à
purger le rez-de-chaussée de leon qu' } prend, pendant” la
descen ie Ja place du volume d'air dissintulé par l'effet de .
pression acquise. “La réalisalion des trois avantages qué ue je
mi ms
HYDEAUEIQUE, | 13
viens d'énonéer, lvrloët, cellede"déinier, Constilue la raison
être défla"clothe hydrantique. " 700 di
Les services”à d'entre d'elle 7674 Lond! de’ moïnsde
5 m., et dése gé d'Obstates, or Vauc?4t"peu ‘sar ceux éu
bateautanar tee Cou rh Siret ME dé 13! Gournere,
aise pis ponis-el-ciav:: ei lén" HPrmoneé vec les
corGuëles de la «cezçc. ['\% mec ane 5rofondeur plus
grande qui met fin à Vempis Ce valecu da célèbre àcadé-
m;cien,lei, pas une) 5ifs GCeli,moincre, gas le. siége: du
irave Les Limité pi ; &es,,obsiaches, tels qu'un, mur: ou. un
moniicule,extérierr,, la cloc..e hycraulique est:le seul appa-
reil.àvlaice duque!.:} sot., pescible d'obteair.des, résultats
avantageux àdez pr.x,, 05ucellenen’ accessibles. L'usage
du scaphandre,. uquel où,,se, çumyonue ,; plus, par anglo-
manie que par rou,-ne,, reve UNS caer @& produit. peu.
IL est cependau:, juste ce le dire, € est, l'unique, appareil
doni on doive,se servir pour visiter. des murs de quai, des
carènes de, navire, ei Baur les, usages ‘du même genre,
La: c'ocbe. Daudu a, :, malg: le, paironage cont elle a été
l'objet de; Ja..part, C'un ant fonciionnaire: qui dirigea
longiemps l’un des pr'ncipaux services du port de Cher-
bouig, n’a pas.-ésisté à son épreuve comparative avec Je
scaphandre, et. .ne !sostira | vaiseniblablement. plus Je
magasins de la marine. Le os:
VESTIBULE.
Coï. cidence d'invention.
Tandis qu’ er 1845 et 1846, dans mon Bath PRE
alors en construction à Paris, j établissais un vestibule dont
Putilité consiste à à permettre aux ouvriers.de pénétrer dans
la chambre de travail sans la faire envahir par Péau aux
“dépons'de lait’ qui lai en dispute Pacc®gil dé ’Son ‘côté, à
L
74 CLOCHE
Nantes, M. de la Gournerie, copié plus tard par M. Cavé,
construisait un vestibule analogue dans son bateau à air.
- C’est par ce que j'ignorais une semblable coïncidence que,
en 1846, je demandais un privilége fondé en partie sur
une disposition dont le mérite n'appartient pas moins à M.
de la Gournerie qu'à moi.
DESCRIPTION.
La cloche hydraulique, dans ses détails comme dans son
ensemble, est susceptible, tant dans sa coque que dans ses
organes, de diverses formes qui ne s2eraient (outes trouver
place dans ce mémoire. Je ne m’occuperai que de eelles
qui paraissent devoir être le plus souvent préférées.
L’extérieur, ai-je dit, imite un prisme, et l’intérieur un
tronc creux de pyramide, concentriques l’un à l’autre.
Cette disposition, en diminuant du haut en bas l'intervalle
compris entrele prisme et la pyramide, rapprochelesouvriers
des obstacles qû’ils peuvent avoir à surmonter vers la base
extérieure de la cloche, et ménage une capacité suflisante
aux compartiments réservés au lest liquide et à l'air néces-
saire au refoulement de Veau hors de la cale. J’emprunte
ces compartiments, tels qu’ils seront mieux compris à l'aide
des figures, non pas à mon bateau plongeur qui n’en a pas
d’analogues, mais à ma cloche de 1845.
EXPLICATION DES FIGURES.
Dans beaucoup de circonstances la base des murailles du
4c' étage doit coïncider avec le couronnement des murailles
durez-de-chaussée: mais cette coïncidence n’a pas lieu dans
les dessins que je produis ici. D'un autre côté, le tronc
qui constitue le 4° étage, est mixte, c'est-à-dire, que deux
de ses faces opposées sont verticales. Il tient donc égale-
* A3 cd
HYDRAULIQUE. : 75
ment du prisme ct de la pyramide. Sans cette remarque, on
ne s’expliquerait pas la raison du désaccord existant entre
les figures et le texte qu’on vient de lire, lequel énonce que
l'intérieur imite un tronc creux de pyramide, tronc qu’on
supposerait régulier, ce qui n’a pas lieu dans l’appareil
représenté par les dessins.
Les murailles du prisme sont indiquées par FD E F, et
par F; D, E, F, de la fig. 4; par FDEF, de la fig. 2 ;
par F; Fo et par F; F3 de la fig.5 ; par les mêmes lettres
dans la fig. 4; par D D et D; D, de la fig. 5.
Les murailles du tronc mixte sont représentées par
AA et A1 A3 de la fig. 1 ; par A A de la fig 2.
Les murailles du tronc inférieur sont en B C et B; C, des
fig. 4, 4 et 5; et en B C de la fig. 2.
Les deux troncs sont séparés par la cloison B A, A, B, de
la fig. 4, BA: À: DB de la fig. 2, cloison qui constitue le
plafond du rez-de-chaussée, et le plancher du 1° étage.
Cette cloison est desservie par une porte Q; à fermeture
étanche, et dont le serrage sur le cadre s'opère à l’aide
de boulons à charnière , espacés de 50 en 50 centi-
mètres. L’interposition d’une tresse suiffée, ou d’une bande
de caoutchouc entre la porte et le cadre, rend facile
l’herméticité du joint. Cette disposition est commune à
toutes les fermetures de ce genre.
La petite base du tronc mixte est aussi fermée par une
cloison À A1, fig. 1, et A A, fig, 2, cloison qui se prolonge
jusqu’au prisme en D et en D,, et dans laquelle est prati-
quée la porte d'entrée Q.
De D D, en F Fj, le prisme forme un bastingage étan-
che desservi par deux portes P P à tribord, et deux autres
à babord. On le couvre quand la cloche entre en chômage.
Il n’est pas rigoureusement nécessaire de comprendre tout
le pont dans son enceinte.
76 #)0CLO0CBE
L'espace vide existant eatrede prisme et les deux {roncs,
déjà férmé d'un etié 2: te prolongement de A A; ea D B;,
est aussi fermé de l’autre côté par le repli C'E, C, Er de la
fig. 4. Cetlosnace périméti que est divicé en #4 comparti-
menis nommés laiérarr, na. auiant de cloisons GG, G:G,
GC: G:, 6, Gx. Le aomh'e de ces compartiments doitietre |
proportionnel à l'étendue: du périmètnende lappareilss. |
J'ai déja eu! l’océasio® ce feire! connaiire Vappellation
que je donne à la vhambre: danse laquelle on se livre :au
travail utile. Je nomme €: répont, ou A! étage; la!capa-
cité intérieure de tronc mixtes; 4% port, la éloison:LeA3 A3
B,, et 2 poñt,: lac cloisônA A Al ayéc :5on ptolongempat
jusqu’au! bas(ingege.)102 19H14 007 nb e9llisauen
Le poids dû lest nétahué, lan) étre dre daûs
de bornes conditions quunc ilatieint 0,85 à10,60)8u-poids
de l’eau: déplagée: pa’: le volume sde: la : Eds asiractio
faite du atingugeis Hoeuna3-9h-3974 |
HuAfin: d'éviier desrépéttions evrdes + servaiions mil
pliées, je vais indiquer diverses omissions ‘dans les déstins, :
omissions auxquelles l'intell'ige ace du dlecteur rwiapyiléess
sans peine.
: Des verres leaüculairés tan: Bo at L mis solaiée
da pont à l’eatrepont, et &e ce dernier à la tales; 54
Chaque tuyau plongeantr-doit se, tenminen: ea, pomme
d'arrosoir, ei ioitpascège da mème va'sseauau travers d'une
cloison y ètre pratiqué d'ose manière étanche: Les.arbres
etautres picées qui semeuvent au {ravers d’un «jap:fagmne,
sont indispensablemeni munis de boites à étoupes. ;
«Au niveau dés récipients K, et K+, la ‘coquerest percée
datés em t de: plusieurs séries, ‘de trous ; d'environ
02000025 de section, destinés:à donner,accès à l’eau! dans
ces révipientset à retenir les corps:solides susceptibles
d'engager les soupapes S, Sr, S2, et: S3 dont il ser question
cle loin. ;
HYDRAULIQUE. T7
Dans K, et K,, l’orifice de -chiaque iuyau es: wumi-d’une
soupape: Chacune porteune 5e qui passe par un suide d,
s'articule au-dessus de ce gu'de à ane b'elle curlaguelle est
un esceolrique; dons l'arbre 36: ren dans, l'en, eponi.où
seitrouve le évier de manœuvre, Chaque, sige de soupage,
à Sa sortie des rééiprenis K;, K,, est aussi rave de sa
oîte! à étoupes, tonfoïmément à {ce qu'.5e voit Cans.la fix.
boîte à étoupes, ‘onformément à ice qu'.5e voit la fi;
12
1 , Te , Ty et
12
Fe récipient Ka paitent les: Luyeux ? F,
is cqui aspirent l’esu des compariments ktéraux, et l'air
de Facale, fig: 7, 8,9, et: plüs:.pécialement la 8°.
: Du récipient K; partent les toviux T, Tri Te, 1 et
T4 lesquels portent l’eau dons chaque compartimeni latéral
etihors de la.cloche, añisi que l’'ad'quent, les mêmes fig. e
plus spécialement Ja:79. ANNÉE dl:
‘Ba pompequiue reléule qu'enKirapnire l’eau, par F4, et
Paiepare Ts, l'amène: du. deho:s Londuns: compartisaests
latéraux par l'eniremise de Ti, Tri, To, Tiset T4. L'aspi-
tion, raremént nécessäire de l'a: extérieur, nécessite ‘ua
yau supplémentaire, flexible :et muni d’un raccord,
iquel tuyau l’extiémité Ubre est maiatenue par un flotteur
-nors de da surface de l'eau.
Chacun ‘des !5 tuyaux principaux Ta, Toocs et Ts
sservi par un robinet. Celui de T;. est à Seau, et
l'air onde: leau:cans l’entrepont. Dr meme. teviv . S
resouwoanet et:}a pompe, pari do cmbranchement mur
sid’'un robinet, lequel émfwanchemé: 2(aRaut au plafond
alcale; £f sb wa’ ol )
uit:aütres robinets oi} Ri, Rs Rs, Ré Ré Re et R;, les-
:10nt dans l’enireponi, ler: clé de manœuvre, metteut
rnier en communication, avec la cale, les comparti-
\iéraux,!te-deno:s de cloche, intérieur 8°
ip spnonrAubastingase,
78 CLOCHE
Quatre soupapes S, Si, S: et Ss, fig. 7 et 8, donnent accès
à l’eau extérieure dans les compartiments latéraux.
Vers le haut du rez-de-chaussée existe une galerie dans
laquelle est rangée une chaine amarée par un bout, et prête
à être filée à l’eau par l’autre bout, opération qui a pour but
. de hâter, quand on le désire, le retour à la surface par l’allé-
. gement qu’elle procure à l'appareil. A l’aide d’un poids lourd,
suspendu au hout de cette chaîne, elle sert aussi à main-
tenir la cloche à une hauteur déterminée entre deux eaux.
L'expérience a démontré qu’un courant d’eau de 3 nœuds
assainit l’air respiré par l’équipage : mais en eau morte il
est nécessaire de purifier cet air. A cet effet on suspend
dans la cale un ventilateur mu par un ressort d’horlogerie,
et disposé de telle manière que l’air chassé par les ailettes,
lèche la couche d’eau restée sur le fond.
Les verres lenticulaires, la galerie, sa chaîne et le venti-
lateur sont au nombre des accessoires omis dans les dessins.
UTILITÉ DU BASTINGAGE ET DE LA DIVISION
DES CAPACITÉS LATÉRALES.
Entrautres services à attendre du bastingage, je ne men-
tionnerai que le principal. 1 maintient la cloche à flot, sans
risques d'immersion prématurée, jusqu’au moment où le lest
liquide bien réparti dans les compartiments latéraux, indi-
que l'opportunité de faire entrer l’eau dans son enceinte
afin d'aller à fond. Il concourt ainsi à conjurer les échappe-
ments d'air par le fond de la cale ou de la chambre de
travail, échappements auxquels donne lieu une immersion
oblique de l'appareil, et qui ont rendu illusoires bien des
journées du bateau plongeur.
Je divise la capacité périmétrique en plusieurs compar-
timents distincts, par ce que l'expérience m’a démontré que
HYDRAULIQUE. 19
le lest liquide logé dans des espaces trop étendus, se déplace
avec une telle rapidité qu’il fait basculer l'appareil, produit
les pertes accidentelles qui viennent d’être signalées, et
ajoute à cet inconvénient celui non moins grave d’intimider
le personnel de l'équipage.
Je crois devoir donner ici 1° une formule destinée à
guider le constructeur d’une cloche hydraulique sur la capa-
cité à donner aux compartiments latéraux, afin de pouvoir
descendre, sans compression préalable, à une profondeur
déterminée ; 2 une autre formule pour reconnaître à quelle
profondeur on peut aller, sans compression manuelle, avec
une cloche du même genre, que l’occasion nous livre; 5°
une dercière formule pour trouver le coëfficient de pression
d’air à faire dans les compartiments latéraux pour descendre
sous une colonne d’eau qui dépasse les limites prévues en
vertu de la 1" formule.
Soit a, le nombre des compartiments latéraux; -
b, la capacité moyenne d’un de ces compartiments ;
6, id. du rez-de-éhaussée ;
d, id. del’entrepont.
n, hauteur métrique de la colanne d’eau sous laquelle
on veut pouvoir descendre sans compression.
æ, le coëfficient de e + d, dont le produit est égal à
la capacité cherchée par la 1"formale;
y, la profondeur à iaquelle on peut ali:r sans compres-
sion.
3, le coëficient de la densité atmosnhérique à faire
dans les compartiments latéraux pour les besoins de
la 5° formule, c'est-à-dire, le nombre qui, diminué
de l'unité indique la proportion d'air à introduire
mécaniquement.
n
re f ] . =— —
ormule æ (e + d,) TS
80 GHOCHE ,,
10e à... 1 4
2e" fornitilé : 7°" — Ra:
‘ 1 4% : € dos Tr
me 5119 D) ‘ (c++ din
pige .: 10 ab
Le; résultats pratiques offriraieut ua f& ble avantage aur LS
valeurs irouvées, de x, yet x, s'A n’y vait-à faire ia pary des
Jaites et..de la soluhilité, de Pair. ÿ: 2j
1e EXEMPLE, — On: veut, cons:; uire une «'ocbhe Wantril
cale cube 20 m., l’entrepont 10 m.,.ei,qui puisse ak
sans. compression, à. 12m. de, profondeur. da substitution
des. valeurs aux leltres donne. |
42,
ni ni Fa Lim ne
2 Expapus, —On nous livre use € clebhe by op Ars à
6 compartiments latéraux, d’une capacité moyenne de 10%
La cale mesurée en cube 20, et l’entrepont 104 ‘or. eut
savoir à quelle ar es ä,sera, possible d’aller.sans com-
pression manuelle ?
La substitution donne y se 10% G.x 10 — 20".
: | 120 + 10
9%ÆExEMPLE. — Avec la cloche-du 2° exemple on a 5esoin
de descendre à 27:m., Dans quelles proportions Coit-on
comprimer de l'air dansles compartiments latéraux ?
2 D)
La substitution donné enfin: z 2 gpnsigagent cts — À,
| Do 40: 0603e AO 05
ce qui veut dire qu il bte muhiplicr nor 4, 350la quanfité
d’air que la nature a mis Cans les G compartiments, en
d’autres termes, ajouter 0,35 à cette quant té, ce qui revient
à prendre 21 m.c. d’air dans l'atmosphère serrestre pour le
mêler aux 60:m. c. quel'on possède déjà; afin de pouvoir
refouler avec succès toute l’eau tellscales
Les formes énoncées que je donne tant au prisme qu’au
tronc de pyramide plus où moins régulier, sont à consciller
s1 CLOCHE
quand il est à présumer qu'on ne pourra pas éviter de tra-
vailler dans des parties anguleuses. Mais lorsque la destina-
tion d’une cloche hydraulique dispensera de semblables
nécessités, il y aura avantage à augmenter la capacité
et la largeur de la base des compartiments latéraux, de ma-
nière à rendre cette capacité égale aux cubes réunis de la
cale et de l’entrepont, multipliés par le nombre d’atmos-
phères de pression que l'homme est capable de sup-
porter, nombre que je suis porté à évaluer entre 4 et 6,
suivant le tempéramment et le degré d'aptitude des person-
nes qui se livrent à cet exercice. Conséquemment, quand le
travail dans les angles importe peu, il y a avantage à faire
ab—6(c+d).
MANOEUVRE POUR FAIRE IMMERGER LA CLOCHE
HYDRAULIQUE ET POUR LA RAMENER A FLOT.
Les immersions sur un fond régulier, quand la profon-
deur n’est pas très grande, s’opèrent ainsi : l'équipage entré
dans l’entrepont, referme la porte Q, ouvre les robinets
de transmission d'air entre l'entrepont et les compar-
timents latéraux, ouvre aussi les soupapes S, S;, Se,
S3 donnant accès à l’eau dans ces derniers qui l’admet-
tent jusqu’à ce que l’air qu’elle comprime en prenant la
place du volume disparu par l'effet de la condensation, se
trouve en équilibre avec la colonne qui pèse sur lui. Il ouvre
enfin les robinets R, R;, pour l'admission de l’eau dans le
bastingage. Si alors la clochene gagne paslefond, onlui vient
en aide en làchant assez d’air des compartiments latéraux
pour faire place au complément d’eau qui doit déterminer
Pimmersion.
Lorsque la profondeur qu’on veutatteindre exige la conser-
valion de toute la masse d’air donton dispose, au lieu de sa-
np
Le]
CLOCHE.
crifier le volume dont il vient d’être question, on extrait par
l'action de la pompe celui de la cale, et on le fait
passer dans l’entrepont. Sur un fond rocheux et accidenté,
quelle que soit sa profondeur, il est toujours prudent de
recourir à cette manœuvre qui a l’avantage de conjurer
l'accélération de vitesse proportionnelle à la hauteur de la
verticale à parcourir, avantage que ne possède pas le pre-
mier mode.
Si des circonstances impliquent la nécessité d’amortir
l’arrivée sur le fond, avant d'immerger tout-à-fait on déroule
un certain poids de la chaîne rangée dans la galerie de la
cale, on se coule par le 2° mode, et la cloche s’arrête entre
deux eaux à l’instant où le poids des maillons arrivés
à fond, allége assez lappareil pour le mettre en équi-
libre avec le milieu ambiant. Cet équilibre une foisobtenu,
est facile à rompre dans un sens ou dans l’autre, et permet
de se poser aussi insensiblement qu'on le désire. Cette
partie de l’opération exige la fermeture préalable des sou-
papes d'admission, et l'ouverture de la porte Qr. À moins
qu’une masse lourde suspendue à la chaîne n’en complète
la propriété alternativement lestante et delestante, ilest utile
que cette chaîne soit de forte dimension, afin que l’eau qui,
par l'effet de la descente, se substitue au volume d’air dissi-
mulé par la pression, reste sans cesse inférieure en poids à
celui des maillons qui atteignent le fond.
Quelque soit le mode pratiqué pour descendre, avant de
se livrer au travail utile, on expulse l’eau qui se trouve
dans la cale. Cette expulsion s'opère souvent par déplace-
ment, et quelquefois par extraction. Le déplacement con-
siste dans l’action d'introduire sans les compartiments laté-
raux de l’eau quien déloge l'air, lequel est forcé de se
rendre dans l’entrepont et dans la cale aux dépends de l’eau
de cette dernière. L’extraction elle même consiste à retirer
HYDRAULIQUE. S5
par aspiration l'air des compartiments latéraux afin de
substituer son volume à celuide l’eau qui occupe une partie
de la ca'e.
Dans une eau dormante, la cloche hydraulique mise en
équilibre avec le milieu embiant, est susceptihle d’être
promenée sur le fond. Cet avantage est plus difficile à
réaliser lorsqu'il y a nécessité de la maintenir en place par
des amarres. Il faut alors que ces dernières passent sous le
cadre métallique, et aboutissent dans la cale. Cette disposi-
tion donne la faculté de se déplacer à l’aide d’un palan, en
se halant sur une ou plusieurs des amarres, tandis qu’on file
proportionnellement les autres.
Une cloche à laquelle on donnerait des formes appropriées
à la locomotion, et qui posséderait un propulseur sous-
marin mu par une machine à chaudière pyrotechnique, con-
forme à celle qui m’a valu la médaille de 1"° classe à l’expo-
sitiou universelle de 1855, aurait l'avantage d’évoluer au
fond comme à la surface de l’eau : mais le coût du combus-
tible de ce genre de chaudière, lequel revient à environ 5 f.
par force de cheval et par heure, limitera nécessairement
l'application de cet onéreux accessoire.
Pourrevenir à flot, l’équipageremonté dans l’entrepont, fer-
me Ja porte Q; ouvreles soupapes des récipents K,, K', et les
robinets de transmission d’air entre l’entrepont, lacale et les
compartiments latéraux. Cette manœuvre rend à ces derniers
de l'air, et à la cale de l’eau aux dépends respectifs de l’un et
des autres. Mais la masse d’air de la cloche se dilate pro-
portionnellement à la diminution de la colonne qui pèse sur
lui, c’est-à-dire, au déplacement du niveau de l’eau dans
la cale. En vertu de cette dilatation, la cale admet moins de
liquide que n’en perdent les compartiments latéraux. ‘Cette
manœuvyre, en d’autres {ermes, est une mise en réquisition de
la nature afin de commencer le travail ascensionnel. -
HYDRAULIQUE. S4
obtiendrait le même résultat en ouvrant les robinets et les
soupapes S, Sr, S2 et S3.
Ce premier temps mis en pratique, assure-t-on, par M.
de la Gournerie, suflit rarement à déterminer le retour à
flot; on le complète ordinairement à l'aide de la pompe
qui expulse l'excès de lest liquide resté dans les comparti-
ments latéraux.
Ce complément de manœuvre, de même que les compar-
timents latéraux, est aussi emprunté à ma cloche de 1845.
Il était destiné à la ramener jusqu’à la surface de Peau avec
les deux hommes composant son équipage, si accidentelle-
ment la chaîne de suspension était venue à se rompre.
La même application à mon bateau plongeur n’a eu lieu
qu’en 1846. Fulton l'avait d’ailleurs déjà mis en pratique
dans son appareil sous-marin vers la fin du dernier siècle.
Si la pompe refuse d’obéir, un homme pénètre dans la
cale et file à l’eau autant de longueur de chaîne qu’il en
faut pour détruire l'excès de pesanteur qui retient la cloche
sur le fond. Rendu à la surface, on referme les soupapes et
les robinets, on ouvre la porte Q, et on respire l’atmos-
phère de la terre.
Le lecteur qui se rendra bien compte de l'application des
principes qui font le sujet de ce mémoire, se convaincra sans
peine que la cloche hydraulique est de nature à donner de
la sécurité à son équipage, qu'elle procure une notable
économie de construction, de temps, et de travail prépara-
toire, qu'elle opère conséquemment un abaissement pro-
portionnel du prix de revient des opérations sous-marines,
considérations quine manquent jamais d'influence sur l'esprit
d’un entrepreneur éclairé, habile à tirer parti des conquêtes
de la science pour faire progresser à la fois ses intérêts
matériels et sa renommée.
————"“ Ni ———
oo mp eo
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ulque’
D, macoumer jou Le +.
Coupe orgontale au Aventoee lentrapont
die
M RC ee
pa LC eee
Péree cle au Mwyeau dB sole.
(Fig: à.)
À lans el ie dl Lure 4 loche Pydraulique,
appaucil pee mou, exbrauce Linulie crue Les fudatious macowamer jou Ve #*.
‘ oupre va cal et Fab e fa par Ce e verhcae el bansversah out Coupe orgontale au niveauc, de lentrepont..
cbchr { ig. 4 J
‘axe de
mclieu de x Longueur (Fist) (Fig. 4.)
Z2 3 Zi |
7
5
Zz 2? 23 21
(Ge: oube toale et transversak, Cr à
compartiment de Onrrière ou de Pr da che au NWeaet AE sole.
( Fig : $) l'avant RE Z2,21241.[Fig.6.) (Fig: 3.)
EL da de 0,0 off. pe mutu,
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4 E Ur Le fa.
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Plans et coupes dune Cloche bydrau lique’,
apparl A AM , PAU , Creurur Leo Ferdatiou Matommeur four Q: eau’, . ,
Coupe Engitudinale el verticale cndequant Le erganes dd” entre AB C 4 E de la fgs.
| | Fig) |
Le + F7
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Plans et Coupes d'une Cloche Pudraulique
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Dessine jean 7 lqueu.
Le diem BA AN = HE U'LV LU LV nan tin La,
DES
HE
’INDICATION SOMMAIRE ,
Par FH. le Er V7. NYÆLANIDEE,
‘Membre correspondant de la Société.
La vitalité si obtuse qui caractérise les Lichens, semble se
refléter en quelque sorte dans leurs formes peu arrêtées et
pouvant se modifier d’une manière assez capricieuse selon
les lieux souvent très divers qu’ils habitent. Nous croyons,
avec quelques auteurs, qu’il n’y a ni raison ni utilité réelle,
à considérer comme espèces toutes ces innombrables modi-
fications qui sont, à notre avis, le plus souvent acciden-
telles et à peine dignes d’être désignées comme variétés. A
quoi servirait en effet d’encombrer la science d’un amas de
noms qui n’expriment rien de précis, et qui doivent leur
origine à des distinctions aussi subtiles que les formes sur
lesquelles elles reposent sont fugaces? Il paraît plus sage de
se contenter d’une nomenclature spécifique plus collective,
d'envisager, en un mot, à un point de vue plus large ce que
l'on doit entendre ici par les notions d’espèce et de variété.
L’énumération donnée dans les pages suivantes renferme
toutes les espèces de Lichens qui nous sont connues; elle
offre une nomenclature fondée sur cette manière de voir et
86 ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
passée au crible des principes auxquels nous venons de faire
allusion. ;
Avant d'aborder l'étude des Lichens exotiques, nous avons
d’abord étudié les Lichens d'Europe, en les observant dans
leurs stations naturelles, en compulsant les collections et les
livres, et en écrivant nous-même plusieurs mémoires à leur
sujet. Ce n’est qu’à l'aide de ces connaissances fondamen-
tales que nous avons pu établir une nomenclature générale
de ces plantes, que nous avons étudiées pour la plupart, soit
daæns l’herbier da Muséum de Paris, soit dans les herbiers
de MM. Hooker, Fée, Thuret, Lenormand ct Mougeot. La
collection d’Acharius nous a offert plusieurs types précieux;
divers échantillons appartenant à d’autres herbiers nous
ont également fourni des renseignements que nous avons
pu mettre à profit, surtout pour l'établissement de la
nomenclature des espèces européennes.
Nous regrettons de n’avoir pas eu occasion de voir des
échantillons authentiques de quelques Lichens exotiques
dont les descriptions sont trop incomplètes pour qu’il nous
ait été possible de les reconnaître, leurs auteurs ayant omis
en général la mention des caractères qui, pour nous, ont
la plus grande importance sous le rapport systématique.
On comprendra que ces espèces n’aient pu prendre place
dans notre énumération. Beaucoup d’autres espèces décrites,
notamment par les auteurs modernes, sont souvent comprises
ici sous un même nom, la préférence ayant toujours été
donnée à la désignation la plus ancienne. Le défaut d'espace
nous a seul empêché de donner dans ces cas une synonymie,
que nous nous réservons de présenter dans un travail plus
étendu sur la classe des Lichens. (1)
(1) Pour la synonymie des espèces européennes, on pourra
consulter notre Prodromus Lichenographiæ Galliæ et Algeri«,
ouvrage honoré, en Novembre 1856, d’un vote de la Société
Linnéenne de Bordeaux.
DES LICHENS. S7
Nous serions bien aise de voir notre classification, ainsi que
la nomenclature que nous adoptons ici, soumises à une cri-
tique sérieuse. Nous en profiterions avec reconnaissance
lorsque prochainement nous meltrons sous presse un
Synopsis général des Lichens.
La plupart des espèces nouvelles indiquées dans cette
énumération se trouvent au Muséum de Paris, dont nous
avons mis en ordre l'immense collection de Lichens. D’autres
de nos nouveautés se trouvent dans les belles collections de
MM. Thuret, Lenormand et Fée. Celle de M. Thuret en
particulier s’est extrêmement enrichie par suite de l’acquisi-
tion des Lichens de l’herbier de Bory Saint-Vincent, qui ren-
ferme les magnifiques récoltes de Lépervanche-Mézières,
Despréaux, etc. En dehors de la France, c’est le riche herbier
de MM. Hooker qui nous a fourni une copieuse moisson
d'espèces rares et nouvelles, ainsi qu’un nombre considé-
rable d’échantillons-types de divers auteurs lichénographes.
Après l’herbier du Muséum de Paris, celui de MM. Hooker
occupe sans doute sous ce rapport le premier rang parmi les
collections actuellement existantes.
Nous pensons que notre énumération sera de quelque
utilité comme guide pour l’arrangement des herbiers, et
comme offrant le premier document un peu complet sur la
distribution géographique des Lichens.
Le signe * sert à distinguer les formes dont le rang spéci-
fique est douteux pour nous.
88 ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
D =
rs
Fam. I. — COLLEMACEI.
Tri8. 1. — LICHINEI.
1. Gonmionema Nyl.
. G. velutinum (Ach.). — Eur.
r1. Spilonema Born.
. Sp. paradoxum Born. — Gall. mer., Pyren.
aux. Ephebe Fr., Born.
. E. pubescens Fr. — Eur., Amer. sept.
. E. solida Born. — Amer. sept.
. E. Lesquereuxi Born. — Amer. sept.
xv. Lichima Ag.
. L. pygmæa Ag. — Eur., Chili.
. L. confinis Ag. — Eur.
v. Pterygiuen Nyl.
. Pt. centrifugum Nyl. — Gall.
Tri8. II. — COLLEMEI.
s. Synalissa DR.
Sectio A.
1. S. symphorea (DC., S. lichenophila DR.). — Eur., Afr.
2. S. eonferta Born. — Gall.
3. S. glomerulosa (Ach. Syn. p. 318). — Lusatia.
Sectio B.
4. S. micrococca Born. et Nyl. — Gail.
Sectio C.
5. S. picina Nyl. — Gall.
6. S. meladermia Nyl. — Lapponia.
11. Pyrenopsis Nyl.
4. P. fuliginea (Whlnb. sub Verrucaria). — Lapp.
2. P. fuscatula Nyl. — Cherbourg (Le Jolis).
U D à
. P. tasmanica Nyl. — Tasm.
us. Paulia Fée.
. P. pullata Fée. — Polynesia.
av. Omphalaria DR. et Mont.
. O. Girardi DR. et Mont. — Eur. mer., Afr.
. O. pulvinata (Schær.) Nyl. L. P. 103. — Eur. mer. et med.
. O. nummularia DR. pr. p., Nyl. — Alger.
HO & à
ES
©
DES LICHENS. : 89
O. nummularioides Nyl. — Alger.
O. phylliscoides Nyl. — Gall. mer.
O. corallodes Mass. — Bavaria.
O. botryosa (Mass. Misc. p. 20). — Bavar.
v. Collenma Ach.
Sectio A.
€. anomalum Nyl. — Gali.
Sectio B. *
. ©. diffractum Nyl. — Gall.
C. pyrenopsoides Nyl. — Gall.
C. decipiens (Mass.). — Bavar.
Sectio C.
. €. nummularium Duf. — Eur. mer., Afr.
C. nodulosum Nyl. — Gall.
Sectio D.
. C. myriococcum Ach. — Eur.
C. eyathodes (Mass. s. Arnoldia). — Bavar.
. C. chalazanum Ach. — Eur.
. C. opulentum Mont. — Chili.
Sectio E.
. GC. pannarium Nyl. — Gall.
Sectio F.
a.—Sporæ ovoïdeæ.
. auriculatum Hffm. — Eur.
. pustulatum Ach. — Amer. sept.
. chloromelum Ach. — Ind. oecid.
. flaccidum Ach. — Eur., As., Amer. sept., N. Zel.
. melænum Ach. — Eur., Amer. sept.
. cristatum Schær. (vix nisi v. præceds).— Eur., ins. Borb.
. Subruginosum Nyl. — Mexico.
. plicatile Ach. — Eur., Amer. sept.
. pulposum Ach., cum varr. tenax, hydrocharum et formo-
sum (Ach.). — Eur., Afr., As., Amer. sept.
C
C
C
C
. C. furvum Ach.— Eur., Amer. septentr.
C
C
C
C
C
. C. erispum Ach. — Eur.
. C. limosum Ach. — Eur.
. cheileum Ach. — Eur., Afr.
. rivulare Ach. — Eur.
. biatorinum Nyl. — Gall.
. coccophyllum Nyl. — Ind. or.
. microphyllum Ach. — Eur.
€
C
C
. C. verruciforme (Ach.) Nyl. — Eur.
C
C
90 ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
29. C. callopismum Mass. — Bavar.
30. C. byrsinum Ach. (C. Boryanum Pers.). — In terr. tropic.
b. — Sporæ angustatæ.
31. C. nigrescens Ach. — Eur., As., Amer., Polyn., N. Zel.
32. C. glaucophthalmum Nyl. — Mexico.
33. C. aggregatum (Ach.) Nyl. — Eur., As., Amer., Polyn.
34. C. pycnocarpum Nyl. — Amer. sept.
33. C. laciniatum Nyl. — Amer. sept. (Alabama).
36. C. multipartitum Sm. — Eur.
37. C. elveloideum Ach. — Helv., tal.
38. C. conglomeratum Hffm. — Eur.
y
5. Leptogium Fr.
Sectio A.
4. L. humosum Nyl. — Finlandia.
. azureum et marianum Auctt. ejus sunt formæ).
. marginellum (Sw.) Mont. est var. microcarpa).
. callithamnion (Tayl. s. Stict.)— Chili.
. palmatum Mont. — Eur., Afr.
. albociliatum Desmaz. — Gall.
. corrugatulum Nyl. — Mexico.
. palmatulum Nyl. — Java.
2. L. spongiosum (Sm.). — Eur.
3. L. byssinum (Hffm.) Nyl. — Eur.
Sectio B.
4. L. fragile (Tayl.). — Hibernia.
5. L. cretaceum (Sm.) Nyl. — Eur.
6. L. pusillum Nyl. — Suecia.
7. L. subtile Nyl. — Eur.
L. diaphanum (Ach.), vix nisi var. præceds. — Polynes.
8. L. lacerum Fr. — Eur., Afr., Amer. septentr. (1)
L. microscopicum Nyl., vix nisi status lepr. præceds.—Gall.
9. L. scotinum Fr. — Eur., Afr., N. Zel.
40. L. ruginosum (Duf.). — Eur., As., N. Zel.
11. L. pulchellum (Ach., corticola Tuck.). — Amer.
42, L. reticulatum Mont. — Guyana.
43. L. foveolatum Nyl. — Amer. æquinoct.
4%. L. inflexum Nyl. — Peruv., Mexico.
43. L. tremelloides Fr.— Cosmopol.
(L
(L
L
L
L
L
L
(1) Quod huc relatum fuit e Chili (Bertero, n.°1207), ex cel.
Montagne, pertinet ad L. tremelloides juvenile, ninimis fallor.
DES LICHENS. 91
Sectio C.(Stephanophorus Flot.)
21. L. Burgessii (Ach.). — Eur., Amer., As.
L. phyllocarpum (Pers.). — In terris exot. calidis.
var. adpressum Nyl. — Mexico.
‘ L. dædaleum (Flot.), vix separand. a præced. — Afr. or.
. L. bullatum (Ach.). — In terr. tropicis.
. L. polyschides Mont. — Chili.
Sectio D.
. L. Schraderi Bernh. — Eur.
. L. muscicola Fr.— Eur.
. L. dendriseum Nyl. — Insul. Polynes., Borbon.
vis. Obryzuam Wallr., Tul.
. O. corniculatum Wallr.— Eur.
vas. Phylliseum Nyl.
. Ph. endocarpoides Nyl. — Lappon.
. Ph. Demangeonii (Moug. et Mont.). — Voges.
ix Heterima Nyl.
. H. tortuosa (Humb.). — N. Guyan. (Orinoco).
Fam. I. — MYRIANGIACEIT.
Tri8. I. — MYRIANGIEI.
x. NMiyriamgiuan Mnt. et Berk.
. M. Duriæi Mnt. et Berk.— Eur., Am., Austr.
2. M. Curtisii Mnt. et Berk. — Amer.
œ LD
ile
2.
Fam. II. — LICHENACEIL.
Sr. [. — EPICONIODET.
Tr18. 1. — CALICIEI. (1)
x. Sphincetrina Fr. pr. p., DN.
. Sph. turbinata Fr. — Eur., Afr.
. Sph. microcephala (Tul.) (2) — Eur. media.
. Sph. gomphilloides Nyl. — Ind. or.
xs. Caliciuwam Ach., Nyl.
Sectio A.
C. virellum Nyl. — Eur. (Helvetia).
C. paroicum Ach., Nyl.— Gall., Scandin.
(1) De hac tribu videas: W. Nylander, Monographia Calicie-
orum, 1857.
(2) Non confundatur, obiter visa, cum Spilomio pertusariicolo
Nyl, fungillo subsimili conidiosporo, sporis oblongis nigrican-
tibus, long. 0,004— 5 mm., crass. 0,0023 — 0, 003 mm.
92 ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
3. C. disseminatum Fr. — Eur.
Seetio B.
4. C. chrysocephalum Ach. — Eur., Amer.
var. filare Ach. — Eur.
var. holochryseum Nyl. — Franconia (Arnold).
5. C. phæocephalum Borr. — Eur., Amer. bor.
var. trabinellum (Ach.). — Eur.
var. aciculare (Sm.). — Eur.
6. C. citrinum (Leight. s. Conioc.). — Eur.
7. C. trichiale Ach. — Eur., Amer. bor.
var. granulato-verrucosum Schær. — Eur.
var. stemoneum (Ach.) Fr. — Eur.
var. physarellum (Ach.). — Eur.
var. ferrugineum Borr. — Eur.
C. bruneolum Fr. — Eur., Amer. bor.
* €. melanophæum Ach. — Eur., Amer. bor.
Sectio C.
8. C. corynellum Ach. — Eur.
9. C. hyperellum Ach.— Eur., Amer. bor.
* C. viride Fr. — Eur., Amer. bor.
10. C. hyperelloides Nyl. — Teneriffa.
11. C. roscidum FIk. — Eur.
var. roscidulum Nyl. — Eur. præs. bor.
12. C. trachelinum Ach. — Eur., Am. bor., Peruv.
13. C. quercinum Pers. — Eur., Am. bor.
* C. curtum Borr. — Eur., Am. bor., N. Zel.
* C. tubiforme Nyl. — Corsica.
44. GC. lenticulare Ach.— Eur.
* C. alboatrum FIk. — Eur.
* C. pusiolum Ach. — Eur. (quoque in Gallia).
46. C. triste Krb. — Eur.
Sectio D. (Stenocybe Nyl. ol.)
17. C. eusporum Nyl. — Eur. med.
18. C. byssaceum Fr. — Eur. præs. septentr. ({)
xxx. Comiocybe Ach., Fr.
1. C. furfuracea Ach. — Eur. usque in Lapp.
(1) Incerti adhuc loci est Calic. populneum Brond., sin sit
identica eum Sphinctrina microcephala. Specimina perfecta illius
typici nondum vidi, sed tantum hymenio rite evoluto destituta.
— Cal. glabellum Tayl. est Stilbum.
De
3.
Le]
DES LICHENS. 95
var. fulva Fr. — Eur.
var. sulphurella Fr. — Eur.
C. pallida Fr.— Eur. .
C. gracilenta Ach. — Eur. med. (etiam in Gallia).
C. farinacea (Chev.). — Eur. med.
C. hyalinella Nyl. (Moug. St. Vog. 1162). — Gall., Suec.
av. AraehyEin Fr., Nyi.
Sectio A. .
Tr. viridula Fr. — Heivet., Bavar.
Tr. tigillaris Fr. — Eur.
Tr. Notarisii (Tul.).— Eur.
Sectio B.
Tr. tympanella Fr. — Eur., Afr.
var. cembrina (Ach.). — Eur.
Tr. lecideina Nyl. — Paris.
Tr. subsimilis Nyl. — Paris.
Tr. stigonella Fr.— Eur., Amer. bor.
.. Tr. javanica (Mnt. et v. d. B.). — Java.
Tris. I. — SPHÆROPHOREI.
1. Sphærophoronm Pers.
._Sph. fragile Pers. — Eur., Amer. bor., reg. antarct.
. Sph. coralloides Pers.— E., Ins. Canar., Am. bor., reg. ant.
. Sph. tenerum Laur. — Chili, reg: antarct.
var. stereocaulvides Nyl. — N. Zeland.
. Sph. compressum Ach. — Eur., Amer., ins. Afr., Austr.
var. australe (Laur.). — N. Zel., Chili.
. Sph. fastigiatulum Nyl. — Caracas (Lind. n. 401.).
an. Acroseyplhus Lév., Tul. Hém. Lich. t. 15., f. 10-12.
. À. sphærophoroides Lév. — Montes Mexic., Himalaya.
Sr. Il, —— CLADONIODEI
Tri8. III. — BÆOMYCEI.
5. Bæomyees Pers.
Sectio A. — Apoth. stipitata, stipitib. nudis.
B. rufus Ach. — Eur., Amer., N. Zel.
B. Prostii Duf. — Gallia.
B. crenulatus Hepp. — Java.
LA
. B. ramalinellus Nyl. — Chili.
. B. heteromorphus Ny!l. — Fasmania.
. B,. roseus Pers. — Eur., Am.,"N. Zel.
94 ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
. fungoides Ach. — Amer., ins. Afr. or., Java.
6. B
7. B. erythrellus (Mnt.). — Ind. occid.
8. B. imbricatus Hook. — Amer. mer.
9. B. placophyllus Ach. — Eur. bor., Am. bor.
10. B. auratus (Mnt.). — Java.
Sectio B. — Apoth.stipitata, stipit. corticatis.
41. B. pachypus Nyl. — Himalaya.
42. B. trachypus Nyl. — Borneo.
Sectio C. — Apoth. constanter sessilia.
13. B. icmadophilus (Ach.).— Eur., Amer. bor., Ind. or.
14. B. squamarioides Nyl. — Tasmania.
1. Glossodiuan Nyl.
4. GI. aversum Nyl. — Nov. Granata.
ue. Thysanothecium Berk. et Mnt.
4. Th. Hookeri B. et Mnt. — Austr.
2. Th. hyalinum (Tayl. s. Bæom.). — Austr.
Tr18. IV. — CLADONIEI.
x. Cladomia Hffm.
Sectio A. — Phæocarpæ.
a. — Species macrophyllæ.
4. CI. endiviæfolia Fr. — Eur., Afr.
. CI. alcicornis FIk. —Eur., Afr., Amer.
3. CI. ceratophylla(Sw.) Eschw.— Am. æquin., ins. Afr. mer.
b. — Species normaliter scyphophoræ.
4. Cl. verticillaris (Radd.) Mnt.— Brasil.
. CI. calycantha Del. — Amer. æquin.
6. CI. pyxidata Fr. — Cosmopolita.
var. pocillum (Ach.). — id.
var. cariosa (Ach.). — id.
var. symphycarpa (Ach.).— Eur.
7. Cl. fimbriata Fr. — Cosmopolita.
var. radiata Fr. — id.
var. coniocræa (FIk.) (1) — id.
8. CI. decorticata FIk.— Eur., Amer.
9. CI. gracilis Fr. — Cosmopolita.
var. verticillata Fr. — Eur., Amer., Austr.
var. cervicornis (Ach.). — Eur.
* CI. crispata (Ach.). — Eur., Amer.
co
©
(1) Cenom. borbonica Del. ejus est forma gracilenta, in insulis
Mascarenis, Polynesiæ et Australiæ obveniens.
40. Ci. cornuta Fr. — Eur., As., Amer.
41. CI. decorticata FIk. — Eur., Am.
42. CI. conchata Nyl. — Austral.
13. CI. degenerans FIk. — Eur., As., Am.
4%. CI. carneola Fr.— Eur., Amer. bor.
45. CI. straminea Smrf. — Lapp.
c. — Species ascyphæ, apoth. parvis.
46. CI. cyanipes Smrf. — Eur. bor., Amer. bor.
17. Cl. botrytes Hffm. — Eur., Amer. bor.
48. CI. imbricatula Nyl. — Pennsylv., Mexico.
49. CI. areolata Nyl. — Ind. occid.
20. CI. cenotea Schær. — Eur., Am. bor.
21. CI. squamosa Hffm. — Cosmopolita.
var. cæspititia (Ach.). — Eur., Amer.
var. delicata (Fr.). — Eur., Amer.
22, C1. furcata Schær. — Cosmopolita.
var. racemosa (Schær.).— Eur., As., Amer.
var. pungens (Ach.). —Eur., As., Amer.
23. CI. turgida Hffm. —Eur., As., Amer.
var. lacunosa Bor. — Amer. bor.
2%. CI. rangiferina Hffm.— Cosmopolita.
var. sylvatica (L.). — Cosmopol.
var. alpestris (L.). — Cosmopol.
25. CI. peltasta Ach.— Amer., ins. Afr. or.
26. CI. candelabrum (Bor.). — Amer. æquin., ins. Afr.
* CI. georgiana Tuck.— Amer. bor.
27. Cl. uncialis Hffm. — Eur., As., Am.
28. Cl. amaurocræa FIk.— Eur., As., Amer., Austr.
var. capitellata Bab. — N. Zel.. Austr.
29. CI. medusina (Bor.). — Ins. Afr. or.
30. CI. athelia Nyl. — Amer., Jam., Mexico.
d. — Species retiporæ.
31. CI. retipora (Ach.) FIk. — Australia.
32. CI. aggregata (Sw.) Eschw.—Afr. mer., As., Am.,
e. —Pycnothelia Duf.
33. Cl. papillaria Hffm.— Eur., Am. bor.
var. mascarena Nyl. — Ins. Borb.
Sectio B. — Erythrocarpæ.
a. — Species macrophyllæ.
34. Cl. sanguinea Eschw.— Amer. æquin.
35. C1. insignis Nyl. — Ins. Borbon.
DES LICHENS.
95
or.
Austr.
96 ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
26
b. — Species plerumque seyphophoræ.
. CI. cornucopioides Fr. — Cosmopol.
var. pleurota F1k. — Cosmopol.
var. angustata Nyl. — Ins. Sandwicens.
37. Cl. bellidifiora Schær. — Reg. frigid. Eur., Am.
var. glabrescens Nyl. — Ibid. rarius.
38. CI. deformis Hffm. — Eur., As., Am., Austr.
39. CI. digitata Hffm. — Eur., As., Amer.
40. CI. macilenta Hffm. — Cosmopolita.
41
var. ostreata Nyl. — Gall.
var. polydactyla FIk.— Eur., Amer.
var. seductrix (Del.). — Eur., Austr.
* CI. sphærulifera (1) (Tayl.).— Amer.
. CI. Floerkeana Fr. — Eur., Amer.
c. — Species attenuato-ramosa asctypha.
42. CE. leporina Fr.— Amer. æquin.
1
2
3
Er. Pilophorom Tuck. (vix g. a Clad. dist.).
. P. fibula Tuck. — Amer. bor.
. P. aciculare (Ach.).— Amer. bor.
. P. robustum (Th. Fr.). — Scandin. frig.
Tri8. V. — STEREOCAULEI.
s. Siereocauicn Schreb.
Sectio A.— Apoth. lecanorca.
. St. lecanoreum Nyl. — N. Granata.
Sectio B.— Apoth.lecideina (biatorina).
. St. ramulosum (Sw.). — Am., Afr, m., Polyn., Austr,
var. fureatum (Fr.). — Ind. occid.
var. macrocarpum (Rich.). — Am., N. Zel.
var. implexum (Th. Fr.). — Chili, fr. Magell.
* St. salazinum (Bor.). — Ins. Borbon.
* St. piluliferum Th. Fr. — Ind. or., Java, Philipp.
2. St. exalbidum Nyl. — Peru.
3
4
. St. coralloides Fr. — Eur., Afr., As.
var. japonicum Th. Fr.— Jap., China.
. St. paschale Fr. — Eur., Amer., As.
var. magellanicum (Th. Fr.).— Chili, fret. Magell.
(1) Vix differt CT. pileata (Mnt. Chil. VIH, p. 161), modo
apotheciis caussa fortuita nigricantibus, ut facile accidit apothe-
cil
is coccineis specicrum bujus stirpis in collectionibus conser-
vatarum. Forma furcatula Nyl. in ins. Sandwie, adest.
St.
SL:
MISt.
St.
HS
: be
3 OU
St.
St.
St.
St.
AQU
SÉ:
St:
14-281
"St:
. nanum AcCh. — Eur., Amer.
DES LICHENS.
var. macrocarpum Nyl.— Chili.
condyloideum Ach. — Eur.
tomentosum Laur. — Eur., Am., As.
incrustatum FIk. — Eur.
myriocarpum Th. Fr. — Amer.
azoreum (Schær.) Nyl. — Ins. Canar.
condensatum Hffm. — Eur.
cereolinum Ach. — Eur.
alpinum Eaur. — Eur., As.
graminosum Schær. — Java.
denudatum FIk. — Eur., Amer., As.
var. vesuvianum (Pers.). — Eur., ins. Canar.
vuleani (Bor., non Th. Fr.). — Ins. Borb.
verruciferum Nyl. — Columb.
congestum Nyl. — Peruv.
gracilescens Nyl. — Peruy.
albicans Th. Fr. — Peruv.
corticatulum Nyl. — Nova Zeland.
var. arbuscula Nyl. — Himalaya.
. Delisei Bor. (stat. corall.?).— Eur.
Arsopsis Th. Fr.
. megalospora Th. Fr. — Reg. antarct.
Ser. Ill. — RAMALODEI.
Tri8. VI. — ROCCELLEI.
1. HRoccella Bauh.
a. —
Apoth. terminalia. Combea DN.
1. R. mollusea (Ach. s. Dufourea). — Cap. B. Spei.
b. — Apoth. lateralia.
2. R. tinctoria Ach. — Eur. mer., Afr., Amer., As.
3. R. phycopsis Ach. — Eur., Afr.
4. R. fuciformis Ach. — Eur., Afr., Am.
3. R. Montagnei Bél. — Afr. æquin., Ind. or., Java.
6. R. intricata Mnt. — Chili.
7. R. Gayana Mnt. — Chili.
Tri8. VII.— SIPHULEI.
1. Siphula Fr.
4. S. ceratites Fr. — Eur., As. (Himalaya), Am. arct.
2. S. simplex (Tayl.). — Am. bor.-occid.
3. S. pteruloides Nyl. — Peru.
Lx |
ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
S. tabularis (Ach.). — Cap. B. Spei.
S. fastigiata Nyl. — N. Granata.
S. torulosa (Thunb.). — Cap. B. Sp., ins. Borb.
S. coriacea (Tayl.). — N. Holland.
x. Fhammmolia Ach., Schær.
i. Th. vermicularis Schær. — Eur., As., Am.
2. Th. andicola (Del.). — Amer. mer.
3. Th. elegans (Del.). — Ins. Maclov.
© à wo
Là
Tri8. VIII. — USNEEI.
1. Usnea Hffm.
. U. barbata Fr. — Cosmopolita.
(Formiscomposita florida, hirta, ceratina, plicata, dasy-
poga, articulata, Fr., lacunosa Willd.).
. U. jamaicensis Ach. — Amer.
. U. trichodea Ach. — Am., Afr. mer., ins. Borb., Java.
. U. gracilis Ach. — Ins. Borb.
. U. longissima Ach. — Eur., Amer., As.
5. Neuropogon Nees et Flot.
. N. melaxanthus (Ach.). — Reg. arct. et antaret.
aus. Chiorea Nyl.
4. Chl. vulpina Nyl. — Eur., Amer. bor.
x à & NN
Ch]. californica Lév. — Californ.
. Chl. Soleirolii (Schær.).— Cors., ins. Canar.
. Chl. canariensis (Ach.). — Ins. Canar., Amer. mer.
. Ch]. flexuosa Nyl. — Himalaya.
. Chl. cladonioides Nyl. — Himalaya.
Tri8. IX. — RAMALINEI.
H. Alectoria Ach. pr. p., Nyl.
4. A. jubata Ach. — Eur., Amer., As.
2. À. sarmentosa Ach. — Eur., Afr., Amer.
3. À. ochroleuca (Ehrh.). — Eur., Amer., As.
4. À. Taylori (Hook.).— Terra Kerguelen.
5. À. osteina Nyl. — Mexico.
6. A. arenaria (Fr.). — Eur.
7. À. anceps Nyl. — Austral.
8. À. virens Tayl. — Ind. or., Himalaya.
9. A. sulcata (Lév.). — Ind. or.
40. À. bicolor (Ach.). — Eur., Amer. arct., As.
41. À. divergens (Ach.). — Eur., Amer.
* A, loxensis Fée. — Peruv.
DES LICHENS. 99
ax. Evermia Ach., Nyl.
E. trulla (Ach.). — Amer. mer.
E. Richardsoni (Hook. s. Cetrar.). — Amer. arct.
3. E. furfuracea Mann. — Eur., Afr., Amer., As.
4. E. prunastri Ach.— Eur., Afr., Am.
var. pendula. — Eur., Amer.
5. E. divaricata Ach. — Eur., As.
6. E. magellanica Mnt. — Fret. Magellan.
7. E. mundata Nyl. — N. Holland.
HE. Dufourea Ach., Nyl.
1. D. fertilis (Fr.)? Mihi incerta. — Ural.
2. D. madreporiformis Ach. — Helvetia.
. D. inanis (Mnt.). — Amer. merid.
av. Dacéyliea Nyl.
1. D. arctica (Hook.). — Amer. arct.
v. Rammaléma Ach., Fr.
. usneoides (Ach.). — Amer., Polyn.
. retiformis Menz. — California.
. linearis Ach.— Am., Afr.m., ins.Borb., As. tr., Polyn.
var. angulosa (Laur.).—Cap.B. Sp., Madag., St.-Helen.
scopulorum Ach. — Eur., Afr., As., Austr.
var. decipiens (Mnt.). — Ins. Canar.
var. subulata (Mnt.). — Polyn.
var. implexa Nyl. (1) — Corsica, Alger., ins. Canar.
R. polymorpha Ach. — Eur., Afr.
R. rigida Ach. — Amer.
R. pusilla Le Prév. — Eur. mer., Afr., Ausir.
R. calicaris Fr. — Cosmopolita.
var. fraxinea Fr. — Eur., Afr., Amer., As., Austr.
var. fastigiata Fr. — Eur., Afr., Amer., As., Austr.
var. canaliculata Fr. — Eur., Afr., Amer., As., Polyn.
var. farinacea (Ach.). — Cosmopolita.
var. thrausta Fr. — Eur., Afr.
1]
O9
ko
7 Der
D A S à
(4) Huc R. linearis Nyl. olim pr. p. — Observetur simul for-
mam contractam canariensem Æamalinæ evernioidis inseri-
ptam fuisse a cel. Montagne R. polymorpham v. vulcanicam
et alibi R. Bourgæanam. R. Webbiana Mnt. confluit cum R.
homalea Ach. Sunt species hujus generis omnium fere lichenum
diffcillime definiendæ.
* R. Eckloni Spr. — Amer., Afr. et As. mer., Austr.
9. R. pollinaria Ach. — Eur., Afr., As., Ind. occid.
10. R. evernioides Nyl. — Afr. ecalid.
41. R. Webbiana Mnt.— Ins. Canar.
42. R. homalea Ach. — Calif., Austral.
43. R. ceruchis (Ach., Desmazieria Mnt.).— Am. mer. occid.
44. R. melanothrix Laur. — Cap. B. Spei.
Tris. X. — CETRARIEI.
5. Cetraria Ach., Nyl. ;
4. C. islandiea Ach. — Eur., Amer., As. bor. (et Himal.).
var. crispa Ach.— Eur. bor. (et Cap. Horn).
9. C. aculeata Fr. — Eur., Amer.
var. muricata (Ach.). — Eur. (in alp.).
var. acanthella (Ach.). — Germ., Aquit., Lusit.
3. C. odontella Ach. — Eur. bor., Amer. sept.
ur. Piatysma Hffm., Nyl.
Sectio A.
4. PI. cucullatum Hffm. — Eur., Amer. bor.
2. PI. nivale (L.).— Eur., Amer. bor.
3. Pl.-everniellum Nyl. — Himalaya.
Sectio B.
a. —Stirps Platysmatis juniperini.
4. PI. juniperinum (L.).— Eur., Amer. bor.
var. pinastri (Scop.).— Eur., Amer. bor.
8. PI. ambiguum (Bab.). — Himalaya.
b.—Stirps Platysmatis Laureri.
6. PI. melalomum Nyl. — Himalaya.
7. PI. rhytidocarpum (Mnt.). — Java.
8. PI. Laureri Kphb. — Bavaria.
9. PI. Oakesianum (Tuck.).— Amer. bor., Bavar.
10. PI. Teysmani (Mnt.). — Java. ï
11. PI. pallescens (Schær.). — Java.
42. PI. citrinum (Tayl.).— Java.
43. PI. nephromoides Nyl. — Himalaya.
1%. PI. leucostigma (Lev.). — Ind. or.
e.— Stirps Platysmatis glauci.
45. PI. septentrionale Nyl. — Amer. arct.
16. PI. glaucum Hffm. — Montes Eur., Amer., AS.
17. PI. lacunosum (Ach.). — Amer. bor.
d. —Stirps Platysmatis sæpincoli.
18. PI. ciliare (Ach.). — Amer. bor.
ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
19.
ce
Œœ D =
4.
DES LICHENS. 101
PI. sæpincolum Hffm. — Eur., Am., As.
var. ulophyllum (Ach.). — Eur.
Ser. IV, — PHYLLODET,
Tri8. XI. — PELTIGEREI.
Subtrib. 1. — Nephromei.
x. Neplharoma Ach. pr. p., Nyl.
. N. arcticum Fr. — Reg. arct. et antarct.
2. N. pallens Nyl. — N. Zelandia.
. N. schizocarpum Nyl. — N. Zelandia.
an. Neplhroméäiunn Nyl. (1)
. N. tomentosum Hffm. — Eur., Amer. bor.
var. helveticum (Ach.).—Eur., Am., As.,ins.Borb.,Mex.
. N. lævigatum (Ach.).— Fere cosmopolita.
. N. plumbeum (Mnt.).— Chili, N. Zeland.
. N. cellulosum (Ach.).— Chili.
Subtrib. II. — Peltidei.
aus. Peltisera Hffm.
. P. aphthosa Hffm. — Eur., Amer. et As. bor.
. P. canina Hffm.— Eur., Afr., Amer., As.
. P. rufescens Hffm. — Cosmopolita.
var. pulverulenta (Tayl.). — Columbia.
. polydactyla Hffm. — Cosmopolita.
. horizontalis Hffm. — Eur., Amer. bor.
. malacea Fr. — Eur., Amer. bor., As., Terra Kerguel.
. venosa Hffm. — Eur., Amer. bor.
Subtrib. Ill. — Solorinei.
av. Solorina Ach.
Fo + +
. S. saccata Ach. — Eur., Amer.
+
var. simensis (Hochst.). — Afr., Ind. or.
S. limbata Smrf. — Montes Eur., Amer. bor.
. S.? leptoderma Nyl. — Amer. æquin.
. S. crocea Ach. — Eur., Amer., As. frigid.
(1
Tri8. XII. — PARMELIEI.
x. Sticta Ach.
a. — Frons subtus gibberosus, subnudus.
St. Garovaglii Schær. — Ital.
) Nephromium anatomice differt a Nephromate (nostro sensu)
plane ut Pannaria a Psoromate. In Nephromio systema goni-
mum consistit e granulis gonimis (plerumque coerulescentibus),
in Nephromate a gonid. (proprie sic dictis) discretis, cellularibus.
102
2
3
4
17€
418.
» Dle
SE
. St.
- OL-
ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
pulmonacea Ach. — Eur., Afr., Am., Austr.
linita Ach. — Eur., Asia.
retigera Del.— C.B. Sp.,ins. Afr. m., As. m., Java.
serobiculata Ach. — Eur,, Amer. bor., As.
Sectio B. — Cyphellæ albæ vel albicantes.
a.— Stirps Stictæ fuliginosæ.
MU
, Êve
ot
5 Êie
Se
ENQUE
SE
MC
INC:
IST
HO
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St.
b.
St.
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DS SE:
Ste
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HYSE
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SL:
AE
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sylvatica Ach, — Eur., Afr., Amer. bor.
var. Dufourei Del. — Eur.
fuliginosa Ach. — Eur., Amer.
limbata Ach. — Eur., Abyss.
ambavillaria Del. — Ins. Borbon.
var. papyrina Nyl. — Ins. Borb., Madag.
cinereo-glauca Tayl. — N. Zel.
Humboldti Hook. — Am. æquin. (Mex., N. Gran.).
cyathicarpa Del. — Peruv., N. Gran., Mex.
tomentella Nyl. — Peruv.
marginalis Bor. hb. — Ins. Borb., Ind. or.
Boschiana Mnt. — Java.
pericarpa Nyl. — Peruv.
filicina Ach. — Amer. max. mer., N. Zel., Java.
var. latifrons (Rich.). — N. Zeland.
var.Menziezii (Hook. fil.).-N.Zel., reg. antarct., Nepal.
filicinella Nyl. — Venez. (coll. Lind. n. 1232).
— Stirps Stictæ damæcornis.
damæcornis Ach. — Irland., Am.,ins. Afr., Austr.
var, linearis Nyl. — Polynes.
var. macrophylla (Hook.). —Ins. Afr. mer., Java.
var. caperata Bor. (St. patula x. d. B.)— Polyn., Java.
var. rufa (Ach.). — Amer. merid., Mex.
var. strictula (Del.). — Ins. Borb., Maurit., Madag.
fragillima Bab. — N. Zel.
dichotoma Del. — Ins. Afr. mer., Java.
sinuosa Pers. — Amer. mer., Philippin.
platyphylla Nyl. — Ind. or., Himal.
quercizans Ach. — Amer., As. mer.
punctulata Nyl. (Sf. quercif. Tayl.). — Java, Ceyl.
nitida Tayl. (S£. flabell. Mnt.).— Chili.
variabilis Del.— Ins. Afr.m., Am. max.m., Pol., Austr.
var. Boryana Del. — Madag., Ins. Borb.
argyracea Del.—Am., Java, Cocbinch., Polyn., Austr.
23.
D À © D
DES LICHENS. 103
St. Freycinetii Del. — Am.max. mer., Austr., reg. antarct.
var. Delisea (Fée) Bab. — Austr., ins. J. Fern.
var. fulvocinerea (Mnt.). — Am. max. mer.
St. Gaudichaudii Del. — Ins. Maclov.
St. intricata Del. — Ins. Borb., Polyn.
. St. Dozyana Mnt. et v. d. B. — Java.
. St. laciniata Ach. — Amer. mer.
var. læviuscula Nyl. — Mexico.
. St. cometia Ach. — Amer. mer.
. St. tomentosa Ach. — Amer. æquin.
. St. faveolata Del. — Amer, max. mer., Austral.
St. Hookeri Bab. — N. Zel.
St. Richardi Mnt. — Chili, Austral., ins. Auckl.
Sectio C.— Cyphellæ flavæ.
. St. obvoluta Ach. — Amer. max. mer.
var. Guüillemini (Mnt.). — Chili.
. St. xanthosticta Pers. (Sf. lutesc. Tayl.) (1) — Am., ins.
Canar., Java.
. St. carpoloma Del. — Amer. max mer., Polyn., Java.
St. orygmæa Ach.— Amer. max. mer., Austr.,reg. antarct.
St. Colensoi Bab. — N. Zel., Tasm.
. St. d'Urvillei Del. — Amer. max. mer., N. Zel.
. St. endochrysa Del. — Amer. max. mer.
. St. vaccina Mnt. — Chili.
. St. crocata Ach. — Eur. occid., Am., Afr., Java, Austr,
. St. gilva Ach. — Afr. mer.
. St. aurata Ach.--E. occ., Am., Afr., As. m., Polyn., Austr.
. St. Mougeotiana Del. — Afr. mer. etins. adjac., Guyan.
ar. Ricasoïia DN., Nyl.
coriacea (Tayl.).— N. Zel.
. glomulifera DN. — Eur., Amer., As.
. intermedia Nyl. — Mexico.
. herbacea DN. — Eur., Am.
. discolor (Ach.). — Madag., ins. Borb., Java.
. glaberrima (DN.). — Brasilia.
RRrRTFTE
(1) Potius pr'pinqua Stictæ filicinæ. St. carpoloma parum
vel vix specie din ‘vta S£. crocata. St. erythroscypha Tayl, ex
ins. J. Fernand. s t St. gilva Ach. St. aurigera Del. vix diver-
sa est a var. æanthc'oma Del. Stictæ Mougeotiane.
104
ES
©S © @ «A
D =
=
*
JC D AA © D A © OC CAT CO CAS D COL D,
20.
21.
ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
. crenulata (Hook.). — Amer. æquin., ins. Afr. mer.
. dissecta (Ach.). — Amer. æquin.
. Corrosa (Ach.). — Amer. æquin.
Kunthii Del. — Amer. æquin.
aux, Parmelia Ach.,Nyl.
Sectio À. — Parmeliæ maxime legitimæ.
FRE
.—Stirps Parmeliæ caperatæ.
. P. sphærospora Nyl. —Ins. Afr. mer., Cap. B. Sp.
.- P. caperata Ach. — Eur., Afr., Amer., As., Austr.
P. hypomiltha Fée, — Amer. mer.
b.—Stirps Parmeliæ perlatæ.
P. perlata Ach. — Fere 'cosmopolita.
var. ciliata DC. — Eur., Afr., Amer., As., Austr.
. perforata Ach. — Cap. B. Sp., Am., Polyn., Austr.
. crinita Ach. — Amer. æquin.
. appendiculata Fée. — Madag.
. tiliacea Ach. — Eur., Afr., Amer. bor., As., Austr.
. livida Tayl. — Amer. (N. Orl.).
sinuosa Ach. — Fere cosmopolita.
- hypothrix Nyl. (P. carpork. Tayl.).— Eur., ins. Canar.
. relicina Fr. (th. flavido).— Am., Austr., Java.
. pulvinata Fée. — Amer. æquin.
. Caracensis Tayl. — Amer. æquin.
. atricapilla Tayl. — Ind. orient.
. mutabilis Tayl. — Cap. B. Spei.
. physcioides Nyl. — Amer. mer.
. camtschadalis Ach.— As.
var. americana Mnt. — Amer.
var. fistulata (Tayl.). — Amer. mer.
c. —Stirps Parmeliæ colpodis.
. P. moniliformis Bab. — N. Zeland.
. P. hypotrachyna Nyl. — Amer. mer.
. P. colpodes Ach. — Amer. bor.
d.— Stirps Parmeliæ physodis.
. P. physodes Ach. — Fere cosmopolita.
var. lugubris Pers. — Amer.
var. enteromorpha Ach.— Amer.
P. placorodioides Nyl. — Austral.
P. hypotrypa Nyl. — Himalaya.
P. pertusa Schær. — Eur., Amer., As., Austr.
P. cincinnata Ach. — Amer. max. mer.
22.
24.
37.
ro © 9 D D © > © © © ©
= = a ta ie = tue)
De
ie
DES LICHENS. 105
placorodia Ach. — Amer. bor.
angustata Nyl. — N. Granata.
e. — Stirps Parmeliæ sax at US:
1De
saxatilis Ach. — Eur., Afr., Amer. bor., As.
var. Iævis Nyl. — Pyren.
var. panniformis Schær.— Eur.
var. omphalodes (Ach.) Fr.— Eur., As.
. contorta Bor. — Græcia, Alger.
. Borreri Ach. — Eur., Afr., Amer., As.
. polycarpa Tayl. — Austral.
. laceratula Nyl. — Austral.
— Stirps Parmeliæ conspersæ.
. conspersa Ach. — Cosmopolita.
. leonora Spr. — Cap. B. Spei.
. Mougeotii Schær. — Eur., Amer. v
. centrifuga Ach. — Eur. bor., Amer. bor.
. molliuscula Ach. — Cap. B. Sp.
. incurva Fr.— Eur., Amer. bor.,
g. — Stirps Parmeliæ acetabuli.
5-12
SA
acetabulum Dub. — Eur., Afr., Amer. bor.
hottentotta (Ach.). — Cap. B. Sp.
h. — Stirps Parmeliæ olivaceæ.
"g
P. Dregeana Hmp.— Cap. B. Spei.
AU
olivacea Ach. — Eur., Afr., Amer., As., Austr.
var. exasperata (Ach.). — Eur.
var. panniformis Nyl. — Eur. bor.
. dendritica Pers. — N. Zel.
. Fendleri Tuck. — Am. (Alabama).
. Stygia Ach. — Eur., Amer. bor.
. fahlunensis Ach. — Eur., Amer. bor., As. frigid.
. lanata (L.). — Eur.
. tristis (Web.). — Eur., Amer. bor.
Sectio B.— Thallus cetrariiformis.
. Waillichiana (Tayl. s. Stict.). — Ind. or.
Sectio GC. — Thallus cladonioideus.
. semiviridis Müll. — N. Holland.
Sectio D.— Th. totus anguste lineari-laciniatus. (1)
. tæniata Nyl. — Amer. æquin.
(1) Ad hane sectionem, in qua thallus infra ex hypothallo con-
VExUS, Supra planus, pertineat P. semiteres Mnt. et v. d. B.
Javanica.
106 ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
iv. Physcia Fr., Nyl.
Sectio A. — Species everniformes.
a. — Apothecia fulva vel crocea.
4. Ph. flavicans DC.— Eur. max. occ., Afr., Am., As., Austr.
Ph. exilis Mich. — Am. æquin., Chili.
* Ph. crocea (Ach.). — End. occid., Chili.
2. Ph. villosa Dub. — Hisp., Lusit., Afr., Peruv.
b. — Apothecia nigra vel nigricantia.
3. Ph. intricata Schær. — Hisp., Lusit., Afr.
var. ephebea (Ach.). — Peruvia.
Sectio B.— Species parmeliiformes, rhizinis præditæ.
a. — Species th. flavo s. flavicante, sporis incoloribus. (1)
4. Ph. chrysophthalma DC. — Eur., Afr., Am., Pol., Austr.
var. pubera (Ach.).— Amer. mer.
var. capensis(Ach.).—Afr.m., Peruv.(Borr.per. Ach.).
5. Ph. parftina (L.) Nyl. — Eur., Afr., As., Amer. bor.,
Chili, Polyn., Austr.
var. ectanea(Ach.).—Eur., Afr., Am. bor., Chili, Austr.
var. polycarpa (Ehrh.). — Eur., Amer. bor.
6. Ph. flammea (Ach.). — Cap. B. Sp.
7. Ph. candelaria (Ach.). — Eur., Amer. bor.
var. stellata (Tuck.). — Amer. bor.
b, — Species th. cinerase. (raro fuscesce.); sporæ fuscæ I-septatæ.
8. Ph. ciliaris DC. — Eur., Afr., Amer. bor.
var. saxicola Nyl. — Eur., ins. Canar.
var. solenaria (Dub.). — Eur.
9. Ph. leucomela Mich. — Eur., Afr., As., Amer., Austr.
var. angustifolia (M.et Ft.). — Am. æquin., S. Hél.,
Ind= 0720
var. erinacea (Ach.). — Am. bor. occid., As. or.
var. podocarpa (Bél.).— Amer., Ind. or., Java.
10. Ph. comosa (Eschw.).— Amer. æquin.
41. Ph. speciosa Fr. — Eur., Afr., Am., As., Polyn., Austr.
42. Ph. plumosa (Tayl.). — Ceylon, Java, Polyn.
43. Ph. cylindrophora (Tayl.). — Ind. or.
4%. Ph. domingensis (Mnt., non Ach.).—Amer., As. m., Polyn.
(1) Sporæ lichenum aut sunt incolores (albæ vel fere hyalinæ
et sub microscopio aspectus dilute flavidi) aut fuscescentes vel
fuscæ. E lentibus objeetivis variis pendet color glauco-coerul-
escens vel virescens, quæ sporis incoloribus adtribuitur ab
auctoribus usu microscopii parum expertis.
45. Ph.
46. Ph.
47. Ph.
18. Ph.
5 & ND =
DES LICHENS. 107
papulosa {Mnt.).— Ins. Sandwic.
dilatata Nyl. — Abyssinia.
major et var. isidiosa Nyl. — Mexico.
stellaris Fr. — Eur., Afr., Am. bor., As., Austr.
var. angustata Nyl. — Eur.
var. hispida (Schær.). — Eur.
var. tenella (Schær.). — Eur.
var, albinea (Ach.). — Eur.
=]
. astroidea Fr. — Eur., Amer.
. cCæsia Fr. — Eur., Amer. bor.
. applanata (Fée).— Am. et Afr. æq., As.m., Pol., Austr.
var. leucothrix (Tayl.).— Afr. occid.
. confluens (Fr.). — Am. æquin., Afr. et As. mer.
. viridis Mnt. (P. sparsa Tayl.). — Ind. occid.
. obscura Fr. — Eur., Afr., A$., Austr.
. ulothrix (Fr.). — Eur., Ind. or.
. adglutinata (Schær.). — Eur.
. firmula Nyl. — Himalaya.
. subobseura Nyl. — Brasilia.
. pulverulenta Fr. — Eur., Afr., Amer. bor.
var. angustata (Ach.). — Eur.
var. pityrea (Ach.). — Eur.
. muscigena (Ach.). — Eur., Amer. bor.
. detonsa Fr. — Corsica, Amer. bor.
. aquila Fr. — Eur., Himal.
var. compacta Nyl. — Amer. arct.
Tri8. XIII. — GYROPHOREI.
Ummbilicaria Hffm.
Sectio A.— Species thecis monosporis ( La sallia Mér.)}.
. pustulata Hffm. — Eur., Afr., Amer. bor.
papulosa (Ach.). — Amer. sept., Himalaya.
. pennsylvanica (Ach.). — Amer. bor.
. mammulata (Ach.). — Amer. bor.
Sectio B.— Species thecis 8-sporis, sporis simplicibus.
. Müblenbergii (Ach.). — Amer.
var. diffissa Nyl. — Chili.
. polyrhiza (L.).— Eur., As.
. polyphylla Hffm. — Eur., Amer., As.
var. deusta (Ach.) Fr. — Eur., As.
hyperborea Hffm. — Eur., Amer.
var. arctica (Smrf.). — Eur. et Amer. arct.
ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
9. U. erosa Hffm. — Eur., Amer.
40. U. atropruinosa Schær. — Eur., Amer.
41. U. proboscidea DC.— Eur., Amer., As.
42. U. cylindrica (L.) Fr. — Eur., Amer., N. Hall.
143. U. vellea (L.) Fr. — Eur., Abyss., ins. Canar., Amer.
var. Dillenii (Tuck.). — Amer. bor.
44. U° hirsuta DC. — Eur., Amer., As.
45. U. haplocarpa Nyl. — Peruv.
16. U. murina DC. — Eur.
47. U. dichroa Nyl. — Peruv., Boliv.
Tri8. XIV. — PYXINEI. (1)
1. Pyxine Fr.
4. P. retirugella Nyl. — Polynes.
2. P. cocoës (Ach.). — In omnib. terris æquin., Chili.
3. P. coccifera (Fée). — Amer. æquin., Java.
Sr. V, —— PLACODEI.
Tri8. XV. — LECANOREI.
Subtrib, 1. — P soro mei.
1. Psoroma (Fr. pr. p.) Nyl.
4. Ps. subpruinosum Nyl. — N.Zcland.
2. Ps. hypnorum Fr. — Eur., Amer.
var. coralloideum Nyl.— N. Zel. (Colens. n. 4548).
* Ps. paleaceum Fr. — Eur., ins. Maclov.
3. Ps. subhispidulum Nyl. — Ins. Borbon.
4. Ps. hispidulum Nyl. — Chili.
5. Ps. sphinctrinum (Mnt.). — Chili, Austral.
var. crispellum Nyl. — N. Zeland.
6. Ps. pallidum Nyl. — Fret. Magell.
7. Ps. xanthomelanum Nyl. — N. Zeland.
Subtrib. Il. —Pannariei.
sx. Panmaria Del., Nyl.
4. P. Gayana (Mnt.). — Chili, N. Zeland.
2. P. erythrocarpa Del. — Ins. Borb., Madag.
J LR
(1) Thallus forma laciniata ut in Parmeliis plurimis, apotheciis
ut in Lecideis (nigris), sterigmatibus simplicibus breviuseulis,
spermatiis rectis, sat brevibus. P. sorediata Fr. non differt a
cocoës Ach.
DES LICHENS. 109
lurida (Mnt.).— Ins. Sandwie., Borb., Madag., Philipp.
fulveseens (Mnt.). — Polynes., Fret. Magell.
pannosa Del. -— In omnib. terris tropicis, ins. Sandwic.
rubiginosa Del. — Eur., Amer.
var. radiata Nyl. — Amer. æquin., ins. Borb.
var. conoplea (Ach.) Fr. — Eur.
D © à
© ©
7. P. nigrocineta (Mnt.).—Am. mer., Afr.æquin., Java, N. Zel.
8. P. pholidota (Mnt.). — Amer. trop. et mer., N. Zeland.
9. P. imbricata Nyl. — Tasmania.
10. P. brunnea Mass. — Eur.
41. P. nebulosa Nyl. — Eur.
12. P. microphylla Mass. — Eur., Afr., Amer. bor., As.
43. P. Saubinetii (Mnt.). — Eur.
45. P. mierophylloides Nyl. — Chili.
45. P. triptophylla (Ach., Fr.) Nyl. — Eur., Amer. bor.
var. nigra (Ach.). —Eur., Afr., Amer. bor., N. Zel.
var. cæsia (Schær.). — Eur.
16. P. lutosa (Ach. s. Coll.) Nyl. — Gall., German.
17. P. Schæreri Mass. — Bavar.
48. P. subradiata Nyl. — Pyren.
19. P. Hookeri (Sm. E. B.t. 2283). — Scotia.
20. P. elæina (Whlnb.). — Lapponia.
21. P. muscorum (Ach.) Del. — Eur.
BEI. Coccocarpia Pers., Nyl. (1)
-4. C. plumbea (Lightf.). — Eur., Afr. bor.
2. GC. molybdæa Pers. — In omnib. terr. tropicis.
var. aurantiaca (Tayl.). — N. Zeland., Java.
C. incisa Pers. — Polyn.
* C. smaragdina Pers. — Polynes.
C. ciliolata Mnt. — Taiti.
(1) Nimis arcta est affinitas inter Coccocarpias et Pannarias.
In Coccocarpiis thallus ad formam radiato-submonophyllinam
tendens (sæpe concentrice versus ambitum rugulosam) et apo-
theciis constanter biatorinis levem offert differentiam a Panna-
ris. Pannaria plumbea Del. et auctor. omnino (ex. gr. in
Lusitania et Canariis) confluit cum Coccocarpia plumbea. Simi-
liter Erioderma vix differt a Pannaria. Sticta Groendaliana
Ach. idem est ac Nephroma unguigera Ach.
410 ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE +
ur. Erioderma Fée.
. E. unguigerum (Bor.). — Ins. Borbon.
2. E. polycarpum Fée, — Ins. Borb.
var. mexicanum Nyl. — Mexico.
3. E. chilense Mnt. — Chili.
v. Heppia Nxzs.
1. H. virescens (Despr.). (1)}— Eur., ins. Canar., Amer. bor.
2. H. solorinoides Nyl. — Syria.
va. Cora Fr.
1. C. pavonia Fr. —Amer. æquin., Polynes.
vis. Dichomema N. ab. Es.
1. D. sericeum (Sw.). — Amer. æquin., Polynes.
Subtrib. Ill. — Amphilomei.
VEsr. — Amphiloma Fr.
- À. lanuginosum Fr. — Eur.
2. A. gossypinum (Mnt.).— Amer. mer., Java. (An huj. gen.?).
=
à
Subtrib. IV. — Squamariei:.
IX. Squamaria DC.
Sectio A. — Thallus cartilagin. Spec. terrestr. vel saxicolæ.
. Squ. crassa DC. et v. Dufourei (Fr.). — Eur., Afr.
. Squ. lentigera DC. — Eur., Afr.
. Squ. gypsacea (Sm.). — Eur., Afr.
. Squ. Lagascæ (Sm.). — Eur.
. Squ. chrysoleuca (Sm.). — Eur., Am. bor., Himalaya.
var. peltata (DC.). — Eur.
var. liparia Ach.— Eur., Abyss., Am.,reg. antarct.
var. melaloma (Ach.). — Eur., Abyss.
6. Squ. cartilaginea DC. — Eur.
. Squ. saxicola (Ach.) Nyl. — Cosmopolita.
var. versicolor (Pers.). — Eur.
var. pruinosa (Chaub.).— Gall.
var. diffracta (Ach.). — Eur.
var. disperso-areolata (Schær.). — Eur.
8. Squ. squamulosa Nyl. — Chili.
9. Squ. lobulata Nyl. — Himalaya.
OX à O2 D) à
1
(4) Solorina virescens Despr. in hb. Bor. (Thuret) et sub nom.
Sol. Despreauxi in Mnt. Canar. p.104, t. 6, f. 8 (sed non fig.
Sporæ, quæ Solorinæ saccatæ)est H. urceolata Næg. et Lecan.
adglutinata Kphb.
=
à ©
44.
Pr:
. Squ.
. Squ.
OU:
. Squ.
. Squ.
Sectio B. — Thallus tenuior, radiatim laciniatus. Cortic., lignicolæ.
. Squ. ambigua (Wulf.). — Eur., Am. bor.
. Squ
x.
PIC
suite
DES LICHENS. f11
straminea (Ach.). —Eur., Amer. bor.
concolor (Ram.). — Eur.
gelida (L.) Nyl. — Eur., Amer., N. Zeland.
hiulea Nyl. — Chili.
lateritia Nyl. — Terra Kerguelen,
. aleurites (Ach.). — Eur., Amer. bor.
Subtrib. V. — Placodiei.
Piacodiasn DC., Nyl.
Sectio A. — Species cinerase. vel albicantes.
eandicans Dub. — Eur.
circinatum (Pers.) Nyl. — Eur., Afr., As.
var. myrrhinum (Ach.). — Eur., Afr.
var. variabile (Pers.) et psorale (Ach.). — Eur.
var. ecrustaceum Nyl.(PI. Agardh. Hepp n. 407).—Eur.
. Chalybæum (Duf.) Næg. — Eur.
. Reuteri (Schær.). — Helv., Pyren.
. alphoplacum (Whlnb.). — Eur., Amer. bor.
. melanaspis (Whlnb.). — Eur. septentr.
Sectio B. — Sp. th. flavesc., fulvesc. (uni [6] typice albic.,); ap. fulvese.
3 IE
Ra
PI.
teicholyvtum DC. — Gallia.
var. arenarium (Pers.). — Eur.
fulgens DC. — Eur., Afr.
var. bracteatum (Hffm.). — Eur.
. Drummondii (Tayl.). — Australia.
. aureum (Schær.) Nyl. — Helv., Pyren.
. Scorigenum (Mnt. sub Ævern.). — Ins. Canar.
. chrysochroum (Mnt.). — Peruv.
. rugosulum Nyl. — Chili, Tasmania.
. elegans DC. — Eur., Amer., As., Abyss.
. murorum DC. — Cosmopolita.
var. lobulatum (FIk.). — Eur., Afr., Amer., As.
var. steropeum (Ach.). — Gall., Scotia.
var. citrinum (Hffm.) Nyl. — Eur., Amer.
var. cinnabarinum (Ach.). — Eur. mer., terræ trop.,
Cap. B. Sp., Austr.
var. evanescens Nyl. — Ins. Maclov. (saxa quartz.).
callopismum Mér. — Eur.
flavorubens Nyl. — Afr. occid. tropica.
© D "I © ©
10.
11.
11925
13.
ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
Subtrib. VL. — Lecanorei sensu strictiori.
xr. Lecamora Ach. pr. p., Nyl.
a.
Pat Fa
— Stirps Lecanoræ cerinæ. Ap. sæpe biatorina.
cerina Ach.— Eur., Afr., Amer. bor.
var. biatorina Nyl. (ff. gilva, pyracea, holoc. Ach.).—Eur.
var. rupestris (Scop.).—Eur., N.Zel. (coll. Col. n. 5285).
var. stillicidiorum Schær. — Eur.
. hæmatites Chaub. — Eur.
. fuscolutea (Dicks.). — Eur.
. aurantiaca (Lightf.). Eur., Afr., Am., Austr.,ins.Sandw.
var. erythrella (Ach.}. — Eur., Amer.
var. convexa Nyl. — Norvegia.
. ochracea (Schær.). — Eur. mer., Ind.occid.
. Brebissonii (Fée. s. Lecid.). — Peruv.,ins. Sandwic.
. ferruginea (Huds.). — Eur., Afr., Am., As.
var. polypæna (Ach. in hb. Duf.). — Hispan.
var. fuscoatra (Bayrh.).— Eur.
L. Lallavei (Clem.). — Eur. mer. et temper.
L. rubelliana Ach. — Eur. (Helv., Pyren.).
L.
L
L
b
epanora Ach. — Eur., (Pyren., Helv., Norveg.).
. phlogina (Ach.) Nyl. — Eur.
. vitellina Ach. — Eur., Abyss., Amer. bor.
.— Stirps Lecanoræ cervinæ.
* Species cervinæ vel fuscese. vel nigricantes.
. purpurascens Nyl. — Gall. mer.
. endocarpea (Fr.). — Hispan., Alger.
. molybdina Ach. — Eur. sept., Amer. sept.
. cervina Ach. (L. rufescens Borr.).— Eur., Afr., Amer.
var. smaragdula Schær.— Eur.
var. castanea Schær. (et glaucoc. Schær.).— Eur.
var. sinopica Schær. — Eur.
var. pruinosa (Lecidea Sm.). — Eur.
var. simplex (Lichen Dav.). — Eur.
var. cineracea Nyl. (terrestris). — Gall.
. Heppii (Næg. s. Myriosp., ex Arn.). — Bavar.
. oligospora Nyl. — Gall. mer.
. rütilans (Krb.). — Germania.
. phylliscum Nyl. — Chili.
. Strigata Nyl. — Chili.
sk,
Species citrinæ,
chlorophana Ach. — Eur., As.
DES LICHENS. 115
var. oxytona Ach. (ap. lecanor.). — Eur.
var. tersa (Fr., Mnt.). — Pyren. orient.
149. L. Schleicheri (Ach.).— Eur. mer., Afr. bor.
* L. microcarpa Nyl. — Gall. mer. (Agde).
© L. dealbata DR. — Algeria.
20. L. xanthophana Nyl.(L. bella Nyl. olim).— Chili, Ind. occ.
c. — Stirps Lecanoræx cinercæ.
21. L. cinerea (L.). — Eur., Afr., Am.
var. cinereorufescens (Ach.).— Eur.
var. Acharii (Westr.). — Eur.
var. diamarta (Ach.). — Eur.
” L. gibbosa (Ach., L. tuberculos. Sm.). — Eur.
* L. calcarea (L.). — Eur., Afr., Amer., As.
f. phlyctiformis Nyl. — Gall. mer.
f. farinosa (FIk.). — Eur.
f. cæsioaiba (Fr.). — Eur.
f. Hoffmanni (Ach.). — Eur.
f. lundensis (Fr.). — Eur.
. odora (Ach., Krb. L. sel. 39). — Eur.
. esculenta Eversm. — Afr. bor., As.
var. fruticulosa (Eversm.). — As.
. oculata (Dicks.). Sp. dub. — Eur. sept., Amer. sept.
. mutabilis (Ach.).— Eur., Afr. bor.
. verrucosa Laur. — Eur., Amer. bor.
. ambigens Nyl. — Cap. B. Sp.
. microcarpa Nyl. — Ins. Maclov.
29. L. amphorella Nyl. — Mexico.
d. — Stirps Lecanoræ tartareæ.
30. L. parella Ach. (et f. Upsaliensis). — Cosmopolita.
var. pallescens Ach. — Eur.
var. Turneri (Sm.). — Eur.
31. L. tartarea Ach. — Eur., Afr., Amer.
var, frigida et gonatodes Ach.— Eur. sept., Am. sept.
32. L. subtartarea Nyl. — Peru.
e—Stirps Lecanoræ subfuscæ.
* Apoth. pallida, flavese., fusca vel nisra.
33. L. parellina Nyl. — Chili, Java, N. Zeland.
34. L. carneolutescens Nyl. — Mexico.
35. L. carneopallida Nyl. — Eur. bor.
36. L. leucolepis Ach. — Lapp.
* L. asperella Hmp. — Cap. R Snei.
h2
9
ll)
9
©
SEM:
114
2 FA PE
. Subfusea Ach. — Cosmopolita.
40. L.
ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
granulata Nyl. — Madag.
var. epibrya (Ach.). — Eur., Amer.
var. angulata (Ach.). — Eur.
var. albella (Pers.).— Eur., Amer.
var, muralis Nyl. (galactina Ach. pr. p.).— Eur.
var: lainea (Ach.). — Eur.
. Hageni Ach. etf. crenulata (Dicks.). — Eur.
39." L-
cenisea Ach. — Eur.
Î. calcarea (ecrustacea). — Eur.
f. cateilea (Ach., corticola). — Eur.
glaucoma Ach. — Cosmopolita.
var. subcarnea (Ach.). — Eur.
var. corrugata Nyl. — Alger.
var. lecideina Schær. — Eur. (alp.).
æruginosa Nyl. — Chili.
blanda Nyl. — Peruv.
cæsiorubella Ach. — Amer., Madag.
helicopis (Whlnb.). — Eur. arct.
erysibe (Ach.). — Eur.
fuscococcinea Nyl. — Ins. Borbon.
. Scrupulosa Ach. — Eur.
var. microspora Nyl.— Brasilia.
. athroocarpa Dub. — Eur.
var. conferta (Fr.). — Gall., Germ.
. sulfureoatra Nyl. — Ins. Canar.
. constans Nyl. — Gall. (Paris.).
. varia Ach. — Eur., Afr., Amer. bor.
var. lutescens (DC.). — Eur.
var. symmicta (Ach.). — Eur.
var. orosthea (Ach.). — Eur.
var. polytropa (Ehrh.). — Eur.
var. aitema Schær. {et f. sarcopis). — Eur.
. Sulfurea Ach. — Eur., Afr.
. frustulosa Ach. — Eur.
var. thiodes Schær. — Eur.
var. subventosa Nyl. — Amer. arct.
54. L. atra Ach. — Fere cosmopolita.
55. L. erythrinosa Nyl. — Brasil.
56. L. granifera Ach. — Afr. ct Amer. æquin.
Et h:
sulfurecofusea Fée. — Amer., mer.
M.
DES LICHENS. 115
. L. platygraphoides Nyl. — Ind. or.
L. torquata (Fr.). — Helv., Gall.
. L. badia Ach. — Eur., Amer.
L
. atriseda (Fr.). — Eur.
L. Montagnei (Fr.). — Gall. mer.
L. cupreobadia Nyl. — Pyren.
L. olivacea (Duf.). — Gall. mer.
** Apoth. læte rubra. Sporæ 3-septatæ aut murales.
L. rubra Ach. — Eur., Afr., Amer.
L. chrysosticta (Tayl.). — N. Zeland.
f. — Stirps Lecanoræ sophodis.
* Thallus flavescens vel flavus. (1)
. L. carphinea Schær. — Pyr. or., Gall. mer.
. L. oreina Ach. — Eur., Amer. bor.
L. lepida Nyl. — Brasilia.
** Thallus cinerase. vel fuscese. aut (in 74) albus.
0. L. infuscata Nyl. — Chili.
1. L. sophodes Ach. — Eur., Afr., Amer., As.
12
ff. metabolica (Ach.) et atrocinerea (Fr.).— Eur.
ff. lævigata (Ach.) et controversa (Mass.).— Eur.
var. Zwackhiana (Kmphb.). — German.
72. L. turfacea Ach. — Eur. (alp.).
73. L. amniocola Ach. (vix dist. a præced.) — Eur. (alp.).
74. L. milvina (Whlnb.). — Eur. sept.
75. I. subsophodes Nyl. — Am. aret.
76. L. isidioides (Borr. £. B. t. 2808). — Anglia.
g. — Stirps Lecanoræ ventosæ.
77. L. punicea Ach.—Omn. reg. tropicæ, Cap. B. Sp., Austral.
78. L. rufidula Fée. — Peruv.
. L. hæmatomma Ach. — Eur., Amer.
L. elatina Ach. — Eur.
L. ochrophæa (Tuck.). — Amer. bor.
. L. ventosa Ach. — Eur., Amer., As.
xs. Gliypholecia Nyl.
. Gl. placodiiformis (Del.) Nyl. — Alp. Helvet.
(4) In speciebus 67, 68 thallus est placodiiformis, radiosus,
sed spermogonia sterigmata simplicia breviuseula offerunt, quare
mox hæ species a Placodiis recedunt. In £L. lepida, quæ est
corticola, thallus citrinus continuus. — £Lichen Hookeri Sm.
E. B. t. 2283 cest Pannaria nec bhuius stirpis, ut cum auctori-
bus olim putavimus.
116 ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
2. GI. rhagadiosa (Ach. s. Lecan.). — Sabaud.
3. Gl. candidissima Nyl. — Alger. (1)
xx. Peltuia Nyl.
1. P. radicata Nyl. — Algeria (Biskra).
xAY. Dermaatiseuen Njl.
4. D. Thunberzii (Ach. sub Endocarpo). — Cap. B. Spei.
xw. Ureeeïazia Ach. pr. p., Nyl.
4. U. ocellata DC. — Eur., Afr. bor.
2. U. cinereocæsia Swariz. — Amer. æquin.
3. U. scruposa Ach. — Eur., Afr., Amer., As., Polyn.
var. diacapsis Schær. — Eur., Afr.
var. cretacea Schær. — Eur.
var. bryophila Ach. et ecrustacea Nvyl. — Eur.
* U. areolata Nyl. (var. præced. ?). — Peru.
4. U. actinostoma Schær. — Eur., Ind. or.
xvwa. Diréma Fr., Nyl.
D. repanda (Fr.) Nyl.— Eur. mer., Afr., Ind. or.
D. capensis (Fée hb.). — Cap. B. Spei.
D. limitata Nyl. — Chili.
xvar. Pertusaria DC.
Sectio A.— Species thecis normaliter 1-2-sporis.
maerospora Hepp. — Helvetia.
communis DC. — Cosmopolita.
melaleuca Dub. — Eur.
punetata Nyl. — Ind. orient.
œ 1
4. P. coccodes (Ach., hue et ceuthoc. Fr.). — Eur.
5. glomerulata Nyl. — Finland. (ad Aboam).
6. Futchinsiæ (Turn. et Borr.).— Hibern.
5 ceuthocarpa (Sm.) Borr. (non Fr.). — Hibernia.
8. P. pilulifera (Pers.). — Amer. mer., ins. Afr. mer.
9. globulifera (Sm.). — Eur., Amer., As.
10. eæsioalba (Flot.). — Eur., Afr., As.
11 subverrucosa Nyl. — N. Zeland.
Sectio B. — Species thecis normaliter 5-8-sporis.
flavens Nyl. — Madagascar.
. Wulfenii DC. — Eur., Amer.
pustulata Ach. — Eur.
1
a) aa Ma Ma 9-9 5
(1) Huie generi adhue pertinere videntur Lecanora grumulosa
Schær. Enum. p. 57 et Lecidea lepadina Smrf. Lapp. p. 145.
M OiAeNn CT CANTONS
DES LICHENS. 117
15. P. chiodectonoides Fée. — Amer. æquin.
16. P. Sommerfeltii (FIk.). — Lapp.
47. P. cucurbitula Mnt. et var. Iævigata Nyl. — Chili.
48. P. trypetheliiformis Nyl. — Taïti.
19. P. Acharii Fée. — Amer. mer.
20. P. cryptocarpa Nyl. — Peruv.
21. P. dermatodes Nyl. — Polynes.
22. P. papillulata Nyl. — Chili.
23. P. globularis Ach. — Amer. bor.
2%. P. leioplaca Schær. (1) — Cosmopolita.
25. P. verrucosa Fée. — Amer. mer.
* P. Quassiæ Fée. — Amer. mer.
26. P. glomerata Schær. — Eur. (alp.).
27. P. concreta Nyl. — Amer. bor. et arct.
28. P. xanthostoma Fr.— Lapp., Norvegia.
29. P. lecanorina Nyi. — Chili.
30. P. subglobuiifera Nyl, — N. Zelandia.
31. P. erubeseens (Tayl. s. Urceol.). — Ins. Maclovian.
32. P. melanospora Nyl. et var. calcarea. — Chili.
33. P. phlyctænula Nyl. — Chili.
XXE. Variceilazia Nyl. (Sporæ 1-septatæ).
1. V. microsticta Nyl. — Amer. septent.
xax. Pialyvetis Wallr.
4. Phl. agelæa Wallr. — Eur.
2. Phl. argena Wallr. — Eur.
3. Phl. boliviensis Nyl. — Bolivia.
4. Phl. leucosticta (Mnt.s. Pertus.). — Guyan. gallica.
xx. Fheloérezaa Ach., Nyl.
a. — Sporæ parvæ hyalinæ.
4. Th. crassulum Nvl. — Ins. Borbon.
2. Th. microporum Mnt. — Taïiti, Java.
3. Th. myriotrema Nyl. (Myriotr. Fée). — Amer. mer.
(4) Porina subcutanea Ach., P. papillata Ach., P. peliosto-
ma Ach
., P. depressa Fée, P. sclerotium Kée, P. tetratha-
lamia Fée mihi specie nondifferre videntur a P. leioplaca Schær.
— Perti
Fries.)
«s. nivea Fr., cujus speciminulum unicum cognitum (hb.
analysi subjicere non contigit verrucas thallinas habet
parvas (fere ut conceptacula «Pyren. leucocephalæs monohyme-
neas).
118
4.
5.
6.
=?
e
ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
Th. myriotremoides Nyl. — Amer. mer.
Th. leptoporum Nyl. — Ind. occid. (Ins. Pinos).
Th. pachystomum Nyl. — Peruv.
b. — Sporæ minores s. mediocr. hyal. (raro fuscese. s. infuscatæ).
. Th. dehiscens Nyl. — Guyan. brit.
Th. clandestinum Fée. — Amer. mer.
. Th. cavatum Ach. (Th. Bonpl. Fée).— Am. et Afr. æquin.
var. obturatum (Ach.). — Afr. occid.
var. granuliferum Nyl. — Ceylon.
var. porinoides (Mnt. et v.d. B.). — Java.
var. dolichosporum Nyl. — Noukahiva.
40. Th. conforme Fée. — Amer. mer., Java.
11. Th. concretum Fée. — Amer. merid.
42. Th. olivaceum Mnt. — Amer. merid.
43. Th. bicinctulum Nyl. — Carolin. merid.
14. Th. calvescens Fée. — Amer. merid.
45. Th. leucotrema Nyl. — Guyan. gall.
46. Th. platystomum Mnt. — Guyan. gall.
47. Th. terebratum Ach. — Amer. merid.
48. Th. albidulum Nyl. — Amer. æquin.
49. Th. sordidescens Fée. — Amer. æquin. (End. occid.).
. Th. phlyctideum Nyl. — Bolivia.
. Th. Bahianum Ach. — Amer. merid.
Th. myriocarpum Fée. — Amer. merid.
c. — Sporæ magnæ multilocular. s. murali-divisæ.
. Th. lepadinum Ach.—Eur.,Afr. (C.B. Spei), Am., N.Zel.
. Th. depressum Mnt. — Guyan. gall.
3. Th. monosporum Nyl. — Guyan. gall.
. Th. leioplacoides Nyl. — Cap. B. Spei.
. Th, cryptotrema Nyl. — Guyan. gall.
d. — Sporæ fuscæ varie divisæ.
. Th. compunctum (Sm., Ach. s. Urceol.). — Amboyna.
. Th. pertusarioides Nyl. — Amer. æquin. (Columbia).
Th. Auberianum Mnt. — Amer. æquin.
. Th. fissum Nyl. — Ins. Bornia.
. Th. Wightii (Tayl. s. Endoc.).— Amer. bor. (subæquin.).
. Th. distinctum Nyl. — Amer. mer.
Th. phæosporum Nyl. — Polyn. (N. Irland.).
. Th. bisporum Nyl. — Ind. oecid.
. Th. Prevostianum Mnt. — Cuba.
xxI. Ascidium Fée, (Vix differt a Thelotr.).
. Ase. domingense (Fée hb.). — Ins. S. Doming.
DES LICHENS. 419
2. Asc. cinchonarum Fée. — Amer. mer. æquin.
3. Asc. rhodostroma Mnt. — Guyan. gall.
4. Asc. monobactrium Nyl. — China.
Xxur. Gymamoérenaa Nyl. (1)
4. G. atratum Fée. — In plurim. terris æquin.
_ xxsse. Belomia Krb.
1. B. russula Krb. EL. sel. 79. — German.
Tri8. XVI. — LECIDEINEIL.
1. Cocnmogomieuma Ehrnb. (Filamenta articulata).
4. C. Linkii Ehrnb.—Jn terris omn. tropicis, Austr.(N. Zel.).
2. C. implexum Nyl. — N: Hollandia.
3. C. confervoides Nyl. — Amer. mer., Polynes.
4. C. complexum Nyl. — Bolivia.
11. Byssocaulom Mnt., em. defin. (Fil. non artic.).
a — Thallus in lacinias dispositus.
4. B. niveum (Mnt.). — Ins. J. Fernand.
2. B. filamentosum (Bab.). — N. Zeland.
b. — Thallus crenulato-efigurat. Crocynia Ach.
3. B. molle Sw. (in hb. Turn., Hook.).— Am. æqu. et mer.
4. B. molliusculum (Fée hb.). — Ins. Borbon.
sea. Lecidea Ach., Nyl.
Sectio A.— Apothecia normaliter læte tincta, concava. Gyalecta Ach.
L. carneolutea (Turn.). — Angl., Gall. occid.
L. exanthematica (Sm.). — Eur.
L. epulotica Ach., Hepp. — Helvetia.
L. Prevostii Schær. — Eur.
var. coerulea (DC. s. Verr.). — Eur.
L. cupularis Ach. — Eur., Amer.
L. foveolaris Ach. — Eur.
6. L. geoica Ach. — Scandin. (Gottl., Finl. mer.).
7. L. truncigena (Ach.). — Eur. ;
(1) Gymnotrema modo apotheciis denudatus, nee a thallo plus
minus teetis, distat a Thelotremate, quare hic potius disra-
nendum sit quam inter Lecideineos. — Similiter fere quou
Varicellaria differt a Pertusaria. In V. microsticta spor.
omnium lichenum maximæ, longit. adtingentes prope 0, 3 mm,
latit. 0,143. — Ozocladium Leprieurii Mnt., a nobis non visum,
Lecanoreorum tribus sistat genus peculiare, recedens, sed
descriptio nimis manca. f
120 ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
8. L. chrysophæa (Pers.). — Gallia.
9. L. carneola Ach. — Eur., Amer. bor.
10. L. thelotremoides Nyl. (Thel. gyal. Mass.). — Eur.
41. L. leucaspis Kmphb. — Bavar.
42. L. pallida (Pers.). — Gall.
43. L. lutea Schær. — Eur., Amer., ins. Sandwic.
44. L. pineti Ach. — Eur., Amer.
Sectio B. — Apoth.plana s. convexa, fypice non nigra. Biatora Fr.
a. — Thallus squamulosus. Sporæ simplices.
45. L. lurida Ach. — Eur., Afr.
16. L. globifera Ach. — Eur., Amer., As.
47. L. compacta Nyl. — Ins. Borb.
48. L. rufonigra Tuck. — Amer. bor.
49. L. testacea Ach.— Eur.
20. L. javanica Schær.— Java.
21. L. ochroxantha Nyl. — Peruv., Boliv.
22. L. parvifolia Pers. — Omn. terræ tropicæ.
” L. byssiseda Nyl. — Mexico.
23. L. pannarioides Nyl. — Fret. Magell. (PI. Lechl. 1347).
24. L. blepharophora (Bél. sub Coll.). — Java.
b. — Thallus areolat., granul., æquabilis s. evanescens.
* Thallus areolatus.
25
viridiatra Stenh. L. S. 403. (ap. nigric.). — Scandin.
. panæolaris Nyl. /B. panæola Fr.). (1) — Suecia.
. griseo-coccinea Nyl. — Himalaya.
. flavo-rufescens Nyl. — Scotia.
** Thallus granul., pulver., æquab. v. evanescens.
. russula Ach. — In omn. terris trop., Eur. mer., Lusit.
var. leprosa Nyl. — N. Holland.
LE]
+ NS
ESSENTIELLES
30. L. cinnabarina Smrf.—Eur.etAmer. arct., N. Holl.(alp.).
31. L. intermixta Nyl. — Eur., Afr., Amer.
var. parasemoides Nyl. — Gallia (Paris.).
* L. subfuscata Nyl.— Cap. B. Sp., Ceyl., Polyn.
32. L. diaphana (Krb. L. sel. 11). — Germ.
33. L. mutabilis Fée. — Amer. mer., Mexico.
34. L. luridescens Nyl. — Himalaya.
35. L. subrubescens Nyl. — Ind. occid.
36. L. Lightfootii Ach. — Eur. (Angl., Gall.).
(1) Huc accedit L. castaneola Duf. (Parm. Fr. L.E. p. 152),
saxicola in Gailia meridionali lecta, parum cognita (cf. Nyl.
Prodr. p.113, not.).
DES LICHENS. 191
37. L. canorubella Nyl. — Guyan. gall.
38. L. microsperma Nyl. — Ins. Borbon.
39. L. mauritiana Tayl.— ins. Maur., Borbon.
49. L. flavopallescens Nyl. — N. Zeland.
41. L. Ehrhartiana Ach. — Eur.
42. EL. xanthella Nyl. — Pyren.
43. L. lucida Ach. — Eu:., Amer.
4%. L, croceella Nyl. — N. Holland.
45. L. pyrophthalma (Bab. sub Parm.).— N. Zeland.
46. L. piperis Spr. (B. vestita Mnt. Cub.). — Amer. æquin.
47. L. hypomela Nyl. — Boliv., Brasil.
48. L. aurigera Fée. — Amer. bor.
49. L. triptophylloides Nyl. — Bolivia.
50. L. sanguineoatra Ach. — Eur., Afr., Amer. bor.
var. planiuseula Nyl. — Gall. (Voges.).
var. furfuracea (Pers.). — Amer. mer.
* L. fuscorubens Nyl. — Eur.,ins. Canar.
51. L. vernalis Ach. — Eur., Afr., Amer.
var. muscorum (Schær.).— Eur., Afr., Am.
var. milliaria (Fr.).— Eur., Afr., Amer.
var. melæna Nyl. — Eur.
var. anomala (Ach. et f. Wallrothii Tul.). — Eur., Afr.
varr. turgidula (Fr.)et similis (Mass.).— Eur.
varr. denigrata (Fr.) et prasina (Schær.).— Eur.
var. sabulosa (Krb.). — Eur.
var. trachona (Flot.). — Eur., Amer. bor.
var. montana Nyl. (L. sabuletor. auctt. pr. p.). — Eur.
* L. eyrtelloides Nyl. — Ins. Sandwic.
82. L. cuprea Smrf. — Eur. (alp.).
53. L. viridescens Ach. et v. gelatinosa (FIk.). — Eur.
54. L. flexuosa (Fr.). — Eur.
55. L. decolorans FIk. — Eur., Amer. bor.
56. L. glebuiosa Fr. (non E. Bot.). — Eur.
57. L. atrorufa Ach. — Eur. (præs. bor. et alp.).
58. L. uliginosa Ach. et var. cænosa (Ach.).— Eur.
59. L. quernea Ach. — Eur., Amer. bor.
60. L. adpressa Hepp. — Helvetia.
61. L. metamorphea Nyl. — Gall. occid.
62. L. hyalinescens Nyl.— Pyren. (Bagn. de Big.).
63. L. protuberans Ach. — Eur.
6%. L. albieans Nyl. — Ind. orient.
: POBRHÉREHEE
a
co
Eee
ENUMÉRATION GÉNÉRALE
phæops Nyl. — Seand. (Holmiæ).
. coarctata (Ach.). — Eur., Afr., Am., Austral.
, Bruyeriana (Schær.). — Voges.
. lævigata Nyl. — Gail. occid. (Cherbourg). :
. gibbosa (Ach., L. dispersa Nyl.). — Eur.
** Th. granulos., pulver. s. evanese. Sporæ aciculares.
rosella Ach.— Eur.
luteola Ach. — Fere cosmopolita.
var. inundata (Fr.) et fuscella Fr. — Eur.
var, arceutina Ach. — Eur., Amer.
var. endoleuca Nyl. — Eur.
var. incompta (Borr, ç. f. muscorum F{.D.). — Eur.,
ins. Sandwic.
cupreorosella Nyl. (B. cuprea Mass.). — Bavaria. ne
lavicans Nyl. — Gall.
holomelæna (FIk.). — Eur.
. cæsilia Nyl. (B. cæsia Næg.). — Eur.
patellarioides Nyl: — Alger.
Leprieurii Mnt. — Guyan. gall.
millegrana (Tayl. s. Lecan.). — Amer. æquin.
subluteola Nyl. — Brasilia.
psorina Nyl. — Ind. orient.
dryina Ach. et v. lilacina Ach. — Eur.
Thallus parcus vel evanesc. Sporæ globul., thecæ sæpius polysp.
fossarum Duf., Nyl. — Eur., Afr.
resinæ Fr. et v. tantilla Nyl. — Eur.
fuscescens Smrf. — Eur.
var. microspora Nyl. — Ad Monachium.
globulispora Nyl. — Fret. Magell.
conspersa Fée. — Amer. merid.
. flavoalba Nyl. — Peruv.
*** Thallus granul., æquab. s. evanese. Excip. crass., thecæ sæpius 1-2-sporæ.
+ Sporæ l-septatæ.
versicolor Fée. — Amer. merid.
f. vigilans (Tayl.). — Peruvia.
. megacarpa Nyl. — Ins. Borbon.
grandis Nyl (Het. tait. M. et v. d. B.). — Java.
marginiflexa (Tayl., Bab.). — Austral., N. Zel.
var. nilgherrensis Nyl. — Ind. or.
glaucescens Nyl. — Peruv.
taitensis (Mnt.). — Polyn.
L
L
L
L.
L
. L. admixta Nyl. — Amer. mer.
L
L
L
L
L
DES LICHENS. 129
L. endochroma Fée.—
++ Sporæ pluriseptatæ.
. L. pachycarpa Duf. — Eur.
L. tuberculosa Fée. — Amer. æquin., Madag.
. L. melanocarpa Nyl. — Madag.
. L. quadrilocularis Nyl. — Boliv.
. L. coccodes (Bel.). — End. orient.
. L. domingensis (Ach.). — Ind. oceid.
. L. flavoerocea Nyl. — Cap. B. Spei.
++ Sporæ murali-divisæ.
. pezizoidea Ach. —Eur., Amer. bor.
. cupulifera Nyi. — Sumatra.
. Cuticula Fée. — Amer. mer.
lecanoreila Nyl. — Guyan. gall. (Lepr. 1278).
. heterospora Nyl. — Guyanu. gall.
. argentea (Mnt.). — Taïiti.
reveniens Nyi. (Sporop. Lepr. Mnt.). — Guyan. gall.
. phyllocharis (Mnt.). — Taïti, Brasil.
. tristis Mnt. — Taïiti.
. leucoxantha Spr. (B.tricol. Mnt.).-Am., Afr.m., Polyn.
var. bispora Nyl. — Guyan., ins. Maurit.
var. ochrocarpa Nyl. — Ins. Maurit.
Sectio B. — Apothecia typice atra. — Lecidea sensu Fr.
103.
10%.
105.
106.
107.
108.
109.
110,
a. -— Thallus radios. vel laciniato-radiosus.
L. epigæa Schær. — Eur. mer., Afr. bor.
L. canescens Ach. — Eur., Afr., Ind. or.
L. opaca Duf. et f. adglutinata (Duf.).— Eur.
L. australissima Nyl. — Reg. antarct. (ins. Cockb.).
L. morio Schær. et var. coracina Schær. — Eur. (alp.).
b. --- Thallus cartil.-squamulos. s. turgide areolatus.
L. decipiens Ach. — Eur., Afr., Amer. bor., Austral.
L. endochlora Tayl. — Amer. mer.
L. mammillaris Duf. — Eur. mer.
c. -— Thallus varius. Spermatia arcuata.
L. cæsio-candida Nyl. — Eur. (Pyr., Ital.). :
L. candida Ach.— Eur., Afr., Amer.
L. vesicularis Ach. — Eur., Afr., As., Am.
L. pennina Schær. — Helvet.
L. accedens Nyl. — Chili.
. L. tabacina Schær. — Eur., Afr. A +
L. albilabra Duf. — Eur. merid.
Merle So A M el
ÉNUMERAuIUN GENERALE
. cæsiopallida Nyl. — Cap. B. Sp.
. nigropaliida Nyl. — Cap. B. Sp. (Drège 9286).
. squalida Ach. — Eur.
cinereovirens Ach. — Eur., Afr.
. conglomerata Ach. — Eur. (alp.).
aromatica Ach. — Eur.
acervulata Nyl. — Suecia (Salæ).
verrucarioides Nyl. — Pyren. (Bagn.de Big.).
accline Flot. — Eur. (Germ., Helv. et Ital.).
. parasema Ach., Nyl. — Fere cosmopolita.
var. coniops Ach. — Eur., Amer.
var. crustulata (FIk.) Desmaz. — Eur., Afr.
var. enteroleaca (Ach.).—Eur., Afr., As., Am. bor.
var. elæcth:6 na (Ach.). — Eur., Afr.
var. exigra (Cheup.). — Eur., Amer.
var. lutcsa (Schær.). — Eur., Afr. bor.
. ærug:.osa Nÿl. — Chili.
. episema Ny;l. — Eur.
. vitellinaria Nyl. — Eur. (Suec., Angl.).
. collematoides Nyl. — Eur. (Paris.).
. confusa Nyl. (et f. fuliginosa Tayl.). — Eur.
var. pyrenaica (Schær. s. L. cinereor.). — Eur.
. jurana Schær. — Eur,
. microspora Nyl. — Pyren.
. miscella Ach. — Eur. (etiam Gall.).
. Dovrensis Nyl. — Eur. (Norveg.).
. arctica Smrf. — Eur. (alp.).
. sordidula Nyl. — Ind. or.
. — Thallus areol., granul. s. pulver. s. evanese. Sperm. recta.
* Thallus cinerase., fulvese., flavic., rufese. aut albus.
. caudata Nyl. — Eur. (præs. bor.).
. lugubris Smrf. — Eur. (præs. bor.).
. tenebrosa Flot. — Eur.
. intumescens (Flot.) Nyl. — Eur.
. Coracina Moug. (conf. ce. sequ.).— Voges.
. atroalba Flot. — Eur.
. atroalbella Nyl. —Eur., Afr., Am., Polyn., Austral.
. ocellata FIk., Zw. Exs. 135. — Germ., Gall. (Paris.).
f. ferruginosa Nyl. — Himalaya.
. badioatra FIk., Schær. — Eur.
. fuseula Nyl. — Chili.
152. L.
ÿ 1 Fe
. albocoerulescens Fr. — Eur., Amer.
1464. L
165. L.
166. L
DES LICHENS. 125
. petræa Flot. — Eur., Afr., Amer., As,, Austral.
var. concentrica (Dav.). — Eur.
. umbilicata Ram. — Eur.
. geminata Flot. — Eur., Afr. (alp. Abyss.).
. Montagnei Flot. — Eur.
. petræoides Nyl. — Tasmania.
. panæola Ach. — Eur. (præs. bor.).
. contigua Fr. — Eur., Afr., Amer.
var. confluens (Schær.). — Eur.
var. platycarpa (Fr.) et f. ochrochlora (Ach.).— Eur.
varr. flavicunda et flavocoerulescens (Ach.). — Eur.
var. albocoerulescens (Ach., Schær.). — Eur.
var. calcarea Fr. — Eur.
. subdispersa Nyl. — Algeria.
. turgida Schær. — Eur.
lapicida Fr. — Eur.,N. Zel. (Colens. 4803).
var. silacea (Ach.) Fr. — Eur., Afr.
tessellata FIk. et var. daphæna(Smrf.). — Eur., Am.
polycarpa Fr. — Eur., Amer.
var. goniophila (Schær.).— Eur.
var. atrosanguinca (Hffm.) Nyl. — Eur.
. Cyclisca Mass. — Bavaria, Italia.
. calcivora (Ehrh.) Nyl. et v. chondrodes (Mass.).— Eur.
ASIE
156. L.
. ambigua Ach. — Eur., Amer.
sublugens Nyl. (Stenh. lugubr. Mass.). — Bavar.
advena Nyl. — Himalaya.
var. melanophæa Fr. — Eur.
. fuscoatra Ach. — Eur., Afr., Amer. bor., As.
varr. deusta Stenh. etgrisella (FIk.).— Eur.
. atrobrunnea Schær. — Eur., As. min. (alp.).
. armeniaca Schær. — Eur., As. (Himal.).
. aglæa Smrf. — Eur. (alp.).
. areolata Shær. — Helvet. (alp.).
. elata Schær. — Eur.
. ænea Daf., Nyl. — Pyren. (alp.).
. leptocarpa Nyl. — Tasmania.
rivulosa Ach. et v. Kochiana Schær. — Eur.
. lenticularis (Ach.) (1) — Eur., Afr. bor.
(4). Mujus sunt synonyma L. Gageilook., L,. prominula et
chalybeia Borr., Biatorina Heppiüi Mass. etc.
126 ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
167. L. exilis (FIk.) Nyl. — Eur. (Germin.).
168. L. trachylina Nyl. — Gall. (Falaise).
169. L. fuscorufa Nyl. — Peruvia.
470. L. myrmecina Fr. — Eur.
171. L. ostreata Schær. — Eur.
172. L. caradocensis Leight. — Angl.
473. L. Stuartii Hmp. — Tasm., N. Holland.
474. L. xanthococea Smrf. — Scandin.
475. L. euphorea (FIlk., Fr. L. S. 154). — Eur.
var. ccrustacea Nyl. — Eur. (Gall.).
476. L. premnea Ach., Nyl. — Eur., Java.
177. L. abietina Ach. et v. incrustans (Fr.). — Eur.
478. L. amylacea (Ehrh.). — Eur.
179. L. depauperata Nyl. — Eur. (Faur.).
480. L. alboatra Schær. — Eur., Afr., Amer. bor.
f. epipolia (Ach.). — Eur., Afr., Ind. or.
var. populorum (Mass.). — Eur.
181. L. triphragmia Nyl. — Eur., Amer., Madag.
482. L. disciformis Fr: — Cosmopolita.
var. stigmatea (Ach.) Nyl. — Eur., N. Holl.
var. ecrustacea Nyl. — Eur., Afr.
var. halonia (Ach.). — Cap. B. Spei.
var. æruginascens Nyl. — Chili.
var. cæsiopruinosa Nyl. — Chili.
var. albula Nyl. — N. Zel. (Colens. 5021).
483. L. sagedioides Nyl. — Eur. d
184. L. flavoareolata Nyl. — Chili. À
185. L. miecraspis Smrf. (Cal. saxat. Schær.). — Eur.
486. L. myriocarpa (DC.) Nyl. — Eur.
487. L. nigritula Nyl. — Eur.
188. L. cerebrina Schær. (fere Opegr.).— Eur. (alp.).
189. L. subcervina Nyl. — Amer. max. mer. (Cap. Horn).
190. L. badia Flot., Nyl. — Eur.
491. L. Hookeri Schær. — Eur.
192. L: grossa Pers. — Eur., Amer., Austral.
493. L. inçana Del., Nyl. — Eur. (Gall. oce., Scotia).
“* Thallus citrinus.
+ Sporæ fuscæ 1-6-septatæ.
49%. L. galbula (Ram., L. Wahlenb.Ach.).—Eur., Am. bor.
495. L. scabrosa Ach. — Eur., Amer. bor.
196. L. alpicola (Ach.) Nyl. — Eur., 4s. (alp.).
DES LICHENS. 427
497. L. geographica et v. atrovirens Schær. — KFere cosmopol.
var. viridiatra (Flot.). — Eur.
++ Sporæ incolores, aciculares.
498. L. citrinella Ach. et v. alpina (Schær.).— Eur.
e. — Species parasit., apoth. ad thallos alien. obviis.
* Species sporis septatis s. multilocularibus.
499. L. parasitica FIk. — Eur.
209. L. aliena Nyl. — California.
261. L. glaucomaria Nyl. — Eur.
202. L. uniseptata Nyl. — Helvetia.
** Sporis simplicibus (E pithallia).
203. L. oxyspora (Tul. s. Abroth.). — Eur., As. min.
20%. L. oxysporella Nyl. — Eur. (Rhæt.).
205. L. inquinans (Tul. s. Abroth.). — Gall. (Paris.).
f. — Thecæ monosporæ.
206. L. sanguinaria Ach. — Eur., Amer. bor.
var. affinis (Schær.). — Eur.
207. L. glabrescens Nyl. -— Amer. mer. (Columbia).
208. L. dissimulans Nyl. — Chili.
g. — Apotheciis urceol., sporæ vermie. Gonotrema Tuck.
209. L. urceolata Ach.— Amer. (bor. et Brasil.).
h. — Species loci incerti. (I)
210. L. livida (Mnt. s. Biat.). — Chili.
211. L.? diformis Nyl. — Chili.
iv. Gyrothecäven Nyl.
4. G. polysporum Nyl. — German.
v. Odoméotrezaa Nyl. An gen. Fungor.?
4. O. phacidioides Nyl. (Phac. umbil. hb. Lév.).— Cors.
Subtrib. — Gomphillei.
vi. Gomplhilius Nyl.
4. G. calicioides (Del.) Nyl.— Eur.
varr. polycephala Nyl. et microcephala (Tayl.).— Eur.
(4) Lecanoræ cervinæ status lecideinos habemus sequentes
facile pro speciebus autonomis sumtos, quare hie memorentur.
Sunt L. eucarpa Nyl. —Eur.; L. pruinosa (Sm. et f. Coll.
athallum Duf.).— Eur; EL. simplex (Dav., Sarcogyne Flot.).
— Eur.
Vix lichenibus adscribere fas sit genus Schizoxæylon Pers.,
quod ante Odontotrema disponendum videatur tribusque est
constiltutum speciebus curopæis : Sch. sæpincola Pers., Sch.
orticolo (Coniang..….ÆEr.1S. V:MSc-üp: 491; 41ÆL:.-S: 273) NT?
COM TUNS — ”
ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
Tri8. XVII. — XYLOGRAPHIDEI.
E. Liéhograpihaa Nyl.
1. L. petræa (DR.) Nyl. — Alger.
2. L. tesserata (DC., Leight. s. Opegr.).— Eur. (Brit., Gall.).
1. Nylographa Fr., Nyl.
4. X. parallela et v. pallens Nyl. — Eur.
2. X. opegraphella (Op. stict. Tuek. Exs. 97). — Am. bor.
3. X. flexella et var. virescens Nyl. — Gall.
xx. Agvriunnm Fr, pr. p., Nyl.
4. A. rufum Fr. — Eur.
Tris. XVIII. — GRAPHIDEI.
Subtrib. 1. — Haplographidei. Apoth. simpl.
#4. Gæaplhis Ach., Nyl.
Sectio A—Graphides proprie sic dictæ.
a. — Sporæ iodo coerulee tinctæ.
“ Stirps Graphidis secriptæ.
4. Gr. pavonia Fée. — Amer. mer. trop.
2. Gr. virginea Mnt. — Amer. merid.
3. Gr. Ruiziana (Fée). — Amer. merid.
4. Gr. nana (Opegr. Fée). — Amer. merid.
5. Gr. comma Ach. — Omnes terræ trop.
6. Gr. angustata Eschw. — Omnes terræ trop.
7. Gr. scripta Ach. — Fere cosmopolita.
varr. serpentina et recta (Ach.). — Eur., Amer.
” Gr. marcescens (Fée).— Amer. æquin.
* Gr. Laubertiana (Fée).— Amer. mer.
8. Gr. fulgurata Fée. — Peruvia.
9. Gr. glaucescens Fée. — Amer. mer.
10. Gr. Cascarillæ Fée. — Amer. æquin.
41. Gr. assimilis Nyl. — Chili, ins. Sandw., Madag.
var. recta Nyl. — Himal. (coll. Hook. 2240),
var. marginata (M. et v. d. B.). — Java.
42. Gr. anguina (Mnt.s. Ust.). — Eur. oce., Amer. æquin.
var. streblocarpa (Bél.). — Ins. Borb., Java.
13. Gr. analoga Nyl. — Polyn. (Taiti).
14. Gr. serpentinoides Nyl. — Ceylon.
145. Gr. rigida (Fée). — Amer, æquin.
46. Gr. vermiformis Eschw. — Amer. æquin.
17. Gr. conglomerata Fée. — Amer. æquin.
* Gr. anguilliformis (Tayl.). — Afr. occid.
19
b2
4 C2 19
ste
LD D 12
SD ©
DES LICHENS. 129
Gr. tumidula (Fée). — Amer. mer. trop.
MST GARDES NS tr astunlEe
Gr. elegans Ach. — Eur., Amer., As.
Gr. striatula Ach. (0p. rimul. Mnt.). — Omn. terræ trop.
“”Stirps Graphidis dendriticæ.
Gr. punctiformis (Eschw.). — Amer. æquin.
Gr. diversa Nyl. — Amer. æquin., Madag., Ceyl., Java.
Gr. inusta Ach.(Gr.Smithii Laht.). — Eur. occ., Am., As.
Gr. dendritica Ach. et v. medusula (Pers.).- Eur. oce,, Am.
Gr. Lyellii Ach. — Eur. occid.
Gr. scalpturata Ach. — Amer. æquin.
varr. ceracea et insidiosa Nyl. — Ebid.
Gr. confluens (Fée). — Amer. mer.
Gr. mendax Nyl. — Polyn. (Papeiti).
#*## Stirps Graphidis frumentariæ.
Gr. contexta (Pers.). — Polyn., Java.
Gr. venosa (Pers.). — Polyn. (vix diff. a præe.).
Gr. grammitis (Fée). — Amer. mer.
Gr. colliculosa (Mnt. s. Scleroph.). — Guyana.
Gr. Balbisii Fée. — Amer. mer.
Gr. chrysentera Mnt. — Amer. mer.
Gr. bilabiata Nyl. — Archip. ind. ({ns. Labuan.).
Gr. frumentaria Fée. — Amer. æquin., Ceylon.
Gr. chrysocarpa (Raddi) Eschw. — Amer. mer.
b.— Gelatina hym. et sporæ iodo cocrulescentes.
Species stirpis Graphidis frumentariæ.
Gr. cometia Fée. — Amer. æquin.
Gr. homographa Nyl. — Amer. æquin.
Gr. obtecta Nyl — Ind. or. (coll. Hook. 2264).
ce. — Nec gel. hym.,nec sporæ iodo coerulescentes.
# + Speciesstirpis Graphidis frumentariæ.
Gr. reniformis Fée. — Eur. æquin.
var. fissurinoidea Nyl. — Peruvia.
Gr. Poitæi Fée. — Ins. S. Doming.
Gr. pseudophlyetis Nyl., — Guyan. gall.
Gr. concolor Nyl. (Ust. Jungh. M. et v. d. B.). — Java.
Gr. ochracea Hepp. — Java.
Gr. hololeuca Mnt. —Amer. mer., Java.
Gr. Afzelii Ach. — Omn. terræ tropicæ.
Gr. illinita Eschw. — Amer. mer.
Gr. grisea Nvl. — Cevylon (coli. EFook. 2234).
Gr.
ACT
"GE:
(Gr:
Gr.
Gr.
CT
FETE
(Es
UGr:
Gr.
Gr.
NET ES
GT
UGS
. Gr.
GX:
GT.
. Gr.
Hi (bies
Gr:
ICE
ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
** Species stirpis Graphidis scriptæ.
heterocarpa Fée. — Amer. mer., Polyn.
subfarinacea Nyl. — Cap. B. Sp. (coll. Drège 9348).
petræa (Mnt. s. Op.). — Chili.
*** Species stirpis Graphidis dendriticæ.
tortuosa Ach. (pachn. Fée). — Amer. æquin.
ramosa Nyl. ({ortuosa Fée). — Amer. æquin.
leucocheila (Fée s. Arlh.). — Amer. mer.
Sectio B.—Fissurinæ.
nitida (Eschw.). — Amer. mer.
leucocarpa Nyl. — Guyan. gall.
radiata Nyl. — Guyan., Java.
Dumastii (Fée). — Amer. mer.
obtusior Nyl. — Taïti (Lépine s. 17).
incrustans (Fée). — Amer. mer.
lactea (Fée). — Amer. æquin.
egena Nyl. — Peruvia.
(?) irregularis (Fée). — Peruvia.
Sectio C. —Medusulæ.
endocarpa Fée. — Amer. æquin.
tricosa (Ach.). — Amer. mer.
varr, olivacea (Mnt.) et punctum (Fée). — Ibid.
Leprieurii (Mnt. s. Opegr.). — Guyan. gall.
gracilis (Eschw.). — Amer. mer.
cinnabarina Fée. — Amer. mer.
hæmatites Fée. — Amer. mer.
deplanata Nyl. — Polyn. (Noukah.).
11. Ehelograplhis Nyl.
"GTR:
polymorpha (Fée s. Gr.). — Ind. occid.
ur. Helminthocarpon Fée.
. H.
Le Prevostii Fée. — Amer. æquin., Java. a
av. Opegraplha Ach., Nyl.
O. lyncea Borr. — Eur. occid.
2. O.
O. grumulosa Duf. — Gall., Alger.
stictica (DR. et Mnt.). — Gall. mer., Alger., Peruv.
varr. dirinaria et platycarpa Nyl. — Alger.
var. arthonioidea Nyl. — Alger.
lutulenta Nyl. — Gall. mer.
. endoleuca Nyl. — Gall. mer.
Sr (JE
#0:
monspeliensis Nyl. — Gall. mer.
anomea Nyl. — Ga. (Arvernia).
©0© C00000o
MISISICIOIS
DES LICHENS.
. Opaca Nyl. — Gall. mer.
+ Prostii (Dub.). — Gall. Anne fung .?
- Varia Pers. — Eur., Afr., Amer. bor.
. rimalis Ach. — Eur.
. rupestris Pers, — Eur.
. Saxatilis DC. —Eur.
. atra Pers. — Eur., Afr., Amer., As.
var. hapalea (Ach.). — Eur.
- Subcentrifuga Nyl. —Ins. Sandwic.
. vulgata Ach. — Eur., Amer. bor.
var. siderella (Ach.). — Eur.
. rubella Moug. — Eur. (Voges.).
. enteroleuca Ach. — Amer. mer.
- prosodea Ach.— Amer. æquin.
. agelæa Fée. — Amer. mer., Cap. B. Spei.
. involuta (Krb.). — German.
. herpetica Ach. — Eur., Amer. bor.
varr. fuscata Schær. et albicans Nyl. — Eur.
varr. subocellata et divisa (Leight.). — Eur.
. Duriæi Mnt. — Alger.
. alboatra Nyl. — Afr. occ. (C. virid.).
. lentiginosa Lyell. — Eur. occ.
Platygrapha Nyl.
. undulata (Fée). — Amer. mer.
. dilatata Nyl. (Parm.undul. M.). -- Guyan.
. epileuca Nyl. — Peruvia.
. albocincta Nyl. — Alger.
. dirinella Nyl. — Hispania.
. phlyctella Nyl. — Bolivia.
- OCellata Nyl. — Amer. mer., Madag.
. Striguloides Nyl. — Amer. mer., Madag.
. rotula (Mnt.s. Strig.). — Amer. æquin.
. prominula Nyl. — Guyan. (Lepr. 212).
. lecanoroides (Fée). — Amer. mer.
- polyphragmia Nyl. — Himal. (Hook. 2052).
. periclea Nyl. — Eur., Amer. bor.
. dirinea Nyl. — Amer. mer., C. B. Sp., Java.
. rimata (Flot.) Nyl. — Eur., ins. Canar.
. interrupta (Fée). — Amer. mer.
. €vanescens (Fée). — Amer. æquin.
131
Le
TO © à co
.
<= co
OT bn © 9
2 ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
vi. Séigamatidiuss Mey., Nyl.
. St. compunctum (Ach.). — Amer. mer.
St. granulatum (Mnt.).— Guyan. gall.
. St. crassum Dub. — Eur. occ., Alger.
S!. quassiicolum (Fée). — Ind. occ. (Martin.).
St. diffusum Nyl. (Tr. verr. Fée).—Ind. occid. (S. Dom.).
. St. Hutchinsiæ (Leight. s. Plat.). — Eur. (Brit., Germ.).
. St. venosum (Sm.). — Angiia.
. St. stellulatum (Fée s. Gr.).— Ind. occ. (Jam.).
t. phæosporellum Nyi. — Peruvia.
. St. leucinum Nyi. — Gall. occ. (Cherbourg).
. St. albineum Nyl. --- Chili.
vis, Aréhonia Ach., Nyl.
Sectio A.— Apoth. varie colorata, non nigra.
a. — Thallus tenuis aut evanescens.
. À. cinnabarina Wallr. — Eur., Afr., Amer.
varr. rubra et pruinata Del. — Eur.
var. adspersa (Mnt.). — Amer. mer.,
var. violacea (Pers.). — Polyn. (ins. Mar.).
. cascarillæ (Con. Fée). — Amer. æquin.
ochracea Duf. — Eur. (Gall., Helv.).
caribæa (Ach.). — Am. et Afr. trop., Ind. occ., Ceyl.
rubella (Fée. s. Gr.). — Amer. mer.
varia (Ach., C. Antill. Fée?)— Amer. et Afr. æquin.
var. subrubella Nvl. — Amer. mer.
var. atrata (Fée s. Gr.). — Amer. æquin.
. À. fusco-pallens Nyl. (Lepr. 496). — Amer. mer.
. À. conferta (Fée s. Conioc.).— Ind.
À, lurida Ach. — Eur., N. Zelandia.
var. helvola Nyl. — Gall. (Voges.).
A. spadicea Leight. — Eur. occ. (Gall., Angl.).
A
À
D ob jp
. aphanocarpa Nyl. — Guyan. gall.
. pruinosa Ach. — Eur., Amer. bor.
var. subfusca Nyl. — Eur.
A. medusula Nyl. — Eur.
A. limitata Nyl. — Ceylon.
. À. velata (Flot.) Nyl. — Eur.
A
2. A. cinerco-pruinosa Schær. --- Eur. (Helv.).
var. lobata Nyl. — Ibid.
b. — Thallus floccosus, Icprarioideo-byssinus.
À. roli-tangere (Mnt.).— Amer. mer.
34.
45.
46,
DES LICHENS. 155
Sectio B. — Apoth. nigra (quibusd. aliquando pruinosa).
a. — Sporæ pluriloculares, 7-11-septatæ s. murali-divisæ.
Er D
h
>hbphpho bebe»
Sd dd ss.
albata Nyl. — Peruvia.
leprariella Nyl. — Ind. or. (Hook. 2268).
phiyctiformis Nyl. — Gall. mer.
. tædiosa Nyl. — Chili.
dispersa Duf. — Eur.
spectabilis Flot. — Eur. med., Amer. bor. (Ohio).
difformis Nyl. — Gall. or. (ad Rhen.).
violascens Flot. — Cap. B. Spei.
angulata Fée. — Amer. æquin.
. stictica (Fée s. Lecid.). — Ind. oceid.
macrotheca Fée. — Amer. æquin.
spilomatoides Nyl. — Chili. :
moniliformis Nyl. (Con. car. Fée).— Amer. æquin.
— Sporæ ovoideæ 3-5-septatæ.
. dilatata Fée. — Amer. æquin.
complanata Fée. — Amer. mer.
melanophthalma Duf. — Eur. mer., Afr.
propinqua Nyl. — Ceyl. (coll. Hook. 2232).
astroidea Ach. — Eur., Amer. bor.
var. Swartziana (Ach.). — Eur., ins. Sandwic.
var. melanostieta (Del.). — Arabia.
var. epispasta (Ach.). — Eur.
gyrosa Âch. — Eur. (Helv.).
ramosula Nyl. — Alger., Chili.
fusconigra Nyl. — Polyn. (Taïti).
glaucella Nyl. — Eur.
hapaliza Nyl. — Chili.
torulosa Fée. — Amer, æquin.
variiformis Nyl. — Algeria.
albopulverea Nyl. — Algeria.
stietoides Desmaz. — Gall.
trachylioides Nyl. (Lec. trach. Ach.). — Eur.
punctiformis Ach. — Eur.
glaucomaria Nyl. — Eur.
parasemoides Nyl. — Eur., Alger.
abrothallina Nyl. — Ins. Maclovianæ.
©. — Sporæ ovoideæ 1-septatæ.
A.
A.
microsperma Nyl. — Amer. mer.
minutula Nil.— Eur., (ct N. Zel.?.
154 ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
#7. À. cæsiella Nyl. — Gall. mer.
48. À. galactites Duf. — Eur.
49. A. melaleucella Nyl. (L. lilac. Fr. L. S. 272).— Suecia.
50. A. myriadea (Fée s. Conioc.). — Amer. æquin.
51. À. marginella Duf. — Hispania.
32. A. pandanicola Nyl.— Polyn. (Noukah.).
53. A. patellulata Nyl. — Eur. (Ital. — Lapp., etiam Gall).
54. À. convexella Nyl. — Gall. (Arvernia).
835. À. ruderalis Nyl. (Cat. fusca Mass.). — Eur.
A.
calcicola Nyl. — Gall. merid.
var. Melaspilea Nyl.
1. M. Esenbeckiana (Fées. Melanoth.).— Am. æqu.(Ind.occ.).
2. M. bifurea Nyl. — Amer. æquin.
3. M. angulosa Nyl. (in hb. Lenorm.). — Brasilia.
4. M. deformis(Schær. s. Op. var.). — Eur.
5. M. arthonioides (Fée s. Lecid.)— Eur., Afr., Amer.
6. M. ? dimorpha (Duf.). — Gall. mer. (ins. Stoech.).
1x. Lecanactis Eschw. pr. p., Nyl.
1. L. Montagnei (v. d. B. s. Graph.). — Java.
2. L. divergens (Fées. Ai — Amer. mer.
3. L. flexuosa Nyl. — Philipp. (Manilla).
4. L. varians Nyl. — Polyn. (Noukah.).
3. L. serograpta (Spr.) Mnt. — Amer. mer.
6. L. patellula (Fée. s. ve , L. lob. Eschw.). — Am. mer.
L. pezizoidea (Ach. s. Graph.). — Afr. oce.(Guin.).
Xe. Schisogéagia Nyl.
1. Sch. attenuata (Dur. et Lév. s. Xylogr.). — Alger.
XI Pseudographis Nyl. Potius fungus.
4. Ps. elatina (Pers.). — Eur.
Subtrib. 11. — Syngraphidei. Apoth. composita.
xu1. Glyphis Ach.
. GI. heteroclita Mnt. — Amer. mer., Java, Philippinæ.
. GI. labyrinthica Ach. — Omn. terræ tropicæ.
. Gl. cicatricosa Ach. — Omn. terræ tropicæ.
. Gl. favulosa Ach. — Lusit. et plur. terræ tropicæ.
x, Chiodecton Ach.
4. Ch. cerebriforme Mnt. — Chili.
2. Ch. stalactinum Nyl. — Chili.
3. Ch« hypoleucum Nyl. — Chili.
ñ. Ch. petræum Del., Nyl. — Gall. oce. (Cherbourg).
+5 © D =
14.
DES LICHENS. 135
. myrticola Fée. — Ins. Stoech., Corsica.
. albidum (Tayl.) Leight. — Hibernia.
. sphærale Ach. — Plurimæ terræ trop.
. nigrocinctum Mnt. — Guyan. gall., ins. Borb.
. farinaceum Fée. — Amer. mer. trop.
. Meratii Fée. — Amer. æquin.
. seriale Ach. — Amer. æquin.
. effusum Fée. — Amer. mer. trop.
. arthonioides Nyl. (A. glyphis. Fée). — Ibid.
. lacteum Fée. — Amer. æquin.
Ch.
depressulum Nyl. — Polyn. (Noukahiva).
? An sit hujus loci Hypochnus rubrocinctus Ehrnb.— Am. trop.
XV. NMivycoporuwen Flot., Nvl.
4. M.
2: Mr
3. M.
lo
at
2 nn
83 in
1
elabens Flot. — Eur. (Germ., Helv.).
pycnocarpum Nyl. — Mexico.
var. ohiense Nyl. — Ohio.
miserrimum Nyl. — Gall.
Series VI. — PYRENODEI.
Tri. XIX. — PYRENOCARPEI.
Thelocarpon Nyl. (Prod. p. 173).
. Laureri Flot. — German.
. albidum Nyl. — Algeria.
coccophorum (Mnt. s. Parm.). — Chili.
11. Normandina Nyl.
. N. jungermanniæ (Del.).— Eur. (præs. occ.), Am.(Mexico).
2. N. viridis (Ach. s. End.). — Eur., Amer. bor.
ur. Endocarpon Hedw., Nyl.
a. — Stirps Endocarpi miniati.
1. E. miniatum Ach. — Eur., Afr., Amer. bor.
varr. leptophyllum et complicatum (Ach.) — Eur.
* E. Mübhlenbergii Ach. — Amer. bor.
2. E. fluviatile DC. — Eur., Amer. bor.
3. E. Moulinsii Mnt. — Pyren., Himalaya.
4. E. Guepini Moug. — Eur. mer., Australia.
5. E. corniculatum Nyl. — Abyssinia.
6. E. vagans Nyl. — Amer. mer. (Chimborazo).
7. E. ? fragile Tayl. — Tasmania.
b. — Stirps Endocarpi hepatici.
8. E. Tuckermani Rav. — Amer. (Carol. mer.).
9. E. rufescens Ach. — Eur., Afr. bor.
10. E. hepaticum Ach. — Eur., Afr., Amer. bor.
156 ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
+
E. imbricatum Nyl. — Gall. mer.
E. exiguum Nyl. — Gallia.
43. E. tenellum Nyl. — Algeria.
E. compactum (Mass.).— Eur. (Bavaria).
E. peltatum Tayl. — Cap. B. Spei.
46. E. reticulatum Duf. — Hispania.
av. Verrucaria Pers., Nyl.
I. Species potissime saxicolæ vel terrestres.
Sectio A. — Paraph. nullæ, gel. hym. iodo normaliter rubens.
a. — Thallus squamulosus s. squamuloso-crustaceus.
* Sporæ incolores simplices, 8næ in thecis.
4. V. tephroides (Ach., End. ciner. Pers.) 14)—Eur., Am. bor.
var. cartilaginea Nyl. — Eur.
2. V. cinerascens Nvl. . merid.
var. crenulata Nyl. — Gall. mer., Bavar. (Arn. 140).
3. V. subcrustosa Nyl. — Algeria, ins. Canar.
4. V. Schæreri (Fr. s. Parm.). — Eur.
5. V. psoromia Nyl. ( End. psorom. Schær.). — Helvetia.
“ Sp. fuscæ murali-divisæ, 2næ in thecis.
6. V. pallida (Ach. s. Endoc.). — Eur.
7. V. Garovaglii Mnt. — Eur.
var. inerustans Nyl. (huc Æ. sored. Borr.)— Eur. occ.
b. — Thallus areolatus aut pulvereus vel evanescens.
“ Sp. fuscæ murali-divisæ, 2næ in thecis.
8. V. umbrina Whlnb. — Eur., Amer. bor., Himalaya.
var. clopima Whlnb. — Eur.
var. calearea Nyl. (Pol. nigelia Kphb.). — Eur.
var. monospora Nyl. — Chili.
9. V. gelatinosa Ach. — Eur. (Helv.)
“ Stirps V.rupestris. Sp. 8næ, simplices, raro 1-5-sept. s. murales.
10. V. fuscula Nyl. — Eur. (præs. mer.), Alger.
41. V. catalepta Ach. —- Eur. (Helvetia).
42. V. amphibola Nyl. — Gall. mer., Algeria.
lecideoides (Mass. s. Thromb.). — Bavar.
(1) Nomen fephroides hic præferendum, ne confundatur Ver-
rucaria cinerea Pers. cum Endocarpo cinereo ejusdem. — Ge-
nus Verrucaria sistit species inyicem maxime confluentes
ægerrimeque sæpe limitandas. Nullibi auctores nomina nova
facilius proponere suadentur (præsertim parum experti) ; per-
suasi {amen sumus species veras multo etiam quidem esse pau-
ciores quam hic admisimus.
18.
Ÿ.
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Y.
V.
V.
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\C
DES LICHENS. 157
glebulosa Nyi. — Gallia.
mgrescens Pers. — Eur., Afr., Amer. bor.
fuscella Ach. — Eur., Afr.
viridula Ach. — Eur., Afr., Amer. bor.
macrostoma Duf. — Eur.
minima Mass. — Bavaria.
virens Nyl. — Scandinavia (Saiæ).
maïrgacea Whlnb. — Eur.
varr. æthiobola Whlnb. et hydrela Ach. — Eur.
var. olivacea (Fr.). — Eur.
var. cataleptoides Nyl. (P. catal. Schær.). — Eur.
var. ferruginosa Nyl. (F. clop. Dub.). — Gallia.
pyrenophora Ach. — Eur.
varr. decipiens (Hepp) et rugulosa Nyl. — Eur.
varr. Cataractarum (Hepp) et fontigena (Kphb.).— Eur.
var. Sprucei (Leight.). — Eur.
Ungeri Flot. — Germania.
plumbea Ach. — Eur. ({tal. — Gottl.).
var. pinguicula (Mass , in hb. Arn.). — Eur.
rupestris Schrad. — Eur., Afr., Amer. bor.
varr. calciseda et ruderum DC. — Eur.
varr. hiaseens (Ach.) et Hochstetteri (Fr.). — Eur.
integra Nyl. et v. murina (Leight.). — Eur.
muralis Ach. etf. puteana Hepp.— Eur.
hymenogonia Nyl. — Gallia, Belgia, Anglia.
-amphiboloides Nyl. — Eur.
Sendtneri (Kphb.). — Bavaria, Helvetia.
intercedens Nyl. (Hepp Flecht. 445). — Helvetia.
plicata Mass. (ex hb. Arn.). — Bavaria.
nigrata Nyl. — Pyrenæi.
Dufourei DC. et v. limitata (Kphb.). — Eur.
microspora Nyl. — Gall. oce., Chili.
maura Whlnb. — Eur., Ind. orient.
‘*" Sporæ 8næ cylindr., incolores, perith. crassum.
gibba Nyl. — Algeria.
###%* Sporæ 8næ fusconigræ maximæ, multiloculares.
verrucoso-areolata (Schær. L. H. 538). — Helvetia.
Sectio B. — Paraph. distinctæ, gelat. hym. iodo cocrulescens.
epigæa Ach. — Eur.
thelostoma Harrim. — Scotia.
sphinetrinoides Nyl. — Lapponia.
34.
45.
46.
8 ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
II. Sp. potissime corticolæ (paucæ simul saxicolæ).
Sectio C.— Sporæ incol., paraph. graciles, gelat. hym. iodo non colorata.
a. — Sporæ 8næ angustiores simpliciter septatæ. Porina.
V. chlorotica (et carpinea) Ach. — Eur., Amer., Polyn.
var. persicina (Krb.).— Eur.
var. illinita Nyl. — Eur.
var. cinerea Pers. — Eur.
. lectissima (Fr.). — Eur.
var. leptalea (Mnt. s. Biatora). — Algeria.
. epiphylla (Fée). — Amer. trop.
y
y
. V. nana (Fée). — Amer. trop.
\ÿ
. mastoidea (Ach., americ. Fée), — Omn. reg. trop.
var. pertusarioides Nyl. — Guyan. gall.
var. Tetraceræ (Ach.). — Afr. et Amer. trop.
. V. innata Nyl. — Ins. Borbonia.
V. desquamescens Fée. — Amer. trop.
. V. nucula Ach. (P. endochr.Mnt.). — Omn. reg. trop.
b. — Sporæ latiores, varie vel murali-divisæ, 2næ-8næ.
. V. muscicola Ach. — Scandinavia.
. V. Nægelii (Hepp Flecht. 470). — Helvetia.
V. thelostomoides Nyl. — Ind. orient.
V. geminella Nyl. — Mexico.
V. luridella Nyl. — Bolivia.
Sectio D.— Sporæ oblongæ sæpius fuscæ, perith. integre nigra. Getera ut in C.
47.
48.
49.
50.
51.
a. — Sporæ magnæ murali-divisæ (1-8 in thecis).
V. variolosa Pers. (et f. pyrinoica Ach.).-Afr. et Am. trop.
V. borbonica Nyl. — Ins. Borbonia.
V. papillifera Nyl. — Guyan. gall. (Lepr. 695).
V. epapillata Nyl.— Ceylon (coll. Hook. fil. 2226).
V. intrusa Nyl. — Bolivia.
V. aspistea Fée (non Ach.). — Omn. reg. trop.
v
. pyrenuloides (Mnt. s. Tryp.).— Am. mer. trop., Java.
b. — Sporæ mediocres plerumque 4-loculares.
. V. aggregata Fée(s. Pyren.). — Amer. mer. trop.
5. V. complanata Hook. — Omn. fere reg. trop.
. V. nitida Schrad. — Fere cosmop. (deest in reg. arct.).
var. nitidella FIk. — Mixt. cum præced.
var. pinguis (Chev., P. adacta Fée). — Eur. occ., Am.
V. glabrata Ach. — Eur., Amer. bor.
V. coryli (Mass.). — Eur.
. V. farrea (Ach. pr. p.) Nyl. — Eur.
. V. aurantiaca (Fée). — And. occ., Polyn.
DES LICHENS. 159
60. V. circumfusa Nyl. (Blastod. nitida Mass.).— Italia.
64. V. micromma Mnt. — Amer. mer. trop.
62. V. confinis Nyl. — Amer. mer.
63. V. denudata Nyl. — Amer. trop., ins. Borb., Ind. or.
6%. V. albescens Nyl. — Guyan. brit.
65. V. ochraceoflava Nyl. — Amer. æquinoct.
66. V. sinapisperma Fée. — Amer. mer. trop.
67. V. Canellæ albæ Fée. — Amer. trop.
68. V. porinoides (Ach.) Mnt. — Amer. mer. trop.
69. V. catervaria Fée (mel. Trypeth.). — Amer. mer. trop.
* V. ochrochlora Eschw. — Amer. mer. trop.
70. V. heterochroa Mnt. — Guyan., Brasil.
Sectio E.— Sporæ sæpiss. incol., uni- (raro pluri-)-septatæ. Cetera utin C.
71. V. gemmata Ach. — Eur., Alger., Amer. bor.
* V. conoidea Fr. — Eur., Alger.
* V. triseptata Nyl. — Gall. merid.
* V. Salweii Leight.— Gall. occ., Anglia.
72. V. biformis Borr. — Eur.
73. V. vaga Nyl. —Madagascar.
74. V. viridiseda Nyl. — Guyan. gall.
75. V. Tamarindi Fée. — Amer. æquin.
76. V. insulata Fée. — Amer. æquin.
77. V. subvelata Nyl. — Ind. orient.
78. V. Cinchonæ Ach. — Amer. mer. trop.
79. V. tropica Ach.—Omn. fere reg. trop.
80. V. prostans Mnt. — Amer. mer. trop., C. B. Spei.
81. V. planorbis Ach. — Amer. trop.
82. V. planiuscula Nyl. in hb. Fée. — Amer. trop.
83. V. pluriseptata Nyl. (P. Hepp. Næg.). — Eur.
84. V. quinqueseptata Nyl. — Amer. (Carol. mer.).
83. V. epidermidis Ach. et v. analepta (Ach.). — Cosmopol.
varr. fallax Nvyl. et lactea (Ach.). — Eur.
var. pyrenastrella Nyl. — Lapponia.
86. V. rhyponta Ach. — Eur.
87. V. thelena Ach. — Amer. mer.
88. V. cinerella Flot. — Eur.
89. V. halodytes Nyl. (sp. saxic., aquat.).-Cherbourg (Le Jolis).
90. V. xylina Nyl. — Gallia.
91. V. oxyspora Nyl. — Eur.
vw. Limboria Fr. Genus valde dubium.
1. L. sphinctrina Duf. — Eur.
140 ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
vi. Fhelemelia Nyl.
1. Th. modesta et v. griseella Nyl. — Gall,
vais. Endococeus Ny!.
1. E. erraticus (Mass. s. Tichoth.). — Eur.
2. E. gemmiferus (Tayl. s. Verruc.). — Eur.
3. E. perpusillus Nyl. — Gall. (Paris.).
vis. Nhelopsis Nyl.
1. Th. rubella Nyl. (Sychnog. Bayrh. Krb.). — Eur.
ax. Sériguia Fr. (1).
1. Str. complanata (Fée) Mnt. — Omn. fere res. trop.
var. virescens (Knz.). — Cum typo.
2. Str. nemathora (Fée) Mnt. — Omn. fere reg. trop.
3. Str. ? actinoplaca Nyl. — Mexico.
4. Str. nitidula Mnt. — Amer. trop.
3. Str. Babingtoni Berk. (Anne Verr.?). — Anglia.
x. Melanothæeca Fée, emend. definitione.
M. Achariana Fée (Tryp. anomal. Ach.). — Amer trop.
M. arthonioides (Mass. s. Tomas.). — Eur. mer.
arthoniella Nyl. — Brasilia.
M. gelatinosa (Chev. s. Arth.).— Gallia.
M. aciculifera Nyl. — Guyan. gallica.
& = & NN =
=
(1) Genus Strigula vix nota essentiali ulla separari potest a
Verrucaria. Specimina Strigulæ complanatæ pyenidifera sunt
frequentisima; inde « Strigula melanophthalman (definita «ascis
deliquescentibus (?), resorptis forsan mature.» Talia ex methodo
scholastica graviter adhue hodie seribuntur!).— Byssophyton
sulfureum Mnt. est, quantum ex typo haud rite evoluto video,
Verrucaria e stirpe Porinarum. Cel. Montagne suum Bysso-
phyton, similiter ac Coenogonia et Arthoniam noli-tangere, ad-
jungit ad Collemaceos (nostro sensu), quibuscum nulla sane iis
adest affinitas. Cuinam revera generi aut speciei Collemaceorum
accedant illi lichenes vel colere, vel forma vel structura thalli
aut apotheciorum ? Contra species analogæ (thallo byssino) ex.
gr. in Lecideineis et Lecanoreis non desiderantur. Ut thallo præ-
cipua exstat distinctio lichenum a fungis, ita structura thallina
longe typiceque diversa invicem dignoscuntur familia Collema-
ceorum et familia Lichenaceorum. --- Genus Melanotheca tangit
Mycoporum in tribu præcedente,
DES LICHENS, 141
3. Erypeélheléwunn Ach.
Seetio AÀ.— Apothecia subsolitaria (fere VERRUCARIz).
4. Ær. uberinum (Fée s. Pyren.). — Amer. mer. trop.
2, Tr. uberinoides Nyl. — Mexico.
3. Tr. melanophthalmum (Mnt. s. Verruc.).—Am. mer. trop.
4. Tr. megaspermum Mnt. — Amer. mer. trop.
Sectio B.— Apoth. plura connata.
a. — Sporæ pauciloculares.
5. Tr. eruentum Mnt. — Amer. mer. trop.
6. Tr. scoria Fée. — Amer. æquinoct.
* Tr. Leprieuri Mnt. — Guyan. gall.
7. Tr. pallescens — Amer. trop.
8. Tr. erumpens Fée. — Peruyia.
9. Tr. pulcherrimum Fée. — Amer. æquin.
40. Tr. duplex Fée.— Amer. æquin.
11. Tr. inconspieum Fée. — Peruvia.
42. Tr. annulare Mnt. — Amer. mer. trop.
var. oleagineum (Fée). — Bolivia.
D. — Sporæ elongatæ septatæ.
13. Tr. Sprengelii Ach. et v. Anacardii (Fée).— Amer. æquin.
* Tr. platystomum Mnt. — Guyan.gall.
©. — Sporæ murali-divisæ.
4%, Tr. meristosporum Mnt. — Java.
5. Tr. varium (Fée sub Messn.)— Amboina.
46. Tr. madreporiforme Eschw. — Amer. et Af:. tropicæ.
47. Tr. Cumingii Mnt. — Ins. Philippin.
148. Tr. sphærioides Mnt. — Guyan. gall.
19. Tr. porosum Ach. — Amer. mer. trop.
20. Tr. connivens Nyl. — Peruvia,
xs. Aséroiheiiea Eschw.
4. À. conicum Eschw. — Amer. mer. trop. e
2. A. hypoxvylon (Fée s. Pyrenod.). — Peruvia.
var. macrocarpon (Fée).— Amer. mer. trop.
3. A. clandestinum (Fée s. Pyrenod.).— Amer. mer. trop.
4. À. sepultum Mnt. — Amer. æquinoct.
OuissA : p. 89, 10 bis, Collema lepideum Nyl. in hb. Hook. — Afr. cecid.
trop.; p. 90, 20, b, Leptogium Menziesii (Ach.). — Amer. max. mer., Cap.
B. Spei, Ind. or., China; ec, L. Hildenbrandii (Garov.)— Eur. med. et præs.
mer.: d, L. saturninum (Ach:). — Eur. (præs. frigidior);, p. 99, Ramalina
complanata Ach. formis subjungenda Ramalinæ calicaris; p. 127, 198 bis,
Lecidea subsceabrosa Nyl. in hb. Till. de Clerm. — verisimiliter e Germania
” S
(coll. Sehwægrichen), eporis fusiformibus 8-centatis.
149 ÉNUMÉPRATION GÉNÉRALE
Le tableau suivant résume les principales données statisti-
ques que présente cette énumération.
Species Gallle Scandin. Europe Guyane Chilens, Totius terre
Le ÉDICHLNEL EE + «ee 6 5 6! — — 8
IL SCOMÉEMET 2. 07 47 23 64 5 12 50
III. MYRIANGIEI ..... 1 — 1| —- 4 2
IV ACAINIOCIE LEA 2e 28 22 31 — 1 34
V. SPHÆROPHOREI .. 3 2 3 — 4 6
VI MB ÆOMYCET.-22 0 4 4 5 _— 2 17
VII. CLADONIEI..... se | 0222 26 26 2 16 45
VIII. STEREOCAULEI ... 10 8 10 — 2) 18
INAAROCCELLEL SE: LE 3 — 3. — 4 7
Xe USTPHUDEIS- 2... 1 2 2 — 2 9
XI USNEEL. 5: sos 4 2 5 — 4 12
XII. RAMALINEI ......| 44 13 17 2 14 36
XIII. CETRARIEI....... 7 8 10 — 3 22
XIVe UPELTIGERET 22 lt 42 12 — 6 17
XV. PARMELIEI.......| 47 34 51 8 38 123
XVI. GYROPHOREI. ....| 11 10 11 “— 2 47
NVIL AP YXENElS eee | — — 1 “1 3
XVIII: LECANOREI....., 93 72 | 120 27 47 244
XIX. LECIDEINEI..... .| 114 83 | 132 25 33 223
XX. XYLOGRAPHIDEI.. % 2 4 — — 6
XXI. GRAPHIDEI ......| 53 1% 62 60 23 210
XXII. PYRENOCARPEI...| 55 30 67 58 11 153
Summa..| 538 | 372 | 642 | 188 | 227 1302
APPENDICE.
Je profite de cette occasion pour présenter la définition
d’un certain nombre de Lichens nouveaux pour la France,
et qui manquent dans le Prodromus Lichenum Galliæ et
Algeriæ.
4. VERRUCARIA HALODYTES Nyl. — Thallus tenuis niti-
dulus, maculam eflingens olivaceo-fuscescentem ; apothecia
parva nigra parum prominula, epithecio latiusculo demum
supra obtuse impressa, peritheciis dimidiatis; sporæ 80æ
incolores ovoideæ (altero apice crassiores et medio nonnihil vel
DES LICHENS. 145
obsolete constrietæ) simplices aut uniseptatæ, longit. 0,012-15
millim., erassit. 0,006-7 millim., paraphyses graciles parcissi-
mæ. Gelatina hym. iodo non tincta. — Supra saxa schistosa
marina, sub aqua vigens, prope Cherbourg, ubi detecta fuit a
cl. Aug. Le Jolis. Facillime dignota species e stirpe Verrucariæ
epidermidis.
» ODONTOTREMA Nyl. Thallus parum visibilis,apothecia the-
lotremoidea (gymnotremoidea) nuda, primo clausa, dein margine
excipulari denticulato-rupto dehiscentia, epithecium concavum
operculi instar medio denticulato-aperti obtegente.
2. O. PHACIDIOIDES Nyl.— Thallus macula alba indicatus;
apothecia atra mediocria (latit. 0,8-1,2 millim.) rotundata,
adnata, patellarioidea, sed propius visa superne conniventer 6-8-
denticulata, dentibus versus centrum versis demum apertum,
epithecium ostendens infra situm conecaviusculum concolor, in-
tus medio albida; sporæ 8væoblongæ vel oblongo-fusiformes
incolores, sæpe areuatæ, uniseptatæ, longit. 0,012-19 millim. ,
crassit. 0,0035-45 millim., paraphyses graciles. Gelatina hymenea
iodo coerulescens. --- Ad lignum vetustum ilicis in Corsica
lectum a el. Léveillé. Hypothecium infra tenuius nigrum quam
pars excipuli (marginis proprii) superior epithecium obtegens vel
denticulato-marginans, quæ duplo est crassior.
3. LECIDEA LÆVIGATA Nyÿl.--- Thallus albus vel albo-glauce-
seens lævigatus, rimuloso-diffractus; apothecia fusco-rufe-
seentia superficialia, planiuseula, distincte marginata vel margine
demum depresso, mediocria (0,5-1 millim.), intus pallida; s p o-
ræ 8æincolores ellipsoideæ, long. 0,018-22 millim.., crassit. 0,008-
0,010 millim., paraphyses graciles. Gelatina hymenea iodo coeru-
lescens, dein vinose rubens. --- Supra saxa schistosa ad littus
marinum prope Cherbourg (Gréville) lecta a el. Le Jolis. Habitu
externo haud parum accedens ad £L. phæopem Nyl., sed apo-
theciis aliis et revera forte nimis affinis polymorphæ ZL. coar-
ctatæ, à qua differt apotheciis firmioribus (non desiccatione col-
labentibus vel erispatis) et habitu diverso.
4. PYRENOPSIS FUSCATULA Nyl. -- Thallus obscure fu-
seus vel brunneo-niger minutus, granulatus, effusus, granulis
passim agglomeratis et in glomerulos depressiusculos confluenti-
bus plus minus discretos (inde faciei macularis), satis substrato
adhærentes, granulis 4libi depressioribus maculasque (vel acer-
vulos) formantibus irregulares plus minus se extendentes et varie
144 ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE
confluentes ; apothecia non rite evoluta visa, gelatina
hyÿm. iodo paullum eocrulescens. --- Ad saxa schistosa prope
Cherbourg lecta a ei. Le Jolis. Facie est fere omnino Pyreno-
pseos fuliginosæ (Whlinb. sub Ferrucaria), sed granulis thalii
magis noduloso-graniformibus fuscis (nee nigris) magisque con-
fluentibus et magis substrato adhærentibus. Spermogonia in-
nata minutissima (latit. 0,04-0,05 millim.), spermatia oblonga
vel oblongo-cylindrica, longit. 0,002 millim., crassit 0,0005
millim. Cellulæ exteriores thalli rufo-tinctæ compositæ, sat laxe
junctæ.
5. STIGMATIDIUM LEUCINUM Nyl. -- Thallus aibus vel albo-
glaucescens tenuis (crass. cirea 0,3 millim.), linea nigricante li-
mitatus, superficie æqualis opaecus, rimulosus; apothecia
nigra minutissima punctiformia conferta, sectione fusco-nigri-
cantia profunde intrusa (ita in seetione visa linearia vel fere aci-
cularia), altitudine prope thalli (latit. vero solum 0,075-0,1 mil-
lim.); sporæ 6-84 oblongæ fuscæ, 5-7-septaiæ, altero apice
noennihil crassiores, longit. 0,018-25 millim., crassit. 0,007-8
miliim., paraphyses non regulares nec bene discretæ, hypothe-
cium non infuseatum. Gelatina hymenea iodo (saltem passim
dilute) coerulescens. --- Ad saxa schistosa prope Cherbourg
(Gréviile) leeta a cl, Le Jolis. Species eximie concinna. Facie
xterna aliquantulum refert St. crassum, sed mox color thali
alius (candidus), sporæ aliæ.
6. ARTHONIA DIFFORMIS Nyl. --- Thallus albus tenuis in-
determinatus opacus, passim rimosus et inæqualis; apothecia
majuseula vel mediocria (latit. 4 millim., longit. 2 millim. ad-
tingentia) nigra vel fusco-atra opaca anguloso-difformia vel ra-
moso-incisa, sæpius margine thallino rima discisso cincta, intus
concolora; sporæ Se fuscæ oblongæ, medio crassiores, 5-7-
septatæ, longit. 0,023-35 millim. , crassit 0,013-18 millim.,
thalamium lamina tenui visum nonnibhil rufescens. Gelatina hy-
menea iodo coerulescens, dein vinose rubens. --- Ad corticem
quereus silvæ Hardt prope Mulhouse lecta a divo D'e Muehlen-
beck, ex hb. Mougeot. Apothecia fere ut in A. angulata Fée.
Vix est nisi varictas sporis simplicioribus Arthoniæ spectabilis
Flot. (Op. scripta v. arthonioidea Schær. En. p.151 pr. p.).
7. MELASPILEA pimoRpaa. Hysterium dimorplum Duf. hb. —
Thallus macula albicante indicatus; apothecia atra
lineari-Janceolata vecta (long. 2-3 millim., latit. 0,5 millim.),
DES LICHENS. 145
emergentia, demum superficialia, primum epithecio angusto ri-
miformi margine tumido, dein epithecio planiuseulo margine
tenui et vix prominulo, intus hypothecio leviter fuscescente ;
sporæ 82 fuscæ oblongæ 1-septatæ, longit. 0,027-3% millim.,
crassit. 0,010-14 millim., paraphyses gracilescentes non con-
fertæ. Gelatina hymenea iodo passim et dilute coerulescens. ---
Ad ramos denudatos Juniperi phæniceæ in Insulis Stoechadibus
detecta a cel. L. Dufour (ex hb. Lév.). Forte sit potius Xylogra-
pha, sed sporis fuscis uniseptatis et paraphysibus Melaspileæ.
8. MYCOPORUM MISERRIMUM Nyl.--- T hallus macula palle-
scente vel obsoleta indicatus; a pothecia minuta difformia atra
macularia 2-6-nodulosa (nodulis conceptacula Verrucariæ imi-
tantibus convexis, sed epithecio nullo impresso), intus et infra
albida, inter nodulos omnino depressa; thecæ sphæroideæ vel
oblongo-sphæroideæ, s p o r æ 8e oblongæ incolores 3-5-septatæ
(et varie sæpius parceque longitrorsum divisæ), longit. 0,015
millim., crassit. 0,005 millim., paraphyses nullæ, thalamium
incolor laxe indistincte cellulesum, conceptaculum nigricans
conspicue fusco-cellulosum. Gelatina hymenea iodo non tincta,
protoplasma thecarum vinose rubens.— Ad cortices lævigatos in
Gallia ex collectione Chevalier (speciminibus communicatis a
Dre Mougeot). Extus speciem habet fere Arthoniæ minutulæ
Nyl., at mox distinguitur nodulis convexis quos exhibent
apothecia, quasi Verrucariam mentiens apotheciis minutissimis
aggregatis basi depressa confusis.
9. MELANOTHECA GELATINOSA. Arthonia gelatinosa Chev.Journ.
Phys. 1822, F1. Paris. p. 543.— Thallus macula pallescente
sat determinata indicatusÿ apothecia atra medioeria (latit.
circa 4 millim.) rotundata vel oblonga depressa opaca, immar-
ginata, nonnihil inæqualia, intus albida, nucleis theciferis 3-6
in quovis apothecio ; s por æ 8% incolores oblongo-ovoideæ, al-
tero apice paullum crassiores, 3-septatæ, episporio distincto,
paraphyses nullæ, hypothecium incolor. Gelatina hymenea iodo
non tincta, protoplasma thecarum vinose rubens. --- Ad Alnos
et Sorbum aucupariam in Gallia, ad Parisios, ex Chevalier
(cujus typos communicavit Dr Mougeot).
10
146
Acrescyphus ..... 93
Agyrium ....... 128
Alectorias ce 98
Amphiloma...... 410
Argopsis ....... 97
Arthonia ....... 132
Astidium....... 118
Astrothelium .... 141
Bæomyces ...... 93
Belonia ........ 419
Byssocaulon..... Ki,
Calicium ....... 91
Cetraria...... ,- 400
Chiodecton...... 134
Cnoreder2r7."e 98
Gladonia ....... 94
Coccocarpia..... 199
Cœnogonium .... 119
Collema........ 89
Coniocybe ...... 92
GORE NE 110
Dactylina. ...... 99
Dermatiscum .... 116
Bichonema...... 110
Dirinan eee 116
Dufourea. ...... 59
Endocarpon..... 435
Endococcus ..... 140
Ephebe ........ 88
Erioderma...... 110
Evernias .--2-0% 99
Glossodium ..... 94
GIYPRIS CSN 134
Glypholecia. ,... 115
Gomphillus ..... 127
Gonionema...... 88
GrADIIS Le... 128
ÉNUMÉRATION GÉNÉRALE DES
INDEX GENERUM.
Gymnotrema .... 119
Gyrothecium .... 127
Heilminthocarpon. 130
ep peer 110
Heterina =: 91
Lecanactis. ..... 134
Lecanora....... 112
Lecidea ........ 119
Leptogium...... 90
Lichina .......: 88
Limboria ....... 139
Lithographa. . ... 128
Melanotheca..... 140
Helaspilea. ..... 134
Mycoporam ..... 135
Hyriangium..... 91
Nephroma ...... 101
Nephromium .... 4101
Neuropogon..... 98
Normandina ..... 135
Obryzum ....... 91
Gdontotrema .... 127
Omphalaria..... 83
Opegrapha. ..... 130
(Ozocladium) .... 119
Pannaria ....... 108
Parmelia ....... 104
Paulranr 20e 88
Peltigera ....... 101
Pelina retro
Pertusaria...... 116
PHIyEUISS RS sie 117
Phylliscum...... 91
Phystiat ner. 106
Pilophoron...... 96
Placodium ...... 411
Platygrapha..... 131
—————îû 2 ——
LICHENS.
Platysma.......
Pseudographis ..
Psoroma
Pterygium. .....
Pyrenopsis......
RTE Sue
Ramallna =:
Ricasolia . ......
Roccella
Schizographa .
(Schizoxylon)....
Siphula ........
Solorina........
Sphærophoron....
Sphinctrina .....
Spilonema ......
Squamaria.......
Stereocaulon .....
SEA HR
Stigmatidium. ...
Strigula.....:..
Synalissa.......
Thamnolia......
Thelenella .......
Thelocarpon.. ....
Thelographis . . ..
Thelopsis ......
Thelotrema .....
Thysanothecium..
Trachylia ......
Trypethelium ....
Umbilicaria ...
Xylographa.....
DE L EMPLOI
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES
POUR LA DÉTERMINATION DES ASCENSIONS DROITES
ET DES DÉCLINAISONS DES ÉTOILES,
Par NA. KEenmum. HEAES.
——— Xi ——
En 1855, M. Houzeau a communiqué à l’Académie de
Bruxelles, dans sa séance du 4 juin, une méthode pour déter-
miner simultanément la latitude, la longitude, l'heure et
l’azimut par des passages dans deux verticaux. Dans cette
méthode, l'emploi de plusieurs étoiles distinctes dont les
positions sont supposées connues, est indispensable ; consé-
quemment, les erreurs commises sur les coordonnées adop-
tées pour ces astres se reportent sur les résultats. Mais,
comme, en employant les étoiles dites fondamentales, ces
erreurs sont nécessairement très petites, cette méthode est
d’une approximation suffisante pour les voyageurs.
Dans un mémoire présenté à la Société impériale des
Sciences naturelles de Cherbourg, dans sa séance du 9 juillet
1855, j'ai traité de l'emploi des observations azimutales pour
la détermination des coordonnées astronomiques des étoiles,
et spécialement des déclinaisons, en insistant sur les avan-
tages de ces observations, qui sont à la fois indépendantes
des réfractions et des flexions.
148 DE L'EMPLOI
Quelques mois plus tard, en janvier 1856, M. Babinet
a communiqué à l’Institut une méthode qu'il avait déjà
trouvée depuis longtemps, pour déterminer la latitude d’un
lieu par les azimuts extrêmes de deux circompolaires diffé-
rentes. El définit son but dans la phrase suivante : « Il ne
s’agit point ici d’une détermination qui puisse prétendre à
une extrême précision, On veut une détermination géogra-
phique on de voyage, qui comporte une exactitude sufli-
sante, et qui puisse s’obtenir en peu de minutes, sans baro-
mètre, sans thermomètre, sans tables de réfraction, et sans
connaissance du méridien. » L'emploi de deux étoiles diffé-
rentes dont on suppose les coordonnées connues, est en
particulier un inconvénient que M. Babinet a fait disparaître
plus tard dans d’autres méthodes, comme nous le dirons
plus loin.
Lors de la formation de l'expédition destinée à la recherche
des sources du Nil Blanc, expédition qui vient d’être dis-
soute, consulté par l’un des membres de cette expédition,
sur les procédés les plus convenables pour la détermination
des coordonnées géographiques, j'ai proposé de faire des
observations azimutales de plusieurs étoiles, dans les loca-
lités où la commission séjournerait; j'ai indiqué les conditions
dans lesquelles devaient être faites ces observations, et J'ai
construit les formules nécessaires pour leur réduction. Ce
procédé a été communiqué par moi à la Société impériale
des Sciences naturelles de Cherbourg, dans sa séance du 8
décembre 1856, et résumé dans le compte rendu de cette
séance.
Enfin, dans les séances de l’Institut du 26 janvier et du
9 février 1857, M. Babinet revient sur la détermination de
la latitude par les observations azimutales, en employant les
observations d’une même étoile dans plusieurs azimuts,
spécialement à ses passages aux azimuts extrêmes ou au
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 149
premier vertical. Nous reviendrons plus loin sur ces métho-
des, qui sont très intéressantes.
Dans le travail que nous publions aujourd’hui, nous avons
pour but de réunir nos divers procédés et nos formules con-
tenues dans nos mémoires antérieurs déjà cités, d’y joindre
les détails pratiques nécessaires, d'indiquer de nouveaux
moyens d'augmenter la précision des observations azimutales
de manière à rendre les résultats qu’elles peuvent fournir
plus exacts que ceux des autres observations, et notamment
des observations méridiennes. En un mot, nous voulons
faire voir que toute l'astronomie peut se faire, avec grand
avantage, par des observations d’azimut.
Actuellement, presque tous les travaux astronomiques
sont fondés sur des observations faites dans le méridien.
Ces observations présentent de très graves inconvénients,
notamment pour la mesure des déclinaisons.
J'ai déjà cité les réfractions et les flexions des cercles.
Les réfractions présentent d'énormes incertitudes. Ellesne
peuvent être calculées qu’en tenant compte de la tempéra-
ture et de la pression barométrique dont elles dépendent,
puisque ces deux éléments modifient la densité de l’air.
Nous avons, dans des mémoires antérieurs, fait connaître
un moyen d'obtenir la température exacte de l'air. La pres-
sion barométrique est mesurable avec une assez grande pré-
cision. Il semble donc que, dans ces conditions , on peut
espérer connaitre assez exactement la réfraction, mais il
n'en est rien, En effet, ce n’est pas seulement la tempéra-
ture générale de l'air du lieu qui détermine la réfraction pour
l'observation présente, mais en même temps la température
de l'air en contact avec la surface de l'objectif, qui néces-
sairement diffère. Ce n’est même pas cette dernière tempé-
rature seule qui agit, mais en même temps la nature des
surfaces isothermes qui existent entre l'objectif et la région
150 DE L'EMPLOI
où l'air possède la température générale du lieu, région à
partir de laquelle on pourra regarder les couches d’air
de même température comme horizontales.
Pour faire voir le rôle de ces surfaces , considérons
un instrument méridien placé dans une salle rectangulaire,
et voyant le ciel par une fente horizontale dans le toit
et par des fenêtres verticales, comme cela a lieu à l'Obser-
vatoire de Paris et dans presque tous les observatoires.
La température intérieure diffère presque constanement
de la température extérieure. Si elle est plus basse, et si on
pointe par une des fenêtres verticales, le rayon lumineux, à
la rencontre de couches d’air froid verticales, se rapprochera
de l’horizon, et le froid de l'air voisin de l'instrument, loin
d’avoir augmenté la réfraction, l'aura diminuée. L’inverse
aurait lieu si la température était plus élevée dans la salle
que dehors. Mais les phénomènes seront encore plus com-
pliqués parce que lescouches isothermes ou plutôt de même
densité ne restent pas verticales, mais prennent des formes
tout à fait inconnues et variables, qui doivent présenter
ordinairement leur convexité à l’extérieur si l'air est plus
froid à l’intérieur qu’à l’extérieur, et leur concavité dans le
cas contraire. Généralement, toutefois, le froid intérieur doit
diminuer la réfraction, tandis qu’il augmente à l’extérieur,
et de plus, l’angle des rayons lumineux et de ces surfaces
pouvant être très grand même pour de petites distances du
zénith', les erreurs peuvent être très notables. Dans ces
circonstances, avec quelle température faire le calcul? Il est
évident que le mieux est de négliger tout ce qui passe entre
l'objectif et la distance à laquelle l’air est à la température
générale du lieu, et d'employer cette dernière température.
Vouloir tenir compte de la température intérieure est absurde,
puisqu'on ne sait pas dans quelle sens elle a agi. insiste sur
cette dernière remarque, parce que tous les astronomes ne
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES, 451
semblent pas avoir réfléchi à ces considérations, et il a été
proposé de se servir de la température intérieure (a). Mais,
quoi que l’on fasse, on commettra toujours des erreurs. C’est
en vain que l’on croirait s’en affranchir en plaçant l’instru-
ment dehors, à l'air libre. Le verre a un pouvoir émissif
considérable, et, par suite, l'objectif et aussi l’air ambiant,
prendront une température très différente de celle de l'air.
Il se produira alors, à la surface de l'objectif, ce qui se
faisait à l'ouverture des trappes.
Dans le sens azimutal , au contraire, tout est symétrique
autour de l'objectif, puisqu'il n’y a pas de raison pour qu’il
en soit autrement, comme dans Je sens vertical, où agit la
pesanteur. Le vent seul peut influer; mais quand il existe,
lui-même empêche la température de l'objectif de différer
notablement de celle de l'air, et sauf auprès de l'horizon,
les réfractions azimutales sont insensibles.
Ajoutons qu’en outre de l’action de la chaleur sur la
densité de l’air, il n’est pas prouvé que la température n'ait
pas une autre action sur le pouvoir réfringent de ce gaz.
Cela a lieu pour certains corps, le verre, par exemple: chaud,
il réfracte plus que froid.
L’humidité de l'air, si difficile à mesurer, a aussi une
petite influence sur le pouvoir réfringent, comme l’a prouvé
Arago, avec un appareil interférentiel.
Il résulte donc de ce qui précède que, quand même les
réfractions moyennes et la température de l’air seraient bien
connues, il serait encore impossible de calculer l'influence
(a) Pour juger de cette influence des trappes, le mieux serait
de diviser les observations d'un même astre en trois séries :
celles pour lesquelles la température intérieure est supérieure à
la température extérieure, celles pour lesquelles elle lui est
égale, celles pour lesquelles elle est inférieure, et de comparer
les déclinaisons fournies par chacune des séries.
152 DE L'EMPLOI
de la réfraction sur les déclinaisons. Mais il s’en faut de
beaucoup que les réfractions moyennes soient bien connues,
puisqu'il a été donné plusieurs tables différentes. I faut
partir d’hypothèses pour les calculer. Près du zénith, sans
doute, il ya peu d'inconvénient à ces hypothèses, mais en
approchant de l'horizon, la loi inconnue des variations de
la densité de l’air avec sa hauteur, met toutes les théories
en défaut. |
Le meilleur moyen d'étudier les réfractions est de com-
biner des observations azimutales avec des observations de
hauteur, ce qui nous ramène à l'emploi de l’alt-azimut qui
non seulement peut étudier les réfractions, mais encore en
affranchir.
Outre les erreurs produites par la réfraction, il y a,
lorsqu'on observe dans un sens vertical, déformation des
cercles par la flexion provenant de l’action de la pesanteur.
Ces déformations produisent des erreurs que le calcul ne
peut faire connaître avec certitude. Il y a encore déforma-
tion par l’action de la température , qui diffère souvent
notablement dans le bas et dans le haut de la salle,
De plus, les images des étoiles sont allongées dans le
sens vertical par la dispersion de l'atmosphère qui en sépare
les couleurs, de sorte que la coloration et l'intensité de la
lumière atmosphérique peuvent changer la situation du
maximum de lumière. Tout le monde ne voyant pas les
couleurs de la même manière, au même instant chaque
observateur voit une situation différente à ce maximum; de
là des équations personnelles de pointé. Dans le sensazimutal,
rien de semblable n’a lieu, à cause delasymétrie desimages.
Dans son mémoire du 26 janvier 1857 (voir les comptes
rendus de l’Académie des sciences), M. Babinet présente
des considérations analogues aux précédentes et que nous
croyons devoir reproduire :
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 153
« Les inconvénients de l'emploi des angles mesurés dans
le plan du méridien sont, dit-il :
» 4° L'incertitude des réfractions avec les indications
peu sûres du thermomètre ef du baromètre;
» 2 La flexion et la déformation des limbes circulaires
mobiles et d’une forme tellement complexe, que le calcul
ne peut remédier à ces causes d'erreur ;
» 3° Le pointé par des fils horizontaux qui, avec la dis-
persion et l’absorption de l’atmosphère, n'offre rien de fixe
et varie avec le plus ou moins d’illumination du champ.
» 4° L’imperfection de l’image focale de Pétoile, l’équa-
tion personnelle du pointé qui n’est pas compensée, et enfin
l'erreur d’axe qui se manifeste quand on observe la même
étoile circompolaire à deux hauteurs différentes. Quant aux
erreurs de division, on suppose que, par des études très
laborieuses et dont Bessel nous a donné un exemple plus
admiré qu'imité, on soit parvenu à en tenir compte dans
toute l'étendue du limbe divisé.
» Il est évident que les arcs divisés horizontaux n’of-
frent aucun des inconvénients des arcs divisés sur un
limbe vertical. D’abord on peut leur donner un diamètre
quelconque, comme, par exemple, quatre mètres et plus ;
tandis que jusqu'ici, pour les limbes verticaux, la flexion
des matériaux n’a pas permis de dépasser deux mètres,
» La réfraction agissant dans le plan vertical n’a aucune
influence sur les erreurs azimutales. I suflit de rappeler les
observations merveilleuses faites à l’instrument des passages
situé dans le premier vertical, pour établir la supériorité
de ce mode d'observer. De plus, on supprime l'emploi du
baromètre, et surtout du thermomètre.
» Les étoiles par suite de la dispersion de l'atmosphère,
quiest un quatorzième ou un quinzième de la réfraction
totale, offrent un spectre allongé vertical qui, pour une
154 DE L'EMPLOI
réfraction d’une minute vers la hauteur de 45 degrés, n’a
pas moins de 4 secondes de dimension verticale, le long de
laquelle l'absorption variable de l'atmosphère et l’imper-
fection de l'objectif répartissent d’une manière variable
le maximum de lumière sur lequel pointe l'observateur.
Ce centre d'intensité est donc essentiellement variable quand
on bissecte l’image de létoile par un fil horizontal. Il n’en
n’est pas de même pour la bissection de l’image par un fil
vertical. L’allongement de l'étoile en hauteur aide au con-
traire à l'exactitude de la bissection. Le pointé de la lunette
méridienne qui est de cette espèce n’a jamais donné lieu
à aucune remarque défavorable, pas plus que le pointé à
fils verticaux dans l'instrument des passages placé est et
ouest. »
On voit par ce qui précède, combien sont nombreux les
avantages des instruments azimutaux sur les instruments
méridiens, et l’on s'étonne alors de l'emploi presque exclusif
de ces derniers. Mais les causes en sont faciles à trouver.
Les observations azimutales sont des observations de temps,
puisqu'elles consistent à déterminer l'instant précisauquel un
astre passe par un azimut donné. Les observations au cercle
méridien sont au contraire des mesures d’arc, pour lesquelles
il semble à priori que l’on peut obtenir un degré de préci-
sion plus grand que pour les mesures de temps. Je dis à
priori, car en réfléchissant à toutes les causes d'erreur des
ares verticaux, erreurs dont nous venons de parler, il est
douteux que l’on puisse atteindre plus de précision. Quoi
qu’il en soit, cette première impression est celle qui à déter-
miné le choix des cercles muraux pour les déclinaisons. Il
faut y joindre, au reste, un autre motif qui a dù exercer
une grande influence. Au cercle mural, les différences de
déclinaison des astres sont directement obtenues après les
corrections plus ou moins bonnes de réfraction, tandis que,
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 155
pour les déduire des observations azimutales, il faut des
artifices de calcul que l’on n’aperçoit pas immédiatement.
Le cercle méridien est donc plus élémentaire, c’ést une
raison pour qu’il ait étéemployé de préférence, mais non pour
qu’il soit préférable.
Nous verrons plus loin comment on peut corriger des
erreurs de l'instrument, avec une très grande précision, les
mesures azimutales, c’est-à-dire, tenir compte des inclinai-
sons d’axes, des erreurs de collimation, de graduation, etc.,
et, dès lors, la seule objection que l’on pourrait faire à l'em-
ploi des mesures d’azimut au lieu des mesures de hauteur au
méridien pour la détermination des déclinaisons, serait de
faire intervenir à la fois des mesures d’arc et de temps.
Cette objection n’en est pas une, vu les incertitudes des
mesures de hauteur, comme nous l'avons déjà dit; mais,
au reste, dans nos formules, nous ferons voir qu’il est
possible d'éliminer entièrement toute influence des irré-
gularités de marche de la pendule, quelque anormales
qu’elles soient. De plus, et encore bien que ce ne soit pas
nécessaire pour l'emploi de nos formules,nous indiquerons
des procédés très simples, par lesquels on peut transformer
les observations azimutales en des opérations de pointé ana-
logues au pointé des hauteurs méridiennes, et dès lors, lob-
jection ci-dessus, quoique sans valeur, disparaît totalement.
Quant aux différences d’ascension droite, l'instrument
généralement employé, savoir, la lunette méridienne, ou ins-
trument des passages, esl en réalité un instrument azimutal,
puisqu'il a pour but d'observer l'heure des passages dans un
même azimut, qui est le méridien. Cet instrument, s'il est
parfaitement rectifié, donne directement les différences
d’ascension droite des astres. Le mode d'observer étant le
même que celui de l’alt-azimut, il ne semble pas, au pre-
mier abord, que nous ayons d’objection à faire à la lunette
456 DE L'EMPLOI
méridienne en faveur de ce dernier instrument. Mais, au
contraire, nous dirons que la limitation desobservations à un
seul azimut, limitation quia lieu dans la lunette méridienne,
estun énorme inconvénient, en ce que toutes les différences
d’ascension droite sont entièrement affectées des erreurs de
la pendule. Or, il est parfaitement connu que, quelques
précautions que l’on prenne pour obtenir des pendules une
marche parfaitement régulière, on ne peut les empêcher
d'éprouver un grand nombre d'anomalies, qui, pour la plu-
part, sont dues au changement de la température. On à beau
compenser la longueur du balancier, la température exerce
sur la marche mille actions qui ne viennent pas de cette
longueur, et, en particulier, elle modifie notablement
les frottements par la dilatation et surtout le changement
d'état des huiles. Or, si, comme nous l'avons fait voir à
l'occasion de l’horlogerie électrique, on remarque que lin-
tervention du moteur sur lequel la température réagit en
modifiant les frottements, peut faire varier la longueur du
pendule qui bat la seconde, et renverser même les lois de
l'isochronisme, il est évident qu’il n’y a pas de compensa-
tion complète possible contre les effets de la température.
L'expérience confirme sur ce point la théorie, Ainsi en
comparant la marche diurne que prend la pendule sidérale
de l'Observatoire de Paris, en été eten hiver, on voit qu’elle
varie de un dixième de seconde environ par chaque degré
de température. Or, comme il fait plus chaud le jour que
la nuit, les pendules présentent une marche périodique,
variable dans chaque saison et inconnue, dont le jour est la
période. L'effet de cette période disparaît donc, dans le cal-
cul du mouvement diurne de la pendule par le retour d° une
même étoile au méridien. Si ensuite, avec ce mouvement
diurne ainsi obtenu, on applique les corrections nécessaires
pour déduire des observations de passage de deux étoiles
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 157
leur différence d’ascension droite, on commet une erreur qui
vient de ce qu’on s’est servi d’un mouvement diurne moyen,
au lieu de l'avance horaire correspondant à l'intervalle des
observations.
Les observations des mêmes étoiles, à part quelques étoi-
les brillantes, ne se faisant que la nuit, et spécialement dans
la soirée, ilne peut y avoir compensation dans les moyennes,
et l’on rapporte au ciel les variations inconnues du mouve-
ment de la pendule.
Nous venons de parler de la température, mais il peut
exister dans l’horloge beaucoup d’autres variations périodi-
ques, les unes dépendant de la pression atmosphérique,
d'autre seulement du mécanisme lui-même.
Dans lalt-azimut, on peut, comme nous le verrons plus
loin, éliminer toute influence de la pendule. En outre, le
procédé dont nous avons parlé et que nous décrirons plus
loin, pour faire les observations azimutales par des opérations
de pointé, permet d'introduire des mesures d’are au lieu des
mesures de temps, ce qui comporte une bien plus grande
précision. De plus, ce procédé fait disparaître les équations
personnelles, la différence d’estime des passages le jour et la
nuit, ct l'influence des ondulations sur cette estime.
Nous n'avons jusqu'ici parlé des avantages des instruments
azimutaux sur les instruments méridiens qu’au point de vue
de la précision des observations. Il est toutefois une autre
considération qui, quoique secondaire, mérite cependant
d'entrer en ligne de compte. Je veux parler de la commodité
de l'observateur. Les observations azimutales d’un astre offrent
en effet l’immense avantage de pouvoir être faites pendant
toute la durée de la présence de cet astre au-dessus de l’hori-
zon, et elles ne sont pas restreintes à un seul instant très court
pouvant tomber aux heures les plus incommodes de la jour-
née ou les plus fatiguantes de la nuit. Avec elles, on n’est pas
158 DE L'EMPLOI
exposé, après avoir veillé plusieurs heures pour attendre le
moment favorable, à voir un nuage cacher lastre au moment
où on allait Pobserver. Pour les déterminations d’azimut on
profite de toutes les éclaircies, ce qui permet d'observer plus
fréquemment, et on peut choisir les instants où on est le
mieux dispos, question très importante au point de vue de
la qualité des observations. Objectera-t-on la plus grande
longueur des calculs de réduction? Cette objection n’est pas
sérieuse. D'abord si, en effet, le calcul de réduction
pour chaque observation est plus long, la précision des
observations azimutales étant plus grande, une seule d’entre
clles vaut une moyenne de plusieurs observations méridien
nes. Elle offre même la certitude que la limite des erreurs
est renfermée entre les limites restreintes où la probabilité
seulement indique que doit être contenue la moyenne en
question. À égalité, à supériorité même de précision, les cal-
culs de réduction ne seront donc pas plus longs pour les obser-
vations azimutales que pour les observations méridiennes.
Mais quand même la réduction serait plus longue, n'est-il
pas préférable au point de vue de l’astronome d'employer
quelques minutes de plus à faire les calculs, pour éviter de
passer souvent plusieurs nuits à attendre le moment favo-
rable pour une observation dont la réduction serait plus
courte, et au point de vue dela précision des résultats, doit-
on s'arrêter à de pareilles objections ?
En résumé : lorsqu'on compare entre elles les déclinai-
sons et les différences d’ascension droite des étoiles fonda-
mentales prises dans divers catalogues, on y remarque des
divergences très grandes, et qui paraissent provenir du mode
d'observation employé.
Les observations méridiennes ont sans doute l'avantage
de présenter une grande simplicité, mais elles sont altérées
par diverses crreurs provenant surtout pour les déclinaisons,
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 459
de la réfraction, de la flexion des lunettes et des cercles et
de la dispersion atmosphérique, pour les ascensions droites,
des équations personnelles et des erreurs périodiques des
pendules.
C’est à ces erreursdiverses qu’il fautattribuer les différences
remarquées entre les divers catalogues d’étoiles fondamen-
tales, et il semble que, quant à présent, on a tiré de Pastro-
nomie méridienne tout ce qu’elle peut donner comme préci-
sion. Pour aller plus loin, il faut donc recourir à de nouveaux
procédés d'observation.
La formule générale qui lie l’azimut d’un astre à son angle
horaire et à sa déclinaison est
(1) Sin { cos y —=tg D cos | — sin y.cot a
dans laquelle L est la latitude du lieu d’observation, » l'angle
horaire et D la déclinaison de l’astre, a l'azimut à partir du
point nord, compté positivement dans le sens des angles
horaires, c’est-à-dire du nord vers l’ouest. C’est la formule
donnée par le triangle sphérique dans lequel on joint l’astre
au pôle et au zénith, et le pôle et le zénith entre eux.
Si on fait plusieurs observations d’un même astre, c’est-
à-dire si on note au moyen de la pendule l’instant auquel
cetastre passe par diverses positions de la lunette corres-
pondantes à diverses lectures du cercle azimutal, on aura
plusieurs équations de la forme (1). lou la latitude du lieu a
la même valeur dans toutes ces équations, D ou la décli-
paison de l'étoile peut également être regardée comme
constante, car clie ne varie que de quantités négligeables
dans l’intervalle des deux observations du même jour (a).
(a) Au reste, connaissant par une première approximation la
valeur de l'ascension droite et de la déclinaison d’une étoile, les
formules de la nutation et de l'aberration font connaître la varia-
tion très petite que ces éléments ont pu éprouver dans l’inter-
valle de deux observations. On trouve ces variations en tables
160 DE L'EMPLOI
L’angle horaire varie de quantités approximativement con-
nues par la pendule, et le changement de l’azimut en passant
d'une observation à l’autre, est connu par la différence
des lectures du cercle azimutal correspondant à ces obser-
vations.
Toutes les équations ne renferment donc que quatre
inconnues, en supposantle mouvement de la pendule connu,
savoir : À, », D et a de la première observation. Si donc on
a quatre observations d’une même étoile, on peut détermi-
ner ces quatreinconnues approæimalivement. Je dis approæxi-
mativement, parce que neus avons supposé le mouvement
de la pendule parfaitement uniforme. Après la détermination
des valeurs approximatives, nous verrons le moyen de nous
débarrasser de cette condition. Le mouvement moyen de
la pendule est d’ailleurs connu si on a observé le retour d’un
même astre au même azimut.
On facilite beaucoup la détermination des valeurs appro-
chées de !, », D et a, si on a déterminé par les observations
des azimuts extrêmes d’une même circompolaire la lecture
du cêrcle azimutal qui répond au méridien. Cette opération
peut être faite avec une grande précision, comme nous le
verrons plus loin, et elle nous servira très utilement à la
détermination des valeurs exactes de /, et D comme à celle
de leurs valeurs approchées; conséquemment on doit à
peu près la regarder comme indispensable. Les valeurs des
azimuts des observations sont alors connues, et trois obser-
vations d’un même astre suflisent à déterminer !, » et D
approximativement.
On a, en effet, les trois équations
dans les éphémérides pour les étoiles dites fondamentales. Si
l'astre observé n’est pas une étoile, on a égalementparles tables
son changement de position dans l'intervalle des observations.
On peut donc faire le caleul en ayant égard à ces changements.
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 461
{Sin ! cos » — tq D cos ! — sin + cot a
(2) {Sin L'cos (9 + m) = tq D cos! — sin(> + m) cot a
Sin L cos (» + m,)= tg D cos ! — sin (? + m,) cot &
équations dans lesquelles on connaît 4, a, a;, et où m et mi
sont connus approximativement par la pendule.
En retranchant les deux dernières équations de la première,
on élimine D, et les deux équations résultantes divisées par
cos 9 sont :
{Sin L (4 — cos m + sin m tg y) — cot a, cos m tg#
+ cot a sin m — cot a (g y
Sin (1 — cos m, + sin m (g +) — cot a, cos m, tg
+ cot asin M — cotatge
En divisant ces deux équations membre à membre, on
élimine sin / et on a une équation du second degré en {q »
d’où on tire deux valeurs de cette tangente, entre lesquelles
il est facile de reconnaître à vue, d’après les conditions de
l’observation, celle que l’on peut admettre. On ferait, au
reste, disparaître tout doute par une quatrième observation.
Substituant cette valeur dans l’une des équations (5) on a sin l,
puis mettant pour lets leurs valeurs dans la première des
équations (2), on a {q D.
Les valeurs ainsi obtenues peuvent être considérées comme
exactes si l’azimut a été bien déterminé, et si le mouvement
de la pendule a été bien uniforme. Mais comme on n’est pas
certain de cette dernière condition, elles ne doivent être
considérées que comme des valeurs approchées. Nous allons
maintenant examiner les procédés à employer pour avoir les
valeurs exactes, lorsqu'on connaît déjà les valeurs approchées
(a).
(5)
(a) En général, la détermination des valeurs approchées est
plus simple que nous ne venors de l'indiquer, parce qu'on
peut recourir aux observations de hauteur, et employer pour
la détermination de l'heure et de la latitude, des étoiles de déeli-
11
162 DE L'EMPLOI
Reprenons la formule générale (1)
Sin L cos 9 —1{g D cos L— sin # cot a.
Si les valeurs approchées de !, », D et a, correspondantes
à une observation d’un astre, sont connues, nous devrons
satisfaire à l’équation (1) en y substituant, pour l: ! + 51;
pour#?:? +5; pour D: D + 5D;ctpour a: a + da; dl, 29, 0D
et Ja étant de très petites quantités dont nous négligerons
les carrés et les puissances supérieures et da représentant
l'erreur sur la lecture du limbe répondant au point nord. La
formule (1) devient alors :
(4) (Cos L cos + tg D sin l) 1 + (cot a cosy —sinlsin e) de
— cos [sec ? D5D — sin cosec?ada + sin L cos —
ig D cos! + sin, cota — 0.
On ne peut pas observer deux étoiles à la fois; mais au
bout de 2 ou 5 minutes, on peut avoir observé une seconde
étoile de déclinaison D' et présentant sur la première un
excès d’ascension droite A, D'et A étant également approxi-
malivement connus. L’angle horaire de cette seconde étoile
sera égal à celui de la première étoile à l’instant de son obser-
vation, augmenté en secondes d’arc de 45 fois l'intervalle en
secondes de temps qui sépare les instants des deux observa-
naison et d’ascension droite assez bien connues. Dans ce cas, les
méthodes à employer sont très simples et bien répandues.
Toutefois, nous avons dû indiquer le moyen d'obtenir les valeurs
approchées en employant seulement quelques-unes des obser-
vations azimutales qui nous sont nécessaires pour les détermi-
nations exactes que ces valeurs approchées vont nous faciliter.
D'une part, on rend par là les déterminations entièrement possi-
bles avec un instrument muni seulement d'un cercle azimutal
sans cercle de hauteur; d'autre part, il devient inutile de faire
d’autres observations que celles qui sont nécessaires pour
les déterminations exactes affranchies de la pendule, considé-
ration qui peut être très utile en voyage, où le temps de l'obser-
vation est plus précieux que celui que l’on emploierait au retour
à la réduction.
DES OBSERVATIONS AZIMUTA LES, 163
tions, et diminué de l'excès d’ascension droite. Or, quelque
mauvaise que soit une pendule, elle donne avec une très
grande approximation un intervalle de deux ou trois minutes.
En effet, les variations du mouvement diurne d’une pendule
passable serontinférieures à uneseconde, et il n’y a que celles
d’une très mauvaise pendule qui pourraient atteindre 5
secondes. Quelque mauvaise que soit la pendule, son mou-
vement diurne d'avance ou de retard à ur instant quelconque
peut toujours être considéré comme connu à 5 secondes
\ . ] .
près. Or, 5 minutes font — de jour.
150
L'erreur d’une pendale, sur la durée de 5 minutes, ne
Là 5 ..
pourra donc pas excéder — de seconde, ou un centième de
seconde environ, et sera très loin d'atteindre cette valeur
avec une pendule seulement passable. Une quantité de cet
ordre échappant à nos sens et étant parfois inférieure de
beaucoup aux erreurs d'observation, on peut considérer
l'intervalle de deux observations aussi rapprochées comme
parfaitement et exactement mesuré par la pendule. L’erreur
sur l’angle horaire + de la seconde étoile doit donc être
considérée comme égale à l'erreur sur langle ; de la pre-
mière observation, moins l'erreur sur la différence d’ascen-
sion droite; on a donc
0?) = do— JA :
ol et da sont les mêmes d’ailleurs que dans l'équation pré-
cédente.
La seconde observation donnera donc l'équation suivante:
(5) (Cos L cos », + tq D' sin [) à +
(cot a, cos ?, — sin l sin 4) (99—3A)—cos l sec? D'oD'—
sin cosec? a Ja sin l coss,—tg D'cosl + sin +, cot a — 0.
En éliminant d+ entre (4) et (5), et posant pour abréger:
Cos ! cos # + 1g D sin ! = M; cot a cos? —sin l sins=N;
— cos l sec D—0;—sin + cosec*a—=P
164 DE L'EMPLOI
Cos cos ?,+tg D'sin ! — M'; cot a, coso,—sin ! sins, = N';
— cos Î sec?D' = 0'; — sin , cosec ‘a, = P'
Sin L cos ?— tg D cos ! + sin » cot a = Q;
Sin ! cose, — tg D' cos l + sin #, cot a —Q
il vient l’équation générale :
(6) (MN'— M'N) 57 + NN'9A + ON'5D — O'N 5Q
+ (PN'—P'N) 9a + QN— QN — 0.
Cette formule est indépendante de l'angle # et renferme
les cinq inconnues 5/, da, A, 5D, D".
En faisant plusieurs autres observations azimutales des
mêmes étoiles, on a plusieurs équations semblables, renfer-
mant les cinq mêmes inconnues, sans introduction d’aucune
nouvelle inconnue. Si le nombre des couples d'observations
des deux étoiles dépasse cinq, on a donc le moyen de déter-
miner les cinq inconnues par la méthode des moindres carrés,
qui est facilement applicable dans ce cas.
Ordinairement, on peut obtenir immédiatement les valeurs
de !, A, a, D et D' assez approchées pour que les corrections
sl, 9 a, à À, D et 5D' soient très petiles. S'il en était diffé-
remment, on substituerait dans les équations générales au lieu
l, À, a, D et D’, les valeurs ! + 51, À + SA, a + 5a, D+0D
et D' + 9D”, données par la première approximation et on
détermincrait de nouvelles corrections beaucoup plus appro-
chées et ainsi de suite, jusqu’à ce que les corrections
fussent négligeables. Mais, en général, une première approxi-
mation suffit.
La détermination de a peut être faite avec une très
grande précision, comme nous le verrons plus loin, par les
écarts extrêmes des circompolaires. En opérant de cette
manière, On n’a que quatre inconnues pour deux étoiles
51, A, 5D, SD’. Lorsqu'on a fait dans un même lieu un
grand nombre d'observations de beaucoup d'étoiles, L est
déterminé par l’ensemble de toutes les observations, et, par
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 165
conséquent, est connu avecune grande exactitude. On reporte
alors cette valeur de ! dans les équations pour chaque série
d'étoiles, et on détermine pour chaque groupe les valeurs
de à D,9 D'et 9 A.
La différence des azimuts extrêmes d’une même circom-
polaire, différence qui peut être déterminée avecune grande
précision, donne d’ailleurs, comme nous le verrons plus loin,
une équation entre la latitude du lieu et la déclinaison de
l'étoile observée. On peut tirer un grand parti de cette équa-
tion pour l'élimination de à {/, et sa détermination après
l'obtention de 5 D.
De plus, les observations des étoiles dont on veut déter-
miner l'ascension droite seront généralement combinées
deux à deux d’un grand nombre de manières, de sorte qu’on
aura plusicurs relations entre des sommes de différences
d’ascensions droites. Ces relations augmenteront la précision
des résultats, en ce qu’elles diminueront le nombre des in-
connues, sans réduire le nombre des équations.
En reportant dans les équations données par une seule
étoile, telles que (4) et (5), les valeurs de la latitude, de
Pascension droite, de la déclinaison et de l’azimut ainsi
déterminées, on obtient la valeur de la correction d+ de
l'angle horaire, et par suite l’état de la pendule en cet
instant.
On voit donc, par ce qui précède, que des observations
azimutales seules pourront donner la latitude, l'heure, le
méridien, les déclinaisons et ascensions droites des astres.
Nous donnerons plus loin des détails sur leur emploi pour
la mesure des longitudes. Mais, comme toutes les autres
observations, les mesures de l’azimut sont entachées de
quelques erreurs introduites par les imperfections des ins-
truments et par celles des procédés d’observation. Les pre-
mières imperfections et quelques-unes des secondes donnent
466 DE L'EMPLOI
lieu à des erreurs qui peuvent être calculées. Nous allons,
avant de poursuivre l’étude de emploi des observations
azimutales, entrer dans des détails à ce sujet. Pour cela, nous
passerons d’abord en revue les dispositions principales
données aux instruments azimutaux, et nous examinerons
les divers moyens de corriger les observations des erreurs
instrumentales.
DES INSTRUMENTS AZIMUTAUX ET DE LEURS CORRECTIONS.
L’instrument dont on se sert généralement pour les mesu-
res d’azimut est le théodolite, c’est-à-dire, un instrument
composé d’un limbe horizontal tournant autour d’un axe
vertical et dont une alidade fixe permet de mesurer la rota-
tion. L’axe vertical supporte, en même temps que le limbe,
une lunette qui suit le mouvement azimutal de ce dernier el
qui tourne en même temps autour d’un axe horizontal de
manière à pouvoir pointer à diverses hauteurs, On donne
aux théodolites diverses dispositions. Aïnsi, il y a des théodo-
lites dont la lunette est excentrique et d’autres où elle
est centrée sur le limbe. Ils sont ou non répétiteurs
en azimut. Généralement un limbe vertical permet de
mesurer l'angle de la lunette avec l'horizon, mais rare-
ment l'instrument est répétiteur dans le sens des hauteurs.
Lorsque les théodolites munis d’un limbe horizontal et d’un
limbe vertical ont de grandes dimensions, on les désigne
sous le nom d’alt-azimut.
Erreurs dues à l’inclinaison des axes.
Tous les théodolites sont munis de trois vis à caler, à
l'aide desquelles l’axe de l'instrument, qui est en même
temps l'axe du cercle azimutal, peut être rendu vertical.
Dans tous ces instruments également, l'axe du cercle de
hauteur supporte un niveau à l’aide duquel il peut être rendu
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 167
horizontal. Mais lorsque la lunette est excentrique, c’est-à-
dire quand elle est portée, ainsi que le limbe, à l’une des
“extrémités de cet axe horizontal, la flexion due au poids
très notable de cette lunette et de ce limbe fait que la
lunette se meut en réalité dans un plan incliné, lors même
que le niveau indiquerait que l’axe serait horizontal. Cette
expression : lors même que l’axe serait horizontal, demande
une explication, car, par suite des flexions, l’axe est une
courbe; aussi doit-on définir l'axe par la ligne droite qui
joint les centres des deux sections verticales de l’axe pas-
sant par le milieu des coussinets. Si les deux portions de
l’axe qui reposent sur les coussinets étaient parfaitement
cylindriques etde même diamètre, les deux pattes du niveau
feraient exactement connaître si l'axe est horizontal, pourvu
que ces deux pattes du niveau pussent reposer au-dessus
des coussinets, En général, cette dernière condition n’est pas
possible, mais les pattes du niveau reposent tout près des
coussinets, ce qui ne peut pas produire d’erreur appréciable,
(a) à la condition toutefois d’une répartition symétrique de
poids sur l’axe, ce qui revient à équilibrer le cercle et la
lunette à l’autre extrémité de cet axe. Ordinairement, dans
les théodolites excentriques, cette répartition symétrique
n'a pas lieu. Les artistes ne s’en préoccupent pas, parce que
l'erreur du nivellement qu’il s'agissait d'éviter par là est
petite par rapport à l'erreur déjà citée plus haut et résul-
tant de ce que, par la flexion, la lunette se meut dans un
plan incliné, lors même que l’axe serait horizontal.
IL résulte des procédés mêmes employés dans la construc-
tion des axes que le défaut de cylindricité est peu à craindre,
(a) Ceci suppose toutefois que les tourillons ne sont pas
coniques et ne font pas un angle entre eux, contrairement à ce
qui alieu généralement. Aussi il importe que les pattes du
niveau reposent sur les coussinets autant que possible.
465 DE L'EMPLOI
C'est ainsi qu’à la lunette méridienne de l'Observatoire de
Paris il n’a pas été possible de reconnaitre, par des nivelle-
ments faits pour diverses hauteurs de l'instrument, d’erreur
appréciable dans la cylindricité des tourillons. En citant
cette lunette nous venons d'indiquer le moyen de reconnai-
tre des défauts de cylindricité et de les mesurer même au
moyen du niveau. On pourrait donc en tenir compte s’il y
avait lieu.
Il n’enest pas de la différence de diamètre des deux tou-
rillons comme de leur cylindricité. On peut dire qu’il est
pratiquement impossible d'obtenir des tourillons rigoureu-
sement de même diamètre. Par suite de cela, le niveau qui
fait connaître l’inclinaison de certaines arêtes supérieures
du tourillon (a), celles sur lesquelles reposent ses pattes, ne
donne pas l’inclinaison réelle de l'axe. Pour savoir ce
qu'était cette inclinaison, il faudrait pouvoir faire un second
nivellement en renversant la lunette, de telle sorte que le
tourillon de gauche vint reposer sur le coussinet de droite
et inversement. En effet, soit à l’inclinaison des arêtes repo-
sant sur les coussinets, et à + + l’inclinaison des arêtes
supérieures dans la position directe donnée par le niveau,
cette inclinaison sera i—+ dans la position inverse, et elle
sera également donnée par le niveau; soient donc 2, et 2, les
inclinaisons données par le niveau, position directe et posi-
tion inverse, on aura
i+ p = : Cti— pt
; 5 î (} di —1
d’où param 2 9 = — ea
9 è 2
(a) Par la disposition des pattes du niveau et des coussinets,
ces arêtes supérieures sont symétriques des arêtes inférieures
qui reposent sur les coussinets.
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 1469
. € . . . . .
Or à+7 est l’inclinaison de l'axe, qui est alors égale
) D
Pl
5 U — do
P
Dans les théodolites excentriques, le renversement de
l’axe sur les coussinets n'est pas possible. Le niveau ne peut
donc faire connaître que l’inclinaison des arêtes supérieures
à
de l'axe et nullement celle de l’axe lui-même. Cet incon-
vénient, joint à celui que nous avons déjà signalé, que la
lunette se meut par suite de la flexion dans un plan incliné,
lors même que l'axe serait horizontal, fait que, dans les
théodolites excentriques, le niveau ne peut servir à déter-
miner l’inclinaison du plan dans lequel se meut la lunette.
Or, pour obtenir des observations azimutales précises, cette
inclinaison doit être connue avec une grande exactitude,
afin de corriger ces observations de l'erreur qu’elle intro-
duit sur l’azimut. Au contraire, en employant les théodolites
centrés, dans lesquels la lunette puisse être renversée sur
les coussinets et où les poids sont reportés symétriquement
sur l’axe, par un équilibrage du cercle de hauteur par un
second cercle semblable, il résulte dela symétrie des flexions
que la lunette se meut dans un plan perpendiculaire à son
axe défini comme précédemment, et que, le niveau peut,
par les formules précédentes, donner l’inclinaison réelle de
cet axe, en même temps qu'au besoin, il fait connaître le
défaut de cylindricité des tourillons.
On peut sans doute, sans recourir au niveau, parvenir à
éliminer à peu près l'influence de l’inclinaison de l'axe sur
les mesures azimutales, que les théodolites soient ou non
excentriques, en observant successivement dans la position
directe et dans la position inverse de l'instrument, c’est-à-
dire par un changement de 180° sur les mesures azimutales.
On peut mieux encore déduire l’inclinaison d'observations
170 DE L'EMPLOi
de passages par des azimuts donnés d’an même astre observé
directement et par réflexion sur un bain de mercure. Mais
il résulte de tout cela dans les observations des complica-
tions que le temps et les circonstances ne permettent pastou-
jours. Dans tous les cas, le niveau fournit des vérifications trop
précieuses pour y renoncer; et fréquemment on ne possède
que lui pour déterminer l'inclinaison de l'axe et éliminer les
erreurs qu'elle produit. Il faut donc, autant que possible,
rejeter les théodolites excentriques, et n’employer que
des théodolites dans lesquels la lunette est centrée. Gette
condition doit être regardée comme indispensable lors-
qu’on veut une grande précision, et lorsqu'on augmente
les dimensions du théodolite pour en faire un alt-azimut.
Dans les petits instruments, le centrage de la lunette pré-
sente un grave inconvénient, qui consiste en ce que le
limbe azimutal empèche &e pointer la lunette à de grandes
hauteurs à moins d’allonger beaucoup les supports de cette
lunette au-dessus de ce limbe, et de mettre devant l’oculaire
un prisme à réflexion totale pour regarder dans le voisinage
du zénith. On pourrait encore remédier à cet inconvénient
en remplaçant la lunette par un télescope à réflexion muni
d’un prisme pour regarder à angle droit avec l'axe du miroir.
Alors on viserait par la partie supérieure du tube et on ne
serait gèné dans aucune position. On objecte à la vérité au
télescope àréflexion de ne pas présenter pour la collimation
la même stabilité que la lunette parce qu'un déplacement
du prisme interposé entrele miroir et le réticule peut chan-
ger cette collimation. Mais il existe un moyen très simple
de faire disparaître cette difficulté. Ce moyen consiste à
percer le miroir en son centre qui ne sert pas, puisque le
prisme empêche lesrayons des astres d’y parvenir, et à fixer
et mastiquer dans ce trou un petit miroir dont le rayon de
courbure soit la distance focale du grand miroir. Ce petit
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 471
miroir aura pour effet de réfléchir l'image des fils du réti-
cule au foyer, et la situation de ces fils sera déterminée par
la condition que leur image soit cachée par eux. La ligne de
collimation sera ainsi déterminée par l'objectif seul sans
aucune intervention de la situation du prisme; et les dépla-
cements du réticule pourront toujours être rectifiés. Il est
facile de voir que cette disposition offre de plus Pavantage
d'éliminer l’effet de la flexion du tube.
L’inclinaison de l’axe horizontal d'un théodolite varie avec
l’azimut de la lunette, si l'axe vertical de l'instrument n’est
pas rigoureusement vertical. Les vis de calage permettent
de mettre ce dernier axe sensiblement vertical, mais il est
difficile d'arriver à la rigueur absolue. D’un autre côté, pen-
dant la durée d’une série d'observations, il importe de s’as-
surer plusieurs fois de l’état de cet axe, et d’en tenir compte
pour les réductions. La manière d’opérer consiste à observer
linclinaison dans deux plans rectangulaires. Calant le cercle
azimutal sur une certaine division, on fait une lecture du
du niveau (porté soit par le cercle azimutal, soit par l’axe
de la lunette), on décale ensuite le cercle azimutal, qu’on
fait tourner de 180°, pour le caler de nouveau, ct on
fait une nouvelle lecture du niveau. La différence de
ces deux lectures égale le double de l'angle de la per-
pendiculaire à l’axe vertical avec la ligne horizontale dirigée
suivant l’azimul où a été faite l'opération, et fait consé-
quemment connaître linclinaison de l'axe dans le sens de
cette ligne. On répète les mêmes observations dans un
nouvel azimut faisant avec le premier un angle de 90°, et on
a de même l’inclinaison de la perpendiculaire à l’axe vertical
dans ce nouvel azimut.
Soient alors à l’inclinaison pour la lecture a du limbe
horizontal, et +’ l’inclinaison pour la lecture 90 + 4 du même
limbe; a, la lecture inconnue du limbe horizontal pour la-
172 DE L'EMPLOI
quelle l’inclinaison est nulle ; enfin, I l'inclinaison inconnue
de l’axe vertical; on aura les deux équations :
Sin à —sin (a — a,) sin I
Sin à — sin (90 + a—a,)sinl
d'où 1g (a — a) =
sin ?
Sin I — sin? ? + sin°t
Connaissant ainsi a, et }, on aura l’inclinaison ©” dans un
azimut a” quelconque par l'équation
Sin —=sin (a — a,;)snlI
L’inclinaison de l’axe de la lunette ou axe horizontal de
l'instrument est, comme nous l'avons vu , déterminable
directement, si l'instrument est centré, au moyen du niveau
porté par cet axe. Cette inclinaison, étant déterminée, restc-
rait la même dans tous les azimuts, si l’axe de l'instrument
était parfaitement vertical; mais, en général, il n’en est pas
ainsi, el il importe alors de noter l’azimut dans lequel on a
fait une détermination de l’inclinaison de cet axe. Retran-
chant alors de l’inclinaison trouvée celle de la perpendicu-
laire à l'axe vertical de l'instrument dans l’azimut considéré,
inclinaison que l’on a parles formules précédentes, on obtient
l'angle A formé par l'axe horizontal, et la perpendiculaire à
l’axe vertical. Si alors on cale l'instrument dans un nouvel
azimut, on aura l'inclinaison de l'axe horizontal dans cenouvel
azimut en joignant à l'angle A l’inclinaison de la perpendi-
culaire à l'axe vertical fournie par la formule précédente :
sin + — sin (a — à,) sin I. ?
Lorsqu'on veut connaître l’azimut d’un point, on com-
met une erreur quand l'axe de l'instrument n’est pas hori-
zontal, puisque la lunette ne se meut pas dans un plan
vertical; la grandeur de l'erreur commise dépend de la hau-
teur du point observé. Soient À la hauteur de ce point et
l'inclinaison de l'axe horizontal de l'instrument. Le plan
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. Â735
décrit par la lunette, et qui passe par l’objet considéré, fait
alors l'angle + avec la verticale. L’intersection de ce plan et
du plan vertical passant par l’objet, avec la sphère céleste
détermine deux arcs de grands cercles, et ces deux ares for-
ment avec l'horizon un triangle sphérique rectangle dont
l'un des côtés de l'angle droit est égal à h, et dont l’autre
côté de cet angle doit être l'erreur € cherchée sur l’azimut,
l'angle adjacent à ce côté étant égal à G0°— +. Si k' est la
longueur de l’'hypothénuse, qui n’est autre que la hauteur
donnée par l'instrument, on a
tang : — tang X cos (90° — :) — tang h sin à.
On peut donc, au moyen de cette formule, corriger les
observations azimutales de l'erreur due à Pinclinaison. Cette
erreur et l'inclinaison étant deux très petites quantités, on
peut sans erreur sensible substituer les arcs aux tangentes et
sinus, et il vient
s=— lang h:
Cette formule fait voir que tant que la hauteur de Pastre
estinférieure à 45°, l’erreur commise sur l’azimut est moin-
dre que celle que l’on commet sur l’inclinaison, mais quand
Ja hauteur est plus grande que 45°, l'inverse a lieu, puis-
qu’alors tang h' devient plus grand que l’unité.
Quant au signe de la correction à appliquer aux azimuts
observés, il faut remarquer que cette correction sera addi-
tive si le tourillon le plus élevé est celui de la droite de
l'observateur, et soustractive dans le cas contraire,
Si on différentie la formule
= (ane
par rapport à « et X", il vient
de —1sec?h 0h
ce qui prouve qu’une erreur sur À introduit une erreur sur
# d'autant plus grande que ' est plus grand. Si nous remar-
quons que à et à ' sont du premier ordre, nous voyons que
174 DE L'EMPLOI
de est du second ordre, tant que À! est petit, mais quand
approche de 90°, une erreur sur k' peut introduire sur :
une erreur très appréciable. Les observations azimutales ne
doivent donc pas être faites très près du zénith (a), parce que
les erreurs instrumentales ont alors une trop grande influen-
ce. Des observations près du zénith, combinées avec d’autres
observations éloignées, peuvent au reste, par cette même
raison, être employées à l’étude de ces erreurs instrumen-
tales.
Remarquons en passant que le triangle sphérique qui vient
de nous donner l'erreur de l’azimut correspondant à une
inclinaison de l’axe, donne encore
Sin = sin k cos 1.
formule qui donne la hauteur en fonction de l’are mesuré
sur le limbe vertical de l'instrument.
Erreur de collimation.
Outre Perreur d’inclinaison, dont nous nous sommes déjà
occupés, il existe dans les instruments une autre erreur
que l’on appelle erreur de collimation, et qui consiste en ce
que l’axe optique de la lunette n’est pas perpendiculaire à
axe horizontal de rotation de cette lunette. Il résulte de
cette erreur que l’axeoptiquede la lunette au lieu de décrire
un plan, décrit un cône.
Dans les instruments de grande dimension, pour lesquels
la lunette n’est pas excentrique, on détermine la collima-
tion à l’aide des collimateurs. On appelle ainsi une lunette
fixe composée d’un objectif et d’un réticule formé de deux
fils croisés placés à son foyer principal et éclairés par der-
rière. Les rayons émanés de ces fils sortent de l'objectif
parallèles entre eux et à l'axe optique du collimateur, de
(a) Nous verrons toutefois plus tard le moyen d'employer les
observations voisines à la fois du zénith et du méridien.
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 175
sorte que, sion vise avec la lunette de l'instrument dans
cette direction, on obtient, dans cette lunette, une image des
fils du collimateur, qui se forme au foyer exactement comme
si ces fils élaient placés à l'infini. Quand on amène l’image
de la croisée des fils collimateurs, sous celle des fils de la
lunette d'observation, on est sûr alors que l’axe optique de
la lunette d'observation est, sinon dans le prolongement
de l’axe optique du collimateur, du moins parallèle à cet
axe.
Pour obtenir la collimation avec un collimateur, on opère
de la manière suivante :
On pointe d’abord la lunette de l’alt-azimut sur le colli-
mateur, qui est à peu près horizontal, et que, pour fixer les
idées, nous supposerons au nord. Le pointé étant fait avec
soin, ont lit la division correspondante du limbe azimutal,
puis on fait tourner la lunette autour de son axe horizontal,
de manière que l'objectif qui était au nord se trouve au
sud; on décale ensuite le cercle azimutal et on fait tourner
l'instrument autour de son axe vertical, jusqu’à ce que l’on
ait ramené l'axe optique de la lunette sur le collimateur.
Cette rotation de l'instrument devra être exactement de
480° si la collimation est nulle, mais s’il existe une collima-
tion, la rotation sera de 180° plus ou moins le double de
l'angle de collimation, et cette rotation, connue par une
seconde lecture du limbe azimutal, fera, par conséquent, con-
naître la collimation.
Dans cette manière d'opérer, il est facile de voir que, si
la graduation du limbe azimutal estéxacte, on aura exacte-
ment la collimation quelle que soit l’excentricité de ce limbe,
pourvu que les lectures qui donnent la rotation soient faites
à la fois par deux verniers ou deux microscopes opposés.
Mais sila graduation n’est pas exacte, on aura une erreur
sur la collimation. On pourra faire disparaître cette erreur
176 DE L'EMPLOI
si l'instrument est répétiteur, en employant successivement
les diverses parties du limbe, mais alors une détermination
de la collimation sera une opération longue, puisque cela
revient à la déterminer plusieurs fois; et il y a conséquem-
ment avantage à se servir de deux collimateurs opposés.
Pour faire comprendre cette nouvelle méthode, nous
ferons remarquer que, si l'on a deux collimateurs opposés,
et si l’on munit l’un d’eux momentanément d’un oculaire,
on apercevra à la fois dans le champ ses fils et celui du
collimateur opposé. On pourra donc pointer ce collimateur
sur l’autre, de sorte que les deux axes optiques des colli-
mateurs soient parallèles ; après quoi on enlèvera l’oculaire
du collimateur et on rétablira l'éclairage.
Il faut toutefois remarquer que, si on place ainsi deux
collimateurs opposés des deux côtés de l’alt-azimut, par
exemple lun au nord et l’autre au sud, l'opération du pointé
dont nous venons de parler présentera une difficulté résul-
tant de ce que la lunette de l’alt-azimut se trouvera sur le
trajet des rayons allant de l’un des collimateurs à l’autre.
Pour lever cette difficulté, on perce le tube de la lunette de
l’ait-azimut dans un sens perpendiculaire à l'axe optique et
à l'axe de rotation de cette lunette, et alors, pour pointer les
deux collimateurs lun sur l’autre, il suffit de mettre la
lunette de l’alt-azimut dans unesituation verticale, et d'ouvrir
le tube de cette lunette.
Les deux collimateurs étant pointés l’un sur l’autre, on a
la collimation de linstrument avec la plus grande facilité. Il
suffit pour cela de pointer la lunette de l’alt-azimut sur le
collimateur nord, par exemple, puis de faire tourner cette
lunette autour de son axe horizontal, de manière à porter
son objectif au sud. Alors, si la coilimation est nulle, la
lunette doit se trouver pointée sur le collimateur sud; s’il en
est autrement, la quantité dont il faut faire tourner l’instru-
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 177
ment pour qu'il en soit ainsi, fait connaitre le double de
la collimation, et le sens de la rotation, le signe de cette
erreur.
Dans cette seconde manière d'opérer, les erreurs de gra-
duation ne sont pas {ant à craindre que dans la première,
puisque les erreurs sur les ares de 180° sont éliminées, et
puisque la quantité de la rotation qui est très petite se
trouve aisément mesurée d’ailleurs par les microscopes,
abstraction faite de la graduation de l'instrument.
Nous ferons remarquer, que d’après ce qui précède, la
combinaison de l'emploi d’un seul ou de deux collimateurs,
peut être employée à l'étude des erreurs de graduation du
cercle azimutal pour les ares de 180 degrés.
Nous avons vu précédemment qu’il était utile, pour la
détermination de la différence de diamètre des tourillons de
l'axe horizontal de la lunette,que cet axe püt être renversé,
c’est-à-dire que l’on pût placer le tourillon de droite sur le
coussinet de gauche et inversement. Lorsque l'instrument est
ainsi disposé, on peut utiliser aussi le renversement pour la
détermination de la collimation, à l’aide d’un seul collima-
teur. Supposons en effet que la lunette soit pointée sur ce
collimateur, l'instrument étant parfaitement calé. Si la colli-
mation est nulle après le retournement de l'axe, la lunette
sera encore pointée sur le collimateur, mais s’il y a collima-
tion, il faudra faire tourner le limbe azimutal du double de
la collimation pour rétablir ce pointé.
Ce procédé est toutefois moins bon que celui des deux
collimateurs, parce que, dans l’opération de retournement, le
_ poids des appareils peut donner licu à des accidents et à un
changement de la collimation. Il est donc toujours bon que
les grands instruments soient munis de deux collimateurs.
Quant on détermine la collimation par retournément de
V’axe horizontal, on peut se passer de collimateurs et faire
12
54] DE L'EMPLOI
usage d’une mire éloignée. C’est de cette manière que l’on
détermine la collimation pour les petits théodolites à lunette
centrée. Il faut pour cela que la lunette soit, aussi exacte-
meni que possible, au milieu de l'axe horizontal. C’est ce
qui a lieu généralement par construction avec une précision
suffisante. Pour les lunettes d’un fort pouvoir amplifiant,
c’est-à-dire pour les grands instruments, les oscillations
dues à l’atmesphère réduisent considérablement la précision
de la mesure, ce qui rend les collimateurs nécessaires.
Avec les théodolites excentriques, on ne peut pas déter-
miner la collimation par lPemploi d’un collimateur. Pour
l'obtenir, il faut déterminer l'écart des deux positions de la
lunette lorsqu'elle est à gauche ou à droite du limbe, dans
deux situations parallèles, et on place à une grande distance
deux mires, à un éloignement l’une de l’autre égal à l'écart
de ces deux positions de la lunette, de telle sorte que la
ligne qui joint ces deux mires soit perpendiculaire à celle
qui joindrait le centre du théodolite au milieu de l'intervalle
des deux mires. La lunette du théodolite étant à gauche du
limbe, on pointe sur la mire de gauche et on cale le limbe
azimutal. On fait ensuite tourner la lunette autour de son
axe horizontal, de manière que son objectif s’il était au
nord, par exemple, se trouve au sud, puis on décale et
on vise à la mire de droite. S'il n’y a pas de collimation, le
limbe doit tourner exactement de 180° degrés pour ce
second pointé, autrement, il tourne de 480°, plus ou moins
le double de la collimation suivant le sens de cette erreur.
On pourrail également n’employer qu’une seule mire,
mais il faudrait alors exactement connaitre la distance de
cette mire au centre de l'instrument. On déduirait alors de là
l'angle À sous-tendu à la mire par les deux positions de
la lunette à gauche et à droite du limbe. En visant alors à
la mire, lunette à droite et lunette à gauche, on fera les
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 2)
lectures azimutales correspondantes, ce qui fera connaître
la quantité de rotation. Or, la lunette ayant dû tourner de
180 + A + le double de la collimation (les signes dépen-
dant du sens de la rotation, de la graduation de l’instrument
et de la collimation), on connaitra la collimation puisqu'on
connait A.
Lorsqu'on possède deux collimateurs opposés pointés l’un
sur l’autre, on peut également s’en servir pour déterminer
la collimation des théodolites excentriques. Hi suflit pour
cela, après avoir calé convenablement le cercle azimutal, de
faire tourner la lunette autour de son axe horizontal pour
pointer sur ces deux collimateurs.
Lorsque la collimation est connue, il est facile de cal-
culer l'erreur qu’elle peut introduire sur les mesures azimu-
tales.
En effet, par le centre de Pinstrument, menons un plan
vertical M perpendiculaire à l’axe horizontal de la lunette,
et par la verticale ct l’axe optique de la lunette, menons un
second plan vertical N. Ces deux plans couperont la sphère
céleste suivant deux ares de grand cercle verticaux qui inter-
cepteront sur l'horizon un arc Sa, qui est la mesure de l'erreur
introduite sur lazimut par la coilimation de l'instrument.
Par l'axe optique de l'instrument, menons un plan perpen-
diculaire au plan M ; l'arc de cercle intercepté sur la sphère
céleste par ce troisième plan, entre les deux plans précé-
dents, est précisément égal à la collimation €, de sorte que
si, du point où laxe optique perce la sphère céleste, on
abaisse une perpendiculaire sur le plan M, la longueur de
cette perpendiculaire sera égale à sin c. Cette perpendicu-
laire à M est d’ailleurs horizontale, puisque M est vertical.
Par cette perpendiculaire menons donc un plan horizontal,
Vintersection de ce plan par la sphère céleste sera un arc
de petit cercle, dont le rayon sera égal au cosinus de
480 DE L'EMPLOI
l’angle de l'axe optique de la lunette avec lhorizon, ou
au cosinus de la hauteur apparente de l’astre, hauteur que
nous appellerons À.
Or, le triangle rectangle formé par l'intersection du plan
de ce petit cercle, par les plans M et N d’une part, et par la
perpendiculaire sin c abaissée de l'extrémité de l’axe optique
sur M, est semblable au triangle rectangle formé par l’inter-
section de M et N par l'horizon ct par la perpendiculaire
sin da abaissée sur M du point où l'intersection de N
par l'horizon coupe la sphère céleste.
On aura donc la proportion :
sin da : sinc :: À : cos À.
D'où, sin da = sin c sec h.
c ou la collimation étant un (rès petit arc, on peut rem-
placer le sinus par lare. Il en est de même de da, excepté
dans le voisinage du zénith.
On peut donc poser sans erreur sensible,
da = c sec h,
formule de correction très simple,
La correction da à joindre à l’azimut sera positive quand
la collimation portera l'axe optique vers la gauche de l’obser-
vateur et négative dans le cas contraire.
Dans le voisinage du zénith, l’erreur sur la collimation
peut introduire une erreur considérable sur l’azimut, comme
on le voit par la formule. Il semble donc qu’on doit proscrire
les observations près du zénith, autrement que pour l’étude
même des corrections de l'instrument, mais nous verrons
plus loin le moyen d'employer les observations voisines à
la fois du zénith et du méridien.
Tant que cest loin de 90°, unc erreur sur À n'’introduit
qu’une erreur du second ordre sur da; on a en effet en dif-
férentiant la formule,
Ja = c sec h,
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 181
par rapport à b,
d. da — c sec h tang k dh
expression dans laquelle le second membre est du second
ordre, tant que le produit sec À tang k n’est pas très grand,
puisque c et 9h sont très petits.
Dans la taille de l'objectif d’une lunette, on peut disposer
de quatre surfaces et les conditions de l’achromatisme lais-
sent indéterminé un des rayons de courbure. M. Porro a
cu l’ingénieuse idée de mettre cette propriété à profit pour
éliminer la flexion des lunettes et faire dépendre la situa-
tion du réticule de la position de l'objectif. Ce procédé con-
siste à donner pour rayon de courbure à l’une des surfaces
Ja longueur focale de l'objectif, de sorte que les fils du réti-
cule se réfléchissent dans cette surface et viennent former
leur image dans le plan focal. Il existe alors une position
du réticule qui ne dépend que de l’objectif et dans laquelle
les fils coïncident avec leur image. Cette disposition très
importante pour éliminer la flexion ne suffit pas à assurer la
constance de la collimation, puisque tout déplacement de
l'objectif sur la sphère ayant pour centre le milieu du réti-
cule n'empêche pas la réflexion de la croisée des fils sur
elle-même; seulement, avec la disposition prise par M.
Porro, la ligne de collimation ne dépend plus que de l'ob-
jectif, puisqu'elle n’est autre que la ligne qui joint le centre
optique de l'objectif au centre de courbure de l’une de ses
surfaces. On peut profiter de cela pour s'assurer si la
collimation reste constante pour les diverses inclinaisons
de l’instrument, à l’aide de la disposition suivante :
Sur un point du contour de l'objectif serait une petite
surface plane perpendiculaire à l'axe optique, et argentée
électro-chimiquement de façon à former miroir suivant les
procédés de MM. Steinheil et Foucault. Ce petit miroir m
recevrait et renverrait un faisceau de rayons parallèles pro-
58 DE L'EMPLOI
venant originairement d’un collimateur C horizontal placé
suivant la direction de l’axe de la lunette, et tournés vers m
à angle droit par un prisme à réflexion totale. Ce prisme
serait placé dans laxe de rotation de la lunette qui serait
creux et il tournerait avec cet axe. Le collimateur C, au
contraire, dirigé suivant cet axe de rotation en serait indé-
pendant. On voit alors qu’après avoir donné au prisme la
position convenable (son angle pouvant d’ailleurs n'être pas
exactement droit et le petit miroir n’être pas rigoureusement
perpendiculaire à l'axe optique), les rayons émanés des fils
du collimateur C donneront, après avoir été rendus parallèles
par l'objectif de ce collimateur et s'être refléchis une pre-
mière fois dans le prisme, puis sur le petit miroir m de
l'objectif et une seconde fois dans le prisme, une image
qui après avoir été amenée à coïncider avec ces fils devra
continuer de coïncider pour toutes les inclinaisons de la
lunette si la collimation est constante. Ceci n’est exact
toutefois qu’à la condition que la surface réfléchissante du
prisme fasse pendant son mouvement de rotation un angle
constant avec l'axe optique du collimateur G. Pour s’assurer
qu'il en est ainsi, le prisme portera sur la surface dirigée
vers le collimateur un miroir percé d’un trou par lequel
passeront les rayons se rendant à l'objectif et revenant
de ce dernier au collimateur. Ce miroir sera assujetti sur
le prisme de manière à être perpendiculaire à Paxe optique
du collimateur C. Alors les fils de ce collimateur se réflé-
chiront sur eux-mêmes à l’aide de ce miroir par le contour
de l'objectif du collimateur, en même temps que d’ailleurs
par le centre de ce même collimateur et par le prisme et
le miroir de lobjectif de la lunette ils formeront égale-
ment leur image, comme nous l'avons dit précédemment.
Dans Ja rotation un déplacement du prisme se manifestera
par un déplacement de l’image des fils due au miroir percé,
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 59
et il sera facile soit de rectifier la position de ce prisme,
soit de tenir compte de sa variation.
Au lieu de faire réfléchir les fils de la lunette de lins-
trument sur l’une des surfaces de l'objectif, comme l’a
proposé M. Porro, on peut également les faire réfléchir
sur l’anneau qui maintient l'objectif, pourvu que la surface
intérieure de cet anneau appartienne à une surface sphéri-
que ayant pour rayon de courbure la distance focale de
l'objectif. Pour éviter d’ailleurs les difficultés d'exécution,
l'objectif pourrait être plus où moins éloigné dans ect
anneau et fixé au point où son foyer coïnciderait avec le
centre de courbure de la surface interne de lPanneau. Par
là on éviterait la difficulté de donner à l’une des courbures
de l'objectif exactement la distance focale.
La réflexion des fils sur eux-mêmes par l'objectif, offre
avantage de pouvoir changer à volonté de réticule sans
changer la collimation; on peut donc employer des fils de
grosseur variable, suivant les grossissements que l'on
emploie, sans pour cela déterminer chaque fois la collima-
tion.
Le collimateur C dont nous venons de parler est avanta-
geux non seulement pour s'assurer de la constance de la
co!limation, mais encore pour augmenter la précision de
la détermination de cette erreur lorsqu'on vise aux deux
_collimateur opposés; son axe optique définissant l'axe de
rotation de la lunette. Nous reviendrons plus loin sur ce
sujet.
De l’aberration diurne.
Outre les erreurs dues aux instruments, il y a encore une
autre cause d'erreur sur les observations azimutales. Cette
erreur provient du mouvement diurne de la terre combiné
avee le mouvementde la lumière, et porte le nom d’aberra-
tion diurne.
184 DE L'EMPLOI
Par suite de la révolution de la terre sur clle-même, le
mouvement d’un point de la surface de la terre est dirigé de
l'ouest à l’est, et si » désigne la vitesse d’un point de l’équa-
teur, » cos L estla vitesse sous le parallèle dont la latitude
est { (en regardant la terre comme exactement sphérique, ce
qui n’a pas d’inconvénient, vu la petitesse des corrections
provenant de l’aberration diurne).
Pour un astre situé dans le méridien d’un point du globe,
ja direction des rayons lumineux est perpendiculaire au
mouvement de ce point, et par conséquent, les deux mou-
véments du globe et de la lumière se combinent de manière
que l’astre paraîtun peu à l’est du méridien, sans quesa hauteur
soit aucunement altérée. L’angle entre la direction apparente
de Pastre et le plan du méridien est d’ailleurs le même, quelle
que soit la hauteur de Pastre. L'effet de Paberration diurne
est alors exactement semblable à celui que produirait une
petite collimation de l’instrument précisément égale à la dé-
viation due à cette aberration.
Lorsque l’astre est dans un plan vertical autre que le méri-
dien, on peut décomposer le mouvement de la terre en deux
autres, l’un perpendicalaire à ce plan vertical, l’autre situé
dans ce plan. La composante perpendiculaire au plan
vertical ne peut influer sur la hauteur de Pastre, dont elle est
d’ailleurs indépendante, mais elle détermine la déviation
apparente de l’astre hors du plan vertical qui le renferme.
L'autre composante, au contraire, influe sur la hauteur et ne
modifie pas la déviation apparente de l’astre hors du plan qui
le contient. Cette dernière conclusion n’est toutefois pas tout
à fait rigoureuse, parce que la seconde composante modifie
la vitesse relative du rayon lumineux et du point d’observa-
tion, mais celte modification est tellement petite, par rap-
port à la vitesse de la lumière, qu’on peut la négliger et
regarder les deux composantes du mouvement diurnecomme
agissant indépendamment l’une de l'autre,
DES OBSCRVATIONS AZIMUTALES. 185
Ainsi donc, quel que soit le plan dans lequel on observe,
l'aberration diurne influe sur les mesures azimutales comme
le ferait une petite collimation de l'instrument, mais la
valeur de la collimation qui produirait le même effet
que l’aberration diurne, varie avec lazimut dans lequel on
observe. Soit a cet azimut, compté du nord en passant par
l’ouest, le mouvement , cos l de la surface terrestre se décom-
pose en deux autres, l’un » cos ! cos a perpendiculaire au
plan vertical d’azimut a, l’autre » cos L'sin a situé dans ce
plan et horizontal.
C’est à la première composante qu'est due la déviation
de l’image hors du plan vertical, et si V désigne la vitesse
de la lumière et k cette déviation, on av cos lcosa = Vig k.
Mais k étant très petit, on peut substituer Pare à la tan-
gente et il vient pour la déviation.
I = l
NES COS I COS'Q
: V sin 1’
nt est la constante de l’aberration diurne, elle est
égale à 0”, 54.On a donc
k — 0",51 cos lcos a
Les valeurs positives de X indiquant une déviation dimi-
nuant l’azimut, et les valeurs négatives une déviation
augmentant l’azimut.
La correction correspondante sur l’azimut sera donc par
la même formule que celle qui provient de la collimation
da = 0",51 cos l cos asec h
Bien que nous nous occupions ici spécialement des
azimuts, nous donnerons cependant l'expression de l’erreur
que l’aberration diurne peut introduire sur la hauteur d’un
astre.
Sion décompose la composante horizontale » cos l sin a
du mouvement de la terre dans le plan vertical dont l’azi-
42 DE L'EMPLOI
mut est a, en deux autres composantes, l’une dirigée sui-
vant le rayon visuel venant de l’astre de hauteur #, l'autre
perpendieulairement à ce rayon visuel, la seconde compo-
sante modificra seule la hauteur de l’astre (en négligeant, vu
sa petitesse, l’influence de la première composante sur le
mouvement relatif du rayon lumineux et du point d’obser-
vation). Or, cette seconde composante a pour expression
» cos L sin a sin .
On aura donc
Vigoh— » cos L sin a sin »,
ou en remplaçant la tangente par l'arc
3h—0", 51 cos L sin a sin .
Les corrections de laberration diurne sur lazimut se
calculant comme celles de la collimation, on corrige ces
deux erreurs à la fois.
Outre l’aberration diurne, il y a aussi l’aberration an-
nuelle, qui provient du mouvement de translation de la
terre autour du soleil.
Cette derniére erreur étant la même pour tous les points
du globe à la fois, n’a plus besoin d’être corrigée en chaque
lieu séparémentcomme l’aberrationdiurne etse reporte con-
séquemment sur les tables astronomiques, qui alors donnent
les positions apparentes des astres au lieu des positions
vraies. Cette erreur ne vient donc pas se mêler aux erreurs
instrumentales comme l’aberration diurne, et nous n’avons
pas à nous en occuper dans ce travail.
Détermination du méridien par les azimuts extrêmes des
circompolaires.
Bien que, comme nous l'avons fait voir antérieurement,
on puisse déduire la direction du méridien de l’ensemble
des observations faites en vue d’avoir la latitude, les coor-
données astronomiques et l'heure, il ya cependant avantage
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 43
à la déduire d’observations d’azimuts extrêmes d’une même
circompolaire.
L'observation d’une circompolaire à ses azimuts extrêmes
est, en effet, une opération de pointé, et non une obscrva-
tion de passage. Elle est donc susceptible d’une très grande
précision. L’astre paraît s'élever ou s’abaisser suivant la ver-
ticale, et, pendant un instant, ne change pas sensiblement
d’azimut. Il suit donc le fil vertical de la lunette et le pointé
se fait avec la plus grande facilité.
Si l’instrument était parfaitement réglé, il suffirait donc
d'observer une circompolaire à ses deux azimuts extrêmes,
et la moyenne Ges deux lectures azimutales serait la lecture
correspondant au méridien asfronomique. II faudrait toute-
fois tenir compte du petit changement de déclinaison de
l'étoile considérée pendant le temps nécessaire pour passer de
l’un de ses azimuts extrêmes à l’autre. Ce petit changement
est donné par les tables, et est tellement petit que l’on peut
le regarder presque comme négligeable. On Péliminerait
d’ailleurs en observant trois azimuts extrêmes consécutifs
et prenant la moyenne des deux lectures faites du même
côté du méridien; alors la moyenne de cette moyenne et de
la lecture faite de Pautre côté du méridien serait la lecture
correspondant au méridien astronomique.
Mais les instruments ne sont jamais rigoureusement réglés;
d’un autre côté les pointés ne sont pas toujours faits à l’ins-
tant précis de l’azimut extrême. Nous allons donc d’abord
déterminer l’influence que peut produire sur la lecture azi-
tale une erreur sur l'instant de l’azimut extrême.
La formule générale qui donne l’azimut: en fonction de
angle horaire est, comme nous avons déjà vu,
sin / cos 9 — tg D cos | — sin + cot a.
Supposons que l’angle horaire + devienne #+0, l’azimut
a deviendra a+9a et le rapport de ÿa à d4 se déduira de
188 DE L'EMPLOI
la combinaison de l'équation précédente et de la suivante :
sin L cos (240%) = tg D cos L — sin (p+-0e) cot (a+5 a),
ou en développant
sin / cos cos de — sin [sine sin 24
{—igatg 9 a
iga+tgôa
Or, si on néglige les puissances de d% supérieures à la
quatrième, on peut poser
—=tg D cos ! — (sin cos24-+sinde cos)
d6° Le do? Dot
6 5 COS dp — 1— 9 +5;
En faisant ces substitutions, réduisant, et ayant égard à
l'équation
sin cos ? —tg D cos ! — sin + cot a
tie à
SIN 09 — 09 —
ou
sin ! cos stg a —tg D cos L tg a — sin »,
il vient
(A)f sin l'cos, — tgD cos! — sin ; tg a — (sin [sin &
: " Ne : :
+ cos » (g à) e— (sin l'cos 9 — sin & tg a }d
NRENS
+ (sin sin ? + cos 9 {g a) d95
1
+ (sin l'coso — sin ytga œ |wia=
24
nn Lors ;
(sin [sin + tg a — cos +) do +7 (sin cosviga +sine)5e
1 ere 3
2 g (cos; — sin / sin 3 18 a} — als lcosvtga
+ sin +) Jo
Or, quand l’azimut est maximum, il faut que l’on ait
da _
FA
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 189
En différentiant, par rapport à a et », l'équation
sin / cos ? = tg D cos! — sin + cot a
on a
da _ cos ? — sin l sinvtg a
dy sinssin a cos 4
expression qui ne peut devenir égale à zéro que si le numé-
rateur est égal à o. On a donc à l’azimut extrême
cos © — sin | sinstga = 0
A l’azimut extrême les cofficients de 9, et de 5° de
l’équation (A) disparaissent donc, et l'on voit que tg 5a
est du second ordre.
La série qui représente l’arc en fonction de la tangente
nous donne
: 5 1
da = Îg da — a da + …
Or, tg da étant du second ordre en d+, on peut, aux
quantités près du sixième ordre end+, poser da = t{g da dans
l'équation (4).
En négligeant les puissances de 9: supérieures à la qua-
trième, et, en remarquant que
sin { cos ? tga + sin ? — tg D cos l'iga,
t ty a Su
et que œ = = x
1 & tg D cos { — sin ! cos +’
l'équation (A) devient donc
s 1 4
(B) sa = tg D cos ! sin # Ë do — D: ve)
| (tg D cos { —sin L cos #)°— sin?+
— cos l'sin 4 (g D sin ! + cos ! cos +) do
= te D cos ! sin ! cos »
\ — 1
— sin? { cos? » — sin? pe] :
46 DE L'EMPLOI
Or, de l'équation
cos © — sin / sin» (ga = 0
qui à lieu à l’azimut extrême, on tire, en mettant pour tg a
sa valeur
sin { = {g D cos ! cos
ou
gl = 1g D cos +.
Pour réduire l'équation (B), nous aurons égard à cette
équation, et nous remarquerons que
— (tg D cos !— sin L cosy)? — sin?o
(82 D cos? {+ 2 sin?! — sin? J cos? —sin?»
—1g° D cos?! + sin? !— sin°+ cos? l
g° Dcos° ! + tg? D cos? Zcos? » —sin? cos? !
——sin? + cos ? | sec? D;
tg D sin ! + coslcos ; — tg° D cosl cos + cos! cos»
—= cos L cos »sec? D;
tg D cos L sin Z cosy —sin? !cos??— sin? + —— sin? cos? l;
d’où
= —(
—
à | 1
SA —= ts D cos l SIn » e do? — sir.)
[sin ? cos? [sec D— cos? sin #cos» sec? D 5
LS 4
+ 5 Sin ® COS / 3e | à
ou, en négligeantles puissances de d? supérieures à la qua-
trième et remplaçant da par da sin 4” et 5 par d sin 4",
pour que da soit exprimé en secondes,
{ sin D cos D
C 0a = =———— | — 09 sin 1” + cot y dg° sin? 4"
(U) 2 cos l'sin y ‘ ü UE
+ (— à cos! D—cot° ) d9* sin? 1” |
Dans cette formule, l'angle + est l’angle horaire corres-
pondant à l’azimut extrême ; il se déduit de l’équation
ES
|
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES.
tg Z = g D cos #.
L’angle , diffère peu de l'angle droit pour les circompo-
laires voisines du pôle {excepté dans les latitudes trèsélevées,
près du pôle lui-même), cot + est donc une petite fraction,
ainsi que cos D. On voit donc que les coefficients des puis-
sances de 5» diminuent rapidement à partir de la sceonde.
Dans les latitudes basses et moyennes, le cocflicient de
4? est lui-même une petite fraction, une erreur sur l’ins-
tant de l'observation, n’introduit donc qu'une erreur très
faible sur l’azimat, et pourvu que l’on ait la déclinaison et la
latitude approchées, on peut répéter les observations dans
le voisinage de l’azimut extrême et les ramener à ce qu’elles
auraient élé à cet azimut par la formule de correction que
nous venons de donner.
Pour se rendre compte des erreurs que lon peut com-
mettre ainsi, nous allons en présenter une application numé-
rique au cas de la latitude de Paris et d’une étoile, telle
que la polaire, distante de un degré et demi du pôle.
Dans le cas de la latitude de Paris et d’une étoile telle
que la polaire distante d’un degré et demi du pôle, le
premier terme, ou terme en 2° de l'équation (C), donnerait
pour une erreur de 20 secondes de temps sur l’instant de
l’azimut extrême, une correction de 0”,0087, où moins
d’un centième de seconde d'arc sur la lecture azimutale; les
termes en 5,3 et 1,1 ne donnent pas de correction appré-
ciable. Pour une minute d’erreur sur le temps la correction
due au terme en 9#? est de 0”,078. Pour 10" d'erreur, les
termes supérieurs ne donnent encore presque rien : le
terme en 0+° fournit une correction de 6,01 et le terme en
dt de 0,001; le terme en d+° donne alors 7”,81; de sorte
que la correction totale, pour 40" d'erreur sur l'instant de
l'azimut extrême est 7”,80.
Pour une étoile à 10° du pôle, il faudrait encore une
192 DE L'EMPLOI
erreur de plus de 8 sur l’instant de l'azimut extrême pour
faire une erreur de 0",01 sur l’azimut. Une erreur de 4"
donnerait une correction de 0”,59, Les termes en 243 et ‘94
ne donnent encore rien d’appréciable. Pour 10" d’erreur,
le terme en 54% ne donnerait encore que 0",468 et Le terme
en 994 0,0026, le terme en 34? donnerait alors 52,084.
Pour une étoile à 40° du pôle, une erreur d’une minute
donnerait pour le terme en 54°, 0",077 et pour le terme en
91, 0",0012; le terme en 54? serait 5”,227, de sorte que la
correction totale deviendrait en ayant égard aux signes
— 5,162.
Les erreurs que nous venons de trouver seraient encore
moindres dans des latitudes inférieures à celle de Paris.
Dans les basses et moyennes latitudes, on voit donc qu'il
est inutile de s'occuper du terme en d4*, à moins que l'étoile
ne soit très loin du pôle ou que l'observation n'ait eu lieu
à une grande distance de lazimut extrême.
En se limitant à des étoiles distantes seulement de 5 à
4 degrés du pôle, et en faisant les observations dans des
limites comprises entre 5 à 4 minutes avant et après l’ins-
tant de l’azimut extrême, on peut ramener les observations
à l'instant même de cet azimut extrême à un centième de
seconde d'arc près, en appliquant une correction inverse
de l'erreur da et donnée par l'expression
E sin D cos D sin 1"36°.
2 cos l sin +
A mesure que l’on se rapproche du pôle, il faut prendre
des circompolaires de plus en plus voisines de ce point
pour conserver à la formule de correction le même degré
d’exactitude, sans employer les termes supérieurs.
Dans nos latitudes et au-dessous, on peut pour la polaire,
étoile observable de jour et de nuit, négliger les termes
contenant les puissances de d+ supérieures à la seconde,
LA
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 193
pendant 10 minutes avant et après l'instant de l'azimut
extrême.
Dans les quelques conclusions qui précèdent, nous sup-
posons l'instant de l’azimut extrême connu, de sorte que la
différence d d'angle horaire (en arc), entre cet instant et
celui de l'observation, est exactement connue. Or, l'instant
de l’azimut extrême est connu exactement si on connaît la
déclinaison de l’astre, la latitude et l'heure. Dans le cas
contraire, si ces éléments ne sont eux-mêmes qu’approxi-
matifs, on ne connaît qu'approximativement l'instant de
l’azimut extrême et par suite d», de là une cause d’erreur
Sur la correction appliquée pour ramener Îles observations
à ce qu'elles auraient élé à l'instant de lazimut extrême
exact.
Or, la déclinaison de l’astre, la latitude etl’heuresontouau
moins peuvent {oujours être connuesassezapproximalivement
pour que l'erreur sur 2 ne dépasse pas quelques secondes
de temps, 5 à 6 au plus dans le cas où on n'aurait qu'une
mauvaise pendule,
Il résulte de ce qui précède que, si les observations ont
été faites à l'instant de lazimut extrême, à cette limite
d'erreur près, l’erreur correspondante sur lazimut observé
sera négligeable pour les circompolaires voisines de plus de
de 10 degrés du pôle dans les latitudes basses et moyennes.
Pour la polaire une erreur de 20 secondes ne donnerait
encore aucune erreur sensible sur l’azimut observé comme
nous l'avons déjà vu.
Ainsi faites, les observations des azimuts extrêmes des
circompolaires voisines du pôle ne seront donc entachées
que des erreurs de pointé et des erreurs instrumentales.
Ces dernières, qui sont les erreurs d’inclinaison des axes et
l'erreur de collimation àlaquelle se joint l’aberration diurne,
pourront, d’ailleurs, être corrigées par les formules que
13
194 DE L'EMPLOI
nous avons données précédemment. Il ne restera donc que
les erreurs de pointé qui sont petiles comparativement à
celles que l’on commet sur un passage.
Mais, pour diminuer autant que possible les erreurs de
pointé, on peut répéter les observations dans le voisinage de
l'azimut extrême et ramener les lectures à ce qu’elles au-
raient été à cet azimut même, à l’aide de Ja formule de
correction que nous avons donnée, formule très simple et
qui peut être très rapidement calculée,
La quantité K — — da à joindre à Pazimut pour opérer
cette réduction étant donnée par la formule
À sin D cos D .
K — sin 4" 49?
9 cos L sin &
Une erreur sur d® introduit sur K une erreur proportion-
nelle à o+ lui-même, car on a
Nes sin D cos D
cos ! sin
En négligeant les puissances de l'erreur sur d+ supérieu-
res à la première.
Soit Ad9—65 —90" et 29—10"—9000"
On aura à Paris, pour une étoile située à 1°50” du pôle,
AK—0"078, erreur encore très faible et inférieure à l'erreur
possible sur le pointé. Nous avons supposé d’ailleurs une
erreur très forte sur d», beaucoup plus grande que celleque
l’on a en général.
On voit donc que.l’on peut, pendant une limite de temps
assez élendue, répéter les pointés dansle voisinage de l’azi-
mut extrême, ramener par une formule très simple les
lectures de l’azimut à ce qu’elles auraient été à cet azimut
extrême, ct prendre une moyenne entre toutes ces lec-
tures réduites. On a alors une détermination de l’azimut
extrême dans laquelle les erreurs de pointé ont dû s’annuler
en grande partie.
sin 199 409.
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 4195
Il résulte de ce que nous avons dit précédemment que
Von a un moyen très commode cet très précis d'observer
l’azimut extrême d’une circompolaire en opérant de la ma-
suivante :
4° A l’aide de la déclinaison et de la latitude approchées,
calculer l'instant approché de l’azimut extrême;
20 Pointer l’astre dans les environs de cet instant en no-
tant l’heure approchée du pointé;
3° Ramener l'observation à ce qu'elle aurait été à l'azi-
mut extrême à l'aide des formules de correction que nous
avons données ;
4° Corriger les observations des erreurs instrumentales,
c’est-à-dire deserreurs introduites par les inclinaisons d’axes
et la collimation à l’aide de la hauteur approchée et des for-
mules que nous avons données précédemment.
Cette méthode offre d’ailleurs l'avantage de permettre de
répéter les pointés un grand nombre de fois.
Si l’on ne voulait faire aucun usage de la pendule dans
les opérations de pointé de Pazimut extrême, et chercher
par tàlonnements lPazimut maximum, on aurait un procédé
beaucoup moins pratique que le précédent et qui n’admet-
trait qu'un seul pointé par chaque azimut extrême d’une
circompolaire, Cette méthode doit donc, en général, être
rejetée. Il est utile de remarquer que, dans ce dernier mode
de pointé, les erreurs de collimation et d’inclinaisons d’axes
de l'instrument, non seulement amènent des erreurs sur les
lectures azimutales correspondantes à un pointé donné, et
pouvant être corrigées par nos formules précédentes, mais
encore moüifient l'instant auquel on est amené à pointer, de
telle manière que cet instant n’est plus réellement celui de
l’azimut maximum. Ces dernières erreurs sont généralement
très petites, de sorte que les corrections auxquelles elles don-
nent lieu peuvent être ordinairement négligées. Il est bon
toutefois de les connaître.
196 DE L'EMPLOI
Lorsque l'axe est incliné, la situation dans laquelle on
juge l’azimut maximum est celle pour laquelle le plan décrit
par la lunette intercepte sur la spkère céleste un are de
grand cercle tangent au pelit cercle décrit par la circompo-
laire observée, La distance du point de tangence au point
que l’astre occupe lorsque son azimut est réellement maxi-
mum..est sensiblement sur le petit cercle de l’astre un arc
égal à l’inclinaison à de l'axe de l'instrument. On aura donc
i— 5, et l'erreur K en question sera donnée par la for-
mule
__ 4 sin D cos D
2 cos l sine
qui ramène une observation faite dans le voisinage de Pazi-
mut extrême à l'instant même de cet azimut. L'observation
N
sin 1” 54?,
K
ainsi ramenée devra être ensuite corrigée de l’erreur à lang.
h, due à l'influence de linclinaison sur la lecture azimu-
tale.
Pour trouver l'influence de la collimation sur l'instant où
l'on juge l’azimut maximum, nous rappellerons que la colli-
malion ec modifie la lecture azimutale d’une quantité repré-
sentée par € sec h.
Or, dans le triangle pôle, zénith, étoile, on a , par la règle
des sinus :
sinus distance polaire : sinus azimut : : sinus distance zéni-
thale : sinus angle horaire.
D'où
cos D sin
cos À — AE
sin q
et par suite
csin«
C SC = ———.
cos D sin»
Cela posé, soit A l’azimut extrême de la circompolaire
considérée, # l'angle horaire correspondant, et A+5A l’azi-
LES” Ubu VATIONS AZIMUTALES. 197
mut réel, pour lequel la collimation fait jugér l’azimut
maximum, et soit de plus A, la lecture du limbe corres-
pondant à l’azimut jugé extrême, on a
csin (A+OA)
cos D sin (9409)
Or, JA est une petite quantité, ainsi que c; en dévelop-
pant ct remplaçant SA par sa valeur en d%, négligeant les
termes supérieures au deuxième ordre, et remarquant
d’ailleurs que c est du premier ordre, si on pose
4 sin D cos D S
A,—A+0A—
EE ET RUES n 1” === M:
2 cos l' sin» si
c sin À À
- colo sin 1” =N
cos D'sins ‘ . ;
il vient
c sin À
DNA 2 CEE ENS
14) 4 DSL 4
Or, pour que A, soit maximum, il faut que N9? — Mô??
soit maximum, ce qui donne l'équation
N—2M do 10)
d’où
D sin À cos L ae
sin D cos? D ?
A l’azimut extrême, on a d’ailleurs
nes Ê
cos |
car on a, en effet, dans le triangle pôle, zénith, étoile,
par la règle des sinus, en nommant E l’angle à l'étoile,
APR D
cos l
Or, pour que A soit maximum, il faut que sin E soit
maximum, ou égal à À, on a donc
col +
sin D cos D
sin E.
dp =
498 DE L'EMPLOI
Substituant pour sin A et pour d, ces valeurs dans l’équa-
tion (D), on a A en fonction de l’azimut À, observé, ei les
corrections dues à l'influence de la collimation sur l’obser-
vation de l’azimut extrême sont effectuées; mais comme
nous l’avons déjà dit, cette manière d’observer les azimuts
extrêmes sans faire emploi de la pendule est peu pratique,
et ne permet d’ailleurs qu’un seul pointé. Il est donc tou-
jours préférable d'employer la première méthode.
Cette première méthode permet de répéter les observa-
tions en renversant l'instrument, ce qui, en changeant le
signe des erreurs instrumentales, permet de les déterminer.
Mais ces renversements présentent des inconvénients qu’un
bon système de collimateur (dont l’un vertical, porté par
l'axe vertical, et pointé sur un bain de mercure) permet de
diminuer, Nous reviendrons plus tard sur ce sujet.
Au lieu de renverser entièrement l'instrument, on peut
observer une circompolaire à l’un de ses azimuts extrêmes
directement et par réflexion sur un bain de mercure. Les
observations directes et réfléchies ramenées à l’instant du
maximum par la formule (C) donnée antérieurement, ne
devront pas différer si l’inclinaison est nulle, mais s’il y a
une inclinaison, les lectures azimutales différeront de ? (tang
R+tang K), h étant la hauteur de l’astre à l’instant de l’ob-
servation directe, et #’ la hauteur à l'instant de l'observation
réfléchie. Ces hauteurs étant approximativement connues,
on aura alors ? sans difficulté.
La moyenne des deux lectures correspondant aux deux
azimuts extrêmes d’une même circompolaire ferait exacte-
ment connaître le méridien, si la déclinaison de l'étoile ne
variait pas dans l'intervalle des observations ; mais il peut y
avoir dans les déclinaisons des changements que les tables
font connaître, et qui, quoique très petits, peuvent atteindre
02 pour la polaire dans certaines saisons, dans l’intervalle de
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 499
deux azimuts extrêmes. Il faut donc corriger l’un des azi-
muts extrêmes, de la variation due au changement 9D de
déclinaison, et ensuite prendre la moyenne.
Pour obtenir celte correction, il faut remarquer qu'avec
l’azimut extrême on a, comme nous l’avons vu,
cos D
cos L
d’où, en négligeant les quantités du second ordre,
sin A
SO = = ji)
cos | cos a
Vu la petitesse de la correction, il suffit de connaître D
et ! et par suite a approximativement.
Les observations des azimuts extrêmes des circompolaires
peuvent être employées à déterminer linclinaison du fil
vertical de la lunette.
Pour le faire voir, appelons : l'angle des fils et de la ver-
ticale, et h, la hauteur apparente d’un astre auquel on vise
et que l’on place sous le fil vertical de l'instrument, A étant
en même temps la hauteur actuelle de la ligne de collimation
de la lunette, c’est-à-dire, répondant à la croisée des fils, et
nommons enfin « la différence d’azimut de l’astre et de la
croisée des fils, la distance de l’astre à la croisée des fils
sera sensiblement, vu la petitesse de l’inclinaison des fils
et celle du champ de la lunette, égale à
Ro — h;
cos ?
ou même comme
cost —1
aux quantités près du second ordre, cette distance pourra
sans erreur sensible être regardée comme égale à
h3 —h,.
Cela posé, dans le triangle zénith, astre, croisée des fils, on
aura
200 DE L'EMPLOI
sin (hk; —h,) : sin &:: cos h, : sin 2.
Ou Lu ;Sin (Ra — lu)
COS /
Cela posé, supposons qu'on observe une circompolaire à
l’un de ses azimuts extrêmes et soit 2, la hauteur apparente
calculée (en ayant égard à la réfraction) de cette circompo-
laire à cet azimut extrême, à laquelle l'instrument est calé
d’une manière fixe : on pointe alors l’astre en azimut en no-
tant l'heure des divers pointés, et on voit que par suile du
mouvement de l’astre en hauteur, ces pointés ont lieu sous
différents points du fil vertical. A l’aide des différences 94 de
l'angle horaire de chaque pointé et de l'angle horaire calculé
de l’azimut extrême, on calcule par les formules précéden-
tes, les corrections da à appliquer aux lectures azimutales
pour les ramener à l’azimut extrême, et toutes les observa-
tions doivent donner la même valeur pour cet azimut si
Vinclinaison du fil est nulle. Dans le cas contraire chaque
résultat est altéré d’une erreur # dont nous venons de don-
ner l'expression en fonction de Pinclinaison du fil, de la
hauteur de la lunette et de celle de lastre au moment du
pointé. La hauteur de la lunette est connue; celle de l’astre
facile à obtenir en remarquant que l’on a dans le triangle
astre, pôle, zénith : en appelant a, l’azimut extrême et 9, l’an-
gle horaire correspondant à cet azimut, éléments calculables
par les formules que nous avons données précédemment en
fonction de la latitude et de la déclinaison de lastre, et 2 la
hauteur vraie de lastre,
Cos À : sin(y, + de) :: cos D : sin (a, + da)
Dans celte proportion tout est connu sauf cos #, puisqu'on
a déjà calculé 5a en fonction de 2, comme nous venons de
le dire. On obtient dont / ou la hauteur vraie de l’astre, et
en appliquant les corrections de réfraction on a /2 ou sa
hauteur apparente, et on peut calculer
‘
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 9201
sin (}o —/)
cos /
que nous appelons n.
En ajoutant alors à tous les azimuts observés et ramenés à
l'instant de l’azimut extrême à l'aide de la correction da,
une quantité nt, à, étant l’inclinaison inconnue cherchée,
on déterminera , par la condition que toutes les valeurs de
l’azimut extrême deviennent égales par l'application de la
correction mt].
L’inclinaison du fil avec la verticale est modifiée plus ou
moins suivant la hauteur par celle de l’axe horizontal de
l'instrument. En effet, cette inclinaison se compose de l’an-
gle de la perpendiculaire au fil, et de l'axe de rotation de la
lunette plus l’inclinaison de ce dernier axe projetée sur un
plan perpendiculaire à laxe optique de cette lunette. La
première parlie de cette inclinaison, c’est-à-dire, l’angle à, de
la perpendiculaire au filet de l’axe de rotation est constante
par construction, mais la seconde partie à, est variable com-
me se composant d'une quantité constante linclinaison à
de l’axe de rotation projetée sur un plan diversement incli-
né suivant la hauteur. L’angle du plan vertical dans lequel
on mesure l'inclinaison de l'axe de rotation et du plan per-
pendiculaire à l'axe optique de la lunette est égal à 2, ; on
a donc
tang à, = tang à cos à
ou, vu la petitesse des angles 2 et 2,,
1 — COS
Or comme
A
il s'ensuit que l’on a
hu = + 2 cos lu. |
Lors donc que l’on a déterminé 1, par les azimuts extré-
mes d’une circompoloraire comme nous venons de le voir,
202 DE L'EMPLOI
on en déduit ?, en en retranchant à cos , qui est connu, et
on a l’inclinaison des fils pour toute hauteur X de l'instru-
ment en joignant à 4, ainsi obtenu l’angle à cos A.
Pour les observations azimutales, on n’a pas à s'occuper
de l’inclinaison du fil horizontal de la lunette; nous rappel-
lerons toutefois qu’on peut aisément déterminer cette incli-
naison en fixant l'instrument dans le méridien, pointant sous
les diverses parties du fil les circompolaires dans le voisi-
nage de leurs plus grandes et de leurs plus petites hauteurs,
et lisant les hauteurs ainsi obtenues.
Nous n’entrerons pas dans le détail des formules à employer
dans ce cas, et qui sont celles dont on se sert pour détermi-
ner l'inclinaison des fils des cercles muraux. Nous recom-
manderons seulement de ne pas négliger de tenir compte
de l'influence de l’inclinaison de l'axe de rotation sur celle
des fils. Cette influence est la même que sur les fils verti-
caux et elle se calcule par la même formule, mais on oublie
en général et fort à tort d’y avoir égard.
Si la lunette renferme plusieurs fils verticaux on peut
déterminer leur intervalle par l'observation d’une circom-
polaire successivement avec chaque fil, dans le voisinage de
l'azimut extrême, et on ramène chaque observation à l’azi-
mut extrême par la formule que nous avons donnée dans ce
but. Si alors on appelle c;, e, ,.… les collimations inconnues
correspondant à chaque fil et %, A, les hauteurs de la
lunette pendant les observations correspondantes à chaque
fil, on devra joindre à l’azimut extrême trouvé pour le
premier fil e, sec X,, pour le second fil e, sec À et ainsi de
suite, après quoi toutes les valeurs des azimuts extrêmes
devront être égales. Cette condition déterminera n — 1
équations entrelesn quantités c,,.. c,, etsi l’une de ces quan-
tités, c'est-à-dire, la collimation correspondante au fil milieu
est connue par les procédés ordinaires, on aura toutes les
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 203
autres. Or les différences de ces collimations entre elles sont
précisément les intervalles cherchés des fils. Lorsque les
collimalions sont grandes, la correction da à appliquer à
l’azimut extrême ne peut plus être regardée comme égale à
e sec À, que dans une première approximation, après quoi
on emploie la formule exacte sin da — sin c sec X dans
à L SN
laquelle on remplace sin da par da sin 1” — 5% da” sin° 1”,
ct sin ç par € sin "— — c3 sin°1",
6
et on met pour Ja* et c? les valeurs déduites de la première
approximation. La seconde approximation donne alors c
avec une exactitude suflisante.
La distance des fils étant ainsi connue, soit E l'écart d’un
fil du fil milieu, on ramènera une observation faite à ce
fil à celle que l’on aurait faite au fil milieu par la formule
sin ‘a — sin E sec X qui se réduira le plus souvent à
da = E sec .
Si la lunette possède un micromètre à fil vertical, ce qui
est très utile pour la détermination des collimations par
pointé sur les collimateurs opposés, on déterminera la valeur
en arc des tours de la vis micrométrique, de la même
manière que l’on détermine l'intervalle des fils. 11 suffit
pour cela de pointer une circompolaire près de son azimut
extrême sous le fil mobile, en variant les lectures de la vis
micrométrique, et de déterminer en arc comme ci-dessus
les écarts de ces diverses positions du fil. On aura alors
tous les éléments nécessaires pour étudier le pas de la vis et
counaître la valeur de chaque tour. L'avantage qu'il y a à
employer dans ces diverses opérations les azimuts extrêmes
des circompolaires, consiste en ce que les observations de
ces azimuts extrêmes sont des opérations de pointé et non
des estimations de passages.
20 4 DE L'EMPLOI
Le pas de la vis micrométrique étant déterminé, les
observations pourront être ramenées au fil milieu sans diffi-
culté comme celles des autres fils fixes.
Nous avons vu jusqu'ici les moyens à employer pour
déterminer les erreurs instrumentales e{ pour en tenir compte
dans les observations. Nous allons maintenant nous occuper
des moyens à employer pour faire disparaître les équations
personnelles, question très importante au point de vue des
progrès futurs de l'astronomie.
Procédé à employer pour substituer le pointé à l'estimation
des passages dans les observations azimutales. Dispari-
hon des équations personnelles.
Nous avons dit précédemment quenous indiquerions, dans
le but d'obtenir une précision plus grande, un moyen de
substituer des opérations de pointé aux observations de
passage par un azimut donné. Nous allons maintenant nous
occuper de cette question qui est d’un intérêt capital pour
l'astronomie.
Pour bien faire comprendre toute l'importance de ce
sujet, nous rappellerons qu’une observation azimutale d’un
astre se fait actuellement de la manière suivante :
L'instrument étant calé en azimut, soit dans le méridien
(cas de la lunette méridienne), soit dans un azimut quel-
conque, on attend qu’un astre passe derrière le fil vertical
de la lunette, et on note la seconde et fraction de seconde à
laquelle on estime que ce passage a eu lieu.
Il résulte d'expériences faites par Arago, que, dans ce
système d'observations, un vingtième de seconde est la
dernière limite d’exactitude que nos sens puissent atteindre.
Or, un vingtième de seconde correspond à un déplacement
de trois quarts de seconde d’arc de l'étoile observée. Hâtons-
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 205
nous d’ailleurs d'ajouter que cette limite d’exactitude est
rarement atteinte et ne se trouve que dans des moyennes ;
en réalité, les observations de passagesont très fréquemment
entachées d'erreurs de deux à trois dixièmes de seconde de
temps, ou de trois à cinq secondes d’are, et cela de la part
des astronomes les plus exercés, quel que soit d’ailleurs le
grossissement de l'instrument employé.
Dans une opération de pointé, au contraire, telle quecelle
que l’on fait au méridien pour déterminer la hauteur des
astres, la précision du pointé augmente avec le grossisse-
ment, et près du zénith où l’image des astres n’est pas altérée
par la dispersion, on peut dire que le pointé est exact à un
quarl ou un cinquième de seconde d'arc au plus pour des
grossissements de 100 à 450 fois.
La précision ne serait pas moindre, quelle que fût la
hauteur de l’astre sur l'horizon (la dispersion n’altérant les
images que dans le sens vertical) pour des pointés dans le
sens azimutal si le mouvement du ciel n’empêchait de pointer
dans ce sens.
On voit donc déjà l'intérêt qui s'attache à la recherche
d’un procédé qui permette de substituer le pointé en azimut
à l’estime des passages, mais ce qui précède est cependant
encore loin de permettre d'apprécier toute l'importance
du sujet, dont on jugera beaucoup mieux quand nous
aurons parlé des équations personnelles dans les apprécia-
tions de passages.
Dans le cas qui nous occupe, les équations personnelles
consistent dans ce fait bizarre que, tandis que les observa-
tions d’une même personne exercée s'accordent entre-elles
avec la précision de un à trois dixièmes de seconde de
temps, celles de deux personnes différentes ct également
exercées présenteront entre elles des différences qui souvent
peuvent dépasser une seconde entière. La quantité qu’il
206 DE L'EMPLOI
faut ajouter aux passages observés par un astronome B, ou
qu'il faut retrancher de ces mêmes instants pour les réduire
aux passages déterminés par un astronome À, est ce que
l’on a appelé l'équation personnelle de lastronome B.
Dans un mémoire publié dans les comptes rendus de
l'Académie des Sciences de Paris (février 1855), Arago a
cité des exemples très curieux d'équations personnelles.
Nous croyons devoir rappeler ici ces citations :
Maskelyue rapporte, dans les observations de Greenwigh
pour 4795, que son adjoint Kinnebrook avait pris peu à peu
l'habitude d'observer les passagesaux fils de la lunette méri-
dienne, plus tard qu'il ne le faisait lui-même. Au mois
d'août 1795, la différence entre les deux observateurs était
de 0°, 5; dans le cours de4796, cette différence s’accrut jus-
qu’à 0, 8. En 1794 ct au commencement de 1795, les deux
observateurs étaient d'accord.
En 18920, Bessel reconnut que Walbeck obscervait le pas-
sage des étoiles sous le fil de la lunette méridienne de
Koœnigsberg une seconde entière plus tard que lui-même.
En 18925, Bessel constata que le célèbre astronome Argc-
lander observait le passage des étoiles 4°, 2 après lui.
En 1821, à Dorpat, Walbeck observait 024 plus tard que
M. Struve.
En 1895, à Dorpat, M. Argelander observait 0,20 plus
tard que M. Struve.
De ces nombres, Bessel conclut qu’en 1825, M. Struve
(on voit, dit Arago, quelles autorités scientifiques étaient en
jeu) observait plus tard que lui d’une seconde tout entière.
Bessel déduisit de diverses considérations la conséquence
que les différences en question peuvent être très variables.
Il trouve, en effet :
Qu’en 1814, M. Strave obseryail au même moment que
lui ;
Ts ma
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 207
Qu’en 1821, il observait 0°, 8 plus tard ;
Qu'en 1825, la différence s'était élevée à une seconde.
Pour les observations d’occultation et non pour les pas-
sages au méridien, Bessel reconnut que Argelander notait
la disparition ou la réapparition de 0,5 plus tard que
lui.
« En comparant, dit Arago, des observations faites avec
une pendule qui battait les demi-secondes avec celles dans
lesquelles on s'était servi d’une pendule ordinaire, Bessel
découvrit, chose extraordinaire, qu'il observait les passages
au méridien avec le nouvel instrument (0°, 49 plus tard
qu'avec Ja pendule battant la seconde entière.
» Depuis l’époque où Bessel publiait les résultats si sin-
guliers de ses expériences, les astronomes ne se sont pas
suffisamment occupés de cet objet, quoiqu'il soit de nature
à répandre sur leurs observations la plus pénible incer-
titude. »
On voit par cette dernière phrase l’importance qu’Arago
attachait à la recherche des procédés destinés à faire dispa-
raître l’équation personnelle.
Que font les astronomes pour se débarrasser de cette
erreur ? Il se contentent de chercher dans un observatoire
quel est celui d’entre eux dont lobservation est à peu près
la moyenne de celles des autres; ils supposent nulle l'équation
personnelle de cet astronome ct prennent la différence de ses
observations et de celles de chacun des autres observateurs
pour corriger les nombres trouvés par ces derniers. Mais,
outre que le nombre des astronomes d’un observatoire n’est
pas assez grand pour fournir une bonne moyenne, comment
prouver qu'il n’y à pas une prédisposition générale à
observer trop {ôt ou trop tard, auquel cas la moyenne elle-
même scrait très loin d’être exacte, son erreur pouvant peut-
être atteindre jusqu’à une demi-seconde et même au delà ?
208 DE L'EMPLOI
Si les équations étaient parfaitement constantes, au moins
aurions-nous les différences d’ascension droite quoique
n'ayant pas lesascensions droites absolues. Mais, comme nous
venons de le voir, les équations personnelles sont variables
avec le temps, et comme toutes les étoiles ne sont pas
observables à la fois, il résulte de là des erreurs qui peuvent
devenir fort graves.
Outre la variation avec le temps, il y a dans les équations
personnelles un changement avec la distance au pôle. I est
évident qu’au pôle, l'observation de passage se réduit à un
pointé azimutal pour lequel il n’y a pas d’équation person-
nelle. En approchant de cette limite où l’équation person-
nelle disparaît, il y a de grandes variations qui ne parais-
sent pas exactement proportionnelles au cosinus de Ja
distance au pôle. Il résulte de là que l'effet des équations
personnelles sur un catalogue est une torsion du ciel pour
ainsi dire, les étoiles équatoriales éprouvant un déplacement
non proportionnel à celui des autres. Les différences
d’ascension droite de deux étoiles de déclinaison différente
sont donc inconnues avec le procédé actuel d'observation,
quand bien même on supposérait les équations personnelles
constantes.
Lorsqu'on a fait un certain nombres de séries d'obser-
vations méridiennes de passages, ct qu’on en calcule les
résullats, on trouve quelquefois de certaines séries qui
s'accordent très bien dans les corrections fournies par la
pendule. C’est, séduits par cet accord que la plupart des
astronomes supposent les équations personnelles constantes.
Quand l'accord est moins bon, ce qui est le cas général, on
s'en prend alors à l’atmosphère. Cette conclusion serait
légitime si les étoiles étaient ondulantes, mais on trouve des
séries qui s'accordent et d’autres qui ne s'accordent pas par
tous les états atmosphériques. C’est évidemment de l’obser-
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES, 269
vateur surtout que viennent ces différences qui résultent de
variations dans son équation personnelle, dont l'hypothèse de
constance est purement gratuite. (L)
Il est incexact de se fonder sur l'accord fréquent de séries
d'observations entre elles pour admettre la constance de
l’équation personnelle. LH arrive, en effet, quelquefois qu’on
conserve une manière constante d'observer pendant une
série entière mais d’autres fois on varie d’un instant à l’autre.
L’estime diffère aussi beaucoup le jour et la nuit par suite
de la différence d'éclat des étoiles. Les ondulations sont
aussi une cause de variation considérable.
On voit par ce qui précède, combien dans les méthodes
d'observations actuelles, il règne d’incertitudes sur les résul-
tats, les erreurs à craindre peuvent dépasser une demi-
seconde de temps, et par conséquent, atteindre 8 à 10
secondes d'arc. L’astronomie de précision, er tant que l’on
désignerait sous ce nom une détermination à une seconde
près (avant de parler des centièmes et des dixièmes de
seconde, comme le font certains astronomes, il faudrait
tâcher d'obtenir la seconde, que l’on n’a pas encore), est done
à créer, et pour y parvenir, il faut substituer un système
de pointés à l'estime du temps.
Arago a proposé l'emploi des chronomètres à pointage
pour faire disparaitre les équations personnelles. On appelle
ainsi des chronomètres qui marquent par un point sur leur
cadran l'instant auquel on presse une détente. La proposi-
tion d’Arago relative à l'emploi des chronomètres à poin-
tage résulte de séries d'expériences qu'il à fait faire à
(1) La disposition physique et morale de l'observateur joue un
grand rôle dans la valeurdesobservations. La fatigue doit certai-
nement, dans une série, modifier progressivement l'équation
personnelle, de telle façon que lon reporte sur la pendule ce
qui vient de l'observateur.
9210 DE L'EMPLOI
l'Observatoire de Paris, et qui semblent indiquer que
l'équation personnelle n'existe pas lorsque l'observateur
signale par un tope ou par un coup sec le moment où, sui-
vant lui, l'étoile passe derrière le fil du réticule de la lunette.
Une différence de ©, 6 entre MM. Mauvais et Goujon dis-
paraissait de cette manière.
Vers l’époque où Arago proposait ce procédé, MM. Bond,
en Amérique, arrivaicnt au même résultat à l'aide d’un
chronographe électrique, c’est-à-dire à laide d’un de ces
appareils dans lesquels une bande de papier se déroulant
sous l’action d’un mouvement d’horlogerie est divisée en
secondes par une horloge électrique qui commande le jeu
d’une pointe, tandis qu’une autre pointe, obéissant à un
courant fermé à volonté par l'observateur, peut marquer
sur Ja bande ainsi divisée l’instant où un phénomène quel-
conque se produit.
« Les limites des erreurs individuelles, disaient MM.
Bond à l’époque de leurs premiers essais, sont beaucoup plus
resserrées par cette méthode. Autant que les comparaisons
faites jusqu'ici suffisent à le prouver, les équations ou les
erreurs personnelles de divers observateurs sont, sinon
tout à fait insensibles, du moins réduites à un petit nombre
de centièmes de seconde. »
Comme on le voit, dès leurs premiers essais, MM. Bond
ne cons{atent pas une disparition complète de l'équation
personnelle. Hâtons-nous d'ajouter quele chronographeélec-
trique, qui n’est autre, d’ailleurs, qu’une sorte de chrono-
mètre à pointage, est appliqué à l'observatoire de Greenwich
depuis plusieurs années, aux observations astronomiques de
passage, ct qu'il n'a pas complétement justifié lespoir que
l’on avait fondé sur lui. Sans doute, les équations person-
nelles sont diminuées, mais il est maintenant bien établi
qu’elles ne disparaissent pas, et qu’elles sont seulement ren-
fermées dans des limites deux fois plus petites.
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 241
Si on se sert de deux lunettes méridiennes placées dans
deux localités différentes ou près l’une de l’autre, et si les
passages observés par les deux observateurs sont pointés
sur un même chronographe électrique, au lieu que chaque
étoile observée par les deux instruments donne une diffé-
rence de longitude constante après correction des erreurs
instrumentales, comme cela devrait avoir lieu si équation
personnelle était constante pour chaque observateur pendant
la durée de la série d'observations, on trouve des différences
qui varient de quelques dixièmes de secondes, d’une manière
tout à fait arbitraire. Ce fait indique que l'équation person-
nelle est essentiellement variable d’un instant à un autre,
car, dans le cas présent, les positions absolues des étoiles
n'interviennent pas, ét on ne peut attribuer à elles le
désaccord trouvé.
Les observations au chronographe, loin d’avoir fait entiè-
rement disparaître les équations personnelles, nous ont donc
appris, au contraire, par le nouveau mode decontrôle qu’elles
ont permis d'établir, que les équations personnelles sont
essentiellement variables. Seulement, dans le cas du chro-
nographe, l'opération à faire par l'esprit étant moins com-
pliquée, les limites des erreurs personnelles sont plus
restreintes, mais elles correspondent encore à plusieurs
secondes d'arc, et il importe de faire entièrement disparaître
ces erreurs.
Pour cela, il paraît évident que les observations, au lieu
d’être instantanées, pour ainsi dire, doivent être prolongées,
c'est-à-dire que Pobservateur doit avoir le temps de juger
de la valeur de son observation. El faut donc que l’instru-
ment se meuve à l’aide d’un mécanisme convenable et d’un
mouvement confinu d'horlogerie, de telle sorte que la
lunette étant pointée sur une étoile y reste pointée un temps
suffisant pour que l'observateur puisse apprécier l'exacti-
ei El DE L'EMPLOI
tude du pointé. Ceci est d'autant plus important que les
étoiles sont souvent ondulantes, et que, par suite , on doit
avoir le temps de juger que l'étoile, dans ses variations,
s’écarte également à droite et à gauche du fil. L'observateur
étant content de son pointé, devra presser sur une
touche. Cette pression, soit par un courant électrique,
soil par tout autre moyen, enregistrera d'une part
sur un chronographe, l'instant de la pression, et d'autre
part, la situation de l'instrument à cet instant précis.
Après ce coup frappé sur la touche, l'observateur, conti-
nuant de regarder lastre et le voyant encore exactement
pointé par l'instrument, en conclura qu'il était exactement
pointé à l'instant où il a frappé, c'est-à-dire à l’instant où,
mécaniquement, ct par suite avec autant d'exactitude que
que l'on voudra, ont été enregistrées à la fois l'heure et la
situation de l'instrument.
De cette manière, il n’y aura rien eu de précipité; Pobser-
{eur aura pu juger à son aise de son pointé, et une peüte
différence dans l'instant auquel il aura frappé n'aura intro-
duit aucune erreur paisque d’une part, l'étoile reste pointée
assez longtemps, et d’aûtre part, l'heure et la situation de
l'instrument sont enregistrées ensemble. La symétrie des
astres, dans le sens horizontal où il n’y a pas de dispersion
due à latmosphère, ne donne pas lieu à une équation
personnelle; l’astre paraît fixe à l'observateur dans la lunette
ct il n’y a point d’équation personnelle dans la bissection d’un
point fixe symétrique.
Il reste maintenant à réaliser mécaniquement la condition
dont nous venons de parler. Pour obtenir des observations
précises, il faut un instrument réglé sur la verticale tel que
l'alt-azimut, et nous avons fait voir précédemment que les
observations azimutales présentent d'immenses avantages
sur toutes les autres observations. Pour parvenir à faire
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES, 213
disparaître les équations personnelles, il convient donc
d'abord de donner un mouvement parallactique à l’alt-
azimut, car les équatoriaux ou machines parallactiques ne
comportent pas assez de précision et ne peuvent être
employés qu'à des observations de différences, soit de
déclinaison, soit d’ascension droile mais non à la déter-
minalion des déclinaisons ct ascersions droites absolues.
Or, ce mouvement parallactique est facile à obtenir. En
effet, la lunette de l’alt-azimut peut, comme celle de l’équa-
torial, être dirigée vers tous les points du ciel. Il suffit donc
pour pouvoir à volonté donner à la lunette de lalt-azimut
un mouvement équatorial (les cercles de l’alt-azimut suivant
d’ailleurs la lunette dans son mouvement, de telle sorte que
l'instrument ne cesse pas d’être en même temps alt-azimul)
de disposer en outre du cerele vertical et du cercle hori-
zontal de l'instrument, un cercle équatorial placé de telle
manière que la ligne joignant son centre au centre des
mouvements de la lunette de Palt-azimut soit parallèle à
l'axe du monde. Ce cercle équatorial sera d’ailleurs à une
distance des autres cercles de l'instrument assez grande
pour que l'observateur ne soil pas géné.
A l’une des extrémités de la lunette de Paït-azimut serait
un cercle ou coilier C tournant autour du corps de cette
lunette. Ce collier C porterait aux deux extrémités d’un
même diamètre deux portions d’un même axe engagé dans
les deux branches d’une fourchette portée par lune des
extrémités d’une longue tige A. L'autre extrémité de cette
tige glisserait dans un tube B porté par un axe perpendicu-
laire à l’axe du cercle équatorial et entraîné par ce cercle.
Une vis de pression arrêlerait la tige A dans ce tube B, et
permetterait ainsi de faire faire à la lunette un angle quel-
conque avec l’axe du monde et de l'arrêter à cet angle, après
quoi le seul mouvement possible de la lunette se ferait
214 DE L'EMPLOI
comme dans un équa{orial, en suivant le mouvement du ciel
ou un parallèle.
Le collier G serait porté par l’une ou par l’autre des deux
extrémités de la lunette, suivant que l’on voudrait observer
au nord ou au sud.
L'alt-azimnt est ainsi {ransformé en équatorial, avec cette
différence que les fils de la lunette restent (toujours verticaux
ou horizontaux, au lieu de rester perpendiculaires et paral-
lèles, au mouvement diurne (1), et l’on a de plus des cercles
horizontaux ou verticaux qui fixent la situation de la lunette
en azimut et en hauteur, avec tous les procédés de recti-
fication de l’alt-azimut. Les observations ont donc la préci-
sion de ce dernier instrument, et elles sont simplement azi-
mutales si l’on veut.
Au lieu de faire tourner le collier C autour du corps de
la lunette, il y a avantage à disposer au-dessous de la lunette
elle même, l'appareil destiné à donner le mouvement paral-
lactique ; pour cela, l’axe vertical de l'instrument doit être
divisé en deux bras vers sa partie inférieure, ces deux bras,
se réunissant de nouveau en un seul pour former la pointe
conique inférieure de cet axe. Entre ces deux bras est
(1) Le même système de monture pourrait être employé pour
les équatoriaux proprement dits avec avantage. Il suflirait pour
cela de permettre à la lunette de l'alt-azimut de tourner autour
de son axe optique dans un tube porté par l'axe horizontal de
l'alt-azimut, et de fixer le collier C sur l'une des extrémités de
cette lunette, au lieu de laisser cette dernière tourner librement
dans ce collier. Alors les fils de la lunette resteraient parallèles
et perpendiculaires au mouvement diurne.
Sans faire tourner la lunette autour de son axe optique, on
peut faire des observations équatoriales avee un alt-azimut muni
d'un mouvement équatorial, si sa lunette est munie d'un micro-
mètre de position. Il suffit alors de tourner ce micromètre à
la main. On peut aussi dans le même but de se servir d'un
micromètre circulaire.
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 215
un axe horizontal portant en son milieu une tige cylindri-
que D perpendiculaire à lui, de sorte que le centre des
mouvements de celte tige qui pourrait comme la lunette
être dirigée suivant tous les azimuts et à toutes les hauteurs,
serait au-dessous du centre des mouvements de la lunette
et dans la verticale de ce point. L’axe du cercle équatorial
prolongé passerait par le centre des mouvements de la tige
D et non par celui de la lunette, et le collier C tournerait
autour de l’une des extrémités de cette tige D. En un mot,
la disposition que nous venons de décrire comme appliquée
à la lunette serait adaptée à la tige D. Il est bien évident
alors que le mouvement en azimut de la tige D serait par-
lagé par la lunette. Cela suflit pour le but que nous nous
proposons, mais si on veut que le mouvement en hauteur de
D soit aussi partagé par la lunette, il suflit de les relier par
une tige verticale articulée de façon à faire un parallélo-
gramme. Ces dispositions ne réagissent d’ailleurs aucune-
ment sur les procédés pris pour assurer Ja stabilité et la
rectification de l’instrument. Le grand avantage que l’on
trouve à placer l'appareil destiné à donner le mouvement
parallactique au-dessous de la lunette est que dans ce cas
cet appareil peut être très petit. On pourrait encorcaugmen-
ter sa solidité, en faisant le tube B long et en le retenant par
des tringles obliques sur l’axe autour duquel il tourne.
La disposition qui place en-dessous de la lunette l’appa-
reil destiné à donner à l’alt-azimut le mouvement parallac-
tique, a de plusl’avantage de permettre de placer, si on veut,
l’oculaire de la lunette de l’alt-azimut au centre des mou-
vements de cet instrument, condition qui permet à l’obser-
vateur de viser à tous les points du ciel sans changer de
place et sans prendre des positions plus ou moins difficiles
et pénibles. Autrement, c’est-à-dire, si le mouvement paral-
lactique avait été donné à l’aide d’une tige agissant sur la
216 DE L'EMPLOI
lunette même, comme nous lavons supposé d'abord, il
aurait fallu, dans le cas d’une lunette proprement dite,
comme dans celui d’un télescope à réflexion, prolonger le
tube de cette lunette ou de ce télescope au-delà de l’oculaire
pour pouvoir donner un mouvement équatorial en pointant
également soit au nord, soit au sud.
Si l’en ne voulait uniquement faire suivre le mouvement
des étoiles qu’en azimut, on pourrait encore placer latérale-
ment l'appareil que nous venons de décrire et lui faire trans-
mettre à l’aide d’une roue dentée son mouvement azimutal
à l’axe vertical de l’alt-azimut. Cette disposition aurait l’avan-
tage d’être moins dispendieuse comme exéculion.
Pour caler l'instrument on l’amène dans le méridien, on
cale en déclinaison et on amène ensuite à l'angle horaire
voulu, à l’aide du cercle équatorial.
Ce dernier cercle doit être calé à l’aide de vis de pression
et de rappel sur un arc de cercle denté concentrique. Une
vis sans fin engrène cet arc denté, et il suflit de faire com-
mander la marche dela vis sans fin par un mouvement par-
faitement continu d'horlogerie, obtenu à l’aide d’un pendule
conique, tel que celui que nous avons décrit à la Société
impériale des Sciences Naturelles de Cherbourg, séance du
45 juillet 4857, (voir la Science, n° du 5 septembre) pour
que la lunette pointée sur un astre suive ensuite le mouve-
ment de cet astre en restant pointée. I faudrait que la
marche de l'horloge à pendule conique fût très irrégulière
et différât beaucoup du mouvement diurne (irrégularités et
différences faciles à éviter) pour que l'étoile ne restàt pas
sensiblement bien pointée pendant quelques secondes, temps
parfaitement suffisant pour le genre d'observation dont nous
avons parlé.
Nous allons maintenant indiquer le moyen d'enregistrer
mécaniquement à la fois l'instant de lobservation et la
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 917
situation des limbes de l'instrument et spécialement celle du
Jimbe azimutal.
Pour enregistrer la situation du limbe azimutal de Palt-
azimut en un instant donné, il suffit d'établir en dehors de
l'instrument un chariot N portant une pointe fine tel que
les appareils de ce genre que lon emploie dans les machines
à graduer pour tracer un trait délié sur une règle, après
que la vis micremétrique a amené ce charriot dans la posi-
tion convenable.
Le mouvement de la pointe du chariot N doit être dirigé
vers le centre da limbe azimutal de l’instrument.
Cela posé, après avoir calé sensiblement lalt-azimut sur
un astre, on amène dans la direction du chariot N, dont les
guides sont solidement fixés sur un pilier P indépendant
de l'instrument, un arc de cercle M tournant autour de laxe
vertical de l’alt-azimut, et onarrête fortement cetarc de cercle
sur le limbe azimutal, à l’aide de vis de pression, de sorte
qu'il suive désormais le mouvement azimulal de la lunette.
Cet arc de cercle M cest recouvert d'une plaque de métal
poli, et le tout est disposé de telle sorte, qu’en faisant mou-
voir le chariot N, un trait délié est tracé sur cette plaque,
un très petit mouvement du chariot N étant d’ailleurs suffisant
pour que ce résultat soit obtenu et le chariotN rappeléensuite
à sa place par un ressort. Enfin un microscope O supporté
par le pilier P, sur lequel sont, comme nous l'avons déjà
dit, fixés les guides du chariot N, est joint à l’appareil. Ce
microscope est disposé de manière à permeltre de voir le
trait tracé par le chariot N aussitôt que ce trait vient d’être
marqué, el il est assez élevé au-dessus de la plaque pour
ne pas gêner le mouvement de la pointe du chariot N.
Dans le microscope O sont deux fils croisés supportés par
un micromèlre, qui permet de les pointer sur le trait.
IL est maintenant facile de comprendre le jeu du système.
218 DE L'EMPLOI
Lorsque l’astre est pointé et reste pointé par suite du mou-
vement de l'instrument commandé par l'horloge à pendule
conique, l'observateur n’a qu'à pousser le chariot lorsqu'il
trouve son pointé bon, et après avoir continué à son aise
pendant deux ou trois secondes la vérification de son pointé,
il n’a plus qu’à désengrener l'instrument que le mouvement
d'horlogerie cesse alors de commander et qui s'arrête. Les
mouvements, pour pousser le chariot et désengrener l’ins-
trument, peuvent être faits par l'observateur, de sa place, à
l’aide de tiges convenablement disposées. Lorsque l'instru-
ment est bien arrêté, l'observateur pousse de nouveau le
chariot qui marque un nouveau trait, et il pointe le mi-
croscope sur ce second trait ; faisant alors tourner linstru-
ment de manière à amener le premier trait sous le micros-
cope ainsi pointé, il donne de nouveau à Palt-azimut la
position qu’il avait à l'instant où le chariot a été mis en
mouvement la première fois, et par conséquent à linstant
de l’observation. Il n’y a plus alors qu’à lire la situation de
l'instrument à l’aide de ses microscopes, comme à l’ordi-
paire.
L'opération dont nous venons de parler peut être faite
avec une précision aussi grande que l’on veut, car lexacti-
tude ne dépend que de la finesse du trait et du grossisse-
ment du microscope 0. D'ailleurs, comme il n’y a pas de
flexion dans le sens azimutal, l’arc de cercle M, qui reste à
peu de chose près dans la même direction et qui est d’un
très petit nombre de degrès, peut avoir un trés grand rayon;
il suflit pour cela que le chariot soit loin du centre de
Palt-azimut.
A cause de l’excentricité de l'instrument, il sera bon qu'il
y ait des traits de repère tels que celui que nous venons
de décrire, tracés à la fois aux deux extrémités d’un même
diamètre ‘du limbe horizontal, au Nord et au Sud, par
exemple.
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 219
Mais il ne suflit pas d’enregistrer la situation de l'ins-
trument, il faut que l'heure de l’observation soit aussi
enregistrée, et l'heure de l'observation est Pinstant même
où on pousse le chariot N. Ce qu’il y a de micux à faire est
donc d'employer dans ce but le mouvement du chariot lui-
même, soit en lui faisant établir un courant électrique
qui tracera un point sur un chronographe électrique, soit
en le faisant agir sur la détente d’un chronomètre à poin-
tage. Les dispositions mécaniques à prendre dans ce but
sont trop simples pour que nous nous y arrêtions. L'em-
ploi de l'électricité n’est pas nécessaire d’après ce que nous
venons de dire, mais il est avantageux comme simplifiant
beaucoup les mécanismes, tant pour mettre le chariot N en
mouvement à l’aide d’un électro-aimant par leffet d’un
courant établi par l'observateur, que pour enregistrer l’ins-
tant du mouvement de ce chariot.
On voit que, par les dispositions que nous avons décrites
précédemment, le probléme que nous nous sommes proposé,
de faire disparaitre les équations personnelles, est complè-
tement résolu. On peut, en se fondant sur le même prin-
cipe, modifier beaucoup les dispositions mécaniques; ainsi,
au lieu d’un chariot pour porter la pointe tracante, on peut
se servir d’une tige un peu longue tournant autour d’un
axe vertical et décrivant un très petit arc, dont la tangente
au milieu de cet arc passerait par le centre de Palt-azimut ;
ou bien on peut appliquer les mêmes dispositions au cercle
vertical, pour le cas où l’on voudrait avoir l'instant d’un
passage par une hauteur donnée, ou enfin on peut les
employer pour le cercle équatorial, si on veut les passages
par un angle horaire donné (1).
(1) Le mouvement du cercle équatorial étant uniforme et con-
duit par une vis, on pourrait se servir de cette vis si elle était
disposée de manière à être micrométrique (ce qui ne présente
220 DE L'EMPLOI
On pourrait cafin, au lieu de ces procédés mécaniques, se
servir de la photographie pour projeter sur une plaque col-
lodionnée l'image des fils d’une petite lunette auxiliaire
portée par l’un des limbes, spécialement le limbe azimutal
de l'instrument.
Une vive étincelle électrique d’une forte batterie de Bun-
zen donnerait une lumière suflisante pour obtenir une image
instantanée, Mais ce dernier moyen, d’une précision pour
ainsi dire indéfinie, aurait l'inconvénient d’entrainer des
manipulations qui transformeraicnt une observation en expé-
rience, chose que l’on doit toujours éviter autant que possible
dans les sciences où les observations doivent être fréquem-
ment répétés. Les procédés mécaniques que nous avons dé-
crits sont plus que suffisants pour corresponcre à l'exacti-
tude d’un pointé, et ilsontl’avantagedenc pas compliquer les
observations qui seraient aussi faciles etaussi simples qu'avec
les instruments méridiens actuels. — Si nous indiquons les
procédés photographiques, c'est uniquement pour faire voir
que nous ne nous sommes arrêté au moyen que nous avons
proposé en premier licu qu'après müre réflexion et expé-
riences préliminaires pour reconnaitre ct apprécier la bonté
de ce procédé.
La possibilité d'obtenir des mouvements parfaitement
réguliers et continus a spécialement été pour nous l'objet
pas de difficulté, puisque l'instrument n'aura jamais à décrire à la
fois qu'un très petit are sous l'influence de la pendule conique),
pour connaître le chemin fait par l'instrument depuis l'instant
où le pointé a été jugé bon, jusqu'à l'arrêt de l'instrument. Il
suflirait pour cela que l'enregistrement de l'instant de l'observa-
tion eût lieu sur le tambour de la vis, ou mieux sur une bande
de papier dont le développement serait guidé par la rotation de
ce tambour. On pourrait aussi appliquer un procédé semblable
à la vis micrométrique de la lunette méridienne mue par un mé-
canisme convenable, Nous traiterons plus tard ce sujet avec plus
de détails.
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. DO
d’une étude spéciale, et cette possibilité n’est pas douteuse
par les moyens que nous avons indiqués, ainsi que nous
l'avons reconnu par des essais préliminaires.
La plaque portée par l'arc de ecrele M et sur laquelle la
pointe du chariot N traccra, devra être disposée de manière
à pouvoir être aisément remplacée lorsqu'elle sera trop char-
gée de traits. Ajoutons encore queles deux traits tracés pour
une même observation se trouveront toujours très rappro-
chés, et par suite visibles à la fois sous le microscope O.
Leur distance pourra être mesurée, si l'on veut, par le
micromètre de ce microscope, de sorte qu’au lieu de rame-
ner l'instrument à la position qu'il occupait lors de l’obser-
tion, on pourra, si l’on préfère, faire les icctures dans la
situation où il sera arrêté, et corriger cette lecture de linter-
valle des deux traits pour ramener à l'instant €e l'observation.
C’est en vain qu’on espèrerait porter plus de précision
dans l'astronomie en multipliant les observations au-delà
d’un certain nombre, Les moyennes ne peuvent être exactes
que dans la limite des erreurs des procédés employés. Deux
éléments entrent dans les observations astronomiques : les
angles et le temps. Pour les mesures angulaires, les erreurs
dues au sens de la vue ont été reculées par le grossissement
des lunettes, mais pour l’appréciation du temps, nous en
sommes encore à l'estime grossière et primitive. Or, le pro-
cédé que nous indiquons a pour effet d’'amplifier, pour ainsi
dire, le temps, comme la lunette amplifie l’espace. En effet de
même que, par les lunettes, la limite du sens de la vue dans
la mesure des angles, limite qui cest la minute, est reculée,
puisqu’alors des secondes et des fractions de secondes nous
apparaissent comme des minutes, de même pour la mesure
du temps, un passage qui avait licu en une fraction de se-
conde est transformé par le nouveau procédé en un pointé
que l’on peut faire en plusieurs secondes et dont on a le
299 DE L'EMPLOI
temps d'apprécier la qualité. L'application du mouvement
continu aux instruments, avec enregistrement mécanique
instantané de l’heure et de la situation de l’instrument com-
plètera donc le progrès commencé, par l'application des
lunettes aux cercles, et, par conséquent, là réside le plus
grand progrès que l’on puisse faire faire désormais à l’astro-
nomie de précision, ou plus exactement encore, par là sera
réellement créée l'astronomie de précision.
Nous citerons ici, comme l’un des exemples les plus cu-
rieux des incertitudes que laissent les observations méri-
diennes et de l’impossibilité de porter plus loin la précision
avec elles, la comparaison des ascensions droites des étoiles
fondamentales en 1755, données par Bessel dans ses Fun-
damenta et par M. Le Verrier dans ses Annales. Les unes
et les autres ont été cependant déduites d'observations de la
même époque faites dans le même lieu, avec les mêmes
instruments et par le même observateur. Seulement, tandis
que Bessel n’a employé qu’une partie des observations de
Bradley, M. Le Verrier s’est servi de la totalité. Abstrac-
tion faite de certaines différences dans les éléments de
réduction (constantes de l'observation, de la nutation, mou-
vements propres), les différences des ascensions droites don-
nées par M. Le Verrier et par Bessel sont :
y Pégase + 0,122 Procyon — 0,050
z Bélier — 0,016 Pollux — 0,070
z Baleine + 0,056 « Hydre — 0,067
Aldebarau + 0,005 Regulus — 0,085
La Chèvre + 0,005 6 Lion — 0,072
Rigel + 0,071 6 Vierge + 0,035
8 Taureau + 0,176 L’épi + 0,005
4 Orion + 0,067 Arcturus — 0,001
Sirius + 0,086 «x! Balance + 0,152
Castor — 0,016 Balance + 0,257
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 293
4 Couronne — 0,005 5 Aigle + 0,159
z Serpent + 0,176 ‘Capricorne — 0,027
Autarès + 0,421 Capricorne + 0,059
4 Hercule — 0,050 : Cygne — 0,100
e Ophiuchus — 0,104 Verseau — 0,068
Wega — 0,055 Fomalhaut — 0,040
y Aigle + 0,183 « Pegase + 0,050
« Aigle + 0,007 x Androméde + 0,016
Les différences ci-dessus ont lieu de surprendre, quand
on pense au grand nombre des observations employées
dans les 2 cas, et à ce fait, que les 2 catalogues
sont fondés sur des observations communes et que le nom-
bre seul diffère.
Dans un tableau de réduction donné par M. Le Verrier, à
la page 275 du tome 2 des Annales, on voit des moyennes de
40 observations diverger de 0°,456 pour la différence
d’ascension droite des deux mêmes groupes d’étoile. On
remarque enfin avec les observations de Bradley une varia-
tion de cette différence, qui semble périodique suivant la
saison et qui s'élève à 0°,120 entre mars et juin, tandis que
dans les observations faites à Greenwich de 1840 à 1850
par d'autres observateurs et avec d’autres instruments, M.
Le Verrier trouve bien des différences à peu près de même
grandeur 0° 108, mais qui ne suivent nullement la même
période.
En présence de cette divergence de résultats, nous croyons
parfaitement justifier notre conclusion qu'il faut plutôt
chercher de nouveaux procédés d’observalion, que de s’atta-
cher à l’aide des observations méridiennes à appliquer aux
tables existantes de nouvelles corrections sur lesquelles on
sera forcé de revenir sans cesse.
Le procédé que nous avons décrit pour la suppression
des équations personnelles permettrait même d'éliminer
294 DE L'EMPLOI
l'observateur et de le remplacer par une glace colodionnée.
Il suflirait pour cela d'employer des combinaisons dans les-
quelles le fil du réticule serait supprimé et remplacé par
une ligne brillante réfléchie par l'objectif, comme Pa déjà
fait M. Porro dans plusieurs instruments ingénieux. L’ins-
trument suivant le ciel, les images de ce réticule lumineux
et celles des étoiles se peindraient ensemble sur la plaque,
puisqu'on pourait prolonger l'action de la lumière le temps
nécessaire. On sait que déjà M. Bond, aux États-Unis et
M. Delarue, à Londres ont obtenu des images photogra-
phiques de planètes et d'étoiles même d’un faible éclat, à
l'aide d’un équatorial et d’un mouvement d'horlogerie.
Le procédé que j'indique ne serait done que la reproduction de
la même expérience. Pour transformer ces épreuves pho-
tographiques en observations, il suflirait donc vers Pinstant
milieu de l'épreuve, d'enregistrer simultanément l'heure et
la situation de l’instrament, comme nous l'avons indiqué
pour la suppression des équations personnelles. La distance
des milieux des images lumineuses remplaçant les fils aux
centres des images des étoiles, mesurée au microscope donne-
rait des observations d’une excessive précision. La distance
connue des fils ferait d’ailleurs connaître la grandeur de
l’échelie en arc. Une différence entre le mouvement d’hor-
logerie et le mouvement du ciel se traduirait par un allon-
gement des images des étoiles, mais en prenant le milieu,
l'observation ne serait pas altérée par cette petite inégalité
de mouvement.
Au licu d'enregistrer la situation de linstrument, au
milieu de la formation de l'épreuve, il serait plus précis
que l'ouverture et la fermeture du chassis renfermant la
glace sensibilisée, déterminassent elles-mêmes un enregis-
trement simultané de l'heure et de la situation du limbe
azimutal,
nb cs
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 295
M. Faye a déjà proposé d'employer la photographie pour
observer les passages au méridien, en appliquant à la lunette
une plaque quisuivrait le mouvement du ciel. Dans ce cas le
réticule tracerait une bande et les étoiles, des points. Par
cet ingénieux procédé, les équations personnelles disparai-
traient, mais non les inégalités de la pendule, comme avec
les observations dans plusieurs azimuts. En outre, il est plus
que douteux que l’on parvienne à photographier les étoiles
pendant le jour, du moins sans éteindre, par le grossisse-
ment de l’oculaire, l'éclat du ciel qui brulerait les épreuves.
Les observations des différences d’ascension droite de deux
étoiles auraient donc toujours lieu dans la même saison,
et le mouvement périodique &es pendules exercerait con-
séquemment une influence très grande sur ces différences.
Quant aux déclinaisons, la photographie ne leur est guère
applicable en restreignant les observations aux hauteurs
méridiennes, {ant à cause des mouvements possibles de la
plaque, que par l’impossibilité de déterminer ainsi la réfrac-
tion correspondant aux rayons chimiques. La grande
absorption de l’atmosphère sur ces rayons, absorption qui,
comme la fait voir M. Crooke, ne laisse les plus éloi-
gnés au-delà du violet ne nous parvenir que quand l’astre
est près du zénith, compliquerait considérablement la
construction de ces tables de réfraction. Les déclinaisons ne
pourront donc guère être obtenues photographiquement
avec précision que par des observations azimutales ; ce qui
ramène au procédé que nous avons décrit. Ajoutons que
dans les observations photographiques, il convient d’em-
ployer des objectifs de long foyer afin de supprimer les ocu-
laires pour le grossissement de l’image. Comme nous avons
indiqué le moyen de faire disparaître les équations person-
nelles sans employer la photographie, c’est à la pratique de
faire connaître quel degré de précision cette addition de
15
296 DE L'EMPLOI
la photographie au procédé pourrait introduire, et nous ne
nous étendrons pas davantage sur ce sujet.
Nous ajouterons toutefois la remarque suivante dont il
faudrait tenir compte dans le cas où Pon ferait une appli-
cation. L'alt-azimut muni d’un mouvement parallactique
diffère de l’équatorial, en ce que ses fils restent verticaux
et horizontaux. Il en résulte donc qu’encore bien qu’une
étoile située dans l'axe optique de la lunette s’y maintienne
pendant que le mouvement de l'horlogerie fait suivre le
ciel à l’alt-azimut, iln’en estpas de même d’une étoile située
sur le bord du champ, laquelle paraît décrire un cercle
autour de cet axe optique. Il s'ensuit donc que si on place
au foyer de l'objectif une glace colodionnée, les images des
étoiles sauf celles du centre formeront de petits arcs de
cercle. Toutefois, comme le temps de la pose n’est pas
long, ces arcs seront très courts, et les images auront en
réalité l'aspect de points allongés. Pour les observations on
prend le milieu de ces points, quoique l'inconvénient dont
nous parlons n'existe pas puisqu'on n'emploie que Îles
étoiles du milieu du champ. Un petit mouvement de rota-
tion de la plaque pendant la pose réduirait toutes les images
à des points. Si on recourait à ce dernier moyen, il faudrait
que ce mouvement n’eût lieu que pendant la pose, durant
laquelle le réticule lumineux ne tracerait pas. Mais avant et
après le tracé de l’image des étoiles, on obtiendrait celui du
réticule lumineux, la glace étant alors fixe. Ce serait à la
moyenne de ces deux positions du réticule sur la glace que
l'on rapporterait les positions des étoiles. Comme pour les
observations, on n'aurait à employer que des étoiles du milieu
du champ; je crois toutefois cette complication inutile.
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 297
Sur les procédés optiques qui peuvent dans les grands
instruments azimutaux faire connaitre avec précision les
erreurs instrumentales, aumoment même des observations.
Nous avons antérieurement indiqué les moyens de déter-
miner l’inclinaison des axes horizontaux et verticaux des
instruments et de corriger les observations azimutales des
erreurs dues à ces inclinaisons. Nous avons examiné les
dispositions qu'il convient de donner à l’axe horizontal, et
nous avons fait voir comment, à l’aide du niveau, on peut
reconnaître l'inégalité des deux tourillons de cet axe, et
les irrégularités qui proviennent du défaut de cylindricité
de ces tourillons. Nous avons vu qu'il est nécessaire, pour
que le nivellement soit bon, que les pattes du niveau repo-
sent sur la partie des tourillons qui supporte le poids de
l'instrument (a).
Or, les tourillons ont forcément, pour la solidité, une
certaine longueur, et conséquemment, si indépendamment
de la courbure que leur donne la flexion et de leur défaut
de cylindricité dans le sens des génératrices des cylindres, ils
n'ont pas leurs axes situés exactement sur une méme ligne
(a) Cette condition elle-même ne suflit pas lorsqu'on a égard
au défaut d’homogénéité de l'axe et aux variations de diamètre
qu'il éprouve dans la partie centrale. C’est ainsi, par exemple,
que M. Porro a fait remarquer que dans la lunette n'éridienne de
l'observatoire de Paris, construite par Gambey, la partie centrale
de l'axe composée de deux cônes opposés forme une pièce mas-
sivepeu flexible, pour ainsi dire liée presque invariablement
à la lunette, de telle sorte que les flexions doivent avoir lieu
surtout près des tourillons. C’est sans doute pour ce motif que
Gambey avait disposé son niveau de manière qu'il portât sur les
deux extrémités de cette pièce centrale. Toutefois, comme la
flexion n’est nulle dans aucune partie de l'instrument, il ne suñfit
pas lorsqu'on veut une grande précision, de s’en rapporter aux
mesures de l'inclinaison fournies par le niveau.
298 DE L'EMPLOI
droite, mais au contraire s'ils font un angle entre eux, la
distance des points des tourillons qui portera sur les coussi-
nets, variera suivant l’inclinaison de la lunette, (andis que
la distance des pattes du niveau est constante. Conséquem-
ment la condition précédente pour que le nivellement soit
bon ne sera pas possible. Cest là le cas général. Toutefois,
vu les soins apportés dans la construction des tourillons et
des coussinets, les erreurs à craindre sont petites. Ce qui fait
qu'avec les niveaux on peut connaître très approximalive-
ment la situation des axes. Il reste cependant une petite
incertitude.
Nous venons de parler ici des axes horizontaux. Hâtons-
nous d'ajouter que des faits analogues ont lieu pour les axes
verticaux. Remarquons, de plus, que la sensibilité des
niveaux est limitée à l'angle oùle frottement fait équilibre à la
force ascensionnelle de la bulle d’air, et qu’elle est restreinte
par de petites anomalies dans ia capillarité provenantdes varia-
tions de densité, de courbure et peut-être d’état électrique du
verre. Il est donc à désirer que, sans abandonner les niveaux,
à cause de la facilité de leur emploi, on se serve pour la
détermination des erreurs instrumentales de l’alt-azimut,
d’autres procédés qui n’admettent pasles mêmes objections,
qui puissent servir à l'étude des tourillons, et qui, par suite,
perfectionnent l'emploi du niveau, en faisant connaître les
erreurs qu’#l donne dans les diverses situations de linstru-
ment. Un système convenable de collimateurs va nous per-
mettre d'atteindre ce résultat.
Considérons d’abord laxe vertical de l'instrument dont les
variations de direction réagissent sur l’inclinaison de l’axe
de la lunette.
La disposition donnée ordinairement à cet axe par les
constructeurs est celle d’un cylindre terminé à ses deux
extrémités par des cônes tronqués, dont les sommets, en
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 9299
supposant les cônes prolongés, seraient du même côté, de
telle sorte que l'axe entre facilement dans son support et est
soutenu par ces deux cônes qui frottent dans toute leur
surface, tandis que la partie cylindrique ne frotte pas. Lors-
que l'axe est en place dans la situation verticale, les deux
cônes sont donc renversés.
Quand l'instrument est lourd, on place à l’extrémité du
cône tronqué inférieur une pointe qui vient appuyer sur un
ressort qui équilibre en partie le poids de l'instrument. Par
là, le frottement de l'axe sur les coussinets coniques dans
lesquels il repose est diminué de la quantité nécessaire,
tout en laissant un poids suflisant pour une bonne adhé-
rence.
Par une bonne exécution de ces diverses pièces, les
artistes arrivent à ce résultat, que l'axe d’un théodolite étant
ramené à la verticale par deux nivellements faits dans deux
plans rectangulaires, le niveau de l'instrument ne varie pas
sensiblement en le faisant tourner autour de cet axe.
Pour éviter tout ballottement, il faut porter une attention
spéciale à ce que les deux cônes frottent à la fois, résultat
pour lequel l’élasticité des pièces et la flexion due au poids
de Pinstrument, facilitent beaucoup les constructeurs. Il
est de plus nécessaire que les axes des deux cônes soient
exactement en ligne droite, sans quoi la direction de l’axe
variera pendant la rotation.
Quelque soin que l’on mette à la réalisation de ces diver-
ses conditions, on ne peut parvenir à l'exactitude mathé-
matique; il y a donc lieu d’étudier les variations de direction
que prend l’axe en tournant, variations qui se reproduisent
identiques lors d’un retour à une même position.
Remarquons, en passant, que l’on pourrait augmenter la
stabilité des axes verticaux par une petite modification de
construction qui consisterait (oujours à terminer l’axe infé-
230 DE L'EMPLOI
rieurement par un cône tronqué, roulant dans un cône ou
mieux une pyramide tronquée triangulaire, mais à laisser
cylindrique la partie supérieure frottante. Cette partie supé-
rieure entrerait dans un prisme triangulaire, et serait pous-
sée par un ressort dans l’un des angles de ce prisme. La
stabilité de l’axe serait alors très grande, ct il ne pourrait
intervenir pour produire des changements de direction de
l'axe que les défauts de cylindricité, de conicité, et l'angle
des axes du cône et du cylindre frottants.
Les changements de direction qui peuvent en résulter
pour l'axe pourront alors être étudiés dans chaque situation
du limbe alidade par rapport aulimbe gradué, à l’aide
d’un collimateur pointant sur un bain de mercure ct
placé dans l’axe vertical ou à côté de cet axe et pa-
rallèlement à Jui. La situation du collimateur dans l'axe
même est préférable, d’abord parce que le bain de mer-
cure ne devra pas être aussi grand que si ce collimateur
était excentrique, et de plus parce que les lectures pourront
avoir lieu dans toutes les situations de l'instrument, sans que
l’on soit jamais géné par ses pieds-supports.
Pour placer le collimateur dans l’axe vertical lui-même,
il faut supprimer la pointe placée à la partie inférieure de
cet axe et qui, portant sur un ressort, annulle une partie
du poids de l'instrument. Mais cet allégement peut égale-
ment avoir lieu en plaçant vers le milieu de l'axe un
deuxième cône renversé comme celui de l'extrémité infé-
rieure. Ce second cône entrera dans une pyramide tronquée
triangulaire, qui ne sera nullement fixe et que des ressorts
ou des contrepoids pousseront de bas en haut, sans exercer
d'action latérale appréciable. L’axe pourra alors être creux,
ses extrémités seront dégagées, l’inférieure pourra recevoir
une lentille et la supérieure des fils croisés et un oculaire.
Par des mouvements de rappel, on pourra faire varier la
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 231
position de ces fils croisés de manière à rendre l'axe
optique du collimateur (qui est déterminé par la croisée de
ces fils et le centre optique de l'objectif) parallèle à l'axe de
rotation.
Au-dessous de ce collimateur sera disposé un bain de
mercure (a). L’oculaire de ce collimateur est formé d’un
microscope composé. Entre ce microscope cet Îles fils est
placée une lame de verre plane, transparente et à faces sen-
siblement parallèles. A l’aide de cette lame, on réfléchit
vers les fils la lumière d'une lampe assez voisine de la lame
pour que les rayons réfléchis tombent sur toute la surface
de l'objectif (condition indispensable pour que tout l’objectif
soit employé, sans quoi on pourrait avoir des erreurs), On
voit alors dans le microscope composé, et à travers la lame
transparente, les fils du collimateur et leur image réfléchie
par le bain de mercure. La croisée de ces fils doit coïncider
avec son image lorsque l’axe optique est vertical. Outre
(a) I faut employer des bains rectangulaires de 30 à 40 centi-
mètre de côté. On a toujours alors de belles images, comme me
l'a prouvé l'expérience, même quand de petits bains circulaires
sont très agités par les oscillations du sol. On peut poser le
bain directement sur le sol ; mais il faut l'abriter contre les
courants d’air.
Dans les lieux où, par suite des trépidations du sol dues aux
voitures, comme à Paris, par exemple, où les pointés sur le
bain de mercure ne peuvent avoir lieu à toutes les heures du
jour, on pourrait, après avoir pointé sur le bain de mereure à
un instant de la nuit où il y aurait tranquillité, disposer un
miroir sur des vis de calage au-dessus de ce bain et amener ce
miroir à l'horizontalité parfaite à l’aide du collimateur vertical
auquel on n'aurait pas touché après son pointé sur le bain de
mercure. On se servirait de ce miroir jusqu'à ce que l’on trouvât
un nouvel instant de tranquilité, et comme on n'y toucherait pas
dans cet intervalle, il aurait nécessairement une stabilité plus
grande que l'axe de l'instrument, dont il pourrait servir à
mesurer les variations de verticalité.
2352 DE L'EMPLOI
les fils fixes dont nous venons de parler, il convient de plus
que le collimateur soit muni de deux micromètres rectangu-
laires, dont l’un aitson mouvement parallèle à l’axe hori-
zontal de la lunette, axe dont les supports sont fixés sur le
cercle alidade. à
Le micromètre dont le mouvement est parallèle à l'axe de
rotation de la lunette de l’alt-azimut, fera connaître l’inclinai-
naison de l'axe vertical dans ce sens qui est celui où cette incli-
son réagit sur celle de l’axe horizontal de l'instrument. Le
second micromètre fera connaître l’inclinaison dans le sens
perpendiculaire, c’est-à-dire dans le sens où on mesure les
hauteurs des astres. Lorsqu'on ne s’occupe pas de la mesure
des hauteurs, on peut donc se passer de ce second micro-
mètre. Les valeurs des parties de ces micromètres auront
d’ailleurs été déterminées sur le ciel, comme pour tous les
collimateurs.
Pour régler les fils croisés du collimateur, de telle sorte
que l'axe optique de ce collimateur soit parallèle à l’axe de
l'instrument, il faut leur donner par tâtonnement une posi-
tion telle, que l'axe soit vertical et que l’image réfléchie des
fils tombe sur l’image directe. La vérification de la vertica-
lité de l'axe a lieu comme avec le niveau, en ce que la
rotation de 180° ne doit pas modifier cette coïncidence de
l'image directe et de l’image réfléchie. Cette vérification
doit se faire dans deux plans rectangulaires. Après cet ajus-
tement, lorsqu'il n’y a pas coïncidence, la distance des deux
images, mesurée avec le micromètre, fait connaître l’incli-
naison dans le sens du mouvement de ce micromètre.
Nous avons déjà fait voir que pour la détermination de la
collimation, un grand alt-azimut devait être muni de deux
collimateurs opposés, À et B, pouvant être dirigés l’un sur
l’autre. Cette détermination de la collimation deviendra
très rigoureuse si, dans l'axe horizontal de la lunette de
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 299
l’alt-azimut, se trouve ua collimateur C comme celui de
l’axe vertical, avec cette différence que, comme il ne s’agit
pas ici d'observer par réflexion, un oculaire ordinaire est
suflisant. Perpendiculairement au méridien et horizontale-
ment, sera disposée une lunette collimateur C pouvant être
pointée sur celle de laxe de l'instrument, et réciproque-
ment. On peut alors pointer la lunette de l'instrument sur
le collimateur nord À, le collimateur de l’axe étant en même
temps pointé snr le collimateur CG perpendiculaire au méri-
dien. Retournant alors la lunette pour pointer sur le colli-
sud B, en veillant à ce que la lunette de l’axe reste pointée,
on peut déterminer exactement la collimation de Pinstru-
ment.
La collimation étant ainsi déterminée, si on pointe la
lunette de l’alt-azimut sur un bain de mercure en lui appli-
quant un oculaire tel que celui que j'ai décrit pour le coili-
mateur dans l’axe vertical, l’image réfléchie des fils devra se
former sur les fils eux-mêmes si l’axe optique de la lunette
est vertical. Dans Île cas contraire, la distance des deux
images fera connaître l'angle de cet axe optique et de la
verticale. Cet angle est égal à la somme de la collimation
plus l’inclinaison de l’axe de rotation horizontal. La colli-
mation étant connue, on connaît donc l’inclinaison. Diri-
geant alors le collimateur C sur le collimateur de l’axe hori-
zontal de la lunette, on peut amener ce collimateur C à
une parfaite horizontalité ou connaître son erreur d’horizon-
talité,
Si pendant les expériences précédentes on a eu soin que
le collimateur de l'axe vertical fût exactement pointé sur le
bain de mercure, on peut faire tourner l'instrument de 90°
autour de cet axe. Puis alors agissant sur le calage de l’ins-
trument de manière à ramener cet axe à la verticalité, s’il
s’en est écarté, on peut rendre les collimateurs A et B hori-
zontaux comme le collimateur C.
934: DE L'EMPLOI
On peut encore rendre horizontaux les collimateurs A et
B de la manière suivante : ces deux collimateurs étant poin-
tés l’un sur Pautre, on dirige la lunette de l'instrument sur
un d'eux À par exemple, le collimateur de l'axe vertical
élant en même temps pointé sur le bain de mercure. On fait
ensuite(ourner l'instrument de 480° autour de son axe ver-
tical, et si on a maintenu le collimateur de l’axe vertical pointé
sur le bain de mercure, la lunette doit être pointée sur le
collimateur B, si les collimateurs B et A sont horizontaux.
Dans le cas contraire la différence de pointé en hauteur
fait connaître le double de l’inclinaison de ces collimateurs.
Il faut toutefois dans ce cas que le collimateur de l'axe ver-
tical ait deux micromètres rectangulaires.
Les collimateurs A, B, Cétant horizontaux, sion dirige sur
l’un d’eux le collimateur de l’axe horizontal, etsi on fait pren-
dre à la lunette de l'instrument les diverses positions qu’elle
peut prendre autour de son axe en mesurantavec le niveaau
dans chacune de ces positions l’inclinaison de ce dernier, la
comparaison de ces nivellements avec celui que l’on déduira
du pointé sur le collimateur fera connaître la correction à
appliquer au niveau pour les différentes hauteurs de la
lunette. Après cette étude, le niveau pourra être employé
avec exactitude à la mesure de l’inclinaison dans tous les
azimuts où on ne peut pas pointer sur un collimateur. On
aura un contrôle de ces opérations par la détermination de
linclinaison par les pointés directs et par réflexion d’une
circompolaire à ses azimuts extrêmes comme nous l'avons
déjà indiqué précédemment.
Le collimateur nadiral de l'axe vertical permettra de même
de comparer les inclinaisons de cet axe obtenues par
pointé sur le bain de mercure avec celles que fournissent
les niveaux dans deux plans rectangulaires; par là on fera
la table des corrections à appliquer au niveau pour les
1144
DES OBSERYATIONS AZIMUTALES. 255
divers azimuts du zéro de l’alidade, de sorte que, dans les
instants où le pointé au nadir n’est pas possible à cause des
oscillations du sol, on peut se servir du niveau avec une
grande exactitude.
On voit que, par les moyens qui précèdent, on obtiendra
une détermination très précise des erreurs instrumentales,
et on s’en servira pour corriger les observations. Cela vaut
beaucoup mieux que d'éliminer les erreurs instrumentales
par des renversements de l’instrument, parce que ces renver-
sements supposent les axes parfaits, ce qui n’a pas lieu ordi-
nairement.
Quand le bain de mercure est observable, on peut, quel
que soit lazimut et la hauteur où l’on observe, déterminer
l'inclinaison de la lunette sans le niveau. Il suflit, en effet,
pour cela d'amener le collimateur de l’axe de la lunette sur
le collimateur C, ce qui donne dans la position actuelle de
l'instrument l’inclinaison de l’axe horizontal. On détermine
alors par le collimateur nadiral inclinaison de l’axe vertical
dans le sens où elle agit sur celle de l’axe horizontal, et on
déduit de ces deux déterminations l’angle des deux axes.
Amenant ensuite l'instrument dans un azimut quelconque,
il n'y a plus qu’à mesurer l’inclinaison de l'axe vertical par
le collimateur nadiral pour en dédnire celle de l’axe hori-
zontal. A la rigueur, notre système de collimateurs permet-
trait d'abandonner l'emploi des niveaux, qui ne doivent être
conservés qu'à cause de leur commodité.
Remarquonsiciquel’alt-azimut se change en lunette méri-
dienne et fournit des observations de même nature et de
même précision que celles de ce dernier instrument, quand
le collimateur de l'axe horizontal de la lunette est pointé
sur le collimateur C. On aau contraire l'instrument des pas-
sages dans le premier vertical si ce même collimateur de
l'axe horizontal est pointé sur l’un des collimateurs A et B.
9256 DE L'EMPLOI
De plus, en y ajoutant les dispositions que nous avons indi-
quées précédemment pour faire disparaître les équations
personnelles, il peut servir de machine parallactique. C'est
donc un instrument qui réunit tous les autres instruments
de l'astronomie.
En général, quand deux collimateurs doivent être visés
l’un sur l’autre, on peut remplacer Pun deux par un
miroir, en observant avec le second collimateur, l’image
réfléchie des fils sur le miroir qui remplace le premier
collimateur. Cela ne change rien aux diverses vérifica-
tions de collimation ou d’inclinaison auxquelles ils sont
destinés. Ainsi on peut remplacer l’un des collimateurs
A et B par un miroir.
Mais de tous les collimateurs, celui qu'il est le plus avan-
tageux de remplacer par un miroir, est celui de l'axe hori-
zontal de la lunette de l'instrument. Ce miroir peut alors
être placé très près du milieu de cet axe horizontal (a). Il
se trouve alors invariablement lié au corps même de la lu-
nette, et peut donner la vraie inclinaison de l'axe, c’est-à-dire
celle du milieu de cet axe, tandis qu’un collimateur dont
l'objectif serait dans un des tourillons et le réticule dans
l’autre, ne servirait qu'à faire convaître les variations de
hauteur de ces tourillons, lesquelles, à cause des anomalies
des flexions de l'axe qui est composé de pièces hétérogènes
et de diamètre variable, peuvent être très différentes des
(a) 11 peut être presque sensiblement à ce milieu même si l'o-
culaire est au centre des mouvements de l'instrument, et dans
le cas où la lunette est portée par son centre, il pourrait sans
intercepter le cône des rayons allant de l'objectif à l'oculaire,
n'être éloigné du milieu de cet axe horizontal que du quart du
diamètre de l'objectif environ. On peut même le former de deux
miroirs demi-cireulaires, placés l’un d'un côté de ce cône de
rayons, l’autre du côté opposé, et réglés parallèlement de ma-
nière à réfléchir dans le même sens.
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 237
variations d’inclinaison de lélément milieu &e l'axe, celui
autour duquel en réalité la lunette tourne. Le miroir
placé comme nous venons de le dire, est observé à l’aide du
collimateur G et à travers l’un des tourillons qui est percé.
Les considérations que nous venons de développer prouvent
qu’il faudrait bien se garder de placer le, miroir collimateur
de l’axe à l’une des extrémités de cet axe. On n'aurait pas
alors la vraie inclinaison.
Le miroir dont nous venons de parler et qui doit être
placé au centre de l’axe horizontal de la lunette ne sert pas
seulement à mesurer les variations d’inclinaison de cet axe,
il sert aussi à mesurer les variations d’azimut que ce même
axe peut éprouver dans la rotation de la lunette. A cet effet
le collimateur C doit être muni de deux micromètres, l’un
vertical, l’autre horizontal. De plus, le miroir de l’axe hori-
zontal de la lunette peut être percé, et n'être autre que le
miroir percé fixé invariablement sur un prisme à angle
droit tournant avec lui et avec la lunette, pour s'assurer de
la constance de la collimation par le moyen que nous avons
décrit plus haut en parlant de la collimation. Enfin le colli-
mateur C, au lieu d’être invariablement fixé perpendiculai-
rement au méridien, peut partager le mouvement azimulal
de l'instrument autour de son axe vertical ; mais il ne doit
pas tourner avec l’axe horizontal de la lunette dont il doit
être entièrement indépendant. Dans ces conditions il est le
même collimateur G que celui dont nous avons parlé en in-
diquant le moyen de s'assurer dela constance de collimation,
et comme ilest naturellement amené à la perpendicularité au
méridien quand la lunette est visée sur l’un des collimateurs
A ou B, et comme il est indépendant de Ia rotation de
l'axe horizontal de cette lunette, il se trouve servir exacte-
mentaux mêmes usages que s’il était invariablement fixé
dans le méridien, comme nous l’avons supposé dans le
commencement de ce chapitre.
258 DE L'EMPLOI
Pour tourner avec l'instrument, le collimateur C doit
être solidement fixé sur le limbe, ct par là il sert à recon-
naître si dans la rotation de l'instrument autour de son
axe vertical, la pression exercée à la partie supérieure de
cel axe pour le faire (ourner et la résistance due au frotte-
ment de sa partie inférieure, ne produisent pas une torsion
de cet axe dans la partie comprise entre la lunette et le
limbe, torsion qui aurait pour effet de changer la lecture du
limbe à laquelle répond la direction de la lunette, mais qui
pourra être mesurée, si elle a licu, à l’aide de ce collima-
teur C.
Ainsi en résumé, le collimateur dans l’axe vertical pour
viser au bain demercure, le miroir avec prisme pour la colli-
mation dans l’axe horizontal, le collimateur € porté par le
limbe, et les collimateurs A et B dans le méridien, suflisent
pour déterminer avec précision les erreurs instrumentales
dans toutes les positions de la lunette. Il ne nous reste plus
maintenant qu’à parler des erreurs de graduation du limbe.
Étude de la graduation du limbe.
Quelque précision que l’on mette à la graduation des ins-
truments, cette graduation ne peut être rigoureuse, et les
erreurs ne sont pas négligeables quand on veut ob{enir une
grande exactitude. On ne doit alors considérer les traits gra-
vés sur l'instrument que comme des repères dont la situation
est connue au moyen d’une étude spéciale.
Lorsqu'on veut étudier la graduation d’un limbe quelcon-
que, on doit le mettre dans la situation horizontale, afin de
faire disparaître les flexions. Pour l'alt-azimut, le cercle
azimu{al remplit nécessairement cette condition, de sorte que
l'étude en est facile.
Dans les théodolites et en général dans tous les instru-
ments azimutaux, on a l’usage d'employer des doubles cer-
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 239
cles, de sorte que la répétition existe dans le sens azimutal.
C’est une condition qui facilite beaucoup l’étude des gra-
duations.
Nous n’ignorons pas que le principe si remarquable de
la répétition des angles, imaginé par Mayer, a été l’objet
d'attaques nombreuses dans ces dernières années. Deux
causes d'erreurs lui sont reprochées : la première consiste en
ce que les vis des instruments peuvent céder pendant les
divers mouvements de rotalion, la seconde en ce qu’on peut
se trompersur lc nombre des répétitions ou des circonféren-
ces, par faute d’inattention.
Il y a lieu de répondre à cela qu'au lieu de rejeter un
principe aussi fécond pour quelques petits défauts, il vaut
mieux s'occuper des moyens de faire disparaître les incon-
vénien(s reconnus, ce qui, dans le cas présent, n'offre aucune
difficulté.
En effet, pourquoi se fier aveuglément à la fixité des vis
de pression ? Rien n'empêche évidemment de faire sup-
porter au cercle alidade un microscope très puissant muni
d’un micromètre, à l’aide duquel on puisse pointer la divi-
sion la plus rapprochée du cercle gradué, avant de faire
mouvoir ensemble le système des deux cercles. Si alors l’un
de ces cercles tourne plus que Pautre, le microscope l’accu-
sera immédiatement, et l'erreur pourra être corrigée. De
même le support de Pinstrument peut être muni d’un second
microscope que l’on pointera sur le cercle gradué lorsque
le cercle alidade doit tourner seul, afin de s'assurer que ce
dernicr n’entraine aucunement le premier. Avec ces précau-
tions si simples et si faciles, l'inconvénient du défaut de soli-
dité des vis de pression disparaît.
Quant aux erreurs sur le nombre des répétitions ou des
circonférences, il est aisé de les éviter en faisant à chaque
opération une lecture de l’angle obtenu, non pour s’en servir
240 DE L'EMPLOI
comme résul{at définitif, mais pour pouvoir vérifier le nom-
bre des opérations.
Lorsque l'instrument est répétiteur, on peut, en prenant
les précautions faciles que nous venons d’indiquer, étudier
aisément la graduation. Nous avons déjà vu les moyens de
placer des collimateurs exactement perpendiculaires les uns
aux autres. À l’aide de ces collimateurs, les ares de 90°
peuvent être étudiés ; mais on peut étudier un arc quelcon-
que en ajoutant aux collimateurs A, B, C de l'instrument
dont nous avons antérieurement parlé, un quatrième collima-
teur horizontal et mobile D. Alors, pour déterminer l'erreur
de l'arc de N degrés, on amènera d’abord le cercle alidade
sur le zéro du cercle gradué, puis on fera {ourner le système
des deux cercles pour pointer la lunette de l'instrument sur
le collimateur A. Arrétant alors le cercle gradué, on amè-
nera le zéro de l’alidade sur la N° division; puis calant l'ins-
trument, on pointera le coilimateur D sur la lunette de
l’alt-azimut, Les axes optiques des collimateurs A et D feront
ainsi entre ceux un angle égal à celui des divisions zéro et N
du limbe azimutal. On n’aura plus alors qu'à mesurer cet
angle par la méthode de répétition, en le répétant un grand
nombre de fois, de manière à employer plusieurs fois la
circonférence entière. Si l'arc N est trop petit pour que, par
suite des dimensions de leurs objectifs, les collimateurs A et
D puissent faire cet angle en restant pointés sur l'instru-
ment, on étudiera de cette manière les arcs M et NM, M
étant un angle arbitraire choisi en conséquence. Ces
deux angles étant connus, leur différence N sera également
connue.
Pour parvenir à employer plusieurs fois la circonférence
entière en faisant les répétitions, on peut, aprèsavoir répété
l'arc N un nombre K de fois, déplacer le collimateur D et le
pointer sur la lunette de l'instrument qui alors a décrit l'arc
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 941
NK. On répétera alors l'arc NK comme on répétait l'arc N.
De cette manière, on peut répéter Parc suivant les puis-
sances d’un nombre, et par suite répéter un nombre immense
de fois en quelques instants. Conséquemment les erreurs de
graduation peuvent être obtenues par ce moyen avec une
extrême précision. Nous remarquerons de plus que, par ce
procédé, l'erreur de graduation est connue sans que la valeur
des parties des microscopes qui servent à lire les fractions
sur le limbe y intervienne. On ne se sert, en effet, de ces
microscopes que pour la lecture de l’angle final, et alors la
fraction mesurée par eux est divisée par un nombre
tellement grand qu’elle n’influe pas sensiblement sur l'angle
primitif.
Si l'instrument n’est pas répétiteur, on pourra également
employer la méthode que je viens de décrire.
Il suffira pour cela d'ajouter un nouveau collimateur E,
pouvant, comme D, être déplacé, mais qui serait situé à une
distance du centre de l'instrument, plus grande que D et
que À, de facon à pouvoir passer derrière ces deux colli-
mateurs (a). De plus le cercle alidade devra porter une lu-
nette F, coudée à l’aide d’un prisme, et pouvant être arrêtée
sur une partie quelconque de ce cercle et dirigée sur un
des collimateurs horizontaux. La lunette F sera coudée pour
que son mouvement ne soit pas gêné par la lunette de l’alt-
azimut. Sans cette précaution, cette dernière ne permeltrait
pas que F fût pointée sur des collimateurs horizontaux de
même niveau qu'elle. Pour que l’axe optique de F et celui
(a) Nous ferons remarquer que, pendantqu’on sesert des colli-
mateurs D et E, on ne se sert pas des collimateurs B et C, dont
nous avons parlé précédemment. Det E peuvent donc n'être que
ces derniers que l’on déplacera à volonté. Troiscollimateurs hori-
zontaux en tout suffisent ainsi pour toutes les vérifications de
collimation, de nivellement et de graduation.
{6
242 DE L'EMPLOI
de l’alt-azimut puissent faire un angle quelconque, F tour-
nera autour d’un axe vertical supporté par une pièce s’ajus-
tant à volonté sur les piliers qui, fixés sur le cercle alidade,
soutiennent la lunette de instrument,
Cela posé, on opérera de la manière suivante : ayant
pointé le premier microscope du cercle alidade sur la divi-
sion zéro du limbe, on pointera le collimateur A sur la
lunette de l'instrument. Puis on fera tourner le cercle ali-
dade jusqu’à ce que son microscope soit pointé sur la division
N du limbe, et on pointera Île collimateur D sur la lunette
dans cette nouvelle position. À et D feront alors, comme
précédemment, le même angle que les divisions zéro et N
du limbe. Ramenant alors la lunette sur A, on pointera F
sur D, puis faisant tourner le cercle alidade de manière à
diriger la lunette sur D, on pointera E sur la nouvelle posi-
tion prise par F. Alors, A et E feront un angle double de
A et D. En amenant ensuite la lunette sur E, et pointant E
sur F dans sa nouvelle position, A et E feront un angle triple
de A et D, et aiosi de suite. On répètera l'angle autant
qu’on le voudra; après quoi, on fera la lecture de l'angle
final, et on la divisera par le nombre des répétitions. On
pourra, comme précédemment, augmenter le nombre des
répétitions en répélant des angles multiples, de manière à
obtenir que la totalité du limbe serve plusieurs fois pour
bien éliminer, par la grandeur du diviseur, l'erreur finale
due à la graduation. Quand les angles à répéter seront trop
petits, on y joindra un angle arbitraire comme précédem-
ment.
Au reste, on peul abrèger les opérations en déterminant
de cette manière les grandes divisions seulement, et se ser-
vant ensuite des microscopes pour juger de la division de
ces grandes parties en plusieurs autres.
Dans tout ce qui précède, nous n’avons pas tenu compte
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 245
de l’excentricité du limbe. Si cette excentricité était rigou-
reusement constante, il est clair qu’en opérant comme nous
venons de le dire, on serait en droit de la négliger, puis-
qu’on aurait déterminé les angles formés par les lignes idéa-
les menées de l'axe aux divers traits, de sorte que le défaut
d’excentricité rentrerait dans les erreurs de graduation.
Mais si les cônes frottants de l’axe n’ont pas leurs géné-
ratrices rigoureusement droites, et si ces cônes ne sont pas
rigoureusement des surfaces de révolution, circonstances qui
se produisent nécessairement dans la pratique, il arrive que
dans la rotation de l'instrument, l’axe s’élève et s’abaisse
dans la verticale suivant les parties frottantes et l’axe idéal
change à chaque instant. Par conséquent l'angle formé par
les lignes idéales réunissant deux divisions à cet axe idéal
varie avec la rotation. Ce n’est donc pas cet angle
variable, que l’on doit se proposer de déterminer. Mais
comme dans ces variations de l’axe idéal, quand Pangle que
forment avec lui les divisions o et N par exemple augmente,
l'angle formé avec ce même axe idéal par les divisions 4 80° et
480°+N diminue, de telle sorte que la moyenne de ces deux
angles est constante; c'est donc cette moyenne qui doit être
déterminée, et alors dans la pratique, quand on mesure un
angle, on doit toujours lire deux microscopes opposés de
sorte que la moyenne des deux lectures soit la mesure de
l'angle cherché.
Ainsi dans la détermination des erreurs de graduation, onne
doit pas rechercher comme nous venons de l'indiquer l'erreur
des divisions o et N, mais la moyenne des erreurs des arcs
o, N et 180, 180 + N. Pour cela, il suffit de moëifer très
légèrement les procédés que nous venons d'indiquer.
D'abord, dans le cas d’un cercle répétiteur, on amène la
division o du cercle alidade sur la division o du cercle
gradué, puis faisant tourner le système des deux cercles, on
244 DE L'EMPLOI
pointe la lunette de l'instrument sur le collimateur A. Lais-
sant alors le cercle gradué calé, on décale le cercle alidade
et on amène sa division 480° sur la division 480° du cer-
cle gradué. La lunette ne se trouve plus alors exactement
pointée sur le collimateur A, mais avec le micromètre on
mesure la distance du fil milieu de cette lunette à l’image
du fil de A, on aménele fil du micromètre au milieu decette
distance et or dirige A sur le fil de ce micromètre.
On amène ensuite le zéro de l’alidade sur la N° division
du limbe, puis calant l'instrument, on pointele collimateur
D sur la lunette de l’alt-azimut. On décale de nouveau le
cercle alidade, on amène sa division 480 sur la division
480 + N du cercle gradué. La lunette n’est plus alors
pointée sur D. On mesure comme précédemment avec son
micromètre, l’écart de son fil milieu et de l’image du fil de
D, puis mettant le fil de son micromètre au milieu de l’in-
tervalle, on pointe D sur ce fil. Les collimateurs A et D font
alors entre eux un angle égal à la moyenne des angles
0, N et 180, 180 + N. On n’a plus alors qu'à répéter cet
angle en prenant les mêmes précautions que pour l’ohtenir
d'abord. A part ces précautions, celte répétition peut se faire
comme nous l'avons dit précédemment.
Dans le cas où l'instrument ne serait pas répétiteur, il
faudra également faire en sorte que l'angle des collimateurs
À et D soit égal à la moyenne des angles des divisions o et
N, 180 et180 + N. Pour cela on calera d’abordles micros-
copes sur les divisions o et 480° du limbe, et on pointera
A sur la lunette de l'instrument. On décalera alors l’alidade,
ct on amènera sur Ja division N le microscope qui était
sur 0, et on pointera D sur la lunette dans sa nouvelle posi-
tion. On décalera de nouveau l'alidade et on aménera le
microscope qui était sur 480° sur la division 180° + N.
On mesurera alors comme précédemment avec le micro-
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 245
mètre de la lunette la distance de son fil milieu à l’image du
fil de D, puis mettant le fil de ce micromètre dans le milieu
de l'intervalle, on pointera D sur lui, A et D feront alors
l'angle cherché. La mesure de l'angle de A et D se fera
ensuite en répétant cet angle, comme nous l'avons dit, sans
y rien changer.
Dans ce qui precède nous avons supposé le cercle graduc
fixe et l’alidade mobile. En général c’est le contraire qui a
lieu, mais cela ne change rien à la manière d'opérer que
nous venons de dire. Pour la stabilité et afin de ne pas tou-
. cher à l'instrument quand il est pointé, il vaut mieux que
ce soit le cercle gradué qui soit mobile, et que les micros-
copes soient scellés dans les piliers.
Nous ferons remarquer que les collimateurs nécessaires
pour déterminer les erreurs de graduation par les procédés
quenous venons d'indiquer devant être pointés sur la lunette
de l'instrument et réciproquement, on ne peut les remplacer
par des miroirs.
On peut encore déterminer les erreurs de graduation des
cercles, en faisant passer successivement tous les intervalles
des divisions sous les deux mêmes microscopes opposés. La
somme de tous ces intervalles étant pour chaque microscope
égale à 560°, on en déduit la valeur en arc des tours des
micromètres de ces microscopes, ct par suite la valeur en
arc de chacun des intervalles, puisqu'on a pour chacun d’eux
la valeur en tours et fractions de tours. Mais cette méthode
qui est celle que l’on emploie ordinairement a le défaut de
donner un résultat qui n’est pas indépendant des irrégula-
rités de circularité du limbe, tandis que la méthode des
collimateurs telle que nous venons de la décrire, en est
totalement indépendante.
Il importe que, pendant ces opérations, toutes les parties
des limbes soient à la même température autant que possi-
946 DE L'EMPLOI
ble, encore bien que le rêle des températures soit beaucoup
moindre que quand l'opération dépend des valeurs des
tours des micromètres des microscopes, comme cela a
lieu dans les études faites jusqu'ici sur les graduations des
cercles. Mais, au reste, pour un limbe horizontal, la condi-
tion de température constante dans toutes ses parties ne pré-
sente pas de diflicultés à réaliser.
Des dispositions les plus avantageuses à donner
aux instruments azimulaux.
Il existe un très grand nombre de dispositions très avan-
tageuses que l’on peut donner aux instruments azimulaux, et
lorsqu'on fait construire un instrument de cette nature, la
question de la somme pécuniaire quel’on peut y affecter joue
nécessairement un grand rôle dans le choix de la disposition.
Nous n'avons donc pas la prétention de décrire les mille
formes diverses que l’on peut choisir, mais nous indiquerons
ici comme type deux dispositions qui nous paraissent très
avantageuses. L'une est pour un instrument de grande
dimension dans lequel on ne voudrait rien négliger; Pautre
pour un instrument de dimension moyenne devant être cons-
truit à peu de frais et réunissant cependant toutes les con-
ditions de précision nécessaires pour faire le catalogue des
étoiles fondamentales.
4° Instrument de grande dimension.
Les conditions à réunir sont les suivantes :
1° La lunette doit pouvoir être dirigée sur tous les points
du ciel; — 2% Les observations doivent avoir lieu par
pointé et non par estimation de passages; — 3° Il faut que
la collimation et l’inclinaison de l’axe puissent être connues
dans toutes les situations de l'instrument ; — 4° L'ensemble
de l'instrument, la lunette exceptée, doit être maintenu dans
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 247
une (empérature aussi égale et aussi constante que possible,
afin que le limbe azimutal se maintienne à la même tempé-
rature dans toutes ses parties, condition indispensable pour
la constance de la graduation et par suite pour la précision
des observations; — 5° Le corps de la lunette doit au con-
traire différer le moins possible de la température de l'air,
et posséder la. même température dans toutes les parties,
pour éviter les altérations des images par des réfractions
anormales, etc,; — 6° II faut que lobjectif soit éloigné de
toute surface, ou échauffée par le soleil, ou refroidie par le
rayonnement nocturne, et qui produirait dans l'air des mou-
vements donnant lieu à des ondulations ou à des réfrac-
tions anormales ; — 7° L’observateur doit être à l'aise pour
observer dans toutes les régions du ciel; il convient que de
sa place, sans avoir à se déranger, il puisse s’assurer de l’état
des corrections de son instrument, et avoir le moins possi-
ble à se déplacer soit pour faire les lectures du limbe, soit
pour caler son instrument, afin que les observations soient
rapidement faites et qu’il puisse passer d’une étoile à l’autre
sans perdre beaucoup de temps; — 8° L'observateur doit
être à l'abri du froïd et du vent, question qui n’est pas non
plus sans importance pourla qualité des observations; — 9°
Enfin il faut que la torsion de l'axe vertical ne puisse modi-
fier la situation relative de la lunette et du zéro du limbe.
Réunir ensemble dans un instrument toutes ces condi-
tions, présente de grandes diflicultés. Cependant on peut y
parvenir de la manière suivante:
On établira d'abord un axe vertical d’une grande longueur
afin de donner une assez grande stabilité à Pinstrument. La
partie supérieure de cet axe se divisera en deux bras por-
tant les coussinets sur lesquels reposeront les tourillons de
Vaxe horizontal portant la lunette dont l’axe optique passera
ainsi par le centre des mouvements de l'instrument. L’ocu-
248 DE L'EMPLOI
laire de la lunette sera près de ce centre des mouvements,
à 15 à 20 centimètres environ et du côté de l'axe opposé
à l'objectif. Par là l'observateur placé sur une estrade située
à la hauteur de la partie supérieure de l'axe vertical, immé-
diatement au-dessous du point où cet axese divise en deux
branches pour recevoir l’axe horizontal, sera au centre de
l'instrument et pourra viser à tous les points du ciel sans
changer de place, Le cercle azimutal de 1" à 2" de rayon
au moins, et percé d’un grand trou au cenfre, sera supporté
immédiatement au-dessous de l’axe horizontal par les deux
bras supérieurs de l’axe vertical, de sorte que l’observateur
sera au-dessous de ce limbe, et que ce dernier et la lunette
supportés par les même bras de l’axe vertical et à la même
hauteur à peu près, éprouveront les mêmes changements
d’azimut,quelle que soit d’ailleurs la torsion de l’axe vertical.
Ce limbe azimutal sera au-dessous du centre des mouve-
ments de la lunette d’un peu plus seulement qu’une demi-
épaisseur du tube de cette dernière afin qu’elle puisse pren-
dre la position horizontale et même un peu plongeante.
L’axe horizontal de la lunette portera aussi vers ses extré-
mités des contrepoids pour l'objectif. Il existe plusieurs
manières de disposer ces contrepoids sans gêner l’observa-
teur ou sans être gêné par le cercle azimutal; le mieux
serait de placer du côté de l'objectif à 15 ou 20 centimètres
de l’axe horizontal, une barre horizontale parallèle à cet axe,
formant en son milieu un anneau ceignant le tube dela lunette
et qui serait reliée solidement à l’axe horizontal près de ses
extrémités. La longueur de cette barre dépasserait le dia-
mètre du cercle azimutal, et à ses deux extrémités seraient
fixées perpendiculairement à elle et parallèlement à la
lunette deux autres tigesse prolongeant du côté opposé à
l'objectif et portant les contrepoids. Il est alors évident que
dans la rotation de la lunette, la barre horizontale dont nous
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 9249
venons de parler ne rencontrerait ni les supports de l'axe
horizontal, ni le collimateur placé dans le prolongement de
cetaxe et dont nous parlerons plus loin. Si on voulait même
équilibrer le poids de l'instrument pour soulager les touril-
lons comme on le fait pour les lunettes méridiennes, rien
n'empècherait que celte barre portât des deux côtés de l'axe
horizontal et au-delà de cet axe, deux roues dont les centres
seraient dans le prolongement de l’axe en question, et sur
lesquelles agiraient les contrepoids. Si l’on tenait à ce que
l'axe optique de la lunette pût répondre aux diverses gradua-
tions du limbe,cela pourrait avoir lieu dans la disposition que
nous venons de décrire sans grande difliculté,mais si les gra-
duations sont étudiées dans la position même où le limbe
sert, cela devient inutile. La lunette auxiliaire F dont nous
avons parlé au chapitre des erreurs de graduation s’adapte-
rait sur une pièce reposant au-dessus des coussinets de la
lunette de l’instrument.
Le plancher sur lequel se tient l'observateur doit être
comme d'usage indépendant du pilier dans lequel est main-
tenu l’axe vertical de l'instrument, afin que les vibrations
dues au mouvement de l’astronome ne se communiquent pas
à ce pilier. Ce dernier doit être percé d’une voûte dans la
direction du nord au sud et sous cette voûte se trouve
l'appareil que nous avons décrit en parlant des équations
personnelles, pour donner le mouvement parallactique à
l'instrument, afin de pouvoir substituer des opérations de
pointé aux estimations de passage; deux piliers opposés
portent les appareils que nous avons décrits pour l’enregis-
trement dans ce but de la situation de l'instrument au mo-
ment de l'observation.
Il me serait impossible de décrire ici sans figure les
moyens que l'on pourrait employer pour que l'observateur
puisse de sa place commander ces appareils, et caler l’'appa-
250 DE L'EMPLOI
reil pour le mouvement parallactique, mais cela ne présente
aucune difficulté sérieuse.
Pour déterminer les corrections de l'instrument, deux
collimateurs A et B seront placés au nord et au sud, et
comme l'oculaire de la lunette n’est pas exactement au
centre des mouvements de l'instrument, on pourra viser ces
deux collimateurs lun sur l'autre en plaçant la lunette ver-
ticalement, l’axe dirigé de est à l’ouest et en ouvrant le
tube de cette lunette. Un collimateur C sera porté par le
cercle gradué dans le prolongement de l'axe horizontal
qui sera creux, el un miroir collimateur sera porté vers le
milieu de cet axe. Ce miroir sera percé, et il lui sera adjoint
le système de prisme, de miroir et d’anneau réflecteur
sphérique à l'objectif que nous avons décrit en parlant de
la collimation, pour s'assurer de la constance de cette colli-
mation pendant la rotation de la lunette. Avec ce système
de collimateurs, on aura tout ce qu’il faut pour connaître
la collimation dans toutes les situations de l'instrument, et
pour reconnaître si l’axe horizontal de la lunette répond
toujours à la même graduation du limbe pendant sa
rolation.
Mais avec les dispositions que nous avons décrites ci-des-
sus, la lunette ne peut pas être pointée sur le bain de mer-
cure, de sorte que pour obtenir optiquement l'inclinaison
de l'axe, il faut opérér de la manière suivante :
D'abord l’axe vertical de l'instrument doit être creux et
contenir un collimateur pour viser sur un bain de mercure
avec deux micromètres, l’un parallèle, autre perpendiculaire
à l'axe horizontal. Le bain de mercure est placé soit au-
dessus de l’appareiïl destiné à donner le mouvement paral-
lactique et alors il est suspendu à la voûte creusée dans le
pilier, soit au-dessous de ce même appareil et de la totalité
de l'axe, auquel cas l’axe horizontal de cet appareil doit
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 251
être coupé en son milieu, ainsi que la tige parallèle à la lu-
nette, et cet axe et cette tige sont reliés par un cercle évidé
au centre.
A et B étant pointés l’un sur l’autre, on a alors leur incli-
naison en visant successivement sur eux soit avec la lunette
de l’alt-azimut, soit avec le collimateur G dont l'objectif
déborde le miroir collimateur de l'axe horizontal, pourvu
qu'on maintienne dans les deux cas le collimateur de laxe
vertical pointé sur le bain de mercure. L’inclinaison de A ct
B étant connue, on a alors celle de C qui est perpendiculaire au
miroir de l'axe horizontal, et on en déduit l'angle de C et
du collimateur de l'axe vertical. La lecture de ce dernier,
el la détermination à l’aide du micromètre de C de l'angle
du miroir collimateur de l’axe horizontal avec l'axe optique
optique de G permet alors d’avoir l’inclinaison de cet axe
dans toutes les positions de l'instrument.
Pour maintenir l’instrument dans une température aussi
constante que possible, il doit être renfermé dans une petite
coupole tournante, munie d’une fente comme à l'ordinaire.
L’instrument étant de grande dimension, la lunette est très
longue, et elle sort par la fente de la coupole laquelle
coupole doit être aussi petite que possible pour que l’objec-
tif se trouve éloigné de sa surface. Mais pour empêcher
les courants d’air d’entrer à l'intérieur de la coupole par
la fente, un système de trappes doit glisser sur cette
fente et la tenir toujours fermée sauf dans l'étendue dun
mètre carré environ pour le passage de la lunette. Sur les
bords de cette ouverture est attachée la base d’un cône en
cuir dont le sommet est’lié autour de l’oculaire, de telle
sorte que la coupole est entièrement fermée, la lunette seule
sortant totalement en dehors. Rien alors de plus facile que de
maintenir constante la température intérieure, sans avoir à
craindre aucun courant d'air ou aucune détérioration des
252 DE L'EMPLOI
images. L'observateur se trouve par là à l'abri du froid et
du vent. La constance de la température intérieure serait
parfaite si on recourait dans ce but aux régulateurs électri-
ques de la température de M. Du Moncel. La lunette au
contraire plongée en entier dans l'air extérieur en partage à
peu près la température. Quand on ne se sert pas de lins-
trument on lui donne une direction un peu plongeante, on
recouvre l'objectif, on ferme entièrement la trappe de la
coupole et alors la lunette peut recevoir la pluie sans incon-
vénient. La grande lunette de M. Porro est ainsi exposée à
l'air et cette disposition a l'avantage de permettre d'éviter
les frais de la construction d’une coupole gigantesque. Il
faut toutefois reconnaître que dans le cas de grand vent, il
peut en résulter une oscillation de la lunette, mais on la
prévient par une grande solidité, et même avec des coupo-
les, on est forcé de ne pas observer pendant les tempêtes.
Ilest très important que les parois de la lunette aient
sensiblement la même température dans toutes leurs parties.
Tout récemment encore un astronome célèbre, M. Faye
appelait l’attention sur se point. « Mon troisième et der-
nier conseil, dit-il (a), est basé sur un fait peu connu, dont
les astronomes n’ont guère tenu compte jusqu’à ce jour
malgré sa réalité et son importance. Je veux parler des
réfractions anormales qu’en certains cas très fréquents l’air
contenu dans les lunettes fait immanquablement subir aux
rayons lumineux. Si la lunette destinée à l'observation de
l'éclipse reste exposée en plein air aux rayons du soleil
longtemps avant le moment de la plus grande phase, on
peut être certain que l’air échauffé s’y disposera en couches
de densités variables parallèlement aux parois du tuyau,
(a) Comptes-rendus de l'Académie des Sciences, tome 45,
séance du 14 décembre 1857, dans une note sur les éclipses
centrales de soleil de 1857.
L =
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 279
c'est-à-dire dans la direction même des rayons qui vont faire
image au foyer. Alors ces rayons traversant ces couches
inégalement chaudes sous des incidentes rasantes, y éprou-
veront des réfractions progressives que j'ai étudiées et que
J'ai trouvées très sensibles. Ge sont ces réfractions qui,dans
les télescopes d’Herschel (là leur influence est encore plus
à redouter que dans-les banettes) et dans l'équatorial de
Greenwich, ont produit parfois la singulière déformation du
disque de Saturne en un carré arrondi sur les angles; ce
sont elles qui prêtaient aux étoiles vues à l’aide de la grande
lunette de Cauchoix, à l'observatoire de Cambridge, de
magnifiques appendices rayonnants d’une symétrie parfaite.
Il n’est peut-être pas d'observation astronomique où cette
influence ne se fasse sentir à quelque degré. Elle explique
par exemple, comment les mesures exécutées dans le cours
d’une même soirée sur les étoiles doubles, avec un plein
succès apparent, discordent néanmoins avec les mesures
prises dans la soirée suivante, malgré l'identité des cir-
constances extérieures. Elle agit snr les mesures des disques
planétaires, sur celles des. coordonnés célestes prises aux
instruments méridiens, sur les apparences présentées par
Vénus ou Mercure sur le soleil, et surtout sur les qualités
optiques des grandes lunettes. S'il était possible d’en garan-
tir entièrement les grands télescopes de M. Lassel et de
lord Ross, je ne doute pas que ces merveilleux instruments
ne se montrassent supérieurs à ce qu'ils ont élé jusqu'ici. »
Ce qui précède suffit pour faire voir la nécessité de régu-
lariser la température du tube de la lunette, question dont,
comme le dit bien M. Faye, les astronomes ne se sont pas
assez préoccupés jusqu'ici. Le moyen que nous proposons,
consisterail à entourer le tube de la lunette de deux man-
chons en cuivre mince séparés l’un de l’autre et de la lunette
de un à deux centimètres. Un courant d'air pris à l’exté-
254 DE L'EMPLOI
rieur entrerait dans le premier manchon près de l’oculaire
et se porterait jusqu'à l'objectif en tournant plusieurs fois
en spirale par l’effet de cloisons convenablement disposées
autour du tube de la lunette. Parvenu à extrémité du tube
du côté de l'objectif, ce courant reviendrait vers l’oculaire
par le manchon extérieur également en tournant en spirale
autour du premier manchon. Un tube flexible en fil métal-
lique recouvert de caoutchouc amènerait lair extérieur au
premier manchon près de l’oculaire, un second tube sem-
blable aboutissant au second manchon également près de
l’oculaire emporterait l'air qui aurait circulé autour de la
lunette. Un aspirateur agissant sur ce second tube, produi-
rait le courant, et les bouches d'aspiration et de sortie étant
très loin de l'objectif ne produiraient dans l'air extérieur
aucun mouvement pouvant nuire à la précision des obser-
vations. Dans le cas où ce courant d’air produirait de petites
vibrations, l'observateur l’arrêterait au moment de son pointé,
et après avoir fait son observation, il remettrait le courant
en mouvement. Cette disposition que favorise le placement
de l’oculaire près du centre des mouvements, maintiendra
certainement et dans tous les cas, le tube de la lunette à
une température égale dans toutes ses parties et voisine de
celle de l'air. Le courant d'air pourrait être produit soit par
un aspirateur mis en mouvement par un moleur, soit par
un foyer d'appel. Le tube de la lunette avec ses deux
manchons et son courant d’air serait prolongé avec avan-
tage un peu au-delà de l'objectif, afin soit d'éviter pour ce
dernier les rayons du soleil pendant le jour, soit de dimi-
nuer le rayonnement de cet objectif vers le ciel pendant la
nuit.
Tous les mouvements soit de la coupole soit de l’instru-
ment pourront être commandés de sa place par lobserva-
teur. C’est là une condition mécanique trop facile à remplir
pour nous arrêter à la décrire ici,
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES,. 255
Les microscopes du cercle seront dirigés vers le centre
de l’instrument et auront une longueur suflisante pour que
l'observateur puisse faire les lectures placé sur son cestrade
près de l’oculaire. Pour la même raison, le microscope com-
posé servant d’oculaire au collimateur C sera long et retourné
à l’aide de deux prismes de telle sorte que son oculaire soit
près de celui de la lunette. Enfin l’oculaire de l'axe verti-
cal est naturellement près de l’observateur, qui fera ainsi
toute son observation en restant au centre de l'instrument.
Le cercle de hauteur pour le calage sera petit et placé près
de l’oculaire ; le calage en hauteur se fera à l’aide d’un
niveau.
Toutes les conditions que nous avons posées pour un
grand instrument au commencement de ce chapitre, sont
donc remplies dans la description qui précède.
Les lectures que l'observateur aura à faire après chaque
pointé sont : les microscopes du limbe azimutal,—les micros-
copes pour lintervalle des traits depuis le pointé jusqu’à
l'arrêt de l'instrument, — le collimateur vertical, — le col-
limateur C de l’axe horizontal 1° pour les fils réfléchis sur
le miroir de l'axe, 2° pour les fils réfléchis sur le miroir de
l'objectif, — la réflexion des fils de la lunette sur eux-mé-
mes par l'anneau réflecteur de l'objectif, — l'heure du
pointé sur le chronographe.
On aura ainsi une observation d’une extrême précision.
2° Instrument de petite dimension.
On peut faire un instrument très précis et peu coûteux
en employant, comme me l’a conseillé M. Faye, une dispo-
sition analogue à celle que M. Steinheil a prise pour une
lunette méridienne, el qui consiste en une lunette horizon-
tale tournant autour de son axe oplique et portant en dchors
de son objectif un prisme à réflexion totale par lequel les
rayons lumineux déviés à angle droit lui sont renvoyés.
256 DE L'EMPLOI
La disposition analogue que nous proposons pour un
alt-azimut serait donc la suivante :
Un axe vertical très long pour donner beaucoup de sta-
bilité à l’instrument,porterait à sa partie supérieure un cercle
azimutal gradué. Une alidade fixée sur le cercle soutiendrait
à ses deux extrémités deux supports très courts terminés par
deux coussinets recevant la lunette avec son prisme, l'objec-
tifet l’oculaire débordant des deux côtés opposés du cercle
gradué, et un niveau reposerait sur les deux tourillons creux
de l’axe renfermant la lunette. Cette dernière se trouverait
reposer presque immédiatement sur le cercle gradué, afin
que la torsion de l’axe vertical n’amène pas de déplacement
relatif de cette lunette et de ce limbe.
L'oculaire étant à la hauteur de l'œil, l’astronome obser-
verait en tournant autour du pilier. Les microscopes seraient
placés verticalement au-dessous du limbe et leurs oculaires
seraient munis de prismes pour renvoyer les rayons à angle
droit. Tout l'instrument, le pilier compris, serait renfermé
dans une espèce de boîte dont loculaire et Pobjectif de la
lunette et les oculaires des microscopes seuls sortiraient. La
partie supérieure de cette boîte suivrait la lunette dans sa
rotation, mais elle ne réagirait pas sur cette funette parce
que les trous pour la sortie de l’oculaire et de l'objectif
seraient assez grands pour permettre de petits mouvements
de la lunette sans changer la position de la boîte. Ces trous
pourraient être fermés par une étoffe liée à des anneaux
tournant autour de l'objectif et de l’oculaire. Par là le limbe
azimutal pourrait être maintenu à une (empéralure constante
dans toutes ses parties.
Sous le limbe azimutal, l'axe vertical porterait une roue
dentée sur laquelle engrènerait une autre roue dentée de
même diamètre dont l’axe porterait l'appareil que nous
avons décrit pour faire suivre en azimut à l'instrument le
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES, 257
mouvement d’une étoile. Tout le système que nous avons
décrit en parlant des équations personnelles pour permettre
d'observer par pointé au lieu d'estimer les passages serait
adapté sans difficulté à l'instrument.
Deux collimateurs A et B pouvant être visés l’un sur
l'autre seraient placés tangentiellement au cercle décrit par
le milieu du prisme de l'objectif, de sorte que dans une cer-
taine position azimutale de la lunette, ils serviraient à
en déterminer la collimation, en faisant (ourner la lunette
sur elle-même. Ces deux collimateurs pourraient être visés
Van sur l’autre, en écartant la lunette de cette position.
Une rigole remplie de mercure ou un bain de mercure
portatif servirait ensuite à déterminer par la réflexion des
fils sur eux-mêmes l'inclinaison de l'axe optique dela lunette,
dans toutes les directions azimutales. Pour ces diverses
opérations, il faudrait que le réticule de la lunette se com-
posât, outre les deux fils à angle droit pour le pointé des
astres, du fil d’an micromètre de position.
Pour achever de perfectionner l'instrument, il faudrait que
le prisme n’occupât pas toute l'ouverture de la lanette de
sorte que l’on püt observer la réflexion des fils sur eux-
mêmes produite par un miroir fixe vertical, porté par une
seconde alidade fixée sur le cercle azimutal. Par là, la déter-
mination de la collimation deviendrait indépendante des
irrégularités des tourillons, et après chaque observation, on
pourrait reconnaître si la lunette en tournant n’a pas varié
soit en azimut, soit en inclinaison. De plus, si le prisme
était étamé sur un centimètre carré environ de sa surface
tournée vers le ciel, on reconnaîtrait par la réflexion des fils
sur cette surface, si la collimation reste constante pendant
la rotation.
Le cercle de hauteur serait du côté de l’oculaire, etcomme
ce dernier sortirait de la boîte, le calage se ferait par un
niveau. A7
258 DE L'EMPLOI
Un instrument,même de petite dimension,ainsi construit
serait très commode pour l'observateur et peu dispendieux.
Au point de vue de la précision, il remplirait complètement
son but et suflirait pour faire le catalogue des étoiles fonda-
mentales à l’aide d’observations azimutales, en un mot, il
remplacerait avec d'immenses avantages les grands cercles
méridiens qui sont plus coûteux.
DE LA FORMATION D'UN CATALOGUE D'ÉTOILES FONDAMENTALES
A L'AIDE D'OBSERVATIONS AZIMUTALES.
Nous allons maintenant exarainer la manière dont on
devra diriger dans la pratique les observations et les
calculs. Nous reprendrons pour cela l'équation (6) fournie
par les observations combinées de deux étoiles observées
successivement à quelques minutes d'intervalle, équation
que nous avons donnée au commencement de ce Mémoire
avant de traiter des instruments azimulaux et de leurs
corrections, et nous allons faire voir que les équations de
condition de cette forme peuvent êire très différentes et
donner parfaitement toutes les inconnues si on combine les
observations en conséquence.
Sur les situations des astres dans lesquelles
on ne peul pas observer.
Si l’une des deux étoiles, celle de déclinaison D par
exemple et que nous appellerons E, qui ont concouru à la
formation de l’une des équations (6), a été observée dans le
plan que l’on suppose être le méridien, auquel cas les
valeurs approchées de a et de » à substituer dans cette
équation sont zéro, on a alors sin 9 = 0; cot a = ;
cosec a — æ : cos? — 1; cos a — 1. La valeur de N se
réduit à cosec q ou à l'infini et celle de P à o X æ. Pour
voir alors ce que devient l'équation (6), nous en diviscrons
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 259
tous les termes par N qui, comme nous venons de le dire,
: MN' ON’
est égal à cosec a ou à l'infini. Dès lors N sont
égaux à zéro puisque N est infini, N est égal à — sinv
cosec a et par conséquent se trouve encore de la forme
T!
0 X , et
se reduit à sin » COS & OU ZÉTO.
: > z P
Pour savoir ce que devient alors réellement — dans le
N
cas que nous considérons, nous remarquerons que l'équation
(1) donne
Sin 4 cot a = tg D cos/ — sin L cos»
Or pour a —0 et — 0, cos a et cos # sont égaux à 14
et cette équation devient
sin # cosec a = {g D cos | — sin
11 $
donc N =" L — 1g D cos 1.
L’équation (6) divisée par N devient donc dans le cas con-
sidéré
(7) — MOI+LNSA—O' SD +
[sin !— tg D cos!) N'— P'] 5 a — Q'— 0.
Si le méridien a été exactement déterminé par les azimuts
extrêmes des circompolaires, à a est nul et l’équation (7) ne
renferme que les trois inconnues 07, JA et D".
Mais dans la pratique, on ne peut observer l'étoile E au
méridien exactement qu’en faisant cette observation par une
estimation de passage et avec un instrument parfaitement
rectifié. En employant le système de pointé que nous avons
proposé de substituer aux estimations des passages, on peut
faire l'observation excessivement près du méridien, mais il
n’est pas possible de répondre que le pointé ait lieu dans
le méridien même. De plus, les erreurs de collimation et
260 DE L'EMPLOI
d’inclinaison d'axe fournissent une petite correction àappli-
quer à la lecture du limbe pour avoir l’azimut vrai de l’ob-
servation. On ne pourra donc pas employer l’équation (7)
dans laquelle da serait nul, mais on connaîtra la différence
de l’azimut dans lequel on a observé et du méridien, quand
ce dernier est connu, et si celte différence n’est que de quel-
ques secondes, on en mettra la valeur connue à la place de
9 a dans l'équation (7), qui ne renfermera que les trois incon-
nues 9 !, à A et à D', comme si on avait observé rigou-
reusement dans le méridien.
Ainsi, quoique certains cocflicients de l'équation (6)
deviennent infinis ou paraissent indéterminés quand l’une ou
l’autre des deux étoiles passe au méridien, on voit que les
observations peuvent également avoir lieu dans ce cas, et
même qu'il en résulte une simplification de l'équation et
la disparition d’une des inconnues.
Il n’y a donc aucun motif de rejcter les observations près
du méridien, comme la forme de l’équation (6) semblait le
faire craindre au premier abord. Il n'existe d’ailleurs aucun
azimut autre que le méridien où les cocfficients de cette équa-
tion deviennent infinis ou prennent des formes indétermi-
nées, el par conséquent à ce point de vue, l’équation (6)
admet des observations dans tous les verticaux.
Nous avons déjà dit que l’inclinaison à de lPaxe de la
lunette introduit sur l’azimut une correction < dont l'expres-
sion est
(S) s — 1 lang À,
et la collimation c jointe à l'aberration diurne donne lieu à
une autre correction: fournie par la formule
(9) <= (c + 0", 51 cos L cos a)sec h. (a)
(a) Nous rappellerons que dans ces formules «a est compté de
0° à 3600 en partant du point nord par l’ouest, et À de 0° à 900;
à est positif si le touritlon le plus élevé est celui de la droite de
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 261
En approchant du zénith, tang X et sec l augmentent très
rapidement, les formules cessent de donner une approxima-
tion suflisante et une petite erreur soit sur + ou €, soit sur h,
donne une erreur notable sur les corrections. Les lectures
azimutales ne peuvent donc être corrigées des crreurs ins-
trumentales avec une approximation convenable près du
zénith, et cette approximation ne serait cerlainement pas
suffisante plus près de ce point que 10°.
Résulte-t-il de là que les observations voisines du zé-
nith ne puissent être employées ? Non, nous allons faire
voir qu'elles donneront toute la précision désirable, pourvu
qu’elles ne soient pas dans les environs du premier vertical.
Il existe, en effet, deux moyens de corriger une obser-
vation azimutale des erreurs de l'instrument, puisque ces
observations consistent à noter d’une part l'heure d’un
pointé azimulal, de l’autre la lecture azimutale répondant
à ce même pointé. Or, on peut considérer ou que les er-
reurs instrumentales ont altéré la lecture azimutale répon-
dant à l'instant du pointé, ce qui donne lieu aux corrections
dans la forme où nous les avons déjà présentées, ou bien,
on peut admettre que ces mêmes erreurs ont altéré l’heure
du pointé répondant à la lecture azimutale réellement
faite.
Cette seconde méthode est précisément celle qu’on suit
dans la correction des passages observés à la lunette méri-
dienne. Nous allons en faire l’application aux observations
azimutales.
Considérons d’abord Pinclinaison de l'axe. Appelons $
la position que l’astre devrait occuper sur son parallèle
pour se trouver dans l’azimut A lu sur l'instrument, et S;
la position qu’il occupait réellement au moment de l’obser-
l'observateur, et c est positif quand la collimation porte l'axe
optique vers la gauche de l'observateur.
262 DE L'EMPLOI
vation et quise trouve à l’intersection de son parallèle
par l'arc de grand cercle décrit par la lunette et incli-
né de l'angle à; soit k la hauteur apparente de l’astre ob-
servé, mesurée sur le cercle de calage et par conséquent
sur l'arc de grand cercle incliné dont nous venons de parler.
Par le point S,, menons un arc de grand cercle perpendicu-
Jaire au vertical passant par l’azimut a et renfermant le point
S, et appelons $, le point d’intersection de ces deux grands
cercles. Enfin nommons P le pôle, Z le zénith et B le point
de rencontre du vertical d’azimut à avec l'horizon.
On a dans le triangle S,S,B,
S1S, — 1 sin À, en mettant l'arc à pour son sinus.
Mais on a dans le triangle PSS,
SS; = pt cos D.
, désignant l'erreur sur l'angle horaire +.
Enfin le triangle PSZ donne
sin PS __ sin PZ
sin Z sin PSZ
Or PSZ égale sensiblement 90° — S;SS,, car on a PSZ
+ PSS, + SSS, — 180, et PSS, est sensiblement égal à
90°, puisque le triangle SPS,; est isocèle et que l’are SS: est
très petit. Donc sin PSZ — cos S,SS:
; cos l sin &
d’où cos SSS3 = —— —
cos D
as V” cos D — cos? Lsin° a
et par suite sin SSS, = TT D 2 20
Or dans le triangle SS, $,, rectangle en S,, on a, en rem-
placant les sinus des côtés par les ares,
S, S, — SSj Sin S; SS2
en mettant dans cette dernière équation pour S, S,, SSr et
sin S, SS, leurs valeurs ci-dessus, il vient :
à sin X
BE ——
V cos’ D — cos? l sin? a
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 263
Dans cette formule y1 est de même signe que à ou de
signe contraire, à cause du double signe du radical, et pour
qu'il représente la correction à appliquer à Pangle horaire,
à doit être regardé comme positif quand la lunette étant
pointée au sud, le tourillon ouest est le plus élevé et le
radical positif.
On trouvera de même la correction y relative à la colli-
mation, en remarquant seulement que dans ce cas, l'arc
S, S, au lieu d’être égal à à sin h, est constant et égal à 6,
ou mieux encore à € diminué de l’aberration diurne dans
l’azimut considéré ou c — 0”, 51 cos L cos a, c étant positif
à l'est et le radical positif, et & étant compté de Q° à + 90°.
On a donc
c— 0", 51 cos! cos a
V’ cos? D — cos? { sin? a
La correction totale sur l'angle horaire relative aux
erreurs instrumentales et à l’aberration diurne sera donc
+ p, et sera donnée par la formule suivante dans laquelle
a sera compté de 0° à + 90°, et par suite h de 0° à 180°,
ce qui ne change rien à l’expression ci-dessus de y...
à sin h + c — 0", 51 cos L cos a
OR
V” cos’ D — cos’ L sin ?° a
Cette formule est précisément dans le cas du méridien,
celle que les astronomes emplorent pour les observations à
la lunette méridienne. On a en effet dans le cas du méri-
dien :cos a = 1, sin a—=0 et À —1+ (90° — D),
d’où sinh—=A cos (= D)
ou __tcos (+ D) c—0",51 cos l
Tr Là AU
Cest, comme on le voit, la formule de la lunette méri-
dienne dans laquelle l’azimut est nul.
Pour corriger les observations azimutales des erreurs ins-
rumentales, on devra donc employer les formules (8) et (9)
264 DE L'EMPLOI
ou la formule (10) suivant que c’estsur la lecture azimutale
ou sur l’angle horaire que la correction à appliquer est la
plus petite.
Ainsi la formule (10) ne pourra pas être employée aux
azimuts extrêmes des circompolaires, car dans cette position
de l’astre on a sin a = °? D
cos l
infinie. Dans ce cas, on emploie donc les formules (8) et (9)
destinées à corriger la lecture azimutale. Pour les circom-
polaires, la formule (10) cest applicable au reste partout
ailleurs qu'aux environs de l’azimut extrême.
Pour toutes les étoiles qui passent au sud du zénith,
cos D est plus grand que cos L et la formule (10) est appli-
cable dans tous les azimuts. Cependant si l'étoile passe très
près du zénith, cos D surpasse très peu cos /,et quand a—90°
auquel cas sin a — 1, la formule cesse d’être exacte.
Ainsi donc, en employant la formule (10) pour corriger les
observations des erreurs instrumentales, on peut obser-
ver jusqu’au zénith, pourvu que l’azimut ne soit pas voisin
de 90°.
Nous ferons donc remarquer ici, que tout en rejetant les
observations faites à la fois près du premier vertical et du
zénith, à cause des altérations que leur font subir les erreurs
instrumentales, on pourrait, si ces dernières erreurs
n'étaient pas connues, se servir précisément de la combi-
naison de ces mêmes observations avec les séries faites
dans d’autres azimuts et d’autres hauteurs, pour déterminer
les erreurs instrumentales, par la mêthode des équations de
condition. Nous ne nous étendrons pas davantage sur ce
sujet qui ne présente aucune difficulté d’ailleurs, parceque
nous avons indiqué des moyens plus précis pour déterminer
les erreurs d’inclinaison et de collimation de la lunette.
Près de l'horizon, la précision des observations azimutales
, Ce qui rend la valeur », + »
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 965
diminue à cause des réfractions azimutales. Ces réfractions
sont de deux natures: les unes proviennent de l’ellipticité
de la terre et sont très petites, les autres sont dues à des
anomalies de température dans les couches d’air voisines du
sol. Toutes ces réfractions sont négligeables dès que l’astre
a atteint une hauteur de 12 à 15 degrés au-dessus de
l'horizon, hauteur qui est suflisante pour que le rayon
visuel s’écarte immédiatement du sol.
Ainsi, en résumé, il résulte de la discussion à laquelle
nous venons de nous livrer, qu’on peut utiliser pour la cor-
rection des déclinaisons et des différences d’ascension droite
des étoiles, les observations azimutales faites dans toutesles
positions que chaque astre peut occuper sur le ciel, sauf les
observations trop voisines de l'horizon et celles qui sont à
la fois trop près du zénith et du premier vertical.
Nous allons maintenant faire voir que dans les latitudes
moyennes, on peut déterminer les déclinaisons et les diffé-
rences d’ascension droite de toutes les étoiles situées dans
l'hémisphère que l’on occupe, à l’aide d’observations azimu-
tales faites à des hauteurs au-dessus de l'horizon surpassant
toutes 20° et même 50°, et conséquemment pour les-
quelles on n’a rien à craindre de la réfraction azimutale.
Dans cette condition, une étoile équatoriale ne peut être
observée que pendant un petit nombre d'heures, mais les
circompolaires voisines du pôle peuvent être observées
pendant toute la journée. On voit donc qu’il convient de
diminuer le plus possible le nombre des inconnues dans les
équations fournies par les étoiles équatoriales, et dans ce
but on déterminera le méridien et la latitude à l’aide des
circompolaires.
Détermination de la latitude par les observations
des circompolaires.
Nous avons déjà indiqué avec détails le moyen d'obtenir
266 DE L'EMPLOI
le méridien à l’aide des observations des azimuts extrêmes
de ces dernières étoiles. Les observations de ces mêmes
cos D
sin &
équation qui permet d'obtenir © / en fonction de 5 D avec
une grande exactitude. Ainsi donc, si on observe deux cir-
compolaires de déclinaison d et d'et de différence d’ascen-
sion droite, à leurs deux azimuts extrêmes, on a deux équa-
tions qui donnent ÿd et 2d' en fonction de ô!, et de plus ces
mêmes observations font connaître le méridien; si ensuite
on observe simultanément ces deux mêmes étoiles quand
elles sont loin de leurs azimuts extrêmes dans deux conditions
différentes, par exemple d’une part, dans la partie supérieure
du cercle qu’elles décrivent, d'autre part, dans la partie
inférieure, on a deux équations de la forme de l'équation
(6), dans chacune desquelles Sa est nul puisque le méridien est
connu. Reportant ensuite dans ces deux équations les valeurs
de ÿd et de Sd’ en fonction deôl, fournies par les observa-
tions aux azimuts extrêmes, chacune des deux équations ne
renferme plus que deux inconnues Ô! et d, et comme ces
deux équations sont très différentes, ainsi qu’on le reconnaît
à priori, on obtient sans difficulté 51 et 5, avec exactitude.
Il est bon de remarquer que des étoiles à 10 où à 15 degrés
du pôle sont préférables à des étoiles très voisines, parce-
que leur différence d’ascension droite donne lieu à une plus
grande différence d’azimut suivant qu'elles occupent les
mêmes positions par rapport au méridien supérieur ou in-
férieur, et par suite les équations fournies par les observa-
tions au-dessus ou au-dessous da pôle sont plus distinctes.
dl et 9% étant ainsi connus, on aura sans difficulté ÿd
-et àd', dont on connaît déjà les valeurs en fonction de 1.
(a)
(a) La méthode que j'indique ici pour déterminer la latitude
azimuts extrêmes donnent de plus cos / —
9
où ÉTÉ
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 267
Lorsqu'on fait un catalogue d'étoiles, la moyenne des
valeurs de 51 ainsi obtenuesparles circompolaires peut être
reportée dans les équations fournies par Îles étoiles de fai-
bles déclinaison, de sorte que ces dernières équations de la
forme de l'équation (6) ne renfermeront en réalité que trois
inconnues JA, 9D et D’. Trois observations sufliront donc à
déterminer les déclinaisons etla différence d’ascension droite
de deux étoiles de déclinaison faible ou moyenne. (a)
par les observations azimutales des circompolaires est indépen-
pendante des irrégularités de la pendule. C'est en cela qu’elle
diffère des diverses méthodes publiées par M. Babinet. Le pro-
cédé qu'il a décrit dans les Comptes-rendus tome 44% (séance du
26 janvier 1857) repose sur l'observation de la même étoile dans
deux azimuts différents, aussi dans la formule donnant la latitude,
il entre un angle horaire mesuré par la pendule. Dans la suite
de ce travail (même tome des comptes rendus, séance du 9 février
1857) M. Babinet donne le moyen d'obtenir la latitude par la
combinaison du passage d'une étoile au premier vertical a vec
le passage de Ia même étoile à un autre azimut, mais dans sa
formule entrent encore les angles horaires mesurés par la pen-
dule. Il en est de même du procédé proposé à la fin du même
article pour obtenir la latitude par les observations de la même
circompolaire dans deux azimuts quelconques. Dans ces divers
procédés, la déclinaison de l'étoile se trouve toutefois éliminée
entre les différentes équations, comme dans le procédé que j'ai
indiqué. Il n’en est pas de même dans l’article que l’auteur a
communiqué l’année précédente (en 1856, 7 janvier) à l'Académie.
Là au contraire, il suppose les déclinaisons connues et emploie
les azimuts extrêmes de deux circompolaires. En résumé, les
divers procédés proposés par M. Babinet diffèrent du nôtre en
ce qu'ils nécessitent une bonne pendule, qui laisse au reste
subsister des erreurs, tandis que la méthode que nous indiquons
est toujours précise quelque soit la pendule employée.
(a) Remarquons au reste que quand on fait un catalogue dans
un observatoire, travail quientraîne un très grand nombre
d'observations d'étoiles groupées deux à deux, il n’est pas néces-
saire que chaque série particulière fasse connaître la latitude.
Elle sera déterminée par l'ensemble de toutes les observations
268 DE L'EMPLOI
Détermination de corrections des ascensions droites et des
déclinaisons des étoiles fondamentales.
Les conditions les plus défavorables pour appliquer les
observations azimutales à la mesure des déclinaisons et de
la différence d’ascension droite de deux étoiles de l’hémis-
phère de l'observatoire, ont lieu évidemment dans le cas où
les étoiles sont éloignées du pôle etoù leur différence d’ascen-
sion droite est grande, car alors, en évitant le voisinage de
l'horizon, les équations de condition sont les moins diffé-
rentes possible puisque les observations ne peuvent avoir
lieu que dans des positions rapprochées les unes des autres.
Si donc nous faisons voir que la méthode est applicable
dans ce cas, à plus forte raison peut-elle l'être dans tous
les autres.
A la latitude de 45°, deux étoiles équatoriales éloignées
de plus de six heures d’ascension droite ne peuvent être
observées ensemble à une hauteur supérieure à 30° au-
dessus de l’horizon. Nous supposerons donc une différence
de 4 heures en ascension droite. Les observations ne pour-
ront alors avoir lieu que pendant deux heures dans la con-
dition ci-dessus. Ce serait trop peu pour avoir des observa-
tions et par suite des équations très distinctes, mais nous
remarquerons qu'il n’est pas nécessaire pour déterminer les
étoiles équatoriales de ne les comparer qu'entre elles. Les
étoiles dont la déclinaison est inférieure à 60° peuvent
toutes donner l’heure avec précision. Conséquemment nous
observerons simultanément une étoile équatoriale et une
étoile de 45° de déclinaison. Cette dernière ne sera à 60° du
et, par conséquent, sera connue avec une très grande exactitude.
En reportant la valeur de ! ainsi obtenue dans leséquations four-
nies par chaque série d'étoiles, on déterminera pour chaque
groupe les valeurs de SA, 9D et àD', qui sont les seules incon-
nues particulières à cette série.
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 269
zénith que pour un angle horaire de 90°. D’où il suit que si
nous supposons à l’étoile équatoriale un angle horaire de
45° à l’est, auquel cas elle est à 60° du zénith, et à l'étoile
de déclinaison 45°, un angle horaire de 15° à l’ouest, ce qui
fait 4 heures de différence en ascension droite, les observa-
tions pourront avoir lieu pendant 5 heures, sans qu'aucune
des deux étoiles soit à plus de 60° du zénith.
Si on chserve à partir de 20° au-dessus de l'horizon, il
est facile de voir que l'étoile équatoriale peut être observée
dès que son angle horaire à l’est est de 60°, car sa distance
au Zénith n’est alors que 69° 18; et l'étoile de déclinaison
45e peut être observée jusqu’à ce que son angle horaire à
l’ouest soit de 408° ou 7 heures 12 minutes ; sa distance au
zénith n’est alors que de 69° 47°. En supposant donc tou-
jours 4 heures de différence d’ascension droite entre les deux
étoiles, les observations peuvent avoir lieu pendant 7 heures
12 minutes.
Appelons donc E l'étoile de déclinaison zéro et E’ l'étoile
de déclinaison 45°, et considérons les observations faites
dans les cinq situations suivantes des deux étoiles :
AOPE= NI 60 0 —:0
200 — — Ab°: 1 — 415
ST PVO ot — 100?
4° © — 500 ; ol — 90»
DPI pt AS Ho — 108:
Ces cinq observations ont lieu à une hauteur supérieure
à 20° degrés au-dessus de l'horizon, et les observations (2),
(5) et (4) à une hauteur supérieure à 50”.
Les cinq équations de condition seront, en désignant par
C, ©”, C”, C”, Cw les termes indépendants des inconnues et
dont la valeur dépend uniquement da degré d’approxima-
tion des valeurs approchées qu’on a introduites dans les for-
mules :
270 DE L'EMPLOI
— 1, 1547 54 + 5D + C—o
— 0, 1861 9A + 0,1516 9D + 2, 8284 9D' + C— 0
— 0, 5774 SA + 2 9D + C'—0
+ 28 À + D — 4 5D + C"—0o
+ 2,0760 SA + 1,3891 9D — 1,49453D'+ CC; —=o
Toutes ces équations sont, comme on le voit, très dis-
ünctes, et trois d’entre elles sufliront à déterminer les trois
inconnues 9A, 9D et 9D'. Ainsi par exemple, si on emploie
seulement des observations faites à plus de 50° au-dessus de
l'horizon, auquel cas on ne se servira que des 5 équations du
milieu da groupe, la seconde de ces 5 équations donne
3 D — 0,2887 5 A 20"
En substituant cette valeur dans les deux autres, ces
équations deviennent, en représentant par K et K, les termes
indépendants des inconnues :
0, 6504 SA 0, 1516 9D + K—o
0, 8452 9A + 1, 0000 5D + K, — 0
équations dans lesquelles le rapport des coefficients de SA
et de 0D diffère beaucoup, et qui détermineront consé-
quemment les inconnues avec exactitude.
On arriverait à des résultats meilleurs encore en employant
la 4'°, la 5° et la 5° des cinq équations ci-dessus, mais nous
avons voulu faire voir que le problême est possible en
employant des observations faites à une plus grande hau-
teur, même à une hauteur dépassant 20°,
Sur la grandeur des erreurs que l’on peut commettre en
déterminant les coordonnées des étoiles par des observa-
tions azimulales.
Examinons maintenant quelle est la valeur des erreurs
que l'on peut commettre en déterminant comme nous
venons de le dire, les valeurs de 2A, 9D et 5D”.
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 271
Ces erreurs proviennent uniquement de celles qu’on a pu
commettre sur les valeurs de a fournies par les observations
et introduites dans le calcul des coeflicients GC, C’, C”, C”,
C; (a). Nous avons donc à rechercher les erreurs possibles
dans les observations, et celles qui en résultent sur les
valeurs des 5 quantités que nous venons de citer.
Or les erreurs d'observation sont de deux natures, savoir
4° les erreurs de pointé. c’est-à-dire, celles par lesquelles
l'observateur a pointé trop à droite ou trop à gauche de
l’astre observé; 2 les erreurs-sur la lecture de l'instrument
correspondant au pointé en question, erreurs dans lesquelles
nous comprenons celles qui proviennent des collimations et
inclinaisons d’axes, et celles du chrorographe enregistreur
de l'instant de l'observation. En résumé, toutes ces erreurs
peuvent être considérées comme se réduisant à une erreur
sur la lecture du limbe azimutal, même celles du chrono-
graphe, car un changement dans le temps correspond à un
changement dans lazimut. Or cette erreur sur la lecture du
limbe azimutlal, somme de toutes les autres, peut être
rendue aussi petite que l’on veut, en augmentant le diamè-
tre de ce limbe et le pouvoir grossissant des micros-
copes, en déterminant les erreurs de collimation, d’incli-
naison et de graduation avec le dernier degré de précision,
en augmentant la longueur de la bande de papier du chro-
nographe développée par seconde, etc., et on peut dire que
sans dépasser en aucune façon les limites des dimensions
admissibles dans l'instrument, l'erreur sur la lecture du.
(a) Les coefficients de SA, 9D et SD’ ne peuvent pas être erro-
nés puisqu'ils sont calculés non avec les observations mais avec
les valeurs dont on cherche les corrections, et la valeur de a
pouvant être à l’aide de l'équation (1) éliminée de ces cofficients.
Ce n’est que dans le calcul des termes indépendants des incon-
nues qu'on se sert des azimuts observés, ce n’est donc que là
qu'on peut commettre des erreurs.
2792 DE L'EMPLOI
limbe azimutal est petite par rapport à l’erreur de pointé de
l’astre transportée sur ce même limbe, ct qui dans ce trans-
port se trouve multipliée par la sécante de la hauteur.
Nous n’aurons donc à calculer que les erreurs sur C, €,
C",C", Cw, provenant de celles que l'observateur peut
commettre en pointant, et l'effet des erreurs totales sur ces
quantités n’atteindra certainement pas le double des erreurs
ainsi calculées, ni même une fois et demie ces erreurs.
A priori, il semble que les erreurs de pointé de la lunette
doivent réagir fortement sur les valeurs que l’on obtient
pour 9D, 9D' et A, surtout lorsqu'on observe à de grandes
hauteurs au-dessus de l'horizon, parceque, dans ce cas, il
faut pour transporter sur le limbe azimutal l'erreur de
pointé, lamulüplier par la secante de la hauteur. Mais il n’en
est rien, parcequ’en repassant des mesures azimutales aux
corrections D, 5D' et 2A, les facteurs provenant des hau-
teurs de l’astre qui se sont trouvés en multiplicateurs pour
altérer les mesures azimutales se réprésentent à peu près
les mêmes en diviseurs, de sorte qu’en résultat final, il ne
reste guère que l'erreur de pointé. Cela vient précisément
de ce que dans le cas de grandes hauteurs, un petit change-
ment de déclinaison ou d’ascension droite correspond à un
grand changement d’azimut, circonstance très avantageuse
et très favorable à la méthode que nous proposons, en ce
qu’elle atténue considérablement la seconde classe d'erreurs,
c’est-à-dire celles qui sont directement faites sur la lecture
azimutale. |
A cause de la grandeur de la sécante en approchant du
zénith et de linexactitude qui en résulte sur la formule pour
transporter les erreurs de pointé sur le limbe azimutal, nous
ne calculerons pasles erreurssur C, ©’,C”, C”, C;, en déter-
minant d’abord l'influence de l'erreur de pointé sur la lec-
ture azimutale dans les cinq quantités en question; mais nous
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES,. 273
calculerons de combien il faudrait modifier d’une part l'angle
horaire ou en d’autres termes l’ascension droite, et d’autre
part la déclinaison de l’astre pour le transporter horizontale-
ment sous le fil de la lunette afin de faire disparaître l'erreur
de pointé. Ensuite l'introduction de ces nouvelles valeurs
de l’ascension droite et de la déclinaison dans les expressions
de C, C,€”, C”, GC, au lieu de celles qui devraient y être
introduites donnera, par la différence des résultats dans les
* deux cas, l'erreur commise sur ces cinq quantités.
Pour faire ce calcul, appelons e l'erreur maximum possi-
ble de pointé de la lunette sur Pastre, et nommonsS la
position réelle de l’astre sur le ciel, ets, la position à laquelle
on devrait le transporter horizontalement pour qu'il se trou-
vât sous le fil de la lunette. L’arc SS, est alors égal à e.
Joignons le point S au pôle P et au zénith Z, et par le point
S, menons un parallèle coupant en S, l’arc PS. L’arc SS, est
alors égal à la correction de déclinaison que nous appelle-
rons 6, et l'arc de petit cercle S,S, qui, vu sa petitesse,
peut être sans erreur remplacé par l’arc de grand cercle
S, S, aboutissant aux mêmes points, est égal à la correction
d’ascension droite que nous appellerons « multipliée par le
cosinus de la déclinaison ou cos D. Or dans le triangle
SS, S, dont les côtés ne sont que de quelques dixièmes de
secondes et que consèquemment on peut regarder comme
rectiligne en négligeant les quantités d’un ordre supérieur
au premier, on à
SS, = SS, cos S, SS;, et S, S, —5S$, sin S, SS,.
Or en mettant pour SS,, SS, etS, S, leurs valeurs ci-des-
sus et remarquant que l’angle S, SS, est le complément de
l'angle PSZ, angle que nous appelons E, il vient
B—=esinEet, cos D —e cos E
formules dans lesquelles l'angle E n’est autre que l'angle à
15
274 DE L'EMPLOI
l'étoile dans le triangle pôle, zénith, étoile et est conséquem-
ment facile à calculer, avec la latitude, la déclinaison et l’an-
gle horaire de l’astre approchés.
Si maintenant dans les expressions de C, C’, C”, C”, Cx
on substitue pour D, D + Set pour +, +? + «, pour D,
D'+ Bi, pour #1, 9, + «,, ete., l'introduction de ces nou-
velles quantités 8,4, Bi, 1, etc., déterminera sur C, C, C7,
C',Cy des variations 5C, C7", 8C”, 9C”, 2C, , qui nesont
autres que les erreurs possibles sur ces quantités.
Or en faisant, par la méthode qui précède, le calcul des
erreurs possibles, d’après les erreurs maximum de pointé
sur les deux étoiles qui concourent à la formation de chaque
équation, on trouve :
C= € 1, 37996; 0Ù— + 9, 9162 e; 20 — E2,7570 6;
SC" 2 6, 2406 e ; oUy = —ÆE 5, 9564 ce.
Cela posé, reprenons les observations (1), (5) et (5) qui,
comme nous l’avons déjà vu, donnent les 3 équations
— 1,1547 SA À SD + C= 0
— 0, 577454 € 9 SD" + C— 0
+ 9, 0760 JA + 1, 5891 SD — 1,4945 9D' + C, —0o
et examinons avec quel degré de précision ces trois équa-
tions donnent les valeurs des trois inconnues JA, 0D et 5D°.Il
suffit pour cela de tirer des deux premières équations les
valeurs de 9D et D’ en fonction de SA et de les reporter
dans la troisième, qui donne alors SA en fonction de C,
C'et C;,. En supposant alors sur ces trois dernières quan-
tités les erreurs maxima que nous venons de calculer et
établissant entre les signes de ces erreurs les relations vou-
lucs pour obtenir l'erreur maximum sur JA, on trouve que
cette crreur est de 2,4 e. Remontant alers aux deux
premières équations, on trouve que les erreurs correspon-
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 275
dantes sont sur 9D, 1,4e et sur 0D', 2,1 e. Telle est donc
l'effet sur les corrections de la déclinaison et de l’ascension
droite des erreurs commises dans le pointé de la lunette sur
l’astre. D’après ce que nous avons dit plus haut de la peti-
tesse relative de l’effet des autres erreurs, on voit qu’on peut
admettre que l'erreur maximum sur les corrections cher-
chées ne dépassera pas trois fois l'erreur maximum de
pointé, et pour arriver à celte erreur maximum, il faut
que l’on ait commis une erreur maximum sur six pointés
puisque chaque équation résulte de deux pointés, il
faut encore que les signes des erreurs de ces six pointés
aient présenté entre eux une certaine relation, et de plus,
que les erreurs de lecture du limbe azimutal soient venus
s’y ajouter dans chaque observation et non s’en retrancher,
concours de circonstances fellement compliqué, et par con-
séquent tellement peu probable, qu'on peut le regarder
presque comme impossible.
L'erreur maximum de pointé que l’on peut commettre et
que nous avons appelé e, est d'autant plus petite que la
lunette grossit davantage. Îl a été reconnu depuis longtemps
que la limite de visibilité à la vue simple est la minute
(sauf le cas d’une intensité lumineuse considérable qui
grossit les objets par irradiation). H en résulte que
quand on bissecte par un fil un objet débordant très peu
ce fil de part et d'autre, une différence d’une minute
en plus d’un côté que de l’autre correspond à une erreur
d’une demi-minute sur le pointé. Une demi-minute est
donc à peu près l'erreur que l’on commet sur un pointé à
l'œil nu, Dans une lunette grossissant GO fois, un objet
qui à l'œil nu soustend une seconde, paraît soustendre une
minute. Avec la lunette grossissant 60 fois, l'erreur de pointé
est donc d’une demi-seconde environ. Avec une lunette
grossissant 300 fois, cette erreur se réduit à un dixiéme de
276 DE L'EMPLOI
seconde. L'atmosphère permet rarement de dépasser le
grossissement de 500 fois, au-delà duquel il faut d’ailleurs
des instruments de très grande dimension. Mais le grossisse-
ment de 500 fois est parfaitement admissible pour un alt-
azimut affecté à la formation d’un catalogue d'étoiles fonda-
mentales, et dès lors nous pourrons admettre que l’erreur
de pointé e n’est que d’un dixième de seconde. On voit
donc d'après ce que nous avons démontré précédemment
que les erreurs sur les corrections 2 A, 5D ct 5D' ne dépassent
pas trois fois l'erreur de pointé, que les déclinaisons et les
différences d’ascension droite des étoiles fondamentales sont
déterminables par la méthode que nous venons de détailler
dans une limite d'erreur inférieure à trois dixièmes de
seconde d’arc. Cette limite d'erreur est d’ailleurs un maxi-
mum qui ne pourrait être alleint que par un concours de
circonstances favorables tellement dificile qu’il n’est pas
à redouter. La méthode que nous proposons pour refaire le
catalogue des étoiles fondamentales estdonc, en ce qui con-
cerne les ascensions droites, environ trente fois plus précise
que l'emploi de la lunette méridienne, qui, va les incertitudes
des équations personnelles, laisse un doute de plusieurs
dixièmes de seconde de temps, ou de 8 à 10 secondes d’arc.
Pour Îcs déclinaisons, la précision est aussi beaucoup plus
grande que celle du cercle mural, sauf dans le voisinage du
zénith.
Dans le calcul que nous venons de faire du degré de
précision de la méthode que nous proposons, nous nous
sommes servi d'observations supposées à 70° du zénith. Si
on se restreignait à n’observer que jusqu’à 60° de ce point,
la précision serait cinq à six fois environ moindre pour les
ascensions droites, mais elle resterait encore de beaucoup su-
péricure à celle de la lunette méridienne. La précision des
déterminalions de déclinaison serait aussi beaucoup moindre
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. ET
qu’en poussant les observations jusqu’à 70° du zénith. Il faut
donc conclure de cette discussion qu'il convient dans les
observations d'aller jusqu’à cette dernière limite, encore
bien que, comme nous l'avons vu précédemment, le pro-
blême proposé soit possible en n’observant pas plus bas que
50° au-dessus de l’horizon. Toutefois le problême de limite
des observations à 60° du zénith est susceptible d'un degré
de précision qui ne s’écarte pas de celui que nous avons
trouvé dans le cas de 70°, dès qu’on ne s'assujettit pas
à n’employer que les observations d’un seul observatoire.
Eu effet, dans ce qui précède, nous avons supposé l’obser-
valoire situé dans les latitudes moyennes, C’est là la condition
la plus avantageuse pour déterminer les ascensions droites
el les déclinaisons de toutes les étoiles d’un même hémis-
phère. Or dans les basses latitudes, les coeflicients de 9D
et de 9D' augmentent pour les étoiles équatoriales, tandis
que le coeflicient de SA diminue; l'inverse a lieu dans les
hautes latitudes. La combinaison des observations des mêmes
étoiles dans deux observatoires, l’un situé vers 25 à 50 degrés
de latitude, l’autre vers 60°, permettrait donc d'obtenir des
séries d'équations où les coefficients varieraient beaucoup
plus encore que nous ne l’avons trouvé précédemment, et
conséquemment on pourrait par là augmenter la précision
des résultats.
Nous venons d'examiner les équations de condition que
peuvent fournir deux étoiles présentant entre elles une dif-
férence de 4 heures d’ascension droite et situées, l’une dans
l'équateur, l’autre à 45° de déclinaison. Six étoiles com-
parées chacune à la présente et à la suivante feront de cette
manière le tour du ciel.
Dans l'hémisphère nord, nous proposerons, pour faire
ainsi le tour du ciel, les six étoiles suivantes comprises parmi
celles que l’on calcule dans les éphémérides :
9278 DE L'EMPLOI
Ascension droite. Déclinaison boréale.
y Pégase Oh. 6 m. 14 923
La chèvre 4 58 45 50
o Hydre 8 50 6 12
n Grande Ourse 15 41 50 4
« Ophiuchus 17 28 12 40
« Cygne 20 55 44 45
Les six différences d’ascension droite de ces étoiles doi-
vent former 560° par leur somme. Il en résulte une équa-
tion de condition qui supprime une inconnue. Si la latitude
n’était pas bien déterminée, les six différences d’ascension
droite pourraient être obtenues en fonction de la correction
de la latitude, et la nouvelle équation de condition ferait
connaître celle correction de la latitude.
En faisant au reste trois observations de chacune des
combinaisons de ces étoiles deux à deux dans les conditions
que j’aiindiquées en parlant des deux étoiles fictives de O et
de 45° de déclinaison et de 4 h. de différence d’ascension
droite, nombre d'observations nécessaire dans le cas de
deux étoiles seulement, on a bien plus d'équations qu'il ne
faut pour déterminer les inconnues qui sont : 4° les six
corrections des déclinaisons des six étoiles; 2° les cinq diffé-
rences d’ascension droite de ces étoiles ; 3° la latitude, si
elle n’est déjà déterminée par les circompolaires ; en tout
42 inconnues. Or on a six combinaisons de chaque étoile
avec la suivante, ce qui fait 18 équations, non comprises
d’ailleurs les comparaisons que l’on pourrait faire entre les
étoiles distantes de deux rangs, sans dépasser la limite de 70°
du zénith. Ce grand nombre d'équations augmentera la préci-
sion des résultats. Mais on voit qu’à la rigueur deux obser-
vations pour chaque combinaison d’une étoile avec la sui-
vante sufliraient, puisqu'on aurait ainsi 12 équations pour
pour déterminer les 12 inconnues.
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 279
De la formation d’un catalogue général d'étoiles à l’aide
d'observations azimutales.
Lorsqu'on a déterminé un certain nombre d'étoiles fon-
damentales, par exemple, les six étoiles dont nous venons
de parler et qui embrassent tout le tour du ciel, on peut
leur rapporter toutes les autres, et comme les déclinaisons
des six étoiles de comparaison sont alors connues, on n’a
que deux inconnues pour chaque série destinée à déterminer
une nouvelle étoile. Deux observations sealement suflisent
donc. Ce n’est au reste que de cette manière que l’on peut
déterminer les étoiles visibles de l’autre hémisphère, étoiles
qui ne sont observables que pendant trop peu de temps
pour pouvoir faire trois séries bien distinctes.
La révision par ce procédé d’un catalogue tel que celui de
Baily serait assez rapidement faite, car vu la précision du
procédé, il ne serait pas utile de répéter les observations.
Sous ce rapport, cette révision serait plus promptement
achevée qu'avec des instruments méridiens et comporterait
plus de précision.
Élimination des erreurs provenant du défaut de stabilité de
la lecture azimutale répondant au point nord.
Dans ce qui précède, nous avons supposé la lecture
azimutale répondant au point nord déterminée par les azi-
muts extrêmes des circompolaires. Mais il peut se faire que
cette lecture soit variable avec le temps, et c’est même ce
qui aura lieu en général, car on n'obtient jamais des instru-
ments une stabilité absolue. Quelque petite que soit
d’ailleurs, d’après la disposition de l’instrument, l'influence
de la torsion de l’axe sur les situations respectives de l’axe
optique de la lunette et du zéro du limbe, il se produit tou-
280 DE L'EMPLOI
jours à la longue quelques variations. De plus, le sol lui-
même n’est pas stable, les tassements, les dégradations pro-
venant des pluies, et surtout les variations de la tempéra-
ture peuvent faire éprouver des mouvements aux piliers,
mouvements qui peuvent amener des varialions d’azimuts.
Or si dans l'intervalle de plusieurs heures qui sépare les
pointés d’une circompolaire à ses deux azimuts extrêmes, il
s’est produit de petites variations, la moyenne des lectures
répondant à ces deux pointés pourra n’être pas la vraie
lecture azimutale répondant au point nord,
On obvie en grande partie à cet inconvénient par l'emploi
des mires. Si après chaque pointé d’un azimut extrême
d’une circompolaire on vise à une mire placée dans de
bonnes conditions, on reconnait, par les deux pointés de
la mire faits aux deux azimuts extrêmes, s’il yaeu variation.
On peut alors tenir compte du changement s’il a eu lieu, et
en conclure l’azimut de la mire. Un pointé sur cette mire
fait à chaque observation permettra alors de connaître à
l'instant de cette observation la lecture azimutale répon-
dant au point nord, et par suite l’azimut correspondant à
celte observation.
Cet emploi des mires est fondé sur ce que, si la mire est
éloignée, les petits déplacements qu’elle peut subir, de même
que l'instrument, ne peuvent pas modifier sensiblement
lazimut de la ligne joignant le centre de la mire au centre
de l'instrument. Pour admettre cette conclusion dans ses
dernières conséquences, il faudrait toutefois démontrer
qu’il n'existe pas de localités où de grands changements de
température peuvent pour ainsi dire imprimer au sol une
rotation autour de la verticale, contrairement à ce qu'on a
cru au contraire remarquer en quelques points. Il est vrai
toutefois que ces déplacements se reconnaïîtraient en ce que
les azimuts de la mire déterminés successivement par les
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 281
observations des azimuts extrêmes des circompolaires varie-
raient, de sorte qu’on en pourrait tenir compte,et d’un autre
côté, à moins de secousses du sol ou en d’autres termes de
petits tremblements de terre, la lenteur de la propagation de
la chaleur dansle sol ne permet pas d'admettre une variation
sensible en quelques heures, du moins si les fondations des
piliers sont profondes, et si ces piliers sont isolés de la cou-
che superficielle.
On peut donc admettre que la mire est stable, mais à la
condition toutefois qu’elle soit éloignée de linstrument,
autrement elle partagerait plas ou moins le mouvement des
piliers de ce dernier.
Mais dans ce qui précède, nous avons supposé que, les
rayons lumineux émanés de la mire arrivent directement à
l'instrument sans avoir éprouvé aucune déviation. Or c’est
ce qui n’a pas lieu ordinairement, car ces rayons rasent le
sol sur une grande étendue, et sont par suite exposés à des
réfractions anormales qui détruisent la confiance que l’on
pourrait accorder à priori à la mire, de tellesorte qu’encore
bien que la mire soit stable, l’azimut dans lequel on la
voit peut varier notablement avec l'heure du jour ou de la
nuit, avec l’état de l'atmosphère, etc.
Avec des précautions multipliées et en enfermant les
rayons lumineux dans leur trajet de la mire à l’instru-
ment dans un canal dont les parois peu conductrices de la
chaleur s'opposent à des distributions inégales de la tempé-
rature, on peut à peu près anéantir l'inconvénient que
nous venons de signaler. Mais une semblable mire est dis-
pendieuse à établir, et nous allons faire voir qu’on peut s’en
passer en prenant pour mires les étoiles elles-mêmes.
Le procédé général à suivre dans ce but est le suivant :
supposons qu’on observe, successivement et dans l’intervalle
de 4 à5 minutes pendant lequel on peut supposer, comme
282 DE L'EMPLOI
nous l'avons dejà vu, le mouvement de la pendule connu, et
de plus la lecture azimutale répondant au point nord cons-
tante, trois étoiles E, E, E”, AppelonsD, D', D” leurs décli-
naisons, À la différence d’ascension droite de E et E', A’ la
différence d’ascension droite de E et E”. En combinant entre
elles les observations des étoiles E et E d’une part, et E et
E” de l’autre, on obtiendra deux équations de la forme de
l’équation (6) et qui renfermeront pour inconnues, sans aucu-
ne intervention des erreurs de la pendule, la première :
01, JA, D, sD' et da; la seconde : 91, 9A' 9D, 9D" et da.
En éliminant da entre ces deux équations, on aura une rela-
tion entre les six inconnues 01, dA, 0A’, oD, oD', 2D”, Six
observations de ces trois étoiles donnerontsix opérations sem-
blables qui sufliront à déterminer ces six inconnues.
Dans la pratique, on peut éprouver quelque dificulté à
faire, sans approcher trop près de l'horizon, six observations
très distinetes, et la ressemblance de ces équations peut dimi-
nuer le degré de précision auquel on arrive. Mais on peut
faire disparaître cet inconvénient en prenant pour l'étoile E”
une circompolaire voisine du pôle qui peut être observée
pendant les 24 heures sans approcher trop près de l'horizon.
Si alors on combine une observation de cette étoile avec
chacune des observations deux à deux des six étoiles faisant
le tour du ciel et dont nous avons parlé antérieurement,
on voit qu’on aura pour inconnues les corrections des coor-
données des 7 étoiles entrant dans les équations, corrections
qui sont aunombre de 15, savoir les 7 corrections des décli-
naisons et les G corrections des différences d’ascension droi-
te, plus la correction de la latitude, en tout 44 inconnues.
Or pour chacun des six groupes de deux étoiles consécutives
parmi les six étoiles faisant le tour du ciel à 4 heures de
différence en ascension droite, nous ayons vu qu’on peut
obtenir 3 équations très distinctes qui donnent, considé-
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 285
rées entre elles pour la détermination des 5 inconnues, un
très grand degré de précision, les autres inconnues étant
supposées déterminées. L'introduction de la circompolaire
dans les 18 équations ainsi obtenues aura fait disparaitre
dans chaque groupe la correction da. On aura donc 18
équations très distinctes pour 14 inconnues, ce qui est plus
que suflisant. Ces 7 étoiles étant ainsi déterminées, on leur
rapportera toutes les autres étoiles du ciel, par deux obser-
vations seulement de chacune d'elles combinée avec 2 de
ces 7 étoiles connues, dont l’une serait la circompolaire
voisine du pôle.
Le procédé que nous venons de décrire, n’a d’autre
inconvénient qu'en ce qu'ayant à déterminer 14 inconnues
à la fois, les éliminations seraient très longues. Mais on peut
procéder de la manière suivante qui donne lieu à des cal-
culs beaucoup plus courts.
4° On détermine d’abord la latitude par les observations
combinées de trois circompolaires situées à 42 à 15° du
pôle et présentant entre elles des différences de 2 à 4h.
On opère alors de la manière suivante :
Vers l’instant où une de ces trois étoiles arrive à un de
ses azimuts extrêmes, on observe les deux autres que j’appel-
rai E et E. La combinaison de ces deux observations don-
nera une équation de la forme de l'équation (6)
(MN'—-M'N) 54 + NN'9A + ON'5D — O'N 5D'+
(PN'—P'N) a + QN'— QN — 0.
La 5° étoile observée à son azimut extrême donne alors une
équation indépendante de l’erreur 54 sur la pendule, comme
nous l’avons déjà vu, et qui est, en appelant a, son azimut
extrême et D” sa déclinaison, cos ! sin a, —cos D”. De là,en
substituant pour {, a, et D leurs valeurs approchées, plus
leurs corrections, on tire
— Sin {sin a, 5 + cos l'cos a, Sa —— sin D" 5D",
284 DE L'EMPLOI
car l'erreur sur a, est l'erreur sur la lecture azimutale
répondant au point nord, pendant les observations presque
simultanées des étoiles, erreur que nous avons appelée da.
On élimine a entre les deux équations, et il reste une seule
équation renfermant pour inconnues ôl, 9A, ÔD, D,
3D”.
En observant de nouveau les trois étoiles quand E’ arrive
à son azimut extrême, on aura une seconde équation sem-
blable dans laquelle les inconnues seront 51, SA" 5D, 5D,
sD”", et enfin en observant une 5° fois quand E arrive à son
azimut extrême, on aura une 5° équation renfermant les
inconnues d!, SA — 5A', D, SD’, D", ou en d’autres ter-
mes, dl, SA, dA', ‘D, 6D', 5D”. .
Maintenant, environ un demi-jour après chacune de ces
observations, on fera une seconde série d’observations du
côlé opposé du méridien quand les trois étoiles arriveront
à leurs azimuts extrêmes de ce côté, et on aura 5 nouvelles
équations renfermant les six mêmes inconnues. Ces 5 équa-
tions diffèreront notablement des premières en ce que les
étoiles qui auraient été dans le 1% cas observées dans la
partie supérieure de leur cercle, seraient observées dans la
partie inférieure. On aura ainsisix équations qui feront con-
naître les six inconnues ô!, dA, dA", D, 5D' et D".
2. La latitude étant déterminée ainsi, de même que les
déclinaisons de plusieurs circompolaires, on observera les six
étoiles de 4 h. de différence d’ascension droite, destinées à
former le point de départ du catalogue. Les observations
se feront en observant deux de ces étoiles et l’une des cir-
compolaires de déclinaison connue. On n'aura plus alors pour
chaque combinaison de deux étoiles avec cette circompolaire
que quatre inconnues, savoir: les deux corrections de la décli-
naison et les deux corrections de la différence d’ascension
droite de ces étoiles et de la circompolaire. On obtiendra
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 285
alors facilement quatre équations distinctes pour déterminer
ces inconnues, ef si on détermine les six étoiles, on aura en
tout douze inconnues, que l’on pourra déterminer en faisant
seulement deux observations de chacune des six combi-
naisons deux à deux des six étoiles avec la suivante.
Si on choisit, pour faire les observations, les instants où
l’une des circompolaires déterminées arrive à un de ses
azimuts extrêmes, les calculs se simplifient en ce qu'on a
immédiatement da en fonction de la latitude et de la décli-
naison de celte circompolaire, éléments déjà connus.
5° Enfin on déterminera toutes les autres étoiles d’un
catalogue en observant à deux reprises chaque étoile avec
une étoile équatoriale et une circompolaire déterminées. On
aura alors deux équations qui feront connaître les deux cor-
rections inconnues des coordonnées de l'étoile considérée.
Pour s'assurer que, dans les opérations pour déterminer
la latitude par trois circompolaires et pour déterminer les
six étoiles de faible déclinaison faisant le tour du ciel, la
lecture du limbe azimutal répondant au point nord ne varie
pas pendant la durée des observations, on observera d’abord
la circompolaire près de son azimut extrême, puis les deux
autres étoiles, puis enfin de nouveau cette circompolaire qui,
si elle était d’abord à 2 ou 5 minutes avant son azimut
extrême, sera ensuite à 2 ou 5 minutes après, On déduira de
chacune de ces deux observations la lecture azimutale répon-
dant à l’azimut extrême par les formules que nous avons
données dans ce but, et les deux résultats devrontêtre égaux
si l'instrument n’a pas varié pendant la série, du moins dans
la limite des erreurs d'observation.
On voit que par les procédés que nous venons d’indiquer,
nous sommes parvenus à nous débarrasser de la mire, et à
empêcher les variations dans la stabilité de l'instrument de
réagir sur les résultats.
286 DE L'EMPLOI
De l'emploi des observations azimutales dans la délermi-
nation des longitudes terrestres par l'électricité.
Dans la détermination des longitudes par l'électricité, il
existe encore en employant les instruments méridiens deux
causes d’erreur, dans le cas même où les observations sont
enregistrées sur un même enregistreur ou chronographe
électrique. Ces deux causes sont: les équations personnelles
et les irrégularités de la pendule. En employant des instru-
ments azimutaux, où les observations auraient lieu par
pointé, et observant sensiblement au même instant dans
les deux stations les azimuts de deux ou même trois étoiles
pour éliminer la stabilité del’instrument, etles mêmes étoiles
dans les deux localités, et en enregistrant les observations
sur le même chronographe électrique, il est évident, d’après
ce qui précède, qu'on pourra calculer la différence des deux
méridiens sans aucune intervention des erreurs des positions
des étoiles employées, ni des équations personnelles, ni des
erreurs de la pendule. Je ne m'’étendrai pas davantage ici
sur ce sujet, que, d’après les détails que nous avons donnés,
il suflit d'indiquer.
2 . . .
Sur les observations azimutales du soleil, de la lune
et des planètes.
En prenant dans les tables les positions du soleil, de la
lune et des planètes, comme positions approchées de ces
astres au moment de chaque observation azimutale qu'on
en peut faire combinée avec une autre observation d'une
étoile fondamentale dont les positions sont connues par les
procédés que nous avons décrits, on aura Îles corrections
des tables de la même manière que nous avons trouvé les
corrections des positions des étoiles fondamentales.
€)
DES OBSERVATIONS AZIMUTALES. 287
Toutefois, pour substituer un pointé à une estimation de
passage dans les observations d’une planète, ou dans celles
de la lune et du soleil, il faut régler le mouvement de
l'horloge qui mène l'instrument sur celui de ces astres et
non sur celui des étoiles. C’est un résultat facile à obtenir
dans le cas d’un pendule conique lié à un pendule ordinaire
comme nous l'avons décrit. Il suflit alors de disposer dans
la partie supérieure et au-dessus du point de suspension de
ce pendule, un plateau sur lequel on dépose un poids retar-
dateur calculé pour l’astre en question. Si on emploie
d’autres systèmes de régulateurs du mouvement, il existe
dans chaque cas des moyens faciles d'avancer ou de retarder
le mouvement dans certaines proportions. Nous ne nous
arrêterons donc pas davantage sur ce point.
CONCLUSION.
En résumé, il résulte des développements dans lesquels
nous sommes entrés au sujet de l’emploi des observations
azimutales, que toute l'astronomie peut se faire par l’azimut,
et que les méthodes que nous avons décrites ont lavantage
de rendre les résultats indépendants d’une multitude
d'erreurs qui se trouvent dans les observations méridiennes.
Ainsi la latitude et la longitude d’un lieu, les ascensions
droites et les déclinaisons des étoiles peuvent être obtenues
à l’aide d'observations azimutales seulement, sans être alté-
rées par la réfraction, la flexion des cercles ct des lunettes,
la dispersion atmosphérique, les équations personnelles des
observateurs, les différences d’estime du jour à la nuit, les
irrégularités de la pendule et le défaut de stabilité des ins-
288 DE L'EMPLOI DES OBSERVATIONS AZIMUTALES.
truments. On peut par là, comme nous l'avons vu, rendre
plus de dix fois plus grande qu’elle n’est actuellement la
précision de ces déterminations. C’est le procédé que nous
avons imaginé et décrit dans le cours de ce mémoire pour
substituer des opérations de pointé à des estimations de
passages dans les observations azimulales, qui permet de
pousser aussi loin la précision, et qui donne à l'astronomie
par l’azimut une toute nouvelle valeur.
ESSAI SUR
L'HISTOIRE NATURELLE
DE L'ARCHIPEL DE MENDANA OÙ DES MARQUISES,
Par M. Ed. JARDEN.
—— 2 pe —
2€ PARTIE : BOTANIQUE.
E. — VÉGÉTATION DE L’ARCHIPEL DES MARQUISES.
La constitution géologique de l’Archipel des Mar-
quises est extrêmement favorable à la production d’espèces
de plantes très différentes; les iles qui composent ce groupe
sont, comme Jje l'ai fait voir dans la première partie de cet
essai (1), composées de hautes montagnes dont les flancs
sont exposés aux rayons d’un soleil ardent et sillonnés à
différentes hauteurs par des ravines profondes et humides,
Les vallées qui descendent des sommets s’élargissent à
mesure qu’elles se rapprochent du bord de la mer, où elles
se terminent quelquefois en une plage de sable sur laquelle
croissent les plantes des pays les plus chauds. Dans les
nombreux replis que forme le terrain accidenté de ces îles,
se développent, sous l’ombre épaisse des grands arbres, des
(1) Géologie et minéralogie des Marquises, Mém. de la Société
Imp. des Sciences Naturelles de Cherbourg, 4° volume, 1856.
19
290 BOTANIQUE
espèces plus voisines des zônes tempérées; enfin, dans les
parties les plus élevées, on en rencontre qui végétent dans
l’ouest de la France (Metrosideros, Sinapis, Oxalis.) (2)
Afin de faire saisir d’un coup d’œil l’ensemble de la
végétation des Marquises, et particulièrement de Noukahiva,
j'ai pensé qu'il ne serait peut-être pas inutile de présenter
le tableau ci-après, divisé par familles, des espèces que j'ai
recueillies dans cet archipel.
TABLEAU DE LA VÉGETATION DE L'ARCHIPEL DES MARQUISES,
PLANTES VASCULAIRES.
Dicotylédones.
Thalamiflores : Anonacées, 1; Ménispermacées, 1;
Crucifères, 2; Capparidées, 1; Malvacées , 11; Byttnéria cées,
3 ; Guttifères, 1 ; Malpighiacées, 1 ; Sapindacées, 2; Mélia-
cées, 1; Oxalidées, 1. — Caliciflores: Celastrinées, 1 ;
Rhamnées, 4; Térébinthacées, 1; Légumineuses, 29 ; Com-
brétacées, 1; Myrtacées, 6 ; Cucurbitacées, 4; Passiflores,
4 ; Portulacées, 1 ; Ombelliféres, 1; Loranthées, 1; Rubia-
cées, 6; Composées 10; Vacciniées, 1. — Corollhflores :
Sapotées, 1 ; Ebénacées, 1; Apocynées, 3; Asclépiadées, 4;
Convolvulacéces, 10; Borraginées, 3 ; Labiées, 2 ; Scrophu-
lariées, 1; Verbénacées, 1; Solanées,10. — Monochlamy-
dées : Nyctaginées, 2; Amaranthacées, 4 ; Santalacées, 2;
Euphorbiacées, 11; Urticées, 7; Pipéracés, 4; Casuarinées,
4. — Total : 156.
(2) On pourra consulter, pour connaître la température
moyenne de l'archipel, mes observations météorologiques
insérées dans les Annales hydrographiques de la Marine, 4°
trimestre 1857.
DES ILES MARQUISES. 291
Monocotylédones.
Phanérogames : Orchidées, 1 ; Cannacées, 1 ; Musacées,
2; Zinzibéracées, 2; Dioscorées, 1; Liliacées, 1; Broméliacées,
4 ; Palmiers, 2; Pandanées, 1; Taccacées, 1; Aroïdées, 2;
Cypéracées, 7 ; Graminées, 20. — Cryptogames : Fougè-
res, 18; Lycopodiacées, 5. — Total : 65.
PLANTES CELLULAIRES.
Mousses, 20; Hépatiques, 12; Lichens, 54; Champignons,
29 ; Algues, 49. — Total : 164.
II. — ETUDE DES PLANTES PAR LES INDIGÈNES.
Les naturels des Marquises sont portés à étudier les
plantes et leurs propriétés : 1° en raison de leur isolement
complet des peuples plus avancés qu'eux dans la civilisa-
tion, et par suite, de la nécessité de trouver autour d'eux ce
qui est indispensable pour se nourrir, s'habiller, s’abriter
contre le vent, le soleil et la pluie, se soulager dans les
maladies; 2 par suite de leur caractère guerrier, qui les
oblige à chercher des remèdes aux blessures qu'ils peuvent
se faire, et de leur passion pour les fêtes et les réunions où
ils tiennent à paraître décorés d’ornements et de fleurs, le
corps peint et bariolé de diverses couleurs. On ne doit pas,
pour cette raison, s’étonner de la longue nomenclature de
plantes que peuvent fournir, non seulement les tuhuka
ou savants, mais les autres indigènes, les femmes et les
enfants.
Assurément ces sauvages n'ont pas établi de classifica-
tion pour leurs plantes, mais celles qui ont quelque analo-
gie sont désignées par eux sous un nom générique auquel
ils ajoutent un nom spécifique, tiré des diverses circons-
299 BOTANIQUE
tances de végétation. Ils poussent quelquefois ces distinc-
tions fort loin; je citerai par exemple le bananier, dont ils
reconnaissent environ 26 espèces ou variétés, le cocotier,
11 espèces, l’arbre à pain jusqu’à 55 espèces.
Parmi les plantes cellulaires, ils font trois divisions :
4° Les plantes qui viennent dans l’eau, soit douce, soit
salée, et qu’ils appellent imu; 2 Les plantes qui croissent
sur les arbres et les rochers, et qui ne s'appliquent pas sur
les points où elles sont fixées, mais qui s'élèvent comme des
végétaux d’un ordre supérieur; 5° les plantes qui se
collent, qui s’appliquent sur les points qui leur servent de
base, les Sticta, les Parmelia, qu’ils désignent sous le nom
de pipii. On voit combien cette division, qui n’est même
pas toujours bien observée, est simple et primitive; cepeñ-
dant on doit reconnaître par là l’étade qu’ils ont faite des
végétaux des classes inférieures, dont peu d'espèces leur sont
utiles.
Les naturels des Marquises ont un mot pour désigner
les différentes parties d’une plante. La fleur, considérée
dans son ensemble, s'appelle pua; le tronc, tumu; la bran-
che, maka; la feuille, aouou ; le pétiole, kohau; le pédon-
cule, kohau pua, support de la fleur; le bouton, outaupua ;
le calice, kaha ; la corolle, pua, fleur par excellence; les
petales, au pua; les élamines, kahopua; le pistil, ihi; les
sépales, au kaha; le fruit, puu ou puku:; la graine, kakano ;
la racine, aka; les épines et les aiguillons, taa.
J'ai souvent remarqué que l'odeur entre pour beaucoup
dans la détermination d’une plante qu’il ne reconnaissent pas
au premier coup d'œil. Rarement même, un indigène à qui
je demandais le nom d’une espèce, se contentait de la regar-
der ; il la prenait, la flairait avec soin, tige, feuilles, et
ce n’esi qu'après cet examen qu'il me la rendait en me
disant ie nom, ou en me répondant : « aoë kite ».
DES ILES MARQUISES. 2093
il est très facile de savoir si une plante est indigène ou
importée, à un très petit nombre d’exceptions près; les
habitants ajoutent, dans ce dernier cas, le nom de farani,
français, synonyme pour eux d’étranger, ou aoé, qui signifie
aussi étranger, et pour plus de clarté,quand il existe deux ou
plusieurs espèces, dont l’une est du pays et l’autre étran-
gère, ils ajoutent à la première l'épithète de maoiï, commun
ou indigène.
IL est étonnant que les habitants des Marquises, qui con-
naissent si bien les plantes, ne s’adonnent pas davantage à la
culture de celles qui pourraient mettre plus de variété dans
leurs préparations culinaires. Cependant on ne voit point
autour de leurs cases de plantations régulières; quelquefois
un coin de terre est cultivé en cannes à sucre, dont ils se
servent lorsqu'ils ont une fête ou koïka, en bananiers, dont
ils ne mangent les produits que dans les mêmes circons-
tances, ou enti, Cordyline australis, dont ils se servent des
feuilles pour tapisser les trous à popoï, comme on le verra
plus loin.
Quelques indigènes, plus avancés que les autres, com-
mencent à cultiver la patate douce dans les baies où rési-
dent les Européens, afin d'en approvisionner les navires
baleiniers quien demandent fréquemment. Quant à la culture
de l'arbre à pain, dont le fruit est leur nourriture presque
exclusive, elle est pour ainsi dire nulle; il suflit pour eux,
quand ils rencontrent un jeune pied de cet arbre, d’arracher
les broussailles qui croissent alentour et qui pourraient nuire
à son développement ; l’usage continuel qu’il font du müricr
les oblige à donner plus de soins au mürier à papier. Dans
les notes qui suivront la nomenclature des plantes, on verra
le degré d'attention qu’ils portent à chacune des espèces qui
leur sont de quelque usage, de quelque utilité.
La liste ci-après est le résultat de diverses herborisations
294 BOTANIQUE
que j'ai faites, principalement dans l'ile de Noukahiva, depuis
le mois de mars 1855 jusqu’au mois de juin 1854. Quoique
je sache d'avance combien elle est incomplète, cependant
je n'hésite pas à la produire, pensant qu’elle pourra être de
quelque utilité aux botanistes qui exploreront après moi cet
archipel lointain, et qui trouveront, dans l'indication des
noms indigènes, le moyen de se procurer telle plante qu'ils
n'apercevraient pas eux-mêmes. Une autre considération
m'a encore engagé à la publier, c'est qu'il n’existe pas
de flore des Marquises, et que l'indication de quelques
plantes étrangères à celle de Taïti (Zephyritis taitensis) dont
la végétation se rapproche le plus, pourra servir peut-être
aux savants qui s'occupent de géographie botanique.
II. — NOMENCLATURE DES ESPÈCES PHANÉROGAMES
ET CRYPTOGAMES. (1)
Plantes vasculaires.
Dicotylédones.
1. Anona squamosa, L.: manini.
Cocculus Forsteri, DC.: takahihi. 200.
2, Sinapis nigra, L. aut S. arvensis, L. : terepota. 52.
3. Cardamine sarmentosa, Forst.: mani. 46.
*Gynandropsis pentaphylla, DC.
4. Urena lobata, L.: puehu. 135.
“Malacbra triloba, Desf.
5." Hibiscus rosa sinensis, L.: kouté, 78.
6. Paritiumtiliaceum, A. St.-Hil.: hau. 84.
— tiliaceum, var. foliis tripartitis.
7. Therpesia populnea, Corr.: mio. 45.
8. Sida rhombifolia, L.: kaepu. 189.
— rhomboidea, Roxb.: puehu. 1358,
(1) Le n° qui précède le nom de la plante, indique celui de la
note qui y est relative ; et le n° qui suit est celui de ma collec-
tion. L’astérique désigne les plantes importées, d'après les indi-
cations des naturels.
DES ILES MARQUISES. 295
9." Abutilon asiaticum, G. Don.: kaepu. 25.
10.* Gossypium arboreum, L.: haovai ta te aoe. 108.
— barbadense, L.: havai ta te enana.
Melochia pyramidata, L.
Commersonia...…
Waltheria lophanthus, Forst.: kaepu. 105.
41. Calophyllum inophyllum, L.: temanu. 109.
Malpighiacée.
12. Cardiospermum halicacabum, L.: konioka. 27.
13. Sapindus microcarpa, Ruiz et Pav.? : kokui. 7.
Melia azedarach, L.
14. Oxalis corniculata, L., vel reptans, Sol.: pakihi. 133.
Celastrus crenatus , Forst.: koina. 155.
Pomaderis zizyphoïdes, Hook.
45. Ceanothus asiaticus, L.: tutu. 23.
Zizyphus timoriensis , DC.: kohenua. 149.
16. Rhamnée....: auvakakina. 184.
* Spondias duleis, Forst. : mombin.
17. Desrmodium polycarpum, DCG.: nihonihokice. 58.
— scorpiurus, Desv.
* Crotalaria spectabilis, Roth.
18. Indigofera tinctoria, L.: kohuhu farani ou k. aoe. 96.
— anil L.?
19. Tephrosia piscatoria, L.: kohuhu. 22.
* Clitoria ternatea, L. 102.
* Cajanus flavus, DC.: pirira ?
20. Rhynchosia punctata, DC.: kiki. 26.
21. Phaseolus amœnus, Soland.: pakoko. 161.
22, Mucunagigantea, DC.?: kenaé. 148.
23. Légumineuse...: papa. 75
Dolichos....
Parkinsonia aculeata, L.
* Poinciana pulcherrima, L.: puké. 98.
T — Gilliesii, Hook.
Erythrina indica, L.: kenae.
24. Abrus precatorius, L.: poniu. 3.
25. Tamarindus indica, L.
26. Guilandina bonduc, L.: keoho.
* Bauhinia tomentosa, L.
27. Cassia occidentalis, L.: akau tuia. 57.
596 BOTANIQUE
28. Mimosa pudica, L. var. glabrata: teitahakaika. 210.
— pudica, L. var.
Acacia (LeucϾna) glauca, Benth.
— Farnesiana, Willd ?
— Lebbeck, Willd ?
Inga affinis, DC,: akao manini. 192.
29. Terminalia glabrata, Forst.: maii, 70.
30. Metrosideros villosa, Sm.: heua. 101.
31. Barringtonia speciosa, Rumph.: hutu. 47.
— Lévêquii, nob.
32. Jambosa malaccensis, DC.: kuka. 167.
33. Psidium pomiferum, L.: tuava.
— pyriferum, L.
34. Cucurbita....…. huepoo.124.
— ..... huekaï. 190.
— 5. hu pua hue (an C. aspera Sol.?)
35. CuCumIsS”..... katiu. 98.
36.” Passiflora hibiscifolia, L.: pua manini. 103.
Portulaca oleracea, L.: pokea. 183.
Weinmannia (an sp. nova?)
Ombellifère..... pahuauta.
37. Loranthus Forsterianus, Sch.?: e pivao. 54.
38. Gardenia taitensis, DC.: tiae. 82.
39. Mussænda frondosa, L. (forma glabrior): tou. 125.
Chiococca barbata, Forst.
Rubiacée..... . kokenua ? 149.
Rubiacée...... hano. 205.
40. Rubiacée...... méhé. 193.
* Ageratum conyzoides, L.: meie farani. 50.
Adenostemma parviflorum, DC.:tatamako. 195.
41. Bidens (campylotheca) polycephala, Sch. bip. 40.
— Jardinii, Sch. bip. : au heato. 131.
— serratula, Sch. bip. 132.
— cordifolia, Sch. bip.: nihonikokice. 199.
— pilosa, L. var. puberula, Sch. bip. 42.
42. Siegesbeckia orientalis, L.: niou. 47.
43. Sonchuslævis, Camer.: pota. 185.
Eclipta erecta, L. 1.
44, Vaccinium cereus, Forst. : heua? 101.
43. Inocarpus edulis, Forst,.: ihi. 5.
53.
57.
63
64.
65
DES ILES MARQUISES. 297
. Ebénacée....… makomako. 225.
. Carissa grandis, Bert.?: kaupe. 117.
. Cerbera manghas, L.: eva. 10.
. Alyxia.... katea. 118.
. Asclepias curassavica, L.: kirika. 36.
Quamoelit vulgaris, Chois. 186.
. Calonyction speciosum, Choïs.: mahati. 179.
. Batatas edulis, Chois.: pohué.
— -.-ititaUmMeL 2412
— ..... titau kaiïkaha.
Ipomæa maritima, R. Br.: paniaohe. 137.
— batatas, Lam.: kumaa. 89.
Convolvulus......
ne DURE hutu. 154.
Tournefortia argentea ? 58.
— orientalis , R. Br.?
. Cordia? Tournefortia?: vaovao. 9.
. Ocymum basilicum, L.: mini. 174.
.” Salvia pseudo-coccinea, Jacq.: pua kiki. 61.
Herpestis monnieria, Humb.: hei otoka. 113.
Lantana camara, L.
Solanum repandum, Forst.: e kokou. 55,
— nigrum, L.: upoo. 136.
— viride, Soland.: upoo. 12.
Re upoo.
Physalis angulata, L.
— peruviana, L.: konihi. 56.
. Capsicum frutescens, L.?: heva kua. 172.
—— frutescens, L. var.: heva mei. 173.
Datura tatula, L.
." Nicotiana tabacum, L.: maimai hava au. 158.
." Nyctago jalapa, L.: 188.
. Boerhavia diffusa, var. pubescens, Choiïs.: patokomata. 104,
Euxolus caudatus, Moq.
* Gomphrena globosa, L.: minikua,
Achyranthes aspera, L.: mokio. 21.
Cyathula prostrata, 8 debilis Moq.: ea ea mata. 153.
. Santalum Freycinetianum, Gaud.: puahi. 99.
Santalacée ? .... ii te vai. 51.
. Aleurites triloba, Forst. : ama. 110.
298 BOTANIQUE
Croton ?.:... tutaeka. 173.
66. Ricinus communis, L.: upéré aoe. 77.
dt upéré maoi.
Euphorbia alata, Forst.
— pilulifera, L.: ea ea mata ?
Antidesma ?..... 138.
UE Sfaree tueiau.
Phyllanthus ..... manono. 122.
nee lae aie huéiki. 198.
67. Euphorbiacée ...... kouima. 138.
68. Papaya carica, L.: vi. 93.
69. Artocarpus incisa , L.: maoé mei.
70. Ficus religiosa, L.?: a0a.
Bœhmeria interrupta, Willd.: auokaoka. 123.
71. Pipturus propinquus, Wedd.: puté. 203.
72. Broussonetia papyrifera, Vent.: uté. 111.
Elatostema ?.... vai anu. 112.
73. Piper methysticum, Forst.: kawa kawa atua. 120.
—= methysticum, Forst. var.: kawa kawa maoi.
— angulatum, R.et S.: kawa kawa iki.
Wu 000 kawa kawa atua.
74. Casuarina equisetifolia, Forst.: toa. 86.
Monocotylédones.
Orchidée..... ékaveinékaé. 33.
*Canna indica, L.: ékapuvao. 126.
75. Musa paradisiaca, L.: meika. 91.
76. Amomum ..... ékapui. 197.
Amomum ..... (an Curcuma longa, L.?): éka. 71.
77. Dioscorea alata, L.?: e hoï. 6.
78. Cordyline australis, Endl.: ou ti. 157.
79. Bromelia ananas , L.: haoa. 170.
80. Cocos nucifera, L.: éhi. 162.
Palmier.... vahake.
81. Pandanus odoratissimus, L.: haa. 88.
82. Tacca pinnatifida, L.: pia. 15.
83. Caladium esculentum, L.: tao. 81.
Colocasia esculenta, Schott.: au kapé. 209.
Schænus elevatus, Soland.?
84. Cyperus macreilema, Steud. sp. nov.: mouka.
85.
86.
87.
88.
89.
90.
91.
92.
93.
94.
95.
96.
DES ILES MARQUISES. 299
Cyperus consocius, Steud. sp. nov.
Fimbristylisnukahivensis, Steud. sp. nov.: haïiki. 30.
— separanda, Steud. sp. nov.
_ tertia, Steud. sp. nov.
— marquesana, Steud. sp. nov.
Panicum compositum, L.: ta puaé énu. 60.
— prostratum, Lam. 187.
— bicorne, Sieb.: é toétoé puaka. 59.
Pennisetum identicum, Steud. sp. nov.: moukutai. 134.
— articulare, var. setis albis.
— flavisetum, Steud. sp. nov.
Setaria viridis, L. var. nov.: puapipii. 130.
Lasiolytrum pilosum, Steud. sp. nov.: toetoe puaka. 89.
Andropogon aciculatus, Retz. : okeoke. 31.
Eleusine rariflora, Steud.: tutae ménéméné. 32.
— indica, Gærtn.: tutae piki. 33.
Ctenium nukaivense, Steud. sp. nov.
Ceulotheca lappacea, P. B.: au heato ? 132.
Gastridium australe, P. B.
Bambusa ..... kohe. 48.
Phalaridée poteto.
Saccharum distichophyllum, Steud. sp. nov.: to.
Arundinacée..... kakaho. 29.
Sorghum saccharatum, Pers. var. 196.
Gram. nov. gen.: mooukoutai. 106.
Mertensia dichotoma, W.: aupipii. 8.
Ophioglossum pendulum, v. faleatum, Presl.: kikapakuéi.
Lomaria gibba, Labill.: pubei. 202.
Anthrophium plantagineum, Bory.: kikapakuéé. 114.
A dires kikapa maoi.
Asplenium nidus, L.: auketaha. 132.
— lucidum, Forst.: kikapakuéé.
— divaricatum, Kütz.: aumoho.
_ tenerum, Forst.: mokohua. 160.
— furcatum, Kunth?: upokotikikaha. 140.
Aspidium (Lastræa) affine furcato: mokohua.
Lastræa patens, Presl.: aumakamaka. 16.
Polypodium phymatodes, L.: papamoko. 49.
Pteris pedata, L.: upokotikikaha. 161.
Litobrachya Guilleminei, Ag,: aumakamaka.
97.
BOTANIQUE
Davallia tenuifolia : aumohohatu. 48.
Nephrolepis rufescens, L.:aumakamaka. 2.
Hymenophyllum......
Lycopodium phlegmaria, L.: vei uta.
— cernuum, L.:aupipii. 62.
Selaginella minima, Spreng.
— arbuscula, Spreng.: aumoho. 150.
Bernharda dichotoma, Willd.: akiaki ohuæhotohina. 1%4.
Acotylédones.
Mousses.
Pogonatum laterale, Schimp.
Bryum argenteum, var. lanatum, C. Müll.
Leucophanes octoblepharoïdes, Schimp.
Leucophanes .....
Syrrhopodon speciosus, Schimp. sp. nov.
Syrrhopodon ?
Calymperes albovaginatus, Walk.-Arnott.
— Richardi, C. Müll.
Phyllogonium eryptocarpum, Schimp. in herb.
Philonotula?
Hookeria Jardini, Schimp. sp. nov.
— pallens, Schimp.
— Jagianæ, C. Müll.?
Hypnum cupressiforme, L.
— reflexum, L.
_ Chamissonis, Hnsch.
— magroblepharum, Schimp.
e nukahivense, Schimp. sp. nov.
— Lepineanum, Schimp. in herb.
— sandwichense, Hook.
Hépatiques.
Anthoceros crassinervis, Nees.
Marchantia tholophora, Bisch.
Frullania Mertensiana, Lindenb.
Madotheca crispata, Nees ?
Thysananthus comosus, Lindenb.
— anguiformis, Tayl.
DES ILES MARQUISES. 301
Ptychantes pycnocladus, Tayl.
Lejeunia pacifica, Mont.
Pellia carnosa Tayl.
Metzgeria Poeppigiana, Eindenb.
— dichotoma, Nees.
jungermannia.....
Lichens.
Collema byrsinum, Ach.
= Boryanum, Pers.
— nigrescens, Ach. var.
Leptogium tremelloides, Fr.
— azureum, Ach.: pipii mei.
— diaphanum, Mont.
— lobulatum, Nyl. sp. nov.
Cladonia pyxidata, Fr.
— pyxidata v. cariosa, Ach.
— gracilenta, Nyl. sp. nov.: é imu a éhi.
Usnea barbata, var. plicata. Fr.: akiakivao.
Ramalina complanata, Ach. : kumi kumi upéré.
= subulata, Mont.
— linearis, Ach.
Sticta macrophylla, Hook.
Parmelia perlata, var. cetrarioides: e pipii kooé a éhi.
— perlata, var. laciniata.
— conspersa, Ach.
— leioplaca, Ach.
— sinuosa, Ach.
—- retirugella, Nyl. sp. nov.
— speciosa, Ach.
Physcia mollescens, Nyl. sp. nov.
— speciosa, Fr.
— domingensis, Ach.
— applanata ?
Pannaria pannosa, Ach.
— fulvescens, Mont. : pipii é ti.
Coccocarpia incisa, Pers.
Lecanora confluens, Fr.
— parella, Ach.
Urceolaria scruposa, Ach.
3502 BOTANIQUE
Pertusaria dermatodes, Nyl. sp. nov.
Lecidea sorediata, Ach.
_— vernalis, Ach.
— albo-atra, var. disciformis, Hffm.
— russula, Ach.
Graphis secripla, Ach. :
— ,striatula, Ach.
— deplanata, Nyl. sp. nov.
— lineola, Ach.
— sp. nov. ex Nvl.
Arthonia pandani, Nyl. sp. nov.
Lecanactis varians, Nyl. sp. nov.
Chiodecton depressulum, Nyl. sp. nov.
Glyphis cicatricosa, Ach.
Verrucaria aurantiaca, Nyl. sp. nov.
— micromma, Mont., var. denudata, Nyl.
— prostans, Mont.
— cinchoniæ, Ach.
— farrea , Ach.
— chlorotica, var. carpinea, Ach.
— nitida, Schrad.
Porina americana, Fée.
Champignons.
Phallus indusiatus, Fr.
Agaricus campestris, L., var.
— pholiota.
DE …...
Schizophyllum commune, Fr.
Polyporus xanthopus, Fr.
— marchionensis ex Lév., (hyposclerus, ex Berk.)
— marchionicus, Lév.
— hychnoiïdes, Mont. (scabrosus, Fr.)
— lucidus, Fr. var. senilis.
— planus, Lév. sp. nov.
— auricomus, Lév. sp. nov.
— hyposclerus, Berk.
Poria communis, Pers.
Merulius.....
Hypochnus rubrocinctus, Mont.
DES ILES MARQUISES. 303
Cyphella hortulana, Lév.
Exidia ampla, Lév. (hispidula, Berk.) : puaika véinéhaé.
— tomentella, Berk.
Dictyophora bi-campanulata, Mont.
Stemonitis fasciculata, Pers.
Sphæria mammæformis Fr.: popoakau.
— hæmatites, Lév.
— nodulorum, Lév. sp. nov.
Dothidea exanthematica, Lév. sp. nov.
Phoma circinnata, Lév.
Aschersonia placenta, Berk.
Sphæropsis conglobata, Lév. sp. nov.
Eurotium margaritaceum , Lév.
Alques.
Ectocarpus....
Hydroclathrus cancellatus, Bory.
Zonaria collaris, Ag.: papakakoutu.
Padina crustacea, J. Ag. sp. nov.
Centroceras clavulatum, Mont.
Nemastoma Jardini, J. Ag. sp. nov.
— Normandiana, J. Ag. sp. nov.
Ahnfeltia Durvillei, J. Ag.
Hypnæa pannosa, J. Ag. sp. nov.
Gelidium......
Halimeda opuntia, Lam.
— incrassata ?
— ovata, J. Ag. sp. nov.
—= Sp. nov. n° 129.
Subria pristioides, J. Ag.: imu nanié.
Peyssonelia rubra, Grev.: imu vévé.
Actinotrichia rigida, Dene.
Jania pacifica ?: imu kanatai.
Jania-
Gracilaria. ....
Bostrychia glomerata, J. Ag. sp. nov.
Polysiphonia .... 109. 110. 111.
Caulerpa plumaris, Ag.
— chemnitzia, Lamy.
— macrodisca, Dene.
— cylindrica, Sonder.
304 BOTANIQUE
Ulva rigida, Ag.
Enteromorpha compressa, Grev.
— clathrata, Grev.
Valonia ægagropila, Ag.
Ascothamnion intricatum, Kütz.
Codium tomentosum, Ag.
Acrosiphonia membranacea, J. Ag.
Lychoete moluecana, J. Ag.?
— tortuosa, J. Ag.
— antennina, Bory.
Conferva repens, J. Ag.
— repens var., J. Ag.
— patens ?
Draparnaldia ?
Lyngbya variegata, J. Ag. sp. nov.
— contexta, J. Ag.?
Scytonema.......
Synedra, Sp. nov.
Schyzonema.....
Desmidiearum nov. gen. (propè Desmidium), sec. J. Ag.
III, — NOTES SUR QUELQUES UNES DES ESPÈCES
CI-DESSUS MENTIONNÉES.
4. Le nom indigène manini, donné à l’Anona squamosa
(corrossol }, signifie chose douce, tant au goût qu’au tou-
cher.
2, Les kanacs, dans les jours de fête, se peignent la
figure et le corps avec le suc qu'ils expriment du Sinapis
en écrasant cette plante, Les femmes mettent quelquefois la
fleur dans le lobe de l’orcille, quand elles n’en ont pas de
plus brillante.
3. Le Cardamine sarmentosa est très abondant dans les
rayvins des montagnes. On le mange en salade. Les kanacs
s’en frottent quand ils ont des douleurs rhumatismales, les
femmes enceintes s’en frottent également pour conjurer les
mauvais génies.
DES ILES MARQUISES. 305
4, L’Urena lobata et le Sida rhomboidea portent chez les
indigènes le nom de puéhu; ils ajoutent à cette dernière
espèce, quand ils veulent la désigner d’une manière spé-
ciale, le nom de te aoë, qui signifie étranger, ce qui indi-
querait que cette plante n’est pas indigène.
5. Il en est de même de l’Hibiscus rosa sinensis, que
Von m'a dit avoir été apporté de Taïti. Je ne l’ai rencon-
tré que dans le voisinage des habitations. Cette plante est
très recherchée à cause de ses belles fleurs rouges qui
servent d'ornement aux femmes et entrent aussi, dit-on,
dans la composition de quelques médecines pour certaines
maladies internes.
6. Le hau des noukahiviens est Ie burao ou purao des
taïliens {Paritium tiliaceum). C’est un des arbres les plus
communs aux Marquises et dont on fait le plus d'usage.
L’écorce sert à faire des cordes très fortes et les kanacs
n’en connaissent pas d’autres pour attacher ensemble les
différentes pièces de leurs embarcations et la toiture de
leurs cabanes. Les feuilles larges et lisses servent à couvrir
leur bouillie de fruit de l'arbre à pain, ou popoi, et à une
foule d’autres usages domestiques. Les tiges, qui croissent
droites et élancées là où ces arbres sont en grande quan-
tité, servent à faire les chevrons des cases. On les tient
submergées dans un courant d’eau douce pendant un mois
environ, afin des les rendre moins susceptibles d’être atta-
quées par les vers.
La fleur est employée comme émolliente. Le Paritium
aime de préférence les lieux humides, mais il s’accommode
bien aussi des flancs des montagnes. Il croît très rapidement
et dans tous les sens. Un bois de ces arbres à Noukahiva est
curieux à voir en même temps que très fatiguant à par-
courir, Quelquefois on rencontre une souche de 15 à 20
pieds de long, s’élevant de terre à deux pieds seulement, se
20
506 BOTANIQUE
recourbant ensuite, pour s'étendre parallèlement au sol et
s’y enfoncer de nouveau. De cette espèce d’arche s’élèvent
des jets qui s’élancent à 50 ou 40 pieds de haut pour arri-
ver jusqu’à la lumière.
Il existe à Noukabhiva deux variétés du LP. tiliaceum,
une à fleurs rouges le haukua, et l’autre à fleurs jaunes
le hau maoi. Elles sont à peu près aussi communes l’une
que l’autre. J'ai remarqué une troisième variété, plus rare
que les deux premières, dont toutes les feuillessonttrilobées,
pendant que celles du type sont obcordées-acuminées.
Une espèce de Paritium ? beaucoup plus petit que les
autres, arbrisseau plutôt qu’arbre, est désignée par les indi-
digènes sous le nom de hau vei, je ne l’ai jamais vue en
fleur. Les indigènes distinguent encore le hau toto, dont
les jets sont usités dans leur médecine, à cause de leurs
propriétés émollientes, le hau tata puatea, le hau ipua kiai ;
je ne les ai point rencontrées.
7. Le mio, Therpesia populnea, est d'une grande uti-
lité pour ce pays; le bois, beaucoup plus dur que celui
du genre précédent, sert à faire des pirogues, des jattes. La
sciure répand unc odeur de rose. On fait des étoffes avec
son écorce, mais l’usage en est assez restreint, le pays four-
pissant d’autres plantes plus susceptibles que celle-là de
remplir ce but.
8. Le Sida rhombifolia, L., n’est pas très usité aux
Marquises, les kanacs emploient quelquefois son écorce pour
cicatriser les blessures faites avec une arme à feu.
9. L'Abutilon asiaticum, G. Don., sert aux mêmes
usages.
10. On trouve aux Marquises plusieurs espèces de Gos-
sypium; le G. arboreum, L., que les indigènes appellent
baavai ta (e aoe, paraît, d’après cette désignation, avoir été
importé ; il est aussi abondant que le G. Barbadense, L.,
DES ILES MARQUISES. 307
nommé par les kanacs haavai ta te énana ou indigène. J’ai
souvent rencontré une autre Malvacée que je suppose étre
aussi un Gossypium, de plus petite espèce que les précé-
dentes, mais je ne l'ai jamais vue en fleurs ou en fruits. Les
naturels des Marquises ne font aucun usage du coton qui est
long et soyeux; ils sont moins avancés sous ce rapport que
les habitants de la côte occidentale d’Afrique.
44. Le Calophyllum inophyllum, Lam. /Takamahaka,
Willd.) est commun aux Marquises où il atteint des propor-
tions colossales, Les taïtiens Pappellent temanu. C’est le bin
tagou de Singapour et le tacamaque de Bourbon. Sur le
penchant des montagnes, il forme des bois épais où les
kanacs déposent leurs cercueils, espèces de cimetières dont
ils n’approchent qu’avec crainte et frayeur. Le temanu sert
à une foule d’usages, principalement à faire des pirogues,
que l’on travaille là où l'arbre a été abattu ; car les moyens
de transport sont très difficiles dans un pays si montucux
où il w’existe pas de voies de communication. Le bois du
temanu est susceptible d’un beau poli, mais il est difficile à
travailler, à cause de son fil court ct irrégulier.
42. J'ai souvent vu les jeunes kanacs se tresser des
couronnes avec le Cardiospermum, dont ils ne font pas
d'autre usage.
15. Le bois jaune du Sapindus microcarpa, R. et P.?
est assez dur, mais il est sujet à se fendre en séchant. Les
kanacs ne s’en servent guère. Ïls ne connaissent pas non
plus la propriété de son suc pour blanchir les étoffes.
Ils n’en pourraient du reste faire qu’un usage très-restreint,
car leurs vêtements d’écorce d'arbre ne sont pas suscepti-
bles d’être lavés, et les étoffes européennes qu’ils se procu-
rent leur servent sans être nettoyées jusqu’à ce qu’elles
tombent en lambeaux. Ceux-là seulement parmi les indi-
gènes qui portent des chemises dans les jours de fête, les
308 BOTANIQUE
font blanchir quelquefois, mais ce n’est qu'une exception
qu'on ne voit que dans les villages où se trouvent des
européens.
14. L'Oxalis corniculata V. où reptans, Sol., tapisse
toutes les fentes des paépaë ou tertres en pierre construits
devant les cases. On s’en frotte dans certaines maladies
internes.
45. Les kanacs piqués par quelque poisson, et l’on sait
combien est dangereuse la piqüre de certains poissons dans
les pays chauds, se servent des feuilles du Cearothus, tutu,
qu’ils amollissent en les passant au feu, avant de les appliquer
sur la plaie. Ils font aussi des paniers grossiers avec la tige,
qui est très flexible.
46. Je n'ai point trouvé cette rhamnée en fleur. On en
fait infuser les feuilles dans l’eau pour bassiner les plaies.
47. Plusieurs plantes portent le nom indigène de niho niho-
kioé, qui signifie dent de rat; ce nom est affecté au Desmo-
dium à cause de la dentelure de ses gousses. On trouve ce
genre dans toutes les localités à Noukahiva. La fleur sert
d'ornement aux femmes.
48. Il semblerait, d'après l’appellation indigène de l/n-
digofera, kokuhu farani ou aoé, qui signifie genêt étranger,
que cette plante n’est point indigène des Marquises.
Cependant elle y est très commune, surtout dans la baie de
Taio-haë, où en certains endroits elle s'élève à près de dix
pieds. Ce nom de farani ne lui aurait-il pas été donné à
cause de l'usage qu’en font les européens, et pour la distin-
guer de la plante suivante.
19. Tephrosia piscatoria L., kobuhu. Les indigènes ne
se servent pas du bois jaune de cette légumineuse. Ils font
macérer les fleurs pour pêcher dans les endroits profonds
du bord de la mer, le suc de ces fleurs ayant la propriété
d’enivrer le poisson et de le faire venir à la surface. La
DES ILES MARQUISES. 309
vapeur des rameaux brülés est préconisée contre les mala-
dies des parties génitales. Les kanacs s’en servent également
pour chasser les mouches et les moustiques. Les fleurs ser-
vent de parure et les femmes en font des colliers.
20. Le Rhynchosia punctata, kiki, sert aussi à prendre
le poisson.
21. Les tiges florales du Phaseolus amænus, pakoko,
sont assez flexibles. Les kanacs en font des filets pour pren-
dre le poisson .
22. Le kenaëé {Mucuna gigantea P) est un bel arbre
très-commun dans la baie de Taio-haë. Son bois est exces-
sivement léger et n’est point employé. La partie voisine
de l'écorce est plus serrée que vers le cœur. Les indiens
font avec les feuilles du kenaëé des cataplasmes qu'ils s’ap-
pliquent sur le front, pour les maux de tête.
23. La légumineuse appelée papa sert comme le Pha-
seolus amænus, à faire des filets.
24. L’Abrus precatorius, L., poniu, que l’on trouve dans
tous les pays chauds, est très commun aux Marquises. Les
kanacs se frottent quelquefois le corps avec les feuilles. Les
fruits arrivés à leur maturité et ayant acquis cette belle cou-
leur rouge qu’on leur connaît, servent à faire des colliers
pour les hommes et un ornement de tête. Les bourgeons de
la racine ont le goût de la réglisse, ce qui a fait donner à
cette plante les noms de herbe de réglisse, liane à réglisse,
réglisse des Antilles.
25. Je n'ai vu qu'un seul Tamarindus dans la cour de
l'habitation du roi Te-moana, baic de Taiohaé à Noukahiva.
Je ne pense pas, pour celte raison, que cette espèce soit
indigène. Elle est cependant indiquée dans le Zephyritis
taitensis, de même que l’Indigofera, le Cajanus, le Poin-
ciana; le Spondias, le Nyctago.
26. Le Guilandina bondue, L., keoho, est aussi commun
510 BOTANIQUE
à Noukahiva que les ronces dans nos haies en France; on
le rencontre partout. C’est une plante fort incommode lors-
qu’on pénètre dans les broussailles, à cause de ses aiguillons
recourbés. Les kanacs n’en font aucun usage, non plus que
de ses jolies graines grises, appelées œil-de-chat.
27. Le mot kanac akahu tuia appliqué au Cassia occi-
dentalis, L., signifie plante qui sent mauvais. Cette espèce
est purgative, mais lesnaturels ne lui connaissent pas cette
propriété. Ils extraient des feuilles un suc, paku, dont
ils se frottent dans certaines maladies, gonflements,
tumeurs.
28. Teita hakaina se traduit par plante qui a honte.
C'est le nom que les kanacs donnent au Mimosa pudica. On
en trouve à Noukabhiva deux variétés, qui ne sont pas très
communes, la var. glabrata etune autre variété plus grande,
très hispide dans toutes ses parties, hirsutissima.
29. Le Ternunalia glabrata, Forst., maii, se trouve aux
Marquises, dans toutes les koïkas ou places publiques,
comme les ifs dansnoscimetières. Les kanacs de cetarchipel
mangent quelquefois le fruit, qui a à peu près le goût de
amande. Le bois est dur et rougeûtre, il pourrait être uti-
lisé dans les constructions.
30. Le Metrosideros ne croît qu'à une certaine hauteur
dans les montagnes; sans usage si ce n’est comme parure.
51. Le Barringtonia speciosa, Rhumph., est assez com-
mun sur les côtes de Noukahiva. Les indigènes se servent
du fruit à l’état frais pour prendre le poisson, de même que
les habitants de l'Inde. Ils l’ouvrent avec un caillou et en
frottent le rocher qui forme la cavité où se trouve le poisson
qui, énivré, vient à la surface et se laisse prendre à la main.
Le fruit de cette espèce est quadrangulaire et quelquefois
pentagone. J'ai reçu de l'ile de la Madelaine, faisant partie
du même archipel, un fruit de Barringtoniaentièrement sphé-
DES ILES MARQUISES. o11
rique et de la grosseur d’une forte orange. Cette différence
bien tranchée est venue confirmer ce qu’on m'avait dit d’une
autre espèce de Barringlonia, existant dans une île voisine.
Peut-être même cette sphéricité du fruit, jointe à d’autres
caractères différents de ceux du B. speciosa, et que je n'ai
pu étudier, feront de cette plante un genre nouveau. Je lui
ai affecté en attendant le nom spécifique de Zevequii,
nom du capitaine de vaisseau, commandant l’Artémuse et le
port de Taio-haé. Gaudichaud, dans la partie botanique de
son voyage autour du monde, cite les B. speciosa et race-
mosa qu’il a rencontré aux Mariannes, Moluques, etc.
92. Jambosa malaccensis, DC., keika. Cette jolie myrta-
cée est assez commune à Noukahiva, où elle vient sans cul-
ture dans les lieux ombragés. Les habitants font peu de cas
de ses fruits qui sont très rafraichissants.
55. Les deux espèces pyriferum et pomiferum du Psi-
dium croissent à Noukabiva ; on distingue deux variétés de
la dernière espèce, l’une dont le fruit est gros et rugucux,
Pautre qui a le fruit petit et lisse. On trouve la première
dans les endroits bas et humides et l’autre, dans les lieux
secs et élevés. On na dit que le goyavier avait été
apporté de Taïti; s’il en est ainsi, il est parfaitement
naturalisé aux Marquises où il s’est propagé d’une
manière incroyable. On le rencontre partout, grâce aux
pores à demi sauvages qui font leur nourriture pres-
que exclusive de ces fruits. Les kanacs préfèrent la goyave
encore verte et écrasée, dont ils se servent comme d’un
excellent remède dans les contusions. Ils ne se servent pas
du bois de cet arbre, qui n’atteint pas à Noukahiva de fortes
dimensions et reste plutôt à l’état d’arbrisseau rameaux
dès la base. On fait des meubles rustiques avec ses branches
qui sont très flexibles.
54, Les noukahiviens se servent da fruit de lespèce de
LA
sie BOTANIQUE
Cucurbita qu'ils appellent huépoo ou aupoo, pour faire
l'embouchure de leurs conques de guerre. Le hué-kai se
mange, comme l'indique le mot kai pour kaikai, manger.
Le pua-hué à larges feuilles tachées de blanc et très-
hispides, se mange également. Le fruit est assez gros.
55. Le katiu, Cucumis.…., ne sert aux kanacs qu’à faire des
couronnes; le fruit, confit au vinaigre, fait un excellent
condiment.
36. Les kanacs appellent le Passiflora hibiscifoha, pua
manini, à cause de ses feuilles douces et veloutés. J'ai
trouvé cette jolie espèce près du débarcadère du poste de
Taiohaë. Il paraît qu’elle a été importée. Le Zephyrihs ne
la mentionne pas.
57. Le pivao, Loranthus Forsterianus Sch., ne sert qu’à
faire des couronnes.
58. Ilen est de même du Gardenia taitensis DC., tiaé,
en taïtien tiare, dont les femmes mettent les fleurs odo-
rantes dans le lobe de leurs oreilles. Je n’ai vu cette
plante que dans le voisinage des habitations. A-t-elle été
apportée de Taïti?
59. Le bois du Mussænda frondosa, L., tou, de couleur
foncée, est susceptible d’être employé dans l'ébénisterie.
Les kanacs ne s’en servent pas.
40. Le méhé est une Rubiacée, arbrisseau de 7 à 8 pieds
de haut, qui croit dans la Henua-Taba, ou partie plate de
l'île de Noukahiva. Les kanacs estiment beaucoup cette
espèce pour son écorce, qui est très odorante et qu'ils
enlèvent pour s’en faire des colliers.
41. Quatre espèces nouvelles de Bidens et une variété
ont été reconnues par le savant botaniste C. H. Schultz,
parmi les Composées que j'ai recueillies aux Marquises. Il
en donne la diagnose dansle n° 25, 20 juin 1856, du Flora,
journal de botanique qui parait à Ratishonne, dans un
DES ILES MARQUISES. 315
article intitulé: Verseichniss der Cassiniaceen, welche Herr
Edelstan Jardin in der Jahren 1855-55 auf den inseln
des stillen Oceans gesammelt hat, p. 255 et suiv.
42. Siegesbeckia orientalis, L., au niou. Cette plante est
en grande estime chez les femmes kanaques qui veulent se
blanchir la peau. Elles en pilent les feuilles et s’en frottent
la veille des jours de fête. Les fleurs non entièrement déve-
loppées servent à faire des colliers.
43. Le Sonchus lœvis Cam., pota, se trouve sur Îles
crêtes des montagnes qui séparent Taio-Haë de la tribu
des Happas. Cette plante est usitée dans la médecine des
kanacs.
44. Le Vaccinium cereus, Forst., se trouve voisin du Metro-
sideros, au col des Naïkis, à 700 mètres environ au-dessus
du niveau de la mer. Il cst signalé dans le Zephyritis.
45. Le bois de l’Inocarpus edulis, Forst., mapé en taï-
tien, ihi en noukahivien, est assez dur, mais les vers
lattaquent facilement. Les feuilles de ce bel arbre servent
à Taïti à la nourriture des chevaux; à Noukabhiva, on mange
cuits sous la cendre, les fruits qui ont le goût de la châtai-
gne. C’est une espèce de ce genre qui produit en Chine le
vernis dont on recouvre les meubles dits meubles de laque.
Le Serresius galeatus, Bp., se nourrit de ses fruits ainsi
que de ceux du Ficus religiosa ct du Carissa grandis (1).
46. On trouve sur l’une des Sentinelles, à l'entrée de la
baie de Taio-haë, une Ébénacée de 10 mètres environ, dont
le tronc a l'écorce grise, légèrement striée. Les feuilles sont
alternes, coriaces, entières, pétiolées, de forme obovée, de
9 centimètres sur 4, fortement nervées. Les fleurs sont
d’un jaune clair brillant, formées d’un calice monosépale,
(4) Notes sur les ois. des Marquié&es, p. 1. Compt. rend.
acad. Sc. 1855, XLI, p. 1110.
514 BOTANIQUE
strié longitudinalement, corolle monopétale à 6 lobes peu
saillants, 6 étamines égales entre elles, ovaire libre, style
simple, bi-trifide. Le nom kanac est makomako. Est-ce un
nouveau genre ?
47. Le Carissa grandis, Bert., n’est pas commun à Taio-
haë, je ne lai vu qu'auprès du bois de Temanus dans la
vallée d’Avao. C’est un arbre de 50 à 40 pieds d’élévation,
dont les rameaux s'étendent fort loin du tronc. Le fruit
rouge à sa maturité s'appelle kaupé. Quand un indien
est mort, si on veut embaumer son cadavre, on frotte sa tête
de monoï, qui est une espèce d'huile odorante faite à Taïti
avec l'huile de coco et certaines plantes odorantes, puis on
lentource de fruits du Carissa, pour empêcher, dit-on, les
cheveux de tomber.
48. Les fruits du Cerbera manghos, L., eva en noukahi-
vien, reva en faïtien, sont très vénéneux. Les kanacs, dit-
on, s’en servent pour faire périr celui d’entre eux qui aurait
violé un secret. L'établissement du christianisme aux Mar-
quises rend la constatation de ce fait assez difficile à décou-
vrir. On en fait également usage à Madagascar comme
épreuve judiciaire. Les fleurs exhalent une odeur douce et
très agréable. Henry fils et Ollivier ont extrait de cette
plante le principe vénéneux appelé tanghine, très acre, cris-
tallisable, soluble dans l’éther et dans l’alcool, et fusible à
une cerlaine température. (Dict. de médecine de Nysten).
49. On fait avec l'écorce du katea des étoffes au moyen
de la préparation dont nous parlerons à l’article du Brous-
sonelia.
50. L’Asclepias curassavica L. est aussi abondant à
Noukahiva qu’à Taïti. On l'appelle kirika, peut-être du
mot anglais silk, à cause des aigrettes soyeuses dont sont
munies ses graines et dont les indigènes font des coussins
très moelleux, quand ils veulent se donner la peine d’en
ramasser une quantité suffisante.
DES ILES MARQUISES. 515
51. Les kanacs de Noukahiva se servent de la graine
concassée du mahati comme d’un excellent purgatif. Cette
belle convolvulacée se trouve en différentes localités dans
l’île : chez les naikis, les happas, les taipis-vai et près du
mont Quetu.
52. Outre le Batatas edulis, appelé pohué, on trouve
deux autres espèces de Batatas, une appelée titahu me,
dont le tubercule n’est pas filandreux; ei l’autre désignée
sous le nom de titahu kaikoha, dont le tubercule filandreux
n’est guère comestible. Ces deux espèces se rencontrent
dans la baie des Atiheus au nord de l’ile. L'espèce appelée
pohué vient en abondance au bord de la mer jusqu’à l’en-
droit même où le flot mouille la plage.
05. L’fponœa baiatas, Lamk., kumaa, commence à
être cultivée par les naturels dans la baic de Taiohaë et
dans celle des Atiheus, non pour leur usage particulier, mais
pour la vendre aux navires baleiniers qui y relàchent quel-
quefois. Les feuilles peuvent se préparer en guise d’épi-
nards.
54. Les fleurs du vaovao, Cordia P , servent à faire des
couronnes, comme en général toutes les plantes dont Îles
fleurs et les feuilles sont susceptibles d’être disposées
autour de la tête. Les kanacs font, dit-on, macérer les feuil-
les de cet arbre pour en extraire une couleur bleue. Je
n’en ai jamais vu faire usage, et je n’ai point vu de leurs
étoffes teintes de cette couleur. Une autre espèce a le bois
très cassant et la fleur répand une odeur très agréable.
55. Les naturels cultivent l’Ocymum basilicum, L., mini,
à cause de son odeur balsamique. Cette plante est-elle
importée ? On trouve à Taïti l'O. gratissimum L., d’après
le Zephyritis.
96. Ils estiment évalement le Salvia pseudo-coccinea,
Jacq., qu’ils appellent pua kiki, fleur rouge, et qui paraît
aussi ayoir été importée,
516 BOTANIQUE
57. Le Sotanum repandum, Forst., koukou, est commun
aux Marquises ; le fruit, d’un jaune velouté, a une sa-
veur acide assez agréable quand il est mür. Il n’est point
prisé par les kanacs. Le S. nigrum est quelquefois employé .
comme assaisonnement avec la popoï; il en est de même du
S. riride.
58. Les naturels font des compresses avec les feuilles du
Physalis peruvania, konini, quand ils ont des maux de tête.
Ils emploient aussi cette plante comme ornement. Le nom
de upoo paraît s'appliquer indistinctement aux genres
Sotanum et Physalis.
99. Les deux variétés de C. frutescens P existent à Nou-
kahiva. La première, à fruits ronds est appelée par les indi-
gènes heva-kua, la seconde, à fruits allongés, porte le nom
heva-mei. Je ne les ai jamais vus se servir de cette plante
comme condiment.
GO. Les naturels du pays aiment beaucoup le tabac,
hommes et femmes, enfants même, tous fament la pipe,
mais leur indolence est telle qu’ils ne se donnent pas la
peine de cultiver cette plante, sauf dans quelques localités
éloignées des points de communication, où ils ne peuvent
s’en procurer à bord des navires marchands. Ils l’appellent
mai mai? et kawa hau, peut-être à cause de sa propriété
semblable à celle du Piper. Elle paraît importée.
61. Le Nyctago jalapa, L., serait également venu de
Taïti. Cette plante est citée dans le Zephyritis.
62. Le patoko mata ou cacamata, Boerhavia diffusa,
Chois., signifie herbe à se mettre dans l’œil, parceque les
petits enfants, en jouant, se servent de la tige de cette
plante pour tenir leurs paupières ouvertes, dans quel but,
je lignore: telle est du moins l'explication qui m’a été don-
née.
65. Le Santalum Freycinetianum, Gaud., Sandal, puahi
DES ILES MARQUISES. 517
en- noukahivien, enchi en taïtien, peu abondant dans l’île
de Noukahiva, l’est beaucoup plus dans les autres îles du
groupe. Guibourt, dans son histoire naturelle des drogues,
dit qu'il en est arrivé des Marquises un échantillon en bûche
triangulaire, formé d’un cœur fauve jaunâtre tandis que le
reste du bois est fauve et blanchâtre; la couleur est plus pâle
lorsque le bois est frais. L’odeur n’est pas très forte ct incline
vers celle de la rose, plus que le véritable Santal citrin. Les
kanacs renferment dans des sachets la sciure odorante de ce
bois et en mettent aussi dans l'huile de coco pour lui don-
ner une odeur agréable. Il n’en existe, dans la baie de
Taiohaëé, qu’à un seul endroit, au fond de la vallée de
Meao.
G4. Ii te vai. Cette Santalacée est en usage chez les
kanacs pour faciliter lextension sous les coups du cylindre
et du marteau cannelés, des écorces dont ils se servent pour
faire leurs étoffes.
65. L’ama, 4leurites triloba, Forst., est commun aux
Marquises; la noix appelée noix de bancoul est bonne à
manger. Les kanacs font chauffer la coque afin de l'ouvrir
plus facilement, pour ne pas endommager le fruit, qu'ils
enfilent au moyen de lanervure d’une feuille de cocotier
ou d’une tige de bambou. Ils se servent de ces brochettes
pour s’éclairer dans leurs cases. Ils emploient aussi ce fruit
qu'ils carbonisent, pulvérisent ensuite et délaient dans de
l’eau, pour tracer sur leur peau les dessins qu'ils veulent y
fixer.
66. On trouve à Noukahiva deux variétés ? du Ricinus
communis, lune que les naturels appellent péré maoë ou
indigène, l’autre, upéré aoé ou étranger. J'ignore pourquoi
celte dernière désignation. Les Européens leur ont appris
les vertus de cette plante.
67. La ràpure de l'Euphorbiacée désignée sous le nom
de kouima, sert à consolider les fractures.
518 BOTANIQUE
68. Le Papaya carica Endl:,quel'abbé Mosblech appelle
arbre à melon dans son dictionnaire noukahivien, vi dans
cette langue et minila en taïlien, vient sans aucune culture
aux Marquises. Il affecte spécialement les lieux picrreux,
les décombres, peut-être parceque ses graines sont plus
répandues dans le voisinage des habitations que dans les
fourrés; les fruits sont excellents, et cependant les kanacs
n’en font guère usage. |
69. L’Artocarpus incisa, mei, en taïlien mayoré , est à
coup sûr l’arbrele plus utile pour les insulaires des Marquises,
puisque son fruit est leur principale nourriture. On le dit
des Moluques ou des îles de la Fronde; mais, sil a été
importé aux Marquises, ce qui est assez douteux, (car com-
ment les habitants se seraient-ils nourris sans lui ?), il faut
supposer qu'ils l’ont transporté avec eux; dans tous les cas il
y est parfaitement naturalisé et quel que soit le profit qu’ils
en retirent, les kanacs prennent peu de soin de sa culture ;
ils se contentent d'enlever les broussailles qui étoufferaient les
jeunes plants. La végétation est si puissante dans ces lati-
tudes, que lorsqu'un arbre à pain tombe de vétusté, conser-
vant un reste de sève vers l'écorce, les branches qui par la
chüte viennent à toucher la terre, y prennent racine et ne
tardent pas à former de nouveaux pieds qui, en quelques
années, sont en état de donner des fruits. Les indigènes
prétendent que cette espèce ne peut être transplantée. Ils en
comptent jusqu'à trente-trois variétés qui ne sont sans doute
pas susceptibles d’être indiquées scientifiquement, car elles
résultent de la hauteur et du port de l’arbre, des feuilles
plus ou moins profondément incisées, des fruits plus ou
moins gros, de leur couleur verte plus ou moins foncée, de
leur surface plus ou moins rugueuse, des pédoncules plus
ou moins longs, de l’époque de la maturité des fruits, etc.,
etc. Cependant comme il peut, il doit même se trouver dans
DES ILES MARQUISES. 519
le nombre quelques variétés susceptibles de fixer l'attention
du botaniste, j'ai cru devoir en indiquer ici les noms in-
digènes, ce sont : le maoëé, dont le fruit s’appelle meiï, le plus
commun, puau, koui, kuuhaa, puou, koopupu, pihiti, euea,
kuu-matuké, kootea, oukapé, oha, komanu, kuhuvabaka,
kauhiva, pitaké, pohata, kihohaa, huihui, tavau, kavékavé-
ahéké, hahaua, kütahi, kipokipo, kuutaa, maikiouhoï, epau-
pipii, kiékié, kuahé, kokaupopoto, patiolio, amoa.
Je n’ai point vu toutes ces variétés, mais elle m'ont été
indiquées par un Tahuka, savant, qui paraissait très bien
connaître les richesses végétales de son île. L'espèce épau
pipi produit en abondance un suc laiteux qui se concrète à
l'extérieur. Les noms pihitii et patiotio sont ceux de deux
oiseaux du pays qui se nourrissent sans doute de ces fruits.
Les naturalistes de l'expédition de la Coquiile n’ont reconnu
à Taïti que des variétés de l’A. incisa, différentes entre-
elles par les feuilles.
L'arbre à pain est utile aux kanacs dans toutes ses par-
tics. Avec l’écorce des jeunes arbres ils font des étoffes. Le
bois, qui a atteint son développement, sert à faire des piro-
gues, des pièces de charpente pour les cases, des ustensiles
de ménage. Avec les feuilles on couvre les habitations et
les fruits se mangent après avoir été réduits en bouillie ou
popoi, soit frais, popoi mei, soit conservés, popoi mà, après
avoir fait subir à ceux que l’on veut conserver une prépa-
ration dont j'ai donné le détail ailleurs (1). On met le fruit,
réduit en pâte, dans des trous quelquefois très profonds, et il
s’y conserve de longues années. On m'a assuré qu'il exis-
tait de ces greniers souterrains, qui n'avaient pas été com-
plétement vidés depuis plus de cent ans, et dont la
popoi était aussi bonne que celle de quelques années seu-
lement.
(t) Mém. de la Soc. Acad. de Cherbourg, 1856.
520 BOTANIQUE
70. Le Ficus religiosa ?, aoa, atteint aux Marquises des
proportions colossales. Celui qui se trouve à l'entrée de la
vallée de Meas, près de la rivière, et qu’on désigne sous le
nom d'arbre de Moana (nom du roi), est remarquable par la
dimension de son tronc et l’étendue de ses rameaux. Les
graines servent de nourriture à une espèce de tourterelle,
Thouarsistreron leucocephala, Bp. Quand l'arbre est jeune,
les kanacs l’appellent hiapo et en font des étoffes très esti-
mées.
71. Le Pipturus propinquus, Weddel, se trouve chez les
Atibeus, tribu du nord de l'ile de Noukahiva, Les kanacs
se servent de ses branches, qui sont très flexibles, pour faire
des liens grossiers.
72. Le Broussonetia papyrifera, Vent., Morus papyri-
fera, L., appelé uté, est cullivé avec assez de soin aux Mar-
quises, parceque c’esl avec son écorce que les naturels font
presque tous leurs vêtements ; pour cela, ils ne le laissent
jamais croître à plus de 10 à 12 pieds et ils ont soin d’enle-
ver tous les bourgeons qui paraissent le long de la tige,
afin de ne pas avoir de solution de continuité dans l'écorce
dontils se servent; c’est ce qui a fait dire à Forster que le
mürier à papier ne fleurit jamais à Taïti ni aux Marquises.
J'ai indiqué dans une notice sur ce dernicr archipel, la manière
dont les naturels préparent leurs étoffes : j'y renvoie pour
plus de détails sur ce sujet,
75. Le nom générique du Piper en kanac est kawa;
celui dont ils se servent pour composer leur breuvage éni-
vrantestle kawa maoi, commun, indigène, P. methysticum,
Forst. Une variété de cette espèce est le kawa kawa atua; le
kawa kawa iki est le P. angulatus R. et P.? Il en existe
encore deux autres espèces dont je ne connais pas
les noms indigènes; l’une d’elles est remarquable par ses
feailles acuminées, à nervures convergentes vers l'extrémité,
DES ILES MARQUISES, 321
et cotonneuse ainsi que la tige, et l’autre par ses feuilles
lisses, plus petites, moins lancéolées, quoique n’affectant
pas la forme rhomboïdale du P. methysticum, et surtout
par ses épis de fleurs grêles, très allongés et droits, quand les
autres espèces de Noukahiva ont généralement les épis re-
courbés en crosse.
74. Le toa, Casuärina equisetifolia, Forst., croît dans
les lieux les plus arides et les plus rocailleux da littoral;
on ne Île trouve guère dans l’intérieur. Son bois, très dur,
sert à faire des casse-tête, des pagaies, des bâtons de chefs.
75. Musa. Le fruit de presque toutes les espèces de ce
genre est comestible, soit qu’on le mange cru, soit qu’on le
fasse cuire. Les kanacs des Marquises cultivent le bananier,
mais ils conservent les bananes pour les jours de fête, ils
n'en mangent point habituellement. Les variétés du 4. pa-
radisiaca sont très nombreuses chez ces indigènes, ce qui
prouve leur esprit observateur. Pour les motifs indiqués au
sujet de l’Artocarpus, je donnerai les noms qu’affectent les
kanacs à ces variétés, ce sont.: meika maoiï, ou bananier
commun, meika huetu, monokia, poupou, pukokiva, pake,
oua, koka, hamau, puou, pehatu, kaupé, hauaua, moepua,
éaki, maei, uhiau, kina (vulg. bananes de Chine), oka,
koka, kokakatiu, kokupahiau, kokachu, kokanui, moa,
kinukoa.
76. L'Amomum, que les naturels de Noukahiva désignent
sous le nom d’ekapui, se trouve sur la crète des monta-
gnes qui séparent la baie des Atiheus du centre de Pile.
Le périanthe renferme une assez grande quantité de liqueur
sucrée qu'expriment les kanacs quand ils rencontrent cette
plante, mais sans y attacher aucune propriété médicinale.
Une autre espèce d4momum qui ne croît qu'au Muaké,
dans la partie centrale de l’île, est beaucoup plus précieuse
pour les indigènes, par la couleur jaune que leur fournit la
21
529 BOTANIQUE
racine, qui a la forme d’une petite carotte rugucuse, La
poudre qu’ils obtiennent de cette racine est préparée avce
mystère et se vend fort cher; elle leur sert à teindre quel-
ques unes de leurs étoffes les plus fines, et à se peindre le
corps les jours de fête; ils la désignent sous le nom unique
de éka.
77. Les indigènes ne cultivent pas le Dioscorea alata, L..
é hoi, qui croit en p'usieurs endroits; seulement, quand ils
rencontrent une de ces plantes, ils en déterrent la racine
souvent enfoncée profondément sous terre. Ils font des
couronnes avec les fleurs en grappes.
78. La feuille du Cordyline australis, Endl., ti, sert à
tapisser les trous dans lesquels on dépose la pâte ou popoi
mà, résultant de la préparation du fruit de l'arbre à pain.
79. Le Brometia ananas, L., haoa, vient sans cul-
ture au mont Quetu, aussi ses fruits sont loin d’être
savoureux, et sont coriaces et pelits. Les naturels ne cul-
tivent pas celte plante dontices habitants de quelques parties
de la côte occidentale d'Afrique, dans la rivière du Gabon,
tirent un grand parti pour les fibres textiles et soycuses de
ses feuilles.
80. Les naturel des Marquises distinguent onze varié-
tés de cocotier, ce sont: l’éhi atuau, tokaove, mamaïmu otea,
haniaoo, ootahi, moraiéhu, nana, hauméké, éhiéhua, tiébu-
tiébu. Le trone, les feuilles et les fruits de ces arbres sont
employés très fréquemment : le tronc sert à faire la tête et
les pieds du lit au niveau du sol, qui règne dans toute la
longueur de la case et qui n’a pas plus de quatre pieds de
longueur, de sorte que les jambes reposent sur une pièce de
bois, pendant que la tête est appuyée sur Pautre, souvent
sans rien de plus moëlleux. Le centre est tapissé de fougères
et cypéracées etrecouvert d’une nalte.
Cn m'a signalé un autre palmier appelé vahaké, dont le
DES ILES MARQUISES. 325
fruit est beaucoup plus dur que celui du Cocos nucifera, et
les feuilles disposées en lanières; il paraît se trouver en
petite quantité dans le nord de Pile.
Le cocotier rapporte au bout de 8 ou {0 ans; dans l’ar-
chipel des Paumotu, il commence à donner des fruits beau-
coup plus tôt encore, et un négociant ayant habité longtemps
cet archipel m’a assuré en avoir planté qui ont donné des
fruits au bout de cinq années.
81. Le Pandanus odoratissimus, L., haa en noukahi-
vien, fara en taïlien, est très commun aux Marquises. Les
feuilles de cet arbre singulier, qui ressemblent à celles de
l'ananas, quoique beaucoup plus longues, servent à faire
aux cases des indiens des couvertures dont la durée est
plus grande que celles qui sont confectionnées en feuilles
de cocotier ou d'arbre à pain. Hommes et femmes font
avec les graines, d’un jaune rougeûtre, des colliers volumi-
neux qui répandent, lorsqu'ils sont frais, une odeur agréa-
ble; ce fruit est susceptible d’être mangé, on en fait quel-
quefois une pâte assez savoureuse.
82. Les noukahiviens ne font guère usage du Tacca pin-
nahfida, L., pia. Il n’en est pas de même à Taïti où la
racine raclée avec une coquille de porcelaine et séchée au
soleil sert à gommer le linge. Les taïtiens mangent aussi ce
tubercule après des préparations convenables, et les femmes
font avec les fibres, d’un blanc soyeux, des couronnes fort
élégantes et que ne désavoucrait pas le goût le plus difli-
cile.
85. Le tao, entaitien taro, est le Caladium esculentum, L.
Les indigènes des Marquises cultivent à peine cette plante,
quoiqu’ils l’estiment beaucoup; on le conçoit facilement,
puisqu'ils ont des arbres à pain en quantité suflisante, et la
culture de ce dernier est beaucoup plus simple que celle du
Caladium. Aux Sandwich, on rencontre de vastes étendues
de terrain, plantées de cette aroïdée,
324 BOTANIQUE
Une autre aroiïdée, le Colocasia esculenta, Schott, au kapé,
atteint à Noukahiva des proportions gigantesques; c’est le
Chou caraïbe. I n’est pas plus cultivé que le tao.
84. M. Steudel a reconnu dans le mouku des Marquises
une espèce nouvelle de Cyperus à laquelle il à donné le
nom de macreilema. Cette belle espèce qui atteint un mé-
tre et plus de hauteur est remarquable par sa tige triquètre
à la base de l’ombelle, par ses bractées longues de plus de
50 centimètres et fortement scabres ainsi que les feuilles à
la partie inférieure, enfin par ses épis läches, sans bractées
secondaires. Cette belle espèce se trouve principalement
dans la tribu des Akapua, baie du Contrôleur, et dans celle
des Naïkis; la tige, réduite en filaments, sert aux kanacs
comme d’un espèce de tamis pour la préparation du kawa et
du Jait de coco.
85. Le Cyperus consocius, autre espèce nouvelie égale-
ment déterminée par M. Steudel, et dont l’usage est le
même, diffère de la précédente par sa tige fortement tri-
quètre dans toute sa longueur, par ses bractées à la base de
l’ombelle moins longues, par ses épis simples accompagnées
de bractées ne dépassant guères la longueur de lépi et
quelquefois linéaires et rudimentaires dans les épis infé-
ricurs, et par ses feuilles beaucoup moinsscabres. On trouve
celte espèce mêlée avec la précédente.
86. Dans les Fimbristylis que j'ai recueillis aux Marqui-
ses, M. Stcudel a reconnu quatre espèces nouvelles qu'il a
désignées sous les noms de F. nukahivensis, separanda,
tertia et marquesana. La première espèce, d’un pied de bau-
teur et plus, a les épillets en ombelles inégales et les
feuilles roussâtres, de 1 à 2 pouces, scarieuses sur les
bords et terminées par une pointe scarieuse ; la deuxième
espèce, plus pelite, a les épillets le plus souvent solitaires,
plus gros que ceux du F. nukakivensis ; la troisième espèce
DES ILES MARQUISES. 225
de 6 à 8 pouces de hauteur, a les épillets solitaires, munis
d’une feuille bractéiforme 2-3 fois plus longue que lépillet,
et les feuilles linéaires presque aussi longues que les tiges
florales ; la quatrième espèce a comme les deux précédentes
les épillets solitaires, munis d’une bractée linéaire, mais
elle s’en distingue facilement au premier coup d'œil par
son port beaucoup plus petit, et par sa tige fortement striée.
Toutes ces espèces croissent dans les lieux humides; les indi-
gènes leur donnent le nom de haïki, et ils les emploient à cou-
vrir la partie du sol de leurs maisons comprise entre les
deux troncs de cocotier et destinée à leur servir de lit.
87. Le moukoutai des kanacs est une espèce nouvelle de
Pennisetum appelée par Steudel P. identicum. Le second
Penn. est une variété de lParticulare Trin. Le troisième
Penn. est une espèce nouvelle appelée par Steudel fZavi-
sel.
88. Le pua pii, fleur qui se colle, qui s’accroche, à cause
de ses arêtes en forme d’hamecon, est une nouvelle variété
du Setaria viridis L., sans utilité à Noukahiva.
89. Le toctoe puaka est une nouvelle espèce de Zasio-
lytrum? désignée par Steudel sous le nom de pilosum.
90 Ctenium nukahivense, Steud., espèce nouvelle, com-
mune dans la baie de Taiohaé.
91. Les kanacs distinguent deux espèces de kohé, bam-
bou, le maoi et le taavi dont le bois est plus dur et dont on
se servait, sans doute pour cette raison, en guise de couteau
pour dépécer les victimes humaines. Le bambou est
employé par les naturels à une foule d’usages, principale-
ment à faire le clayonnage des cases. Ils sert aussi, dans
l’intérieur du pays, là où les habitants ne peuvent se
procurer d’ustensiles européens, à transporter de la rivière
l’eau qui sert aux usages domestiques.
92. M. Steudel a désigné sous le nom de distichophy t-
526 BOTANIQUE
um Va nouvelle espèce de Saccharum que les indiens cul-
tivent auprès de leurs cases et à laquelle ils donnent le nom
de to. La tige supérieure et les feuilles leur servent à faire
des torches, quand ils vont pêcher le poisson la nuit. La
canne n’est coupée que pour les jours de fête. On en apporte
au lieu de réunion d’énormes paquets qui sont ensuite dis-
tribués aux assistants. Les indigènes distinguent diverses
espèces ou plutôt variétés provenant sans doute de la cul-
ture dans des terrains différents, ce sont : le to maoi, upau,
canne à sucre rouge, tuaké, kakamau, koniotété, kikiha,
taputu. Il pourrait se faire que les Saccharum officina-
rum, L. et spontaneum L., signalés dans le Zephyritis, se
trouvassent parmi ces variétés.
Il faut encore signaler une autre arundinée, appelée
kakao, qui croît dans les montagnes et dont les kanacs font
grand usage pour leurs pêches de nuit.
95. On trouve encore à Noukahiva un nouveau genre de
graminées, désigné par les naturels sous le nom de mou-
koutai, et que M. Steudel n’a pas déterminé, la plante
n'étant pas suffisamment développée. Je ne puis qu'engager
les botanistes qui visiteront ces parages à la rechercher.
94. Asplenium nidus, L. auketaha. Cette fougère croît
sur le tronc des arbres tombés de vétusté, au mont Quetu
et dans d’autres parties élevées de l’île. L’4. divaricatum
qui est indiqué comme croissant au Pérou, se trouve
près de la grande cascade, au fond de la vallée de Taioha.
95. L'espèce que les indigènes désignent sous le nom de
upokotitikaha a beaucoup de ressemblance avec l 4spidium
furcatum ; toutefois elle a un peu le port et l’aspect
des Polystichum. C’est une espèce à rechercher età envoyer
avec le rhizome (note de M. Mougeot.)
96. Plusieurs espèces de fougères, désignées sous le nom
de aumakamaka, servent à tapisser les lits kanacs et à les
rendre moins durs.
DES ILES MARQUISES. 3927
97. Le vei-ula, Zycopodium phlegmaria, L., sert à
faire des couronnes très gracieuses. Il croit en grande
abondance dans la tribut des Happas, et l’on m'en à rapporté
des échantillons de plus d’un mêtre de longueur.
Parmi les plantes non déterminées et celles que je n’ai
pu recueillir, il faut remarquer :
1° Le noni, arbre de moyenne grandeur, dont le fruit
cru a une saveur désagréable quand il n’est pas parfaite-
ment mür. Les indigènes le font cuire sous les cendres et le
mangent pour se guérir des maux de cœur. Il est employé
aussi contre la syphilis. C’est le tokana des taitiens.
2° Le papakoutu, plante dont les kanacs se servent
contre la syphilis, en lécrasant et Pappliquant en com-
presses. :
3° Le komoka, que les femmes kanaques mettent sous la
alle sur laquelle elles se couchent, quand elles sont
enceintes, afin de conjurer le Dieu Atua, et l’empêcher
d'être malfaisant.
Il m'a encore été indiqué comme croissant à Tovii, point
central de l’île, deux plantes, la 4'° à feuilles très allon-
gées, lisses, d’un vert clair, partant du collet de la racine,
semblable à celle d’une asphodélée ou liliacée, et dont la
graine, étant mûr, a la forme d’une capsule transparente,
remplie d’un liquide d’un bleu d'azur; l’autre espèce est un
arbre assez élevé, à feuilles lisses, vernissées, entières et
dont lécorce est rugueuse. Je n'ai pu me procurer d’autres
renseignements sur ces deux espèces que je signale aux
botanistes qui exploreront cette localité.
95. Hépatiques. Je n'ai point remarqué que les kanacs
lissent quelque différence entre les hépatiques et les genres
des familles voisines qui peuvent avoir quelque similitude
extérieure.
99. Mousses. Les habitants des Marquises désignent sous
528 BOTANIQUE
le nom générique de imu diverses espèces de mousses,
lichens et algues, et y joignent un autre mot pour indiquer
d’une manière plus précise la plante dont ils veulent parler.
La plus grande partie de ces végétaux cryptogamiques n’ont
pas d'autre nom que celui de imu et cela n’a rien d’éton-
nant; en France n’appelle-t-on pas mousse toutes les plan-
tes qui, mousses ou lichens, ont quelque ressemblance avec
la première de ces familles ? On ne voit pas dans les pays
chauds de ces belles pelouses tapissées d’Æypnum comme
on en rencontre fréquemment dans nos climats. Les lieux
humides ne sont pas recouverts par des Sphagnum et des
Poltrichum, Varidité des rochers n’est pas masquée
par les Grimmia, Weissia, les troncs d’arbres ne font pas
végéter les Orthotrichum, les Tortula, et plusieurs autres
genres; on ne rencontre les mousses qu'en petite quan-
tité çà et là, ces humbles végétaux faisant place à des espè-
ces plus brillantes; aux Marquises suriout, les mousses sont
peu nombreuses, généralement de petite taille, elles passent
pour ainsi dire inaperçues, et les naturels n’en font aucun
usage.
100. Lichens. Le savant lichénographe Nylander a
reconnu dans les plantes de cette famille qui croissent aux
Marquises, quelques espèces nouvelles, Zeptogium lobula-
lum, Cladonia gracilenta , Parmelia retirugella, Physcia
mollescens, Perlusaria dermatodes, Graphis deplanata,
et un autre Graphis, Lecanactis varians, Chiodec-
ton depressulum , Verrucaria aurantiaca , une variété
denudata du Y. micromma, Mont. La liste des lichens
est loin d’être complète, car je n’ai point rapporté un
bon nombre d'espèces saxicoles, à cause de la difficulté et
souvent même de l’impossibilité de les enlever du roc. Il y
a beaucoup à trouver dans cette famille, et sans aucun
doute des espèces nouvelles. Les kanacs ne font aueun
usage de ces plantes, qui ne fixent point leur attention.
DES ILES MARQUISES. 329
it
101. Champignons. Cette famille a été encore moins
que la précédente remarquée par les naturels des Marqui-
ses, ou peut-être les renseignements que. j'ai pu obtenir à
ce sujet sont-ils incomplets, car il ne m'a été donné de
nom que pour deux espèces , Excidia ampla, Lév., qu'ils
appellent puaikavéinéhaé, oreilles de revenant, Sphæria
mammeæformis, popoakau. Les échantillons de cette famille
que j'ai rapportés, ont été déterminés par le savant D"
Léveillé, qui a reconnu comme nouvelles les espèces sui-
vantes: Sphæropsis conglobata, Sphœæria nodulorum, Poly-
porus marchionensis, Dothidea exanthematica, Polÿpo-
rus planus, P. Normanni, P. auricomus. Les indiens de
Noukahiva n'emploient d'aucune facon les champignons,
dont pas une espèce n’est comestible.
102. Algues. Les plantes de cette famille ont été sou-
mises à l’illustre J, Agardh, algologue suédois, qui a bien
voulu se charger de leur détermination. Il à reconnu plu-
sieurs espèces et un genre nouveaux : VNemastoma Jardini
et N. Normandiana;Bostrychia glomerata; trois espèces de
Potysiphonianon encore étudiées; deux Coralligènes, Halime-
da ovata et une autre espèce non déterminée; Espera livida;
Conferva repens vVar.; Lyngbia variegala et contexta?;
Synedra; Sp. nov; Schizonema Sp. nov., et un nouveau
genre de Desmidiées. J'ai trouvé les Nemastoma mêlés
ensemble dans l’anfractuosité des roches qui séparent la
baie de Taio-haë de la baie Akani ou Collet. On ne peut
y aller qu’en embarcation.
Le Zonaria collaris, Ag., a seul reçu des indigènes un
nom particulier, sans doute à cause de sa forme remarqua-
ble, quoiqu'il soit sans utilité; ils vont recueillir sur les
rochers les imu nanie, imu veve, imu kanatoi (mousse
salée), imu topua, pour les manger avec la popoi en guise
d’assaisonnement.
3590 BOTANIQUE
Dans la nomenclature que j'ai donnée des plantes qui
croissent aux Marquises, je n'ai pas parlé de quelques
espèces importées, les Citrus aurantiaca, medica et limo-
nium, Wilis vinifera, Vanilla aromatica, Punica granatum,
Hibiscus esculentus, Brassica, Napus, et de quelques plantes
d'ornement. Les orangers principalement tendent à se pro-
pager dans cet archipel comme dans celui des îles de la
Société. Le jardin de l'hôtel du gouvernement en possède
un grand nombre de pieds qui donnent un produit abon-
dant, et les habitants de la baie ne manquent pas de
venir demander des oranges quand ils sont indisposés. J'ai
remarqué que les orangers dont les fruits étaient les plus
doux n’avaient pas le lobe de la feuille se prolongeant le
long du pédicelle, et que cette décurrence, très prononcée
dans les jeunes plants, finissait par disparaître à mesure
que l'arbre prenait du développement. (1)
La vigne ne produit que très rarement. Le climat est
trop chaud, et la vigueur de la végétation empêche l'ovaire
de se développer. Cette chaleur, jointe à l'humidité qui
règne dans les vallées, fait qu’on cultiverait facilement la va-
nille. A Taio-haë, il s’en trouvait un pied fixé au tronc d’un
arbre et qui végétait vigoureusement. Je n’en ai point vu la
fleur ni le fruit, peut-être était-elle trop jeune.
Il est très difficile, sinon impossible, de recueillir de la
graine des végétaux comestibles d'Europe, le radis, le
chou. On multiplie cette dernière espèce de bouture,
mais les produits sont toujours faibles, le chou consiste
simplement en quelques feuilles réunies en tête, sans jamais
offrir ces capitules pressés et durs qu'on voit sur nos mar-
chés. On n’a de radis que lorsqu'on recoit d'Europe des
(1) Il parait que les orangers et les citronniers ont été
apportés à Taiti par Bligh (Voyage de la Coquille 1822, 23, 24, 25).
DES ILES MARQUISES. 901
graines fraiches. Ces cultures exigent des soins continuels
d'arrosage et d’abri du soleil, et ne donnent pas toujours
pour cela des résultats favorables.
En terminant ces notes, je dois remercier les savants
botanistes qui m'ont facilité ce travail par l'étude des
espèces soumises à leur examen; MM. R. Ecnormand,
Schultz bip. et Steudel, pour les phanérogames;, Mougeot,
pour les fougères; Roussel, pour les hépatiques; Schimper,
pour les mousses; J. Agardh, pour les algues; D' Léveillé
et Berkeley, pour les champignons; W. Nylander, pour les
Lichens. Je les price de vouloir bien recevoir l'hommage
de ma reconnaissance.
Regrettons avec les amis de la science la mort prématu-
rée de M. Steudel, qui a pu, malgré ses souffrances, déter-
miner encore les cypéracées et les graminées de ma col-
lection, mais qui n’a pas eu le temps d'en donner la des-
cription dans un supplément à son Synopsis glumacearum.
Je m'’estimerai heureux de pouvoir communiquer mes
échantillons aux savants qui s’occuperaient de monogra-
phies. Il en est quelques uns, parmi les composées et les
glumacées, qui n’ont pas été décrits, et de même de quel-
ques espèces cryplogames.
ÉNUMERATION GÉNÉRALE
DES
LICHENS.
SUPPLÉMENT,
Par RE. le D' W. NYLANDER.
À peine avions-nous terminé, il y a quelques mois, l'impres-
sion de l'Énumération générale des Lichens, que M. Tucker-
man soumettait à notre examen une collection de Lichens de
l'Amérique du Nord contenant un nombre considérable d'espè-
ces rares et nouvelles. Quelques autres addenda ont été four-
nis depuis par d’autres collections, de sorte que le total des
espèces connues, en y ajoutant celles omises dans notre Énu-
mération, s'élèverait au chiffre de 1361 (au lieu de 1302), celles
de l'Europe à 650 (au lieu de 642) et celles de la France à 540
(au lieu de 538). Le plus grand nombre de ces additions est dû
aux recherches de M. Tuckerman.
Nous demandons la permission de présenter ici la liste de
tous ces Lichens que nous avons eu occasion d'étudier depuis
la publication de l'Énumération, et de remédier en même temps
à quelques omissions que nous avons remarquées dans cet opus-
cule. Nous ajouterons en appendice les définitions de quelques
formes nouvelles pour la France.
Pterygium.
Addendum : Pt. Petersii (Tuck. sub Lecid.), in Amer. sept.—
Huic genere fortasse quoque subsumenda sit Racoblenna Trem-
niaca Mass. Mem. p. 134.
SUPPLÉMENT. 399
Symalissa.
Addendæ : in seetione À : S. sphærospora Nyl., in Amer.
sept.; in sectione B : S. polycocca Nyl., in Nova Anglia.
OGmphalaria.
Addernda : O. pyrenoides Nyi., in Texas.
Collema,
Seetio À. €. decipiens var. diffusum Nyl., in Bavaria et
Gallia. — Sectio D. €. cyathodes disponatur post C. chala-
zanum. — Addantur : C. lepideum Nyl., in Afr. occid. trop., et
C. umbellula (Tuck. sub Omphalaria), in Alabama. — Sectio
F. Excludendum C. chloromelum Ach., quod est Leptogium,
et addendum Leptogium albociliatum Desm., quod est Collema.
— Leptogium polyschides Mnt. adhue sit hujus generis species,
sed sectionis incertæ ob apothecia ignota.
Leptoginen.
In dispositione hujus generis varia mutanda et corrigenda,
eur eam denuo hic damus, exelusis locis specierum ante alla-
tarum.
Sectio À.—4+. L. Arnoldianum (Physma Hepp, Arn.), in
Bavaria.
Sectio B. — 2. L. humosum Nyl.; 3. L. spongiosum (Sm.) ;
4. L. byssinum (Hoffm.).
Sectio C. — 5. L. fragile (Tayi.); 6. L. cretaceum (Sm.); 7. L.
pusillum Nyl. (var. effusum in Bavaria); 8. L. subtile (Sm.); ° E.
microphylloides Nyl., in Gaïlia; 9. L. lacerum Kr. €. varr. pul-
vinato et lophæo; * L. microscopicum Nyl.; 10. L. scotinum
Fr.; 11. L. dactylinum Tuck., in Nova Anglia; 42. L. pulchel-
lun (Ach.); 13. L. foveolatum Nyl.; 14. L. reticulatum Mnt.; 15.
L. tremelloides Fr. cum varr. azureo, mariano et marginello;
16. L. diaphanum Mhnt. (quoque in Anmier. tropica); 17. L. calli-
thamaion (Tayl.); 48. L. palmatum Mnt.; 19. L. ciliatum (Bel.,
olim mihi L. palimatulum); 20. L. saturninum (Dicks.); 21. L.
Hildenbrandii Nyl.; 22. L. Menziesii Mnt.
Sectio D. — 23. L. chloromelum (Sw.), huc adducto L. ruai-
noso (Duf.); 24. L. bullatum (Ach.); 25. L. phyllocarpum (Pers.)
eum varr. isidioso (Mexico), cœrulescente (Taïti, coll. Lép. 19,
Guyan®, macrocarpo (Amer. calida, ex. gr. in Lind. coil. 1092),
dædaleo (Klot.); 26 £L. sphinctrinum Nyl. (Steph. javanicus
Mnt. ?), in ins. Marianis, Java, 27. L. adpressum Nyl., in
Mexico; 28. L. cyanescens Nxl., in Polynesia; 29. L. corruga-
294 ÉNUMÉRATION DES LICHENS.
tulum Nyl., in Mexico; 30. L. infleæum Nyl.; 31. L. Burgessü
Mat. (quoque in ins. Canariis).
Sectio E. — 32. L. Schraderi Bernh., cum var. cæspitello
‘in Algeria); 33. L. Apalachense (Tuck. sub Coll.), in Amer.
sept.; 34. L. muscicola Fr.; 35. L. dendriscum Nyl.; 36. L.
intricatulum Nyl., in Nova Anglia.
Hydrothyria Russel.
4. II. fontana Russ., in Nova Anglia.
Phyiliscum.
Addatur Ph. Demangeoni quoque adesse in Amer. septen-
trionali.
Sphinctrina.
Addendæ : Sph. anglica-Nyl. (Cal. microcephalum Sm.), in
Anglia et Nova Anglia; var. ejus fuscescens Nyl., in Cap. B. Sp.
— Sph. leucopoda Nyl., in Virginia.
Calicinm
Addendum post C. trichiale : C. albidum (Krb. sub Cyphelio),
in Germania. — C. viride pro Amer. bor. est delendum, sistit-
*
que formam C. quercini : °C. subcinereum Nyl., in Nova Anglia.
— Addatur : 15. C. subtile Pers., in Eur., Afr. (C. subtile
Tuck. est C. lenticulare minus).
€oniocyhbe et Erachylia.
Con. furfuracea et pallida quoque in Amer. bor. occurrunt.
Similiter ibi adsunt Trachylia viridula et tigillaris. — Tr.
javanica sit Pyrgillus.
Pyrgillus.
Nov. gen. Calicieorum sporis 3 - septatis, apoth. trachylioideis fere, basi latioribus.
4. P. americanus Nyl. (Pyrenastrum Pyrgillus Tuck.), in
Louisiana. — 2, P. javanicus (Mnt. et v. d. B. sub Calicio), in
Java.
Cladonia.
CI. imbricatula dicenda est Cl. mitrula Tuck. — CI. athelia
varr. Santensis et lepidota (Tuck.), in Nova Anglia.
Pilophoren.
Pil. polycarpum Tuck., (in ins. Freti Behring.) non differat a
P. robusto Th. Fr.
Usnea.
Addenda : U. angulata Ach., in Amer. calidiore, Madagascar.
Australia.
Pliatysema.
4. PL. chrysanthum Euck., in Japonia. — 2. PI. ciliare quo
que in Peruvia.
PLAT
SUPPLÉMENT. D99
Sticia.
St. fuliginosa quoque in ins. Borbonia; Sf. obvoluta (vel
Willdenowii) Del. non specie differt.—Sf. Hunthii Hook. nomen
anterius quam cyathicarpa Del., formam peruvianam desi-
gnans; fere specie est separanda.— St. gyalocarpa Nyl. et var.
ejus hkirta, illae Nova Grenata, hæc e Mexico, thallo Iævi. — Sr.
æanthosticla ad filicinam est disponenda. — St. nilida contra
pertinet ad sectionem ceyphellis citrinis; S£. cœrulescens Mnt.,
e Chili, nimis forte ei afinis. Sf. Beauvoisi et cinchonæ Del.
identicæ sunt cum Sf. quercizante Ach. (et xanthosticla eidem
similiter nimis fere vieina). — Sf. intricata Del. subjungenda
est sub St. argyracea (æque ac St. T'houarsii Del.); St. rigidula
Del.et flavescens Del. non differunt ab argyracea.— St. Gaudi-
chaudii quoque ad Fret. Magellan. (Lechl. pl. magell. 1348).
— Ad St. laciniatam addendæ varr, denudata (Lind. coll. 393),
et Lenormandi(v. d. Bosch), hæe in Peruvia (Leebl. pl. peruv.
2732), accedens ad Sf. cometiam et Kunthii. — St. tomentosa
var. dilatata, in Nova Granata (Lind. coll. 1087, 1236). — St.
Richardi var. granulata (Bab.), in Nova Zelandia. — Sf.
D'Urvillei varr. orygmaæoides (ex gr. in Lechl. pl. mag, 1342)
et flavicans Hook. (St. Colensoi Bab.), in Tasmania, Nova
Zelandia, Fret. Magellan. (Lechl. eoll. 1342 à), ins. Maclovianis.
— St. carpoloma adhue in Nova Zelandia et ins. Borbonia (St.
Desfontainii Del.); var. selerophy'la Nyl., ad Fret. Magell.
(Lechl. coll. 948). — St. Féei Del. vix est nisi var. St.
endochrysæ. — Addenda : Sf. rubella Hook. et Tayl., e
Tasmania, aflinis Sé. crocalæ.
Genus STicrA optime (ex melioreque methodo quam in Enum.
p. 101-103) disponatur in subdivisionibus sequentibus:
A. — Cyphellæ typice nullæ, frons subtus gibberosus (Stirps
Stictæ pulmonacew).
B, — Cyphellæ urceolatæ (Stirpes Stictæ fuliginosæ etdamæ-
cornis).
C. — Cyphellæ pulverulentæ, sorediiformes. — a. Cyphel-
læ niveo-pulverulentæ (speciebus : Sticta argyracea, intricaia,
Dozyana, Freyeinetii, fragillima [hæc etiam in Java, coll. Zoll.
1799 a, et in Peruvia}, punetulata, faveolata); b. Cyphellæ ci-
trino-pulverulentæ (speciebus : Sticta obvoluta, nitida, cocru-
lescens, crocata, gilva, carpoloma, orygmæa, endochrysa,
D'Urvillei, aurata, Mougeotiana, rubella).
556 ÉNUMÉRATION DES LICHENS.
Ricasolia.
Huie generi addenda estR. dichroa Nyl. in Mus. Par., eMa-
dagasear et Ins. Borbonia. — À. pallida (Hook.) scribatur pro
R. Kunthii, locusque ei dandus est prope crenulatam, a qua
parum differt.— Sticta Sehæreri Mnt. et v. d. B. est alia species
addenda, R. Schæreri, vix nisi in Java adhuc observata, maxi-
me aflinis R. discolori.
Parmelia.
P. sulphurata N. ab Es. et Flot., in Louisiana. — P. atrica-
pilla Tayl. etiam in Mexico.— Omissa : P. encausta Ach.
Physceia.
Ph. euploca Tuck., in Texas. — Ph. plumosa etiam in Amer.
sept. australiore. — Ph. stellaris var. obsessa (Mnt.), in Amer.
calida.
Parmaria.
P. lurida quoque adest in Nova Anglia (est Parm. Russellii
Tuck. Syn. p. 35).— Addenda : P. leucosticta Tuck., in Amer.
sept. vulgaris.
Erioderma.
E. unguigerum (Peltidea glaucescens Tayl.), in ins. S. Helenæ.
— Æ. polycarpumn, etiam in Cuba.
Placodiunomn.
PI. eugyrum Tuck., in Texas.
Lecanora.
L. diphasia Tuck., in Texas. — Addenda ad L. cineream
var. obscurata (Fr. L. S. 343), in Suecia, Gallia. — ZL. macro-
phthalma (Tayl. sub Urceol.), in Terra Kerguelen. — L. phwo-
phthalma Ny1. in hb. Lenorm., in Taïti, affin. præcedenti.— L.
cinereovirens Eschw., in Amer. mer. tropica.— L. Ascociscana
Tuck., in Nova Anglia, forte var. sophodis.
Urceolaria.
U. actinostoma quoque in Nova Anglia.
Pertusaria.
P. pilulifera var. punctella Ny1., in Nova Anglia. — P. pu-
stulata var schizostoma Nyl., ibid. — P. rhexostoma Nyl., in
Amer. sept. — P. leioplaca var. marginata Nyl., in Carolina.
Æhelsirema.
Th. granulosum Tuck., in Louisiana. — Th. diplotrema Ny1.,
in ins. Borbonia. — Th. compunctum var. glaucescens Ny]., in
Louisiana. — Th. leucocarpum Nyl., in Venezuela.
SUPPLÉMENT. 537
Lecidena.
L. subepulotica Ny1., in Nova Anglia. — £. hyalina Hepp,
in Bavaria. — L. sublurida Nyl. in hb. Carroll, in Hibernia. —
EL. glaucolepidea Ny1., in Hibernia.— L. Halei (Tuck. sub Pan-
naria), in Louisiana. — L. Elizæ Tuck., in Amer. sept. — L.
cinerascens Nyl., in Amer. mer. trop. (Lepr. Guyan. 212). —Z.
leucoblephara Nyl., in Carolina. — L. crystallifera Tayl., in
Nova Hollandia. — L. rimicola et atro-pallens Nyl., in Pyre-
næis. — L. leptospora Nyl., in Vogesis. — L. fuliginata Nyl.,
ad Parisios. — L. turgescens Nyl., in Nova Anglia. — L. rhexo-
blephara Nyl., in ins. Fret. Behring. — L. recedens Nyl., in
Carolina. — L. orygmæa (Del. sub Endocarpo), parasita in Sé.
D'Urvillei, ad Fret. Magellan.— L. cladoniaria Nyl., in Gallia
occid. — Omissa L.3-septata Hepp, in Java.
Graplhis.
Gr. erumpens Nyl., in Carolina.— Gr. leprocarpa Nyl., in
Louisiana.
Leucograpla, nov. gen.
L. astræa (Tuck. sub Graphide), in Carolina.
Opegraplha.
O. myriocarpa Tuck., in Nova Anglia.
AwthoniAa.
A. pyrrhula Ny1., in Carolina.— 4. glaucescens Nyl., ibid.—
A.cinereo-pruinosa et ramosula etiam in Am. sept.— A. stictoi-
des, in Corsica, ad caules Achiileæ ligusticæ (ex hb. Lév.). —
A. diffjusa Nyl., in Nova Anglia. — 4. lecideella Nyl., ibid.
Schizographa. 4
Sch. altenuata etiam ad Myrtos in Corsica (ex. hb. Lév.).
Endocarpon.
E. Manitense Tuck., in Amer. sept.
Verrucaria.
V. diffractella Ny1., in Nova Anglia. — V. hyalospora Nyl.,
in Nova Anglia. — VW. subprostans Nyl., in Carolina. — Y.
Taylori Cavr., in Hibernia. — Omissæ : V. mucosa Ach., in
Scandinavia et ad Cherbourg (vide Nyl. Expos. Pyrenoc. p. 28).
— V. cæsia Nyl., in Gallia et Bavaria.
Sarcopyremia.
S. gibba (olim sub Verrucaria, Enum. p.137, vide Nyl.
Expos. Pyrenoc. p. 56).
558 . ÉNUMÉRATION DES LICHENS.
APPENDICE 11.
COLLEMA DECIPIENS Var. DIFFUSUM. — Thallus niger
opacus effusus, quasi arcolato-diffractus areolis rugosis ,
conliguis vel disjunetis (faciei prope « Collemalis nigri »
Ach.); apothecia fuscorufa vel fere nigricantia innala,
latit. cirea 0,5 millim.; spor æ ellipsoideæ simplices, longit.
0,012-14, cet ARTE 0,C008-0,010 millim. Gelatina hymenea iedo
œrulescens, protoplasma thecarum vinose rubens. — Ad saxa
Ep area prope Moret (ipse); in Franconia (Arnold). Thallus
nuila offert elementa filamentosa ; granulun gonidiaie singu-
lum vel sæpius 2-7 in quoyvis 2lobule gelatinæ (halli.
LEPTOGIUXH :MICROPHYLEOIDES, — Lhallus sordide cinerec-
vivescens tenuissimus, granulosus, grapulis minutis subglobosis
contiguis vel sæpe discretis: à HA ecia parva pallide testacea,
epithecio cencaviusculo, margine supra concolore; sporæ
cllipsoideæ ëS-septatæ et adhue longitudinaliter divisæ vel
murali-divisæ, lonzit. 0,021-22, crassit. 0,010-0,0103 millim.
— Ad lignum salicis putrescens ad Nevers (ex kb. Lév.). Facie
est quodammodo Collematis microphylli mazrioris.
LECIDEA ATRO-PALLEXS. — Thallus pallide cervinus
rhagadiose rimosus vel areolato-diffraetus , sæpius opacus,
areolis contiguis modo rimis nigricantibus separatis, passim
tenuissime aibo-suffusis, ambitu fere efiguratus; a pothecia
atra opaca inter areolas innata, vix prominentia, plana, margi-
nata, sæpe aagulosa ARS muiua), intus médio cinera-
scentia ; sp r æ ineolores cilipsoideæ noté :°s, Jongit. 0,009,
crassit. 0,005 illims — Ïnsigniset forte specie ab sire-brust
ones — (De Z. rimicola videsNyl: Prod». p: 134).
LECIDEA LEprosPORA Nvl. in Bb. Moug. — Th ee macula
aiba vel albicante indeterminata indieatus, (gonidiis hypoxyleis
passim distinctis); apothecia nigra vel fusco-nigra, opaca,
fere mediocria (latit. circa 0,6 millim.), demum prominula ,
planiuseuia, tenuiter marginala, intus concolora, ‘solum hyme-
nio sec!tione Cinerascenies sporæ 16-32 vel plures in thecis,
He simyplices, oblongo- cylinüraceæ, longit. 0,006-8, cras-
sit. 0,092 mi im. paraphyses crass® at non diseretæ, Hypothes
cium erasse fusco-nigrum. Gelatina hymenca iodo cœrulescens.
— Ad lignum abietinum in Vogesis (Dr Mougeot), faciie dignota
sports tenellis subbacillaribus et solito pluribus in ee a singula.
Variaf macula {hallina vires2cate, cpitheelo palleseente (var
virestens).
no bottes.
SUPPLÉMENT. 339
LECIDEA FULIGINATA Nyl. in Mus. Paris. — Similis
Lecideæ stigmateæ, sed th allo tenui opaco nigro, minute gra-
nuloso-areolato, fere furfuraceo, effuso; apothecia rigra vel
fusconigra rugulosa, intus alba; sporæ longit. 0,013-20,
crassit. 0,006-0,0075 millim., paraphyses mediocres articulatæ,
apice crasse fusco-clavatæ.
LECIDEA CLADONIARIA Nyl. in hb. Thur. — Apothecia
nigra minuta, (latit. 0,15—0,20 millim.), opaca parum promi-
nula, rugosula, intus obscura vel concolora; sporæ 81® inco-
lores (anne aliquando normaliter fuscæ ?) oblongæ, longit. 0,010,
crassit. 0,0035 millim., paraphyses mediocres, hypothecium
etiam infra tenuiuseule nigricans. Gelatina hymenea iodo eœ-
rulescens, dein sordide tinefa. — Supra Cladoniam uncialem,
quam deformat et verrucose rugosam reddit (inde var. abortiva
dieta a divo Delise), lecta ad Mortain. Apothecia satis erehv-
ANALYSE
DES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ,
(ANNÉE 1897.)
sd 6 ———
Séance du 42 janvier 1887.
CHiMiE ORGANIQUE. — Analyse d’un sédiment d'urine.
M. Besnou entretient la Société d’une recherche qu'il a
eu occasion de faire sur un sédiment d'urine qui lui à
élé remis comme provenant d’un malade atteint de diabète
ou d’albuminurie ; ce sédiment était grenu, rugueux au
toucher, d’une couleur jaune chamois. Essayé au chalu-
meau, il éprouva facilement la fusion, et, en brülant, il
répandait l’odeur spéciale de l'acide urique. Le résidu
terreux par la fusion ignée, donnait, en sc refroidissant, la
perle blanc mat que fournit le plushabituellement le phos-
phate ammoniaco-magnésien; cependant ce résidu, repris
par l’eau distillée, communiqua à ce liquide une alcalinité
prononcée. Était-elle due à la présence d’un urate soluble?
L'analyse par la voie humide lui a donné des résultats
d'où l’auteur a déduit la composition suivante en nom-
bre ronds : acide urique, 94; albumine mêlée de mucus,
2; phosphate de soude, en notable proportion; chlorure
de sodium, traces; phosphate ammoniaco-magnésien, 4.
L'absence des sels de chaux et des sulfates, et la petite
DE LA SOCIÉTÉ. 541
proportion de chlorure est assez remarquable, tandis que le
phosphate de soude y était en quantité fort notable, S'y
trouvait-il à l'état de phosphate double ou triple avec son
congénère le phosphate ammoniaco -magnésien”? C’est ce que
les quelques centigrammes que l’auteur possédait, ne lui
ont pas permis de songer à examiner.
MÉcaNIQUE ATPLIQUÉE. — Navigation sous-marine. —
M. le docteur Payerne lit un mémoire qui indique les
préoccupations et la faveur dont les pyroscaphes sous-ma-
rins sont actuellement l’objet en Angleterre, en Espagne,
en Autriche, en Russie, partout, en un mot, excepté en
France. Ilindique d’une manière circonstanciée la provenance
des plans, d'après lesquels on a construit le batcau sous-
marin qui a été vu par les expédilionnaires de la campagne
dans la Baltique. Il explique pourquoi le bateau était
inaple à la guerre sous-marine, Le moyen de produire la
vapeur à l’aide d’un foyer sans courant d'air, précédemment
inconnu aux Russes, vient de leur être révélé. En parlant
des services que rend le bateau plongeur, M. Payerne
annonce la construction prochaine d’un nouvel appareil,
qu'il nomme cloche hydraulique, et dont l'emploi plus géné-
ral, améliorera la condition des (travaux auxquels on l’appli-
quera. L'auteur démontre notamment qu’à l’aide de cette
cioche la fermeture d’un port par des jetées élargies en
quais d'embarquement ne coûterait, dans le cas déterminé,
que 0,60 du prix de revient du même ouvrage obtenu par
les procédés usuels ; que la fermeture serait construite avec
plus de régularité, plus de solidité, et qu’elle exposerait à
moins d'accidents. (Voir p. 70).
GÉOLOGIE. — M. Bonnissent présente un travail intitulé:
Notes sur le gisement de quelques roches du département de
la Manche ; ce travail est inséré dans le 4° vol. des mémoi-
res de la Société, p. 281.
O1
ES
19
ANALYSE DES TRAVAUX
Séance du 9 février 4857.
CHimie APPLIQUÉE — Analyse des cuivres employés au
doublage des navires. — M. Besnou présente à la Société
quelques observations à l’occasion d’une analyse qu'il à
faite récemment d’un cuivre rouge provenant d’un des
bâtiments de l’escadre russe sous les ordres de lamiral
Behrens. Il rappelle que, depuis nombre d'années, il a été
appelé très souvent à examiner l’état Ce pureté des cuivres
destinés au doublage des navires. Presque constamment,
ces cuivres ne contenaient que de très faibles quantités de
métaux étrangers, étain, plomb, zinc, fer, et surtout un
peu d’arsenic, mois toujours dans des proportions minimes,
et n’atteignant que rarement À 0/0. Parmi ces cuivres, les
uns résistaient plusieurs années à l’action corrosive de l’eau
de la mer; les autres, au contraire, au bout d’un à deux
ans, étaient profondément endommagés; et chose remar-
quable, c'est qu’au lieu d’être superficielle et régulière,
celle corrosion est souvent partielle et profonde, de sorte que
la feuille est criblée de trous plus ou moins nombreux ct
petits, qui bientôt s’élargissent, tandis que certaines par-
ties semblent relativement épargnées. L'examen qu'il vient
de faire d’un cuivre provenant du doublage d’un des na-
vires russes, lui a permis de constater la pureté presque
absolue de ce métal. C’est avec peine qu’il est parvenu à
obtenir des taches très minces et très petites, simulant Par-
senic, avec une liqueur provenant de 20 grammes de
cuivre. Ïl n’y avait pas non plus de traces bien sensibles
d'étain, de zinc, de plomb et de fer. Ce cuivre était
d’une belle couleur rouge un peu orange, grenu à la sur-
face, très flexible, non élastique, lorsqu'on le ployait modé-
rément(;, il était, conséquemment, difficile -à rompre. Il
parait que ce cuivre était appliqué depuis 4 ans, et qu'il
PTT
CU
DE LA SOCIÉTÉ. DA:
n’avail pas éprouvé une altération bien profonde. Il s'était
usé réguliérement sur toute la surface ct n’était point cri-
blé de trous. Le cuivre français, quia été soumis à un
examen comparatif, ne contenait également qu'une faible
quantité de métaux étrangers, quelques millièmes au plus
d’étain ou de zinc: il donnait cependant avce netteté des
taches arsenicales parfaitement caractérisées. Au lieu
d’avoir l'aspect grenu de celui de Russie, sa surface était
lisse; il résistait bien davantage à la flexion; ?| Jjouissait
d’une élasticité assez notable et de plus de dureté, de rai-
deur, ainsi que cela a lieu lorsque le métal à été écroui ou
battu. L'on scrait donc tenté d'admettre de prime abord
que c’est à la présence des métaux étrangers qu’on devrait
rapporter cette énorme différence dans l’état physique de
ces cuivres.
Si l’arsenie, l'étain, le zine, le plomb, ete., sort suscep-
tibles de communiquer la dureté au euivre, de nuire à son
passage au laminoir ou à la filière, ce ne saurait être à des
doses aussi minimes, à moins de vouloir obtenir des fils ou
des feuilles extrémement minces, mais non pas des feuilles à
doublage; car alors les bronzes, les laitons, le chrysocale,
le maillechort, et autres alliages analogues, dans lesquels
ces métaux entrent cn proportions souvent élevées, ne
devraient plus être susceptibles des opérations de laminage
ou tréfilerie ; l'expérience apprend le contraire. On fabri-
que en effet des bronzes qui sont également destinés au
doublage desnavires: ces bronzes résistent parfois 7,8 etmême
10 ans, et la même altération se produit sur certains bronzes,
ainsique l’a constaté l’an de nos correspondants, M. Bobière,
de Nantes, dans la brochure qu'il a publiée en 1855. Ce
savant admet que celte altération est due à une inégale
répartition de Pétain dans les bronzes, surtout quand la dose
est trop faible; tandis que si la proportion d’étain est de 4
D44 ANALYSE DES TRAVAUX
à 5 p. 0/0, il se forme un alliage de composition identique
dans toutes ses parties, en relations presque atomiques sans
doute, dont la durée semblerait devoir être constamment le
plus prolongée, et atteindre 7, 8 et 40 ans. Il admet, en
outre, que la présence du zinc est susceptible d'améliorer
les bronzes à doublage, en favorisant la répartition de lélé-
ment positif (l’étain) dans la masse métallique. Cette opi-
nion, qui est basée sur de nombreuses analyses faites avec
tout le soin et le talent possibles, n’est point complètement
partagée par M. Besnou. Il ne croit pas devoir admettre que
ce soit à une inégale répartition des quelques millièmes de
métaux étrangers, que soit due la destruction rapide de cer-
tains cuivres. Selon lui, la présence de ces métaux est sus-
ceptible d’influer sur la durée, mais non pas d’une manière
absolument directe. Dans le cas dont il s’agit, on est tenté
de se demander si la conservation du doublage russe ne
provient pas de ce que pendant la guerre, le bâtiment a
séjourné dans la Baltique, dont la salure est bien moins
considérable. Certes, cela a pu exercer une notable influ-
ence ; mais cela ne peut expliquer les différences énormes
observées sur certaines parties du doublage d’un même
navire. Si c'était dû à une différence dans le degré de
salure de l’eau de mer, l’usure pourrait être plus ou moins
promple; mais alors l’altération serait régulière dans sa
marche; tandis que, le plus souvent, on voit que l'oxydation
n’est pas régulière, que l’épaisseur ne diminue pas propor-
tionnellement et uniformément, comme cela aurait lieu si
l’on avait affaire à une dissolution purement chimique; ce
qui serait, à son sens, une circonstance des plus favorables.
M. Besnou pense que l'influence des métaux étrangers,
d’un peu d’oxydule de cuivre, d’un peu de soufre parfois,
peut être réelle en ce que leur présence, surtout celle de
larsenic, rend le cuivre plus aigre, plus dur, et qu’alors le
DE LA SOCIÉTÉ. DAS
laminage exige plus de force, plus de difficulté, plus de
pression, ce qui peut déranger l'état moléculaire, l'enchevé-
trement, à bien dire, des fibres métalliques, le rendre moins
parfait ; et alors ces métaux agiraient à la facon des quel-
ques millièmes de charbon, de soufre, de phosphore, dans
les aciers, le fer et la fonte. Il faudrait alors employer dans
un temps donné, une plus grande force pour arriver au
même degré d'épaisseur; c’est ce qui peut bien avoir licu,
aujourd’hui que l’industrie cherche à fabriquer vite, écono-
miquement, plutôt que toujours soutenir une concurrence
d'émulation pour bien faire. Dans ce cas, il ÿ a des bour-
souflures, des paillettes et autres vices de fabrication, que
le poli de la surface empêche de bien apercevoir. Le cuivre
russe, au contraire, présente un laminage quisemble moins
parfait à la vue. H' n’est pas lisse, ne semble pas écroui; il
annonce un laminage exécuté moins promptement ct opéré
à l’aide de recuits nombreux, ce qui le rend plus doux, plus
flexible, et conséquemment il doit offrir moins des défauts
qu’il a signalés, que tendrait à rendre bien plus nombreux le
laminage fait à froid et sans recuits. D’après M. Besnou, le
mode de fabrication actuellement suivi serait donc une des
principales causes de l’infériorité des cuivres à doublage
français. Sans oser se prononcer sur l’influence que peut
exercer le zinc, au lieu de Pétain, dans la fabrication des
alliages pour doublage, et s'appuyant sur les observations
journalières que l’on peut faire sur le peu d’oxydabilité du
cuivre jaune ou laiton, comparativement à celle du cuivre
rouge, M. Besnou pense qu’il y aurait à espérer autant de
durée avec des doublages en planches de laiton, qu'avec le
cuivre rouge ou le bronze : et cette substitution procurerait
une grande économie à la marine de l’État et du commerce.
Aussi serait-il à désirer que des expériences, suivies
sérieusement, fussent faites à cet égard par des personnes
o46 ANALYSE DES TRAVAUX
intéressées, mais après s'être assurées de la nature de l’al-
liage, de là proportion des éléments constitutifs et de sa
bonne fabrication.
PuysiQue. — Force portante et aspirante des électro-
aimants. —M, Th. du Moncel adresse à la Société une série
d'expériences sur l’action dynamique des électro-aimants,
expériences qui conduisent l’auteur aux conclusions sui-
vantes : Quand on veut obtenir d’un électro-aimant une
attraction à grande distance, il faut multiplier les éléments
de la pile et le nombre des spires de l’hélice magnétisante.
Cette conséquence prouve une chose dont personne jusqu'ici
n'avait tenu compte: c'est que siles considérations de force
des électro-aimants, que M. du Moncel a longuement dis-
cutées dans son exposé des applications de l'électricité, enga-
gent à enroulcr peu de fil sur chaque fer d’électro-aimant
et à le répartir sur plusieurs électro-aimants, on perd à cette
disposition, sous le rapport de la force aspirante à distance.
C'est done une nouvelle considération qui doit entrer en
ligne de compte dans la détermination de la longueur et de
la grosseur da fil à enrouler sur les électro-aimants. Quant
à la cause des phénomènes curieux que présentent les for-
ces aspirantes et portantes des aimants, M. du Moncel rap-
pelle lPexplication qu’en a récemment donnée M. L.-L.
Fleury, explication uniquement basée sur la distribation
du magnétisme dans les aimants.
M. du Moncel adresse également à la Société la descrip-
tion de nouveaux perfectionnements qu’il a apportes à son
mesureur électrique à distance.
Séance du 9 mars 1857.
ORNiTHoLOGIE. — M. le D' Payerne donne lecture d’une
Note pour servir à la Nosographie des Pigeons.—«Silon ju-
DE LA SOCIÉTÉ, 347
SAN li k nionr: dacmalanñrsce doc niooaï AP CN A;
geail, dit l'auteur, des maiauies des pigeons par ce qu'en dit
Buffon, et après lui ur auteur modeste, M. Bois
,
observations portentle cachet de la bonne foi, où envicraitle
sort de ces oiseaux, qui auraient le privilège de n'être
sujets qu'à un nombre très limité d'accidents pathologiques,
dont voici la nomenclature : larnue, la fausse mue, la diar-
rhée, le polype, l’avalure, la goutte, l’apoplexie, le râle,
l’indigestion, l’épilepsie, le chancre, la petite vérole, l'asthme
el les vers. Mais d’une part, ces affections que M. Bois
paraît considérer comme primitives dans l'espèce, ne sont
pour Ja plupart que des symptômes d’autres maladies
dont il n’indique pas lexistence; et d'autre part, la liste
qu'on vient de lire est loin de remplir le cadre nosologique
des êtres dont il est ici question. Mes observationssur cette
matière ne datent que de 1852. Elles se bornent à dix
couples et à leur filiation. Elles ont été vérifiées par l’an-
topsie lorsqu'il s’est agi de maladies organiques. Si limité
que soit ce champ d’études, il à sufli pour me convaincre
que le pigeon est sujet à l’encéphalite, à la gastrite, à l’enté-
rite, aux affections du poumon, du foie, à l’ascite, aux'rhu-
matismes, aux scrofules, à la paralysie et aux suites de ces
divers cas pathologiques, notamment aux aberrations d’ins-
tinct, dont je cilerai un exemple à la fin de cette notice,
Quoique le pigeon adulte ne soit pas à Pabri des affections
que je viens d’énumérer, il est loin de payer un tribut aussi
large que les élèves de un à trente jours. C’est surtout de
la fin du premier seplenaire au commencement du qua-
trième, que les pigeonneaux contractent, surtout en hiver,
les maladies qui leur sont si souvent funestes. Ces acci-
dents s'expliquent quand on sait que, dès la fin du premier
septenaire, les parents abandonnent le nid à intervalles de
plus en plus répétés et de plus en plus longs, pour s'occu-
per des soins à donner à une nouvelle progéniture. Dans
548 ANALYSE DES TRAVAUX
les heurcs d'abandon, les petits sont saisis par le froid et
contractent des rhumatismes, des bronchites, et plus souvent
qu'on ne le supposerait, des hépalites. La paralysie et
l'épilepsie succèdent assez souvent à l’encéphalite causée
elle-même par la sastro-entérite. Comme je n’ai pas l'in-
tention de faire ici un traité médical, mais seulement d’ap-
peler la sagacité des ornithologistes sur un point jusqu'ici
trop négligé, je n’entrerai dans aucuns détails descriptifs, et
me bornerai au simple énoncé qui précède. — Toutefois, en
raison de sa singularité, je citerai un fait pathologique,
dont la cause primordiale fut une hépatite bénigne, et la
cause secondaire une réaction de l'hépatite sur l'encéphale.
J'ai rendu témoins de ce fait quelques amateurs de pigeons,
qui, tous, n’ont assuré n'avoir jamais observé de cas ana-
logue dans leur volière. Il s’agit d’un sujet mâle qui
m'avait été donné tout jeune et bien portant, et qui, dès
l’âge de deux mois et demi, commença à subir les atteintes
de Paffection mentale dont je vais tracer les symptômes les
plus saillants. Ce jeune pigeon s’imaginait, je le suppose,
qu’une femelle lui présentait son bec pour le solliciter à
d’affectueuses caresses. Ce qui me porte à admettre cette
supposition, c’est qu'il paraissait chercher le bec de la com-
pagne supposée qu’il croyait près de lui, et comme il ne sai-
sissait rien de matériel, à chaque tentative il faisait un pas
en avant, jusqu’à ce qu'il fût arrêté dans sa marche par quel- :
que obstace, qui ne mettait pas toujours fin à ses hailucina-
tions. J’espérais que cette singulière maladie céderait à la
possession d’une compagne réelle, que les circonstances ne
m'ont permis de lui donner que lorsqu'il eut atteint l’âge de
cinq mois. Cet espoir ne s’est pas réalisé. Tandis qu'il se
trouvait en proie aux effets de son imagination, s’il arrivait
que sa compagne effective vint le solliciter à son tour, il ne
l’apercevait même pas, et il passait insensible devant la réa-
DE LA SOCIÉTÉ. 549
lité, pour poursuivre une ombre toujours insaisissable. Enfin,
il est mort victime d'une dernière hallucination, durant
laquelle il a succombé sous la griffe d’un chat, dont il ne
s'était pas méfié.»
Géocraræie. — M. de Lapparent, chargé à la dernière
séance d'examiner un travail relatif à lexisteuce probable
d’unnouveau passage praticable, au moins perdant une
partie de l’année, au Nord de Amérique, présenté par M.
Georgette du Buisson, lieutenant de vaisseau, fait son rap-
port sur ce mémoire intéressant. Dans ce rapport, M. de
Lapparent discute les raisons invoquées par l’auteur en fa-
veur de l’existence de ce passage, el la marche à suivre
pour le découvrir, marche entièrement opposée à celles
qu'ont suivies jusqu'ici les explorateurs des régions arcti-
ques. M. de Lapparent termine son rapport en proposant
à la Société d'admettre M. Georgette du Buisson au
nombre de ses membres titulaires. Ses conclusions sont
adoptées.
EnromoLoGiE. — M. le D'. Guiffard fait uu rapportsur une
nolice, présentée à la séance du 9 février dernier, par M.
Eyriès, officier d’infanterie de marine. Cette notice concerne
l'histoire naturelle du Æorpho idomeneus, lun des plus
intéressants lépidoptères de la Guyane. M. Guiffard propose
à la Société d'admettre au nombre de ses membres titu-
laires l’auteur de cetravail, aussi remarquable au point de
vue scientifique qu'attrayant sous le rapport littéraire.
PaysiQue pu GLOBE. — M. Liais adresse à la Société la
description d’un appareil destiné à puiser de l’eau de mer à
une profondeur connue, pour en étudier la salure et la den-
sité. (Ce mémoire est inséré dans le 4° volume des Mémoi-
res de la Société, p. 289).
390 ANALYSE DES TRAVAUX
Séance du 13 avril 1857.
CHIMIE APPLIQUÉE. — Analyse d’un quano.—— Au moment
où plusieurs journaux du département de la Manche an-
noncent la vente de guanos garantis de première qualité,
M. Besnou rappelle qu'il en examina, pour la première fois
il ya plus de vingt ans, une sorte qui avait élé adressée
par le gouvernement comme provenant du Pérou. Elle
contenait, au plus 2 à 53 0/0 de sable, 29 à 50 0/0 de
phosphate de chaux, 4 à 5 0/0 de sels solubles à l'eau à
bases de potasse, de soude, d'ammoniaque (chlorures ct sul-
fates), et 54 à 55 0/0 de matière organique, riche en acide
urique; le reste en humidité, Ce guano donna à Panalyse ul-
time plus de 48 0/0 d’azote. Depuis cette époque, M. Besnou
a eu l’occasion de répéter cet essai sur un autre guano qu'on
lui remit également comme provenant du Pérou. L'analyse,
en effet, donna des nombres assez concordants avec ceux
qui précèdent. — Tout récemment, un de ses amis l’a prié
d'examiner un échantillon qu'il avait reçu comme guano du
Pérou très pur et de première qualité. L'analyse, qui diffère
très notablement des deux qui précèdent, lui a donné pour
résultat approxinialif ;
Humidité, 6,25
Résidu siliceux (sable), 47,20
Sels solubles à Peau, 3,99
Matière organique, 53,00
Phosphate de chaux mélé de carbonate, 58,00
100,00
L'analyse ultime n’a pas donné 10 0/0 d'azote.
Evidemment, ce guano, si on le compare aux deux pre-
miers, ne saurait être considéré, sinon comme ayant une
même origine, du moins comme ayant une même valeur
\
DE LA SOCIÉTÉ. 591
agricole. I ne représente, en effet, que 60 à 65 p. 0/0 de
la richesse des premiers. H devient done important pour
l'acheteur de connaître la valeur réelle du guano qu'on lui
livre, et pour le vendeur d’en faire connaître la composition
exacte, afin d'éviter aux deux intéressés des débats qui con-
duisent en définitive à une pertét réelle, mêine pour le
gagna,
CHiMIE APPLIQUÉE, — Analyse du minerai de fer de Hain-
neville. — M. Besnou fait part à la Société de l'examen qu'il
a fait, il y a environ un an, d'un minerai de ferrolignite
trouvé à Haincville, près la Lande-Misère. Ce minerai, peu
hydraté, lui semblerait être une sorte d'hématite schisteuse,
dont l'oxyde ferrique serait intimement combiné aux élé-
ments silico-argileux da schiste vert au milieu duquel il est
enclavé. Les acides les plus énergiques, notamment Pacide
chlorhydrique, qui dissout la limonite de Sauxmesnil avec
beaucoup de promptitude, el attaque assez vigoureusement
le fer oxydé magnétique de Diélette, n'agit qu'avec difficaité
sur le minerai de Hainneville, Cette résistance à la décom-
position justifie Fopinion de l'auteur et la classification qu'il
semble en faire dans les schistes très ferrifères, Ce mincrai
est complétement exempt de soufre, de phosphore et d’ar-
senic; il devrait donc donner un fer d'excellente qualité,
mais la combinaison intime qu'il signale lui semble devoir
en rendre l'exploitation industricle difficile et peu profi-
table, surtout si l’on réfléchit qu'il ne saurait faire concur-
rence en ce moment aux minerais de Diélette, de Saux-
mesnil, de la Picrre-Buttée, qui sont très riches en fer, très
faciles à réduire, et sont également exempts d'éléments
phosphorés, sulfurés ct arseniqués.
L'analyse lui a donné, pour les minerais de Sauxmesnil,
de 70 à 98 0/0 d'oxyde de fer, et 50 seulément 0/0 de ré-
sidu insoluble aux acides. Le minerai de PDiélette contient
352 ANALYSE DES TRAVAUX
de 80 à 85 0/0 d'oxyde de fer magnétique, et de 25 à 20 0/0
de résidu sableux. L’échantillon de Haïinneville, sur lequel
M. Besnou a opéré, était choisi et devait être classé parmi
les plus riches en fer; il lui a donné les résultats qui suivent :
Oxyde ferrique, 64,75
Résida siliceux insoluble, 29,90
Alumine. 4,95
Eau de combinaison, 3,05
Perte. 0,55
100,00
PaysiOLOGIE VÉGÉTALE. — M. Thuret lit à la Société un
mémoire contenant l'exposé de ses recherches sur la forma-
tion de la membrane qui recouvre les spores des fucacées.
(Impr. dans ce volume, p. à.)
Séance du 19 mai 1857.
BOTANIQUE. — M. Bertrand Lachënée signale à Cher-
bourg l’Anagallis carnea Schrank, dans les champs du litto-
ral; le Lamium amplexicaule L., dans le chantier Chante-
reyne; le Frifolium maritimum Huds., sur les glacis du port
militaire, entre les fossés et la mer. Il a trouvé aussi dans
les environs de l'hôpital de la marine, la var. decipiens Koch
du Lamium purpureum L.
MÉTÉOROLOGIE. — M. Liais adresse à la Société la des-
cription d’un bolide observé le 42 décembre 1851 à Cher-
bourg et à Paris, suivie d'observations sur la détermination
de la trajectoire des bolides. (Ce travail est inséré dans le
4° volume des mémoires de la Société, p. 504.)
PaysiQue arPLIQUÉE. — M, Th. du Moncel donne quel-
ques indications sur un nouveau système pour accroître la
force aspirante des électro-aimants dans les appareils télé-
DE LA SOCIÉTÉ. 229
graphiques et autres appliquées dans le but d'obtenir des
réactions électro-mécaniques. Ge système consiste dans l’ad-
dition d’un aimant persistant agissant sur l’armature des
électro-aimants dans un sens qui ne contrarie pas l'attraction
de ceux-ci. (L’explication de ce système a été publiée dans
le journal La Science.)
CHIMIE APPLIQUÉE. — Cal des chaudières à vapeur. —
L'an dernier, M. Verjus, mécanicien au port, annonça à
la Société les heureux effets que produisait l'emploi du sel
de soude (sel des savonniers) pour empécher la formation du
cal dans les chaudières à vapeur alimentées par l’eau douce.
Ce procédé a été on ne peut plus satisfaisant. Depuis une
année d'usage “continuel, les chaudières ont été exemptes
de dépôt et dans un très grand état de propreté. Ces résultats
importants sont relatés dans une lettre de M. Verjus adressée
à la Société. Après la lecture de cette lettre, M. Besnou
annonce à la Société qu’il a reconnu, par expérience directe,
que l’ébullition du cal des* chaudières à vapeur avec une
dissolution de sel de soude, amène la dissolution de ce cal:
et, à fortiori, le sel de soude doit empêcher la formation du
cal dans les chaudières, ce que l’expérience vérifie.
Séance du 8 juin 1857.
CHIMIE APPLIQUÉE. — Cal des chaudières à vapeur. —
M. Kuhlmann, de Lille, adresse à la Société une lettre dans
laquelle il réclame la priorité de l'emploi des carbonates al-
calins pour éviter l’incrustation des chaudières à vapeur.
M. Besnou appelle l'attention toute spéciale de la Société
sur celte réclamation, et fait observer qu’il ignorait complé-
ment ces travaux de M. Kublmann, lorsqu'il a indiqué le
carbonate de soude comme pouvant empêcher les dépôts
terreux et salins dans les chaudières à vapeur; mais il fait
23
234 ANALYSE DES TRAVAUX
remarquer que l'explication que donne l’illustre chimiste de
Lille est bien différente de celle qu'il a développée devant
la Société. Il saisit cette circonstance pour informer la So-
ciété qu'il a eu occasion de vérifier l’action avantageuse que
produit le carbonate sodique en agissant sur le cal lui-même.
L'ébullition de ce cal avec le sel alcalin donne lieu à sa
désagrégation, à la formation d’un savon soluble et à la
précipitation d’un dépôt pulvérulent, très divisé et sans
cohésion.
GÉOLOGIE. — M. Bonnissent adresse la première partie
d’un Mémoire ayant pour titre : Essai géologique sur le dé-
partement de la Manche.
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. — MM. Besnou ct Bertrand La-
chênée présentent à la Société le Gaudinia fragilis P. de
Beauv., qu'ils ont trouvé parfaitement spontané à Cher-
bourg, dans la plaine du port militaire. MM. Jardin et Ber-
trand Lachénée ont recueilli POrobanche rapum Thuill., à
Virandeville, dans le vallon de‘la Beslière ; cette espèce y
croit sur les racines de l’Ulex europœus L. Ils ont aussiob-
servé dans les lieux incultes de Chantereyne une plante qui
n'avait pas encore été trouvée à Cherbourg, et qui n'avait
encore été vue que dans le sud-ouest de son arrondisse-
menti : le Centaurea calcitrapa L.
PHARMACIE CHIMIQUE. — Préparation de la dextrine. —
M. Besnou fait savoir à la Société que plusieurs médecins
se plaignent souvent de la mauvaise qualité de certaines
dextrines du commerce destinées aux usages chirurgicaux.
Il indique le moyen de préparer avec économie, dans toutes
les pharmacies, ce produit si utile dans les graves accidents
qui réclament son emploi. Il fait ressortir l'inconvénient de
demander à la drogucrie cet agent, appelé à rendre des ser-
vices signalés quand il est de bonne qualité, tandis qu'il
devient inutile et qu'il peut présenter même de graves in-
DE LA SOCIÉTÉ, 355
convénients quand la viscosité et la solubilité laissent à dé-
sirer. Pour l'obtenir, il suffit d’humecter aussi légèrement
que possible de la fécule de pommes de terre avec de l’eau
acidulée avec un à deux millièmes d’acide azotique, de ma-
nière à pouvoir en former des boules de la grosseur d’un
œuf, (Il n'est pas indifférent de substituer l’amidon de fro-
ment ou des autres céréales à la fécule de pomme de terre.)
On laisse sécher à l'air ou à l’étuve ces boules jusqu’à ce
qu’elles soient réduites spontanément en poussière. Cette
fécule nitrique est ensuite desséchée par petites portions,
avec soin, dans une bassine plate en fonte ou en cuivre, à
une température qui ne doit pas dépasser 12° à 15°. Il est
essentiel d’agiter constamment la masse. On chauffe jusqu’à
ce qu'il ne se produise plus de vapeur, ou mieux jusqu’à ce
que la dextrine ail pris une nuance jaune chamois clair. Il
est indispensable de fractionner les doses et de n’opérer que
sur 4 à 500 grammes à la fois : de cette façon, la conduite
de l'opération est facile, et l’on obtient alors une poudre
qui happe fortement à la langue, la dessèche, forme un mu-
cilage gluant et adhésif. Elle a perdu sa saveur primitive-
ment amylacée, qui à fait place à une saveur légèrement
douce et comme sucrée. Délayée avec l’eau, elle doit donner
une pâte à peu près transparente, de couleur de miel jaune,
très gluante, sans aucur.e apparence de granules féculents.
Au lieu de donner, comme la fécule incomplètement trans-
formée en dextrine, une belle et riche couleur bleu vif,
lorsqu’on la traite par la solution d’iode, elle ne contracte
qu'une nuance bleue rougeâtre, bien moins intense. Ces
caractères permettent à eux seuls de reconnaître une dex-
trine bien préparée et susceptible de remplir avec avantage
LES
toutes les indications chirurgicales qui réclament son
emploi. |
556 ANALYSE DES TRAVAUX
Séance du 13 juillet 1857.
MÉCANIQUE APPLIQUÉE. — Sur la production de mouve-
ments uniformes pour les appareils chronographiques.
M. Emm. Liais communique à la Société une nouvelle dis-
position d’ailettes destinées à régulariser la marche des ap-
pareils mis en mouvement par la chute d’un poids. Ces
ailettes se composent de portions de cylindre présentant leur
concavité dans le sens du mouvement. Elles peuvent se fer-
mer de manière à n'offrir de résistance que par leur tranche,
et elles sont naturellement fermées par des ressorts dont on
peut régler la force à volonté. De cette manière, quand l’ap-
pareil se met en marche, les ailettes n’offrent d'abord qu’une
résistance presque nulle, la vitesse augmente donc rapide-
ment jusqu’à ce que la force centrifuge qui tend à ouvrir ces
ailettes fasse équilibre aux ressorts qui les tiennent fermées,
alors les ailettes commencent à s’ouvrir. Or si les ressorts
sont disposés de telle manière que leur tension varie peu
depuis la fermeture jusqu’à l'ouverture totale des ailettes,
on voit qu'il se crée une résistance qui varie dans un
très grand rapport pour un faible accroissement de
vitesse, de sorte que le mouvement ne peut s'éloigner beau-
coup de la régularité. On peut encore obtenir des mouve-
ments constants et uniformes par l'emploi du pendule coni-
que. Un mouvement semblable existe dans le chronographe
de l'Observatoire de Greenwich. I est facile de voir que si
le pendule conique est supporté par une suspension Cardan
et obligé de décrire un cercle de rayon constant, parce que
sa pointe inférieure cst engagée dans une roue horizontale,
et si de plus un pendule ordinaire a sa tige invariablement
fixée au premier axe de la suspension Cardan, disposition
qui existe à Greenwich, le mouvement du pendule ordinaire
a licu (aux termes près du second ordre) en suivant la même
|
DE LA SOCIÉTÉ. 3)7
loi des vitesses que s’il était libre, pendant que le pendule
conique se meul d’un mouvement uniforme. Par cette dis-
position, on voit qu’en entretenant par la chute uniforme
d’un poids le mouvement du pendule conique, en agissant
sur sa roue, on entrelicat en même temps le mouvement du
pendule ordinaire, qui devient ainsi une horloge sans échap-
pement. Les amplitudes sont nécessairement constantes par
construction, mais M. Liais fait voir que ceci, loin d'être
un avantage, est un inconvénient, Car si, par suite des résis-
tances, la vitesse de rotation du pendule conique tend à
varier, il en résultera sur le pendule ordinaire un effet de
même nature que si la gravité avait changé, ce qui, quoique
à amplitude constante, change la durée de Poscillation.
M. Liais remédie à cet inconvénient par une construction
qui permet à l’angle du cône du pendule conique de varier,
et par suite à l'amplitude du pendule ordinaire de changer.
Lors donc que la force augmente, l'amplitude peut augmen-
ter, ce qui tend à détruire l’action due à l'accélération du
moteur. L’analogie avec l'horloge devient alors plus grande.
Cette disposition peut être employée avec grand avantage
toutes les fois qu'une horlorge doit produire un grand tra-
vail, soit pour conduire les papiers d'instruments cenregis-
treurs ou pour mener une machine parallactique ou enfin
pour établir des courants électriques. La variation de l’angle
du cône est obtenue en ce que la pointe du pendule coni-
que au lieu de s'engager dans un rouage est reliée avec une
autre tige par une articulation qui lui permet de tourner en
tous sens, l’autre extrémité de cette seconde tige étant en-
gagée dans une rainure de l’axe de la roue motrice. Au lieu
de cette rainure, il vaut mieux employer une série d’articu-
culations, ce qui donne lieu à moins de frottement.
Au lieu d’axes ou de couteaux pour les suspensions Car-
dan, M. Liais décrit un système de suspension à ressorts
528 ANALYSE DES TRAVAUX
analogue à celui qu’il a employé pour les contrepoids de
l'horloge électrique qu'il a établie à l'Observatoire de Paris.
ÉLECTRICITÉ APFLIQUÉE. — Transmussion électrique de
l'heure par les horloges ordinaires.— M. Liais, après avoir
rappelé à la Société les calculs qu'il a faits antérieurement
sur le mouvement du pendule soumis à l'action de forces
étrangères à la gravité, insiste sur la nécessité dans les appa-
reils à transmission électrique, de faire faire très peu de
travail à l'horloge si on ne veut pas altérer sa marche. En
général, la transmission devra être faite par un moteur spé-
cial qui n’agira pas sur le balancier. Par cette disposition
on pourra arriver à transmettre l'heure par des courants
magnélo-électriques, ce qui est impossible avec quelque
précision en employant dans ce but les mouvements du pen-
dule comme on l’a proposé plusieurs fois. M. Liais décrit
une disposition qui permet d'établir une transmission de ce
genre.
GÉODÉSIE ET PHYSIQUE DU GLOBE. — Sur la verticale. —
Dans un Mémoire lu à une séance publique de la Société
académique de Cherbourg, en octobre 1851, M. Liais a
présenté de nombreuses remarques sur la direction de la
verticale, spécialement relativement à l'influence de la lati-
tude sur la verticale ; il a examiné les conséquences qui
résultent de la courbure de la verticale, courbure qui fait
que les points de même latitude situés dans un même méri-
dien et d'altitude différente,ne sont pas sur une même ligne
droite verticale, De plus, il a fait voir que laplatissement
terrestre a dû aller en diminuant à mesure que le globe s’est
refroidi. Les affaissements du sol ont donc été plus grands
à l'équateur que dans les régions polaires, ce qui s'accorde
avec ce fait que les plus hautes montagnes sont dans les
régions intertropicales. Enfin, il résulte de la courbure des
verticales, qu'il y a une petite réfraction au zénith dans le
Sens du méridien.
DE LA SOCIÉTÉ, 229
M. Liais annonce à la Société qu'il a continué ses
iravaux sur la verlicale, et il examine l'influence de la lune
et du soleil sur la direction du fil à plomb. Par cette influence
très petite, la direction de la verticale peut varier d’un qua-
tre-vingtième de seconde d’arc environ autour de sa posi-
tion moyenne. Sans les trépidations du sol, cette variation
serait facile à constater à laide du niveau interférentiel de
l'auteur. L'influence de la lune et du soleil ne se manifeste
pas seulement sur la direction de la gravité. Elle a lieu aussi
sur l'intensité. Il en doit résulter une période dans le mou-
vement des horloges, mais cette période est excessivement
petite et reste dans les millièmes de seconde. On pourrait
augmenter son effet en employant des pendules très pesants,
dans lesquels l'effet de la gravité serait annulé presque com-
plètement par une autre force constante, parce que les
variations de la force faisant osciller le pendule, ne seraient
plus alors négligeables par rapport à cette force. 11 est très
dificile d'établir mécaniquement une condition semblable.
M. Liais indique cependant une disposition à l’aide de
laquelle une expérience pourrait être tentée. Elle consiste
à faire agir sur le pendule en sens inverse de la gravité
une force provenant d’un ressort très puissant, dont le cen-
tre d'action serait très loin au-dessus du point de suspension
du pendule, de sorte que les forces resteraient sensiblement
parallèles, les oscillations étant d’ailleurs très petites.
Un manomètre à liquide disposé dans la couche de tem-
pérature invariable, et muni d’un appareil interférentiel
pour faire apprécier les moindres variations du niveau,
pourrait également servir à reconnaître les variations de
l'intensité de la gravité.
… ÉLECTRO-CHIMIE ET PHYSIQUE. — Energie électrolytique
des courants d'induction. — M. L. L. Fleury fait la com-
munication suivante : « Si l’on interpose dans le circuit voltaï-
0
360 ANALYSE DES TRAVAUX
que destiné à décomposer l’eau ou un autre corps, un appa-
reil d’induction, l'énergie électrolytique du courant y gagne
beaucoup, mais aussi la dépense de la pile est beaucoup plus
grande. M. Despretz a même démontré récemment par
expérience que l'accroissement de puissance ainsi obtenue
est inférieur à l'augmentation de dépense de la pile, de
sorte que, en réalité, l'intervention de l'appareil inducteur
est nuisible. Ce résultat des expériences de l’illustre physi-
cien est d'autant plus intéressant qu’il est en parfait accord
avec la théorie qui aurait pu le prévoir. En effet, supposons
que l’action du courant soit accrue par l'emploi d’un appa-
reil d’induction mis en jeu par le courant, on aurait là une
force qui se serait augmentée d’elle-même par son emploi,
ce qui est absurde et conduit immédiatement au mouve-
ment perpétuel. Le même raisonnement explique parfaite-
ment l’instantanéité des courants d’induction, car si ces cou-
ran(s étaient permanents et ne se manifestaient pas seule-
ment au commencement et à la fin de l’action inductive,
mais persistaient aussi longtemps que le courant électrique
et magnétique se maintiendrait, on aurait encore là l'exem-
ple d’une force croissant indéfiniment par elle-même, ce
qui nous conduit à l'absurde conséquence ci-dessus
énoncée,
Séance du 10 août 1857.
PHYSIOLOGIE VÉGÉTALE.— M. Thuret présente à la Société
un mémoire sur la reproduction de quelques algues appar-
tenant à la tribu des Nostochinées. (Imprimé dans ce volume,
pe 19.)
ANATOMIE VÉGÉTALE. — M. Ad. Chatin adresse à la
Société un mémoire sur l’anatomie du rhizome, de la tige
et des feuilles des plantes aériennes de l’ordre des Orchidées.
(Imprimé dans ce volume, p. 53.)
|
DE LA SOCIÉTÉ. 561
Botanique. — M. Ed. Jardin présente à la Société la
partie botanique de ses études sur l’histoire naturelle de
l'archipel des Marquises. (Impr. dans ce volume, p. 289.)
TOPOGRAPHIE BOTANIQUE. — M. Bertrand-Lachônée in-
forme la Société qu'il a découvert ; en Juillet dernier, dans
un champ sablonneux, vers Sennecey, le Vicia varia Host.,
plante nouvelle pour la flore de Normandie.
Séance du 14 septembre 1857.
INDUSTRIE. — Cloche hydrauligne. — M. le D' Payerne
lit un mémoire sur la substitution de l'emploi d’une cloche
hydraulique récemment inventée par lui, à emploi de son
bateau plongeur. (Imprimé dans ce volume, p. 70.)
Séance du 5 octobre 1857.
BOTANIQUE. — M. Bertrand-Lachônée annonce à la
Société qu'il a découvert dans l'arrondissement de Cher-
bourg deux plantes fort rares, non encore signalées en
Normandie; l’une est le Fumaria Wirtgeni Koch, trouvé
le 16 août dernier dans les champs à Herqueville; l’autre
est le Polypogon littoralis Sm., rencontré le 6 septembre,
avec le Polyp. monspeliense Desf., dans les endroits maré-
cageux du rivage de Gatteville, entre le Phare et Barfleur.
Séance du 2 novembre 1857.
ÉLECTRICITÉ ET MÉCANIQUE APPLIQUÉES. — !Vouveau sys-
tème d’horloges publiques, par M. L. L. Fleury — Quoi-
que déjà nombreuses, les applications de lélectricité sont
certainement appelées à se multiplier encore. L’horlogerie
publique, en particulier, pourrait changer de face par un
562 ANALYSE DES TRAVAUX
judicieux emploi de l’électro-magnétisme. En effet, la
partie chronométrique de ces appareils serait susceptible de
se remplacer sans difliculté, et avec une grande économie,
par une horloge d'appartement qui, à l’aide d’un compteur
électrique, transmettrait-l’heure au cadran extérieur, avec
toute l’exactitude désirable. Cependant la complication du
système actuel de sonnerie rendrait encore onéreuse pour
beaucoup de communes, l'acquisition d’une horloge publi-
que, s'il n’était pas possible de simplifier ce point impor-
tant. La nouvelle disposition, proposée par l’auteur, ne
comporte qu'un seul appareil, qui sonne et les heures et les
quarts. En voici la description:
Soit un disque ou une rouc qui, à l'aide d’un poids
moteur, lourne autour de son axe dans un plan vertical.
Concevons par la pensée ce disque divisé en secteurs
égaux, sur chacune de ses faces, par dix-neuf rayons.
Sur l’une des faces, que nous désignerons par A, près de
la circonférence, sur les rayons supposés et perpendiculaire-
ment au plan du disque, sont placées dix-neuf chevilles
motrices. Sur la seconde face B. du disque, sont tracés
quatre cercles concentriques entr'eux ainsi qu’au disque lui-
même, et le plus grands possibles. Aux points d'intersec-
tion de ces cercles avec quelques-uns des dix-neuf rayons
précités, sont placées des chevilles d'arrêt perpendiculaires
au plan du disque. Le tableau suivant fait voir le nombre
et la position de ces chevilles d'arrêt.
N° des rayons portant des chevilles d'arrêt.
4° cercle 29.745
Me 65 Ps HE |
FETES 1
A o—- 49
Soit encore une tige tournant sur son axe comme un
arbre de machines, et divisée en quatre parties respective-
DE LA SOCIÉTÉ. 503
ment correspondantes aux quatre cercles de la face B du
disque sur ces quatre divisions de la tige sont réparties iné-
galement douze palettes, qui font avec l’une quelconque
d’entr’elles, prise point de départ, des angles qui sont des
multiples entiers de 30°. Le tableau suivant fait voir facile-
ment les dispositions relatives de ces palettes.
Divisions de la tige Nombredespalettes. Angles respectifs des palettes d'une mème divisicn
1" division. 6 0°, 30°, 60°, 240°, 270°, 300°
Que) ver 4 90°, 120°, 1480°, 210°
ip Lee 1 150°
7'CIRRORTE 1 330°
Revenons maintenant aux chevilles motrices.
Ces dix-neuf chevilles motrices font agir le marteau des
heures, une cheville fait frapper un coup de marteau, et de
plus, pendant que sonnent les quarts compris entre deux
heures consécutives quelconques, il passe trois chevilles
motrices qui, par un procédé convenable, sont sansinfluence
sur le marteau des heures. Ceci bien compris, on voit
qu'après lesheures 1,2,5, 4, 5,6, 7,8,9, 10, 11,12, les che-
villes motrices des rayons n° 4, 9, 15,3, 11, 1,11, 5,15, 9,
4, 19 viennent de passer immédiatement par le point d’un
repère supposé. Or ces rayons sont précisément ceux gui
portent les chevilles d'arrêt de la face B. du disque. A cha-
que heure, l’une des chevilles d'arrêt rencontre une des
palettes de la tige, ce qui fait tourner cette tige de trente
degrés ou, ce qui est la même chose, d’un douzième de la
circonférence, et, par suite, après douze rencontres pareilles,
après douze heures, la tige et le disque sont revenus à leurs
positions initiales. Un second disque, plus petit que le pre-
mier, s’engrène sur celui-ci; il porte un nombre indétermi-
né de chevilles motrices, destinées à faire agir les mar-
teaux des quarts. Il passe dix chevilles du petit disque par
un repère fixe, pendant qu’il n’en passe que trois du grand
264 ANALYSE DES TRAVAUX
disque. Un système d'embrayage et de désembrayage simul-
tanés place le marteau des heures sous l’action des chevil-
les motrices du grand disque et soustrait en même temps
les marteaux des quarts à celle des chevilles du petit dis-
que. Un mouvement inverse produit un effet opposé, c’est-
à-dire qu’il paralyse le marteau des heures et rend actifs
ceux des quarts. Il est facile de comprendre maintenant,
sans en faire une description, que la rotation partielle de la
tige à palettes peut déterminer l'arrêt du grand disque et,
par conséquent, celui &u petit qui lui est engrené, ainsi que
le désembrayage du marteau des heures et l'embrayage de
celui des quarts. La roue de l'aiguille des minutes provoque
ensuite, en temps opportun, la percussion de tous les quarts.
Une petite roue détermine, à chacune de ses révolutions,
le désembrayage des marteaux des quarts et l’embrayage de
celui des heures. Or comme chaque coup du dernier mar-
teau des quarts fait tourner cette roue d’un dixième, il en
résulte, qu'après dix coups, c’est-à-dire après unc heure
révolue, elle produit l'effet voulu. Cette description, on le
sent aisément, n’est pas restreinte à un système rigoureuse-
ment déterminé. Le nombre des chevilles motrices du
grand disque pourrait être différent ; le rapport des chevil-
les agissantes du petit disque à celui des chevilles inactives
du grand disque, pendant que les quarts sonnent, pourrait
être modifié. C’est seulement pour éviter une abstraction
entraînant trop de longueur dans son exposé, que l’auteur a
supposé des valeurs numériques, sans influence sur le prin-
cipe essentiel de son système. Il a également omis, ci-des-
sus, tous les détails du mécanisme, que peut aisément conce-
voir et exécuter la pratique vulgaire. Il est bon de remar-
quer que ce système peut également bien s'appliquer à toutes
les horloges et pendules, soit électriques, soit ordinaires.
DE LA SOCIÉTÉ. 505
Séance du 7 Décembre 1857.
HYDROGRAPHIE ET VOYAGES. — M. Jardin fait un rapport
sur deux mémoires de M. H. Jouan, licutenant de vaisseau,
ex-commandant particulier de l'établissement français de
Nukuhiva. Un de ces mémoires a pour titre : Notes sur la
navigation dans l'archipel des Marquises. L'auteur qui,
pendant un séjour de 5 ans 1/2 aux Marquises, a visité sou-
vent les principaux points de cet archipel, y a mis en ordre
les observations qu'il a reccuillies sur la navigation. Ce
travail, remis par le ministre de la Marine au dépôt des
cartes et plans, y fut reçu avec d'autant plus de faveur, qu’à
l'exception des plans des deux ports les plus fréquentés, le
dépôtne possédait aucun documentsur ces parages. D'après le
rapport du comité byärographique, il scra imprimé dans les
Annales hydrographiques, etilsera fait un tirage à part pour le
service de la flotte. Le second mémoire, ayant pour titre :
De l'Archipel des Marquises en 1856, a été écrit dans le
but de fournir à l'administration de Taïti des documents
dont elle était entièrement dépourvue. L'auteur y expose
l’état actuel de l'archipel, sa constitution géologique, ses
proluctions naturelles, les mœurs des habitants. Il s’est
attaché surtout à rectifier des erreurs géographiques, à ren-
dre aux localités leurs noms véritables, c’est-à-dire ceux
sous lesquels elles sont désignées par les naturels, pour faire
disparaitre la confusion qui existe sur les cartes, et qui pro-
vient de ce que chaque navigateur s’est cru obligé d’em-
ployer des noms nouveaux que personne ne connaît dans le
pays. Ce mémoire, déposé à la direction des colonies, sera
publié dans la Revue coloniale, en 4 parties, dont la pre-
mière vient de paraître dans le numéro du 1° décembre. Ces
travaux, fruit des propres observations de lauteur, sont
destinés à combler une lacune dans Phistoire des archipels
de l'océan Pacifique.
366 ANALYSE DES TRAVAUX
BOTANIQUE. — M. Bertrand Lachènée a trouvé, le 15
novembre, le Crithum maritimum L. sur le littoral pier-
reux situé sous les glacis du port militaire. Les rochers de
Querqueville, à G kilomètres de Cherbourg, avaient été
jusqu'alors le point le plus rapproché de cette ville où l'on
eût observé cette ombellifère.
BorTaniQue. — M. Le Jolis communique à la Société
une liste de quelques plantes intéressantes qu'il a trou-
vées récemment aux environs de Cherbourg, et parmi
lesquelles il signale plus particulièrement : Rosa cuspidata
M. B., R. dumalis Bechst., Viola nemoralis Jord., V.
subcarnea Jord., V. luteola Jord., V. obtusiflora Jord.,
Erophila brachycarpa Jord., ÆE. majuscula Jord.,
E. glabrescens Jord., Galium dumetorum Jord.,
Hieracium pseudosciadum Bor., Polygonum hydropiperi-
dubium Gren., Rhynchospora alba Vabl., Aira multicul-
mis Dum., Agropyrum campestre Godr. et Gren.
PaysiQuE CÉLESTE.— M. Emm. Liais envoie à la Société
la note suivante sur l'atmosphère du soleil : « Dans la
mécanique céleste, Laplace dit, et depuis lui tous les géomè-
tres ont répété, que l'atmosphère du soleil ne peut s'étendre
au-delà de la limite où la force centrifuge, due à la rota-
tation, ferait équilibre à la pesanteur vers le soleil. Cette
limite est la distance où une planète de masse négligeable
ferait sa révolution dans le temps d’une rotation du soleil.
En la calculant, on trouve qu’elle est d'environ les 17 cen-
tièmes de la distance de la terre au soleil, de sorte que
l'atmosphère solaire ne pourrait pas nous paraitre s'étendre
à plus de 9 degrés de ce corps. M. Liais fait remarquer que
toutes ces déductions reposent sur un pure hypothèse, dont
la fausseté est parfaitement démontrée, à savoir : l’exacti-
tude absolue de la loi de Mariotte pour toutes les densités,
ou en d’autre termes, l'existence de la force répulsive dans
les gaz, quel que soit leur degré de dilatation.
DE LA SOCIÉTÉ. 507
Dans le tome HE des mémoires de la Société impériale
des Sciences naturelles de Cherbourg, page 258, M. Liais
a donné la formule qui fait connaître la densité en fonction
de la pression d'une masse gazeuse, formule dont la loi de
Mariotte n’est qu'une approximation. Cette formule fait
voir que, dans le cas d’une pression nulle, il existe en-
core une pression sensible, et que pour obtenir une densité
plus faible, il faudrait une pression négative, c'est-à-dire
qu’il existe une force de cohésion dans les gaz lorsqu'ils
sont dilatés à un certain dégré. C’est cette force de cohé-
sion qui explique la limitation des atmosphères que l’on ne
pourrait concevoir sans elle. Partant de là, la conclusion
de Eaplace doit être complètement changée, car à partir de
la distance où la force centrifuge est égale à la pesanteur,
il reste encore à vaincre la force de cohésion avant que
l'atmosphère ne se répande dans l’espace. L’atmosphère a
donc une étendue dépendant entièrement de l'intensité de
cette force de cohésion, el elle peut s’aplatir et former un
anneau présentant l'aspect de la lumière zodiacale, si on sup-
pose celte cohésion suflisante. En réalité, un gaz soumis à
de très faibles pressions est semblable à un liquide de den-
sité excessivement faible; sa loi de compression, à ces limi-
tes, lorsqu'il n’est soumis qu'à la pression résultant de son
poids, est semblable à celle des liquides, comme le prouve
la formule de lPauteur. Ce n'est que quand l'épaisseur de-
vient très grande que la formule se rapproche de la loi de
Mariotte. A l'appui d’une immense étendue de l'atmosphère
solaire, on pourrait citer des observations de M. F. Smyth
tendant à démontrer qu'à 12 degrés du soleil il y a une
refraction sensible, et des calculs de M. Le Verrier tendant à
établir que la planète Mercure r'obéit pas uniquement
dans son mouvement à l'attraction du soleil et des planètes,
mais paraît recevoir une force accéliratrice d’un milieu
568 ANALYSE DES TRAVAUX DE LA SOCIÉTÉ.
dans lequel elle serait plongée et qui tournerait plus vite
qu'elle. Il est vrai que cette anomalie du mouvement
moyen de Mercure pourrait s'expliquer sans supposer que
la lumière zodiacale fût un gaz, mais en admettant, comme
M. Biot, qu’elle serait composée de particules donnant
naissance aux bolides lorsqu'elles rencontrent notre atmos-
phère. Il suflirait pour cela d'admettre que le plus grand
nombre de ces particules ont eu un mouvement direct, et
que, dans les régions de Mercure, il en existe une plus
grande quantité près du périhélie que de l'aphélie. Elles
accéléreraient alors la vitesse de la planète en tombant sur
elle. Bien que l’on ne puisse pas dire théoriquement que la
lumière zodiacale n’est pas une expansion de l'atmosphère
solaire, il y a cependant un fait physique qui paraît le prou-
ver; c’est l'absence d’atmosphère sensible autour de la lune
qui, comme la terre, traverse souvent cette lumière, et
qui par conséquent condenserait la matière gazeuse autour
d'elle. Il est vrai que quelques observateurs ont cru recon-
naître une lumière zodiacale lunaire, ce qui diminuerait la
valeur de cet argument. »
BULLETIN BIBLIOGRAPHIQUE
OUVRAGES RECUS PAR LA SOCIÉTÉ
PENDANT L'ANNÉE 1857.
>
$ 1°7 Publications des Sociétés correspondantes.
France.
ANGERS. Société académique. — Mémoires de la Société acadé-
mique de Maine-et-Loire, T. I, in-8°, Angers, 1857.
-ANGERS. Société industrielle.— Bulletin de la Société industrielle
d'Angers, 27° année, 1856, in-8°, Angers, 1856.
BEsANÇoN. Société d'Émulation. — Mémoires de la Société
d'Émulation du dépt. du Doubs, T. VIII, in-4°, 1857.
CAEN. Société Linnéenne. — Mémoires de la Société Linnéenne
de Normandie, T. X, in-4°, Caen, 1856. — Bulletin de
la Société Linnéenne de Normandie, T. I, in-8°, Caen, 1856.
CLERMONT-FERRAND. Académie des sciences , belles-lettres
et arts. — Annales scientifiques, littéraires et industrielles
de l'Auvergne, T. XXIX, in-8°, Clermont, 1856.
Dion. Académie. — Mémoires de l’Académie Impériale des
sciences, arts et belles-lettres de Dijon, 2e série, T. V, in-
80, Dijon, 4857.— Description d'un nouveau genre d’Éden-
té fossile. Atlas, in-4°, Dijon.
La ROCHELLE. Académie. — Annales de la section des sciences
naturelles de l'Académie de La Rochelle, 1855, in-80, 1856.
Lie. Société Impériale. — Mémoires de la Société Impériale
des sciences, de l’agriculture et des arts de Lille, 2e série,
T. EL, in-80, Lille, 14856 ; — T. III, in-8°, Lille, 4857.
METz. Académie. — Mémoires de l'Académie Impériale de
Metz, 36e année, in-8°, Metz, 1856.
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d'histoire naturelle de la Moselle, T. VIII, in-S°, 1857.
Paris. Académie des sciences. — Comptes-rentius des séances
de l’Académie des sciences, T. XLII et XLHIT, in-#°, 1856.
Paris. Athénée. — Annuaire de l'Athénée des arts, sciences et
belles-lettres de Paris, in-8°, Paris, 1857.
Paris. Société botanique. — Bulletin de la Société botanique
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de France, T. III, n°: 9 et 10, in-8°, Paris, 1856 ; — T.
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LIL, livr. 3, in-80, 1855; T. IV, livr. 1 à 3, in-8°, 1856;
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BIBLIOGRAPHIQUE. 37À
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12 BULLETIN
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manufactures, 2 vol. in-80, 1855. — do for the year 1855 :
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brandii Fenzl. Ein Beitrag zur nüäheren Kenntniss einiger
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Abhandlung betitelt : die Stratonomie von Ægagropila
Sauteri, in-80, Vienne, 1855.— Bericht über die von Hernn
Bergmeister C. W. Gümbel in Munchen..... Abhandlung:
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della corrente nel filo conduttore avvolto alla calamita, si
conserva l’ancora ad essa apnlicata, in-40, Modène, 1851.
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matière, in-80, Paris, 4833.— Supplément au tableau chro-
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trecasteaux à la recherche de Lapeyrouse, T. I et IX, in-4,
et atlas in-plano, Paris, 1807-1808. — Voyage autour du
monde sur la Favorite, histoire naturelle, 7 livr. in-80,
Paris, 1836-1839. — Voyage au pole Sud et dans l'Océanie,
sur les corveltes l’Astrolabe et la Zélée, hydrographie par
Vincendon-Dumoulin, in-80, Paris, 1843. (Donnés par S.
Exec. le Ministre de la marine).
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WiRTGEN (Dr. Ph.)— Flora der preussischen Rheinprovinz und
der zunächst angranzenden Gegenden, in-80, Bonn, 1857.
MEMBRES TITULAIRES
DE LA SOCIÉTÉ.
Section des Sciences médicales.
MM.
D' GUIFFART (Frédéric), docteur-médecin.
Section de Zoologie et Botanique.
LE JOLIS (Auguste), membre de plusieurs sociétés savantes
françaises et étrangères.
JARDIN (Edélestan), sous-commissaire de la Marine.
BERTRAND-LACHÈNÉE, naturaliste,
THURET (Gustave), membre correspondant de PInstitut.
D' BORNET (Edouard), docteur-médecin.
EYRIÉS %X , lieutenant d'infanterie de marine.
Section de Géologie, Minéralogie et Chimie.
D' PAYERNE, ancien président de l’Athénée de Paris.
BESNOU %, pharmacien en chef de la marine, membre
de l’Institut des provinces.
LESDOS (Jules), pharmacien.
MÉNANT (Joachim), juge au tribunal de Lizieux.
JOUAN (Henry) #, lieutenant de vaisseau.
DE LA SOCIÉTÉ. 581
Section de Physique, Méléorologie el Astronomie.
V'e Th. DU MONCEL %, membre de plusieurs sociétés
savantes françaises et étrangères.
LIAIS (Emmanuel) x, astronome à l'Observatoire impérial
de Paris.
FLEURY (Lucien), physicien.
DE LAPPARENT, O %x, ingénieur de 4" classe de la
marine.
LAFOND (P. A.) %, lieutenant de vaisseau.
GE£EORGETTE DU BUISSON, O % , licutenant de vaisseau.
BUREAU DE LA SOCIÉTÉ.
Fondateurs de la Société.
M.
Vi Th. DU MONCEL x, directeur-perpétuel.
Emmanuel LIAIS %, secrétaire-perpétuel.
Auguste LE JOLIS, archiviste-perpétuel.
Bureau éleclif pour 1857.
Gustave THURET, président.
BESNOU x, vice-président.
Lucien FLEURY, secrétaire.
Edélestan JARDIN, trésorier
TABLE.
D
Deuxième note sur la fécondation des Fucacées, par
M. Gust. Thuret (ayce une planche gravée).
Observations sur la reproduction de quelques Nosto-
chinées, par M. Gust. Thuret (avec 5 pl, gravées)
Anatomie des plantes aériennes de ordre des Orchi-
dées. 2 mémoire : Anatomie du rhizome, de la tige
et des feuilles, par M. Ad. Chatin (avec 2 planches
doubles gravées).
Cloche hydraulique; substitution de son emploi à celui
du bateau plongeur, par M. le D' Payerne (avec 5
planches doubles lithographiées).
Énumération générale des Lichens, avec l'indication
sommaire de leur distribution géographique, par
M. le D' W. Nylander.
De l'emploi des observations azimutales pour la déter-
mination des ascensions droites et des déclinaisons
des étoiles, par M. Emm. Liais.
Essai sur l'histoire naturelle des îles Marquises.
2 partie : Botanique, par M. Edél. Jardin.
Supplément à l’énumération générale des Lichens,
par M. le D' W. Nylander.
Analyse des travaux de la Société, année 4857.
Ouvrages reçus par la Société en 1857.
Liste des membres titulaires de la Société,
Bureau de la Société pour année 1857
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DE LA SOCIÉTÉ IMPÉRIALE
DES SCIENCES NATURELLES
DE CHERBOURG.
MÉMOIRES
DE LA
SOCIÉTÉ IMPÉRIALE
DES SCIENCES NATURELLES
DE CHERBOURG,
PUBLIÉS SOUS LA DIRECTION DE
M. AUG. LE JOLIS,
ARCHIVISTE-PERPÉTUEL DE LA SOCIÉTÉ.
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TOME VI. — 1858.
PARIS.
J.-B. BAILLIÈRE, libraire, rue Hautefeuille, 19.
CHERBOURG.
BEDELFONTAINE Er SYFFERT, imp., rue Napoléon, 1.
1859.
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MÉMOIRE
SUR
LES BALEINES ET LES CACHALOTS,
Par M. H. JOUAN.
INTRODUCTION.
Difficulté d'observer les grands Cétacés.
QT n’est pas, dit Cuvier (Règne animal, T. I), de famille de
mammifères plus difficile à observer et dont la description soit
plus incomplète et la synonymie plus variée, que celle des
Cétacés. » — En effet, quand la science n’ose pas se pro-
noncer d’une facon absolue sur les habitudes et la classifi-
cation d'animaux qui vivent sur le même sol que nous,
souvent à la porte de nos demeures, quels doivent être ses
doutes et ses hésitations quand il s’agit d'êtres dont l’exis-
tence se passe en entier au milieu des mers, qu'on ne
rencontre guère que par hasard, que par conséquent on ne
peut observer d’une manière suivie, et qui souvent habitent
des régions inaccessibles ? La masse énorme des grands
1
9 MÉMOIRE SUR
Cétacés s'oppose à ce qu’on rapporte leurs dépouilles, que les
hommes de science examineraient à loisir. Leurs observa-
tions n’ont guère porté que sur des individus jetés sur les
côtes, se déformant par leur poids, et souvent dans un état de
décomposition avancé qui ne permet plus de juger de leur
figure véritable, alors qu'ils étaient vivants. C’est donc au
milieu des mers que Îles naturalistes devraient aller pour
étudier les grands Cétacés, et encore devratent-ils s'embar-
quer sur un navire baleinier ; autrement, ce ne serait que
par basard qu’ils pourraient faire quelques observations. Mais,
malgré la grandeur du champ ouvert à leurs investigations,
et l’attrait de recherches entièrement nouvelles, la pers-
pective de trois ou quatre années de privations et de
misères, empêchera longtemps les hommes les plus dévoués
à la science de s’exposer àtoutesles péripéties d’un voyage
de pêche, d’autant plus que rien ne prouve à priori que
leurs peines seraient rétribuées par un résultat bien complet;
car la mobilité des Cétacés et leur habitation laisseront tou-
jours une grande part au hasard.
Pauvreté des renseignements.
Nous n’avons donc, pour nous guider dans l'étude des
grands Cétacés, que les faits rapportés par les rudes marins
de New-Bedford, de Nantucket et du Havre, qui vont les
poursuivre dans les mers les plus éloignées, et dont le
métier n'est pas précisément de faire des dessins corrects ou
d'écrire des descriptions méthodiques des animaux qu'ils
ont tués. Le genre de vie de ces hommes développe en
outre, chez eux, un amour exagcré du merveilleux dont il
faut singulièrement se défier. Cependant, dans ces dernières
années, il s'en est trouvé quelques uns qui se sont contentés
de rapporter ce qu'ils ont observé, et la concordance de
LES BALEINES ET LES CACHALOTS. 61
leurs récits ne permet pas de douter de l’exactitude des
détails qu’ils donnent (1).
Grande quantité d'espèces établies par les naturalistes.
Les observations faites, souvent à de longues années
d'intervalle, sur des Cétacés que le hasard a fait échouer sur
les côtes de l'Europe, les descriptions incomplètes des
pêcheurs, et les renseignements encore plus vagues que des
voyageursse sont procurés auprès de peuplades sauvages, ont
sans doute fait créer cette quantité d’espèces qui sont énu-
mérées dans tous les livres d'histoire naturelle ; de là une
synonymie inextricable, qui est encore venue se compliquer
des noms imposés par les baleiniers.
Espèces reconnues par les pécheurs.
Si on croit le témoignage de ceux-ci, beaucoup d’espèces
classées à part doivent être ramenées à un petit nombre de
types. Souvent une différence de couleur, due à lâge, au
sexe, à une maladie , un caractère décrit dans une espèce et
(1) Je citerai les capitaines américains Mackenzie, Post, Roys
et Crocker, dont on trouve la correspondance dans les ouvrages
du lieutenant Maury, de la marine des États-Unis (Expl. and
Sail. Directions. M. F. Maury, 1854, letters from Whalemen).
Un missionnaire américain, le Rd Henry Cheever, qui a long-
temps séjourné aux I. Sandwich, à écrit un livre (The Whale
and his Captors, N.-York, 1853) qui renferme des détails
curieux sur les baleines et les cachalots, mélés à beaucoup
d’anecdotes qui paraissent exagérées, pour ne pas dire plus. IL
faut joindre à ces publications quelques articles insérés dans des
journaux, et notamment dans le Friend, journal religieux qui
s'imprime à Honolulu (iles Sandwich) et qui est tout dévoué aux
intérêts des baleiniers.
4 MÉMOIRE SUR
oublié dans une autre, ont suffi pour établir de nouvelles
divisions. J'admets que les baleiniers ne soient pas des
oracles en matière de science, qu’ils manquent de méthode,
et que par suite leur opinion ne soit pas apte à faire loi en
fait de classification ; mais pourtant, comme ils sont les seuls
qui puissent répondre jusqu’à présent aux questions adres-
sées par la science, il me semble qu'il est bon de les con-
sulter, et de tenir compte de leurs réponses, quand elles
s'accordent entre elles et que cet accord ne blesse pas le bon
sens. Or tous les baleiniers disent qu'ils poursuivent le
cachalot et la baleine franche, dont ils reconnaissent très
bien plusieurs espèces ou variétés, et que, dans leurs croi-
sières, ils rencontrent des baleines qui ont un aileron, ou
au moins une fausse nageoire, à l'extrémité postérieure du
dos : celles-là, ils ne les chassent pour ainsi dire jamais. Ce
sont les Baleinoptères, dont la synonymie est la plus confuse
et la plus difficile à débrouiller, et qui ne comprendraient
pas moins de douze à quatorze espèces différentes. Tous les
baleiniers avec lesquels j'ai été en rapport, et dans le
nombre il y en avait de très intelligents et très lucides
dans leurs explications, ne m'ont jamais parlé que de deux
espèces principales, le humpback ei le fin-back, auxquelles
il faudrait peut-être ajouter une ou deux variétés. Toutes
les descriptions qu'on m'a faites de ces Cétacés s'accordent,
et toutes ont quelques uns des caractères des espèces énu-
mérées dans les livres. N’est-il pas à supposer qu’il n’y a
que ces deux espèces ?
Ce n'est point une histoire de la pêche que je fais ici, pas
plus que l’histoire naturelle des grands Cétacés. Mon but est
d'essayer d'accorder entre elles et avec les espèces que
distinguent les baleiniers, les nombreuses espèces établies
par les naturalistes. Je m’appuie sur ce que m'ont appris
d’heureux hazards dans mes voyages de mer, et plusieurs
LES BALEINES ET LES CACHALOTS. 5
années de fréquentation avec des pêcheurs. La correspon-
dance des capitaines baleiniers qu'on lit dans les ouvrages
du lieutenant Maury, de la Marine des États-Unis, contient
beaucoup de détails sur les habitudes de ces grands ani-
maux, et, dans ces lettres, j'ai choisi et groupé les faits
nouveaux qui m'ont paru le mieux s’accorder.
1°
PÈCHE.
PARAGES FRÉQUENTÉS PAR LES BALEINES.
Abandon de la pêche du Nord.
Les descriptions de la pêche de la baleine qu’on lit dans
presque tous leslivres d'histoire naturelle, pourraient s’appli-
quer à la manière dont on procédait, il y a deux cents ans,
alors que la Hollande envoyait 20,000 matelots dans les
mers du Nord, et que des villages de pêcheurs, dont il ne
reste plus de traces, s'élevaient sur les rivages désolés du
Spitzberg. Aujourd'hui les baleines ont à peu près disparu
de ces régions; la pêche du Nord n’existe pour ainsi dire
plus; les Hollandais n’y figurent pas, et quelques navires,
partis des ports d'Écosse ei de Norwège, parcourent seuls
ces trisles parages à la recherche des phoques, chassant
la baleine par occasion, mais on peut dire que cette pêche
n’est plus qu'un accessoire de plus en plus négligé.
Cette industrie est aujourd'hui presque tout entière aux
mains des Américains du Nord, chez lesquels elle s’est
développée pendant les grandes guerres du commencement
du siècle qui les débarrassèrent des concurrents. Au com—
6 MÉMOIRE SUR
mencement de 4856, l'Union comptait 655 navires balciniers
de toute grandeur, représentant un tonnage de 199,141 t.,
et montés par 20,000 hommes. Les ports du Nord de la
Grande-Bretagne envoient 40 navires dans les mers Polaires;
la France a une quinzaine de baleiniers, les villes Anséati-
ques à peu près autant, qui suivent la fortune des Améri-
cains. Les armements de ceux-ci servent de type; leur
vocabulaire a fourni aux autres nations tous les termes de
pêche.
Instruments de péche.
Quoique le théâtre des opérations ait subi de grands
déplacements, comme nous le verrons tout à l'heure, les
procédés employés n’ont guère changé. L'obligation de
fondre à bord le lard, que la briéveté du voyage et l’abaisse-
ment de la température permettaient autrefois de rapporter
en Hollande par morceaux, a causé quelques modifications
dans l'aménagement du navire, mais les embarcations
employées à la poursuite du cétacé sont toujours construites
sur les mêmes principes, et, malgré quelques tentatives de
perfectionnement, on en est toujours revenu au harpon, à la
lance et au louchet (Spade). Le harpon ne sert pas,
comme on le dit communément, à tuer la baleine; il peut
arriver qu’il pénètre dans une partie vitale et cause la mort,
mais ce cas est excessivement rare. Les harpons, qui
sont toujours au nombre de deux sur la même ligne,
servent à relier la baleine à l’embarcation qui la poursuit, à
lamarrer suivant l'expression reçue, et ce n’est que lors-
qu’elle est harassée par la douleur de sa blessure, et la
résistance de la corde qu'on a soin de filer quelques fois
jusqu’à 600 mètres, qu'on peut s’en approcher pour la tuer
à coups de lance, Le moment de flurry— ainsi appelle-t-on
LES BALEINES ET LES CACHALOTS. F f
l'agonie de la baleine — est toujours dangereux. On a essayé
divers procédés pour se mettre à l'abri de ce péril. Les
pirogues ont été munies d'appareils, d'espèce de canons avec
lesquels on pouvait lancer le harpon; mais outre le poids
ajouté à l'embarcation, dont une des premières conditions
est la légèreté, le mouvement de la mer ne permet aucune
précision dansle tir. Depuis quelque temps, on s’est servi
avec assez de succès de fusées, ou mieux de bombes
envoyées avec une carabine dans le corps de la baleine
une fois qu’elle est amarrée, mais on à cru remarquer que
les baleines tuées ainsi coulaient plutôt que les autres. La
majorité des pécheurs s’en tient, à tort ou à raison, aux
instruments primitifs.
Points de croisière pour la baleine franche.
La rareté des baleines dans les mers du Nord, et la con-
naissance plus complète de l'hémisphère Sud, engagèrent
les armateurs à tourner leurs vues de ce côté. Les baleiniers
établirent successivement leurs croisières sur la côte du
Brésil, depuis l'embouchure du Rio-de-la-Plata, jusqu'aux
mers du cap Horn, entre ce dernier et le cap de Bonne-
Espérance, le long des côtes méridionales de l'Afrique, et
dans les petits archipels qui sont au Sud de ce continent. Les
voyages, presque toujours fructueux, ne duraient guère que
sept ou huit mois, un an au plus. Quelques années après,
il fallut pousser jusqu'aux côtes du Chili, à la Nouvelle-
Zélande et en Australie. A la Nouvelle-Zélande , les
pêcheurs s’établissaient dans une baie qui était leur centre
d'opérations, et la pêche se faisait au moyen des embarca-
tions qui exploraient le voisinage, dans un rayon peu étendu.
Cette pêche dans les baies où les baleines se rendaient pour
mettre bas leurs petits, ne pouvait manquer d’en faire
8 MÉMOIRE SUR
diminuer le nombre en peu de temps. Les Anglais, en prenant
possession de cet archipel, défendirent aux étrangers de
pêcher dans ses eaux; mais les établissements fondés à
terre et les armements coloniaux continuèrent l’œuvre de
destruction. Aujourd’hui les baleines y sont très rares, soit
qu’on les ait détruites à peu près toutes, soit qu’elles se
soient enfuies vers d’autres parages, Plusieurs baleiniers
n'admettent que la première de ces suppositions, et préten-
dent que les baleines n’émigrent jamais à de grandes distan-
ces. (V. plus bas, note A.)
Les pêcheurs, que l'hiver de l’hémisphère Sud chassait
des côtes orageuses de la Nouvelle-Zélande, avaient poussé
leurs explorations sur les côtes de Californie, au détroit de
Behring, au Kamstchatka, au Japon, etc., etc., et avaient
trouvé des baleines dans tous ces endroits. Cette pêche,
appelée pêche du Nord-Ouest, est à peu près la seule qui se
pratique aujourd'hui. En 1849, un américain, le capitaine
Roys, passa le détroit de Bebring, poussa jusqu'au 70°
degré de latitude, et fit tout son chargement depuis le
milieu de juillet jusqu’à la fin d'août. Encouragés par ce
succès, un grand nombre de navires se rendirent dans cette
mer et réussirent au-delà de toute espérance, mais au bout
de trois ou quatre ans on n’y trouva plus rien.
Les navires américains quittent leurs ports d'armement
vers le mois d'août, et arrivent en février dans le milieu du
Pacifique, ayant quelquefois ramassé deux ou trois cents
barils d'huile le long de la côte de Patagonie, dans l'archipel
de Juan-Fernandez, et peut-être un cachalot ou deux,
dans le trajet du “ap Horn aux îles qu’ils ont choisies comme
point de relâche, pour remplacer l’eau et embarquer la
grande provision de bois à brûler qui leur sont nécessaires.
Toute la flotte arrive au Nord-Ouest, sur les lieux de pêche,
à la fin de mars ou à la mi-avril. Presque tous les navires
LES BALEINES ET LES CACHALOTS. 9
sont de retour à la fin d'octobre, à Honolulu ou à Lahaina
(iles Sandwich), où ils passent un mois à se refaire, puis ils
s’en vont, les uns à la côte de Californie, les autres aux
îles de la Socieié, aux Marquises, etc., etc., cherchant de
préférence les endroits les plus sauvages et les moins fré-
quentés, où ils puissent s’approvisionner d'eau et de bois à
bon marché, au moyen d'échanges avec les naturels : de
plus, pendant cette espèce de flânerie de deux ou trois mois,
ils ont la chance de rencontrer des cacbalots.
Ces campagnes durent ordinairement trois ans, quelque-
fois quatre, et heureux le bâtiment qui peut, au bout de ce
temps , faire route pour son port d'armement avec 3,000
barils d'huile !
Péche du cachalot.
Les croisières des cachalotiers qui ont lieu, le plus sou-
vent, dans la plus belle partie de l'Océan Pacifique, ou dans
le Nord de la mer des Indes, sont beaucoup moins düûres ;
mais peut-être sont-elles encore plus fatiguantes par leur
monolonie et le temps passé hors des relâches. Si encore
la pêche donnait, mais que de fois, après une croisière de
sept à huit mois, les navires sont venus relâcher sans avoir
fait un baril d'huile! Le prix élevé de lhuile de cachalot
qui est près de trois fois celui de l'huile franche, maintient
seul ces armements si chanceux. En 1855, elle valait 176
francs le baril (1), et celle de balcine 71 francs.
État actuel des péches.
Nos vieux baleiniers qui se rappellent la pêche du banc
(1) Le baril qui sert d'unité est de 20 gallons, soit 75 litres.
10 MÉMOIRE SUR
du Brésil où l’affluence des baleines permettait de faire un
chargement en quelques mois; ceux quiontencore vu le bon
temps où elles soufflaient dans les baies de la Nouvelle-Zé-
lande, etoù les cachalotsse pressaient dans les canaux des îles
Galapagos, se plaignent amèrement du temps présent, et s’en
vont répétant qu'il n’y a plus de baleines, que c’est une
industrie perdue! {ne paraît pas qu’on pense de même
aux États-Unis, dont les armements ne diminuent pas et
même sont en voie de progrès : ainsi à la place des vieux
pavires, des lourdes hourques, qu'on achevait d’user à la
pêche, l'Union commence à y envoyer de charmants petits
clippers qui, grâce à leur bonne marche, gagnent un temps
précieux, et que leur facilité d'évolution rend aptes à fré-
quenter les détroits les plus resserrés. Les importations
d'huile en Amérique, à la fin de 1855, supposent trois mille
baleines et cachalots, tués d’une manière profitable pendant
la saison; des pêcheurs expérimentés prétendent que, si on
compte celles qui sont perdues, le chiffre des victimes doit
être porté au moins à douze mille.
Carte des baleines du L' Maury.
Pour terminer ces renseignements sur la pêche, disons un
mot de la carte des baleines (Whale-Chart), de M. Maury.
Cette carte, composée il y a environ dix ans, sur les indi-
cations fournies par les journaux d’un très grand nombre
de baleiniers, a pour objet de faire voir au premier coup
d'œil les endroits où l’on a rencontré le plus de baleines dans
un temps donné, si c’élaient des baleines franches ou des
cachalots, isolés ou par bandes, etc., etc. C’est un plani-
sphère sur la projection de Mercator, allant de 79° 50° de
latitude N. à 68° de latitude Sud.
Ce qu’on y voit d'abord, c’est que les cachalots se tien-
LES BALEINES ET LES CACHALOTS. 11
nent de préférence aux environs de l'Équateur, et les balei-
nes vers les régions polaires, et qu'aux environs du tropique,
il y a comme un terrain neutre, où l’on trouve des indivi-
dus des deux familles. La carte montre aussi qu'il y a trois
endroits où les cachalots quittent les régions tropicales, pour
des latitudes plus élevées; d’abord dans l'Océan Atlantique
Austral'entre les parallèles de 50 à 55°. On les a trouvés
ensuite, en grandes troupes, dans le Grand Océan Austral,
entre 55 et 60°, et dans le milieu du Grand Océan Boréal,
par 40° de latitude.
Malheureusement les avantages pratiques de cette carte
ne sont pas aussi grands qu'on étaiten droit de s’y attendre;
la destruction des Cétacés, ou leur fuite, y apportant sans
cesse des changements. Cependant elle est loin d’être tout-
à-fait inutile; il nous semble qu'il vaut encore mieux agir
sur des données un peu incertaines que d'aller tout-à- fait
au hasard.
If.
DIFFÉRENTES ESPÈCES DE GRANDS CÉTACÉS.
Nous avons dit que les grands Cétacés que les pêcheurs
poursuivent sont la baleine franche et le cachalot, qu’ils
distinguent par les noms de Right Whale et de. Sperm-
Whale, Whale (baleine) étant pour eux le nom générique
de tous les grands Cétacés. Le nom de baleines n’est appli-
qué par les naturalistes qu'aux Cétacés à grosse tête dépourvus
de dents, celles-ci étant remplacées par des fanons ou lames
cornées, fibreuses, eflilées à leurs bords, occupant seulement
la machoire supérieure, linférieure étant nue et sans
armure.
19 MÉMOIRE SUR
On aperçoit tout de suite, dans les Cétacés Mysticètes,
quelques différences extérieures; les uns n'ont pas de nageoire
dorsale, tandis que les autres en oni une; d’autres ont la
peau de la gorge et du ventre sillonnée de plis longitudi-
naux: de là, trois genres principaux dans la famille : 4° Les
Baleines proprement dites; 2 les Baleinoptères qui ont une
pageoire dorsale ou au moins une fausse nagcoire; 5° les
Rorquals, des mots hollandais, Rohre, Whaal, Baleinop-
tères à luyaux.
1° BALEINES PROPREMENT DITES.
Balæna Mysticetus, Linné.
Les pêcheurs qui explorérent les premiers les mers du
Nord, quand les baleines, si toutefois c’étaient les animaux
que nous appelonsainsi aujourd'hui, vinrent à manquer sur
les côtes de l’Europe, rencontrérent dans les parages du
Groënland et dans la baie de Baflin, de grandes baleines,
auxquelles furent données les noms de Baleines franches,
B. du Groënland, de grande baie, ete., etc. Les premières
bien connues, elles servirent naturellement de types et four-
nirent l'espèce Balæna Mysticetus de Linné.
B. glacialis, KI,
Les navigateurs signalérent, dans les mers du Nord, une
deuxième espèce de baleines qu'ilsappelèrent Nord-Capers,
L ,
parcequ'on les trouva d’abord vers le cap Nord, entre la
Norwège et le Spitzberg; mais depuis on les a rencontrées
ailleurs. C’est l’espèce Balæna glacialis (KI., Lacép.).
Comme les baleines franches, elles ont la tête longue et
courbe, et la peau très uuie et très lisse dans cette partie :
LES BALEINES ET LES CACHALOTS. 15
l'endroit où se trouvent les évents fait une bosse. Elles sont
plus petites que la B. Mysticetus ; leur longueur est ordi-
nairement de 15 mètres, et on en retire de 50 à 60 barils
d'huile. Près de la queue elles ont une petite bosse,
Cette espèce se trouve par les latitudes de 59 à 62° Nord. Les
baleines qu’on rencontre dans la baie de Baflin, près de l’île
Discoë, par 68°, sont beaucoup plus grosses, maisles habitu-
des des deux espèces paraissent être les mêmes. A la fin de
juin ou au commencement de juillet, on les voit remonter
rapidement vers l'Ouest, par le détroit de Lancaster, Avant
que les intrépides navigateurs anglais eussent reconnu le
passage au Nord de l'Amérique, les baleines avaient répondu
aflirmativement sur son existence, Un navire américain en
prit une près du détroit de Bebring, dans laquelle on trouva
un harpon qui lui avait été lancé du côté de l'Atlantique,
comme le certifiaient le nom du fabricant et celui du bâti-
ment auquel il avait appartenu. Les baleines ne franchissent
jamais l'Équateur : celle-ci était done venue forcément par
le Nord de l'Amérique. Quelquefois, on les voit revenir de
leur pérégrination vers l'Ouest; sans doute alors qu’elles
ont trouvé la glace trop compacte, leur barrant le passage
d’une mer à l’autre. Cependant, si on en croit le baleinier
qui nous fournit ces renseignements (1), cet obstacle ne les
arrêterait pas, ces baleines pouvant rester sous l’eau pendant
très longtemps. Le gouverneur de Pétablissement Danois de
Discoë lui aurait affirmé avoir vu une baleine rester sous
la glace pendant sept semaines : tous les jours il allait visi-
ter lendroit, et ce ne fut qu'au bout de ce temps que
Panimal remonta et qu'il fut pris. Ordinairementles baleines
restent sous l’eau environ { heure 50 minutes et 25 minutes
(1) G. B. Chappell, cap. du bal. Am. le Mac-Lellan (lettre du
25 octobre 1849), (Maury's Sailing directions).
14 MÉMOIRE SUR
à la surface (1). Quand elles sont dans le voisinage des glaces,
on les voit rarement s'élever plus de deux fois de suite.
Leur instinet et l'expérience leur ont appris probablement
à s'abriter, au milieu des glaçons, du mauvais temps et de
leurs ennemis: elles n’ont besoin que d'une fissure, d’un
petit trou, sous lequel elles présentent leurs évents pour
respirer.
Ne fréqnentant que les mers au Sud de l'Équateur, les
nouvelles générations de baleiniers ne connurent pas les
baleines du Groënland, et donnèrent le nom de baleines
franches (Right H'hales), à une variété de Nord-Caper dont
Cuvier a fait l'espèce Balœæna antarctica. W ne faut donc
pas s'étonner si, quand il y a vingt ans commença la
pêche du Nord-Ouest, on crul trouver de nouvelles espèces.
Sur les côtes du Kamstchatka, au Sud du détroit de Bebring,
dans la mer d’Ochotsk, on rencontra des baleines noires,
très vives, fournissant de 50 à 60 barils d'huile. Les navires
qui allèrent les premiers dans la mer glaciale, au Nord du
détroit, chargèrent en quelques semaines avec des baleines
énormes qui étaient si peu farouches, que les embarcations
s’approchaient à les toucher: elles expiraient en quelques
minules, sans résistance, sans agonie. Ces baleines donnent
habituellement de 480 à 200 barils d'huile; on en à vu qui
en donnaient jusqu’à 500. En 1849, 154 navires croisèrent
dans cette mer,et recucillirent, pendant le court été de ces ré-
gions, 266,850 barils d'huile, et 1,240,800 kil. de fanons, ce
qui ferait, à 100 barils seulement par tête, 2,668 baleines
tuées, en admettant qu'il n’y en ait pas eu de perdues, ce qui
n'est jamais le cas. J'ai dit précédemment que cette pêche
de Behring n'avait guère duré que trois où quatre ans.
(1) Le capitaine Boys dit qu'il n'a jamais vu les baleines rester
sous l'eau plus de trente-cinq minutes. (H{aury's Sail. direct.
delters from Whalemen).
LES BALEINES ET LES CACHALOTS. 45
- D'après les descriptions, malheureusement très incom-
plètes des baleiniers qui fréquentent le Nord du Pacifique, il
est plus que probable que ces deux espèces de baleines sont
les mêmes que celles qu’on rencontre au Groënland, La plus
petite que les pêcheurs Américains appellent Baleine russe,
B. à dos de chameau, B. du N.-0. (Russian, Camel Backed,
North West Whale) ne serait autre que la B. glacialis.
Quant aux autres, qu’on trouve au N. du détroit de
Bebring, et qu'on nomme Bowheads, Polar Right 'hales,
des marins qui ont fait la pêche à Bebring et dans la baie
de Bafliu, disent qu’elles sont identiquement les mêmes
que celles de cette baie. Leur peau est noire, généralement
très unie, et non couverte de balanes, comme on en voit
sur les baleines de l'hémisphère Sud.
B. australis, KI.; B. antarctica, Cuvier.
Les baleines rencontrées dans cet hémisphère, quand on
fut obligé d'aller pêcher par le travers du Rio-de-la-Plata,
sur les côtes méridionales de PAfrique, au Chili, et à la
Nouvelle-Zélande,appartiennent à l'espèce appelée australis
par Lacépède, antarchica par Cuvier, et par les baleïniers,
baleine franche ou noire (Right or Black #hale). Eles don-
nent ordinairement 50 barils d'huile, Mais elles ont pres-
que disparu des endroits où on les trouvaitencore en grand
nombre, il y a vingt ans; les côtes du Chili et de PAfrique
méridionale sont désertes, et à la Nouvelle-Zélande, les
pêcheurs qui s'étaient établis à terre dans presque toutes les
criques, abandonnent cette industrie ruinée, pour se livrer
à la culture et à l'élève des bestiaux (4).
Nous ne savons pas si, par les hautes latitudes australes,
(4) New-Zealand Pilot, 1856.
16 MÉMOIRE SUR
on trouverait des baleines de cette espèce qui s’y seraient
réfugiées, où de très grosses baleines comme celles de
l'Océan Glacial Arctique. On n’a pas encore assez exploré
ces régions. Ilest bien rare que les baleïuiers aillent au-
delà du 55° parallèle : les autres navires qui sont allés plus
loin, ont rapporté qu'ils avaient rencontré des baleines,
mais sans indiquer l’espèce d’une manière précise. Un Amé-
ricain, le capitaine Crocker dit, qu'à la Nouvelle-Géorgie,
il n’a vu qu'une seule baleine noire (B. australis), mais
qu’il a aperçu une grande quantité de baleines comme il
n’en avail jamais vu, et qui pourraient bien être des
bowheads d’après la description qu'on lui avait faite de
celles-ci. Il ne put en prendre, tellementelles étaient farou-
ches. (VW. plus bas note À.)
B. nodosa, Lacép. — B. gibbosa, Lacép.
Les trois espèces, dont nous venons de parler, consti-
tuent les baleines franches des pêcheurs (Right Whales).
Lacépéde établit deux espèces douteuses, Balæna nodosa et
B. gibbosa.
La première, qu’on trouve désignée par quelques auteurs
sous le nom de.Baleine Tampon, estun tumpback (Balænop-
tera Boops, Linn.; Bulœæna ros'rata), ou peut-être une
baleine qu’on trouve en Californie et que les pêcheurs dési-
gnent par les noms de Californian grey, Californian ranger.
Ces Céiacés ont la tête allongée et s:nt beaucoup moins
gros, proportionnellement à leur longueur, que les espèces
précédentes. Le corps ne diminue pas subitement en allant
vers la queue, et à la naissance de celle-ci, il y a une
petite bosse. Leur longueur varie entre 12 et 20 mètres,
mais la quantité d'huile qu'ils rendent, 25 ou 50 barils,
LES BALEINES ET LES CACHALOTS. 17
west pas en rapport avec leur taille. Nous pensons qu’on
doit les mettre avec les Baleinoptères.
Il en est sans doute de même d’une petite baleine qu'on
chasse dans les mêmes parages, faute de mieux, très maigre
comme l'indique son nom en anglais, Scrag-Whale, qui
rend de 8 à 10 barils d'huile. C’est la Balæna gibbosa.
OBSERVATIONS GÉNÉRALES SUR LES BALEINES.
Évents.
La forme du jet d’eau, qui sort par les évents, fait recon-
naître de loin au baleinier expérimenté, si le cétacé qu'il
découvre est une baleine ou un cachalot. La baleine a deux
trous à la partie arrière de la tête, l’un en avant, l’autre en
arrière. Les deux jets d'eau et de respiration condensée
s'élèvent perpendiculairement à deux ou trois mètres,
jusqu'à ce qu'ils aient perdu leur force, et retom-
bent l’un en avant, l’autre en arrière; tandis que le cachalot,
r’ayant qu'un seul évent placé presque au bout antérieur de
la tête et dirigé obliquement en avant et du côté gauche,
ne lance qu’un seul jet. (V. plus bas, note À).
Téguments, couleur, etc.
Les téguments qui recouvrent les baleines sont à peu près
uniformes sur {out le corps, et consistent dans une sorte de
feûtre, épais de O m. 27, compris entre deux peaux
dont lextérieure est fine comme du papier; lautre est
beaucoup plus forte, et entre les deux se trouve unenduit qui
agglutine les poils composant ce feûtre grossier. Le tissu
cellulaire graisseux, le lard (blubber), qui est au-dessous,
2
18 MÉMOIRE SUR
varie quelquefois en épaisseur de 40 à 50 centimètres, mais
il est rare qu'il en ait plus de 50.
La couleur des baleines est le plus ordinairement brun-
noirâtre, quelquefois grise, avec le dessous du corps d’un
blanc-argenté ; mais souvent ces couleurs se mélangent et
donnent lieu à des marbrures plus ou moins multipliées.
Propulsion.
Le principal moyen de propulsion des Cétacés réside dans
leur queue (/lukes); leurs nageoires pectorales (fins) ne leur
servent guères que pour se maintenir en équilibre et gou-
verner. L'effet de la queue est lemême que celui d’un aviron
quand on godille. La queue est aussi larme la plus puis-
sante de ces animaux, avec laquelle, dans leur agonie, ils
cherchent à se délivrer de leurs persécuteurs; aussi, quand
une baleine est amarrée el que Pembarcation peut s'en appro-
cher assez près, un harponneur adroit essaie toujours de
couper avec un loûchet (spade) les tendons qui attachent les
flukes au corps, ce qui, tout en arrêtant la fuite du Cétacé,
diminue considérablement le danger. Le mouvement de
l’eau sur une baleine morte, fait avancer celle-ci tout natu-
rellement dans le vent.
Les baleines vivent constamment dans l’eau ; leur poids
et leur volume ne leur permettent pas de se tenir sur les
bancs où l’eau vient à manquer tout-à-coup. Lorsque les
tempêtes les chassent vers les côtes et qu'elles ne trouvent
plus assez de profondeur pour se soutenir, celles font de
vains efforts pour se remettre à flot et finissent, après des
fatigues inutiles, par s’échouer sur le rivage. Mais elles fré-
quentent volontiers les baies dont Peau a une profondeur
moyenne, les détroits et les canaux où la mer est calme,
surtout les femelles à l’époque où elles mettent bas. Ces
LES BALEINES ET LES CACHALOTS. 19
Cétacés n’atteignent jamais une grande vitesse de propulsion.
Dans les circonstances ordinaires, lorsqu'ils sont dans des
parages qui leur offrent une nourriture abondante, on les
voit s'en allant nonchalamment, à raison de deux ou trois
milles à l'heure. Il est rare que leur vitesse dépasse six
milles, à moins qu’ils ne soient poursuivis, et cette exci-
tation passagère dure peu. Aussi n’est-il pas étonnant,
qu'avec des moyens de s'élever de la côte si peu énergiques,
quand ils sont dans le voisinage des terres, ils cherchent les
canaux et les baies abritées.
Migration.
On a dit que les baleines peuvent vivre dans toutes les
mers et se faire facilement à toutes les différences de tempé-
ratures et de climats. Cela peut être vrai pour quelques
baleinoptères, mais iln’en est rien pour les trois espèces de
baleines proprement dites que nous venons de citer, qui ne
vivent que dans les régions froides et les zônes tempérées.
Les baleines de l'hémisphère Sud n’ont jamais passé dans
l'hémisphère Nord et réciproquement; l'Équateur est pour
elles comme un cercle de flainmes qu'elles ne peuvent
franchir : tous les baleiniers sont d'accord sur ce point. En
pleine mer, on ne trouve pas de baleines proprement dites
à moins de 25° de latitude de chaque côté de la Ligne; sur
les côtes, on en prend quelquefois par 20 ou 18 ; c’est
qu’alors elles se sont avancées jusque par ces latitudes à la
recherche d’une baie convenable pour faire leurs petits. Si
on en rencontre, par hazard, sur ces parallèles à grande
distance des côtes, ce sont des individus -égarés, et tout
porte à croire, quand ils sont nombreux, que leur présence
coïncide avec l'existence de quelque courant d’eau plus
froide.
20 MÉMOIRE SUR
La nécessité de venir respirer à la surface semblerait
devoir forcer les baleines polaires à quitterles mers Arctiques
à l'approche de l'hiver, avant que l’Océan ne forme un plafond
glacé; mais le froid qui chasse les navires de ces parages au
mois de septembre, n’a pas permis de les observer de
manière à savoir ce qu'elles deviennent: peut-être se
rassemblent-elles alors dans la mer libre de glaces qui est
au Pôle et que le docteur Kane, et le lieutenant de Haven,
de la marine des Etats-Unis, ont révélée il a quelque temps,
à moins qu'elles ne puissent rester presque indéfiniment sous
la glace, comme il a été dit plus haut sur le témoignage du
capitaine C. B. Chappell.
Les baleiniers sont d’accord sur ce point qu’il est assez
commun de voir les baleines en grand nombre, restant
presque stationnaires dans les parages où elles trouvent de
la nourriture, puis, tout d’un coup, elles partent toutes
dans une certaine direction. Le capitaine Crocker rend
compte ainsi d’une de ces migrations en masse.
« Je suis sûr que mon navire est le premier qui ait péné-
» tré dans les mers du Japon, à la poursuite des baleines
» franches, et comme cette année-là (1847), il n’y vint
» que deux ou trois navires, nombre trop petit pour effrayer
» les baleines, il est probable qu’elles se comportaient
» comme elles l’avaient toujours fait jusqu'alors. Je ne
» sais comment les baleines étaient venues ‘ans cette mer,
» vu qu'à mon arrivée, en avril, elles y étaient déjà et fort
» occupées après leur nourriture. Je n’en trouvai aucune
» dans la mer Jaune, ni dans Île détroit de Corée. Les
» premières que je rencontrai, à environ soixante milles
» dans le N.-E. du détroit, n’étaient là pour ainsi dire que
» par hasard, tandis que plus loin, sur la côte du Japon,
» elles étaient comme chez elles, et je commençai par en
prendre un bon nombre. Nous croisâmes dans ces parages
>
LES BALEINES ET LES CACHALOTS. 21
» jusqu’au 10 juin, époque à laquelle je fis route au N.-0.,
» vers la côte de Tatarie, où je croisai jusqu’au 415 juillet
» et il me parut évident que toutes les baleines s’en
» allaient rapidement vers le N. E., c’est-à-dire dans la
» direction du détroit de La Pérouse. »
« En arrivant à ce détroit, je vis plusieurs baleines se
» dirigeant toutes à l'Est, ce qui me confirma dans mon
» idée qu’elles quittaient la mer de Tatarie. Je sortis du
» détroit le matin, et voyant une baleine isolée se diriger à
» VEst, je la suivis, espérant qu’elle me conduirait à quel-
» que bon endroit. Toute la journée, elle fit route à l'Est
» avec une vitesse de six milles à l'heure. A la nuit, je
» diminuai de voiles et mis en panne à minuit pour attendre
» le jour. Au matin, nous nous trouvâmes au milieu d’une
» flotte de navires venus du Sud, et dont quelques uns
» étaient occupés à fondre .… J'ai ainsi acquis la convic-
» tion que les baleines qu’on trouvait dans la mer d’Ochotsk
» après le mois de juillet, y venaient de la mer du Japon. »
Gestation, accroissement, etc.
La manière dont se fait l’accouplement des baleines, le
temps de la gestation, sont pour nous des mystères. Généra-
lement on les rencontre par couples, le père et la mère
avec un seul petit (1), rarement deux. On ne pourrait
cependant aflirmer, comme on l’a avancé, que ces animaux
restent mariés. Ce qui est bien reconnu, c’est la tendresse
de la mère pour son nourrisson, tendresse et dévouement
que les pêcheurs exploitent sans pitié.
On n’a encore fait que des conjectures sur le temps de
(1) Les baleiniers appellent le mâle bull (taureau), la femelle
cow (vache) et le petit calf (veau).
393 MÉMOIRE SUR
leur accroissement et la durée de leur vie. Les mille années
d'existence, que leur accorde Buffon, sont réduites par les
baleiniers à trente ou quarante ans: on ne sait trop sur quoi
cette dernière supposition est fondée, probablement sur la
rapidité apparente de leur croissance. Les meilleurs obser-
vateurs s'accordent à dire que la baleine franche arrive à
sa croissance parfaite en deux ou trois ans. Quelques uns
pensent que les femelles portent plus d’un an ; on en ren-
contre à différents degrés de grossesse à la même époque.
Quand les femelles rallient les baïes pour faire leurs petits,
les baleiniers qui les y poursuivent, ne rencontrent d’abord
que des femelles tout-à-fait adultes ayant encore leurs
petits dans le ventre. Un peu plus tard, on les voit avec des
nourrissons très jeunes, mais ceux-ci, avant de se lancer en
pleine mer, sont déjà grands et forts. Plus tard on les
rencontre encore avec leurs mères, devenant de plus en
plus forts à mesure que la saison s’avance et à la fin de
celle-ci, on peut à peine distinguer les jeunes males des
vieux qui recommencent à s’accoupler avec les femelles.
Le capitaine Crocker rapporte que, sur les côtes du Kamt-
schatka, il n'a trouvé que des baleines très jeunes, et il se
demande si les jeunes baleines à un certain âge se séparent
toutes des vieilles, et si cette séparation a pour but de leur
procurer des aliments différents. ;
Alimentation.
La seule nourriture de ces grands animaux paraît con-
sister en des substances que les pêcheurs appellent manger
de baleine (Whale feed) et qui ressemblent à de petites
graines rouges, grosses comme des graines de moutarde, qui
restent prises dans les franges des fanons, quand la baleine
s’en ya nageant labouche ouverte.Par le fait, cesont de petites
LES BALEINES ET LES CACHALOTS, 23
chevreltes de couleur rouge, qui flottent sur l’eau en quan-
tités innombrables, plus souvent mortes que vivantes : on
dirait, d’un peu loin, des petits caillots de sang, mais d’une
couleur un peu pâle. Quelle immense quantité n’en faut-il
pas pour alimenter un animal de cette taille! (Voir plus
bas, note À.)
Dans les mers Pôlaires, on trouve, par bancs, des espèces
du genre Méduse, dont la plus grande partie sont micros-
copiques. On reconnaît que c’est à la présence de ces Médu-
ses que les mers du Groënland doivent leur teinte verdâtre
sur près d’un quart de leur étendue, et c’est dans ces endroits
que les baleines sont en plus grand nombre.
La nourriture de celles de la mer de Behring n’est pas
tout-à-fait la même, suivant plusieurs témoignages, mais elle
est loujours composée de petits animaux analogues. On a
rencontré dans les parages que fréquententles bowheads des
débris de poissons, et on a supposé qu’ils avaient été vomis
par des baleines, mais rien ne prouve complètement la vérité
de cette supposition (1). Un des baleiniers les plus expéri-
mentés des Etats-Unis, le capitaine Roys, aflirme que les
baleines proprement dites, dans le Nord du Pacifique, se
nourrissent de petits animaux qui meurent tous les ans, et
qui ne sont bons à manger qu'à un moment donné. On
trouve ces bancs de « manger de baleine » depuis 50
(1) I paraît que le Nord-Caper (Balæna glacialis Lacép.), se
nourrit de poissons qu'il avale tout entiers. Dans le T. XVIIL
de l'Hist. gén. des voyages de l'abbé Prévost, on lit à la page 27
(Descript. de l'Islande) :
« Parmi les ennemis du hareng, on distingue le Nord-Caper
» quiestun des plus dangereux et remarquable par la ruse
» dont il se sert pour en faire sa proie. Il se tient le plus sou-
» vent auprès de l'extrémité septentrionale de la Norwège. Ce
» poste ne peut être plus favorable à ses vues ; car il est averti
» du passage des harengs qui côtoient la Norwège, en descen-
24 MÉMOIRE SUR
jusqu’à 55° de latitude pendant le mois de février. A une
latitude un peu plus élevée, il est à point pendant le mois
de mars; en août on trouve les banes par 60°. Pendant ce
temps, les petits animaux qu'on rencontrait de 50° à 40°
meurent, les baleines ne peuvent plus les manger dans cet
état, et par conséquent vivre à cette latitude, mais les
humpback et les fin-back s'en régalent. Les aliments
des baleines Pôlaires diffèrent un peu. Les excré-
ments de ces baleines sont extrêmement durs, comme si
elles étaient soumises à une très forte constipation, et
exhalent une odeur horriblement fétide.
On n’a pas l’idée, faute d'observations, de ce qui se passe
dans les hautes latitudes de l’hémisphère Austral. Une fois,
par 21° de latitude Sud, sur les côtes du Brésil, nous avons vu
la mer toute couverte de grandes plaques vertes et jaunà-
» dant du Nord. Lorsque toutes les troupes de harengs ont
» dépassé sa demeure habituelle, son intérêt l'appelle aux envi-
» rons de l'Islande. Là, quand il est pressé par la faim, il a
» l'adresse de rassembler les harengs dispersés et de les chas-
» ser devant lui vers la côte. Lorsqu'il les voit en assez grande
» quantité, il les pousse le plus qu'il peut dans quelque baie et
» par un coup de queue, il y excite un tourbillon très rapide et
» capable même d’'entrainer de légers canots. Cette petite tem-
» pête étourdit et comprime tellement les malheureux barengs
» qu'ils se précipitent par milliers dans sa gueule quil tient
» ouverte. Il les y attire en aspirant encore avec force l'air et
» l’eau, ce qui les entraine directementdans son estomac comme
» dans un gouffre...»
Id. page 31 :
« L'ardeur et l'avidité d’une baleine l'ayant un jour fait
» échouer sur le sable pour s'être trop approchée des côtes,
» tous les Islandais du canton vinrent bientôt l'assaillir et la
» tuèrent. Une baleine était pour eux une prise très agréable ;
» mais elle le devint bien davantage encore, lorsqu'on trouva
» dans son ventre plus de six cents cabeliaux frais et vivants,
». une multitude infinie de sardines et même des oiseaux.»
LES BALEINES ET LES CACHALOTS. 95
tres : cette coloration était due à de petits animaux, gros
tout au plus comme la tête d’une épingle, dont lesuns avaient
le corps rouge, fait comme celui d’un ver étranglé par Île
milieu : avec une loupe ordinaire on crut leur reconnaître
des pattes. Les autres étaient pisciformes et se mouvaient
avec une très grande rapidité. Plusieurs pêcheurs croisaient
en ce moment-là dans les environs.
Baleines coulées.
Il arrive souvent que les baleines coulent une fois tuées,
au grand désespoir des capteurs. On ne sait pas encore au
juste à quoi attribuer cet accident. On à cru qu'il était causé
par la maigreur des sujets, des femelles, par exemple,
pendant qu'elles allaitent : cela arrive presque toujours
aux baleinoptères. Mais on a vu des baleines très maigres
rester sur l’eau, tandis que d’autres, fort grasses, étaient
perdues. La dissection de ces animaux fait voir qu’ils ont à
l'intérieur un grand réservoir qui contient une grande
quantité de sang artériel, lequel est, sans doute au besoin,
mis en circulation et leur permet de rester un temps assez long
sous l’eau sans qu’elles soient obligées de venir respirer. Il
peut se faire que les harpons ou les lances percent les parois
de ce réservoir de sang, et que cette circonstance fasse
couler le cadavre.
Ennemis de la baleine.
Malgré leur énorme masse, les baleines sont, comme
chacun sait, des animaux extrêmement timides : elles ne
combattent absolument que pour leur défense et si ma-
ladroitement qu’on voit qu’elles n’en ont pas l'habitude, ou
bien quand elles ont un petit, et rien alors ne peut surpas-
96 MÉMOIRE SUR
ser leur tendresse et leur dévouement. Leur plus grand
ennemi — après l'homme sans doute — est le Delphinus
Gladiator (1) que les baleiniers appellent Killer (le tueur).
Il saisit la baleine par la lèvre inférieure avec la téna-
cité d’un boule-dogue; la pauvre bête, harassée par les
efforts qu’elle fait pour se débarrasser de son ennemi, expire
à bout de souffrances : le Killer lui mange alors la langue,
qui est, à ce qu’il paraît, le seul morceau qu’il convoite (2).
20 BALEINOPTÈRES.
Les baleinoptères sont beaucoup plus communes que les
PP
baleines proprement dites, grâce sans doute au peu d'huile
l » 8 P
qu'elles rendent, ce qui les met à l'abri des poursuites.
Outre la nageoiïire ou la fausse nageoire sur l’extrémité du
= e]
corps, à la naissance de la queue, qui constitue leur prin-
cipal cäractère extérieur, elles ont les nageoires pectorales
beaucoup plus grandes et la tête plus applatie, à cause de
la moins grande cambrure de leur mâchoire supérieure,
qui fait aussi que leurs fanons sont beaucoup plus petits.
(1) Épée du Groënland, Kasatki des Kamtschadales.
(2) Au nombre des ennemis de la baleine, il faut encore compter
l'Espadon et le Trasher (le fouetteur). Je ne sais pas au juste
quel est ce dernier, dont je n'ai vu le nom mentionné que dans
quelques livres : probablement c'est un grand dauphin, un
épaulard, Delphinus Orca, Bellon. I paraîtrait que l'attaque par
l'Espadon et le Trasher est simultanée. L'Espadon passe sous
la baleine, plonge dans son ventre larme formidable dont il est
muni; la douleur fait monter la baleine à la surface, où le
Trasher la frappe à coups redoublés avee sa queue, jusqu'à ce
qu'elle expire sous les coups de ses deux persécuteurs. Il faut
avouer que cette entente de deux animaux d'espèces tout-à-
fait différentes, est bien extraordinaire : je crois, jusqu'à plus
complète vérification, qu'on peut reléguer toute cette histoire
avec une foule d’autres contes des anciens pêcheurs.
LES BALEINES ET LES CACHALOTS, AT
Les baleiniers reconnaissent différentes espèces: le hump-
back, le fin-back, le razor-back, et le sulfur-bottom.
Humpback.
1° On rencontre les humpback (dos à bosse : ainsi nommés
à cause de la bosse que fait la fausse nageoire) en très
grand nombre dans les mêmes parages que les cachalots et
les balcines franches; mais c’est surtout sur les côtes du
Chili, du Pérou et de la Californie et à la Nouvelle-Hollande,
qu'on en rencontre le plus. Nous avons vu la baie de San-
Carlos de Monterey, en Californie, littéralement couverte
de ces grands Cétacés qui nagent comme les marsouins,
en plongeant la tête la première et en élevant en Pair
leur large queue. La nuit, on entendait de tous côtés
le bruit de leurs évents qu’on a comparé , avec jus-
tesse, à celui d’un timbre. Jusqu'ici on les a peu chassés;
les baleiniers n’amènent dessus, que quand les autres
pêches ne donnent pas, ou à la fin d’une campagne, lors-
qu'on n’a plus à ménager les embarcations. Leurs mouve-
ments sont tellement prompts et irréguliers, qu’on a de la
peine à les atteindre; une fois harponnés, la rapidité de leur
course est telle qu’il faut souvent couper la ligne, de peur
de voir sombrer la pirogue. Un humpback de 26 mètres de
longueur donne tout au plus 50 barils d'huile, ce qui ne
compense pas la peine qu’on a pour le prendre, De plus, ils
coulent presque toujours une fois morts; aussi il n’y a de
l'avantage à les chasser que dans les baïes où ils coulent sur
le fond : leur énorme poids empêche les courants de les
déplacer, et quand ils reviennent à la surface, quelquefois au
bout de deux jours, on les échoue au rivage pour les
dépécer.
Le humpback doit être rapporté au genre Rorqual ou
28 MÉMOIRE SUR
Baleine à tuyaux, (Rorqualus Boops, Cuvier; Jubarte, Balæ-
noptera Jubartis, Lacép.; Balænopt. Boops, Linné, Balæna
rostrata, Bonn.). Nous croyons qu'on doit joindre à cette
espèce le Rorqual de la Méditerranée, Balænoptera
musculus, Linné, Rorqualus musculus, Cuvier.
On lit une description complète d’un humpback, baler-
noptère de l'espèce à museau pointu, qui vint s'échouer aux
îles Malouines pendant le séjour qu'y firent les naufragés de
la corvette l'Uranie, dans le Voy. de Freycinet, 1817-1820,
Zool. p. S1 ct suiv.
Fin-back.
2 Les fin-back ont le corps plus allongé que les hump-
back; la tête est également plus longue, faisant le tiers de
l'animal et déprimée, le museau pointu, le corps pisciforme
sans plis sous la gorge. Les fanons sont très courts et de
couleur bleuâtre. A la naissance de la queue s'élève une
nageoire triangulaire (fin), haute d'environ un mètre.
On ne poursuit jamais les fin-back à cause de leur viva-
cité et de leur méchanceté quand ils sont blessés. Un grand
individu, long de 20 mètres, ne donne que de 15 à 25
barils d’huile et souvent rien du tout : ils sont générale-
ment très maigres et coulent presque toujours une fois
morts. On trouve ces baleinoptères dans toutes les mers,
mais principalement dans les parages des îles Maloui-
nes et sur la côte du Chili. Il paraît qu’elles peuvent vivre
sous tous les climats. Nous en avons vu au cap de Bonne-
Espérance par un temps très froid, sur les côtes de Mada-
gascar, et dans l'archipel des Comores, au milieu de l'été,
La défense de passer d’un côté à l’autre de l’Équateur ne
s'étend pas à elles, si on en croit les baleiniers (1). Il en est
(1) Quelques pêcheurs sont cependant d'un avis contraire, et
SUR LES BALEINES ET LES CACHALOTS. 29
venu, à différentes reprises, s’échouer sur les côtes de la
Méditerranée; il n’y a pas bien des années qu'on en a
recueilli un dans le golfe de Gascogne, et en 1855,on a vu une
troupe de petits fin-back remonter la Tamise jusqu’au pont
de Londres. La même année, une goëlette a coulé dans la
Manche, par le fait d'une forte voie d’éau qui s'était décla-
rée à la suite d’un violent coup de queue d’un énorme
fin-back.
Ce Cétacé est sans aucun doute, le Gibbar (Balænoptera
Gibbar, Lacép.; Balæna Physalus, Linné), espèce à laquelle
se rapporte peut-être le Poeskop (Balæna capensis) des
Hollandais du cap de Bonne-Espérance.
Razor-back.
5° Je n'ai vu le Razor-back (dos en razoir) cité que dans le
livre du Rd Cheever (the Whale and his Captors), qui dit
que cette baleine atteint quelquefois ane longueur de 52
mètres, mais qu’elle est beaucoup plus effilée que la baleine
franche. Ce doit être une exagération, comme il yen a
disent que les kumpback et les fin-back de l'hémisphère Sud dif-
fèrent de ceux de l'hémisphère Nord. L'expédition de Dumont
d'Urville (Astrol. et Zélée) à rencontré un rorqual dont on a fait
une espèce nouvelle (Balænoptera Astrolabæ, Hombr. et Jacq.),
qui a pour principal caractère extérieur une série de bosses,
grosses conime le poing, sur la partie antérieure de la tête et
au-dessus de la lèvre supérieure. Les ailerons pectoraux sont
blanes et très longs, ce qui est du reste commun à tous. Habite
la mer Glaciale Antarctique.
Le nombre très grand des fin-back dans toutes les mers a
engagé plusieurs baleiïniers à chercher les moyens de tuer ces
animaux à distance, mais de manièie à ne pas les perdre une
fois morts. On espèrerait compenser par le nombre, la faiblesse
du rendement en huile. Jusqu'ici il ne paraît pas qu'on soit
arrivé à des procédés satisfaisants.
50 .._ MÉMOIRE SUR
plusieurs dans ce livre; il est probable que c’est quelque
grand fin-back , bien maigre, auquel on aura donné ce
nom. j
Sulfur-bottom.
Le Sulfur-bottom, qui donne de 15 à 50 barils d'huile, est
peut-être une variélé du humpback.
Une grande partie des observations générales sur les
habitudes des baleines franches peuvent s'appliquer aux
baleinoptères; mais comme on ne poursuit pas celles-ci, on
a encore moins de données sur elles que sur les premières.
Il paraîtrait qu'aux petits animaux qui font la nourriture
des baleines, les baleinoptères joindraient des harengs, des
sardines et d’autres petits poissons. Les côtes du Chili et de
Ja Californie, où l’on voit beaucoup de humpback, sont très
poissonneuses , mais elles abondent aussi en méduses,
galères, etc., etc.
3° CACHALOTS. (PHYSETER, CATODON,.
s
Cette famille est divisée par les auteurs en deux genres
principaux ; les Cachalots, qui n’ont pas de nagcoire dorsale,
elles Physetères, qui en ont une. Ces genres renferment six
ou sept espèces, établies sur des différences dans la forme
ou la position des dents, différences qui résultent peut-être
de l’âge et du sexe. Cuvicr pense que les quatre espèces du
premier genre doivent n’en faire qu’une seule, le Grand
Cachalot (Physeter macrocephalus, Linné), et en cela il est
d'accord avec les baleiniers, qui ne parlent du cachalot que
comme d'un animal unique dans son espèce, Les Physetères
ne sont-ils pas de grands Dauphins ?
SUR LES BALEINES ET LES CACHALOTS, o1
Cachalot des Moluques.
Cependant un baleinier Américain, le capitaine Crocker,
parle (Maury’s Sail. Direct. 1854) de petits cachalots, à la
peau très ridée, très vifs dans leurs mouvements, qu'il a ren-
contrés dans la mer de Soulou, et dont 50 lui fournirent
400 barils d'huile, c’est-à-dire en moyenne buit barils par
tête, tandis que les femelles des Cachalots ordinaires, beau-
coup plus petites que les mâles, en donnent ordinairement
quinze. Ces petits Cachalots ont été rencontrés dans la mer
de Florès, le détroit de Macassar etdansles Moluques. On dit
que cetle espèce se trouve dans tout l'Océan Indien, jusqu’à
la mer Rouge. Le capitaine Crocker n’en donne aucune
description; il dit seulement que dans le nombre de ceux
qu'il prit, il se trouvait des femelles avec les mamelles plei-
nes de lait, et des mâles parvenus en apparence à tout leur
développement, mais que les individus des deux sexes étaient
très petits. [ne prit qu'un mâle de grande taille, mais il était
évidemment très vieux et malade, et ne produisit que 60
barils d'huile, quoique, d’après sa dimension, on eût dû
s'attendre à en obtenir 100. Dans un autre passage de sa
lettre, le capitaine Crocker parle de laspect raboteux de la
peau des cachalots qui est couverte de rides non parallèles,
mais jetées irrégulièrement ; mais il ne dit pas si cela s’appli-
que à ceux de la mer de Soulou ou à ceux qu’on rencontre
dans les autres mers, Ces rides et ces bosses s'appliquent
parfaitement à la figure donnée dans l’Atlas du Voy. de
lUranie (1817-1820), figure dessinée d’après un croquis
communiqué par un baleinier anglais qui péchait sur
les côtes de Timor, dans les Moluques. D’après l'échelle de
ce dessin (1/85 de la grandeur), l'animal aurait 17 mètres
de longueur. MM. Quoy et Gaimard en ont fait une espèce,
le Cachalot bosselé (Physeter polycyphus).
32 MÉMOIRE SUR
Lieux fréquentés par les Cachalots.
En voyant le nombre de Cachalots rencontrés dans la
zône torride par les premiers pêcheurs qui fréquentèrent le
Pacifique à la fin du dernier siècle, on doit supposer que ces
Cétacés aiment la chaleur, et cette supposition se trouve con-
firmée par leur présence en troupes nombreuses dans la
partie septentrionale de cet Ocean, dont les eaux sont
échauffées par un courant analogue au Guf-Stream, qui a
son origine dans la mer des Indes et sort par la mer de
Chine. Il est probable que les parages de l'Océan Austral
où l’on en rencontre, sont pareillement échauffés par quel-
que courant dont la direction n'a pas encore été observée.
On dit qu’on trouve des Cachalots dans toutes les mers,
et qu’on en a même pris dans l’Adriatique. De gros souf-
fleurs(Delphinus Orca, Bellou) n’ont-ils pas donné lieu à cette
croyance ? Toujours est-il qu'aujourd'hui, s'ils ont la chance
d’en rencontrer quelquefois, dans l'été, du côté des Açores,
les baleiniers ne comptent guères dessus avant d’être rendus
dans les régions tropicales de l'Océan Atlantique, où l’on en
voit encore quelquefois, ainsi que dans l'Océan Indien. Mais
c'est dans le Pacifique qu'on les trouve en plus grand
nombre. L'Off-Shore Ground (1), c'est-à-dire la partie de
mer qui baigue les côtes du Pérou, lesîles Galapagos qui
paraissent être leur rendez-vous d’amour, le cap San-Lucar,
extrémité méridionale de la presqu'île de Californie, et
toute la vaste zône comprise de 15° de latitude N. à 15° de
latitude S., sont les parages où l’on a le plus de chances
d'en rencontrer, Depuis un demi-siècle on en a détruit des
quantités prodigieuses, et ceux qui restent, pourchassés de
(1) Ground, Haunt, sont fréquemment employés pour dire les
endroits favoris des baleines ou des cachalois.
LES BALEINES ET LES CACHALOTS. 39
tous côtés, se réfugient au milieu des îles basses, comme
l'archipel des Paumotou, les îlesGilbert, le groupe de King’s-
mill, ete,, etc., où les difficultés de la navigation les mettent
plus à l'abri.
Dimensions, formes, couleur, etc., des Cachalots.
Voici les principales dimensions d’un Cachalot mâle qui
a fourni 95 barils d'huile. Il est rare d’en trouver qui ren-
dent davantage et soient plus grands :
MÈTRES.
Longueur du bout delatêteau bout de la queue 18,8
Circonférence à l'endroit le plus gros du corps. 9,7
PonsnenErde latte mem TE SES 60
Id. de la mâchoire inférieure, ayant 22 dents de
: Chaque COLE es) NME MENT lens ee
idea tqneuenté Fhnfetielles rt nues 23e
OAI ME 048
Hauteur de la bosse (hump) (1) ou fausse
MASON NE pe Dh QUE Ne Te E 10,6
Diamètre des yeux: 21. ANS 4 ANNE" 0109
Un Cachalot de cette taille doit peser au moins 60,000
kilogrammes.
Les mâchoires offrent des dimensions et des proportions
extrêmement variables en raison des individus. Généralement
Largeur de la queue . .
(1) De la tête à la bos e, l'animal est presque rond : à partir
de là, le corps est terminé en haut et en bas par une crête
bosselée, et diminue de grosseur jusqu'à l'origine de la queue,
où, sur un sujet comme ecelui qui nous occupe, il n'a pas plus
de deux mètres de tour, et est beaucoup plus épais dans le sens
vertical que dans le sens horizontal.
Quand le Cachalot nage à la surface, la bosse qu'il a sur le dos
paraît élevée d'environ soixante centimètres au-dessus de
l'eau.
54 MÉMOIRE SUR
la mâchoire inférieure est longue, très étroite, les deux bran-
ches déprimées transversalement sont juxtà-posées dans les
trois quarts de la longueur totale, à partir du devant. Le
nombre des dents n’est pas égal dans tous les individus et
leur forme diffère souvent. Quelquefois on prend des Cacha-
lots quiont la mâchoire inférieure cassée: ce sont des mâles,
devenus ainsi difformes à la suite des combats qu'ils se
livrent dans leurs rivalités d'amour. Les adversaires se
ruent l’un sur l’autre, la tête la première, la bouche ouverte,
cherchant à se prendre la mâchoire, et il leur arrive alors
souvent de la briser en se retournant avec force sans lâcher
prise. Il n’y pas de dents à la mâchoire supérieure, excepté
chez les individus très jeunes, et alors celles sont très
petites.
On voit, plus haut, que la tête fait à peu près le tiers de
la longueur totale. Cette masse, carrée par devant, pèse
un poids énorme, et c’est la partie la plus riche en huile. La
tête d’un petit Cachalot peut être embarquée tout d’un mor-
ceau, mais il n’en est pas ainsi pour les gros. On commence
par détacher les mâchoires, puis avec des apparaux ad hoc
fixés au grand mât, on enlève la partie appelée jun;
c’est-à-dire l'énorme masse de graisse qui recouvre la
voûte crânienne, et qui pèse quelquefois plus de 5000 kilo-
grammes. On embarque ensuite ce queles Américains appel-
lent case et les français la fontaine, amas de matière fluide,
pouvant remplir 12 à 14 barils, contenue dans un grand
tube qui court dans toute la longueur de la tête. Cette
substance huileuse, connue sous les noms de Sperma cet,
Cétine, blanc de baleine, et dont tout le monde sait l'emploi
dans l’industrie, est recouverte par un fourreau cartilagineux
excessivement dûr , que les pêcheurs appellent White
horse.
Les Cachalots présententlesmêmes variétés de couleursque
SUR LES BALEINES ET LES CACHALOTS. 9)
Îes baleinesfranches. Leur peau est de même composée d’un
épiderme très mince, qui recouvre une sorte de feûtre. Le
capitaine Crocker, cité déjà plusieurs fois, dit qu’ils sont
ridés et plissés, ce qui leur donne une apparence de mai-
greur, Les côtes ont parfois l'air de percer la peau; Pépi-
derme est tout déchiré. Dansles convulsions de leur agenie,
ils en perdent de grands morceaux, et, après leur mort, on
dirait qu’on les a frottés violemment contre quelque surface
rugueuse. Cette apparence de maigreur ne doit pas décou-
rager : au contraire, c’est un dicton de baleinier: que plus
les rides sont profondes, plus la bête est grasse. La tête est
unie et polie, et, à partir des yeux, le corps est couvert de
rides non parallèles, mais jetées irrégulièrement, et profon-
des de trois à huit centimètres.
Respiration.
Les Cachalots n’ont qu’un évent dont orifice est long de
0" 57 quaud il est fermé et large de 13 à 16 centimètres
quand il est ouvert. Ce n’est pas de l’eau, mais de la respi-
ration condensée, qu’ils lancent; le jet se fait en avant et
s’'épanouit comme une bouffée de tabac ; on ne le voit que
pendant un instant très court. Sa densité est celle du brouil-
lard, et quand on le reçoit sur la figure, on éprouve la
même sensation d'humidité. L’évent est au côté gauche de
la tête, presque à son extrémité. Quand le temps est beau
et la brise modérée, on voit le jet, de la mâture, à une dis-
tance de neuf milles, et il reparaît à des intervalles aussi
égaux que ceux que pourrait mesurer la meilleure montre,
Quand, après avoir plongé, les Cachalots reparaissent sur
Veau, ils soufflent ordinairement cinquante ou soixante fois
de suite, à des intervalles de quinze secondes. Cependant,
au moment de l’émersion, leur respiration est un peu plus
56 MÉMOIRE SUR
pressée. Après avoir soufflé pendant un demi-quart d'heure,
ils replongent pour rester sous l’eau pendant une heure ou
une heure et demie, mais jamais davantage (1). On a
remarqué qu'ils retenaient leur respiration plus longtemps
dans certaines mers que dans d’autres, peut- être parce qu'ils
sont obligés de s’eufoncer davantage pour trouver des
aliments.
Sens de la vision et de l’ouie.
La puissance de la vision est très limitée chez ces ani-
maux. Îl ne peuvent voir droit devant eux. Quand ils sont
en troupe, si quelque chose vient les alarmer, ils se jettent
maladroitement les uns sur les autres; aussi, est-il probable
que, quand on les attaque droit par devant ou par derrière,
ils n’ont la conscience du danger que lorsque le barpon le
leur révèle. Cependant il paraîtrait qu'ils ont l’ouie excessi-
vemenit fine, malgré l’imperfection de leurs oreilles qui n’ont
qu’une très petite ouverture, sans conque extérieure. Un
individu est-il attaqué au milieu d’une bande (game, scool),
qui couvre une étendue de plusieurs milles : tous sortent la
tête hors de l’eau, paraissent écouter an moment, et si le
blessé est une femelle, tous se précipitent vers elle, ignorant
le danger qu'ils courent eux-mêmes. Mais si l'attaque a
(1) Quelques pêcheurs prétendent que les Cachalots peuvent
rescer sous l'eau pendant des moisentiers ! La raison qu'ils don-
nent, c’esi que dans les parages les plus fréquentés par ces ani-
maux, Où croisent en même temps beaucoup de navires, on est
quelquefois plusieurs semaines sans voir un Cacbhalot, lorsque,
tout-à-coup, la mer en est couverte, comme par magie. Nous
ne croyons pas quon puisse inférer de là qu'ils éiaient sous
l'eau depuis longtemps, mais qu'il y a des endroits limités où
ils se plaisent davantage, et dont ils ne s’écartent guères.
LES BALEINES ET LES CACHALOTS. sy
lieu sur un mâle, neuf fois sur dix, tout le troupeau s'enfuit
et est bientôt hors de vue.
La cécité est assez commune chez eux : un baleinier en a
pris un dont les yeux étaient remplacés par des masses
fongueuses, faisant saillie; mais il paraît que cette infirmité
n'empêche pas ceux qui en sont atteints de pourvoir à leur
nourriture; car ils sont aussi gras que les autres.
Maœurs, habitudes.
Nous avons donné plus haut les dimensions d’un grand
Cachalot. Généralement les mâlesrendent de 50 à 100 barils
d'huile. Les femelles sont beaucoup plus petites; leur taille
est le quart de celle du mâle, et il est rare qu’elles donnent
plus de vingt barils d'huile, et le plus souvent elles en ren-
dent beaucoup moins. On les voit par troupes depuis quinze à
vingt, jusqu'à cent et au-dessus, accompagnées par un
grand mâle qui semble être le chef de la bande, et dont la
tête étale les blessures qu’il a reçues en combattant ses
rivaux. Les femelles sont quelquefois accompagnées d’un
petit qui n’a que deux ou trois mêtres de longueur.
Il est rare de voir les grands Cachalots mâles en troupe :
on en trouve parfois quatre ou cinq éparpillés dans un espace
de quatre à cinq milles, mais le plus souvent ils sont isolés.
Pendant les premiers temps de leur accroissement, les mâles
se réunissent en troupeaux dont tous les individus sont de
même taille. Quand ils sont très jeunes, ils vivent dans la
compagnie des jeunes femelles, mais en prenant de l’âge les
deux sexes se séparent.
Les Cachalots aiment avant tout les eaux profondes : on
ne les voit jamais sur les bancs, et quand ils s’approchent de
terre, c’est le long des côtes acores. Pour faire leurs petits,
les femelles cherchent les baies dont l’eau bleue indique la
58 MÉMOIRE SUR
profondeur, ou les échancrures des récifs et des îles de
corail près desquelles la sonde n’atteint pas le fond. Dans
les cas ordinaires, quand ils se déplacent, soit isolément,
soit par troupes, c’est probablement à la recherche de leurs
aliments. On en a suivi pendant des jours entiers, sans que
leur route déviât d’une pointe de la boussole. Quand on ne
les dérange pas, leur vitesse n’est guère que de trois milles à
l'heure; quand ils sont effrayés, elle atteint plus de dix milles,
mais cela ne dure pas et elle retombe bientôt à cinq.
Aliments.
Le principal, sinon l’unique aliment des Cachalots, est
une espèce de Calmar ou d’Encornet que les baleiniers
appellent Squid. On a dit qu'ils se nourrissaient de poissons,
qu'ils attaquaient les baleines, que leur voracité égalait celle
des requins, qu'ils se promenaient, en un mot, sur toutes les
mers en despotes cruels, exerçant leur férocité sans pro-
vocalion el sans besoin. Tous les balciniers s'accordent à
dire qu’il n’y a pas d'animaux plus timides et plus faciles à
effaroucher, à moins que la douleur ne les excite. Tous sont
unanimes aussi pour dire que le Squid est leur unique
nourriture. Quand un Cachalot est biessé à mort, il en
vomit de grands morceaux, et on ne trouve dans l'estomac
que des débris de cet animal. Cependant les Calmars se
trouvent, le plus souvent, dans les endroits où le fond n’est
pas bien loin dela surface. Après cela, peut-être y en a-t-il,
à de grandes profondeurs, une espèce dont les dimensions
nous sont inconnues, mais,qui doit être très grande, si on
en juge par les morceaux, aussi gros qu'un baril, que
Pestomac du Cachalot rejette. Dans quelques parages, on
voit des morceaux de Squid flotter à la surface de la mer,
ce qui est d’un bon augure.
LES BALEINES ET LES CACHALOTS. 59
On a remarqué, là où on a pu observer les Cachalots
prenant leur nourriture, qu’ils nagent doucement, la bouche
ouverte, la mâchoire inférieure faisant un angle droit avec
le reste du corps. Les encornets s'y précipitent, attirés par
la blancheur éblouissante de la langue et de l’intérieur de
la bouche. Sans cette ruse, les cachalots ne pourraient les
prendre à cause de l’irrégularité et de la vivacité de leurs
mouvements. On a cru remarquer que là où des courants
se faisaient sentir d’une manière appréciable, les Cachalots
avaient presque toujours la tête dirigée contre le courant,
attendant sans doute que celui-ci leur amenât leur proie ;
ainsi dans l'Océan Pacifique, au milieu du grand courant
Equatorial qui porte de l'Est à l'Ouest, on les trouve souvent
la tête tournée du côté de l'Est.
Nous avons dit qu’ils étaient excessivement faciles à
effaroucher. Un marsouin, bondissant au milieu d’un trou-
peau, les met {ous en déroute. Lorsqu'ils n’ont Jamais été
chassés, ils ne se défient pas des embarcations : avec des
précautions pour né pas les effrayer, on peut s’approcher
d'eux et les tuer facilement; il n’y a à craindre que les
mouvements convulsifs de leur agonie. Souvent alors, il
arrive qu’un coup de queue envoie la pirogue à dix pieds
en Pair, heureux les hommes quand ils peuvent éviter le
coup! Leur mâchoire, avec ses 50 ou 40 dents, quelque-
fois grosses comme le bras, est aussi une arme formidable
pour tout ce qui vient en contact avec elle.
Cependant on rencontre de vieux mâles qui ont déjà fait
connaissance avec les harpons, et les pêcheurs ont alors non
seulement à craindre leur agonie, mais il arrive souvent que
les animaux blessés entrent en füreur et se précipitent sur
l'embarcation qu’ils brisent. Toutle monde a entendu parler
du désastre de l’Essex, de Nantucket, qui fut coulé en
1819, dans les mers du Sud, par le choc d’un Cachalot.
40 MÉMOIRE SUR
Cette histoire était tombée dans loubli, lorsqu'un accident
pareil, arrivé sur POff-Shore-Ground, par 5° de latitude
Sud, et 104° de longitude Ouest, est venu en raviver le sou-
venir, Le 20 août 1851, le navire lAnn-Alexander, de
N. Bedford, capitaine Deblois, rencontra un énorme Cacha-
lot, qui débuta par briser avec sa queue et sa mâchoire, trois
embarcations envoyées à sa poursuite. On le chassa alors
avec le navire lui-même, et on réussit à lui jeter une lance
sur la tête: quelque temps après, on le vit plonger. Debout
sur un des bossoirs, le capitaine veillait le moment où il
reparaîtrait, lorsque, tout-à-coup, il aperçut le monstre se
ruant sur le navire avec une vitesse de peut-être 15 milles
à l'heure. L’Ann-Alexander trembla dans toute sa char-
pente, comme s’il avait rencontré un écueil : le Cachalot
avait fait dans la carène, à un mêtre au-dessus de la quille,
un trou par lequel l’eau entrait abondamment. Les hommes
n’eurent que le temps de quitter, sans pouvoir rien emporter, le
navire qui se coucha sur le flanc, tout rempli d’eau. Heu-
reusement que deux jours après, ils furent recueillis par un
autre baleinier,
Cet accident, rappelant ceux de l’Essexæ, du Pocahontas
et d'autres navires qui avaient été plus ou moins maltraités
par des Cachalots, inspira pendant quelque temps une cer-
taine terreur. Le Cachalot n’était donc plus cet animal si
timide, si facile à effrayer! Il paraissait connaître sa force
et en calculer les effets! Aussi, ce fut une véritable joie parmi
les baleiniers, quand on apprit, au commencement de 1856,
qu’on avait capluré au large du Pérou, un énorme Cacha-
lot portant des traces de lésions à la tête, telles qu’on pouvait
supposer que c’élait celui qui avait coulé l’Ann-Alexander.
De plus, ses mouvements étaient tellement extraordinaires
qu'on eût volontiers dit qu'il était atteint d’ahénalion
mentale.
LES BALEINES ET LES CACHALOTS. 41
Nous avons dit plus haut que les mâles portent souvent
des traces des combats qu'ils se livrent : on prétend que, dans
ces occasions, ils poussent des mugissements et des siffle-
ments aigus qu’on entend de fort loin : ceci mériterait con-
firmation.
On ne sait rien sur la durée de la vie des Cachalots : on
suppose qu'elle est de 40, 50 et peut-être 100 ans. Leur
constitution plus solide, plus ferme, ferait croire avec assez
de vraisemblance qu'ils vivent plus longtemps que les balei-
nes franches. Les jeunes mettent, à ce qu’on croit, dix ans
à arriver à leur croissance parfaite; mais toutes ces suppo-
sitions me paraissent tout-à-fait gratuites, n’étant basées sur
aucune observation sérieuse.
L'homme est probablement leur plus grand ennemi,
car il paraît que le Aller et le Trasher ne les attaquent
jamais.
Onnesaurait dire encore sil’ambre gris, qu’ontrouve quel-
quefois dans les intestins des Cachalots, est la cause ou l'effet
: d’une maladie. On enatrouvé des morceaux flottant sur l’eau,
du poids de 50 à 60 kilogrammes.
Ilest assez rare de rencontrer des Cachalots en même
tempsque des baleines franches; on n’a pas remarqué, quand
cela avaitlieu, que ces deux genres d'animaux eussent entre
eux les moindres relalions, soit amicales, soit hostiles.
On a tant chassé les Cachalots, qu'aujourd'hui il n’y a
pas à établir sa croisière sur un point plutôt que sur un
autre : il faut parcourir tout le Pacifique et l'Océan Indien,
et les cachalotiers, pendant les trois ou quatre ans qu'ils
mettent pour ramasser 2000 barils d'huile, tracent un sillon
qui ferait plusieurs fois le tour du globe. Cependant on en
tue encore un assez grand nombre; ainsi, en 1855, ona importé
aux Etats-Unis 72,649 barils d'huile de Cachalot, ce qui,
en supposant 50 barils par animal, ferait 1459 individus
49 MÉMOIRE SUR
tués ; mais il est probable que ce chiffre est trop bas, même
sans compter ceux qui ont coulé ou qui ont été perdus et
dont le nombre est toujours considérable.
4° DAUPHINS.
Souflleur, Grampus.
On rencontre dans toutes les mers de grands Dauphins à
nageoire dorsale, que les marins appellent Souffleurs, et les
Anglais et les Américains Grampus. Ces derniers les comp-
tent parmi les animaux auxquels ils donnent le nom géné-
rique de Whale. Le golfe de Lyon, dans la Méditerranée,
et le bassin qui s’étend entre les Baléares et l'Afrique,
PEspagne et la Sardaigne, sont fréquentés par de grands
Cétacés, qui sont peut-être de la même espèce que ceux
qu'on rencontre sur les côtes de l'Europe Occidentale ;
sans doute le Nesarnak des Groënlandais, le Delphinus
Tursio, Lacép., l’Epaulard ou D. Orca, Belon;, D. Feres,
Bonnaterre. Ces dauphins ont de 5 à 9 mètres de longueur,
et donnent de 5 à 15 barils d'huile; on ne les chasse pas à
cause de la vivacité de leurs mouvements, et ce n’est que
lorsqu'ils échouent sur le rivage qu'on en profite.
Blackfish.
Les baleiniers amènent quelquefois sur le Blackfish, espèce
de dauphin dont la taille égale à peu près deux fois celle
d'un marsouin ordinaire, et qui donne depuis un jusqu'à
cinq barils d'huile inférieure à celle du Cachalot, mais supé-
ricure à celle de la baleine.
On voit dans les observations zoologiques faites pendant
le voyage de la Coquille, sous les ordres de M. Duperrey,
LES BALEINES ET LES CACHALOTS, 45
de 1825 à 1825, qu’on rencontra, mais sans être à même
de les observer de près, dans le grand espace de mer com-
pris entre Parchipel Tonga et la Nouvelle-Hollande, un
grand nombre de ces Cétacés, que les baleiniers appellent
Blackfishes. Les naturalistes de l'expédition, MM. Lesson et
Garnot, supposent que c’est un Physétère non encore décrit
ayant une nageoire dorsale falciforme , et la tête
renflée au sommet, à cause d’une protubérance remplie
d’une matière semblable au Sperma-ceti.
J'ai sous les yeux un dessin de Blackfish, fait par un
pêcheur Américain : il n’a pas de nageoire dorsale, mais
seulement une petite éminence près de la naissance de la
queue. Mes souvenirs ne me servent pas assez pour que je
puisse aflirmer si cette suppression de la nagcoire dorsale
est juste, quoique j'aie été souvent à même de voir des
Blackfishes, ou du moins des animaux que des baleiniers
présents sur les lieux appelaient ainsi, pris par les naturels
des îles du Pacifique dans lesquelles j'ai longtemps séjourné;
mais alors, ne m’occupant point de ces questions, J'ai
négligé d'écrire les observations que j'ai pu faire. Ce serait
facile à vérifier, ces Cétacés étant très nombreux. Leur
museau est obtus, les mâchoires sont égales avec des dents
de méme dimension en haut et en bas, (un des principaux
caractères des dauphins). Le crâne m'avait surtout frappé.
L’os frontal, au lieu d’être convexe, est concave : le creux
est rempli d’une matière huileuse qui forme une bosse sur
la tête. Le trou de l’évent est du côté gauche et le jet se
dirige en avant de ce côté. Tous ceux que j'ai vus avaient le
dos noir et le dessous du corps blanc.
Si la nageoïire dorsale n'existait pas, les caractères exter-
nes de ces Cétacés les rapprocheraient du Delphinaptère
appelé Beluga (Delphinus albicans); seulement leur nom,
qui indique qu’ils sont noirs, ne se rapporterait guères au
44 MÉMOIRE SUR
Beluga, qui est blanchätre. Ce dernier n’a guère été observé
que dans les mers Pôlaires: ne serait-il pas possible
qu'ailleurs il eût une autre couleur ? Quelques auteurs par-
lent d’un dauphin qu'ils appellent Peis-Mular , dont les
traits se rapportent à ceux du Beluga, et rien ne dit qu’il
soit blanc.
La vue des Blackfishes est de bon augure, parce qu’on a
cru remarquer qu'ils indiquaient le voisinage des Cachalots.
Je crois maintenant pouvoir établir, sous toutes réserves,
bien entendu, jusqu’à ce qu’on ait des renseignements plus
précis, le tableau synonymique des Cétacés que les marins
Américains, les pêcheurs par excellence, décorent du titre
de baleines (W'hales).
BALEINES PROPREMENT DITES.
4° Baleine franche; B. de grande Baie; B. du Groënland ;
Polar right Whale; Bowhead; Balæna Mysüuceius,
Linné,
2° Nord-Caper ; Bal. franche du Nord-Ouest; B. Russe ;
Camel backed Whale; Balæna glacialis, K1., Lacép.
5° Nord-Caper Austral; Baleine du Cap; Balæna australs,
K1.; Balæna antarctica, Cuvier.
BALEINOPTÈRES.
4° Humpback; Balænoptera Jubartis, Lacép.; Balænopt.
SUR LES BALEINES ET LES CACHALOTS. 45
Boops, Linné; Rorqualus Boops, Cuvier; Balæna rostrata,
— Baleine tampor, Bonn.; Balænopt. Musculus, Linné?;
Rorqualus musculus, Cuvier ?
a. Rorqualus nodosus ; Balænoptera Astrolabæ, HOUE
et Jacq.
b. Scrag wbale ; Balæna gibbosa, Lacép.?
ce. Sulfur bottom ?
d. Californian ranger ?, Californian grey, Balæna nodosa,
Lacép ?
2° Finback ; nr Physalus, Linné; Balænoptera Gibbar,
Lacép.?
Baleine Poeskop?, Balæna capensis, Lacép.?
Razor-back ?
CACHALOTS.
4° Grand Cachalot; Physeter macrocephalus, Linné.; P.
Trumpo, Bonn.
2 Cachalot Australasien ?; C. Sillonné?; C. Bossclé; Physe-
ter polycyphus, Quoy et Gaim.
DAUPHINS.
4° Souffleur ; Grampus; Nesarnak des Groënlandais ; Del-
phinus Tursio, Lacèép.?; D. Orca, Belon ? D. Feres,
Bonn.?
2 Blackfish ; Peis-Mular?; Delphinus beluga ?; D. albi-
cans ?
Lacépède a établi une espèce de baleine très douteuse,
B. Japonica, et plusieurs. espèces de baleinoptères, sur des
dessins chinois fort incorrects. Il en est de même des six
espèces que Pallas a entendues nommer aux habitants du
Kamtschatka et des îles Aléoutiennes, et dont son continua-
AG MÉMOIRE SUR
teur, de Chamisso, avait fait faire des modèles en bois :
Voici leurs noms dans ces pays:
Kuliomoch, des Aléoutes. | très
Abugulich, id. Amgolia, des Russes. [grandes
Mangidak, id. Magula, des Russes: probablement le
Humpbuck.
Agamachtchieh, 8 mètres de longueur,
Aliomoch.
Tshikagluch.
Nore A. Les observations suivantes, ayant trait aux baleines
de l'hémisphère Austral, sont extraites du journal de M. H.
Jacquinot, qui les a écrites pendant la navigation de F'Astrolabe
et de la Zélée, en 1838, au milieu des glaces du Pôle Sud.
s
»)
« Or, de ces trois espèces de baleines (right whale, hump-
back et fin-back), cest à peine si pendant notre longue
exploration des régions Antarctiques, nous avons aperçu
un ou deux individus de la première, et quelques uns de la
seconde. Le grand nombre que nous apercevions chaque jour
était déne presque exclu-ivement composé de fin-back. »
« L'œil exercé des pêcheurs “econnaît tout de suite ces diffé-
rentes espèces à leur souffle ou jet. Celui de la baleine fran-
che est gros et court: il s'élève à une petite hauteur. Celui du
humpback s'élève plus baut et est ordinairement accompagné
d'un bruit qu'on pourrait comparer à un coup de canon qu'on
entendrait dans le lointain. Quant à celui du fin-back,
il s'élève poussé avec vigueur à une grande hauteur; de loin,
il ressemble à une épaisse colonne de fumée, et de près à un
énorme jet d'eau. Souvent nous étions entourés de fin-back
qui semblaient se jouer en faisant le tour du navire, en plon-
2
LES BALEINES ET LES CACHALOTS. 47
» geant d'un côté pour reparaître de l'autre. Quelquefois leur
» jet s'élevait avec bruit très près du navire, et alors il était bien
» évident pour nous tous que la matière de ce jet était bien de
» l'eau lancée avec force, et non point une vapeur conüensée,
» ainsi que le prétendent Scoresby et d’autres naturalistes. »..
« La cause qui fait se rassembler un grand nombre de b:lei-
» nes sur un même point, c'est la présence de myriades de petits
» crustacés qui forment presque exclusivement leur nourriture.
» Nous recueillimes plusieurs de ces petits crustacés; ils sont de
» la grosseur et de la forme de nos crevettes ; ils forment une
» espèce nouvelle du genre Thysanopode. Is sont, comme nous
» l'avons dit, extrêmernent abondants dans les parages du Sud,
» où ils forment ne exclusivement la nourriture des pho-
» QUES CS Anna e does ob assbente SSD odeoedine
-.-.-- (Cl Opinion gene] ent répandue que les baleines
» qu'on ue ordinairement dans les latitudes tempérées,
» finissent par se refugier dans les glaces du pôle, me paraît
» erronée. Leur diminution doit être attribuée, ee me semble,
» à une seule cause, la destruction qu'en font les navires balei-
» niers.» (Voyage au Pôle Sud, Dumont d'Urville, 1838. T. 2.,
note de M. Jacquinot jeune.)
Nore B. Depuis que ce mémoire a été écrit, l'Académie des
Sciences a entendu, le 12 juillet 1858, une communication du
professeur Eschricht, de Copenhague, sur les Cétacés du Nord.
Les baleines qu'on trouve dans ces régions sont selon lui : 1°
la Balæna Mysticetus, Linné, en décembre, janvier et février,
par 65, 66 et 670 de latitude; 20 la B. à bosse, humpback des
marins, la plus commune à ce qu'il paraît dans toutes les gran-
des mers ; 3° la grande B. & ailerons, Finwall des marins
(notre fin-back) ; 4° la B. naine, que Fabricius appelle Balæna
rostrata, mais qui diffère de B. rostrata, Bonn. Ces trois
espèces sont ichthyophages; on ne poursuit pas les deux derniè-
res à cause du peu d'huile qu'elles rendent. Ces Cétacés auraient
pour ennemis les Orcas, dauphins féroces, allant par troujes de
cinq ou six, qui les attaquent et les dévorent. Des recherches
sur les mœurs et les migrations de la B. Mysticetus et les
témoignages tirés des vieux écrits "Danois et Islandais, font
croire que la baleine qu'on pêchait autrefois dans le golfe de
Gascogne, différait de celle des mers Pôlaires.
48 MÉMOIRE SUR LES BALEINES ET LES CACHALOTS.
Note C. On lit dans le T. XXVII du Bulletin des Sciences
Naturelles et de Géologie, 1831, la description d'un Céiacé du Nord,
appelé par l’auteur Balænoplera boops,échoué en 1829, sur les
côtes du Northumberland, qui diffère de la Balænoptera Astrola-
bæ, Hombre. et Jacq., suriout en ce que la lévre inférieure est
garnie de bosses rondes qu'on ne voit que sur le devant de la
tête et à La lèvre supérieure de celle-ci. Cette remorque vient à
à l'appui des auteurs qui disent que les baleinoptères des deux
hémisphères sont différentes.
NoTe D. D'après quelques auteurs, le Poeskop est un hkump-
back.
NOTES
SUR
QUELQUES OISEAUX
HABITANT LES ILES DU GRAND OCÉAN,
Paz M. H. AOUAN.
S. A. le prince Ch. Bonaparte, dans un mémoire lu à
Académie des Sciences (Comptes-Rendus, T. 41),a donnéle
Catalogue des oiseaux rapportés en 1855 par notre collè-
gue M. Jardin, en y joignant quelques observations pleines
d'intérêt. La petite collection soumise au prince se compo-
sait à peu près de’ toutes les espèces qui habitent la partie
orientale de l'Océanie, comprise entre les Tropiques.
Malgré toute la témérité qu’il y a à venir après le grand
naturaliste que je viens de nommer, j'ose espérer néanmoins
que les notes suivantes pourront offrir quelque intérêt, en
signalant, dans l’histoire de quelques uns de ces oiseaux,
des points douteux ou qui, du moins, m'ont paru tels; je
ne donne point mon opinion comme prépondérante; mon
but est seulement d'appeler l'attention des personnes com-
pétentes sur les points controversés ou controvyersables.
#
50 NOTES SUR QUELQUES OISEAUX
Les observations suivantes portent sur quinze oiseaux,
savoir : deux pigeons, dont un est le (ype d’un genre nou-
veau, quatre passereaux, un perroquet, trois échassiers ct
cinq oiseaux de mer. C’est, à trois ou quatre espèces près, tout
ce qu’on trouve dans les îles de la Polynésie. — Disons, en
passant, qu’à l'exception de ceux qui habitent les rivages et
‘les petits îlots détachés, on n’y rencontre que très peu
d'oiseaux : il n’en a pas toujours élé ainsi, si l’on s’en
rapporte aux récits des premiers navigateurs; on attribue
celte dépopulation aux rats introduits par les navires, qui
se sont prodigieusement multipliés, et qui détruisent les
œufs dans les nids.
Nora. Dans tous les noms Polynésiens, l'udoit se prononcer
invariablement ou, et l'e, comme un é fermé.
Serresius galeatus, Bp.
Serrésie de Forster, Bp.
Upe, aux I. Marquises; Rupe, aux I. de la Société.
En 1855, notre collègue, M. Jardin, rapporta des îles
Marquises, la tête, les pattes, et une aile d’un grand pigeon
de cet archipel. Sur ces débris caractéristiques, le prince
Ch. Bonaparte établit un nouveau genre de pigeons qu’il
dédia au professeur Serres, sous le nom de Serresius, au-
quel il ajouta le nom spécifique de gateatus , à cause d’un
organe singulier dont est muni le bec de cet oiseau.
Deux ans après, j'ai eu l'honneur d'offrir au Museum
deux peaux de ce grand Carpophagien, queles naturels de
Nukuliva appellent Upe. Malgré le grand nombre de
HABITANT LES ILES DU GRAND OCÉAN. 1
pavires qui ont touché depuis cinquante ans aux îles
Marquises, et dont plusieurs portaient des expéditions scien-
tifiques, il n’est pas étonnant qu’il ait échappé aux explora-
teurs. On ne le rencontre que dans la partie occidentale de
Nukuhiva, la Henua ataha, où terre déserte , privée tout-
à-fait d'habitants, et où l’on n'arrive qu'avec des fatigues
inouies, par des chemins presque inaccessibles. Il y trouve
abondamment de quoi se nourrir, suivant les saisons, avec
les amandes du badamier (Terminalia mauritiana, nom
indig. mai), et les petits fruits de Parbre des banians
(Ficus religiosa). MW parait qu'anciennement ces oiseaux
étaient beaucoup plus communs, qu'ils venaient dans la
baie de Taio-haë, où nous avons un établissement, à
l'époque où les badamiers avaient leurs fruits. Je n’en ai
point vu dans les autres îles de l'archipel, où les quelques
européens qui y sont établis ne les connaissent pas: à l’île
d’'O-hivaoa (la Dominique), la plus grande et la plus sau-
vage, qui a été beaucoup moins visitée que les autres par
les navigateurs, et où les autres oiseaux, surtout les colom-
bes vertes (Thouarsistreron leucocephala, Bp.), sont assez
communs, les naturels ne purent les reconnaitre à la descrip-
tion que nous leur en fimes.
C’est un gibier très délicat. Je ne saurais dire si ce pigeon
existe encore à Tahiti; le dictionnaire publiéen 1825 par les
missionnaires anglais, et réédité en 1851, semble l'indiquer:
on y trouve : Rupe, gros oiseau lerrestre, espèce de pigeon
(1). Après cela, comme ce nom est évidemment une ono-
matopée, dérivée du roucoulement de l'oiseau, peut-être
(4) Rupe est la même chose que upe. Dans quelques dialec-
tes polynésiens, celui des Marquises, par exemple, on supprime
généralement l’r et on le remplace par une petite aspiration
gutturale, qu'on est convenu, dans l'orthographe adoptée, d'in-
diquer par un accent aigu:
59 NOTES SUR QUELQUES OISEAUX
désigne-t-il une espèce voisine; car, de même que les
Ptilinopes, qui sont répandus dans toute l'Océanie et la
Malaisie, diffèrent d'un archipel à l'autre dans la disposition
de leurs couleurs, peut-être trouve-t-on des variétés de plus
en plus sensibles de Carpophagiens, en suivant Îles diffé-
rents archipels de l'Est à l'Ouest, jusqu'aux terres de la
Malaisie qu'habitent plusieurs espèces de Muscadivores ?
J'ai entendu dire à des marins, que de grands pigeons
comme les Upe étaient communs dans Parchipel Tonga et
aux îles des Navigateurs, mais il est probable qu'ils auront
confondu avec des espèces de Wuscadivores, comme le
Pigeon cuivré ferrugineux (Colomba pacifica. Lath.), le
Pigeon Océanique (Col. oceanica, Less.), qui habite
Ualan, etc., etc., lesquels se rapprochent du Upe, mais en
diffèrent néanmoins par leur taille beaucoup plus petite, et
d’autres caractères saillants. Ce serait du reste facile à
vérifier, aujourd’hui que tous ces archipels sont fréquentés
par des voyageurs de toutes les nations.
Le prince Ch. Bonaparte a donné, sur les indications de
M. Jardin, une description du Upe, qu’on lit dans le tôme
41e des comptes-rendus de l'Académie des Sciences. La
figure, conclue des débris qu’il avait en sa possession et
qu'on trouve dans le n° 9 de la Revue de Zoologie,
septembre 1856, est trop pelite, et les teintes en sont
beaucoup trop claires. L'oiseau y est représenté en demi-
grandeur, ce qui ne lui ferait que O m. 54 de longueur du
bout du bec au bout de la queue, tandis qu’en réalité ïl
en mesure au moins soixante, La membrane du bec n’est
pas non plus correcte. C'est, en réalité, une pièce charnue,
recouverte de toutes petites plumes squammiformes et très
serrées, qui s'étend sur près des 5/4 de la longueur du bec,
qu’elle déborde de chaque côté, blanche en dessus, noire
sur les côtés, plus épaisse, de bas en haut, à lextrémité
HABITANT LES ILES DU GRAND OCÉAN. 53
extérieure qu'à la naissance : le bec est noir, renflé par le
bout à la mandibule inférieure ; le dos, les ailes et les douze
pennes de la queue, sont vert-bouteille très foncé ; le des-
sus du cou et de la tête, noirâtre ; la gorge, le ventre et les
cuisses, gris-ardoise ; les plumes des environs de l'anus,
rouge-brique. Les pattes, grisâtres chez les uns, sont plus
noires chez les autres. De même la teinte de la tête et du
cou n’est pas toujours aussi foncée chez tous les individus :
ces différences sont sans doute dues à l’âge ou au sexe.
Les deux exemplaires du Muséum sont jeunes et tout-à-
fait pareils. C’est d’après eux que le prince Ch. Bonaparte
avait dessiné une figure de grandeur naturelle, pour son
grand ouvrage sur les Pigeons, travail magnifique inter-
rompu par la mort prématurée de l’auteur. L’illustre orni-
thologiste a cru reconnaître l'existence du Üpe à Tabïti, du
moins pendant le siècle dernier, à une description de Fors-
ter (Dict. des Sciences Nat., article Pigeons) ; il a rendu
témoignage au compagnon de Cook, en appelant l’oiseau
qui nous occupe, Serrésie de Forster,
Thouarsistreron leucocephala, Bp.
Colombe de Dupetit-Thouars, Néboux (Voyage de la
Vénus).
Ptilinope de Dupetit-Thouars, Néboux (Voy. au Pôle
Sud, Astr. et Zélée, oiseaux, pl. 29).
Kurutreron Chrysogaster, Mus. de Leyde ? (femelle ?)
Kuuku, aux I. Marquises.
Cette jolie Colombe est une espèce du genre Ptilopus de
Swainson, dont le type est la Col. Kurukuru, trouvée dans
toutes les îles de l'Océanie et de la Malaisie, et « qui, suivant
M. Lesson, semblable en tous lieux par l’ensemble de ses
formes ct la masse des couleurs de son plumage offre
54 NOTES SUR QUELQUES OISEAUX
partout de nombreuses variétés qui ont déjà torturé cent
fois les naturalistes systématiques, aux descriptions précises
desquels elles semblent vouloir échapper.» (Foy. de la Co-
quille, Zool.T. I; p. 296).
Voici les principaux caractères du mâle adulte :
Grosseur d’un petit pigeon ; le bec couleur de corne ; le
dessus de la tête blanc; le dessous de la gorge jaune avec
des reflets verdâtres ; le dessus du cou de la même couleur ;
le dos vert-gai; les ailes vert-foncé avec des reflets indigo,
bordées d’une frange jaune ; le dessous du corps pâle avec
une tache rouge-orangé; les pennes de la queue vertes
avec l'extrémité jaune-pâle; les pattes couleur de chair, un
peu violacées. La femelle est moinsbrillante ; elle n’a pas de
tache rouge sous le ventre.
Cette espèce est la seule qu’on trouve aux îles Marquises.
La figure de la Colombe Dupetit-Thouars, donnée dans
VAtlas du Voyage de la Vénus, serait celle d’une femelle,
mais les couleurs sont beaucoup trop vives. Le Piilinope
Dupetit-Thouars représenté dans l’4{las du Voy. au Pôle
Sud, Ois. pl. 29, est tout-à-fait conforme à la description
qu’on vient de lire.
Ces Colombes sont presque toujours en troupes nombreu-
ses. Elles se nourrissent principalement des petits fruits de
VParbre des banians (Ficus religiosa) ; aussi, comme lesdiffé-
rences d'exposition font que ces arbres n’ont pasleurs fruits
partout à la même époque, on les voit changer de canton, à
la recherche de leurs aliments. Lorsqu’elles sont grasses,
c’est un manger fort délicat.
L'auteur de Particle Pigeons , du Dict. universel d'Hist.
Nat., publié en 1847 sous la direction de M. d'Orbigny,
pense que cette espèce doit être placée avec les Muscadi-
vores; c’est une erreur qui s'explique par le peu de con-
naissance qu’on avait alors de cet oiseau.
HABITANT LES ILES DU GRAND OCÉAN. 55
La Col. Aurukuru (1) de Timor (Col. purpurata, Linné)
qui a servi de type au genre, a encore des couleurs plus
brillantes : celle de Tahiti, (Col. Aurukuru, varietas Taïtensis,
Less.; Aurutreron Oopa, Bp.)s'en rapproche beaucoup,
mais elle est un peu plus grande. Elle est décrite Voyage
de la Coquille, Zool., T. I., p.297. La Col, pokioupou,
C. superba, Temminck, qu'on trouve, dit-on, à Tahiti
(Temm. Hist. des Pig.) est-elle la même? Pokioupou n’est
pas un mot de ce pays; les Tahitiens ne peuvent en
aucune facon prononcer le x.
D’après M. Lesson, le AXurukuru est appelé Ouba à Tahiti;
Vicillot (Dict. univ. d'Hist. Nat. 1818) le nomme Oopa
Oopara, qui est lorthographe anglaise du nom indigène
Uupa (pron. Oâpa), évidemment une onomatopée.
Pomarea nigra, Bp. ex Sparm.
Muscicapa Maupitensis, Garnot.
M. Pomarea, Less.
M. lutea, Lath. (la femelle).
Patiotio, aux I.Marquises. Omamao, aux I. dela Société.
« Les auteurs ont décrit sous deux noms différents un
gobe-mouche, que nous avons appelé Muscicapa Pomarea,
en l'honneur de Pomaré, chef des îles de la Société. . . .
Cette espèce de gobe-mouche se trouve décrite, le mâle,
sous le nom de Muscicapa nigra (fig. pl. 23, fasc.1,
Museum Carlsonianum de Sparmann), tandis que la femelle
est le type du Muscicapa lutea, Lath. Cet oiseau varie sin-
guliérement dans son plumage, non seulement suivant les
sexes, mais encore suivant les âges. Les Tahitiens le nom-
(1) Küruküru est le nom de cette Colombe ou des espèces
voisines aux îles Sandwich (prononcer Koüroukoürou) ; ce nom
est évidemment jmité du roucoulement de l'oiseau, de même
que Æuuku (prononcer Koü-Kou) aux Marquises.
56 NOTES SUR QUELQUES OISEAUX
ment Omamao; et il a pour habitude de se tenir dans les
buissons de pourao (Hibiscus tiliaceus) où il trouve les
moucherons, qui forment sa nourriture et qu'attirent les
larges feuilles de cette malvacée. ( Voy. de la Coq., Zool.
Lesson et Garnot, T. I, p.29.)
Le male tout noir, le vieux mâle noir et blanc et la
femelle rousse, avec des reflets jaune pâle, sont représentés
tous les trois dans l44. du Vor. de la Coquille, pl.
SA
Cette variété de couleurs dans le plumage pourrait faire
croire qu’il y a ici quelque erreur, et que Latham n'aurait
peut-être pas eu tort de faire une espèce à part de l'individu
de couleur rousse, représenté sous le n° 5 comme la
femelle.
L'oiseau qui nous occupe s’appelle aux îles de la Société
Omamao, Omaomao; dans Parchipel des Marquises,
les habitants désignent sous les noms de Aomako, Omao
(qui, pour les personnes familiarisées avec les dialectes
polynésiens, ont la même valeur que les premiers) un autre
gobe-mouche(Tatare taïtensis, Bp.), dont je parlerai tout-à-
l'heure, et que les Taïtiens appellent Otutare; le Komako,
-ou Otatare, et le Patiotio ont, en apparence, les mêmes
habitudes; ce sont des oiseaux chanteurs qui vivent sur les
mêmes arbres; les naturels des Marquises accolent toujours
ensemble les mots omako el patiotio pour désigner les
bavards intarissables. On appelle à Tahiti Onmamao pua
fau, un gobe-mouche ayant les plumes jaunes. Est-ce bien la
femelle du Pomarea nigra, où une autre espèce ? N’est-il
pas possible qu'au milieu de ces appellations diverses, les
savants naturalistes qui ont visité les îles du Grand Océan
aient commis quelque erreur, bien excusable, dans des pays
dont ils ignoraient le langage, et où ils ne faisaient que
passer rapidement ?
HABITANT LES ILES DU GRAND-OCÉAN. 57
Ce point douteux serait très facile à éclaircir aujour-
d’hui , ces oiseaux étant très communs dans des points où
nous avons des établissements.
Aux Marquises, j'ai toujours entendu désigner sous Île
nom de patiotio des oiseaux tout noirs, ou noirs et blancs;
ceux-ci m'ont paru plus communs; ils se rapportent bien
au n° 2 dela pl. 17; seulement les taches noires des ailes
sont en réalité beaucoup plus foncées.
Le Moucherolle de Luçon (Muscicapa Lucionensis, Lath.)
n'est-il pas le Patiotio P
Tatare taïtensis, Bp.
Sitta Otatare, Less. (Voy. de la Coquille, Zool. pl. 23).
Tatare brun, T. fuscus, Less.?
T. longirostris, Gr. ex Gould, des îles Eimeo et Yorck.
T. Luscinius, des I. Mariannes.
Sylvia Syrinx, Kittl.?
Tatare rousserolle, Hombr. et Jacq.?
Komako, aux 1. Marquises ; Otatare aux îles de la
Société.
Ce délicieux chanteur, dont la voix peut être comparée
à celle du rossignol, est très répandu aux îles Marquises,
moins commun dans Parchipel de la Société. Il se tient
habituellement dans les arbres à pain, et surtout dans
l’Hibiscus tiliaceus où il trouve des moucherons en quantité
pour se nourrir.
Voici les principaux caractères du mâle :
Longueur du bout du bec au bout de la queue: Om. 17;
le bec fort et long, légèrement convexe en-dessus; les tar-
ses longs ; les trois doigts antérieurs entièrement séparés;
le doigt de l'arrière long et fort avec un ongle très grand.
Le plumage est gris-brun sur la tête, le cou etles ailes, avec
des reflets jaunâtres; tout le dessous du corps est pâle. La
femelle a beaucoup moins de jaune.
58 NOTES SUR QUELQUES OISEAUX
Les nids de ces oiseaux sont grossièrement faits avec des
brins d'herbe sèche: on en trouve ordinairement cinq ou
six à la fois, emboités les uns dans les autres. Doit-on en
conclure que le mâle et la femelle restent constamment
mariés, el qu'à chaque ponte, ils reviennent faire un nid
nouveau à la même place que la ponte précédente ?
La figure donnée dans l’Atlas de la Coquille, Zool. pl.
25, est très bonne. Elle représente un mâle adulte.
Les naturels des Marquises, qui sont aussi mal organisés
que possible pour la musique, ne prennent aucun goût au
chant mélodieux du Æomako; is donnent même ce nom
avec mépris, aux personnes qui parlent beaucoup.
Ne serait-il pas possible que le Moucherolle jaune de
Tahiti (Muscicapa lutea, Lath., appelé par les naturels
Omaomao pua fau, (Dict. univ. d'Hist. Nat. 1818),
füt un jeune Tatare, ou une femelle de la même espèce?
Eudynamis taïtensis, Sparm.
Cuculus taïtensis, Lath.
Coucou Arevareva, de Tahiti.
Kaevaeva, des 1. Marquises.
Cet oiseau, peu commun aux îles Marquises, se tient
presque toujours sur les hauteurs.
Salangana fuciphaga, Bp. ex Thunberg.
Collocalia fuciphaga, Bp.
Hirundo taïtensis, Less.? (Voy. de la Coq. Zool. T. T).
Hirondelle de Vanikoro, Quoy et Gaim.?
S. brevirostris, Michell ? ; S. Unicolor, Jerdon?
Kopeka, des I. Marquises; Opea, à Tahiti.
Aux îles Marquises, cette petite hirondelle fait son nid
sur les falaises et les crêtes que des rochers escarpés rendent
inaccessibles. Ces nids ont grossièrement la figure d’un
HABITANT LES ILES DU GRAND OCÉAN. 59
quart de sphère, appliqué par une de ses parties plates con-
tre le rocher où il est retenu par de la terre et un peu de
matière glutineuse qui tapisse également le fond, où doi-
vent reposerles œufs. Des brins secs de racines de graminées
composent le nid, et un peu de mousse seulement estmêlée
à cette matière, dont la saveur exlrémement salée happe
fortement lu langue.
Au mois de juin 1857, j'ai apporté plusieurs de ces nids
au Muséum d’Hist. Nat., dans un moment où les ornitholo-
gistes étaient partagés d'opinion à l'endroit des ingrédients
entrant dans la composition de cette matière glutineuse que
les uns disent être due aux Mollusques et aux Fucus dont se
nourrirait l'oiseau, et que d’autres attribuent à la puissance
de sécrétion de ses glandes salivaires excessivement déve-
loppées. Je ne saissi ces nids ont été soumis à l’analyse. Ils
me paraissent n'avoir rien de commun avec ceux de la
Salangana esculenta, sirenommésdansla cuisine chinoise.
Je n'ai point la prétention de trancher le différend, mais
j'aflirme que je n'ai jamais vu ces petites hirondelles ramas-
ser des matières gluantes, du frai de poisson, par exemple,
à la surface de la mer, manœuvre qu’on attribue à la Salan-
gane de l’Indo-Cbine, ni becqueter rien au bord de la mer.
Leursnids sont le plus ordinairementassez éloignés du rivage.
D'un autre côté, la matière glutineuse qui tapisse le fond
du nid est très salée et toujours humide. Jai essayé vaine-
ment, pendant plus d’un mois, de les faire sécher, en les
exposant toute la journée au soleil brülant de cés pays; dès
que l'influence de l’astre cessait, ils redevenaient tout de
suite aussi humides qu'auparavant.
L’Airondelle de Vunikoro, Quoy et Gaim., représentée
dans l’Atlas de P4strolabe, diffère par le bleu de ses ailes
et le rouge de sa gorge de la S. fuciphaga à laquelle on
avait cru devoir l’assimiler (Bp., Comptes-rendus de l Acad:
des Sciences, T. 41).
60 NOTES SUR QUELQUES OISEAUX
Coriphilus Dryas, Gould.
Coriphilus Goupili, Hombr. et Jacq.
Psittacus taïtianus, Gmel.
Psittacus Sparmanni, Levaillant.
Psittacus porphyriocephalus, Shaw.
Otaheitan blue paroquet, Lath.
Perruche bleue de Tahiti.
Perruche nonnette, de Commerson.
Pihiti, aux îles Marquises.
Vini, aux îles de la Société.
Ce charmant petit perroquet, appelé improprement per-
ruche, à cause de sa petite taille, et rangé par le prince Ch.
Bonaparte dans le genre Coriphilus, Wagl., famille des
Trichoglossidées (Tabl. parall. des perroquets, 1857) , est
commun aux iles de la Société, etaux Marquises, principa-
lement dans ce dernier archipel où Îles naturels le
connaissent sous le nom de pihiti, imité de son cri. Aux
îles de la Société, on lappelle Fini et Haarimanu,
et non Æi-manon, comme on la imprimé par
erreur dans quelques dictionnaires, ce qui n’a aucune signi-
fication, tandis que les mots haari, cocotier, manu, oiseau,
se rapportent parfaitement aux habitudes de ce perroquet
qui se tient le plus ordinairement dans ces arbres.
Le mâle adulte a, du bout du bec au bout de la queue,
O m. 17; le bec et les pattes sont rouge-orangé; le plu-
mage est bleu tendre, avec des reflets verts sur le front, le
cou et les ailes : l'extrémité de celles-ci est bleu-foncé ; les
peones de la queue se terminent en blanc. Le dessus de la
tête, la poitrine, le bas du ventre et le dehors des cuisses,
couleur d’indigo avec des reflets violets; la gorge et le ventre
sont truités, bleu et blanc. La femelle est beaucoup moins
chamarrée ; sa couleur est un bleu-foncé avec des reflets
HABITANT LES ILES DU GRAND OCÉAN. 61
verts; ses pieds et son bec sont le plus souvent noirs.
Les jeunes mäles sont d’une couleur uniforme, comme les
femelles,
Ces petits oiseaux se tiennent ordinairement au sommet
des cocotiers, où on les voit courir et voleter lourdement.
Ils trouvent leur nourriture dans les parties tendres des spa-
dices de ces arbres, mais ils vivent aussi de bananes et de
papayes : ce qu’ils aiment par dessus toui, c’est la fleur du
papayer mâle. On ne peut les conserver en captivité qu’à
la condition de ne pas les exposer à de trop brusques chan-
gements de climat.
La figure d’un mâle adulte (Coriphile de Goupil, Hombr.
et Jacq.) donnée à la planche 24 des oiseaux, (4{las du
Voy. au Pôle Sud, Dumont d'Urville,) est excellente, mais
à peu près d’un tiers plus petite que nature.
La variété décrite par Sparmann, comme entièrement
bleue, est une femelle ou un jeune mâle, Psitlacus pyg-
mœæus, Lath., est aussi regardé par quelques auteurs comme
un jeune individu.
On peut croire avec le prince Ch. Bonaparte que le
Psittacus palmarum, Forster, appartient au même genre,
mais la description de Vieillot { Dict. univ. d'Hist. Nat.
1805) qui lui donne des bandes jaunes surles ailes, en ferait
‘une espèce différente.
Herodias sacra, Bp. ex Gmel.
Ardea Herodias, Gmel.
Herodias jugularis, Forst. (Bp. Comptes-rendus de l’Ac.
des Sc Te4 1)
Matuku, des îles Marquises ; Otuu, à Tahiti.
Ce héron se trouve dans toute l'Océanie et à la Nouvelle-
Hollande. La description del’ 4rdea Matook de la Nouvelle-
62 NOTES SUR QUELQUES OISEAUX
Hollande s’y rapporte en tous points, et Malook, écrit ainsi
dans le Dict. univ. d’Hist. Nat. 1818,est une corruption de
Matuku, écrit avec l'orthographe anglaise(1).
Totanus oceanicus, Less.
Gambetta glareola, Pallas.
G.undulata, Forst.
Totanus pulverulentus, Müll.
T. Polynesiæ, Peale.
T. longipes, Vieillot?; T. Griseopyqus, Gould?
Kivi, aux I. Marquises.
Pluvialis longipes, Temm.
PI. orientalis, Schlegel.
Pluvier fauve d'Otahiti, Charadrius fulvus, Lath.?
PI. taïtensis, Less.
Keuhe, aux I. Marquises.
Phaeton.
Paille-en-queue, Tropic bird, Pylstaart, etc.
Toake, aux I. Marquises.
Les îles du Grand-Océan sont habitées par deux
espèces :
4° Le paille-en-queue à bec jaune et à brins blancs;
Phaeton candidus, Briss.s Ph fluvirostris, Brandt; Ph.
deucurus, Linné. Quelques phaétons ont le bec noir, et quel-
ques taches noires sur les épaules, mais il est probable que
ces différences sont dues à l’âge ou au sexe et ne peuvent
<onstiluer des espèces différentes ;
(1) Cet oiseau jouait un rôle dans la religion de Tahiti, lors de
4a découverte de cette île.
LA
HABITANT LES ILES DU GRAND OCÉAN. 65
2 Le paille-en-queue à brins rouges; Ph. phænicurus,
Linné ; beaucoup moins commun que le précédent.
Nous avons une fois rencontré des phaetons par 14°-15?
latitude Sud et 101°-50° longitude Ouest; les terres les plus
voisines marquées sur la carte étaient les îlots Salaz y
Gomez, à 260 lieues marines.
Frégaie.
Tachypetes, Illiger ; Pelecanus, Linné.
Man-of-war-bird, des Anglais.
Otaha, à Tahiti, Mokohe, aux I. Marquises.
La synonymie de ces oiseaux est très confuse. D’après
Cuvier {Règne animal, T. I, note, p. 563) on aurait un peu
gratuitement élevé au rang d'espèces, le Pelecanus minor,
Edw., etle P. /eucocephalus, Buff., et peut-être le P. Pal-
merstonii, Gmel.
On a appelé Tachypetes leucocephala (Gmel.), T. aqui-
lus (Linné), les individus qui ont la tête, le cou et le ventre
blancs, Tachypetes Palmerslonii (Gmel.),ceux qui ont la
tête et le cou noirs et qui sont probablement de jeunes mâles,
et T. minor (Gmel.) ceux qui ont le cou d’un roux vif, que
quelques uns pensent être de jeunes femelles. M. Lesson
pense néanmoins avoir trouvé une espèce de taille moitié
moins grande.
J'ai toujours vu ensemble des individus appartenant aux
trois espèces supposées ci-dessus, de sorte qu’il ya beaucoup
de probabilités pour qu'ils appartiennent à la méme. A près
cela, on ne pourrait rien conclure de ce voisinage et de
celte bonne harmonie, car on voit, dans maintes circons-
lances, tous les oiseaux de mer, frégates, sternes, noddis,
moucttes, elc., etc., vivre en parfaite intelligence; il
n'ya que les malheureux /ous que les frégates maltraitent
indignement.
64 NOTES SUR QUELQUES OISEAUX
On rencontre quelquefois des frégates à 2 ou 500 lieues
de terre; mais cela n’arrive que dans des cas tout-à-fait
exceptionnels, quand elles ont été emportées au large par
les vents. Il est rare qu’elles s'écartent beaucoup des côtes,
et, loin de vouloir résister aux tempêtes, dès que le temps
devient mauvais, on les voit se hâter de gagner l’intérieur
des baies abritées.
Fou.
Sula, Linné, ete.; Booby, des Anglais.;
Kakioa, fou brun, des Marquises.
Kena, fou blanc, id.
Il en est des fous comme des frégates: ce sont des oiseaux
excessivement communs, connus de tous les navigateurs, et
cependant on est loin d'être d'accord sur le nombre de leurs
espèces et leur classification. Onen distingue, sous des noms
vulgaires, huit espèces, eutre lesquelles il n’y a que deux
différences bien tranchées, qui consistent dans le plumage,
brun chez les uns et où un blanc éclatant domine chez les
autres.
Le prince Ch. Bonaparte (Tableaux parall. des Péla-
giens et des Plitopléres) répartit les Sulées (famille des
Pélécanidées, sous-famille des Sulinées) en trois sous-gen-
res, el ramène au nombre de onze les trente espèces dont il
donne le tableau synonymique.
Certes, mon opiniou a bien peu de poids auprès de celle
de l’illustre ornithologiste, mais il me semble que ce nom-
bre est encore trop grand, et que des caractères sur lesquels
on à créé des espèces différentes, n'existent que par l'effet
du sexe ou de l’âge. Ce serait facile à vérifier, car parmi
les Pélagiens, les fous sont faciles à étudier à cause de leur
naturel peu farouche ; on peut les observer sur les rochers
où ils font leur demeure; les femelles, quand elles sont à
HABITANT LES ILES DU GRAND OCÉAN. 65
pondre ou à couver, ne cherchent pas à s'enfuir; au con-
traire, les promeneurs ont souvent à défendre leurs jambes
contre leur bec.
Les fous que j'ai vus dans les îles du Grand Océan, où ils
sont excessivement nombreux, sont de deux sortes: des
bruns et des blancs.
Les premierssont de l’espèce du fou brun commun, Cordon-
nier de Commerson, Pelecanus Sula, Linné (Dysporus fiber,
Illiger, D. plotus, Forst.; fusca, Bress.; fulva, Vieill. ; Bra-
siliensis, Spix., dont D. parva, Gmel.; /eucogastra, Bodd.;
leucophæa, Steph.; variegata, Tshuddi, ne sont probable-
ment que des variétés, sinon des individus jeunes).
Le fou blanc desiles de la Polynésie est rapporté, dans les
tableaux paralléliques du prince Ch. Bonaparte, au sous-
genre Piscatrix, dont il constitue lespèce Piscatrix can-
dida, Steph., et dont les synonymes sont: Pelecanus pisca-
tor, Linné, Piscatrix erythrorhynca, Vess., rubripes,
Gould., rubripeda, Peale. — Faisons observer que la cou-
leur du becet des pattes ne peut pas toujours être invoquée
comme un caractère spécifique dans les oiscaux pélagiens.
L'âge y apporte des changements, comme j'ai pu le voir
sur des oiseaux de cet ordre élevés en domesticité.
Le /ou de Bassan (Sula Bassana, Linné, dont je rappro-
che Sula dactylatra, Less., si ce n’est pas le même), qui
habite les côtes de l'Écosse et qu'on retrouve au Cap de
Bonne-Espérance, où les navigateurs lui donnent le nom de
Manches de velours, à cause du beau noir de ses ailes, ne
paraît pas différer du fou blanc qu’on trouve très répandu,
dans lesiles du Grand-Océan. MM. Quoy et Gaymard disent
{Voy. de l'Uranie, Zool. p.157), qu'ils ont rencontré le fou
de Bassan à Timor, par une température brûlante, à Am-
boine, aux îles Mariannes ct dans presque toutes les terres
visitées par l'expédition.
66 NOTES SUR QUELQUES OISEAUX
Sterna Noddi, Sterna stolida, Linné.
Noddi, Cuvier ; Anoûüs, Leach.
Megalopterus, Boïe ; Stolida, Less.
Anots stolidus, Leach.
Sterna cinerea, Less.?
Stolida cinerea, Néboux? (Voy. de la Vénus, Atl. os.
pl. 9.).
Koioho, aux I. Marquises.
Les Noddis, vulgairement mouettes brunes de la Loui-
siane, motel'es folles, hirondelles de mer à téte blanche,
vivent en très grand nombre sur les petits îlots détachés,
dans la compagnie des fous, des frégates, des hirondelles de
mer, etc., etc.; les femelles disposent tout simplement leurs
œufs, au nombre de deux, sur les pierres. Ces œufs gros
comme ceux des pigeons, d’un blanc sale, bleuâtres et poin-
tillés de brun, sont très bons à manger. Le jaune a une
couleur orangée très foncée. Ces oiseaux sont excessivement
peu farouches : on prend les femelles sur leurs œufs sans
qu'elles fassent aucun effort pour se sauver ou pour
résister.
Cuvier fait erreur {Réone Animal, T. I, p 33, note) lors-
qu'il dit que l'hirondelle de mer des Philippines (Sterna
Philippensis, Sonncrat), ne paraît pas différer de l’espèce
Sterna stolida, Linné. L'hirondelle de mer des Philippines
a le devant du corps blanc, le dessus de la tête noir, les
ailes et la queue grisâtres en dessous, brun de terre d’om-
bre en-dessus (1), tandis que le Noddi a tout son plumage
brun-noir, à l'exception d'une plaque blanche, en forme de
calotte, au sommet de la tête.
Le Dict. d'Hist. Nat. publié sous la direction de M.
(1) On trouve aux I. Marquises un oiseau qui s'en rapproche
beaucoup, si ce n'est pas le même; Fregetta tropica, Bp. ex
Gould.
HABITANT LES ILES DU GRAND OCÉAN. 67
d'Orbigny, en 1847, présente comme habitant l’Océan-
Pacifique, l'espèce Sterna cinerea, Lesson, qui est sans
doute la même que Stolida cinerex, Néboux, dont la figure
est donnée dans l'Atlas du Voy. de la énus, pl. 9. Son
plumage est plus gris que celui du Noddi, que nous avons
rencontré en quantités innombrables dans les îles de la mer
du Sud, Cette couleur et une petite diminution dans la taille,
suflisent-clles pour établir une espèce différente ? Ne serait-
ce point un jeune individu ?
Gygis candida, Forst.
Gygis alba, Sparm.
Sterna candida, Forst.?
St. alba, Lath.?
Kotake, îles Marquises.
De la grosseur d’un petit pigeon: longueur du bout du
bec au bout de la queue, O m. 20; le bec long de O0 m.
025, légèrement convexe en dessus, noir. Les ailes, quand
l'oiseau est en repos, dépassent la queue deO m. 02 environ.
Jambes très courtes, tarses courts; trois doigts en avant, un
en arrière ; les doigts de l'avant incomplétement palmés,
réunis par une membrane qui s’arrêle à la phalange exté-
rieure ; dix pennes à la queue.
Ces oiseaux ne paraissent pas s’écarter au large, tandis
qu’on les rencontre très souvent loin de la mer; c’est-à-
dire dans le milieu des îles, volant autour des crêtes et des
rochers qui surplombent les vallées, et presque toujours par
couples.
OBSER V ATIONS
SUR LE
MORPHO IDOMENEUS ragricrvs),
Par M. Ch. EYRIÈS.
Au nombre des plus brillants Lépidoptéères dont la nature,
avec sa généreuse profusion, a orné les forêts de la
Guyane, on admire le Morpho Idomeneus. Ses brillantes
couleurs, ses ailes immenses, relativement à son
corps court mais robuste, le font remarquer au milieu de
tant d’autres qui, pour être plus modestes de taille et de
parure, n’en sont pas moins dignes de fixer l'attention du
naturaliste et d’attirer ladmiration, même des indiffé-
ren(s.
C'est au sein des immenses solitudes des forêts vierges
que nous avons observé le Morpho Idomeneus ; nous avons
étudié ses habitudes, ses amours, ses combats, pendant que
folâtre et gracieux, il jouissail insouciamment de son éphé-
mère existence. Nos observations ont donc été faites d’après
nature, de visu, ct nous en garantissons 11 scrupuleuse
vérité.
Les classifications zoologiques sont basées sur des carac-
tères spéciaux qui soumettent à l'ordre, à la famille, au
MORPHO IDOMENEUS 69
genre ct enfin à lespèce, les êtres qui en sont revêtus.
Mais pourquoi ne pas admettre pour une part, dans les
caractères qui servent à les déterminer, les mœurs de ces
mêmes êtres ?
Loin de nous la téméraire et ambitieuse pensée de pré-
tendre prêcher la création d’une méthode nouvelle; loin de
nous l'orgueil et l’ingratitude de dire à nos maîtres: vous
pouviez faire mieux! Nous voulons seulement, croyant rem-
plir un devoir envers la science, signaler une anomalie qui
nous a frappé chez le sujet qui nous occupe.
Que dirait-on si l’on voyait les Sphinx voler en plein jour,
au lieu d’attendre le crépuscule pour accomplir leurs capri-
cieuses promenades ? Le Morpho Idomeneus nous offre
cette singularité en ce sens que, tout diurne qu'il soit, il a
lesallures des crépusculaires. Les bois sombres, les buissons
épais sont en effet ses retraites favorites; on le rencontre
encore, volant au-dessus des ruisseaux ou des sentiers,
mais (oujours sous les ramées ténébreuses qui le garantis-
sent de l'éclat du jour. Nous en avons tenu plusieurs expo-
sés aux rayons du soleil, et certe brillante lumière que tant
d’êtres recherchent, paraissait les incommoder beaucoup ;
aussitôt que la liberté leur était rendue, ils s’'empressaient
d'en profiter pour se réfugier dans les endroits les plus
ombreux.
Le Morpho se pose rarement à plus d’un mètre au-dessus
du sol, sur le tronc des arbres, ou à terre, sur les fruits
tombés et, plus particulièrement, sur ceux des arbres appar-
tenant aux Térébinthacées. De nombreuses troupes de
Morpho se rencontrent dans les endroits ombragés par ces
arbres ; ils y sont en compagnie des Peridromia et autres
Nymphaliens qui puisent leur nourriture aux mêmes
sources.
Nous n'avons jamais vu le Morpho se poser sur les fleurs;
79 OBSERVATIONS SUR LE
loin de rechercher, comme la plupart des lépidoptéres, la
délicate ambroisie que leur offre leur neciaire, il la dédaigne
et lui préfère l’énivrante liqueur qu'il puise dans la pulpe
aigrie et fermentée des fruits tombés.
Sont-ce les parties alcooliques mêlées à ces sucs qui les
attirent? Nous ne saurions l’aflirmer, bien que l’on soit
tenté de le croire, en pensant à un moyen assez singulier que
nous avons employé plusieurs fois pour avoir des sujets bien
intacts. Ce moyen consiste à exposer, dans un endroit fré-
quenté par les Morpho, un vase contenant un peu de vin; en
peu d’instants, le vase est entouré ; les trompes sont avide-
ment plongées dans le vin ; l'ivresse arrive et bientôt l’on
voit les buveurs tomber pêle mêle, les uns sur les autres,
autour de la coupe perfide. En vain ils cherchent à ouvrir
leurs ailes devenues impuissantes; les pattes s’allongent, la
trompe est pendante; les Morpho sont ivres!..….. On peut
alors en prendre autant que l’on veut.
Au coucher du soleil, le Morpho quitte la terre pour
s’élancer dans des régions plus élevées. Il prend alors son
essor d’un vol grave, onduleux, dont les mouvements sont
généralement réguliers. H parcourt ainsi, sans revenir sur
la route suivie, d'assez longs espaces, jusqu’au moment où
la nuit le contraint à se poser sur quelque tronc d'arbre, son
asile jusqu’à l’aurore suivante qui le verra reprendre sa
course. Mais, bientôt les rayons du soleil l’obligent à se
réfugier dans les endroits sombres où il pourra prendre sa
nourriture et vaquer à ses amours.
Car, comme tous les êtres de la création, le Morpho a
ses amours et aussi ses jalousies, ses fureurs, leurs insépa-
rables compagnes. Autour de ces fruits, manne quotidienne
dispensée par le ciel, se passent des drames, se livrent des
combats — drames sans autres témoins que leurs acteurs ;
combats ignorés des hommes, de ceux, du moins, qui se
MORPHO IDOMENEUS. 71
croient {rop grands pour regarder à leurs pieds.— Les pas-
sions sont cependant les mêmes, mais réduites à la taille des
êtres qui les éprouvent, et là comme ailleurs, le sexe fémi-
nin est aussi la pomme de discorde.
La femelle, au moment fixé par la nature pour l’accom-
plissement de Pacte qui doit assurer la reproduction de son
espèce, est sans cesse lutinée par plusieurs mâles. Ils volent
autour d'elle, se posent à ses côtés en l’effleurant amoureu-
sement de leurs ailes, repartent, reviennent encore, chacun
s’efforçant d'approcher la belle. Mais elle, àces mouvements
indiscrets, se recule en prude offensée , souvent elle change
de place, toujours suivie de sa cour empressée. Bientôt,
cependant, vaincue par celle amoureuse persistance, elle
étend et ferme doucement ses ailes; elle abandonne le fruit
qui paraissait l'occuper si fort : fi de la nourriture! Elle est
toute à l'amour...
Mais auquel, dans cette foule d’adorateurs, sera-t-il
donné de profiter de ces bonnes dispositions? Chacun, sans
doute, s’en croit le plus digne et s'efforce de repousser un
voisin incommode qui ne veut pas céder la place; toute la
troupe prend alors son essor, le combat va commencer; seule,
la femelle n’a pas bougé, elle attend l'issue des évènements.
Les mâles s’attaquent avec fureur; ils entrechoquent violem-
ment leurs ailes dont les lambeaux épars attestent l’ardeur
de la lutte. Les Peridromia étourdis viennent souvent se
jeter dans la mêlée, heureux d'ajouter à ce désordre le bruit
de castagneltes produit par le choc de leurs ailes. Au bout
de quelques instants, le champ de bataille s’éclaircit : les
uns vaincus, voletant avec peine, s’éloignent et vont cacher
dans les buissons voisins la honte de leur échec, ou cher-
cher ailleurs une conquête plus facile; d’autres, plus philo-
sophes, se remettent à sucer les fruits; quelques uns, n'ayant
plus de leurs ailes que les nervures, gisent à terre, mutilés,
72 OBSERVATIONS SUR LE MORPHO IDOMENEUS.
pantelans et assez malheureux pour assister au triomphe
du vainqueur, qui, libre enfin de tout souci, vient recevoir la
palme qu’il a conquise. Il se pose auprès de la femelle;'après
quelques mouvements rapides d’antennes et des battements
d'ailes réitérés, il finit par s’établir sur elle, en l’enlaçant à
l'aide de ses pattes. Elle prend alors son vol, pour aller plus
loin, sous les vertes arcades, se livrer à ses mystérieuses
amours.
Telles sont les observations que nous avons pu faire sur
le Morpho Idomeneus ; que l’on nous pardonne leur imper-
fection en faveur de leur exactitude. Nous n’avons aucune
prétention scientifique, que nos faibles moyens ne sauraient
nous permettre de soutenir; nous désirons seulement ,
comme nous l’avons dit ailleurs, à l'exemple de la patiente
et laborieuse fourmi, apporter le modeste tribut de notre
zèle à l'édifice commun.
ESSAI GÉOLOGIQUE
SUR LE
DÉPARTEMENT DE LA MANCHE,
Par M. BONISSENT.
Un grand nombre de géologues ont visité le département
de la Manche; malheureusement beaucoup d’entre eux n’ont
point fait connaître le résultat de leurs recherches.
M. Duhamel, de Coutances, nous a laissé, il y a une
soixantaine d'années, plusieurs mémoires (1), qui traitent de
la découverte et de l’exploitation de la houille du Plessis, du
minerai de fer de plusieurs localités, de la galène de Pierre-
ville et de Surtainville, enfin du mercure sulfuré de la
Chapelle-en-Juger, exploitations dont le souvenir existe
à peine de nos jours. Elles ont été reprises, il y a quelques
années, avec peu d'avantage, abandonnées ensuite, puis
reprises actuellement par de nouvelles compagnies qui ont
(1) Annales des mines, tomes 2 et 8.
74 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE
l'intention de les poursuivre activement. Nous doutons fort
du succès : puissions-nous nous tromper ! (1)
En 1815 ou 1814, M. Hérault a écrit, sur les terrains de
transition de la Normandie, un mémoire dans lequel il donne,
en quelques lignes, la description des roches d’une partie du
Val-de-Saire et des environs de Cherbourg (2),
M. A. Brongniart a publié, en 1814, une notice pour
servir à l’histoire géognostique de la partie du département
de la Manche, qu'on nomme le Cotentin. Il parle da cal-
caire de Pierreville, d'Hyenville, des stéachistes, des roches
quartzeuses et schisteuses de Cherbourg, et des syénités de
la Hague (5).
M. de la Bèche a visité, en 1821, une partie de la pres-
qu'ile du Cotentin. Il a consigné ses observations dans îes
transactions de la société géologique de Londres.
En 1824, M. J. Desnoyers nous a laissé, sur les terrains
crétacé et tertiaire du Cotentin, un mémoire très intéressant
accompagné de cartes (4).
On trouve dans les Annales des sciences naturelles dé
Paris, en 1825, une note sur le gisement de quelques roches
de la Manche, par M. C. Prévost.
Dans un volume imprimé à Namur en 1828,M. d’Omalius
d’Halloy a consacré trois pages à la succession des roches,
depuis Barneville jusqu’au cap de la Hague.
MM. Cordier, de Blainville, de Verneuil, ont aussi visité
notre département, Nous ne connaissons point le résultat de
leurs observations.
M. de Caumonta publié, de 1825 à 1829, divers mémoi-
(1) Sur plusieurs poïnts, pour ne pas dire en général, le mi-
neraïi est peu abondant; sur d'autres, l'exploitation éprouve des
obstacles presque insurmontables, comme à Diélette.
(2) Annales des mines, 3e série, tome 5.
(3) 35° volume des Annales des mines.
(4) 2e volume de la Société d'Histoire naturelle de Paris.
DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 7
res, accompagnés d’une carte géologique (1), sur la distribu-
tion géographique des roches dans le département de la Man-
che. On y trouve une assez grande exactitude dans la déli-
mitation de quelques terrains. Ilest à regretter que les ter-
rains cumbrien, silurien, dévonien et carboniférien soient
souvent confondus, représentés à peu près par la même
teinte sur la carte, et désignés dans la légende par un terme
presque univoque. Ce travail, qui a demandé beaucoup de
temps et de recherches à son auteur, se ressent de son épo-
que et exige de sévères rectifications dans le texte et dans la
carte géologique.
MM. Dufrénoy et E. de Beaumont, après avoir par-
couru la France entière de 1825 à 1855, en ont dressé
une belle carte géologique de six feuilles, qui, réunies, for-
ment un carré d'environ deux mêtres de côté,
La description géologique qui accompagne, en Pexpli-
quant, la carte géologique de France, forme deux forts volu-
mes in-4°, publiés en 1841. Le département dela Manche y
est représenté par quelques pages sur les terrains cumbrien,
silurien, dévonien, houiller, triasique et liasique. Un troi-
sième volume, qui devait donner la description des terrains
crélacé, tertiaire et plus récents, n’a pas paru et ne paraîtra
pas. Ces savants ont parcouru Île pays, c’est le mot; ils ne
se sont point attachés à explorer en détail la constitution du
sol, ils ont cherché à rendre la détermination exacte des dif-
férents terrains, chacun d’eux étant considéré en masse, et
celle des limites qui les séparent les uns des autres, etc. (2).
Les progrès faits par la géologie depuis 1841 nécessitent
quelques changements dans les volumes précités.
MM. Hébert (5), Deslonchamps fils et Triger (4) ont aussi
(1) Société Linnéenne de Normandie, 1825 à 1829.
(2) Explication de la carte géologique de France, tome 1°", p.16.
(3) Bulletin de la Soc. géol. de France, 2e série, T. 6, p. 559.
(4) Bulletin de la Société Linnéenne de Normandie, (ome 1.
76 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE
étudié, le premier le crag d’Aubigny et le grès qui recouvre
le lias à Sainte-Marie-du-Mont, et les deux autres le
carboniférien de Régnéville. Ces géologues ont écrit quelques
pages sur ces divers terrains.
D'autres savants géologues ont aussi fait des excursions
dans notre presqu'île; leurs noms et leurs publications ne
sont point parvenus jusqu’à nous.
Nous ne terminerons point cette page sans rendre à M. de
Gerville le juste tribut d'éloges qu'il mérite. C’est à ses
recherches incessantes que nous devons la connaissance de
la plus grande partie des corps organisés fossiles, enveloppés
comme dans un suaire, dans les divers terrains qui ont
concouru à former le sol de notre presqu'ile.
Le travail que nous entreprenons pourra bien ne pasêtre
toujours d'accord avec nos maitres dans la science. Il arri-
vera inévitablement que nous changerons de position, dans
leur ordre chronologique, des terrains déjà classés par eux,
que des. roches recevront des noms différents de ceux qui
leur étaient donnés, etc.: delà des dissidences. Noire
excuse est dans le droit universel au libre examen. Au
resle, nous nommerons toujours les personnes avec qui nous
nous croirons en désaccord: « Ne pas le faire, dit Bayle, dans
une circonstance analogue, c’est en quelque façon un excès
de cérémonie préjudiciable à la liberté dont on doit jouir dans
la république des lettres; il suflit de s'éloigner de Pesprit
d’aigreur, injurieux et malhonnète. » Art. Pereira, note D.
Quand à nous, nous désirons, dans l'intérêt bien entendu
de la science, qu’une critique sévère vienne rectifier les
erreurs que nos faibles connaissances nous auront fait com-
mettre.
1
1
DÉPARTEMENT DE LA MANCHE.
ASPECT GÉNÉRAL DU DÉPARTEMENT.
Le département de la Manche a pour limites à POuest, au
Nord et à l'Est, l'Océan et les départements du Calvados
et de l'Orne , au Sud, ceux de la Mayenne et de lIle-et-
Vilaine.
Il tire son nom du canal qui sépare la France de
PAngleterre. Il a 144 kilomètres de longueur, sur 60 de
largeur.
Le Cotentin et le Bocage le divisent en deux régions phy-
siques bien naturelles.
L'une est le plateau qui s'étend de Granville à Villedicu,
avec une bauteur moyenne de 150 à 200 mètres, formée de
roches granitoïdes, de grès et de schistes divers, qui se pro-
longent jusques dans le Nord de la presqu'île,
L'autre, beaucoup moins élevée (25 à 30 métres), compre-
nant le riche et beau pays situé entre Valognes et le Petit-
Vey,est resserrée dans un espace assez circonscrit, que l’on
peut appeler le golfe du Cotentin, où se voient les forma-
lions qui se sont succédé depuis le terrain houiller exclusi-
vement jusqu'aux terrains récents, reposant sur le sol plus
bas composé de roches anciennes dont on voit percer çà et
là les sommets. ,
Au Sud est une chaîne de granit qui établit un mur de
séparation entre la Normandie et la Bretagne.
Si l’on examine sa surface, on la trouve en général un
peu montueuse, ef l’on voit que ces irrégularités, placées à la
suite les unes des autres, forment un faîte courant du Nord
au Sud, divisé en deux versants, dont l’un incline à l'Ouest
78 ESSAI GÉOLUGIQUE SUR LE
et l’autre à l'Est. Le premier donne naissance aux bassins
de la Sée et de la Sélune, le second aux bassins de la Vire
et de la Douve, La hauteur du point le plus élevé est à peu
près de 568 mètres, à Saint-Martin-de-Chaulieu.
Cette ligne de faîte est coupée de plusieurs rides, de l'Est
à l'Ouest à peu près, à angles plus ou moins ouverts, en rai-
son de la direction que leur ont fait prendre les soulève-
ments survenus pendant les diverses formations.
Les côtes, souvent basses, se perdent dans le fond des eaux
par une pente insensible et sablonneuse dans le voisinage des
Dunes, tandis que près des rivages escarpés, la mer atteint
de plus grandes profondeurs (1).
Sur la côte de l'Ouest, on voit dans plusieurs falaises des
excavalions ou cavernes minées chaque jour par le flot de
la mer. Trois de ces cavernes sont spécialement remar-
quables : le trou du serpent à Carteret, le trou Baligan à
Flamanville, et le trou des fées à Jobourg.
On rencontre des dunes assez considérables sur la par-
tie Ouest, où elles ne cessent, depuis longues années, d'occa-
sionner de grands dégats surtout sur la commune de Car-
teret; celles de l'Est sont très petites comparativement aux
premières.
A l’époque des grandes marées, très loin au fond des
eaux, depuis Morlaix jusqu’au cap Lézard en Angleterre,
tout le littoral offre des traces d’une immense forêt sous-
(1) La profondeur variable du canal de la Manche est digne
d'attention et il résulte des sondages qu’on y a faits récemment
que si les eaux baissaient de 25 brasses (125 pieds), l'Angleterre
serait une presqu'île jointe à la France par une crète de collines
de Calais à Douvre, et si elles baissaient de 60 brasses(300 pieds),
la France et l'Angleterre seraient unies par une vailée dont le
plan serait légèrement incliné sur l'horizon en allant de l'O. à
V'E., et le rivage se trouverait être la ligne qui joint les Sorlin-
gues et l'île d'Ouessant.
DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 79
marine, qui a commencé à disparaitre en 709 et dont l'œu-
vre de destruction totale fut achevée vers 1244.
De ce littoral dépendent quelques groupes d'îles ou d’ilots;
les plus importants sont ceux de Jersey, de Guernesey, d’Au-
rigny, de Saint-Marcouf, de Chausey, du Mont-Saint-Michel,
cte., qui tous doivent leur origine commune à la catastro-
phe qui a bouleversé et anéanti l'ancienrivage de la Neustrie,
Ainsi, ce ne serait que depuis 1147 ans que Jersey serait
une île, et encore l'Océan n'a-t-il pas creusé entre Jersey
et la France un fossé bien profond; il serait au plus de 7
brasses (55 pieds), généralement de 3 ou 4 (15 ou 20 pieds),
et par endroits d'une demi-brasse,
Nous reviendrons sur ces catastrophes et sur les effets
qui en sont résulités, lorsque nous décrirons les terrains
modernes.
Les rivières les plus remarquables sont au nombre de sept:
la Vire, la Douve, la Sée, la Sélune, la Sève, la Taute et la
Madeleine.
Notre presqu'ile n’a pas toujours eu la forme qu’elle
offre présentement à notre vue; ses falaises, ses dunes,
ses rivages, ses plaines, ses rivières, etc., ont changé à
plusieurs reprises, et ce n’est que graduellement et à la
suite de dépôts successifs qu’elle a pris son relief actuel,
Elle ne renferme pas tous les terrains qui composent
Pécorce du globe; sa chronologie géognostique ne comprend
que les faits suivants :
TERRAINS D’ALLUYVION : Alluvionsmodernes; alluvions ancien-
4 nes (diluvium).
TERRAIN PALÉOTHÉRIEN: Formation pliocène : crag, collines
subapennines.
Formation miocène. Faluns.
Formation éocène : élage parisien
inférieur.
80 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE
TERRAIN CRÉTACÉ : Craie inférieure.
TERRAIN JURASSIQUE : Étage du lias.
TerRaN pu Trias : Marnes irisées ou keuper.
TERRAIN CARBONIFÈRE : Étage houiller; calcaire anthracifère.
TERRAIN DÉVONIEN : Grès pourprés (vieux grès rouge).
TERRAIN SILURIEN : Schistes, ampélite, calcaire, grès.
TERRAIN CUMBRIEN : Phyllades ; grauwackes; calcaire.
TERRAIN PRIMITIF : Talcites; micaschistes; gneiss.
On voit que plusieurs étages du terrain sédimentaire
manquent et que Île terrain pénéen n’est pas représenté du
tout dans notre presqu'ile.
D'après les travaux des géologues modernes, on doit
admettre que la pellicule minérale de notre planète peut se
diviser en trois grandes séries distinctes :
4° Le sol primordial ;
2° Le sol sédimentaire ou neptunien;
5° Les produits d’'épanchement et d’éruption ou pluto-
niens.
La première série comprend les terrains primitifs qui sont:
le gneiss, le micaschiste et le talcite.
La deuxième renferme tous les terrains de sédiment for-
més de débris plus ou moins fins, plus ou moins gros, rou-
lés, triturés, de roches pré-existantes, précipités soit mécani-
quement, soit chimiquement, en couches ou lits parallèles
dans les divers liquides qui ont rempli à tous les âges, les
bassins de l'Océan, des lacs et des fleuves.
La troisième se compose de produits plutoniques ou
d’origine ignée, c’est-à-dire, de toutes les roches qui sont
sorties, à diverses époques, du foyer incandescent de la
terre, soit à l’état pâteux, à travers les fissures ou fractures
des roches sédimenteuses, soit à l’état de lave.
Noas adopterons la définition des roches par M. Cordier,
et nous décrirons les terrains dans l’ordre de superposition
indiqué précédemment.
DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. si
Avant de commencer la description des terrains primor-
diaux et de sédiment qui constituent le sol de notre pres-
qu’ile, nous ferons connaître préalablement les terrains de
fusion dont les roches ont percé, à plusieurs époques, les
couches solides du globe.
Ils forment quatre terrains différents, qui sont, d’après
leur ordre chronologique :
1° Le terrain granitique ou grantitoïde auquel appartien-
nent le granit, la protogyne, la pegmatite, la syénite, le
diorite, lamphibolite, l'harmophanite, la fraidronite et la
serpentine ;
2 Le terrain porphyrique qui embrasse le pétrosilex, le
porphyre pétrosiliceux, le porphyre syénitique, le porphyre
dioritique et le porphyre protogynique ;
5° Le terrain trachyto-basaltique, représenté chez nous
par le groupe pyroxenique ne comprenant que la mimo-
sile ;
4 Les terrains laviques ou volcaniques proprement dits;
aucune trace de ces derniers n’existant dansnotre pays,nous
n'avons pas à en parler.
Nora : Toutes les citations de localités, autres que celles du
département de la Manche, sont puisées dans le bulletin de la
Société géologique de France.
Le nom d'Eurite ne figure point au nombre des roches citées
dans ce mémoire. Nous suivons en cela l’exemple de savants
géologues, qui regardent cette roche comme espèce douteuse et la
rapportent, les uns au pétrosilex et les autres au porphyre.
Pour nous, nous considérons comme pétrosilex, non seulement
le feldspath compacte proprement dit, mais encore le feldspath
compact plus ou moins quartzifère, talcifire, ou mélangé de
mica, réservant le nom de porphyre au pétrosilex compacte lors-
qu'il renferme dans sa pâte des cristaux de feldspath.
82 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE
TERRAINS GRANITIQUES
ET PORPHYRIQUES.
Ces terrains, dans l'Ouest de la France, paraissent près de
Nautes etde la Rochelle, traversent la Bretagne, et se prolon-
gent dans le département de la Manche, où ils se montrent
sous forme de groupes, de sillons ou de petits amas isolés.
On peut les diviser en sept groupes principaux, dont quel-
ques uns ont des caractères assez particuliers pour être
décrits séparément.
Trois se trouvent dans les arrondissements d’Avranches
et de Mortain, un dans ceux de Coutances et de Saint-Lo,
et trois dans ceux de Valognes et de Cherbourg.
Ces divers groupes ne sont que des portions très petites
en comparaison de la grande masse dont ils doivent faire
partie, si nous en jugeons par les différents filons semés
isolément sur le sol de notre presqu'ile, filons qui
n'ont aucune liaison apparente avec les groupes princi-
paux. Bien plus, si nous considérons que les îles et les
rochers qui peuplent la mer dans l’espace compris entre les
îles Ouessant et la pointe de l'Angleterre la plus avancée à
l'Ouest, sont formés de roches granitiques, que les mêmes
roches constituent presque exclusivement la côte de Brest à
S.-Malo, que dans la contrée de l'Angleterre que nous ve-
nons de citer, le même terrain a percé sur plusieurs pointsles
formations primitives, nous concevrons facilement que tous
ces filons, rochers, groupes et sillons, se rattachent à une
même formalion granitique, en partie cachée sous les
eaux.
Le granit (ype, composé de feldspath, de quartz cet de
mica à contexture grenue, est la roche pyrogène la plus
DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 85
ancienne que nous connaissions. Cependant, elle n’a point
apparu sur le globe d’un seul jet, mais à différentes époques;
de sorte qu'il y a des granits qui se sont épanchés de l’inté-
rieur de la terre dans lesroches primitives et dans les roches
de sédiment où°ils forment des filons ou des amas transver-
saux, depuis que notre planète est habitée par des êtres
organisés: c’est ainsi que nous les trouvons dans la Manche
avec les roches cumbriennes, siluriennes et dévoniennes
qu'ils ont soulevées et qu'ils ont quelquefois recouvertes de
leurs produits ignés.
Le granit est ou à grain fin, ou à grain moyen ou por-
phyroïde.
Celui qui est à grain fin prend le nom de granit de pre-
miére formation ou granit primitif. Il n’occupe chez
nous qu’une étendue de quelques kilomètres carrés sur
les communes de Saint-Vaast, de Quettehou et d’Anne-
ville , tandis que les granits à grain moyen et porphyroïde
forment les divers groupes que nous venons d'indiquer, et
que nous allons décrire en commencant par les trois qui
se montrent dans les arrondissements d’Avranches et de
Mortain.
ARRONDISSEMENTS D'AVRANCHES
ET DE MOREAEN.
Les différentes zones granitiques de ces arrondissements
partent de Vire pour former trois sillons différents.
Le premier se dirige directement de cette ville, de l'Est à
l'Ouest, vers les communes de Saint-Michel-des-Loups, de
Champeaux, de Carolles et de Bouillon, sur une longueur
de plus de cinq myriamètres, avec cinq kilomètres de lar-
geur moyenne.
84 . ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE
Le second prend naissance à deux kilomètres el demi à peu
près de Mortain, dans le même massif, mais sa communica-
tion avecluiest cachée sous des argiles et sous des roches de
sédiment; il lance de petits filons dans le grès et les schistes
de cette localité, entre le Neufbourg et Mortain, et s'étend
jusqu’à Avranches, parallèlement à la première zone, Sur
cette ligne qui mesure plus de trois myriamètres, il suit
presque constamment la route d'Avranches à Juvigny; sa
largeur moyenne ne va pas au-delà de trois kilomètres,
Les monts Saint-Michel et Tombelaine et les îles de Chausey
appartiennent à la même formation.
Quoique sa jonction avec ces zones granitiques nous soit
cachée, la chaine qui sépare la Bretagne de la Normandie
nous semble faire partie du massif de Vire, parcequ’elle
offre les mêmes caractères minéralogiques que les deux
zones précédentes et qu'elle suit la même direction.
L'ideniité remarquable de composition que présentent ces
trois zones, comme nous venons de le dire, n’exige qu'une
seule et même description des roches qui les constituent.
Gramit.- Le granit est homogène, àgrain moyen, richeen
quartz; le feldspath y est de grosseur moyenne et de deux
espèces, de l'albite ou de l'oligoclase en cristaux bémitropes
offrant quelquefois des stries, et de l’orthose en lames plus
largeset moinsallongées. Dans son étatde pureté, c’est-à-dire
lorsqu'il n’est point altéré, il a presque toujours une teinte
d’un gris bleuâtre qui est plus prononcée sur les cristaux de
feldspaih; le quartz se rapproche du gris-clair, sans perdre
toutefois la teinte gris-bleuâtre. Quelques échantillons font
exception à cette règle et aceusent un ton gris plus foncé ;
le mica, généralement noir très brillant, est mélangé de
quelques paillettes brunes, lilas et blanches vitreuses du
même minéral,
DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 85
On remarque quelques anomalies dans la couleur que
nous attribuons au granit de la partie Sud, par exemple : à
Saint-Nicolas-des-Bois, le granit offre à l'extérieur de ses
parties élémentaires une couleur rose-foncé, quoique cepen-
dant son feldspath soit blanc, son quartz grisel son mica jau-
ne-cuivré, Ce granit est au contact d'une pegmatite grisätre
granulaire, qui ne participe en aucune manière de la teinte
du granit.
Quoique à grain moyen, il arrive fréquemment que par
l'adjonction de gros cristaux souvent hémitropes de feld-
spath, le granit prend la contexture porphyroïde,
Des bandes de deux à trois centimètres de largeur et de
couleur plus foncée que la roche, se montrent quelquefois
dans le milieu; elles sont tantôt tranchées, tantôt comme
fondues par les bords, et dans la plupart des cas, intime-
ment soudées à leurs épontes; tantôt enfin elles sont sujettes
à se veiner par suite de la disposition du mica ; dans ce cas,
le granit devient gnésiteux et finit par prendre le facies du
gneiss par la disparition presque totale du quartz. Quoi-
qu'il en soit, ces divers accidents ne sont point de vrais
filons et tiennent à des circonstances particulières de cris-
tallisation.
Les parties accidentelles qui se mêlent au granit sont peu
nombreuses et consistent en pinites, en pyrites, en tourma-
line ct en amphibole.
La première lui donne une grande tenacité et se montre
sous forme de petites taches d'un vert noirâtre, opaques,
tendres, compactes, rarement feuilletées, disséminées entre
les éléments essentiels. Le mica a quelquefois une apparence
terne et plombée, que M. Cordier attribue au mélange
d’une certaine quantité de pinite, qui enlève d’ailleurs au
mica sa rigidité ordinaire.
Les pinites ne sont pas toujours visibles, mais elles décè-
86 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE
lent leur présence par l'effet de la teinte légèrement verdà-
tre qu’elles impriment quelquefois à la roche,
Des pyrites jaune-verdâtre, soit compactes, soit sous for-
me cubique, existent quelquefois dans les fissures du granit.
C’est à leur décomposition que l’on doit rapporter la cou-
leur de rouille qui le recouvre quelquefois, mais qui influe
peu sur sa solidité. Il n’en est pas de même de la couleur
jaunâtre qui le pénètre sur de grandes étendues et à de grandes
profondeurs: celle-ci a pour cause le protoxide de fer con-
tenu dans le mica et dans les autres éléments constituants
changé cn hydrate de protoxide, alors il y a altération et
presque toujours décomposition. Celle nuance jaune est
encore souvent produite par des infiltrations ferrugi-
neuses.
Nous n'avons point remarqué de syénite dans cette zone,
mais nous avons observé un granit syénitique à Sourdeval-
la-Barre. Il ne se voit que surune petite étendue au contact
d'un diorite à grain moyen; il a échappé partout ailleurs à
nos investigations. Aussi attribuons nous l’amphibole de ce
granit à l’éruption du diorite. Le granit ramolli par l'effet
de la haute température de la roche en fusion qui le traver-
sait, s’estapproprié une partie deson amphibole, et ces élé-
ments ainsi combinés ont donné naissance à un nouveau
granit appelé syénitique; ce cas se rencontre souvent sur la
côte de Flamanville, où, au contact du diorite et des syé-
nites, le granit contient toujours des cristaux d’amphibole.
Mais comme cette amphibole ne se trouve qu’à une petite
distance du contact des roches amphiboliques et n’est point
répandue dans tout le massif granitique, il est permis de
conclure que le granit que nous appelons syénitique, est
uneroche métamorphique, et non une roche sui generis.
Les granits de plusieurs localités des arrondissements
de Mortain et d’Avranches, mais particulièrement ceux des
DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 87
environs de Vire et des îles de Chausey, contiennent quel-
quefois des nœuds de quartz et des lambeaux de diverses
roches. Les noyaux quartzeux ont pu être pris pour de véri-
tables cailloux roulés, quoiqu’ils ne soient souvent que des
accidents de cristallisation dus aux circonstances du refroi-
dissement. I pourrait cependant être arrivé que des frag-
ments anguleux ou arrondis de différentes roches aient été
englobés par le granit lorsqu'il se répandait à l’état pâteux
sur des terrains où se trouvaient des roches clastiques. Au
Hart, cette roche a empâté des fragments de grauwackes
avec débris organiques.
En Écosse, près de Landside, où le granit paraît avoir tra-
versé un terrain calcaire, il s’est formé une brèche dont les
fragments sont liés entr’eux par une pâte granitique. Leméême
fait se remarque dans les autres roches d’épanchement.
Du varech s’est trouvé aussi, dit-on, dans le granit de
Chausey. Il n’y a là rien d’extraordinaire. Cette plante peut
bien être un vrai Fucus, ou n’en avoir que l'apparence; dans
le premier cas, le granit en sortant de terre pour s’épan-
cher sur le sol, aurait enveloppé dans sa pâte non refroidie
les plantes qu’il rencontrait sur son passage et conservé
l'empreinte de quelques unes; ce fait n’est pas sans exemple.
En Islande, au cap Hofnars, près du cercle polaire, on a vu
des laves avec empreintes de Zostera et d'Équisetum. Dans
le second cas, l'apparence de fucus serait due à des infiltra-
tions métalliques qui laissent sur les pierres quelconques des
impressions représentant soit des plantes, soit des petits
arbres incrustés, comme on en voit beaucoup sur les talcites
de Cherbourg, etc. Ces arborisations ont reçu le nom de
dendrites.
Il résulte de ceci, que les fucus et les fragments arrondis
ou anguleux de roches trouvés dans le granit, ne sont pas
un motif plausible pour lui attribuer, comme le prétendent
88 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE
* quelques géologues, une origine neptanienne, pas plus qu'on
ne l’attribue aux matières volcaniques anciennes et mo-
dernes, contenant des corps organisés d'époques antérieu-
res Où contemporaines.
Il serait trop long d’énumérer toutes les communes com-
prises dans les trois zones granitiques des arrondissements de
Mortain et d’Avranches; nous nous contenterons de citer
les cantons d’Avranches, de Brécey, de Dacey, de la Haye-
Pesnel, de Saint-James, de Sartilly et de Villedieu, pour
l'arrondissement d’Avranches, et les cantons de Barenton,
d'Isigny, de Juvigny, du Teilleul, de Mortain, de Saint-
Hilaire-du-Harcouct, de Saint-Pois, de Sourdeval-la-Barre,
pour celui de Mortain.
Le granit de ces diverses localités est associé à la pegma-
tite et au diorite, et toutes ecs roches sont traversées sur
plusieurs points par de puissants filons de quartz en roche
très varié,
Pegmatite. — La pegmalite est composée de feldspath
et de quartz ordinairement grenus. Celle que l’on trouve à
Angey, non loin de Sartilly, est à grain fin, jaunâtre, un
peu tourmalinifère, accompagnée d’un fort filon de quartz
amorphe. A Bouillon, la même roche est quelquefois blan-
châtre, à grain moyen tourmaliniféreavec mica blanc et mica
noir vitreux. La couleur blanche ne lui est pas ordinaire,
c’est le jaune-chamois qu'elle revêt habituellement; elle
présente dans ce cas quelques rares parcelles de mica blanc-
argentin avec tourmaline. Dans le même lieu, le feldspath
de cette roche devient rose-foncé en conservant quelques
paillettes de mica blanc. Au pignon Butor, elle est jaune-
rougeàtre, à grain fin avec mica blanc et mica verdâtre fai-
blement altéré; elle contient de la tourmaline.
A Saint-Senier-sous-Avranches, la pegmatite ressemble
beaucoup à celle que nous avons déjà remarquée à Bouillon,
DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 89
etelle n’en diffère que par l’absence du mica et par la pré-
sence de la tourmaline, qui se trouve ici réunie au quartz ct
au feldspath dans la proportion d’un dixième. Au milieu de
cette roche s’est injecté un filon de quartz blanc amorphe
schorlifère. A la Chapelle-Hamelin, on remarqueune pegmatite
jaunâtre à grain moyen, renfermant de la pinite brunâtre à
la surface, verdâtre à l'intérieur. Cette roche passe à la peg-
malite granulaire gris-jaunâtre. La pegmatite à grain moyen
pourrait bien être un granit pegmatoïde ?
Au Quesnoy, commune de Saint-Martin-des-Champs,
près d’Avranches, la pegmatite reprend sa couleur jaune-
chamois, sans mica; la tourmaline y est abondante sous
forme de fragments d’aiguilles présentant des espèces
de lignesavec directions st qui donnent un bel aspect
à cette roche.
Tout près de celle-ci, on voit une roche assezrare, com-
posée de quartz, de tourmaline et de feldspath. Le schorl
compacte el capillaire remplace totalement le mica; le feld-
spath d’un jaune-tendre offre des cristaux de grosseur
moyenne avec d’autres d’un plus fort volume, le quartz est
vitreux, enfin les trois éléments constituants y sont réunis
en quantité égale, ce qui a fait donner à cette roche le nom
de granit schorleux; elle est traversée par un filon de quartz
amorphe gris-blane légèrement écailleux, renfermant de la
tourmaline capillaire.
La tourmaline ne se montre pour ainsi dire que tronquée
et en faible quantité dans les roches que nous venons de
passer en revue, mais dans le canton de Saint-James, elle
prend des formes bien différentes. Ainsi, à Saint-James, elle
se trouve en faisceaux d’aiguilles dans une pegmatite jau-
nâtre à grain moyen passant à la pegmatite granulaire.
C’est spécialement à Ferré, à deux kilomètres de Saint-
James, que la tourmaline se voit dans tout son éclat au
_
90 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE
milieu d’une pegmatite blanchâtre à grain plus que moyen,
passant à la pegmatite grenue ; on remarque sur celle roche
des cristaux de schorl noir de velours, à éclat vif, partant
d'un centre commun et affectant des figures flabelliformes
d’un bel effet et de toute beauté dans les grands échan-
tillons. -
Voici les localités où l’on remarque plus particulièrement
le quartz en filon avec ses diverses modifications :
Au Grand-Celland, le quartz blanc amorphe pyriteux for-
me un filon de cinq mètres de puissance au milieu d’argiles
rougeàtres, sableuses, dues à la décomposition de la roche
granitoïde pyritifére, A Vains, il est quelquefois recouvert
de nombreuses mouches cuivreuses; à Saint-Senier-sous-
Avranches, il est compacte et renferme des aiguilles de
tourmaline ; à Angey, près Sartilly, à Chalandray, canton
d'Isigny, il est blanc amorphe; à la carrière de Vaurigney,
près de Saint-James, sa texture est compacte avec teinte un
peu rosée; à Argouges et à Ferrey, il est noirâte et à tex-
lure cariée.
Vers le S. O. de Saint-James, à la carrière de Cuba et
dans les environs de cette ville, on voit d'énormes filons de
quartz blanc compacte, quelquefois granulaire ou esquil-
leux. Sur quelques points le quartz abandonne la texture
compacte pour prendre la texture cariée et hachée; dans ce
cas la nuance blanche disparaît entiérement, pour être rem-
placée par la couleur gris de fumée et plus souvent par la
teinte noirâtre. Lorsque le quartz passe à la couleur grisâ-
tre, sa texture devient granulaire. Ces masses quartzeuses
sont souvent à très petites druses de quartz hyalin prismé
ou mamelonné, quelquefois jaunâtre, mais plus ordinaire-
ment noirâtre ou gris-foncé. On remarque dans ce quartz
noir carié des parties d’un quartz blanc amorphe devenant
quelquefois calcédonieux, ce qui rend la roche pseudofrag-
DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 91
mentaire., Le quartz en roche se montre sous un autre aspect
au contact du quartz précédent; il prend la texture granu-
laire pointillée de gris-noirâtre sur un fond blanc-sale; la
malière gris-noirâtre pourrait bien être du graphite? C’est
un accident de la roche de quartz blanc aussi bien que le
quartz carié, accidents du reste assez rares. Le plus sou-
vent le quartz blanc se présente avec de petites aiguilles de
tourmaline et avec des pyrites.
Le quartz n’a pas toujours la texture que nous venons de
remarquer dans les gisements précédents. A Saint-Loup , ce
minéral a l'aspect calcédonieux mamelonné blanchâtre; au
Luot, carrière de La Guérinelle, même quartz mamelonné
pyriteux; à la Godefroy, il ne diffère de ceux-ci que par sa
nuance qui est légèrement bleuâtre; à Barenton, le même
quartz est teinté en jaune, on le voit au milieu d’undiorite
décomposé ; à Coulouvray, carrière Huet-Hautpois, le quartz
est jaspoïde compacte, offrant des nuances variées ; à Saint-
Sauveur-de-Chaulieu, route de Mortain à Tinchebray, on
distingue à l’aide de l'acide nitrique- quelques traces de
carbonate de chaux dans un quartz carié rempli d’argile
endurcie.
Diorite. — Nous avons à signaler encore une roche
d'épanchement composée essentiellement d’amphibole horn-
blende et de feldspath en proportion à peu près égale, c’est
un diorite. Sa pâte contient toujours du fer pyriteux, ‘du
quartz, du mica et souvent du fer oxidulé qui la rend sen-
sible au barreau aimanté; elle se rencontre, au milieu des
granits et des roches de sédiment qu’elle a percées pour
arriver au jour.
Ce diorite se présente toujours dans ce pays à la surface
du sol, en blocs arrondis ou oblongs, entourés de
masses de terre brunàtre, à saveur et à odeur argileuses,
provenant de sa décomposition au contact de l’air; mais à
992 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE ;
une plus grande profondeur, il forme des amas ou des cou-
ches non stratifiées. On le voit à Sourdeval-la-Barre et dans
les environs de ce bourg, à Barenton, à Saint-Cyr-du-
Bailleul, au Theilleul, à Heussey, à Ferrière, près de Savi-
gny-le-Vieux, à Saint-Martin-de-Landelle, à Saint-Hilaire
du-Harcouet, à la Chapelle-Hamelin, à Poilley, à Ducey,
à Lolif, etc.; dans ces divers gisements il est presque à
grain fin et rarement à grain moyen, sa couleur est le noir-
verdâtre,
Les roches granitiques des arrondissements du Sud de
notre presqu'ile sont enveloppées d’une ceinture de lepty-
nolites maclifères, de phyllades et de grauwackes, roches
que nous réverrons lors de la description des terrains pri-
mordiaux et secondaires de notre département.
ARRONDISSEMENTS DE SAINT-LO
ET DE COUTANCES.
Les roches éruptives des arrondissements du centre ne
nous offrent point le granit proprement dit que nous avons
remarqué dans la partie Sud. On rencontre bien, à la vérité,
le long du chemin de Saint-Sauveur-Lendelin à Montcuit,
une roche grénoïde qui a toute l'apparence d’un granit. Son
feldspath est blanc, son quartz gris, et son mica gris de
plomb noirâtre, simulant lamphibole; mais sa position au
milieu des diorites nous le fait considérer comme apparte-
nant à ces roches.
Les espèces dominantes de ce groupe sont la syénite et
le diorite associées à la dioritine, à l’amphibolite, àl’harmo-
phanite, à la fraidronite, au pétrosilex, au porphyre pétro-
siliceux quartzifère et aux porphyres dioritiques.
Toutes ces roches semblent présenter des passages insen-
sibles les unes aux autres.
DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 93
Syénite. — Lasyénite est une association de feldspath
lamellaire dominant et d'amphibole presque toujours
d’un vert-foncé ou noirâtre; souvent elle est micacée et
quartzifère.
C’est dans les environs de Coutances, à Saint-Nicolas, à
Monthuchon, à Saint-Sauveur-Lendelin, à Blainville, à
Saint-Malo-de-la-Lande, à Hauteville-la-Guichard, à Saint-
Louet-sur-Lozon, à Montreuil, à Gouville, sur Île rivage, à
Tourville,ete., qu’elle a donné des produits plus abondants.
Son feldspath est en général blanchâtre, la hornblende
est vert-foncé, quelquefois noirâtre, le quartz gris et le mica
jaune_cuivré. Elle est presque toujours altérée à la surface
du sol, mais à une certaine profondeur elle est très solide,
Elle prend quelquefois des teintes qui ne lui sont point habi-
tuelles, teintes grisätres ou noirâtres, qui colorent une
grande partie des roches feldspathiques que nous étudions.
Nous pensons que cetie couleur accidentelle doit être attri-
buée à des matières charbonneuses ; elle n’est point tenace
et disparaît totalement en un clin d'œil au feu du chalu-
meau.
A Saint-Nicolas-de-Coutances, le feldspath est blanchâ-
tre; à la Chapelle-Lamare, il est rosâtre; à Monthuchon, il
a une légère teinte rosée; à Blainville, il est grisâtre; à la
lande de Dangy, il approche de la couleur rougeâtre ; à
Saint-Malo-de-la- Lande et à Gouville, il est blanchâtre et
l’amphibole est d'un vert très tendre; à la Feuillie , au Car-
refour-au-Loup, la syénite ressemble beaucoup à celle de
Saint-Nicolas de- Coutances.
Nous avons observé que le feldspath de cette roche se
colore quelquefois en gris où en noirâtre, en conservant tou-
tefois une certaine quantité de feldspath blanchâtre. Cette
bizarrerie se voit particuliérement sur deux points, à Saint-
Nicolas-de-Coutances et à Monthuchon. Lorsque le feld-
94 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE
spath prend ces couleurs, on remarque dans le corps de la
roche, spécialement à Monthuchon, quelques parties qui ont
une tendance à prendre la texture compacte,
Diorite. — Le diorite que l'on voit à la Perque et à
l'Hôtel-ès-Gens, villages de Saint-Sauveur-Lendelin, à Mon-
treuil, et à Saint-Louet-sur-Lozon, est sans contredit le plus
beau du pays. Il est à grain moyen, son feldspath est très
blanc etsonamphibole presque noire, le quartz est gris-blanc
et le mica tantôt argentin, tantôt cuivré et quelquefois noir.
Dans la commune de Montreuil, il sert de lit à une petite
rivière et s’elève en côteaux de plus de vingt mètres de cha-
que côté de la rive. Celui qui existe à Monthuchon, soit près
du château, soit sur le bord du chemin qui conduit à Cou-
tances, soil sur d’autres points de cette commune, est moins
micacé. On trouve la même roche à Feugères, à Tourville,
à Agon, elc.. À Gratot, au lieu nommé la Cabane, le diorite
est à grain moyen passant au grain fin, mais intermédiaire-
ment à ces deux roches, on voit une petite bande, d’un cen-
timètre au plus de largeur, d’un feldspath presque compacte
jaunûtre, amphibolifére ; à Boisroger, il est gris-noirâtre à
grain fin ; à Saint-Aubin-du-Perron, il a le même grain,
mais il est d’une nuance moins foncée et offre une texture
plus cristalline; à la Cbislardière, village d'Aubigny, il est
plus fin avec tendance à la texture compacte; celui de Blain-
ville, village de Gouville, est absolument le même.
Les diorites à grain moyen et à grain fin perdent insensi-
blement, sur quelques points, leur amphibole et forment des
roches grenoïdes à feldspath compacte, esquilleux , blanc-
sale et noir, avec quelques pyrites et quelques paillettes de
mica blanc et verdâtre; parfois le diorite prend la texture
zonée, formée de bandes parallèles et alternatives de feld-
spath blanc-sale grenu et de feldspath noirâtre compacte à
: éclat translucide sur les bords, Au milieu des textures gre=
DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 95
nue ou compacte, on remarque encore quelques parcelles
d'amphibole qui accusent l'origine de ces roches. Elles pré-
sentent, suivant que quelquesunes deleurs partiesintégrantes
augmentent où diminuent, l’aspeet d'un gneiss, d’un leptynite
et même d'un porphyre. Ellessuivent une ligne souventinter-
rompue, qui, partant de Montsurvent, irait à Monteuit, en
passant par Saint-Sauveur-Lendelin, et se rendrait à Mont-
huchon.
Les roches dioritiques que nous venons de voir se recon-
naissent aisément à leurs éléments discernables à l'œil ; il
n’en est pas de méme des dioritines et des porphyres dio-
ritiques avec lesquels on ne peut faire connaissance sans
le secours du chalumeau, du microscope et de quelques
réactifs.
Les diorites à grain moyen passent souvent à la texture
compacte et prennent le nom de dioritine,
Dioritine. — La dioritine est à pâte uniforme, com-
pacte, verdâtre, brunâtre, grisàtre, fondant en brun-noirà-
tre, présentant au microscope les mêmes éléments que le
diorite.
A la Chapelle-en-Juger près de la mine et à Hébécrévon,
elle est stratiforme, verdàtre ou gris-verdàälre, tandis que
dans un des puits de la mine, elle est gris-noirâtre pyriti-
fère avec filet d’asbeste dure. Quelques parties de cette
dioritine présentent des stries de glissement imprégnées de
cinabre.
A Saint-Aubin-du-Perron, dans une pièce de terre appar-
partenant à M. Le Cardronnelle, la roche est verdâtre et
traversée par des veinules de quartz blanc; elle fait une
vive effervescence dans Pacide nitrique à Pendroit frappé
du marteau.
Au village Mauduit, commune de Gratot, estla même roche.
Sur le chemin de cette dernière commune à Coutances, elle
96 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE
est schistoïde, À Neufmoulin, campagne de Saint-Sauveur-
Lendelin, elle prend la couleur gris-verdatre avec petits
nœuds de quartz blanc hyalin disséminés en petite quantité
dans la pâte. |
Elle forme des masses assez considérables sur les com-
munes d’Ancteville, de Muneville-le-Bingard, de la Ronde-
haye, de Saint-Sauveur -Lendelin, de Gratot, ete.
Depuis Ancteville jusqu’à Saint-Sauveur-Lendelin, on
peut la suivre assez longtemps sur le chemin de grande com-
municalion,
Près du presbytère d'Ancteville, elle présente des appa-
rences de stratification quelquefois assez prononcées pour
qu’on puisse la croire divisée en couches plus ou moinsver-
ticales, mais en l’examinant à une certaine profondeur, on
reconnaît que ces fissures ne se continuent pas et qu'elles
sont traversées par d’autres qui déterminent des systèmes de
couches coupant les premières sous différents angles.
Cette roche est quelquefois fissile, et dans ‘cette localité
elle devient même schisteuse, au point qu’on pourrait la
confondre avec les phyllades cumbriens qu'elle a soulevés.
Ici, comme à Saint-Aubin-du-Perron, elle fait effervescence
dans les acides,
La même roche se retrouve à la Rondehaye, dans le clos
Rigès, et à Montmirel, commune de Muneville-le-Bingard,
maisavec une contexture différente de celle que nous avons
eu occasion de voir dans les autreslocalités, Elle est verdâtre,
à texture serrée, ressemblant à la wacke et offrant comme
elle des cavités vides où remplies de quartz blanc; suivant
les cas, elle prend le nom de dioritine amygdaloïde, ou de
dioritine cellulaire,
Nous avons pu remarquer que le diorite granitoïde ou à
grain moyen, passe d'une manière insensible, par la dimi-
nution de grosseur de ses parties constiluantes, au diorite à
DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 97
grain fin, ensuite au diorite compacte ou dioritine (Trapp de
quelques géologues); de même cette dernière espèce devient
un porphyre dioritique lorsqu'elle admet dans sa pâte des
cristaux visibles de feldspath ou d’amphibole, soit que ces
deux minéraux s’y trouvent séparément où soient réunis.
Nous citerons, comme exemple de cette roche, celle que
l'on exploite pour l’empierrement des chemins dans plu-
sieurs communes. Le porphyre dioritique à pâte vert-foncé
avec cristaux d'amphibole noirâtre et de feldspath blanc-
verdâtre, se trouve à l'hôtel Lucet, commune de Hauteville-
la-Guichard; à Muneville-le-Bingard, carrière Louis Delisle,
la pâte de la roche est d'un vert plus foncé, avec cristaux de
feldspath et de hornblende un peu plus petits que ceux de
la roche précédente; à Mesnilbus, hôtel Jouvet, le porphyre
est vert-noirâtre etrenferme de petits cristaux d’amphibole
vert-foncé, avec quelques petits nœuds de quartz hyalin.
A l'hôtel Salmon, commune de Gouville, on voit un por-
phyre grisätre légèrement verdâtre. La base de cette roche
parait être un albite compacte intimement uni à une pro-
portion plus ou moins considérable d’amphibole verte,
et par conséquent, approchant plus ou moins de la pâte
des porphyres dioritiques. On y distingue des cristaux
d’albite de la longueur de deux ou trois millimètres, qui ont
à peu prés la couleur de la pâte et sont à éclat vitreux.
Nous croyons devoir ranger celte roche parmi les porphyres
dioritiques.
On retrouve dans les environs de Coutances, près de
Gratot, une roche stratiforme présentant la même pâte,
sans cristaux de feldspath, avec mica gris-blanc entre les
strates: c’est un filon de pétrosilex amphiboleux.
Le diorite à grain moyen, ou à grain fin, ou compacte,
prend souvent une structure fissile. Le feldspath et l'amphi-
bole, après avoir mêlé intimement leurs éléments, s'isolent
4
98 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE
l’un de l’autre, et se laissent discerner à l'œil, Ils alternent
alors en petits lits à peine perceptibles d’abord, mais peu à
peu le feldspath à texture granulaire devient dominant et
permet à peine à l’amphibole de le veiner par quelques
lignes d’une extrême finesse. Cette roche, ainsi constituée
aux dépens du diorite, présente le facies d’un leptinite syé-
nilique.
A Ancteville et à Montcuit, on retrouve les mêmes
diorites avec les mêmes combinaisons minérales, mais
ici ils renferment des amas d’épidote verte grenue ou com-
pacte.
À Monthuchon, sur le bord du chemin, au haut du
mont,revers Sud, on trouveles mêmes roches, mais avec cette
différence que l’amphibole est vert-tendre et que le feld-
spath est jaunâtre.
Ces roches finissent par devenir schisteuses, à l’instar des
micaschistes, et prennent le nom de diorites schistoïdes.
Lorsque ces derniers commencent à s’oblitérer, ils peu-
vent fort bien être pris pour des phyllades amphiboli-
fères.
D'après ce que nous venons de voir, les roches dioriti-
ques de l'arrondissement de Coutances semblent passer
quelquefois au gneiss, au micaschiste, au leptynite, au pé-
trosilex, etc., selon que les éléments sont ou compactes ou
grenus, réunis ou séparés; cependant on ne doit point regar-
der les espèces minérales qui résultent de ces diverses modi-
fications comme de véritables roches primordiales, dans
l'acception du mot; ce sont des espèces à part qui doivent
être considérées comme des accidents du diorite, Nous en
dirons autant des roches syénitiques qui résultent des combi-
naisons de la syénite.
Amphiboïite —— L'’amphibolite, composée de cristaux
d’amphibole hornblende empâtantdu mica, du feldspath, ete.,
DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 99
se trouve en filon dans les diorites. C’est à Monthuchon
qu'on la voit principalement; elle est tantôt à grain fin ver-
dâtre avec cristaux d'hornblende noirâtre, tantôt à grain fin
avec cristaux d’amphibole verdâtre, tantôt enfin elle est à
grain plus fin schistoïde d’un vert très tendre, offrant dans
sa pâie des cristaux d’amphibole noirâtre avec de lactinote
verte en faisceaux aciculaires.
Harmophamite. — Celle roche se compose entière-
ment ou presque entièrement de feldspath lamellaire. A
Saint-Sauveur-Lendelin et à Monteuit, elle est à grain
moyen blanchätre d’un aspect nacré, offrant sur ses faces des
parcelles de mica argentin, On la voit dans les gneiss, où
elle forme des amas transversaux. À Coutances, entre la
pièce de terre appelée le Théâtre et laqueduc romain, elle
est tantôt blanchàtre, grisâtre, ou noirätre, tantôt bigarrée,
contenant quelques parcelles de mica soit noirâtre, soit
argentin, avec quelques grains de quartz. Le feldspath noi-
râtre à parfois l’aspect gras du quartz, quelquefois aussi il a
une parfaite ressemblance avec l’amphibole, de manière
que l’on éprouve de ladifliculté à discerner lesuns des autres,
le feldspath, le quartz et lamphibole; le chalumeau lève
bientôt le doute et donne à chacun sa valeur.
Fraidomite. — La fraidonite est ordinairement noi-
râtre, quelquefois verdâtre, bleuâtre, etc., à grain fin ou
moyen, dont les éléments sont du mica mêlé intimement
avec des parties de feldspath. Elle se trouve très près des
limites de l'arrondissement de Valognes, à Doville, dans la
lande de la Grinette, et à Saint-Nicolas-de-Pierrepont, à la
ferme du Hot. Celle de la Grinette est de couleur bleuâtre
ou verdätre, l’autre est jaunâtre et en pleine décomposition.
Pétrosilex. — Roche dont la base est un feldspath
compacte plus ou moins mélangé de substances étrangères
également à l’état compacte (Eurite de plusieurs géologues),
400 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE
couleurs passant par toutes les teintes, depuis le blanc jus-
qu'au noirâtre. Entre l’église de Saint-Aubin-du-Perron et
celle de Vaudrimesnil, il est compacte, gris, traversé par
une multitude de petits filets de quartz blanc, qui le ren-
dent un peu réfractaire.
En suivant le chemin qui conduit de Saint-Sauveur-
Lendelin à la lande des Vardes, on passe par le mont de
Montcuit où se voit le pétrosilex au milieu des roches amphi-
boleuses et feldspathiques. Il est à structure pseudo-schis-
toïde, légèrement esquilleux, contenantune grande quantité
de fer oxidulé granulaire très brillant, Au même lieu, il est
blanchâtre,maculé par de petites parcelles de feldspath gris-
blanc; tout près de celui-ci, on en rencontre un autre dans
un état d’altération avancé.
De Gratot à Coutances, chemin de Saint-Malo-de-la-
Lande, le pétrosilex est grisätre, grossier, avec lamelles de
feldspath blanchâtre et quelques parcelles d’amphibole noi-
râtre. Un autre compacte, verdâtre, stratiforme, semé de quel-
ques paillettes de mica entre ses fissures, se trouve dans le
voisinage de ce dernier avec une roche de même espèce,
gristre, et à texture grossière.
A Monthuchon, le pétrosilex est blanc-sale quartzifère
altéré. Sur le chemin de cette commune à Saint-Sauveur-
Lendelin, il est blanc-verdâtre quartzifère ; à Saint-Sau-
veur-Lendelin, il est brunätre et laisse apercevoir quelques
parcelles de feldspath vitreux; à la Rondehaye, il est
verdâtre. é
Si nous nous transportons dans la commune du Plessis,
nous irouverons prés du vieux châtau une roche massive
résonnant entre les doigts; elle est bleue à l'intérieur, bru-
nâtre à la surface; sa cassure est largement conchoïde; enfin
elle est attirable au barreau aimanté : c’est un pétrosilex
amphiboleux.
DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 4101
Le pétrosilex surpasse de beaucoup les autres roches feld-
spathiques dans ses pérégrinations souterraines, Il à fait
son apparition non seulement dans les communes que nous
venons de citer, mais encore dans celles de Couvins et de
Bérigny, distantes de huit kilomètres au moins des bords du
grand massif des roches amphiboliques. Il a aussi percé le
sol dans la commune de Cérisy-la-Forêt, au lieu nommé la
carrière des Fresnes, éloigné de huit kilomètres du dernier
point que nous venons d'indiquer.
Celui de la carrière des Fresnes est à pâte grossière, légè-
rement translucide sur lesbords ; sa couleur la plus ordinaire
est le vert-foncé. I contient quelquefois des cristaux micro-
scopiques d’amphibole noirâtre.
Porphyre pétrosiliceux.- La dernière roche d’épan-
chement que nous ayons à citer pour terminer la série des
roches plutoniques du centre de notre presqu'île, est le por-
phyre pétrosiliceux quartzifère.
Ce porphyre, à base de feldspath compacte quartzifère,
micacé, jaunâtre, un peu altéré, avec petits cristaux de feld-
spathrougeätre, se voitsous le terrain keupérien, à quelques
mètres de distance du lieu appelé la Pomme-d’Or. Il a été
mis au jour lors de la confection du chemin de Saint-Lo à
Isigny.
Au Plessis, on remarque un porphyre pétrosiliceux, gris-
brunâtre un peu micacé, altéré, dont les cristaux du feld-
spath sont changés en kaolin. Il a servi à la construction de
l'église neuve de cette commune.
Les terrains qui limitent les roches feldspathiques et
amphiboliques du massif central, sont de diverses époques :
ce sont au N., le dévonien et le pliocène (crag), à l'E. et à
VO., les phyllades et les grauwackes, le carboniférien, ter-
rains dont nous nous occuperons plus tard.
102 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE
ARRONDISSEMENTS DE CHERBOURG
EX DE VALOGNES.
Le granit et les roches granitoïdes qui y sont associées,
constituent une grande partie du littoral depuis Sciotot,
village des Pieux, jusqu’à Saint-Vaast.
Les phares du cap de la Hague, du cap Léviet de Bar-
fleur, sont établis sur des roches de cette nature.
Ce terrain peut se diviser en trois cantons différents:
celui de Flamanville, celui de la Hague et celui du Val-de-
Saire.
Nous retrouvons dans les arrondissements de Cherbourg
et de Valognes, les mêmes roches d’épanchement que nous
avons déjà vues dans les autres arrondissements ; nous y
ajouterons la protogyne, le granit syénitique, la serpentine,
le hornfels et les porphyres protogynique, syénitique et
dioritique.
MASSIF DE FLAMANVILLE.
Granit. — Le granit de cette formation est générale-
ment gris, composé de feldspath et de quartz hyalin gris et
de mica bronzé. Il contient à la fois deux variétés de feld-
spath, distinctes par leur couleur et leur état cristallin; l’une
rose et blanchâtre, l’autre blanc-verdâtre; la première plus
lamelleuse est le feldspath proprement dit, ou orthose, la
seconde peu lamelleuse est de l’albite. L’orthose est celui
quise présente en gros cristaux et donne à la roche une tex-
ture particulière, qui la fait désigner sous le nom de granit
porphyroïde. Ce granit gris est bien le granit dominant de
cette formation; cependant, il s’en trouve quelquefois de rose
à grain moyen, au contact d’une syénile rose. Cet accident
de couleur est dû à la syénite, qui, à son point de contact
DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 1035
avec le granit, lui a communiqué cette nuance, mais insen-
siblement il perd ce ton rose pour reprendre la couleur
grise qui lui est habituelle ; ainsi il devient gris-rosâtre et
enfin gris, conservant quelques cristaux d’amphibole qui du
reste se retrouvent fréquemment dans cette roche pyrogène
de Flamanville, ce qui lui a fait donner le nom de granit
syénitique; il est presque toujours attirable à l’aimant, Il est
tantôt à gros grain, tantôt à grain moyen, ou un mélange
de l’une et de l’autre variété; ou bien, c’est un granit soit à
gros grain, soit porphyroïde, ou enfin il se charge de beau-
coup de mica et devient gnésiteux.
On remarque quelquefois dans le corps de cette roche à
grain moyen, outre les parties constituantes et accidentelles,
des fragments de granit à grain fin, de leptynite, de gneiss,
de leptynolite, qu’elle a englobés en traversant les terrains
primordiaux pour s'étendre en nappes sur le sol; elle prend
dans cas le nom de granit fragmentaire.
Nous avons rencontré dans la même roche des nœuds de
mica vert, à petit grain, avec quelques rares cristaux d’am-
phibole, des pelotes de mica noirâtre avec quartz gris gra-
nulaire, enfin des nœuds épidotiques, micacés, dont le mica
noir brillant forme une espèce d’auréole qui enveloppe l'épi-
dote verte cristallisée; ici ce ne sont point de vraisfragments
étrangers au granit, mais bien des accidents occasionnés par
la plus grande abondance de quelques unsdes éléments soit
essentiels, soit accessoires, réunis sur quelques points. Ce
granit s'appelle granit pseudo-fragmentaire.
Nous avons encore remarqué une espèce de granit à grain
tenant le milieu entre le granit à grain moyen et celui à
grain fin: sa teinte est le gris-rose; il est presque toujours
porphyroïde. Il perd insensiblement son mica qui est géné-
ralement bronzé, avec lequel cependant apparaissent quel-
ques paillettes de mica blanc-argentin; la texture estserrée,
104 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE
très cristalline avec tendance à passer à la texture compacte
esquilleuse; il se trouve au contact d’une syénite et d’une
pegmatite.
C’est probablement au voisinage des deux. roches que
nous venons de citer, que ce granit doit son état de haute
cristallisation. Il renferme aussi du mica bronzétirant sur le
noir, aggloméré en petites masses longitudinales.
Les minéraux que l’on trouve disséminés dans le granit
de Flamanville sont assez rares. L’on y remarque le fer oli-
giste écailleux et spéculaire, le fer titané, les pyrites ordi-
naires, les pyrites magnétiques soit cristallisées soit en pla-
que, la chlorite, l’épidote écailleuse et cristallisée, Pamphi-
bole verte ou noirâtre en cristaux bacillaires, enfin le gre-
nat. Ces minéraux sont quelquefois dispersés dans le corps
de la roche, mais quelques uns se voient plus spécialement
le long de la paroi des fissures survenues après le refroidis-
sement, ce qui ferait penser que ces crislallisations sont dues
à des vapeurs minérales sorties du sein du globe par ces fis-
sures, sur lesquelles les a fixées une température trop basse
pour les maintenir à l’état de vapeur.
Le granit de ce massif qui s’est fait jour à travers les
roches primordiales, a été traversé lui-même et soulevé par
les roches granitoïdes qui lui sont associées; elles s’y pré-
sentent en veines, amas et filons si multipliés que l’on peut se
procurer aisément des échantillons réunissant sur le même
morceau plusieurs roches pyrogènes d’espèces différentes.
Protogyne, — La protogyne est une espèce de granit
composé essentiellement de talc et de feldspath, auxquels se
joint souvent le quartz, formant dans le granit de Flaman-
ville de petits filons isolés à peine perceptibles; elle est tan-
tôt à grain moyen rosâtre, à tale verdâtre ou blanchàtre,
tantôt à petit grain à talc vert, tantôt enfin elle est porphy-
roïde rose verdâtre avec gros cristaux d’orthose mélés à
DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 105
de plus petits du même feldspath réunis à de l’albite età de
la chlorite verte,
Pegmatite. — La pegmatite se montre en filons
et en amas considérables à Tréauville; elle est ou rose
à grain fin avec quelques rares cristaux de tourmaline, ou
jaunätre, un peu altérée, avec fragments de fraidonite empà-
tés dans sa masse, ou enfin ‘rosàtre à grain moyen, pas-
sant à la texture granulaire.
A Sciotot, village des Pieux, elle présente plusieurs varié-
tés; elle est blanche à grain presque fin avec mica noir, ou
jaunâtre avec fragments d’un leptynolite au contact duquel
elle se trouve ; elle est aussi blanchâtre à grain moyen en con-
tact avec un pétrosilex brunâtre, enfin rose à grain moyen
semée de mica vert.
Aux Pieux, sur le chemin qui conduit à Diélette, elle est
rose granulaire, blanche à petit grain, grisâtre à gros grain,
micacée , tourmalinifère, brun-verdâtre, enfin jaunâtre
avec tourmaline.
A Saint-Germain-le-Gaillard, à l'Ouest de la lande de
Caudar, près du chemin qui conduit à Fritot, cile est ou
rougeâtre à grain fin porphyroïde, ou granulaire micacée
gris rosé.
Harmophanite. — L'harmophanite en filons a sou-
levé le sol à Tréauville. Elle est rose talcifère à grain moyen;
le tale est brillant argentin avec stéatite jaune-verdàtre,
mêlée au feldspath rose ; cette roche est fort belle Quel-
quefois elle est grise à grain fin avec tale, rose à grain moyen
talcifère.
A Diélette, elle est rose à grain moyen renfermant du fer
oligiste. Dans la même localité, elle est grisâtre ou bru-
pâtre avec parcelles de tale verdâtre. Le long du chemin
des Pieux à Diélette, elle est rosätre talcifère et cellulaire à
grain moyen. Ce filon de deux décimètres de circonférence
106 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE
est de forme cylindrique dans toute sa longueur; nous
l'avons suivi l’espace de trente mètres; il renferme un autre
filon de la même roche et de même forme injecté dans le
premier, se terminant en culot. Au contact des deux filons
la roche présente la couleur de rouille,
À Flamanville, sa couleur est gris pâle à l’intérieur, jau-
nâtre à la surface.
A Grosville, elle est toujours talcifère, altérée, souvent
“entrant en décomposition. Son grain est ou fin ou moyen;
le quartz s’y trouve quelquefois disséminé en petite quan-
tité, en grains de la grosseur d’un pois de senteur, et quel-
ques joints de fissures sont recouverts d’une couche épaisse
de peroxide de fer sédimentaire compacte, strié longitudi-
nalement.
Au hameau du Point-du-Jour, l’harmophanite est d’un
éclat très brillant. Elle est composée de feldspath à grain
rose et à grain blanc, avec quelques rares cristaux de fer
sulfuré; sa texture est un peu caverneuse, Elle doit son
éclat brillant à une quantité innombrable de paillettes de
tale argentin.
‘ Le chemin qui conduit de l’église de Montaigu-la-Brisette
à la Pernelle, par Sainte-Croix et Teurthéville- Bocage, nous
offre plusieurs exemples de l’éruption de l’harmophanite. A
Montaigu, son feldspath est blanc et rosâtre; à Sainte-Croix,
sur la ferme Belfonds, elle est brun-rosâtre, et à Teurthé-
ville, elle prend la teinte rose pâle. Ces diverses espèces sont
talcifères, à grain un peu plus petit que le grain moyen.
Elles sont peu altérées ; cependant dans cette direction on
voit, au milieu des phyllades et des grauwackes, l'harmo-
phanite non seulement très altérée, mais encore en décom-
position.
A Saint-Germain-le-Gaillard, elle est à grain fin, altérée
et en décomposition.
DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 107
Fraidonite. — La fraidonite s’est choisi un champ plus
vaste pour mettre au jour ses produits d’épanchement. Nous
Vavons trouvée au bas du bourg des Pieux, vers l'Ouest, à
lembranchement de l’ancienne et de la nouvelle route de
ce bourg à Diélette ; elle est altérée, rose ou violâtre.
Au Bus, à 600 mètres environ au Sud du bourg, nous
avons observé dans les phyllades une roche gris-vert-pâle
avec mica abondant, très avancée en décomposition; elle fond
en verre gris, avec squeleltes noirs: nous croyons devoir la
rapporter à la fraidonite,
Il en est de même d’une roche grisâtre presque décompo-
sée que nous avons trouvée au milieu destaleites de Viran-
deville, sur le chemin des Pieux à Cherbourg. On la voit
au cap du Rozel; elle y est presque toujours à grain moyen
bleuâtre, grisâtre, brun-violâtre ou brunâtre. Le feldspath
y est quelquefois rose et le mica blanchâtre, jaune ou ver-
dâtre, soit à grandes paillettes ou à parcelles plus fines. Ce
minéral a une tendance à prendre l'aspect du tale sur quel-
ques points. Cette roche se présente aussi avec la texture à
grain fin, puis avec la texture compacte; dans ce dernier cas,
elle perd son nom de fraidonite pour prendre celui de horn-
fels, roche adélogène, c’est-à-dire, formée de mica et de feld-
spath, dont les parties sont tellement unies qu’elles sont
invisibles à l'œil.
Au Rozel, elle a quelquefois l’apparence variolitique,
apparence due aux taches que forme le mica verdâtre sur
le fond de la roche, dont le feldspath grisâtre constitue la
plus grande partie. Par l’altération du feldspath et par le flot
de la mer qui bat sur cette espèce de fraidonite, les parties
feldspathiques disparaissent et laissent la roche recouverte
de petits mamelons à l'instar de ceux que l’on voit sur un
micaschiste de Bone (Afrique).
Les paillettes de mica qui entrent pour la moitié dans la
108 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE
composition de la fraidonite, varient de dimensions; tantôt
ce minéral y est disséminé en paillettes plus grandes et en
moindre quantité que celles qui par leur nombre concou-
rent à la formation de la roche.
En s’éloignant de 50 à 60 mètres à peu près du cap du Rozel
vers le Sud-Ouest sur le rivage, on voit, au milieu des phyl-
lades, des bandes de plusieurs centimètres de largeur d’une
roche composée de feldspath, tantôt jaune, tantôt jaunâtre,
teinté légèrement en vert, tantôt enfin gris tendre passant
aurosâtre, mêlé avec du mica jaune d’or ou jaune-verdâtre
{alqueux.
Cette roche un peu altérée est traversée par des filons
et veinules de quartz hyalin blanc et grisâtre amorphe, au-
quel se joignent des infiltrations de calcaire jaune cris-
tallisé.
Ilest remarquer qu’en s’éloignant davantage du cap dansla
direction indiquée ci-dessus, le feldspath et le mica prennent
simultanément la couleur jaune ou jaunâtre. Quelques rares
macules vert-noirâtre, offrant quelque similitude avec des
cristaux d’amphibole, se trouvent sur plusieurs points mêlés
aux parties constituantes ; l'analyse au chalumeau fait con-
naître que ces pseudo-cristaux d’hornblende ne sont que
des petits amas de mica vert.
Cette roche est encore une fraidonite avec tous les carac-
tères qui la distinguent, si nous en exceptons la couleur
jaune, et encore pour peu que l’on examine attentivement
celle qui est au pied du cap, on voit qu'elle varie de cou-
leur et qu'insensiblement elle finit par prendre la nuance
jaunâtre et rosâtre, par le gris plus ou moins foncé et par
les teintes intermédiaires.
Ces roches, dans la position où elles se trouvent, nous
offrent en petit un exemple des grandes commotions qui
à différentes époques ont agité notre planèté.
DÉPARTEMENT DELA MANCHE. 109
On est émerveillé du spectacle que l’on a sous les yeux. Il
semble que l’on est témoin des phénomènes d’un soulève-
ment brisant l’écorce du globe, et redressant d'immenses
couches de phyllades destinées à perpétuer le-souvenir de
cette révolution qui sera suivie de tant d’autres. Des matiè-
res minérales déposées horizontalement pendant une pé-
riode de calme sous leseaux, sont soulevées, contournées en
tous sens, sur un espace de plus de 600 mètres carrés,
par la fraidonite vomie du sein des régions souterraines.
Au milieu de ces masses de teintes vert-bleuâtre émail-
lées de mille paillettes de mica blanc ou bronzé, on voit
surgir du sein du globe toujours en ébullition, un filon
de porphjre rose, de plusieurs mètres de puissance sur
une longueur de plus de 300 mètres, renversant tous les
obstacles qu'il rencontre pour s'élever à plus de 60 mètres
sur le point culminant qui domine cette belle scène.
Ces deux roches présentent des filons de plus de 500
mètres de longueur, qui se prolongent dans la mer à une
assez grande distance.
On voit à Siouville, près le pont Helland, dans les phyl-
lades à trilobites, une fraidonite à grain presque fin, un peu
altérée, verdâtre, maculée de jaune par la décomposition
d’une partie du feldspath; elle forme un filon de deux mètres
au plus de puissance.
La fraidouite reparaît dans la commune du Vretot, au lieu
dit la Paperie, à quelques centaines de mètres de la maison
P. Leliépaut, dans une piéce de terre à l'Ouest prise dans
l’ancienne forêt de Bricquebec. Cette roche forme le sous-
sol d’une partie des terrains circonvoisins ; sa couleur est le
bleuâtre assez foncé, sa texture est très serrée et très cristal-
line, circonstance due à un filon de quartz qui la pénètre ;
elle est à grain moyen, son mica est argentin talqueux, et
son effet est nul sur le barreau aimanté.
410 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE
Nous retrouvons la même roche en pleine décomposition
à la Helleterie (Vretot), sur le bord du chemin de Bricque-
bec à Carteret, près d’un four à chaux.
Si nous avançons vers l'Est, elle nous apparaîtra de nou-
veau sur le chemin de l’église des Perques, au Val-de-Cie,
à 200 mètres environ avant le pont Saint-Paul. Elle
est à grain fin, bleuâtre, avec lamelles de mica brun bril-
lant, plus grandes que celles qui constituent la majeure par-
tie de la roche; elle est au niveau de la route à gauche, Sur
le même chemin, à 500 mètres de celle-ci, elle reparait de
l'autre côté du pont, sur la commune du Val-de-Cie; elle est
bleuâtre à grain fin et à mica argentin, offrant des globules
de la grosseur d'un grain de chenevis. L'acide azotique versé
sur l'endroit frappé du marteau, fait effervescence, ce qui
indique la présence du carbonate de chaux ; elle n’est point
attirable à l’aimant. On peut lappeler fraidonite globu-
lifère.
Les rues du bourg de Bricquebec laissent apercevoir
quelques traces de l’éruption de cette roche, qui se montre
encore sur le chemin de grande communication de Bricque-
bec à Portbail, à une quinzaine de mètres de l’embranche-
mentde laroute de Carteret, Dans ces deux cas, elle est très al-
térée ; on la retrouve sur le même chemin à droite, à 200
mètres environ de la Planche-aux-Vaches, sur la propriété
de M. Le Durdinier; elle est gris-bleuâtre à grain moyen,
ne faisant éprouver aucun mouvement au barreau aimanté.
A la ferme du pré Philippe, commune de Bricquebee, elle
est gris -bleuâtre à g'ain fin et à mica argentin talqueux,
renfermant quelques grains de quartz enfumé. Elle fait une
légère effervescence dans les acides. On l’aperçoit au Nord
du jardin de la ferme, sur le chemin du Bigard, au milieu
du calcaire dévonien. A deux kilomètres de ce lieu, dans la
direction de l'Est, nous la retrouvons au Pont-aux-Bouchers
DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. ai
où elle sert de fondement à la boulangerie de la ferme: elle
est bleuâtre, altérée à la surface; dans la commune de
Magneville, elle se présente dans un état très avancé de
décomposition.
La fraidonite a percé le sol dans le chemin qui passe par
le moulin de la Ville, en partant du pont de Négreville
pour aller aux Vaux; son grain est fin, le feldspath est
tantôt bleuâtre, tantôt couleur lilas. Celle qu’on a exploitée
dans la pièce voisine, présente quelques cristaux de spath
calcaire, La première, à grain plusgros, n’en offre point, mais
l'acide nitrique démontre sa présence à l'endroit frappé du
marteau; elle est attirable à l’aimant.
Si nous cessons d'avancer vers l'Est et que nous nous diri-
gions vers le Sud en partant du pont de Gonneville pour
nous rendre à Saint-Jacques-de-Néhou, nous remarquerons
que l’église neuve est bâtie en grande partie avec la frai-
donite que l’on a extraite d’une carrière située au Sud de
l’église dans la lande (carrière des Pelletiers). Elle est bleuâ-
tre à mica bronzé. Lorsqu'on traverse la propriété de M.
Hersent, située dans la partie E. de l’ancienne forêt de S'-Sau-
veur-le-Vicomte, on voit la même roche apparaître quel-
ques instants pour se coucher ensuite sous des argiles qui
Ja laissent à découvert à lentrée du bourg de Saint-Sau-
veur-le-Vicomte, rue de Bricquebec. A la sortie du même
bourg de Saint-Sauveur, sur la route de la Haye-du-Puits,
elle se fait reconnaître par une quantité innombrable de
paillettes de mica qui brillent au soleil sur les accoitements
de la route. Quand elle n’est point altérée, elle est à grain
moyen bleuàtre, présentant des contours assez bizarres au
milieu des roches qu’elle a soulevées,
En creusant un puits près de l'église (puits Hébert), il y
a quelques années, on mit à découvert un filon de cette
roche, qui, à la contexture à grain moyen, réunissait celle à
112 ESSAI GÉOLOGIQUE SUR LE
grain fin. Le mica était bronzé, et le feldspath de Pespèce
albite présentait quelques cristaux de couleur blanche, qui
rendaient la roche porphyroïde,
Ce n’est que dans cette localité que nous avons vu cette
roche avec de tels cristaux. Nous avons bien remarqué, à
la vérité, du feldspath jaunâtre ou rosàtre pour le dixième
à peu près mêlé au feldspath bleuâire, mais ce n'était que
du feldspath compacte non cristallisé.
La commune de Besneville a été troublée sur plusieurs
points par l’arrivée au jour de la fraidonite. A la Virande-
rie, elle forme de gros blocs et des assises considérables. A
la Renouarderie, près de la route de Saint-Sauveur-le-
Vicomte à Portbail, elle est jaunâtre et décomposée. A la
Guéranderie, elle est altérée à la surface, mais à quelques
décimètres de profondeur, elle est dans un état de par-
faite conservation.
Enfin, pour en finir avec cette roche d’épanchement,
nous dirons qu’elle se montre à la Sangsurière, village de
Saint Sauveur-le-Vicomte, avec les mêmes traits caractéris-
tiques qu'elle nous a offerts dans les diverses localités où
nous l’avons examinée, {antôl à grain moyen, tantôt à grain
fin bleuâtre. Elle existe en assises et en gros blocs arrondis.
Elle a son point de jonction avec celle de Doville, à la Gri-
nelle, caché sous le terrain d’alluvion.
Dans ce pays, elle est connue sous le nom de caillou de
Saint-Thomas.
Syénite. — Ici la syénite se présente dans son état nor-
mal en masses immenses très solides, offrant des assises puis-
santes coupées par une infinité de fissures qui la traversent
dans toutes les directions. Elle est enclavée dans le granit
de Flamanville, auquelelle a abandonné, lors de son injec-
tion, quelques cristaux d’amphibole.
La texture très variable est en rapport avec le volume de
DÉPARTEMENT DE LA MANCHE, 413
ses éléments : tantôt elle est à grain de moyenne grosseur,
verdâtre à feldspath ou rose ou blanchâtre; tantôt rougeûtre à
grain moyen épidotifère; tantôt enfin elle est blanc-verdä-
tre ou blanc-jaunâtre, ou rouge verdâtre, toujours à grain
ordinaire, Cette dernière a lancé un filon dans le fer
oligiste de Diélette. Il est aisé de se procurer des
échantillons qui réunissent les deux roches syénite et fer
oligiste.
Lorsque ses principes constituants diminuent de volume,
la syénite prend la texture à pelit grain, Aussi trouve-t-on
des syénites à grain plus ou moins fin avec les nuances, soit
rosâtre, soit verdätre, noir-verdâtre épidotifère, soit egfin
bleuâtre.La syénite dans ces divers cas devient porphyroïde,
lorsque des cristaux de feldspath plus gros que ceux qui
forment la roche s’y trouvent disséminés.
L'espèce à grain de moyenne grosseur dont le feldspath
est grisâtre et l'amphibole verte, renferme de petits cristaux
de zircon rouge hyacinthe.
L'amphibole d’un vert plus ou moins foncé tapisse sou-
vent la paroi des fissures sous forme lamelleuse ou fibreuse
à fibres soyeuses divergentes entrelacées.
On y trouve aussi l’épidote jaune-verdätre et l’épidote
brunäâtre en cristaux déliés aciculaires striés longitudinale
ment, très brillants à leur surface. Les cristaux sont grou-«
pés et unis au quartz amorphe, à de gros cristaux de feld-
spathrose et à de la chlorite verte grenue, au milieu desquels
on remarque de petits cristaux de fluorite violette,
Ces espèces minérales ne sont que des accidents dans
la syénite. Quelquefois l’épidote jaune-verdâtre remplace
l'amphibole sur un très petit espace.
Diorite. — Le diorite s’est fait jour à Grosville sous
forme de petits boutons que l'on rencontrait sur le chemin
de Bricquebec aux Pieux, ils ont éte brisés jusqu'à un mètre
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de profondeur lors de la réparation du chemin. L'un offrait
du diorite à grain moyen recouvert de cristaux d’épidote
verte ou gris-jaunàtre ; les autres étaient formés de diorites
à grain fin jaune-verdâtre, la nuance jaune était due à
l’épidote compacte mêlée au feldspath.
Celui de Diélette est à grain moyen avec feldspath gri-
sâtre ; il est au contact d’une syénite à grain moyen blanc-
verdâtre, au pied du fort, sur le rivage. Ces deux espèces
se distinguent nettement l’une de l’autre et ne présentent
point de passage entre elles. Il n’y a guère qu’au point de
contact que l’on peut remarquer une légère différence.
A Sciotot, village des Pieux, le feldspath du diorite est
grisâtre à grain moyen et l’amphibole est en gros cristaux;
sur quelques points cependant la hornblende prend la for-
me aciculaire.
Les syénites et les diorites de ce groupe sont presque
tous attirables à l’aimant.
Pétrosilex.—Le pétrosilex, ou eurite, a percé sur plu-
sieurs points les terrains qui avaient surgi avant lui.
A Grosville, ilse montre sous plusieurs aspects : il est
blanchâtre altéré quartzifère avec des pyrites cristallisées,
rougeâtre pseudo-fragmentaire pyriteux et quartzifére , au
milieu de la teinte rougeätre la roche prend le ton gris-
verdâtre; ilest quelquefois compacte brun-rougeâtre quartzi-
fère , rouge compacte grossier, rosâtre lalcifère, grisâtre.
Enfin on en voit une espèce gris-verdâtre épidotifère, con-
tenant quelques nœuds de feldspath rosâtre, et près de celui-
ci un autre aussi de même nuance renfermant dans sa pâte
de petits cristaux microscopiques d’oxidulite; ce dernier
pourrait être pris de prime-abord pour une serpentine dure.
Ces deux roches ont leur gisement sur le bord du chemin
à la Pigeonnerie, elles sont en assises de quelques décimè-
tres d'épaisseur,
DÉPARTEMENT DE LA MANCHE. 415
À Surtainville, le pétrosilex est jaunâtre calcarifère gros-
sier; il a surgi au milieu du calcaire dévonien, dans,la
carrière qui est au levant du cimetière de cette commune.
Au contact de la roche pyrogène, le calcaire n'a éprouvé.
aucun mélamorphisme.
Celui de Saint-Germain-le-Gaillard est altéré, rose ou
jauntre, quartzifère ; et au cap du Rozel, au milieu de la
fraidronite, il est rosâtre esquilleux sans altération.
Le pétrosilex reparaît aux Pieux et spécialement sur le
chemin de ce bourg à Diélette; tantôt il est blanc-grisatre
quartzifère altéré avec quelques cristaux de feldspath blan-
châtre mal caractérisés; tantôt il est gris quartzifére à
pâte esquilleuse contenant une petite quantité de tale;
le plus souvent il est au contact d’un granit gnésiteux ;
enfin le pétrosilex rosâtre que nousavons remarqué à Saint-
Germain-le-Gaillard et au Rozel, se retrouve ici dans un
élat parfait de conservation à structure stratiforme.
Dans la direction des Pieux, au village de Sciotot et à
Sciotot même sur le rivage, le pétrosilex rosàtre quartzi-
fère se voit au milieu des roches granitoïdes; on y rencon-
tre aussi un pétrosilex jaune _verdâtre associé à un pétrosi-
lex brun, qui devient pseudo fragmentaire par Peffet du
mélange de diverses nuances. L